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la hiérarchie
Comment la loi est-elle soumise à un principe hiérarchique ?
Si on dit que le principe est hiérarchique c’est que chaque autorité qui est habilitée à édicter
des règles de droit doit respecter les règles de droit édictées par l’autorité hiérarchique
supérieure. Est-ce que le Parlement doit respecter une hiérarchie ?
Dès lors que dans la conception française, la loi au sens étroit exprime la volonté du peuple
souverain, on ne voit pas trop comment le peuple puisqu’il est souverain devrait avoir à
respecter une autorité hiérarchiquement supérieure.
On a précisément défini le souverain comme celui qui n’était soumis à personne et qui au
contraire soumettait les autres. Donc si le peuple français est souverain, il n’y a personne au-
dessus de lui, donc lorsqu’il édicte par le biais de ses représentants à l’Assemblée nationale
et au Sénat des règles de droit, il n’y a rien au-dessus de ces règles. Personne ne peut
imposer au Parlement de respecter une autorité, une hiérarchie.
Le seul truc que peut faire le peuple, c’est que lorsque l’on dit que les règles de droit doivent
respecter des valeurs, ils doivent donc respecter un idéal de justice.
I/ LE CONTRÔLE DES LOIS
A. PRINCIPE D’UN CONTRÔLE.
1. Possibilité ?
Comment est-il possible, qu’il puisse y avoir un contrôle hiérarchique des lois ?
Le peuple, parce qu’il est souverain, a décidé dans un texte fondamental (la
Constitution) de se doter de règles qui permettent de mettre en œuvre son
fonctionnement. Lorsque le peuple a adopté la Constitution, il a limité lui-même
par sa propre volonté la manière dont il allait exercer sa souveraineté.
2. Légitimité
La Constitution que le peuple français s’est donné à lui-même est une norme qui
est hiérarchiquement supérieure à la loi parce qu’il l’a bien voulu.
Les lois doivent respecter la Constitution.
Ne pas confondre la liberté et la licence où la liberté est l’anarchie.
La vraie liberté ce n’est pas faire ce que je veux quand je veux, ça c’est être
esclave de ses caprices.
La vraie liberté c’est de pouvoir définir les lois auxquelles j’entends obéir =
autonomie.
Socrate : « Connais-toi toi-même »
Les grecques : « connait les règles auxquelles tu entends te soumettre ».
B. L’INSTRUMENT : LA CONSTITUTION
1. Origines : les lois du royaume
On la retrouve sous l’Ancien régime, dans les lois du royaume. Les juristes de
l’Ancien régime avaient distingué les lois du roi (édits royaux) et les lois du
royaume c’étaient des règles qui constituaient une sorte de « normes
constitutionnelles » qui était supérieure à la volonté du roi. Même le roi ne
pouvait pas modifier ces règles du royaume.
En pratique, ces règles étaient fondamentalement les règles qui présidaient à la
dévolution de la couronne de France, des principes d’hérédité, d’ainesse, de
masculinité et de catholicité (Ex : Henri de Navarre, protestant, renoncé à sa
religion. « Paris vaut bien une messe »).
Comment c’est traduit historiquement cette supériorité des lois du royaume à la
volonté du roi ?
Charles VI : défait à Azincourt en 1415. Il décide, pour mettre fin à la
guerre avec les anglais, d’écarter son fils du trône de France et de marier
sa fille avec le roi d’Angleterre, et la fille a porté en dote au roi
d’Angleterre le royaume de France. Cependant, les juristes français ont
refusé catégoriquement car le traité signé avec les anglais n’a aucune
valeur.
François I : défait à Pavie devant les troupes de Charles Quint. Il est fait
prisonnier.
Il trouve une idée, celle d’abdiquer la couronne de France et la met aux
mains de son fils. Mais les juristes ont dit que c’était impossible car la
couronne doit se garder jusqu’à la mort du roi.
2. La naissance des constitutions modernes
On trouve une source historique et une source philosophique.
Source philosophique : c’est lié à la philosophie du contrat social.
Une Constitution c’est la transcription politique, juridique, concrète de l’idée
philosophique de contrat social.
Le contrat social de Rousseau (1762) : dans l’esprit de Rousseau c’était
une introduction à un traité de législation théorique. Rousseau insiste
dans l’idée d’égalité entre les citoyens.
Cependant, l’idée de contrat social a été développée avant lui par des
anglais, notamment Thomas Hobbes qui écrit en 1651 le Léviathan qui
désigne en réalité l’organisation étatique. Pour lui, la question était de
savoir pourquoi les Hommes qui vivaient à l’état de nature avait décidé de
passer un contrat social dans lequel ils abdiquent en faveur du souverain
une partie de leur liberté c’est tout simplement pour éviter l’état
d’anarchie et de guerre civile. D’où la phrase « Homo homini lupus » qui
signifie que « l’Homme est un loup pour l’Homme ».
Un second philosophe, John Locke qui écrit en 1690, le traité du
gouvernement civil (ouvrage philosophique et politique), pour lui le
contrat social passé par les Hommes est fondamentalement tourné vers la
protection des libertés individuelles.
Source historique : En France, on a l’exemple américain, avec l’indépendance des
États-Unis (4 juillet 1776), les États américains se sont dotés les uns après les
autres de Constitution et ces Constitutions américaines sont traduites en France
par la Rochefoucauld et à la fin de l’ancien régime, à la veille de la Révolution, on
parle beaucoup de la Constitution des américains, et on prend la décision d’en
faire une en France aussi.
3. Les constitutions françaises
Les Constitutions apparaissent en France avec la Révolution. La France a connu 5
Républiques et on ne dénombre pas moins de 15 constitutions.
Montesquieu a imprimé sa marque avec son idée de la séparation des pouvoirs
(pouvoir législatif, exécutif, judiciaire) mais attention ce n’est pas son idée clé,
c’est plutôt l’idée de contre-pouvoir.
Au début de la Révolution française, c’est le pouvoir législatif qui a la meilleure
part dans la Constitution. Puis, on va renforcer peu à peu dans les Constitutions le
poids du pouvoir exécutif jusqu’à arriver à l’Empire (Constitution du consulat)
dans lequel c’est le pouvoir exécutif qui a quasiment tous les pouvoirs.
C. L’ÉMERGENCE D’UN CONTRÔLE DE CONSTITUTIONNALITÉ
A l’origine, sous la Révolution française, en dépit de l’importance que la Constitution a
attaché à l’idée de Constitution, elle n’a jamais garanti la soumission des lois à la
Constitution.
Cette émergence de l’idée de contrôle est liée à un double facteur :
Facteur des idées : c’est le concept d’état de droit. Il y a état de droit lorsque
l’État lui-même accepte de se soumettre à des normes supérieures.
Les faits : au lendemain de la 2nd guerre mondiale, on s’aperçoit que le
gouvernement de Vichy a adopté une législation antisémite contraire à toutes les
valeurs de la France et que l’on ne peut pas laisser un Parlement sans contrôle
voter des lois racistes.
Dans la Constitution de la Vème République (du 4 octobre 1958), on va mettre en place
le Conseil constitutionnel.
D. LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
1. Le rôle initial
Au début, en 1958, la grande innovation de la Constitution avec les articles 34 et
37 de la Constitution. Dorénavant, en 1958, on n’a plus un Parlement qui est
compétent dans n’importe quelle matière et où il peut prendre des lois dans
n’importe quelle matière. L’article 34 lui donne une compétence limitée et dans
tous les domaines qui ne sont pas attribués au Parlement et bien la compétence,
c’est la compétence du Gouvernement.
Dans la Constitution de 1958, c’est de Gaulle (autocrate) qui voulait renforcer la
puissance de l’exécutif. Il craignait que le Parlement empiète sur l’exécutif, il a
donc créé le Conseil constitutionnel dont le but était de dire que lorsqu’une loi
était votée et qu’elle intervenait dans le domaine de l’article 37 c’est-à-dire dans
le domaine réservé au gouvernement, que le Conseil puisse dire que cette loi est
inconstitutionnelle.
Quand en 1982 l’occasion s’est présentée d’une loi qui n’intervenait
effectivement pas dans le domaine de l’article 37, le Conseil a dit que ce n’était
pas son travail et que si le Parlement voulait voter une loi dans le domaine
réservé à l’exécutif, ce n’est pas grave, la loi est quand même conforme à la
Constitution.
2. Nouveau rôle
Le Conseil constitutionnel s’est attribué un autre rôle car il trouvait cela plus
intéressant c’était de contrôler la conformité des lois à la Constitution sans tenir
compte des articles 34 et 37.
Le Conseil constitutionnel a rendu une décision qui a été qualifiée de « coup
d’état judiciaire ». Une décision du 16 juillet 1971 : la liberté d’association.
Le Conseil dans cette décision dit : « mon rôle ça n’est pas forcément contrôler la
conformité de la loi à la Constitution du 4 octobre 1958 mais de contrôler la
conformité de la loi à la Constitution de 1958 et du préambule de la
Constitution » (renvoi au préambule de la Constitution de 1946 et de la DDHC).
En se servant du prétexte d’un contrôle hiérarchique, de dire que la loi doit être
conforme à la norme supérieure qui est la Constitution, le Conseil s’est arrogé le
pouvoir de faire un contrôle des valeurs véhiculées par une loi.
A chaque fois qu’une loi est contraire à un principe fondamental (préambule de la
Constitution de 1946 et DDHC) ou remet en cause une liberté fondamentale, je
peux la déclarer inconstitutionnelle.
La Cour suprême des États-Unis a accepté d’opérer un tel contrôle de vérifier la
conformité des lois à la Constitution des États-Unis et aux 10 amendements
depuis 1803 d’après l’arrêt Marbury versus Madison.
Pendant très longtemps, le contrôle de constitutionnalité des lois en France s’est
limité à un contrôle apriori c’est-à-dire que le Parlement votait la loi mais avant
qu’elle rentre en vigueur, elle devait être promulguée par le Président de la
République.
L’idée c’est qu’entre le moment où elle est votée par le Parlement et le moment
où elle est promulguée, on peut saisir le Conseil constitutionnel. Le Président de
la République, 6O députés, 6O sénateurs, le président de l’assemblée nationale,
celui du sénat, peuvent le saisir par exemple.
On saisit le Conseil et c’est celui-ci qui examine la loi et si le Conseil dit que la loi
est inconstitutionnelle le président n’a pas le droit de la promulguée et la loi ne
rentre donc pas en vigueur et inversement. Le contrôle est avant que la loi rentre
en application.
Sous Nicolas Sarkozy un changement s’est opéré, en effet, la réforme de mars
2010 de la Constitution française par laquelle on a mis en place ce qu’on appelle
la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité), ce mécanisme est très
important car il permet de vérifier la conformité d’une loi à la Constitution alors
que la loi est déjà en vigueure.
Comment ça marche ?
Nous sommes en procès, on veut nous appliquer une loi, mais on considère que
cette loi est contraire à la Constitution, on va soumettre au juge une QPC en
disant : « Monsieur le juge avant de m’appliquer cette loi, assurons-nous d’abord
qu’elle est bien conforme à la Constitution ». Le juge va se dire qu’effectivement
étant donné qu’on lui pose la question, il y a un doute, il va transmettre la
question d’abord à la Cour hiérarchiquement supérieure c’est-à-dire pour l’ordre
administratif le Conseil d’État et pour l’ordre judiciaire la Cour de cassation. La
Cour de cassation examine la question :
Sérieuse, transmission au Conseil constitutionnel. Le Conseil examine, soit
elle est conforme et on applique la loi, soit elle n’est pas conforme et là, la
loi ne sera plus du tout applicable (disparait de l’ordre juridique).
Fantaisiste, pas de doute donc pas de transmission au Conseil
constitutionnel.