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Titre 1 - Chapitre 4 : Justice constitutionnelle et Etat de droit

La Constitution prévoit deux types de garanties :

- Apparaissent à la fin du 18e siècle, en même temps que les premières Constitutions
- Essentiellement entre les mains d’élus, de parlementaires et parfois du corps électoral
Les - Permettent la protection ou la sanction d’une violation de la Constitution.
garanties
politiques Ex: La motion de censure (si adoptée par la majorité de l’Assemblée Nationale) entraine la démission
du gouvernement / L’impeachment (USA) est une garantie pour le Congrès de destituer le président
américain

- Apparaissent après 1945


Les
garanties
- Entre les mains de juges
juridiques - Permettent la protection de la Constitution en tant que norme juridique et garantie la suprématie de la
Constitution en tant que norme juridique

I/ La primauté de la Constitution par le contrôle de constitutionnalité

*Contexte Marbury v Madison :

Opposition entre les Fédéralistes (dominés par John Adams) et les Républicains (dominés par Thomas
Jefferson). Les fédéralistes pensaient qu’il fallait accorder plus de pouvoir au gouvernement fédéral,
tandis que les républicains estimaient qu’il fallait accorder plus de pouvoir aux Etats fédérés.
John Adams est président des US de 1797 à 1801 et à l’issue des élections présidentielles Thomas Jefferson
est désigné comme son successeur (prise de fonction le 4 mars 1801). Avant la fin de son mandat Adams
signe des actes de nominations de juges sympathisants du parti fédéraliste. Parmi ces juges se trouve William
Marbury, qui malgré la promesse qu’on lui avait faite ne reçu jamais son acte de nomination. Marbury
demande donc à James Madison (ministre de Jefferson) de délivrer ledit acte. Cependant, après son
investiture Jefferson déclara qu’il ne ferait délivrer aucun acte de nomination et d’affectation à ceux qui ne
les avaient pas reçus sous Adams. Marbury demande donc à la Cour Suprême de délivrer une injonction. Le
Congrès avait voté une loi permettant à la Cour Suprême de rendre des injonction. Mais la Cour Suprême va
raisonner en sens inverse en se basant sur l’article 3 de la Constitution américaine qui ne mentionnait
aucunement un pouvoir d’adresser des injonctions aux agents du pouvoir exécutif.
La Cour Suprême montre alors que la Constitution ce n’est pas seulement de la politique, mais que c’est
aussi du droit. La décision Marbury v Madison est rédigée par le juge John Marshall (un des plus importants
président de la CS). Donc lorsqu’une loi du Congrès est contraire à la Constitution il y a un conflit de
lois.
Titre 1 - Chapitre 4 : Justice constitutionnelle et Etat de droit

- Très ancien, vient de la décision de la Cour Suprême : Marbury v Madison en 1803 *


- Contrôle de constitutionnalité diffus : n’importe quel juge peut écarter une loi qu’il
USA juge inconstitutionnelle + A posteriori
- La question de savoir si la loi est conforme à la Constitution est beaucoup plus ouverte
car il n’y a pas 1 mais 51 lois (loi fédérale + lois Etats fédérés)
- Common Law : le droit est dit par les juges

Le contrôle de
constitutionnalité

- Apparait au Xe siècle et est inspiré par le juriste autrichien Hans Kelsen qui considère
que le législateur seul ne peut pas juger de la constitutionnalité des lois, il veut que ce
soit fait par une juridiction indépendante, différente du Parlement.
Europe - Création Cours Constitutionnelles : Autriche (1920 puis rétablie après WWII en 1945),
Italie (1947), Allemagne (1949), France (essentiellement 1958), Espagne/Portugal/
Grèce (années 70), Pays de l’Est+RDA (années 90)

- Tradition longtemps hostile au contrôle de constitutionnalité des lois. Après la


Révolution on considère que c’est le Parlement qui exerce la souveraineté de la nation.
- Loi idéalisé comme l’expression de la volonté généré (art 6 Constit) —> tradition
légicentriste
- Le droit est dit par le législateur et le juge n’est que « la bouche de la loi »
- Loi 16&24 août 1790 : grande méfiance pouvoir judiciaire, pouv judiciaire est donc
subordonné à la loi
- Civil Law : le droit est dit par le législateur

France

- Fin 18e Abbé Sieyès plaide pour « un jury constitutionnel ». La mise en place de ce
genre de jury est envisagé sous la IIIe République mais l’idée est rejetée.
- IVe République mise en place d’un Comité Constitutionnel
- Ve République création du Conseil constitutionnel (1958) : organe chargé de lutter
contre tyrannie du Parlement et va contrôler les règlement des assemblées, les lois et les
traités internationaux. Il procède à un contrôle a priori (avant promulgation loi)
- 1971: Le Conseil constitutionnel élargit ses possibilités de contrôle et met en place le
bloc de constitutionnalité (préambule Constitution 1958, DDHC, préambule
Constitution 1946, Principe Fondamentaux Reconnus par les Lois de la République
[PFLR], ajout de la Charte de l'environnement en 2004)
- 2008 : mise en place d’un contrôle a posteriori (après promulgation loi) avec la QPC
Titre 1 - Chapitre 4 : Justice constitutionnelle et Etat de droit

Typologie des systèmes de justice constitutionnelle :

Diffus : n’importe quel juge Concentré : une juridiction


peut examiner la OU à part monopolise le contrôle
constitutionnalité d’une loi

A posteriori : avant la A priori : la loi est déjà en


promulgation de la loi OU vigueur (QPC en France)

Abstrait : le juge fait Concret : le juge tient


abstraction des faits et compte des faits
OU
privilégie la cohérence globale

Subjectif : le contrôle est Objectif : le contrôle est un


initié par une personne qui veut mécanisme constitutionnel
faire respecter ses droits dans déclenché par un organe de
le cadre d’un procès l’Etat. Il assure le bon
OU
fonctionnement de l’Etat et la
bonne répartition des
compétences dans un Etat
fédéral.

Effets du contrôle

Suspension : la décision du Annulation : le juge annule


juge aboutit à écarter OU la règle, elle est retirée de
l’application de la règle l’ordre juridique
Titre 1 - Chapitre 4 : Justice constitutionnelle et Etat de droit

II/ Etat de droit et démocratie

Le conseil de constitutionnalité des lois implique un arbitrage entre le droit et la politique ex : décision
liberté d'association juillet 1971 (France) ou arrêt Marbury v Madison (USA)

Le Conseil constitutionnel tout comme la Cour Suprême distingue le domaine du droit et le domaine de la
déclaration politique.

2. L’Etat de droit a transformé la notion de Constitution

Le développement du contrôle de constitutionnalité des lois a modifié la considération de la Constitution. On


ne voyait en la Constitution qu’un instrument du gouvernement. On la voit désormais, aussi comme un
instrument de garantie des libertés.
Aujourd’hui l’ampleur du contrôle de constitutionnalité des lois est considérable puisque les Cours
constitutionnelles sont devenues imposantes dans les sociétés modernes.

- Adoption d’une Constitution sans déclaration de droits (sorte de DDHC). Il y avait une
méfiance à l’égard de la loi après la révolution

- Le Bill of Rights est finalement adopté en 1791, il correspond aux 10 premiers amendements de
la Constitution américaine —> 1er amendement : liberté de la presse/d’expression; 2e
amendement : droit de porter une arme. 5e amendement porte sur la propriété
USA
- Au début la Cour Suprême se base rarement sur le Bill of Rights, et c’est dans l’arrêt Carolene
Products de 1938 qu’elle donne une effectivité à la déclarations des droits mentionnés dans
les 10 premiers amendements

Etapes révolution USA : 1. Rédaction d’une Constitution (prend 2-3 mois et toujours en
vigueur). 2. Rédaction d’une sorte de DDHC : the Bill of Rights

- Léon Duguit et Maurice Hauriou ont défendu la valeur juridique de la DDHC sous la IIIe
République. On considérait à l’époque que lorsqu’il était question de la mise en oeuvre de la
DDHC il fallait se tourner non vers un organe juridictionnel mais vers un organe politique (le
législateur). On remarque que les rédacteurs de la DDHC ont raisonnés de la même manière en
disant en l’article 4 que les bornes de la liberté ne peuvent être déterminées que par la loi. Les
révolutionnaires français avaient une grande confiance en le législateur, ils pensaient qu’il
allait dire la vérité.

France - La garantie des droits protégés par la Constitution est vue comme une mission des juges, il peut
s’agir de juges nationaux comme le Conseil Constit mais également de juges internationaux
comme la CEDH, la CJUE ou le Conseil de l’Europe.

- Aujourd’hui on accord au juge un pouvoir qu’il n’avait pas, ce qui explique la dualité de la
vision de la Constitution (instrument gouv+garantie libertés)

Etapes révolution FR : 1. Rédaction DDHC 2. Rédaction d’une Constitution (prend 2 ans et a


échouée au bout de 10 ans).
Titre 1 - Chapitre 4 : Justice constitutionnelle et Etat de droit

3. La nature des juridictions constitutionnelles

La Constitution est fait de textes très généraux et c’est en cela que beaucoup reprochent aux juridictions
juridictionnelles d’être un gouvernement qui s’ignore. On parle de « gouvernement des juges ». Il est
d’ailleurs difficile de surmonter une décision du Conseil constitutionnel. La seule manière de la
surmonter est de réviser la Constitution, or c’est une procédure compliquée. Siègent au Conseil constit les
anciens président de la République (Hollande et Sarkozy y ont renoncé) mais on pourrait se demander si le
Conseil constit est vraiment une juridiction et pas une troisième chambre du gouvernement. Le Conseil
constit est une juridiction, mais ce n’est pas une juridiction comme les autres.

Le Conseil constit lui-même ne se voit pas comme un organe politique. Dans la décision 15 janvier 1975
IVG. Il dit qu’il ne dispose pas « d'un pouvoir général d'appréciation et de décision identique à celui du
Parlement ». Pareillement, dans la loi référendaire de 1962 : Le Conseil constit refuse de contrôler la loi
puisqu'elle est l'expression de la volonté générale.

Il s’autolimite, dans sa jurisprudence. Mais même s’il dit qu’il ne veut pas intervenir comme un organe
politique : il se tient au bord de la délibération politique. Ce type d’autolimitation est retrouvé dans toutes les
juridictions constitutionnelles du monde. Aux USA on parle des « vertus passives » de la Cour Suprême. La
Cour suprême choisit les recours dont elle traite. Elle estime qu’elle n’a pas à connaître des « political
questions » comme la conduite des relations internationales qui ne relèvent pas des Cours mais du Président
par exemple.

L’office du juge constitutionnel est de concilier la politique et le droit.


Les thèmes de droit et de politique sont à la fois étroitement liés et distincts : la politique est l’instance de la
délibération collective mais elle présume un certains nombre de libertés, dans une société libérale il faut
qu’il y ait une liberté d’expression. Le droit est la garantie de cette liberté d’expression, elle est également la
garantie du pluralisme et de l’échange des opinion qui est la nature même des sociétés libérale. La
Constitution est là pour nous faire vivre ensemble.

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