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THEORIES GENERALES DE L’ETAT

CHAPITRE 2 : LA CONSTITUTION


Qu’est-ce qu’une Constitution ?
Une C. est ce qui permet de structurer, d’organiser un Etat, de définir son statut etc.
C’est un élément fondamental de l’édifice juridique surtout à l’époque contemporaine. La
déclaration de 1789 va poser la nécessité d’une constitution à Art 16 : « Toute société
dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n'a point de Constitution ».
Le pouvoir constituant, pouvoir capable de faire une C., est quelque chose de
fondamental dans un Etat.
On a eu 15 C. depuis 1789 et la C. actuelle a été revue 24 fois et refaite en partie.
Qu’est-ce que c’est une Constitution ?
Ce n’est pas simplement un beau texte symbolique, c’est un texte qui a une grande valeur
juridique, c’est la base de l’Etat de droit. C’est ce qui conditionne tout le reste de
l’édifice juridique.

SECTION 1 : LA NOTION DE CONSTITUTION


CDG : « La Constitution c’est un esprit, des institutions, une pratique ».
Les juristes distinguent 2 définitions de la Constitution :
➔ Définition matérielle : consiste à définir la Constitution par son objet et par son
contenu. Au sens matériel, la C. est le texte fondamental contenant l’ensemble
des règles relatives à la désignation du gouv., à l’organisation et au
fonctionnement des pouvoirs publics ainsi qu’aux droits et aux devoirs des
citoyens.
Au regard de ce que nous savons, la C. de 1958 comporte bien toutes ces règles,
sauf celles relatives aux droits et devoirs des citoyens. Désormais ceux-ci font
partie du bloc de constitutionnalité (Charte de l’environnement etc.).
➔ Définition formelle : au sens formel, une C. est un texte écrit d’aspect solennel,
dont les dispositions ont une valeur supérieur à celles des lois et ne peut être
élaborée ou révisée que par une autorité constituante (le constituant).
Ce n'est pas Kelsen qui a inventé la hiérarchie des normes puisqu’en en 1789 on
parlait déjà de la supériorité juridique de la C. sur les lois.
Cependant Kelsen a permis de faire prévaloir l’idée d’instaurer un contrôle de
constitutionnalité des lois, idée apparue au 20ème s en Europe et au 19ème s aux USA
(création de la Cour suprême en 1787).
Les dispositions de la C. ne peuvent être élaborées ou révisées que par une
autorité spécialement habilitée : cette dernière s'appelle le « constituant », la loi
est faite par le législateur, la C. est l'œuvre du constituant, ce n'est pas la même
autorité.
La C. anglaise est essentiellement coutumière et non écrite.
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Cependant, même les C. écrites ne peuvent pas être uniquement écrite, le droit
doit composer toujours avec la coutume, avec l'interprétation, il s'enrichit de la
pratique.
Lorsqu'en 1962, le GDG a dit qu'il voulait réviser la C. avec l'art 11 au lieu de l'art
89, rien ne prévoyait cela, c'est une pratique qu'il a inventé. Maintenant, elle
existe puisqu'il l'a inventé.
Si un président utilisait l'art 11 dans l'avenir, cela donnerait lieu à des
protestations puisque cela n'est pas écrit. C'est une pratique qui n'est pas
consacré par les textes mais on pourrait la supporter puisqu’il y a déjà eu un
précédent.
A partir du moment où une pratique a prospéré une ou deux fois, elle est presque
intégrée au texte constitutionnel. On ne doit pas utiliser l'article 11 mais cela a
été fait une fois et cela a marché. Il faut relativiser entre Constitution écrite et
Constitution coutumière.
En 1986, lorsqu’au début de la première cohabitation, Mitterrand qui est PRF à
ce moment-là, refuse de signer les ordonnances que J. Chirac, son 1M, et son gvt
ont préparé, il va au-delà de la coutume.
Notion de droit : une C. contient les droits et devoirs des citoyens. Cela fait référence à
l'Etat de droit, il protège les citoyens, il contraint le gouvernement par le droit mais il
n'y a pas un modèle unique de l'Etat de droit, il n'y a pas partout dans le monde la même
conception des droits et des libertés.
Cette différence a existé entre la conception libérale des droits et libertés et la
conception socialiste. Presque tout le 20ème s, il y a le bloc de l'Est autour de l'URSS
comprenant ce que l'on appelait une « démocratie populaire » dont la conception des
libertés était fondamentalement différente de celles des démocraties libérales. Elle a
aujourd’hui quasiment disparue puisque la conception qui a prévalu des droits et libertés
est la conception libérale.
La démocratie libérale est de loin le modèle qui est le plus répandu. Sur les droits et les
libertés de l'individu, elle est fondée sur la liberté économique (d'entreprendre), elle est
fondée sur la notion d'Etat de droit : non seulement les droits et libertés mais c'est aussi
la structuration de la démocratie par le droit (hiérarchie des normes dont le contrôle
de constitutionnalité).
Il n'y aura jamais une conception unique de la C. car il y a une diversité des traditions.
Mais il y a aujourd’hui une conception largement dominante de la Constitution et cette
dernière considère que certes la C. définit les règles relatives à la désignation des
gouvernants et des règles des pv publics mais elle définit aussi les droits et devoirs des
citoyens en permettant à ces derniers de faire respecter ces droits (référence au
développement du contrôle de constitutionnalité des lois avec la QPC en 2008), les
citoyens peuvent obtenir de nos jours la sanction effective de leurs droits reconnus par la
C.

SECTION 2 : L’ELABORATION ET LE REVISION DE LA


CONSTITUTION
L’élaboration et la révision de la C. sont deux processus qui se ressemblent.
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Dans les 2 cas, on fait intervenir ce que l’on appelle le « pouvoir constituant ». Mais les
juristes ont coutume de distinguer le « pouvoir constituant originaire » du « pouvoir
constituant dérivé ».
- Originaire : celui qui précisément a en charge l’élaboration d’une constitution
- Dérivé : celui qui a en charge la révision constitutionnelle.

I. Elaboration par le pv constituant originaire


Le pv constituant est l’autorité qui détient le pouvoir de faire une C. L’origine est
lorsqu’il n’y a pas encore de C.
C’est rare qu’il n’y ait pas de C.
Par ex. en France : il n’y avait pas de C. écrite en 1789. Sous l’AR, il y avait une C.
coutumière et les révolutionnaires français ont décidé de faire une C. On peut parler
d’origine.
Cependant lorsque De Gaulle a fait la C. de 1958, René Coty et lui étaient le pv
constituant originaire même si depuis 1789 il y avait déjà 13 C.
On peut parler du pouvoir originaire quand on refait complètement la C. Cela se produit
dans des circonstances graves (l’après-guerre, après un coup d’Etat, après une révolution
etc.)
En 1958, c’est le cumul d’une guerre et d’un coup d’Etat à Alger. Cela ne permet pas
d’affirmer ce que l’on vient de dire précédemment.
Il est rare que l’on reparte de zéro c’est-à-dire qu’on fasse une C. ex nihilo quand il y a
eu un coup d’Etat.
La C. de 1946 en France a bien été élaborée à la suite d’une guerre. Ils ont décidé de
faire une nouvelle C. car il y a eu la longue parenthèse du régime de Vichy et la guerre.
Du côté de l’Allemagne :
Les Allemands ont mis 4 ans pour élaborer une nouvelle C. (23/05/1949).
La République Fédérale d’Allemagne a bcp changé depuis une trentaine d’années.
Jusqu’à la réunification en 1990 il y avait 2 Allemagnes.
Lorsqu’en 1990 ils ont réussi à faire la réunification c’est-à-dire à recomposer la grande
Allemagne, ils ont réussi à faire avec la même C. Ils n’ont pas eu besoin de refaire leur C.
ce qui est rare à la suite d’un événement aussi lourd.
Il y a nécessité de faire intervenir le pv constituant lorsque cela crée un nouvel Etat.
Pendant la colonisation, chaque fois que des anciennes colonies ont accédé à
l’indépendance, il a fallu réviser les C.
Les juristes français ont été très sollicités par de nombreux pays qui ont accédé à
l’indépendance pour les aider à élaborer la C. car il y avait un manque d’expérience pour
faire cela.
Quelle peut être la procédure d’élaboration d’une Constitution ?
Dans l’immense majorité des cas, on attend de la procédure d’élaboration qu’elle soit
démocratique : on donne la parole au peuple.
Quelle est la manière de donner la parole au peuple ?
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De plusieurs manières que l’on peut toutes ou utiliser une partie d’entre elles.
- Première manière : faire élire ce que l’on appelle une « assemblée
constituante » : une assemblée constituante est élue avec comme mission de
faire une C. et de l’adopter. On a aujourd’hui une AN qui comprend 577 députés
mais ce n’est pas une assemblée constituante, elle a été élue la dernière fois en
juin 2017 avec pour mission classique de voter la loi mais pas la C.
Nous avons eu des assemblées constituantes dans le passé : la plus connue est le cas de
l’assemblée constituante élue en 1789. C’est un cas un peu particulier puisqu’elle a été
élue pour élaborer la première constitution écrite du 3/09/1789.
En 1945 : on a décidé de faire une C. et de faire élire une assemblée constituante par le
peuple.
Quand le processus a raté en 1946, il a fallu élire une nvelle assemblée constituante pour
refaire la constitution.
En 1958, on n’a pas élu d’assemblée constituante, René Coty a fait appel au GDG.
- Deuxième manière : soumettre le projet de l’élaboration de la C. à la ratification
populaire.
En 1958, on a choisi de faire intervenir le peuple à la toute fin du processus c’est-à-dire
au moment où tout a été fait, elle est rédigée mais il faut juste demander au peuple de
l’approuver par référendum.
Le peuple peut intervenir aussi aux deux moments et c’est ce que l’on a fait en 1946, on a
fait élire une assemblée constituante pour faire la C., ils font le projet et ensuite ils
l’approuvent par référendum.
La procédure de l’élaboration en 1946 a été très démocratique, en 1958, elle a
simplement été démocratique.
Le régime que l’on appelle celui de la « restauration » qui restaure la monarchie en 1814
élabore une nouvelle constitution qui est fait par des juristes autour du roi Louis XVIII et
on ne demande pas au peuple son avis, la formule du roi est qu’il « fait concession et
octroie de la constitution à ses sujets ». C’est seule C. qui a été élaboré et approuvée
sans que le peuple ait été consulté à un moment.

II. La révision par le pv constituant dérivé


On révise la C. lorsque l’on estime qu’il faut la faire évoluer de manière significative.
On parle de pouvoir constituant pourquoi ? Parce que ce n’est pas le pouvoir législatif
simple.
Notre Parlement actuel n’a pas la mission de réaliser la C.
La révision de la C. appelle l’intervention du pouvoir constituant mais on ajoute
« dérivé » pour dire qu’on ne repart pas à zéro mais c’est un pv constituant mais qui vient
de la C.
Pour comprendre ce mot, il suffit de modéliser à partir de la C. de 1958 et de lire ce que
l’art 89 dit sur la révision. Ce pv dérivé est le pouvoir de réviser une C. selon la
procédure définie par cette même C.
Lorsque la procédure de révision est très facile, on parle d’une « constitution souple » et
lorsque la révision est difficile on parle d’une « constitution rigide ».
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Cela pose plusieurs questions : est-ce que la Constitution de 1958 est souple ? Elle est
assez souple puisqu’elle a été révisée 24 fois.
Il peut y avoir des éléments de rigidité car si on n’a pas ses éléments, comment on peut
expliquer que depuis presque 13 ans la constitution n’a pas été révisée ?
On a eu 2 PRF depuis 2012 (Hollande et Macron). Tous deux n’ont pas réussi à réviser la C.
Eléments de rigidité principale :
il faut une forte majorité dans l’ensemble du Parlement. Selon l’art 89 de la C., il faut
d’abord que l’AN et le Sénat soit d'accord sur le même texte sinon on est bloqué.
Une fois qu’ils sont d’accord, le congrès doit adopter, approuver ce projet à la majorité
des 3/5 ou 60%.
Si on veut éviter cette étape, le projet doit être soumis au référendum.

SECTION 3 : LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONSTITUTION


I. Nature et portée des dispositions constitutionnelles
Est-ce que toutes les dispositions constitutionnelles se valent, est-ce qu’elles ont toute
la même portée, la même nature ? Est-ce que les préambules et déclarations de droit
ont la même valeur que les autres dispositions constitutionnelles ?
A) Les déclarations de droit et préambules
Qu’en est-il de la valeur des préambules et déclaration de droit ?
Finalement en France, on fait des C. depuis 1791. La C. actuelle, comme celle de 1791,
comporte la DDHC de 1789. On a toujours considéré que tout ce qu’on lit est
fondamentale.
Mais i nous a fallu 180 ans en France pour tirer les conséquences de ce que l’on a dit
depuis le départ.
D’autres pays ont procédé différemment parce que dans ces derniers, les droits et
devoirs des citoyens sont intégrés dans des articles de la C.
Ensuite, si on regarde de nouveau l’histoire constitutionnelle française après 1789, la
plupart des C. ont comporté une déclaration des droits mais on a eu du mal à donner une
effectivité juridique à cette déclaration.
Elle est forte d’un point de vue politique et symbolique mais son sens juridique est plus
incertain. Il y a une incertitude qui a pesé sur ce point : qu’est qu’une déclaration et
est-ce que cette dernière peut avoir une effectivité juridique si elle n’est pas ensuite
traduite dans un article de la C. ?
Qu’est-ce qu’il y a dans une déclaration ?
Il y a toutes les libertés fondamentales (opinion, aller et venir, droit de propriété, la
liberté d’association, liberté syndicale et droit de grève) et longtemps on a fait comme si
ces déclarations ne pouvaient s’appliquer que si elles étaient confirmées par un article
de la C.
La question a été pendant longtemps de donner une effectivité constitutionnelle à des
dispositions qui de toute façon l’avait dès le départ mais cela a été de passer de la théorie
des droits à la pratique des droits, de faire que les droits et libertés déclarées ne soient
pas uniquement formelles mais matérialisées.
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Ce qui a été décidé en France donc à partir de 1971 avec la liberté d’association est qu’il
n’y a pas de raison de faire de différence entre deux textes constitutionnels (déclaration
et préambule et celui de la constitution à proprement parlé) ils doivent avoir la même
valeur.
Difficulté supplémentaire : le fait que la C. de 1958, à la différence de nos autres, ne
disent quasiment rien. En effet, celle de 1791 comporte bien une déclaration des droits
(17 articles), dans 1958, il n’y en a pas.
Alors que la plupart du temps dans l’histoire constitutionnelle, on avait une déclaration
mais on ne l’appliquait pas, en 1958, on ne l’a pas en tant que telle dans le texte mais on
l’applique. C’est la technique de la référence.
Aujourd’hui, on considère que les droits et devoirs, même s’ils sont formulés de manière
indirect ont la même effectivité juridique que tous autres dispositions
constitutionnelles. Dans les deux cas,
B) Les dispositions relatives au statut des pouvoirs publics
Ce sont le pv exécutif avec un PRF et un gvt, un pouvoir législatif (deux chambres), le pv
judiciaire avec des autorités relativement nombreuses.
C’est le cœur de la C. On peut avoir une C. qui ne comporte pas de déclaration de droits,
cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de droits mais le but premier de la C. est de dire
qu’elle est l’organisation des grandes institutions du pays.
Le principe de séparation des pouvoirs est parfois énoncé dans la déclaration des droits
mais souvent énoncé dans le cœur de la C. car il permet de distinguer une démocratie
d’une dictature. A partir du moment où on a ces 3 pouvoirs, il faut dire comment chacun
d’entre eux sont désignés, pour combien de temps et avec quels pouvoirs.
On sait que le pv législatif a pour fonction première de faire la loi, et le pv exécutif
d’exécuter la loi. Il faut que la C. définisse les rapports entre les différents pv.
Est-ce que le pv législatif peut renverser le gvt ? Peut-il dissoudre le parlement ?
En France, le PRF peut dissoudre l’AN mais aux USA non.
Le statut de chacun des pv public, la durée de ses fonctions, les rapports qu’ils
entretiennent entre eux et cela demande d’être précisé. Par ex. le mode d’élection du
chef de l’Etat, dès qu’on parle bcp des USA on sait que là-bas, le président n’est pas élu
du tout de la même manière qu’en France. Elu dans une circonscription unique au
suffrage universel mais au suffrage universel indirect par les Américains dans chaque Etat
qui élisent des délégués qui vont élire le président. Il peut y avoir plusieurs modes de
désignation du chef d l’Etat (en France c’est une seule élection) aux USA l’élection est le
cumul de 50 élections.
Bien que ce soit très détaillé, cela ne suffit pas, la plupart du temps, il faut que la C. soit
complétée par d’autres textes. En France on parle de « lois organiques » qui donnent des
détails sur l’application de tel ou tel article de la C.
Si on regarde la C. de 1958, sur à peu près tous les sujets, une loi organique précisera
une condition d’application du présent article.
Les lois organiques sont soumises au contrôle de constitutionnalité obligatoire du CC
alors que les lois ordinaires font l’objet d’un contrôle qui n’est que facultatif.
Les dispositions relatives aux pv publics sont fondamentales, incontournables et il y a
intérêt à ce qu’elles soient précises et détaillées.
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Peut-il y avoir autre chose que les déclarations de droits et préambules ou dispositions
relatives au pv publics ?
Normalement cela suffit mais il est arrivé tant dans l’histoire de France que dans
l’histoire d’autre pays que l’on rajoute dans la C. des dispositions dont la nature n’est
pas véritablement constitutionnelle.
Par ex. au 19ème siècle : la C. de 1800, celle de 1814, de 1830 ont parlé du « caractère
irrévocable de la vente des biens nationaux » : les biens nationaux sont des biens privés
essentiellement de l’Eglise catholique dont l’Etat s’est emparé sous la RF. Une partie de
ces derniers ont été vendu aux particuliers à des prix bas. L’Etat a dit dans la
Constitution que la vente des biens nationaux a un caractère irrévocable.

III. La sanction des dispositions constitutionnelles


Comment les dispositions constitutionnelles sont-elles juridiquement sanctionnées ?
Evidemment, la sanction attendue est juridique mais d’abord on pose la question de
savoir s’il existe une sanction politique.
A) La sanction politique
Quel peut être le moyen politique de sanctionner juridiquement les dispositions
constitutionnelles ?
Il y en a plusieurs :
- Ce que certains de nos textes constitutionnels anciens appellent « la résistance
des citoyens à l’oppression ». Idée selon laquelle si les gouvernants venaient à
abuser de leurs pouvoirs, le peuple aurait le droit de résister à cette oppression.
La déclaration de 1789 dit « les droits fondamentaux de l’homme sont la liberté, la
propriété, la sureté et la résistance à l’oppression » (art 2).
La C. de 1791 rajoute quelques mots à ce sujet, celle de 1793 aussi donc au début de
la Révolution on a pensé que dans les cas les plus graves, la résistance des citoyens à
l’oppression pouvait s’organiser.
Les violations les plus graves portent souvent sur la C.
- Il peut aussi y avoir une forme de responsabilité politique des gouvernants : celle
du PRF qui doit veiller au respect de la C., assurer le fonctionnement des pv
publics (art 5) et s’il ne le fait pas il engage sa responsabilité.
C’est en parti pour cela qu’en 2007, on a intégré dans la C. les art 67 et 68 qui
prévoient que le PRF peut être destitué s’il méconnaissait la C. ou laissé faire des
méconnaissances de la C.
Aux USA on parle d’impeachment. 3 présidents ont été mis en accusation Johnson
en 1868, Clinton en 1998 et Trump 2 fois mis en accusation en 2020 et 2021 . Ils ont
tous été déclarés non coupables.
B) La sanction juridique : le contrôle de constitutionnalité
Le contrôle de constitutionnalité consiste à vérifier si les lois votées par le Parlement
sont conformes à la C.
Dans l’histoire de la démocratie on a longtemps considéré que la loi était un acte
souverain, on disait que le « législateur ne peut pas mal faire, il ne peut pas se
tromper ».
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On avait une loi considérée comme souveraine et une C. un peu impalpable, on avait du
mal à appréhender la portée juridique.
La 3ème R. n’avait pas de contrôle mais a fait des lois tellement importantes qu’on les a
encore et on dit qu’elles font encore partie de notre C. :
- Loi de 1884 sur les syndicats.
- Loi de 1901 sur la liberté d’association.
- Loi de 1905 sur la séparation des pouvoirs.
Si on simplifie cette problématique, on va dire que la grande nouveauté de la 5ème R. a été
d’admettre que les lois devaient pouvoir être critiquées à la C., elles doivent respecter
la C. et on doit vérifier ce respect.
C’est ce que bcp ont appelé la « fin de la souveraineté de la loi », à partir de 1958 et
surtout de 1971, cad la fin de l’idée d’une loi tellement forte et souveraine qu’on ne
pouvait pas la critiquer.
On pourrait dire que la loi reste souveraine mais sous réserve qu’elle respecte la C.
Les USA ont été les premiers à créer le contrôle de constitutionnalité en créant la Cour
suprême.
Il y a le modèle américain au sens du continent américain.
Cela est ancien, l’un des pères fondateurs des USA (Hamilton), auteur de l’ouvrage « le
fédéraliste », qui a contribué à la C. de 1796 disait que« la constitution doit être
préférée à la loi, la volonté du peuple à celle des représentants » (1788). Il fait la
distinction entre le pv législatif et le pouvoir constituant qui fait la C.
Elle a très rapidement été mise en œuvre puisqu’on a coutume de citer l’arrêt Marbury
contre Madison : décision de la Cour suprême des USA en 1803 qui dit qu’une loi ne peut
pas être appliquée puisqu’elle est contraire à la C.
En Europe nous avons l’Allemagne, l’Espagne, l’Autriche qui crée des contrôle de
constitutionnalité. En 1920 sous l’influence de Kelsen, l’Autriche a créé une haute cour
constitutionnelle.
En France, après le gouvernement de Vichy, il a été obligatoire de repenser le contrôle
du pouvoir législatif. En effet, à cette époque il s’était permis de donner à Pétain
l’ensemble des pouvoirs. Il faut donc le contrôler.
Aujourd’hui il y a une quasi-généralisation du contrôle de constitutionnalité dans les pays
européens. Mais on ne contrôle pas la constitutionnalité des lois de la même manière
dans tous les pays.
Eléments de contrôle :
Centralisé ou concentré :
➔ Concentré: c’est l’ex. de la France, un seul juge est compétent pour contrôler la
constitutionnalité de la loi. Il s’agit des juges du Conseil constitutionnel. Les
justiciables peuvent formuler une QPC à un tribunal quelconque mais celui-ci sera
chargé de transmettre la question au CC et de surseoir à statuer en attendant une
réponse.  
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➔ Confus : c'est l'exemple du continent américain. Le contrôle décentralisé c’est un
contrôle qui est possiblement exercé par tous les juges, les juges ordinaires. C’est
à dire que tout justiciable peut devant tout juge obtenir la réponse à une question
de constitutionnalité. La question de constitutionnalité posée au juge est tranchée
par ce même juge mais pas définitivement s’il y a appel ou de recours à la cour
suprême. Si c'est le cas c'est la cour suprême qui tranchera. 
Savoir si le droit de saisine et large ou restreint : 
➔ Large : quand tous les citoyens peuvent saisir la juridiction constitutionnelle.
C'est le cas aux USA. 

➔ Restreint : réservé à certaines entités politiques ou judiciaires. C’est le cas en


France en 1958 où seuls le PRF, le 1M et le président de l’AN ou du Sénat pouvait
le saisir. La réforme constitutionnelle du 29/10/1974 étend le droit de saisine à
l'opposition c'est à dire un groupe d'au moins 60 sénateurs ou 60 députés.
Aujourd’hui en France une autre étape importante a été franchie, en 2010, lorsque
la question prioritaire de constitutionnalité a été créée et a ainsi permis au jus de
saisir le contrôle constitutionnel. Pourtant elle n'a pas ouvert le droit de saisine à
tous les citoyens mais seulement aux justiciables.
Contrôle de constitutionnalité par voie d'action et par voie d'exception :
➔ Par voie d'action : lorsque la question de constitutionnalité est l'objet même de
l'action en justice. C'est généralement le système européen, notamment le
système français, lorsque le Conseil constitutionnel est saisi l'objet de la saisine
est unique, c'est lui faire dire si oui ou non la loi est conforme à la constitution. On
dit souvent qu'il est abstrait. 

➔ Par voie d’exception : c'est le cas dans lequel la question de constitutionnalité


est une question incidente rapport au litige principal. On peut prendre l'exemple
du système américain. 
Contrôle a priori ou a posteriori :
➔ Contrôle a priori : le contrôle de constitutionnalité à priori est le premier moyen
de contrôle accordé au CC en 1958. Il permet un contrôle des lois avant leur
promulgation, ce qui empêche la sortie de lois anticonstitutionnelles mais en
permet pas de surveiller celles promulguées antérieurement à 1958 ou celles
promulguées sans contrôle.

➔ Contrôle a posteriori : il permet un contrôle des lois promulguées avant


l’instauration du conseil constitutionnel. C’est le modèle américain. La France
commence le contrôle a posteriori avec la révision constitutionnelle du 23/07/2008
avec la création de la QPC.

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