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Saisie: Aboubakrine Diakhaté Responsable L3

Droit Public

Cours: Contentieux constitutionnel

Chargé du cours: Professeur Meïssa


DIAKHATE

Mon contact: 77 754 86 63

Année académique: 2022/2023

Notion de contentieux constitutionnel


Le constitutionnalisme est un courant d’idée apparu au 18 ème siècle Europe et en Amérique
du nord. C’est un mouvement historique qui préconise l’adoption de constitution écrite dans le
but de faire obstacle à l’arbitraire du pouvoir.

Cette philosophie qui se veut libérale est également caractéristique de l’évolution


constitutionnelle en Afrique Sub-Saharienne Francophone. Après une brève phase
démocratique, à l’aube des indépendances, il faut attendre le début des années 1990 pour
assister à l’avènement du renouveau démocratique. D’abord, les États se sont dotés de
constitution écrite, d’inspiration démocratique et libérale. Ensuite, les règles de valeurs
constitutionnelles sont plus nombreuses, plus importantes, plus protectrice des droits de
l’homme. Enfin, la violation des normes constitutionnelles par les pouvoirs publics connaît
dans certains cas, un début de sanction par le juge constitutionnel.


Plus particulièrement, la vague de démocratisation des années 1990, à contribuer à l’évolution
sémantique de la constitution( I ) et au développement du contentieux constitutionnel( II ).

I/ Les différents sens de la constitution


Les constituions démocratiques peuvent revêtir toute une variété de mais aussi de contenu
plus simplement l’évolution constitutionnel permet de définir la constitution en terme
d’institution politique ( A ) et de norme suprême ( B )

A/ La constitution, un ensemble d’institution


politique
La naissance des constitutions écrites coïncident avec le rayonnement des régimes
démocratiques organisées selon le principe des séparation des pouvoirs. La distribution des
pouvoirs entre les organes exécutifs, législatifs et judiciaires est une architecture politique qui
trouve son siège dans l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789
proclamant que « toutes sociétés dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la
séparation des pouvoirs déterminés n’a point de constitution»

Sous ce rapport, la constitution organise les pouvoirs publics composant l’État et détermine
leurs relations. La finalité est sans doute de permettre l’équilibre des pouvoirs en tant que
fondement de la liberté politique. D’ailleurs, Marcel Prélot estime que la constitution est
l’ensemble des règles qui fondent l’État dans son existence, en déterminant les formes, lui
procurent ses structures et son organisation. Dans ce cadre, la constitution fixe les
compétences des différents organes de l’État et la manière dont ils sont désignés, tout en
réglant les rapports entre les pouvoirs ( la faculté de se contrôler mutuellement). En droit
constitutionnel contemporain, la mutation est amorcée sous la plume du doyen Hauriou qui
fonde l’idée de dualité de la constitution. Il est ainsi distingué la constitution politique
consacrée à l’organisation et au fonctionnement de l’État et la constitution sociale relative aux
droits et libertés des citoyens.

Désormais, les droits et libertés sont érigés en règles juridiques soumises à l’interprétation et à
la garantie du juge. Ils s’appliquent tant dans les relations entre les pouvoirs publics et les
particuliers qu’entre les personnes privées. À la limite, les droits et libertés constituent un
nécessaire contre-pouvoir démocratique.


B/ La constitution ,une norme suprême
La constitution apparaît selon Hans Kelsen, comme la norme suprême de l’ordre juridique
interne. Cet ordre juridique peut être représenté par une pyramide des normes. La constitution
occupe le sommet de cette pyramide tandis que les autres normes juridiques( lois, règlements)
vont occuper, selon leur rang hiérarchique, les différents étages inférieurs.

L’organisation du système normatif repose, pour une grande part sur la constitution dont le
rôle essentiel est de réguler le processus de création des normes. Après avoir causé le principe
même de leurs créations, la constitution détermine comment les normes d’un ordre juridique
donné vont être créés, c’est-à-dire et selon quelle procédure, les règles de droit seront créés ou
produite. Sous ce rapport, les normes inférieurs tirent leurs validités juridiques de la
conformité à la norme supérieure jusqu’à aboutir à la norme suprême ou constitution de l’État.

Ainsi, la constitution demeure un acte juridique qui exerce une supériorité sur les autres
normes. Mais pour être effective, elle a besoin d’une garantie juridictionnelle. C’est la mission
assignée à la justice constitutionnelle, à travers notamment la fonction d’interprète
authentique de la constitution.

II/ La spécificité du contentieux


constitutionnel
L’idée de supériorité de la constitution en tant que norme fondamentale justifie
l’aménagement d’un système de garantie juridictionnel efficace.

Cela suppose une certaine conception du contentieux constitutionnel ( A ) et un système


juridictionnel prévu à cet effet ( B )

A/ Les différentes conceptions du


contentieux constitutionnel
L’expression contentieux constitutionnel a une double signification.

Au sens strict, le contentieux constitutionnel désigne l’ensemble des règles d’organisation et de


fonctionnement de la juridiction constitutionnel par opposition au fond du droit. Avec la
possibilité de porter un tel contentieux devant des juridictions présentants des caractères
juridictionnels, le contentieux constitutionnel correspond désormais à un objet plus précis.


Cela nécessite que l’on soit en présence d’une juridiction dont le statut consacre
l’indépendance de ses membres.

Entendu de manière large, le contentieux constitutionnel se rapporte à l’ensemble des litiges


liés à l’application de la constitution. L’usage de l’expression implique alors une contestation,
un litige devant une juridiction et dont l’objet est une disposition de nature constitutionnelle.
Cette compréhension à pour avantage d’inclure l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions chargées d’appliquer la constitution.

B/ Les systèmes de contentieux


constitutionnel
À priori, deux systèmes s’imposent dans la classification des types de contentieux
constitutionnel.

Dans le système institué aux États Unies, la justice constitutionnelle est confiée à l'ensemble de
l’appareil juridictionnel. Il ne se distingue pas de la justice ordinaire dans la mesure où tous les
litiges, quelle que soient leur nature, sont jugés par les mêmes tribunaux. Dans ce pareil
système, la dimension constitutionnelle peut être présente dans tous les litiges et ne n’exige
pas un traitement particulier. Il a été établi par la cour suprême des États Unies à partir des
célèbres arrêts de 1803 Marbury Madison. Dans cet arrêt, la cour suprême s’est reconnu
compétente pour écarter une loi contraire à la constitution. Il s’agit d’un système défensif qui
repose sur plusieurs caractéristiques: un contrôle diffus ou décentralisé, un contrôle concret ou
incident, un contrôle par voie d’exception.

Par ces travaux Hans Kelsen a mis au point un autre système de justice constitutionnelle
( modèle européen ) fonctionnant différemment de celui des États-Unies. Le contentieux porté
devant une juridiction constitutionnelle et tout autre. Il est de nature constitutionnelle,
distincte du contentieux ordinaire. Quelle que soit sa dénomination ( Cour constitutionnelle,
tribunal constitutionnel, haute cour constitutionnelle, Conseil constitutionnel). Il est question,
d’une juridiction créée pour connaître spécialement et exclusivement du contentieux
constitutionnel, situé hors de l’appareil judiciaire ordinaire et indépendante de celui-ci. Ce
modèle offensif, inventé en Europe, présente un certain nombre de caractéristiques propres:
Un contrôle concentré, des décisions revêtues de l’autorité absolue de la chose jugée et un
contrôle par voie d’action ( un procès objectif fait à la loi ).

Particulièrement en Afrique, le renouveau de la justice constitutionnelle a donné lieu a un


modèle variable. Le système adopté par les États, s’il se rapproche du modèle européen de
justice constitutionnelle, n’est pas en soit une reproduction à l’état pure; on y observe
l’utilisation de procédés appartenant aux deux modèles. C’est ainsi que les cours
constitutionnelles du Bénin et de Gabon ainsi que le Conseil constitutionnel du Sénégal

peuvent être saisies d’un contrôle avant la promulgation de la loi mais aussi d’un recours en
inconstitutionnalité par le biais de l’exception dite d’inconstitutionnalité.

Chapitre 2: Le Conseil constitutionnel, une


institution autonome spécialisée
La naissance de la justice constitutionnelle au Sénégal remonte à l’ordonnance n °60-17 du 30
Septembre 1960 portant loi organique sur la Cour suprême. Il ressort de l’article 1er de cette
ordonnance que la cour suprême se prononce sur la constitutionnalité des lois et des
engagements internationaux.

Dans un contexte d’unité de juridiction, les attributions constitutionnelles de la cour suprême


étaient dévolues à une formation intégrée à la juridiction. Les affaires entrant dans la
compétence de la cour suprême en vertu de l’article 1er précité sont portées devant les
«sections réunies». À la suite de la crise politique de 1988( Contestation des résultats de
l’élection présidentielle, revendication estudiantine entrainant une année blanche), l’État
sénégalais a entrepris d’importante réforme juridique aboutissant à l’adoption de la loi n°92-17
du 7 Février 1992 portant code électoral ( appelé code consensuel ), ainsi que l’instauration
d’une dualité de juridiction au sommet de l’organisation judiciaire par la loi n°92-22 du 30 mai
1992 portant révision de la constitution ( une Cour de Cassation, un Conseil d’État, un Conseil
constitutionnel et, en 1999, une cour des comptes).

La justice constitutionnelle venait ainsi d’être autonome ( I ) et spécialisé par le traitement du


contentieux jusque-là dévolue à la Cour suprême en matière constitutionnelle ( II ).

I/ L’autonomie du Conseil constitutionnel


Le Conseil constitutionnel bénéficie, en tant qu’institution de la République ( au sens de
l’article 6 de la Constitution du 22 Janvier 2001 ) d’une large autonomie, principale pré
caractéristique par rapport à l’ancien Cour suprême. Cette autonomie est garantie par la loi
organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au Conseil Constitutionnel abrogeant la loi
organique n° 92– 23 du 30 mai 1992..

Il est ainsi reconnu au Conseil, une autonomie administrative et financière ( A ) et au juge


constitutionnel des garanties d’indépendance ( B ).


A/ L’autonomie administrative et financière
Le Conseil dispose d’une autonomie administrative et financière indispensable à l’exercice de
sa mission constitutionnelle.

1/ L’autonomie administrative
L’autonomie administrative se traduit par d’importante prérogative reconnue au président du
Conseil constitutionnel.

Aux termes du décret n° 2021-300 du 25 Février 2021 portant approbation du règlement


intérieur du Conseil Constitutionnel, le président est chargé de l’administration et de la
discipline du Conseil constitutionnel. Il exerce directement son autorité sur tout le personnel,
organise un travail et réparti les tâches entre les membres du Conseil.

À cet effet, il dispose d’un cabinet dont les membres, nommés par lui, comprennent
notamment un directeur de cabinet, une assistante de direction, un chargé du protocole, un
chargé de communication et d’un chauffeur.

Le Conseil constitutionnel dispose pour sa part, un secrétariat, dirigé par le greffier en chef,
d’un service d’études et de documentation ainsi que d’un service administratif et financier. Ces
différents services sont placés sous l’autorité du président du Conseil constitutionnel.

Le service d’étude et de documentation comprend outre le coordonnateur qui est un membre


du Conseil, des magistrats des cours et tribunaux et des enseignants des facultés de droit ainsi
que d’un greffier en chef, d’un greffier, d’un bibliothécaire et / ou archiviste, d’un chargé de
communication, et d’un informaticien, administrateur du site.

Le service administratif comprend le bureau du personnel et de gestion ainsi que le bureau de


la comptabilité des matériels. Le chef du service est nommé par ordonnance du président du
Conseil constitutionnel. Il est chargé de la préparation du projet de budget. En outre, il assure
le suivi de l’exécution du budget dans les conditions déterminées par le règlement intérieur du
Conseil constitutionnel.

2/ L’autonomie financière
L’article 11 de la loi organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel
confère une autonomie financière et de gestion à l’institution. Par suite, le décret n° 2020-2318
du 4 Décembre 2020 portant règlement financier du conseil constitutionnel défini les
ressources budgétaires, les modalités de préparation et d’exécution du budget ainsi que le


personnel chargé de son exécution.

Les recettes comprennent la dotation de l’État et les ressources additionnels autorisées par les
lois, règlements et conventions. Quand aux dépenses, elles sont réparties en crédits de
personnel, de biens et services, de transfert, et d’investissement nécessaire aux bons
fonctionnements et à la conduite de toutes les activités du conseil constitutionnels.

Les fonds correspondants aux crédits budgétaires du Conseil constitutionnel, répartis en 4


tranches font l’objet de versement dans un compte de dépôt ouvert dans les livres du trésor
public, tous les 3 mois à la demande de l’ordonnateur. Sur autorisation du ministre chargé des
finances, un ou plusieurs comptes peuvent néanmoins être ouvert dans les banques ou
établissements financiers.

Le président du Conseil constitutionnel est l’ordonnateur principal du budget. Il prescrit, s’il y’a
lieu, les recouvrements. Il engage les dépenses, procèdent à leurs liquidations et à leur
ordonnancement.

Par dérogation aux dispositions du décret n°2020-978 du 30 Avril 2020 portant règlement
général sur la comptabilité publique, les opérations budgétaires sont dispensées de visa
préalable et du contrôle administratif à priori.

3/ Les garanties d’indépendances du juge constitutionnel

L’institution étant une juridiction, ces membres doivent bénéficier de garantie d’indépendance
à l’égard des autres pouvoirs publics.

Au Sénégal, ces garanties se reflètent à travers le mode de nomination ( I ) et les règles de


protection ( II )

I/ Le mode de nomination
Aux termes de l’article 89 de la constitution du 22 Janvier 2001 modifiée, le Conseil
constitutionnel comprend 7 membres dont un président, un vice président et 5 juges.

Les membres du Conseil constitutionnel nommés par décret sont choisi parmi:

– Les magistrats ayant exercés les fonctions de premier président de la Cour suprême, de
procureur général près la Cour suprême, de président de chambre à la Cour suprême, de
premier avocat général près la Cour suprême, le président de Cour d’appel et de procureur
général près la Cour d’appel;

– Les professeurs titulaires de droit;

– Les inspecteurs généraux de droit;

– Les avocats.


Les personnalités visées, en activité ou à la retraite doivent avoir au moins 20ans d’ancienneté
dans la fonction publique ou 20 ans d’exercice de leurs professions.

Le président de la République nomme les membres du Conseil constitutionnels dont deux sur
une liste de 4 personnalités proposées par le président de l’Assemblée nationale ( réforme de
2016). Par ailleurs, il nomme le président du Conseil constitutionnel qui a voix prépondérante.

Dans ces conditions, le choix des membres de la juridiction constitutionnelle est du ressort
exclusif du président de la République et quasiment du ressort exclusif du président de la
République sauf à satisfaire les conditions fixées à l’article de la loi organique précitée.

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