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LE CONTENU DE LA CONSTITUTION :

Une Constitution formelle au sens usuel de l’expression est plus ou moins


longue et peut traiter plus ou moins de sujets, de façon plus ou moins précise
et de manière plus ou moins claire.
-Une Constitution ne prend son sens et sa valeur que par l’application qui en
est faite.
-Certaines Constitutions sont en effet restées lettres mortes c’est-à-dire
qu’elles n’ont jamais été appliquées (ex : la Constitution montagnarde de
1793).
-Celles qui retiennent l’attention sont au contraire celles qui résistant au temps
vont donner au régime politique sa stabilité et aux institutions leur efficacité
(ex : la Constitution française de la Ve République qui a fêté en octobre, malgré
les critiques récurrentes, ses 62 ans.)

Les Constitutions comportent trois types de dispositions :


-celles qui seront toujours présentes,
-celles qui sont souvent présentes
-celles qui soit parfois présentes.

-Le but premier des Constitutions est d’organiser l’exercice du pouvoir. Etant le
statut de l’Etat-personne morale, la Constitution va déterminer qui aura
compétence pour vouloir et agir en son nom.

-Une Constitution en tant que Loi fondamentale va fixer les grandes lignes, les
grands principes. Elle ne peut bien sûr pas tout prévoir, ni tout dire. C’est pour
cela que :
– 1) l’interprétation et la coutume vont être importantes pour la
concrétiser
– 2) elle va nécessiter l’adoption d’autres textes pour la compléter :
- ainsi, des lois organiques vont être adoptées. La Constitution de 1958 prévoit
elle-même l’adoption d’une trentaine de lois organiques pour compléter ses
propres dispositions.
-ou bien on se réfèrera aux règlements des Assemblées, lorsqu’est en cause le
Parlement. Il y en a un pour le Sénat et un pour l’Assemblée Nationale.
-Une Constitution peut, ensuite, comprendre une déclaration ou un catalogue
des droits. Cela est aujourd’hui le schéma le plus fréquent.
-La déclaration des droits va être le fondement de la fameuse Constitution
sociale dont parlait Maurice Hauriou. Elle va refléter le projet de société auquel
les Constituants adhèrent selon 2 schéma :
-Dans certains Etats, la déclaration des droits (et éventuellement des devoirs)
figure en tête de Constitution, dans son préambule. Elle se présente alors
comme un exposé philosophique sur le rôle de l’Etat : elle conduit à encadrer
l’action de l’Etat et à le soumettre au respect des droits de l’homme. Ce sont en
creux les devoirs de l’Etat qui se dessinent.( Ex : la France)
- ou bien Le Constituant a alors choisi d’inscrire les droits dans le corps même
de la Constitution, et par ailleurs de manière beaucoup plus concrète, ceci afin
de leur donner l’autorité de normes constitutionnelles dont le respect s’impose
aux autorités de l’Etat. On a préféré aux déclarations des garanties des droits.
( ex :Loi fondamentale allemande de 1949 )

-La nuance entre les deux schémas s’estompe toutefois aujourd’hui.


-En effet, l’autorité juridique des droits énoncés dépend très largement de
l’existence d’organismes juridictionnels habilités à imposer leur respect.
-Cependant, classiquement, dans les Préambules, on considère que les
dispositions ont plus un caractère symbolique.
Les dispositions formellement constitutionnelles :
-les Constitutions contiennent des dispositions formellement constitutionnelles
(= des dispositions constitutionnelles par leur forme et leur valeur juridique),
mais qui, dans leur contenu, n’ont rien à voir avec le fonctionnement et le rôle
de l’Etat, de sorte qu’elles pourraient très bien être inscrites dans une simple
loi ordinaire.)( Ex : L’exemple le plus symbolique est celui de la Constitution suisse).

La garantie de la Constitution :
En tant que statut de l’Etat, la Constitution encadre et donc limite le pouvoir
politique. La tentation va donc être grande pour les gouvernants de toujours
chercher à échapper à ses dispositions contraignantes. C’est pourquoi des
sanctions sont prévues afin de prévenir cette tentation.
-Longtemps ces sanctions n’ont été pensées que de manière politique.
-puis une sanction juridique a ensuite été élaborée, avec la théorie du contrôle
de la constitutionnalité des lois.

La sanction politique :
C’est la forme la plus ancienne : elle consiste à démettre de leurs fonctions les
gouvernants qui ont violé ou porté atteinte à la Constitution. Dans l’histoire,
plusieurs formes de sanctions politiques plus ou moins violentes ont été mises
en œuvre.
-Le tyrannicide : Au XVIè s., c’est la doctrine du tyrannicide qui s’applique. A
savoir si le prince devient un tyran, alors le peuple peut prendre le droit
d’attenter à sa vie.
-La résistance à l’oppression : A la Révolution, la proclamation de la
souveraineté du peuple va déboucher sur le droit de résistance à l’oppression.
Ce droit fait ainsi partie des droits naturels consacrés l’article 2 de la DDHC
1789.
-La destitution des gouvernants : Ce troisième type de sanction politique
consacre une sanction organisée contre l’exécutif. En effet, les Constituants
vont prendre conscience que la violation brutale de la Constitution peut venir
plus particulièrement du pouvoir exécutif qui dispose de l’armée et de la police.
Ils vont donc prévoir une procédure de destitution du chef de l’Etat ou des
ministres en cas d’abus de pouvoir flagrant.
-A défaut de porter sur les personnes, la sanction juridique va porter sur les
textes qui émanent des acteurs politiques. Un organisme approprié va être
amené à vérifier que les dispositions de la Constitution ne sont pas violées par
les actes juridiques adoptés par les gouvernants. En cas de violation, la sanction
prononcée sera l’annulation de la norme.
La Constitution en effet peut être violée par des normes de différents niveaux
émises par le pouvoir législatif, mais aussi par le pouvoir exécutif
(l’administration) ou encore les tribunaux.
Dans les deux derniers cas, le contrôle juridique qui va être le plus souvent
effectué est un contrôle de la légalité : Ce contrôle est exercé en France par les
juridictions administratives à la tête desquelles est placé le Conseil d’Etat ; dans
les pays anglo-saxons, il est exercé par les juridictions judiciaires.
Mais il reste la question des lois : pour garantir la suprématie de la Constitution
et être sûr que la loi ne porte pas atteinte à la Constitution, on a mis en place
ce que l’on appelle un contrôle de la constitutionnalité des lois.

Le principe du contrôle de la constitutionnalité des lois :


Pour comprendre le principe du contrôle de constitutionnalité, il faut revenir à
la théorie de Hans Kelsen (juriste autrichien, 1881-1973). Kelsen concevait
l’ordre juridique comme une structure hiérarchisée de normes,au sommet de
laquelle se trouvait la norme suprême :la Constitution. = la célèbre théorie de
la pyramide des normes.
-Cette idée va être reprise par nombre d’auteurs normativistes.( En 1928, Charles
Eisenmann)

-Cette vision du contrôle de constitutionnalité a mis toutefois du temps à


s’imposer car elle a rencontré des objections, ce qui explique que l’émergence
de la justice constitutionnelle ait emprunté des voies différentes selon les Etats.
Il faut distinguer deux schémas d’émergence de la justice constitutionnelle :
l’un plus tardif en Europe, l’autre plus précoce aux Etats-Unis.

Les modalités techniques du contrôle de constitutionnalité des lois :


-Le contrôle peut, tout d’abord, être exercé de manière principalement
décentralisée par les tribunaux ordinaires, placés ou non, sous l’autorité de la
Cour suprême. Tout juge, quelle que soit sa place dans la hiérarchie judiciaire,
peut être saisi d’une question de constitutionnalité. On parle alors d’un
contrôle diffus. C’est le modèle qui existe aux Etats-Unis mais aussi en Suède,
en Norvège ou en Argentine.
-Selon un autre schéma, le contrôle va être exercé par une juridiction
constitutionnelle spécifique et unique : une Cour constitutionnelle qui exerce
un contrôle concentré. Les CC disposent ainsi du monopole de l’appréciation
de la constitutionnalité des lois. Les juges ordinaires ne peuvent connaître d’un
tel contentieux. Ce juge spécifique se situe en dehors de l’appareil
juridictionnel ordinaire. C’est le schéma qui a été retenu dans de nombreux
Etats européens : Autriche, Italie, Allemagne, Espagne, France…
-Le droit de saisir la juridiction constitutionnelle peut être accordé à tous les
citoyens qui se plaignent d’une violation de leurs droits constitutionnels par le
législateur (Allemagne, Espagne).
-Il peut aussi être réservé à des autorités politiques .
C’était le cas en France jusqu’à la révision de 2008 qui a introduit la QPC
(question prioritaire de constitutionnalité), c’est-à-dire la possibilité pour les
justiciables de soulever une question de constitutionnalité à l’occasion d’un
procès. Mais jusqu’à la révision, seul le Président, le premier ministre, le
Président de l’AN, du Sénat, 60 députés ou 60 sénateurs pouvaient saisir le
Conseil constitutionnel).
-Il peut enfin être ouvert aux juridictions (Allemagne, Italie).

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