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PREMIERE PARTIE : LE RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS


EXÉCUTIVES SOUS LA VE RÉPUBLIQUE

CHAPITRE 1 : LE CHEF DE L’ÉTAT, LE MAILLON HERCULÉEN DE LA


VE RÉPUBLIQUE
Se concentrer sur le chef de L'Etat : Etude de la fonction présidentielle et étude des
compétences du chef de l’état

Discours de Bayeux de De Gaulle : il parle d’un chef de l’Etat placé au dessus des partis et qui
doit procéder le pouvoir exécutif.
Cela signi e qu’il veut faire du chef de l’état la clé de voute des instituions de la Ve République.
D’ailleurs, il est passé du titre V dans Constitution de 1946, derrière le Parlement —> Titre II,
devant le Parlement, juste après titre I sur souveraineté.

Donc il est la clé de voute des instituions de la Ve République: la poutre maitresse qui tient
l’ensemble. Formule de Debré qui a fait du chef de l’Etat l’aimant unique qui tient l’ensemble et
assure la cohésion de tout l’édi ce institutionnel. Donc changement de vision du chef de l’état.

Avant d’analyser ses compétences, il est important de voir la fonction présidentielle.


Fonction présidentiel, souvent ambiguë.
Questions: est il un arbitre au dessus des partis ou le capitaine d’une équipe? Lecture de l’art 5,
son élection au suffrage universel avec analyse des art 6 et 7 de la Constitution . Il faut se
concentrer sur l’idée de « monarque républicain » selon Pascal Jan —> contradiction entre la
République et son élection // monarchie : hérédité.
Ce soutien inconditionnel de la majorité parlementaire depuis 1962, renforcée par le
quinquennat depuis 2000.

SECTION 1 : LA FONCTION PRÉSIDENTIELLE ET LE MANDAT


PRÉSIDENTIEL
Dans le discours de De Gaulle du 4 septembre 1958: des éléments très interessants pour trouver les
caractéristiques de sa vision sur fonction président de la République. Mais déjà dans le discours du
27 aout 1958 de Debré devant le Conseil d’Etat : des caractéristiques dont une problématique
principale:
-Le Chef de l’Etat est-il arbitre?
-Le Chef de l’Etat est-il capitaine?

L’analyse de l’art 5 de la Constitution: on verra que il est l’arbitre au sens littéral du texte, mais
au sens pratique il est le capitaine —> Contradiction entre la lettre de la Constitution et l’esprit
de celle ci // pratique par les Présidents de la République.

PARAGRAPHE 1 : UNE FONCTION PRÉSIDENTIELLE ÉQUIVOQUE


On doit se baser sur l’article 5 de la Constitution. Il dispose que : « le président de la République
veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des
pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat. Il est le garant de l’indépendance nationale, de
l’intégrité du territoire et du respect des traités. »

A : UN GARDIEN DE LA CONSTITUTION
En 1968 cette mission apparait essentiel et renvoie au pouvoir dont il dispose comme l’usage
exceptionnel des pleins pouvoirs (article 16), la nomination de 3 membres du Conseil
Constitutionnel, la nomination du président du Conseil Constitutionnel.

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Il est aussi fréquent d’observer que le chef de l’Etat saisi le Conseil Constitutionnel - article 54
s’agissant des traités internationaux. Le Conseil Constitutionnel a été saisi a plusieurs reprises sur
ce fondement.
C’est moins fréquent s’agissant de l’usage par le chef de l’Etat de l’article 61 alinéa 2 pour
contrôler la constitutionnalité d’une loi.

Décision 713DC du 23 juillet 2015 - Décision 780DC du 4 avril 2019


Généralement, il s’abstient de saisir le Conseil Constitutionnel sauf lorsqu’il y a une évolution
législative qui lui semble importante ou de surveiller sa constitutionnalité.

En matière constitutionnelle, s’agissant de la révision de la Constitution, le chef de l’ Etat joue un


rôle central -> trace du gardien de la Constitution.
L’interprétation gaullienne qui a prévalu jusqu’en 1969 était que le chef de l’Etat pouvait
utiliser l’article 11 de la Constitution pour passer au suffrage universel du président de la
République par exemple.

Il usera de cette interprétation controversée pour projeter de réviser la Constitution Etat, 1969
pour reformer le sénat mais qui va se traduire par un échec référendaire.

Le chef de l’Etat dispose d’une forme de monopole d’interprétation de la Constitution ainsi que
leur refus de signer certaines ordonnances.
Pendant longtemps il a disposé de cette forme de monopole d’interprétation.
Avec la montée en puissance du Conseil Constitutionnel, ce rôle est en recul : ex : projet du loi
constitutionnel de janvier 2021 pour compléter l’article 1er de la Constitution.

B : UN ARBITRE SOUS LA Ve RÉPUBLIQUE ?


Article 5 qui dispose : « Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics ainsi que la continuité de l’Etat. ». Il faut le lire par rapport à l’article 20, relatif au
gouvernement : « le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. ». Ça
correspondrait d’avantage à ce qu’est devenu la fonction présidentielle de nos jours.

Cette expression d’arbitre fait débat, il faut identi er les fonctions du chef de l’ Etat :
-son rôle singulier en matière de politique étrangère, de défense.L’article 16 en serait le
prolongement.

Pour illustrer, il y a souvent cet échange de lettre


entre Mitterand et Giscard D’Estaing au sujet de la
convocation de ce dernier par une commission
d’enquête parlementaire sur les avions reni eurs -
aout 1984.
En effet, Giscard d’Estaing a reçu une demande
d’audition par une commission parlementaire à
propos de faits qui se sont déroulés au court de son
mandat et du fait qu’un ancien chef de l’Etat soit
convoqué constituait un fait inédit sous la Ve
République.

Giscard d’Estaing s’en remet au président pour son arbitrage.


La réponse de Mitterand précise que l’article 5 lui confère un rôle d’arbitre mais que la
responsabilité du chef de l’Etat ne peut être mis en cause devant le parlement, il lui a écrit pour
que ce dernier se conforme aux règles. Le président peut-il être entendu par une commission
d’enquête parlementaire ?
Le président avait considéré que ça porterait atteinte au principe de séparation des pouvoirs, rien
ne lui oblige à participer - élément fondamental du régime, de la démocratie.









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PARAGRAPHE 2 : UN MONARQUE RÉPUBLICAIN
Article 6 - Article 7
L’article 6 détermine le mode d’élection du président, le nombre de mandat et les conditions
pour se porter candidat et les conditions de nancement de l’élection à la présidence de la
République.
L’article 7 précise le déroulement des élections présidentielles, les cas de vacances, d’interim et
de suppléance du chef de l’état.

A : LA DURÉE ET LE NOMBRE DE MANDATS PRÉSIDENTIELS


Il faut viser l’article 6 de la Constitution - Le président est élu pour 5 années au suffrage universel
direct. Nul ne peut exercer plus de 2 mandats consécutifs et les modalités sont xées par une loi
organique.

1 : UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ÉLU POUR 5 ANS


Pendant longtemps, la tradition était celle du septennat. Cela résultait de la loi
constitutionnelle du 20 novembre 1873.
En 1958 , la durée du mandat n’a pas fait l’objet de débats.

De Gaulle suite à sa démission, n’ira pas au terme de son mandat suite à son
élection présidentielle de 1965 au suffrage universel direct où son mandat
devra s’achever en 1972. Son mandat va s’achever en 1969.

De même pour le mandat de Pompidou qui n’arrivera pas à son terme, il est
décédé en court d’exercice de son mandat. En avril 1973 il avait annoncé une
réforme constitutionnelle pour adopter le quinquennat. Selon lui, il fallait que
le chef de l’ Etat renouvelle sa légitimité très fréquemment.

Suite à cette suggestion, la durée du mandat a alimenté des débats très vifs entres adversaires et
partisans du septennat - tranché par le peuple lors du referendum 24 septembre 2000.
Dans les débats cette idée resurgit. Certains considèrent que ce rythme n’est peut être pas
nécessairement propice à une reforme de longue durée de l’Etat et qu’il faudrait revenir sur ce
point.

-Pour beaucoup d’auteurs, le quinquennat est bien pour relégitimité le chef et de ne pas
accorder les pouvoirs importants qui lui sont conférés pour une durée trop longue.

-Le septennat représente une curiosité juridique ou seul quelques présidents sont élus pour cette
durée. Généralement ils ne disposent pas de pouvoirs réels.
Le septennat était envisageable dès lors que le chef de l’ Etat n’a pas de pouvoirs importants. Si
il a des pouvoirs importants, il faut une durée plus courte.

Le quinquennat est vu comme une solution pour éviter les cohabitations en France.

Les arguments en faveur du septennat :


-Les élections législatives donnent l’occasion aux citoyens de con rmer ou d’in rmer la
politique du chef ce qui peut fragiliser la réalité de ses pouvoirs.
Le quinquennat vise à in rmer le mandat présidentiel car il rend impossible toute cohabitation.
Il marque l’effacement du Premier Ministre alors que le septennat l’inverse —> perte des fonctions
arbitrales du président à l’article 5.
La commission Bartholote a proposé le retour au septennat pour amoindrir la surpuissance
présidentielle pour faire échapper le président au rôle d’éternel candidat à sa propre réélection.



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2 : LA LIMITATION À 2 DU NOMBRE DE MANDATS PRÉSIDENTIELS
SUCCESSIFS
Alinéa 2 de l’article 6 de la Constitution xe la limitation à 2 mandats successifs —> Le chef de
l’état « Est élu pour sept ans. Il n’est rééligible qu’une fois ».
En 1958, le mandat présidentiel était renouvelable. Le record de longévité est devenu par
Mitterand —> 14 années.
Aucun président n’a sollicité de 3e mandat.

L’introduction du quinquennat avait posé la question de l’exercice d’un 3e mandat exécutif +


l’abaissement de l’âge du président de la République.
La question de la limitation à 2 a été posée sous la IVe République -> président élu pour 7 ans,
rééligible qu’une fois.

La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 qui a xé l’alinéa 2 qui précise qu’il peut faire que
2 mandats consécutifs -> 3e mandat possible après 5 ans d’interruption du règne républicain.

Exclue un 3e mandat consécutif mais n’exclue pas un 3e mandat après interruption pendant un
mandat.

C’était la volonté du chef de l’état à l’époque.


Des débats dans le comité Balladur sur ça et voilà la solution retenue. Idée de revenir à un
septennat non renouvelable.

B : LA SÉLECTION DES CANDIDATS ET LE FORMALISME ELECTORAL


Plusieurs questions à voir : 2 principales:

-La question de l’éligibilité et les « parrainages »


-La question du financement de la campagne électorale

1 : L’ÉLIGIBILITÉ ET LA QUESTION DES PARRAINAGES


On retient plutôt la formule de « présentateur », plutôt que de « parrain ».
Avec le terme de « parrain » : confusion de langage entretenue qui fait croire à une nécessité
d’adhérer aux idées du candidat. Or, les présentateurs ne cautionnent pas en droit et faits le
candidat. Ce n’est pas une adhésion aux idées politiques du candidat mais le fait d’accepter qu’il
puisse se présenter à l’élection + pluralité d’opinions dans la vie politique française.

Les conditions requises pour être candidat à l’élection présidentielle, complétées par des textes:
S’appuie sur les dispositions de la Constitution : article 7 qui précise le déroulement de l’élection
présidentielle.

Complété par des textes:


La loi référendaire du 6 novembre 1962 relative à l’élection du Président de la République
au suffrage universel direct en son article 3 : texte fondamental.
Les textes organiques qui précisent, modernisent les règles de l’élection présidentielle: loi
organique du 25 avril 2016 consolidée en vue de l’élection de 2022.

Conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle :


1. Être de nationalité française
2. Être électeur
3. Être âgé d’au moins de 18 ans. Évolution il y aune dizaine d’années puisque avant
c’était 23 ans. Abaissement avec loi organique du 14 avril 2011.












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4. Jouir de ses droits civils et politiques
5. Ne pas être exclu par des cas d’incapacité prévus par textes législatifs

Conditions d’éligibilité nécessaires mais ne suffisent pas pour être candidat.


Face à multiplication du nombre de candidats avec parfois des candidatures fantaisistes
annoncées —> l’idée d’un filtrage : système qui filtre candidatures pour retenir que celles sérieuses
car il s’agit d’occuper la fonction suprême, occuper un poste sensible : « la clé de voute des
instituions ».

Lors des 3 premières élections au suffrage universel direct, de 1965, 1969 et 1974 —> parrainage
par 100 élus exigé.
Pas empêché la multiplication des candidatures: 6 en 1965, 7 en 1969, 12 en 1974.

En 3 élections présidentielles : multiplication par 2 du nombre de candidatures


—> de nouveau l’intervention du législateur: loi du 18 juin 1976 pour que les candidats à
l’élection présidentielle soient présentés par 500 élus.
500 présentateurs parmi: Maires, conseillers départementaux, conseillers régionaux, conseillers
territoriaux, conseillers à l’assemblée des français de l’étranger, présidents de métropoles et
d’intercommunalités parlementaires.
Avec condition de représentativité pour éviter une emprise trop locale du candidat : Les
présentations doivent émaner de 30 départements différents, sans que plus du 10e ne provienne
d’un même département = close de représentativité nationale. Confirmée par loi organique du 25
avril 2016.
Cette liste représente un vivier de 47 000 présentateurs potentiels qui ne peuvent présenter qu’un
seul candidat, selon un choix irrévocable même si le candidat renonce à se présenter.

Exemple : Le cas pour Juppé lors des précédentes élections, du fait du Pénélope Gate: certains élus
voulaient Juppé à la place de Fillon pour les élections. Donc le Conseil Constitutionnel avait
enregistré des présentations pour lui, sans que soit déclaré officiellement candidat à l’élection.
Débat : Un personnage politique peut se retrouver candidat si il n’en a pas la volonté mais a les
500 présentations requises?

Toute cette procédure et les formulaires sont controlés par le Conseil Constitutionnel.
Mois de janvier : publication du décret de convocation des électeurs, porté par le ministre de
l’intérieur et présenté en conseil des ministres.
Formulaires adressés par les préfectures aux élus habilités à présenter un candidat.
Ne peuvent pas être déposés physiquement au Conseil Constitutionnel (article 2 loi organique du
25 avril 2016 consolidée ) : les élus signataires doivent envoyer par voie postale au Conseil
Constitutionnel.
Le Conseil Constitutionnel en vérifie la validité:
- L’identité de l’élu
- Mandat de ce dernier (…)
Et informe chaque candidat du nombre de présentations valides reçues.

Question de la publicité des présentateurs : désormais intégrale à l’issue des parrainages et


constante. Le Conseil Constitutionnel tient à jour sur son site la liste provisoire des présentations.

À la fin de période de recueil : liste définitive des présentations publiées 8 jours au moins
avant premier tour au Journal Officiel. La publication intégrale de la liste des présentateurs était
une recommandation du Conseil Constitutionnel, et le législateur a accédé à cette demande: article
3, Loi organique du 25 avril 2016.
























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Le Conseil Constitutionnel est compétent pour recevoir d’éventuelles
contestations sur la validité d’une candidature.
Il doit vérifier le consentement des candidats qui ont franchi l’étape des
500 présentations. Question posée en 2017 avec Juppé : s’il serait
automatiquement candidat s’il recueillait les 500 signatures, alors que pas
déclaré candidat. Au final, il n’a jamais atteint les 500 signatures mais
quand même 313. Donc les constitutionnalistes se sont interrogés sur ce
cas de figure pas prévu par les textes.
Le Conseil Constitutionnel a rappelé qu’il est impossible d’être automatiquement candidat à
l’élection Président de la République —> Il faut une manifestation de volonté.
Signifie que le candidat doit adresser une lettre au Conseil Constitutionnel manifestant son
consentement d’être candidat à l’élection, et y joint sa déclaration de patrimoine.
Le Conseil Constitutionnel réceptionne cette lettre, la déclaration de patrimoine est transmise à la
Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
• Le Conseil Constitutionnel qui établit vers 20 mars: la liste officielle des candidats à
l’élection présidentielle.
• Cette liste publiée au Journal Officiel. Sur cette liste, l’ordre des candidats résulte d’un
tirage au sort.

Ce dispositif est il efficace pour autant?


C’est la principale interrogation. En 1974: 12 candidats, donc en 1976 : système renforcé de
présentations. Légère baisse: 10 en 1981, 9 en 1988, puis revenu à 12 en 1995.

—> Question: Le nombre de candidats est-il lié à l’enjeu?


La réélection de Mitterand en 1988 semblait acquise dans les sondages, sans doutes découragée
d’autres éventuels candidats, ce qui pourrait expliquer la baisse des candidatures.
En 2002 : 16 candidatures officielles. Record du nombre de candidatures. 12 en 2007. 10 en 2012
11 en 2017.

Cette réforme du sytème des présentations a été régulièrement mis à l’ordre du jour.
Fréquent d’observer que des candidats de l’extreme droite contestaient cette procédure.
Même une QPC : décision 233 du 21 février 2012, Marine le Pen. Le Conseil Constitutionnel a
validé le système des présentations —> pas de censure constitutionnelle. Est évoqué le caractère
anonyme de ces présentations, le fait que cela pouvait conduire parfois à des manipulations.

Le Conseil Constitutionnel, à cette occasion, a réaffirmé son voeu de publier l’ensemble de la liste
des présentateurs, comme en juin 2012 et mis en oeuvre lors de l’élection de 2017.
Voit : CC, décis.155 PDR, 21 juin 2012. Observations du Conseil constitutionnel sur l’élection
présidentielle de 2012 —> affirmation très claire du Conseil Constitutionnel et ce voeu de
publication de la liste entière, dans un soucis de transparence.

Parmi propositions pour faire évoluer ce dispositif : Débats au comité Balladur :


Il est proposé que la présentation des candidats soit le fait d'un collège de 100k élus qui auraient
désigné à bulletin secret quel candidat ils souhaitent voir concourir à la présidence.
Aussi question d’un parrainage citoyen. Débats d’un point de vue technique au niveau du contrôle
des signatures.
Au delà du problème technique, en réalité : si les vacances du Président de la République et qu’il
faille organiser vite l’élection du présidentielle : la technique permettrait pas un système fiable.

Idée reprise par commission Jospin : fixée une idée de 150k signatures pour un parrainage
citoyen. Proposition 1 du rapport de 2021.
Finalement une réforme minimaliste est opérée lors des élections de 2017, confirmée par celles
de 2022. Validée par le Conseil Constitutionnel qui est indécis. 729 DC, 21 avr. 2016.






















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Conformément aux recommandations du Conseil Constitutionnel, l’élection de 2022 servira de
test : si de nouveau, un nombre élevé de candidatures —> relancerait le débat sur le sytème de
filtrages des candidatures. Les 16 candidats en 2002 avaient fait débat.

2 : LE FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE


Les principales règles sur le financement de la campagne électorale et prise en charge par
l’Etat des dépenses électorales des candidats : fixée par la loi référendaire du 6 novembre 1962
relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel, article 3.

Le législateur organique vient compléter ce dispositif. Tenue d’un compte de campagnes exigée. Il
retrace précisément :
• L’origine des recettes
• La nature des dépenses engagées
Le candidat peut pas lui gérer ce compte. Il doit nommer un mandataire financier pour cela.
Le compte de campagne doit être déposé à la Commission nationale des comptes de campagnes
et des financements politiques (CNCCFP), présidée par Vachia, magistrat à la Cour des comptes et
à la tête d’une AAI régie par la loi du 15 janvier 1990.
Déposée au plus tard le 9e vendredi suivant le second tour de l’élection présidentielle.
Objectif : vérifier la régularité comptable des opérations.
Commission composée de 9 membres nommés pour 5 ans , renouvelables 1 fois. Nommés par les
chefs des 3 plus hautes juridictions français : Conseil d’Etat, Cour de Cassation, Cour des
Comptes.
Le président Vahia, désigne un vice président de cette commission, qui choisit un haut
fonctionnaire comme secrétaire général. Un service administratif conséquent pour aider les
membres de la commission .

Pas que l’élection présidentielle, le volume des comptes de campagne à vérifier comprend aussi les
élections locales, législatives... un budget pour rémunérer les agents, vacataires qui en période
d’élection vont avoir des tâches d’instruction. Environ 180 rapporteurs qui travaillent à la CNCCFP.

Les dépenses de campagnes sont plafonnées.


Les déficits publics excessifs de la France expliquent qu’il n’y a pas de retouche de ces plafonds -
loi de finances du 26 décembre 2011.
Un remboursement forfaitaire des frais de campagne est prévu pour chaque candidat:

Pour les candidats au 1er tour: Seuls les candidats avec - de 5 % des suffrages exprimées
perçoivent 4,75 % du plafond de dépenses du 1er tour.
Les autres qui auront + de 5% des suffrages exprimés auront 47, 5 % de ce plafond
Pour les 2 candidats au 2e tour: 47,5% du plafond des dépenses du second tour —> 10,6
M euros en 2017.

• Le remboursement ne couvre pas les dépenses financées par l’apport personnel du


candidat.
• Les remboursements ne peuvent pas être plus importants que les dépenses déclarées par
le candidat.

La commission contrôle le respect de ces règles de plafonnement.


Si infraction —> sanctions pécuniaires et pénales prévues : un candidat qui aurait dépassé le
plafonnement des dépenses de campagnes doit verser au trésor public le montant du
dépassement.
La commission statue par une décision sur la situation de chaque candidat, publiée au Journal
Officiel.
Exemple : décision du 21 déc. 2017 relative au compte de campagne de M. Emmanuel Macron,


























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publiée au Journal Officiel le 13 février 2018.

Soit: La commission approuve le compte sans modifications : parce que compte tenu
rigoureusement
La commission approuve le compte après réformation : en excluant des dépenses non électorales
ou mal justifiées (…) en rectifiant le montant, ajoutant une dépense omise.
La commission rejette le compte : parce que compte insincère, parce que traduirait pas une image
fidèle de la réalité. Omission importante d’une recette ou dépense.

Insincère, déficit, plafond dépassé ou irrégularité d’une telle importance que le compte est
vicié —> rejet.
Si compte rejeté = pas de remboursement opéré par l’Etat.
—> Possibilité d’un recours devant le Conseil Constitutionnel contre la décision de la
commission, dans le mois suivant la notification de rejet : le candidat conteste la décision de rejet.

Exemples: Un recours par Sarkozy contre la décision de la commission du 19


décembre 2012.
Cf. Conseil Constitutionnel décision 156 PDR, 4 juillet 2013.
Le compte de campagne a rejeté, donc pas de remboursement forfaitaire au
candidat. Donc le parti avait lancé le « sarkothon »: permis au parti de récolter
11M € de dons.
Rappel : Dons citoyens qui ne peuvent excéder 7 500 € par an et par foyer fiscal
—> Réduction d’impôts sur le revenu de 66%. Dons ont représentée une
dépense fiscale de 7 M €.

Compte de campagne de Macron : plainte déposée par l’association


Anticor.
Classée sans suites par le parquet de Paris en se fondant sur la
décision de la Commission nationale des comptes de campagne pour
motiver son refus de poursuivre l’affaire.
Elle dénonçait des irrégularités dans le compte de campagne,
notamment sur les ristournes accordées par des personnes morales
de droit privé alors que interdit par la loi.

La commission n’ayant pas retenu cet argument, le parquet de Paris a refusé de poursuivre et s’est
fondé sur cette décision de la commission ayant validé le compte.

C : LE DÉROULEMENT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, VACANCE,


INTERIM ET SUPPLÉANCE
—> Article 7 de la Constitution.

Le déroulement de l’élection présidentielle


La vacance, l’intérim, l’empêchement et la suppléance

1 : LE DÉROULEMENT DE L’ELECTION PRÉSIDENTIELLE


Ici s’appuyer sur l’article 7, alinéas 1, 2, 3 et 6, 7, 8, 9 et 10.

Scrutin est majoritaire à deux tours:


• Au premier tour, le candidat doit avoir majorité absolue des suffrages exprimés pour
être élu dès le premier tour. Ça ne s’est jamais produit.
De Gaulle l’espérait à l’élection de 1965: pas fait campagne, pensant que c’était une formalité et
qu’il serait élu au premier tour —> mis en ballotage par Mitterand et n’obtient que 44, 65 % des
























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suffrages exprimés.
• Au second tour : seuls les 2 candidats arrivés en tête au 1er tour sont présents.
• Le vainqueur obtient la majorité absolue des suffrages exprimés.

Mieux élus sous Ve République:


Le candidat le mieux élu de la Ve République: Chirac. Élection de 2002: 82, 2 % des suffrages
exprimés. Cette élection —> élimination au premier tour de Jospin, le Premier ministre en fonction.
Et donc duel: Chirac contre Jean-Marie Le Pen et conduit à ce résultat
Ensuite: Macron. Élection de 2017: 66, 1 % des suffrages exprimés.

Moins bien élus sous Ve République:


Le moins bien élu de la Ve République : Valérie Giscard d’Estaing. Élection de 1974 —> 50, 8 %
des suffrages exprimés
Ensuite Hollande. Élection de 2012 : 51, 6% de suffrages exprimés Les autres candidats ayant eu
des résultes supérieurs.

L’élection présidentielle se déroule 20 jours au moins et 35 jours au plus avant l’expiration des
pouvoirs du président en exercice. Sauf décès ou démission du chef de l’état.
Le terme « campagne électorale » et la nécessité durant cette phase d’un traitement équitable
entre candidats —> article 7, alinéa 1 à 3.
Campagne électorale : désigne tous les actes de propagandes d’un candidat pour être élu
Président de la République.

Plusieurs périodes dans la campagne présidentielle soumises à des réglementations différentes.


Tous candidats à égalité.

Sous la surveillance étroite de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale,


régie par un décret du 8 mars 2001 et par le Contrôle supérieur de l’audiovisuel (CSA), la
Commission Jospin avait proposé des aménagements : propositions 3, 5 et 6 du rapport de 2012.
—> l’objet d’une loi organique et Conseil Constitutionnel - décision.729, DC du 21 avril
2016.
Au sens large, la campagne électorale débute 1 an avant le premier jour du mois de l’élection.
Le 1er avril 2021 pour élection de 2022, si il n’y a pas de contre temps : vacance, empêchement...
Chaque candidat déclaré doit designer le mandataire financier à partir de cette date, sous contrôle
de la Commission nationale des comptes de campagne.

Les différentes phases:


1. À partir du 1er février de l’année de l’élection jusqu’à la veille de la publication de la
liste des candidats par le Conseil Constitutionnel ( 20 mars) = La période préliminaire.
Pendant laquelle le Contrôle supérieur de l'audiovisuel veille au traitement équitable des
candidatures. Notamment pour le temps de parole accordé aux candidats.
Et l’éternel débat étant sur la phase antérieure : lorsque le président en exercice est candidat.
Tous les professionnels s’accordent à penser qu’il faudrait retoucher le texte constitutionnel pour
rééquilibrer. Pour l’instant : silence du texte.

2. Lorsque le Conseil Constitutionnel a publié la liste officielle des candidats le 20 mars,


une autre phase s’ouvre: Les candidats vont bénéficier d’avantages de services de l’état , sous la
vigilance de la Commission nationale des comptes de campagne.
Du 20 mars au 10 avril : le CSA veille à un traitement équitable dans les conditions de traitement
comparable, selon l’article 4 de la loi organique du 25 avril 2016 consolidée .
Selon le Conseil Constitutionnel, il appartient au législateur organique de fixer les règles pour
élection du Président de la République.
Selon le Conseil Constitutionnel : il important de veiller à concilier la liberté de communication
























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(article 11, DDHC) avec le principe de pluralisme des courants d’idées et d’opinions (article 4
Constitution).

3. La période de la campagne officielle au sens stricte. Durée de 15 jours en vue du 1er


tour. Et 8 jours en vue du second tour.
Ce 3e temps de la campagne officielle, s’achève à minuit le vendredi avant le dimanche du vote.
Lorsque la campagne officielle débute, le CSA veille au traitement égal des candidats. Ce qui est
different du traitement équitable, mesuré en temps de paroles par le CSA.

Voir après le déroulement de l’élection présidentielle, il est important de voir les péripéties qui
peuvent se produire.

2 : VACANCE, EMPECHEMENT, INTERIM, SUPPLEANCE


Cette élection présidentielle peut connaitre des péripéties —> Constitution article 7, alinéas 6 à 10
Ces alinéas proviennent de la révision constitutionnelle du 18 juin 1976, initiée par Chirac,
Premier Ministre du Président de la République Valéris Giscard d’Estaing, sous l’impulsion du
Conseil Constitutionnel suite à l’élection de 1974.
Conseil Constitutionnel, Décision 33 PDR, 24 mai 1974 : il est rappelé que le cas du décès d’un des
candidats admis à se présenter, n’est pas envisagé précisément. Peut poser difficultés

Les péripéties durant l’élection présidentielle. La Constitution prévoit donc désormais que:

-Première péripétie : Si dans les 7 jours précédant la date limite de présentation des dépôts
des candidatures, une des personnes, moins de 30 jours avant cette date, a annoncé publiquement sa
décision d’être candidat, décède ou est empêché, le Conseil Constitutionnel peut décider de
reporter l’élection —> alinéa 6, article 7.

Le Conseil Constitutionnel est d’ailleurs saisi dans les conditions de droit commun (article 61
alinéa 2) par les autorités de saisine : Président de la République, Premier Ministre, Président du
Sénat, Président de l’ Assemblée Nationale, 60 députés ou 60 sénateurs.
Ou, il est saisi dans les conditions déterminées pour la présentation d’un candidat, par rapport à
l’article 6.
Alinéa 9, article 7 : 500 personnes en capacité juridique de présenter un candidat. Précision: des
observateurs ont souligné ici que le Conseil Constitutionnel pas en situation de s’auto-saisir.

-Deuxième péripétie : Si avant le premier tour, un candidat décède ou


est empêché, le Conseil Constitutionnel prononce le report de l’élection —>
article 7, alinéa 7.
Dans ce cas le report est obligatoire.
Exemple : Élection de 2017: situation politique et judiciaire de Fillon avait
soulevé la question du report de l’élection, si son renoncement intervenu à
comté de la date des récoltes des parrainages notamment, suite à sa mise en
examen le 14 mars 2017. Une mise en examen d’un candidat : peut être une
forme d’empêchement.
Cette mise en examen demeure impossible dans le cas d’un président candidat à
sa succession, placé dans une situation plus avantageuse grâce à son régime
d’irresponsabilité présidentielle (article 67).

-Troisième péripétie : En cas de décès ou d’empêchement d’un des 2 candidats les plus
favorisés au 1 er tour avant les retraits éventuels, le Conseil Constitutionnel déclare qu’il doit être
procédé à nouveau à l’ensemble des opérations électorales.
Pareil en cas de décès ou d’empêchement d’ 1 des 2 candidats restés en présence en vue du 2nd
tour —> article 7, alinéa 8.











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Si l’application de ces dispositions a pour effet le report de l’élection à une date postérieure à
l’expiration des pouvoirs du président en exercice, celui-ci demeurera en fonction jusque
proclamation des résultats de son successeur —> Article 7, alinéa 10.
Proclamation des résultats par le Conseil Constitutionnel (article 58).

a : LA VACANCE DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE


Ce terme vient du latin Vacare qui signifie vide, inoccupé. C’est donc la période durant laquelle
la fonction présidentielle se retrouve dépourvue de titulaire, durant laquelle cette dernière n’est
pas exercée. On dit que la vacance du pouvoir ne peut durer longtemps car il ne peut se passer
trop de temps sans arbitrage.

La vacance peut être la suite d’un décès, par exemple celle de Pompidou.
Cela peut être suite à une démission du chef de l’Etat, par exemple celle de De Gaulle. Mais
également lié à un changement de fonction, une destitution par la Haute Cour. La vacance doit
être déclarée par le Conseil Constitutionnel conformément à l’article 7 alinéa 4.

Durant cette vacance, il ne peut être fait application des articles 49, 50 et 89 conformément au
11e alinéa de l’article 7.
Cette vacance va déclencher l’organisation d’un scrutin pour l’élection du nouveau Président
de la République entre 21 et 35 jours au plus après l’ouverture de la vacance. L’élection est alors
déclenchée sauf cas de force majeure constaté par le Conseil Constitutionnel qui pourrait empêcher
la tenue régulière de cette élection - article 7 alinéa 5.

b : L’EMPECHEMENT PRÉSIDENTIEL
Ici il s’agit du fait d’être empêché, ce qui entrave l’exercice de la fonction présidentielle, ce qui va
rendre impossible ou gêner l’accomplissement de la fonction présidentielle.
On pense au cas de la maladie du Président de la République.

Par exemple, en 1972, le Président de la République Pompidou est atteint d’une forme rare de
leucémie sans que l’empêchement n’ait été déclaré, ce qui avait provoqué de nombreux débats. En
1992, le Président de la République Mitterrand décide de rendre public le fait qu’il soit atteint d’un
cancer, ce qui avait également provoqué la controverse.

En cas d’empêchement constaté par le conseil - article 7 alinéa 4 - ce dernier étant saisi par le
Gouvernement à la majorité absolue de ses membres vont conduire à déclencher l’intérim. Le
président intérimaire peut effectuer les fonctions présidentielles à l’exception du référendum et
du droit de dissolution.
Lorsque l’empêchement est déclaré définitif - article 7 alinéa 5 - le scrutin pour le nouveau
Président de la République a lieu sauf cas de force majeure entre 21 et 35 jours dès la déclaration de
l’empêchement. (Cela peut être le cas d’un enlèvement notamment).

Le Conseil Constitutionnel dispose d'un pouvoir d’appréciation sur la nature de l’empêchement,


sur sa nature temporaire ou définitive : s’agit-il d’un cas d’école car le Conseil Constitutionnel est
saisi par le gouvernement ? Le gouvernement a-t-il intérêt à entreprendre cette fonction délicate ?
C’est la raison pour laquelle la santé du Président de la République a alimenté la littérature. Faut-
il mettre en place un comité spécifique ?

c : L’INTÉRIM PRÉSIDENTIEL
La vacance, l’empêchement provisoire ou définitif a pour corollaire l’intérim de la présidence.
Sous la IIIe, l’intérim était exercé par le conseil des ministres de manière collégiale.
Suite à la crise du 16 mai 1977 il y avait eu un véritable effacement du Président de la






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République. Il faut donc souligner que l’autorité du Président de la République sous la IIIe
République n’est pas du tout la même qu'aujourd'hui.

Sous la IVe République, l’intérim était assuré par le Président de l’ Assemblée Nationale.

Sous la Ve République, il a été décidé qu’il soit exercé par le président du Sénat, et si ce dernier
est lui-même empêché, c’est le gouvernement collégialement qui assure l’intérim de la Présidence.
Cette solution s'expliquait à l'époque par le fait que le collège électoral qui élisait le Président de la
République était le même que celui qui venait d'élire le Sénat.

Le président intérimaire exerce toutes les compétences dévolues au


Président de la République sauf les articles 11 et 12 de la Constitution.
Le Gouvernement ne peut faire l’objet d’un engagement de
responsabilité, ne peut faire l’objet d’une dissolution ou d'une révision
constitutionnelle.
Alain Poher a assuré l’intérim lors de la démission de De Gaulle et suite
au décès de Pompidou en 1994. La première période d’intérim a posé un
certain nombre de difficultés car l’intérimaire était candidat. Pour la
seconde période, l’intérimaire a fait ratifier la France la Convention
Européenne de Sauvegarde des Droits De l’Homme.

d : LA SUPPLÉANCE POUR LA PRÉSIDENCE DU CONSEIL DES


MINISTRES
Cela est régi par l’article 21 : le Premier Ministre assure cette présidence lorsque le Président de la
République ne peut être présent.

SECTION 2 : L’ÉTENDUE VARIABLE DU POUVOIR PRÉSIDENTIEL


Articles 8 à 19.
Les articles 5, 8, 20 et 21 sont des articles clés mais il y a une différence entre la lettre de la
Constitution et les eets de cette dernière.
D’autres compétences sont très honorifiques à côté de ces compétences prééminentes : on parle du
“monarque républicain” car il est le grand maître de l’ordre national de la légion d'honneur,
du mérite, etc.

PARAGRAPHE 1 : LES CLASSIFICATIONS DES POUVOIRS DU


PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE (article 19)
L’article 19 dispose “les actes du Président de la République autres que ceux prévus à l’article 8
alinéa 1, le 11, le 12, le 16, le 18, le 54, le 56 et le 71 sont contresignés par le Premier Ministre et,
le cas échéant, par les ministres responsables.”
Ce qui pose une grille de lecture des pouvoirs présidentiels. Il y a ceux qui sont considérés
comme des pouvoirs non partagés et il est important de rappeler cette distinction et cette
révolution juridique qui est établie par l’article 19.

PARAGRAPHE 2 : LES ACTES DU CHEF DE L’ETAT, DISPENSÉS DE


CONTRESEING MINISTERIEL

A : LA NOMINATION DU PREMIER MINISTRE ET LA CESSATION DE


SES FONCTIONS

1 : LE CHOIX DU PREMIER MINISTRE
















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En vertu de l’Article 8 alinéa 1, le Président de la République
nomme le Premier Ministre donc le choix présidentiel est
totalement discrétionnaire.
Le fait que le gouvernement soit responsable devant le
Parlement - article 49 et 50 - fait que le Président de la
République doit respecter la majorité parlementaire. La majorité
qui se décide à l’ Assemblée Nationale est déterminante et cette
désignation du Premier Ministre est capitale puisqu’il faut
quelqu'un qui soit capable de rassembler la majorité derrière le
gouvernement.

Dès lors que cette majorité est conforme, le choix du Président de la République est
discrétionnaire et il lui est parfois arrivé de ne pas désigner un parlementaire élu : Pompidou en
1962, Barre en 1976, Cresson en 1991, Beauvois en 1992, Villepin en 2005, Castex en 2020.
Il est fréquent depuis la mise en place du quinquennat que le Président de la République nomme une
personnalité qui est proche de lui lors des présidentielles : Fillon avec Sarkozy en 2005 par
exemple.
Il s'agit parfois d’un choix stratégique de la part du Président de la République mais il est
discrétionnaire dès lors que le Président de la République fait admettre à la majorité parlementaire
que le choix est opportun.

2 : LA DÉMISSION ET RÉVOCATION DU PREMIER MINISTRE


Il faut faire relecture de la suite de l’alinéa : “il met fin à ses fonctions sur la présentation par
celui-ci de la démission du gouvernement”.
Si la nomination est un pouvoir non-partagé, la fin de la fonction est un acte dispensé de
contreseing mais suppose de la démission du Premier Ministre et son gouvernement.
Ce qui signifie qu’en droit, le Président de la République ne peut révoquer le Premier Ministre.
De Gaulle en août 1958 avait considéré que le Premier Ministre n’est pas responsable devant le
Président de la République car ce dernier ne peut pas le révoquer.
En fait, il en est quand même pas vraiment ainsi, le Président de la République s’est souvent
octroyé ce droit et il suffit de regarder les pratiques des Président de la République successifs pour
le constater.
Les formes constitutionnelles évoluent au fil de la Ve République et il est possible que le Premier
Ministre claque lui-même la porte de l'Elysée : Chirac et Mitterrand.

3 : L’INTÉRIM DU PREMIER MINISTRE


Il appartient au Président de la République de choisir un Premier Ministre lors de la vacance
des fonctions ministérielles : la première fois observé le 27 mai 1967 lorsque De Gaulle choisit le
garde des sceaux.
Cet intérim a été revu avec Mitterrand qui a confié au ministre des finances de l’époque Balladur
les fonctions de Chirac.

B : LES RÉFÉRENDUMS DE L’ARTICLE 11 DE LA CONSTITUTION


En observant l’article 19, l’article 11 fait partie des pouvoirs non partagés du Président de la
République.
Il est important de préciser que le référendum n’est pas uniquement inscrit à l’article 11 : on le
retrouve dans l'article 88-5 s’agissant de l’adhésion d’un Etat à l’Union Européenne, à l’article
89 à la ratification d’un traité, à l’article 73 alinéa 6.

Il est important de souligner que le référendum de l’article 11 s’explique aussi par cette
conciliation entre la théorie de la souveraineté nationale et populaire - l’article 3 est essentiel









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pour comprendre la place du référendum dans la Ve République.
Il est important de distinguer le référendum d'initiative partagée et présidentielle qui résulte
d’une innovation constitutionnelle introduite en 2008.

1 : LE RÉFÉRENDUM D’INITIATIVE PRÉSIDENTIELLE


Il faut se concentrer ici sur les alinéas 1 et 2 de l’article 11.
La décision présidentielle est subordonnée à l’approbation conjointe des ministres, ce pouvoir
d’initiative se confond au pouvoir de proposition du Premier Ministre puisqu’il suit au Président
de la République de solliciter le gouvernement.
l’article 11 ne permet qu’un projet/proposition de loi soit soumis à référendum. Cette idée de
référendum à choix multiple a été évoquée pour la 1ère fois par 10 députés socialistes en 2013.
Il n’existe que 2 seules options possibles : deux questions posées, l’une sans projet de loi et
l’autre avec, ou bien plusieurs questions nichées au sein d’un seul et même texte (ce que l’on a
eu le 27 avril 1969).

2 : LE CHAMP D’APPLICATION DU RÉFÉRENDUM


Le premier décret par lequel le Président de la République décide de soumettre une question au
référendum contient l’intitulé de la question et la date de la consultation.
Jusqu'en 2000, le Conseil Constitutionnel donnait seulement son avis sur le texte, le Conseil
d'Etat considérant que c’est là un acte de gouvernement, est insusceptible de recours, Conseil
d'Etat 29 avril 1970. Le Conseil Constitutionnel a fait évoluer sa jurisprudence et accepte
désormais d’en contrôler la régularité, 25 juillet 2000.
Le Conseil Constitutionnel contrôle le respect du champ d’application de l’article 11 et le
Conseil d'Etat se considère incompétent car il faut éviter le recours parallèle.

Le Président de la République peut décider de soumettre à référendum tout projet de loi


portant sur l'organisation des pouvoirs publics et c'est par cette interprétation qu'il a usé de
l’article 11 en 1962 et en 1969 pour réviser la constitution considérant que le Président de la
République et le Sénat soient des pouvoirs publics.
Concernant l’usage du référendum, cela conduisait à asseoir le régime gaullien et un pilier de ce
régime. Il a souvent été reproché à De Gaulle de réaliser des plébiscites. Les référendums suivant
1969 tracent une ligne évidente, il ne s’agissait pas de questions indispensables et on observe une
plus grande abstention.
Les défenseurs de l’Union Européenne sont réticents à l’usage du référendum.

C’est une disposition constitutionnelle récente qui résulte de la révision de 2008 avec un champ
d’application limité aux reformes économiques, sociales et environnementales. C’était une idée
ancienne. C’était dans le cadre du comité Balladur que cette idée a été reprise.

L’Alinéa 3 de l’article 11 est le fruit d’un amendement de l’Assemblée Nationale.


L’intervention du législateur organique était indispensable, sous la XIIIe législature, le
gouvernement Fillon était réticent sur cette évolution, c’est sous la XIVe législature que le texte a
pris suite à l’élection de Hollande en 2012.

Les lois organique et ordinaire du 6 décembre 2013 viennent compléter cet alinéa 3.
Les modalités sont complétées par des dispositions au sein des assemblées parlementaires : la
norme constitutionnelle, le texte organique ou ordinaire, les règlements internes aux
assemblées.
Décision du Conseil Constitutionnel 705 DC du 11 décembre 2014 dans son paragraphe 52.

La proposition de loi est soutenue par 1/5 des membres du parlement.


Le Conseil Constitutionnel est saisi de cette proposition de loi en contrôle à la conformité à la

















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Constitution (article 61) et si cette proposition de loi est déclarée conforme à la Constitution, une
période de 9 mois s'ouvre pour la collecte des soutiens citoyens par voie électronique selon les
articles 4 et 5 de la loi organique du 6 décembre 2013.
Cette proposition doit recueillir le soutien d’1/10 des citoyens inscrits sur les listes
électorales. Et si ce soutien est obtenu, la proposition de loi devra faire l’objet d’au moins une
lecture par chacune des assemblées dans un délais de 6 mois.
À défaut d’examen dans les délais, le Président de la République soumet la proposition de loi au
referendum.

Les obstacles procéduraux à cette initiative partagée semblent insurmontables.


Le Conseil Constitutionnel avait émis quelques réserves mais a déclaré conforme à la
Constitution la loi du 6 décembre 2013.
En Avril 2019, des parlementaires socialistes, communistes ont recueilli les signatures
nécessaires afin de procéder à la nationalisation de l’aéroport de Paris. Cette initiative
parlementaire a été validée par le Conseil Constitutionnel et on a eu une décision du 9 Mai 2019,
Ripe-1.

Il devait y avoir la signature par 1/10 du corps électoral (4,7 millions de soutiens citoyen par voie
électronique).
Dans le mois suivant la décision du conseil, il y a eu l’ouverture de la période de recueil des
soutiens citoyens. C’est là la principale difficulté puisque moins d’un quart des signatures
requises ont été obtenues. La probabilité qu’on ait une décision du Conseil Constitutionnel
déclarant avoir obtenu le soutien d’1/10 est faible.

C : LE DROIT DE DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

On s’appuie sur l’article 12 de la Constitution qui dispose que : « le Président de la République


peut après consultation du Premier Ministre et des présidents de l’assemblée, prononcer la
dissolution de l’ Assemblée Nationale (…). Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution de
l’Assemblée Nationale dans l’année qui suit ces élections. »

Quand on évoque le droit de dissolution, on pense à la crise du 16 mai 1977.


Suite à cette crise opposant Mac Maon et Gambetta, on a un droit de dissolution qui tombe en
désuétude —> Constitution Grévy avec effacement du chef de l’Etat.

Sous la IVe République, les conditions de mise en oeuvres sont assez lourdes et ont été
contournées par une forme de vote calibré par les partis politiques.
On a eu qu’une seule dissolution (décret du 1er décembre 1955 pris par le Président de la
République René Cotti).
Il s’agit ici de dissolution de l’ Assemblée Nationale.

On retrouve ici une trace du monarque républicain.


Ici, c’est le peuple qui tranche le conflit politique.
La dissolution est impossible durant l’intérim de la présidence de la République et dès lors que
l’article 16 est en vigueur.

2 points :
-le caractère discrétionnaire
-les différents cas de dissolution





























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1 : UNE DÉCISION DISCRÉTIONNAIRE DU PRÉSIDENT DE LA
RÉPUBLIQUE
Les consultations du Premier Ministre et des présidents des assemblées et du sénat sont
purement formelles. Ce dernier ne souhaite pas que les députés perdent leur siège.
C’est un avis obligatoire mais le chef de l’Etat n’est pas lié à l’avis en question.

Le décret du Président de la République de dissolution de l’Assemblée Nationale est soustrait


à tout contrôle juridictionnel.
Le Conseil Constitutionnel se déclare incompétent - décision 4 juin 1988 n°88-4 ou la n°97-14 -
car aucune disposition de la Constitution lui donne compétence.
Le Conseil d'Etat en a fait de même en considérant qu’il s’agissait d’un acte de gouvernement - 26
mai 2006, René George.

C’est la décision du chef de l’Etat de ne pas dissoudre l’ Assemblée Nationale.


La décision qu’il prend, ne prenant pas de secret de dissolution, est insusceptible de tout repos.

2 : LES DIFFÉRENTS TYPES DE DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE


NATIONALE PAR LE CHEF DE L’ETAT
C’est un instrument de stabilité gouvernementale qui est une forme d’arme de dissuasion dans
les mains du chef de l’ Etat.
Depuis 1958, il y a eu une utilisation à 5 reprises d’usages distincts.
Le dénominateur commun est l’affirmation de la suprématie présidentielle.
Depuis la dissolution ratée de Chirac de 1997, on observe une mise en sommeil de l’usage du
droit de dissolution de l’Assemblée Nationale.

-La dissolution punitive : c’est la plus conforme au parlementarisme.


L’Assemblée Nationale vient renverser un gouvernement par le vote d’une motion de censure et
le chef de l’ Etat répond en usant de son droit de dissolution.
Exemple : décret 9 octobre 1962.

-La dissolution référendaire : elle a pour but de faire trancher un


problème grave par le peuple et fait office de substitue au referendum.
C’est ce qui s’est produit le 30 mai 1968 : le général De Gaulle va
faire trancher par le peuple ce débat suite à la crise universitaire,
politique, sociale, plutôt que d’organiser un referendum.
Les élections législatives vont être un franc succès suite à cette dissolution
alors que le gouvernement disposait d’une majorité solide à l’Assemblée
Nationale.

-La dissolution d’alternance : décret du 22 mai 1981 pris


par le président Mitterand - 14 mai 1988 par Mitterand - Du fait du
décalage entre la durée du mandat présidentiel et celui des
députés à l’époque (septennat) et de l’inversion du calendrier.
Mitterand est confronté au scénario celui selon lequel la majorité à
l’Assemblée Nationale lui est hostile.
En 1981, cela résultait des élections législatives de 1978 qui avaient
installé une majorité de centre droit. En 1988 cela résultait des
élections législatives de 1986 qui a installé la première
cohabitation et donc une majorité de droite qui soutenait Chirac.
Mitterand était dans l’obligation d’actionner l’article 12 pour provoquer des élections
législatives pour installer une majorité à l’Assemblée Nationale en conformité avec le vote de
l’élection présidentielle. Ce qui lui a permis de disposer d’une majorité solide en 1981 et relative

















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en 1988.
Cette dissolution n’a pas été utilisée par Chirac lorsqu’il est élu en 1995 car il dispose d’une
majorité absolue divisée.

-La dissolution tactique : elle est souvent qualifiée à


l’anglaise, de manière inexacte. Certains l’appellent la dissolution
ratée. L’idée de Chirac était de choisir le moment le plus
favorable pour conforter sa majorité. Cette majorité était déjà très
favorable.

En Juillet 1996, la discussion sur la loi de finance s’annonce compliquée et il pense qu’en
prenant de court l’opposition, il obtiendrait un meilleur score aux élections en 1997. Lors des
élections législatives, la gauche va gagner et Chirac va devoir nommer Jospin comme Premier
Ministre —> Nouvelle cohabitation inédite.

-La dissolution dissuasive : la dissolution sans usage que manient les présidents depuis
2002.
Ce qui conduit de nombreux constitutionnalistes de considérer que la présence de l’article
12 est utile car elle constitue une menace que le chef de l’Etat rappelle.
Ce qui assure une forme de cohésion, limite les divisions, laisse planer le suspens.
Cette menace semble de temps en temps peser.
On en a beaucoup entendu parler sous la XIVe législature lors de la fronde, avec une
majorité faisant preuve d’indiscipline.
De nouveau sous la XVe législature avec la crise des gilets jaunes et des retraites.
Chaque fois que le chef de l’Etat annonce qu’il va consulter le Premier Ministre, les présidents des
assemblées, les députés pensent à la disposition de l’article 12 et pensent à une possible
dissolution.

D : LES POUVOIRS EXCEPTIONNELS DU PRÉSIDENT DE LA


RÉPUBLIQUE AU TITRE DE L’ARTICLE 16 DE LA CONSTITUTION

Cet article précise que, quand la République est menacée de manière grave et que le
fonctionnement régulier du pouvoir public est interrompu —> critères cumulatifs et non pas
alternatifs.
Le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances après
consultation du Premier Ministre, des présidents des deux assemblées et du Conseil
Constitutionnel.

On retourne ici la théorie des circonstances exceptionnelles - arrêt du 28 juin


1918 par le Conseil d’Etat —> Le chef de l’Etat se voit attribuer des pouvoirs
exceptionnels.
On retrouve ici une idée évoquée par De Gaulle qui avait été marqué par
l’impuissance d’Albert Lebrun qui l’avait convaincu de confier au chef de
l’Etat, le soin d’assumer ses responsabilités en cas de drame nationale.

L’article 16 de la Constitution doit permettre au chef de l’Etat en cas de crise grave d’exercer
une forme de dictature à la romaine en exerçant les pouvoirs exceptionnels, les pouvoirs
législatif, exécutif, réglementaire et militaire.



























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L’alternance politique en 1981 n’a pas remis en cause ces dispositions.
Même Hollande a réfléchi sa mise en oeuvre. La question qui a agité la doctrine en 2008 était celle
du contrôle des actes exercé par le chef de l’Etat durant l’exercice de l’article 16.

Le seul usage de l’article 16 a été du 23 avril 1962 au 29 septembre 1962


—> 5 mois suite à la tentative de coup d’ Etat militaire.
Un seul usage de cette disposition sous la Ve République. Nous avons une
décision du Conseil Constitutionnel du 23 Avril 1961 - le Conseil
Constitutionnel a considéré que les conditions de sa mise en vigueur
étaient réunies.
Au court de cette période, 18 décisions ont été prises par De Gaulle
sans contreseing ministériel après avis secret du Conseil Constitutionnel
conformément à l’ordonnance du 7 Novembre 1958 portant loi organique
sur le Conseil Constitutionnel, l’article 54.

Ces matières relèvent par nature du domaine législatif. Ce n’est pas du domaine
réglementaire —> manifestation des pleins pouvoirs exercés par le chef de l’Etat.
La nature législative de ces décisions ont mené le Conseil d'Etat a se déclarer incompétent.

Les critiques au titre de l’article 16 sont venues du principal opposant à De Gaulle : François
Mitterand.
Le programme commun de la gauche prévoyait la suppression de cette disposition
constitutionnelle.
Au final, il faut s’en référer aux travaux du comité Bodel. Il a eu une position modérée qui
a considéré que la principale problématique issue de l’arrêt Rubin de Servens est celui du
contrôle juridictionnel.
Dans le cas d’un Etat de droit, il est impensable que les actes de l’Etat soient insusceptibles de
tout repos. Pour lui, il faut renverser la contrôle juridictionnel pendant l’utilisation de l’article
16.
Le comité Balladur en 2007 a repris cette idée et la révision constitutionnelle du 23 juillet
2008 est allé dans cette direction : retouche de l’article 16 qui prévoit qu’après 30 jours
d’exercice des pouvoirs exceptionnels, à compter de la décision du Président de la République de
faire application de l’article 16, le Conseil Constitutionnel peut être saisi par le président de
l’Assemblée Nationale, du Sénat, 60 députés ou sénateurs pour apprécier si les conditions de mise
en oeuvre des pouvoirs exceptionnels du Président de la République sont toujours réunies.
Après 60 jours des exercices des pouvoirs exceptionnels, le Conseil Constitutionnel rend un
nouvel avis.
Au delà de 60 jours —> le Conseil Constitutionnel, de sa propre initiative, pourra émettre un avis
à tout moment s’il considère que les conditions ne sont plus réunies.

Que ce passerait-il en cas d’irrespect du Président de la République des avis du Conseil


Constitutionnel ? —> Procédure de destitution enclenchée.

Les décisions du Président de la République prises dans le cadre de l’article 16 peuvent faire
l’objet d’une QPC.
Si les conditions mises en oeuvres de celles ci sont remplies, que la question est sérieuse et
nouvelle et que la disposition législative est l’objet du litige. La décision prise par le chef de l’Etat
doit relever du domaine législatif.
Cela doit venir menacer un droit ou une liberté au sens de l’article 61-1 de la Constitution.

Il n’y a pas eu d’autres mises en oeuvre de cet article 16.


Hésitation de Mitterand lors des troubles en Californie. Hésitation s'agissant des actes terroristes
de Novembre 2015 sous la présidence d’Hollande —> condition cumulative.
























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Faut-il constitutionnaliser ces dispositions pour renforcer l’Etat de droit, poser des conditions
supplémentaires ?

E : LE DROIT DE MESSAGE
On s’appuie sur l’article 18 de la Constitution.
Le plus simple pour analyser cette disposition est de distinguer les deux premiers alinéas.
-Le message présidentiel écrit
-Le message présidentiel oral

1 : LE MESSAGE PRÉSIDENTIEL ÉCRIT


Alinéa 1 Article 18 —> le Président de la République communique avec les présidents des
deux assemblées par des messages qui ne donnent lieu à aucun débat.
On peut recenser 19 messages présidentiels écrits sous la Ve République.
5 de la part de De Gaulle. 3 de la part de Pompidou. 1 de Giscard D’estaing. 6 de Mitterand. 3 de
Chirac.

Depuis 2002, cette disposition est tombée en désuétude.


Souvent, c’était des messages solennels au lendemain de l’élection présidentielle ou au début
d’une législature. Parfois c’est pour annoncer un referendum, la mise en oeuvre de l’article 16 ou
dans le cadre des relations internationales.

Il y a eu par le passé des situations compliquées :


-Message de Mitterand lors de la guerre du Golfe.
-Message de Chirac lors de la guerre au Kosovo.

2 : LE MESSAGE PRÉSIDENTIEL ORAL


Alinéa 2 et 3 Article 18 —> c’est un souhait de Sarkozy de mettre en place une déclaration
présidentielle.
Cette volonté a fait débat car cela interrogeait sur la nature du régime.
On retrouve là les éléments du régime présidentiel américain, cela s’éloigne de l’idée du régime
parlementaire.
À partir du moment ou la responsabilité politique du chef de l’Etat ne peut être engagée
suite à son discours —> ne peut remettre en cause la nature du régime.
Le chef de l’Etat peut prendre la parole devant le parlement réuni en Congrès à Versailles.
Sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote.
L’absence de vote induit qu’il ne peut y avoir de mise en jeu de la nature juridique du régime.

Le 3e alinéa prévoit que, hors session, les assemblées parlementaires sont réunies spécialement
à cet effet.

On a une inspiration du modele américain, de la Constitution de 1848.

La limitation du droit de parole du chef de l’Etat dans l’enceinte parlementaire —> loi du 13
mars 1873.
L’idée était de limiter les possibilités pour Adolf Thiers de s’adresser à la chambre.
L’idée est aussi de revaloriser la place du parlement par rapport aux médias pour que les
parlementaires aient l’exclusivité de la parole présidentielle.

Le fait que le chef de l’Etat ne peut engager sa responsabilité politique devant les assemblées.
—> Quel intérêt réel ?



































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Nous avons eu 4 usages de ce droit nouveau :
-22 juin 2009, Sarkozy
-16 Novembre 2015, Hollande
-3 juillet 2017 et 9 juillet 2018, Macron qui souhaitait que cela soit un rendez-vous
annuel. Il avait soutenu l’idée que le Président de la République puisse écouter les débats
parlementaires et y répondre.

On a un président qui peut s’exprimer devant les parlementaires mais qui privilégie son droit
de parole dans les médias.
Avec même des invitations surprenantes d’influenceurs à l’Élysée.
S’agissant de ces prises de paroles, le Conseil d'Etat a invité le CSA a distinguer dans ces
interventions, ce qui relève des enjeux politiques nationaux et ce qui est totalement étranger
- 8 avril 2009 Hollande et Mattus n°311-136.

Hors périodes électorales, le temps de parole pour l’exécutif est d’1/3 du temps de parole.
Les 2/3 restants se reparaissants en fonctions des différents partis politiques.
En 2019, dans le cadre du grand débat national suite au mouvement des gilets jaunes, il y a eu
plusieurs analyses du temps de parole de Macron.

F : LES AUTRES POUVOIRS PRÉSIDENTIELS, DISPENSÉS DE


CONTRESEING
On retrouve la nomination des membres du Conseil Constitutionnel par le Président de la
République.
Il en nomme 3 membres dont la nomination du président du Conseil Constitutionnel - article 56
de la Constitution.

Le contrôle préalable de constitutionnalité des engagements internationaux - article 54.


Le contrôle facultatif de constitutionnalité des lois - article 51 alinéa 2.

PARAGRAPHE 3 : LES ACTES SOUMIS À CONTRESEING MINISTÉRIEL

Article 19 qui doit être lu à contrario pour identifier ces actes.


On retrouve l’article 8 alinéa 2, article 9, article 10, article 13, article 14, article 15 et article 17.

A : LA NOMINATION DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT ET LA


CESSATION DE LEURS FONCTIONS
1 : LA NOMINATION DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT
L’alinéa 2 de l’article 8 est clair sur la proposition du Premier Ministre : le Président de la
République nomme les autres membres du gouvernement sous proposition du Premier
Ministre.

Il faut opérer une distinction selon la période de concordance des majorité —> choix
déterminant en fonction des soutiens, des absences de soutien, des liens étroits ou privilégiés.
En période de cohabitation, il ne peut s’opposer (sauf exception) aux propositions qui lui seront
faites par le Premier Ministre —> lecture littérale du texte.

Les attributions des ministres sont fixées par décret du Président de la République, délibéré en
conseil des ministres.
Ce décret est essentiel car il précise l’ordre protocolaire de ministres au sein du gouvernement.



























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Il vient également préciser quelles sont les administrations sur lesquelles ils ont autorité pour
l’exercice de leurs attributions.

On retrouve une forme de hiérarchie ministérielle.


Les ministres d’Etat - Les ministres de plein exercice - Les ministres délégués (auprès du Premier
Ministre et auprès d’un ministre « régaliens ») - Les secrétaires d’Etat

Rien dans la Constitution ne limite les pouvoirs des membres du gouvernement.

2 : LA CESSATION DES FONCTIONS DES MINISTRES


On s’appuie sur l’alinéa 2 qui dispose : « sur proposition du Premier Ministre, le Président de la
République met fin à leurs fonctions ».

Règle de la solidarité gouvernementale : règle non écrite.


Il implique le secret des délibérations du conseil des ministres ou une expression public des
membres du gouvernement en conformité avec la politique du gouvernement.
Les ministres doivent assumer les décisions prises ensemble afin d’éviter la cacophonie.
En cas de désaccord, les ministres doivent démissionner.
Cette règle, a été strictement appliquée dès les débuts de la Ve République et les ministres
démissionnaient d’eux-même.

En période de cohabitation, le chef de l’Etat devient arbitre de la proposition du Premier


Ministre.
L’indiscipline de ministres fait sourire le chef de l’Etat car il met fin aux fonctions.

Démission pour des raisons judiciaires, pénales.


La mise en examen d’un ministre ne l’oblige pas à démissionner.
Une pratique fait que l’intéressé est invité à démissionner mais ce n’est pas une obligation.

Il doit y avoir une démission collégiale du gouvernement en cas de vote d’une motion de
censure.

B : LA PRÉSIDENCE DU CONSEIL DES MINISTRES


Article 9 de la Constitution qui dispose que : « le Président de la République préside le Conseil des
ministres ».
Il faut souligner que cet article doit être complété par l’article 21 alinéa 4 qui prévoit que : « La
suppléance de la présidence du Conseil des ministres est assurée par le Premier Ministre ».

Les cas de suppléance résultent souvent d’absence des présidents suite à un problème de santé
mais aussi suite à des cas de voyage.

Depuis la présidence Sarkozy, on a eu une évolution qui entraine une annulation du Conseil des
ministres ou un déplacement de ce dernier (au lieu du mercredi, ça sera un autre jour).

Au niveau de la convocation —> le chef de l’Etat en détermine la date et le lieu.


Il se réunit tous les mercredis (référence au monarque qui convoquait le Conseil d’en Haut le jour
le moins chargé) —> monarque républicain.
La réunion lieu au palais de L’Elysée.
Désormais, il y a un certain formalisme : 1h ou 1h30 de réunion.
On a eu des évolutions (lieu —> salon des ambassadeurs).













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Au delà de cet aspect formel, est ce un lieu de débat ? Ce n’est ni un lieu de débat, ni un lieu de
vote. C’est un lieu où sont entérinées les décisions débattues en amont.
Toutefois, il peut y avoir des exceptions, notamment en période de cohabitation où il y a
eu des oppositions à des inscriptions à des projets de loi, sans que le Président de la République
puisse y faire obstacle.
Il y a parfois eu de longs débats inhabituels : 1966, De Gaulle consulte les ministres sur son choix
de faire sortir la France du commandement militaire de l’OTAN.

Les délibérations sont confidentielles —> tradition ancienne qui va permettre d’éviter les
confusions, surtout à la sortie du Conseil des Ministres.
Il y a un porte parole qui va participer au compte rendu du Conseil des ministres.
Il est bref, les échanges et réactions ne sont pas indiquées.

C : LA PROMULGATION ET LA DEMANDE DE NOUVELLE


DELIBERATION DE LA LOI PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Article 10 de la Constitution qui dispose que : « Le Président de la République promulgue la loi
sous les 15 jours (…) » et en son second alinéa, précise qu’il peut, avant expiration de son délais,
demander une nouvelle délibération de la loi qui ne peut être refusée.

1 : LA PROMULGATION DE LA LOI PAR LE PRÉSIDENT DE LA


RÉPUBLIQUE (alinéa 1 article 10)
Vieille survivante de la sanction royale, faisant du monarque le co-auteur de la loi et qui lui
attribuait un droit de véto.

La promulgation de la loi, est l’acte par lequel le chef de l’Etat atteste de l’existence d’une loi.
Il l’a rend exécutoire. Ça répond à un formalisme spécifique qui résulte du décret du 19 mai 1959.
Il ne s’agit plus d’un droit de veto mais d’une compétence.
Il est tenu de signer le texte et doit le faire dans un relais minimum de 15 jours.
Cet acte n’est pas détachable de la Président de la procédure législative et est insusceptible de tout
repos —> acte de gouvernement (CE 27 octobre 2015, fédération démocratique alsacienne).
Cet acte atteste que la loi a été régulièrement votée et délibérée (CC 23 aout 1985 sur la Nouvelle-
Calédonie.

Exemple : 2006 où Chirac utilise cette procédure sur la loi sur l’égalité des chances.
Il avait fait le choix de promulguer le texte et il annonçait dans la foulée que ce texte
ne serait pas appliqué —> contradiction avec l’acte de promulgation qui apporte
l’autorité au texte.

2 : LA DEMANDE D’UNE NOUVELLE DÉLIBÉRATION DE LA LOI PAR


LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Cette disposition était déjà présente dans des Constitution antérieures.

Sous la Ve République, les traces que l’on retrouve d’une telle demande sont pour remédier à une
décision d’inconstitutionnalité.

Des décisions permettent au chef de l’Etat de faire une nouvelle délibération permettant de purger
ces dispositions.

Macron a renoncé à une seconde délibération qui était réclamée par les présidents des groupes
parlementaires des deux assemblées sur la loi anti-casseurs. Ce renoncement a été assez critiqué par
la doctrine car le Conseil Constitutionnel donnait le mode d’emploi au législateur pour une



















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rédaction de la loi d’une meilleure qualité. Les modalités d’application de la loi auraient été
facilitées.

D : LA SIGNATURE DES DÉCRETS, DES ORDONNANCES ET LES


NOMINATIONS AUX EMPLOIS DE L’ETAT
Article 13 de la Constitution.

1 : LA SIGNATURE DES ORDONNANCES PAR LE PRÉSIDENT DE LA


RÉPUBLIQUE
Alinéa 1 de l’article 13 : « Le Président de la République signe les ordonnances. »
Les ordonnances sont dans :
- L’article 38 de la Constitution : ordonnances de droit commun, celles dont nous avons
une pratique régulière par l’actuel gouvernement où il intervient dans le domaine de compétence
du législateur.
- L’article 47 et 47-1 de la Constitution : ordonnances dites financières. Il n’y en jamais eu
sous la Ve République —> c’est le but de la Constitution.
C'est à dire que si le parlement n’adopte pas le projet de loi de finance Das les délais
constitutionnels prévus (70 jours), s’il n’adopte pas le projet de loi de la sécurité sociale dans les
délais constitutionnels (50 jours), le gouvernement dispose de la faculté de mettre en oeuvre ce
projet de loi par ordonnance.
Cette mesure qui visait à lutter contre les retards dans l’adoption —> sous la Ve République, il
n’y a presque plus de retard.

Le Président de la République peut-il refuser de signer une ordonnance ? Le Président de la


République doit veiller au respect de la Constitution (article 5); ce qui signifie donc que ce
dernier serait en droit de s’opposer à une ordonnance qui méconnaîtrait une disposition
constitutionnelle.
Lutte sous la Ve République entre le Conseil Constitutionnel et le Président de la République
dans ce rôle de gardien de la Constitution.

En 1986, Mitterand avait posé son refus de signer les ordonnances en matière de privatisation des
entreprises et autre…

La question est résolue car le chef de l’Etat a un monopole d’interprétation en la matière.

2 : LA SIGNATURE DES DÉCRETS DÉLIBÉRÉS EN CONSEIL DES


MINISTRES PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
La difficulté est de les identifier. Ils possèdent un visa qui visent le texte sur lequel le texte est fondé
—> « Le Conseil des ministres entendu (…) ».

Il doit être délibéré en Conseil des ministres dès lors qu’un texte le prévoit.
La Constitution ne fait aucune énumération des décrets pris en Conseil des ministres.

Quand est ce qu’un décret est-il pris en conseil des ministres en l’absence d’un texte ? La pratique
qui s’est installée sous la Ve République est l’importance du sujet.

On a des décrets pris par le Président de la République qui ne sont pas nécessairement délibérés
en Conseil des ministres.
Le Président de la République dispose d’un pouvoir réglementaire exceptionnel quand il s’agit
d’un décret délibéré en Conseil des ministres.






















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Le Premier Ministre y appose sa signature mais il est indiqué qu’il s’agit bien d’un décret pris par
le Président de la République —> signature du chef de l’Etat.
On retrouve aussi la signature des ministres responsables de l’exécution du décret.

3 : LA NOMINATION AUX EMPLOIS CIVILS ET MILITAIRES DE L’ETAT


L’article 13 de la Constitution, en son alinéa 2, dispose : « Le Président de la République nomme
aux emplois civils et militaires de l’Etat. »

On a une dizaine de milliers de fonctionnaires où le chef de l’Etat fait le grand honneur de procéder
à leur nomination par décret simple : les professeurs d’universités, magistrats, officiers, membres
d’autres corps de l’Etat dont le recrutement relève de l’école polytechnique ou de l’institut
nationale du service public (INSP).

Certaines nomination (angle plus restreint d’emplois) nécessitent une délibération en Conseil des
ministres : préfets, recteurs, ambassadeurs, officiers généraux de l’armée, postes sensibles
(directeurs d’administration centrale).

Le chef de l’Etat possède un pouvoir de négociation avec le Premier Ministre.

La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a souhaité encadrer ce pouvoir de nomination.


C’est le sens de l’alinéa 5 de l’article 13 de la Constitution, complété par une loi organique
du 23 juillet 2010 qui complète la liste des emplois soumis à cette nouvelle procédure de
contrôle.
S’il y a un avis défavorable à la majorité des 3/5 des suffrages exprimés au sein de la commission
compétente à l’ Assemblée Nationale et au Sénat, le choix présidentiel ne peut s’imposer.
La probabilité de cet avis défavorable est faible.
Toutefois, ça signifierait que, s’il y a un large consensus au sein des assemblées qui
s’opposent, le Président de la République ne pourra imposer son choix.
Cette nouvelle procédure est sous audition publique.

Ce pouvoir de nomination doit être complété par 3 autres dispositions constitutionnelles :


- Article 56 sur les nominations au Conseil Constitutionnel par le Président de la
République.
- Article 65 sur (…)
- Article 71-1 sur les défenseurs (…)

E : LA CONDUITE DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ET DE DÉFENSE


PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
2 dispositions constitutionnelles :
- Article 14
- Article 15

Article 14 : le Président de la République accrédite les ambassadeurs.


Article 15 : le Président de la République est le chef des armées.

1 : LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE


Il faut rappeler que le chef de l’Etat est garant du respect des traités internationaux : Article 5.
Il vient créditer les ambassadeurs (article 14), il ratifie les traités internationaux (article 52), il
va être tenu informé de toutes négociations.

Son autorité est historique, c’est une longue tradition sous la Ve République que le successeurs de

























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De Gaulle ont fait perdurer.
En période de cohabitation, le Premier Ministre voulait s’immiscer dans ce domaine réservé, mais
il n’y a pas eu de remise en cause de cette prédominance présidentielle.

Le chef de l’Etat, sans l’assistance du gouvernement, serait affaibli. Il doit nouer une relation
privilégier avec le ministre des affaires étrangères.

2 : LA DÉFENSE ET LES ARMÉES


Il est le garant de l’intégrité du territoire, le chef des armées (article 15), le détenteur de
pouvoirs exceptionnels quand l’intégrité du territoire est menacé (article 16).

La mise en oeuvre en politique de défense, incombe au Premier Ministre qui est le responsable de
la défense nationale —> Article 21.
Dissuasion nucléaire —> pleine compétence du Président de la République.
La reprise de ces essais nucléaires n’est pas détachable de la conduite dans les relations
internationales de la France. Cette décision souveraine du chef de l’Etat échappe à tout contrôle
judiciaire.

En 2008, lors de la révision constitutionnelle, le comité Balladur a suggéré une clarification des
rôles entre le chef de l’Etat et le Premier Ministre et précisait de retirer au Premier Ministre la
responsabilité de la défense nationale et de préciser qu’il mettait en oeuvre la politique du chef
de l’Etat.
En pratique, c’est déjà le cas, la compétence est partagée et est au profit du chef de l’Etat.

F : LE DROIT DE GRÂCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE


Article 17 de la Constitution : « Le Président de la République a le droit de faire grâce à titre
individuel. » —> origine monarchique qui constitue une atteinte à la séparation des pouvoirs
(sens strict).

Le chef de l’Etat a retrouvé, avec le contreseing du Premier Ministre et du garde des sceaux,
l’exercice de son droit de grâce qui, sous la IVe République, a été transféré au conseil supérieur
de la magistrature.

Pompidou disait que le droit de grâce est une responsabilité qu’on lui impose et
qu’il prend au vu des dossiers et avec sa conscience (1972, la peine de mort était
encore en vigueur).
Cette disposition a été jugée et le recours instruit par le bureau des grâce du
ministère de la justice joue un rôle de recommandation et d’avis.

Ce recours peut être demandé par le condamnée, son avocat ou autre, puis un projet de décret est
envoyé à la présidence de la République qui peut y donner suite ou non.
Ce droit, dont l’exercice est rare, n’est soumis à aucun délais de réponse et le Président de la
République n’a pas à motiver juridiquement sa décision.
Le contreseing est formel, quelles que soit les circonstance politiques.
Le garde sceau peut parfois intervenir.

Avant la révision constitutionnelle de 2008, la grâce pouvait être collective —> vider les prisons en
cas de surpopulation carcérale, sans pour autant effacer l’infraction du casier judiciaire.
C'est Pompidou qui a été le plus grand utilisateur de grâce présidentielle (8000 au total).
Cette révision de 2008 a mis fin à cette grâce collective ; La grâce ne peut être qu’individuelle.





























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On a eu 49 cas avec Sarkozy, 9 cas avec Hollande.

Les limites de cet usage : crimes contre l’humanité, crimes contre les mineurs, les délits
fiscaux.

SECTION 3 : LA RESPONSABILITÉ POLITIQUE ET PÉNALE DU CHEF


DE L'ETAT
On a cette idée que la personne du roi est inviolable et sacrée dans une monarchie.
De nos jours, l’idée est celle qui consiste à éviter que la fonction présidentielle ne soit
atteinte par des peintes abusives et excessives.
On va avoir une irresponsabilité pour les actes accomplis en sa qualité de Président de la
République à l’exception de la haute trahison ou de la violation délibérée de la Constitution, vu
qu’il en est le gardien.
On étudie le Titre IX de la Constitution, consacré à la Haute Cour.
On se consacre sur les articles 67, 68 de la Constitution. On axe notre réflexion sur la
responsabilité pénale. Mais la frontière entre la responsabilité politique et pénale est mince.

Politiquement, le chef de l’Etat est irresponsable, il ne peut être mis en cause par les assemblées
parlementaires sauf dans le cas où sa responsabilité pénale serait engagée pour haute trahison ou
violation des libertés.

Les articles 67 et 68 on été remodelés par la loi constitutionnelle de 2016.

Chirac avait confié à un constitutionnalisé brillant, Pierre Avril, qui a constitué un comité de
réflexion et cela a abouti à la loi constitutionnelle du 23 Février 2007. Cette loi a été complétée
par une loi organique du 24 Novembre 2014, relative à l’application de l’article 68 de la
Constitution.

PARAGRAPHE 1 : L’EXTENSION DE L’IMMUNITÉ DU CHEF DE L’ETAT


(article 67)
L’article 67 dispose que : « le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis
dans sa qualité, (…). »
C’est lorsque l’action serait définitivement interrompue.

Les instances et procédures peuvent être reprises et engagées contre lui dans un délais d’un mois,
suivant la cessation des fonctions.

On voit donc que, sur le plan juridique, la principale difficulté est de distinguer les actes du chef
de l’Etat, de ce qui peut relever d’autres personnalités juridiques. Et la question de cette
frontière entre responsabilité politique et responsabilité pénale.

A : RESPONSABILITÉ POLITIQUE ET RESPONSABILITÉ PÉNALE :


PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE
La responsabilité politique : responsabilité liée à la fonction qui repose sur des faits allégués.
Elle implique une obligation de répondre de ses actes devant le parlement.
Et peut entrainer une obligation de démissionner.
Exemple : le gouvernement est responsable collectivement devant le parlement. Si une motion de
censure est votée, ce dernier sera dans l’obligation de démissionner (article 50).

La responsabilité pénale : responsabilité liée à la personne qui doit être fondée sur des faits



























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établis.
Elle vise les actes de haute trahison.
Elle va entrainer une forme de confusion des deux types de responsabilité pour savoir ce qui relève
de cette catégorie.
Il y a autant certitude à la lecture de l’article 18 alinéa 2 et 3 sur l’irresponsabilité politique du
chef de l’Etat devant les assemblées. Mais il y a une certaine incertitude.
C’est la raison pour laquelle il faut éviter une confusion entre ces deux types de responsabilités.

À travers l’article 18 de la Constitution, rien de tel n’avait été mis en place suite à la révision
constitutionnelle de 2008.
—> Il n’y a pas de responsabilité politique du chef de l’Etat devant les assemblées.

B : LE STATUT PÉNAL DU CHEF DE L’ETAT AVANT LA REVISION


CONSTITUTIONNELLE DU 23 FEVRIER 2017

Il y a la question relative à la distinction entre les actes. C'est à dire les actes non rattachables à la
fonctions et les actes rattachables.

1 : LA DISTINCTION ENTRE LES ACTES


a : LES ACTES NON RATTACHABLES À LA FONCTION
Ce sont ceux qui ont été accomplis antérieurement à l’exercice des fonctions.
Avant l’entrée en fonction, le chef de l’Etat n’est qu’une personne qui est engagée par sa
responsabilité civile et pénale comme le reste des citoyens.

Les actes accomplis pendant l’exercice des fonctions mais sans rapport direct avec la présidence de
la République et relevant d’une infraction pénale.

b : LES ACTES RATTACHABLES À LA FONCTION


Ce sont ceux qualifiés de haute trahison, ou méconnaissant les devoirs constitutionnels.
Quant aux actes politiques accomplis, qui ne relèvent pas des qualités citées tantôt, il y a une
irresponsabilité permanente et absolue.

Le Président de la République est responsable sous 2 réserves :


- Article 53-2 : en cas de génocide ou de crime contre l’humanité, ce qui permettrait
d’engager la responsabilité et permettre l’exercice de la compétence de la Cour pénale
internationale.
- Article 68 : manquement à ses devoirs, manifestement incompatible avec l’exercice de
son mandat.

Pour les actes commis avant ou sans lien avec le mandat : inviolabilité du chef de l’Etat.

2 : LA DISTINCTION ENTRE IRRESPONSABILITÉ ET INVIOLABILITÉ


Cette distinction relève d’une controverse qui est née à la fin des années 90 dans le cadre de
l’affaire des emplois présumés fictifs de la ville de Paris dont Chirac avait été le maire.
Pouvait-il être poursuivi pour des faits antérieurs à l’exercice de son mandat ?
Il y avait eu une première réponse formulée par le Conseil Constitutionnel dans une DC du
22 Janvier 1999 n°408 relative au traité portant statut de la Cour pénale internationale.
Le Conseil Constitutionnel admet que pendant la durée de ses fonctions, sa responsabilité pénale
ne peut être mise en cause que devant la Haute Cour.




























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Elle avait conclu un privilège de juridiction pour le chef de l’Etat durant le mandat.
DC de la Cour de Cassation du 10 Octobre 2001 - arrêt Michel Breisacher - La Cour de
Cassation a écarté l’autorité de la chose jugée par le Conseil Constitutionnel.
Elle a fondé son raisonnement sur la nature des actes. Elle avait considéré que seuls les actes
rattachables aux fonctions, devaient relever de la Haute Cour.
Elle avait rejeté le privilège de juridiction retenu par le Conseil Constitutionnel et c’est ainsi qu’elle
est parvenue à cette distinction entre irresponsabilité et inviolabilité —> l’inviolabilité pénale du
chef de l’Etat n’est donc pas redevable des juridictions de droit commun durant son mandat.
La Cour se fonde sur le principe de continuité de l’Etat.

Pour les actes détachables (actes commis avant et sans lien avec le mandat) —> inviolabilité.

PARAGRAPHE 2 : LA MISE EN JEU EXCEPTIONNELLE DE LA


RESPONSABILITÉ DU CHEF DE L’ETAT

« Le président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs
manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat.
La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour.
La proposition de réunion de la Haute Cour adoptée par une des assemblées du Parlement est
aussitôt transmise à l’autre qui se prononce dans les quinze jours.
La Haute Cour est présidée par le président de l’Assemblée nationale. Elle statue dans un délai
d’un mois, à bulletins secrets, sur la destitution. Sa décision est d’effet immédiat.
Les décisions prises en application du présent article le sont à la majorité des deux tiers des
membres composant l’assemblée concernée ou la Haute Cour. Toute délégation de vote est interdite.
Seuls sont recensés les votes favorables à la proposition de réunion de la Haute Cour ou à la
destitution.
Une loi organique fixe les conditions d’application du présent article. »

A : LA PROCÉDURE DE LA DESTITUTION DU CHEF DE L’ETAT


Le manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat,
remplace l’ancienne notion de « haute trahison » —> Article 68, Alinéa 1.

Le contenu sera nécessairement, et donc de manière discrétionnaire, décidé sur le Parlement sur des
bases floues voire arbitraires.

Article 68 nouvelle formule suite à la révision de 2007, substitue une procédure de mise en
accusation à une procédure de destitution.

Cette procédure :
- Elle ne peut être décidée que par le Parlement
- Seuls les représentants de la nation pourraient apprécier les manquements d'une autorité
issue, aussi du SUD. Telle est l’idée.

Alinéa 2 et suivants : cette procédure de destitution peut être indifféremment déclenchée


À l’ Assemblée Nationale et au Sénat.
Ce qui interroge : au regard du mode de scrutin des sénateurs au suffrage universel indirects /
députés élus au SUD. Déclenchement par l’adoption d’une proposition de réunion de la Haute Cour.
Qui doit être aussitôt transmise à l’autre assemblée. Celle-ci dispose de 15 jours pour se prononcer.

Le législateur organique de 2014 a précisé, dans la loi organique du 24 Novembre 2014,


que la proposition de résolution doit être signée par 1/10e des membres de l’assemblée où elle est
déposée = 58 députés ou 35 sénateurs.




























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Elle doit être motivée par la justification de motifs susceptibles de caractériser le
manquement. Elle doit aussi être justifiée juridiquement en qualifiant le manquement justifiant
la destitution selon eux.
Une fois signée par le 1/10e des parlementaires, elle est transmise pour examen au Bureau
de l’assemblée.
Le Bureau : instance exécutive de l’assemblée, avec notamment son Président.
Si le Bureau de l’assemblée constate que les conditions sont réunies : proposition de résolution
envoyée à la commission des lois pour examen. Qui conclue donc à son adoption ou à son rejet.

La proposition de résolution est inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée au maximum au 13e jour
après les conclusions de la commission. Et le vote intervient au maximum le 15e jour. (Article 2 loi
organique 24 novembre 2014)
Cette résolution doit être adoptée en termes identiques par les 2 assemblées.
Si adoption en termes identiques par les 2 assemblées de cette résolution : la Haute Cour (réunion
Assemblée Nationale + Sénat du Congrès, puisque réunie à des fins de réflexion sur la
destitution du Président de la République et pas de révision de la Constitution) présidée par le
président de l’ Assemblée Nationale qui doit statuer dans un délai d’un mois, à bulletin secret,
sur la destitution du Président de la République.
Ce délai permet d’éviter de laisse durer une crise préjudiciable à l’Etat, stabilité des institutions.
Mais pour autant : laisse au Président de la République une possibilité de se défendre?

Selon l’Article 68 : décisions prises en application de cet article, le sont à la majorité des 2/3 des
membres composant l’assemblée ou la Haute Cour.
Interdiction de la délégation de vote. Recense que les votes favorables à la destitution.
Effet immédiat de la décision de la Haute Cour.

Le Conseil Constitutionnel s’est prononcé sur ce texte :


Notamment, il est déclaré non conformes des dispositions interdisant à chaque parlementaire
d’être signataire de plus d’une proposition de résolution durant un même mandat présidentiel.
=> CC, décision 19 novembre 2014, sur Loi organique sur article 68 Constitution.

B : LES PISTES DE RÉFORMES ENVISAGÉES


Difficulté juridique principale : comment démontrer le manquement ?
=> Alors que le Président de la République ne peut pas faire l’objet d’un acte
d’information, instruction ou poursuite ; sur quoi le parlementaires se fonderont pour attester
d’un manquement ?

En 2016 : un déclenchement de cette procédure pour Hollande.


Le député Lelouche a ouvert une proposition de résolution pour la destitution du président
Hollande pour violation du secret de défense après la sortie d’un livre de 2 journalistes qui
reproduisait des propos de Hollande.
• Cette proposition de résolution signée par 58 députés.
• Transmise au bureau de l’assemblée
• Mais lors de la réunion de son Bureau, a conclu à son irrecevabilité selon les articles 1 et
2 sur l’attestation juridique du manquement : dépourvu de fondement juridique suffisant.

Des pistes de réformes envisagées:


- Proposition de loi constitutionnelle du député Noel Mamere - Proposition de Commission
Jospin.
- Projet de loi de mars 2013.




























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