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Initiation au contentieux constitutionnel

I/ Définition :

Ensemble des litiges qui portent sur une question de constitutionnalité


Étudier les mécanismes, structures, procédure juridictionnelle, permettant de résoudre les
litiges ayant un enjeu constitutionnel.
Règles encadrant la justice constitutionnel, reflet des états modernes (constitution écrite)
S’il y a un texte sans juge, pas d’intérêt, on a élaboré une justice constitutionnelle pour lui
donner sa force
Dans l’empire germanique au 12ème et 13ème, des organes qui étaient chargés de régler
des litiges entre les détenteurs du pouvoir et les administrés pour des questions de droits
fondamentaux
Au 13ème et 14ème siècle, en Espagne dans la province de l’Argon, recours de l’amparo entre
les mains des citoyens qui leur permet de saisir la justice constitutionnelle directement.
Au 18ème siècle, c’est le système américain qui a permis à la justice constit de se construire
comme on la connait aujourd’hui
Influence en Europe dans les années 20, dans les années 60 en Afrique des mécanismes
apparaissent avec la décolonisation.
En Asie il n’y a pas vraiment de date, très hétérogène.
Il y a des pays où ça n’existe pas par exemple la Lybie.
Comment définir la justice constitutionnelle ? Plusieurs aspects
- Vision organique : Implique que la justice constitutionnelle est l’institution chargée
d’assurer la suprématie juridique de la constitution soit par une juridiction
spécialement compétente soit par le système juridictionnel ordinaire existant dans le
pays
Centré sur l’organe qui intervient
- Vision matérielle : Contenu, activité de contrôle de conformité à la constitution des
actes qui lui sont subordonnés, toutes les actions et décisions même sans caractère
normatif.
- Vision fonctionnelle (dite procédurale) : Il y a de la justice constitutionnelle chaque
fois qu’une procédure est mise en place pour assurer la suprématie de la constitution
Vision qui recherche l’effectivité de la constitution, protection.
Face à ces 3 visions, on définit la justice constitutionnelle comme une fonction de l’Etat
destinée à garantir le fonctionnement régulier des organes étatiques par le respect de la
constitution.

Qu’est-ce que la constitution ?


Ensemble des règles écrites ou non dont le but est d’organiser le rapport entre les pouvoirs
Mais ce n’est pas que ça, adj. on comprend les libertés fondamentales
Ensemble des normes avec une valeur constitutionnelle, sens large, on parle de bloc de
constitutionalité.
On passe d’un outil d’organisation, à une référence majeure du droit positif.
Qu’est-ce que la constitutionnalisation ?
Processus qui permet d’avoir une constitution au sens large
Processus de reconnaissance jurisprudentielle des normes ayant une valeur constit, ceux les
juges qui ont ce rôle.

Qu’est-ce que le constitutionnalisme ?


Mouvement historique d’apparition des constitutions comme moyen de protection des
libertés fondamentales et des droits de l’homme.

Qu’est-ce que la constitutionnalité ?


Principe juridique qui rend obligatoire le respect de la constitution au sens large.
CAD le principe qui permet d’imposer toutes les normes qui ont une valeur constitutionnelle
aux autres normes, le contrôle de constitutionnalité permet au principe d’être effectif.

Soulever l’exception d’inconstitutionnalité : Quand un requérant invoque la non-conformité


d’un acte à la constitution on dit qu’il soulève l’exception d’inconstitutionnalité de l’acte.

II/ Les caractéristiques de ce contrôle


Différents modèles, systèmes de contrôle

1) Diffus ou concentré ?

Le contrôle diffus (décentralisé) c’est quand l’exception d’inconstitutionnalité peut être


soulevée devant le juge ordinaire.

Le contrôle concentré (centralisé) quand l’exception d’inconstitutionnalité DOIT être soulevé


devant une juridiction spécialement instituée pour cela, le juge ordinaire est incompétent
pour ce contrôle.

2) Objectif et subjectif ?
Contrôle objectif c’est quand le recours tend à défendre la suprématie de la constitution

Recours subjectif quand il a pour objectif quand il a pour objet de défendre une situation
personnelle, le droit d’un justiciable concerné
Axé sur le droit du justiciable.

3) Abstrait ou concret ?
Très importante parce qu’elle permet de voir comment les faits sont pris en compte dans le
contrôle qui est opéré.

Contrôle abstrait, les éléments de fait sont très peu pris en compte dans le contrôle effectué,
il est proche du contrôle objectif

Contrôle concret, l’appréciation des faits est un élément de base du contrôle, proche du
subjectif
Rq : Si le contrôle abstrait est toujours objectif, le contrôle concret n’est pas nécessairement
subjectif. (QPC)
4) A priori ou a posteriori
A priori (préventif) est exercé avant toute entrée en vigueur de la norme, avant qu’elle
produise des effets. Ce contrôle permet d’avoir une portée radicale car si décision
d’inconstitutionnalité, fait disparaitre la norme qui n’entrera jamais en vigueur.
Il présente un avantage majeur, la sécurité juridique -> l’inconstitutionnalité ne produit pas
d’effet. De plus il est censé être rapide.
L’autre avantage est qu’il permet d’unifier le droit positif autour de la constitution.
Contrôle en amont qui lisse les éventuelles atteintes à la constitution.
Sécurité juridique : Conformité et prévisibilité du droit existant

Le contrôle a posteriori, qui s’exerce une fois que la norme existe, permet une erreur,
corrige une inconstitutionnalité qui est entrée en vigueur ou qui est apparue.

5) Par voie d’action ou par voie d’exception ?


Repose sur le mode de sanction exercé à l’égard de la norme contestée

Par voie d’action c’est quand le requérant déferre directement au juge constit la norme dont
il conteste la constitutionnalité. Le plus souvent il est déclenché contre une loi, par des
autorités publiques (rarement des citoyens) car le but n’est pas de défendre une situation
subjective mais défendre la suprématie de la constitution (abstrait et objectif)

Par voie d’exception, organisé à l’occasion d’un procès ordinaire, la question de la


conformité va conditionner l’issu du litige, la solution finale. Il donne l’impression d’être
concret mais il ne l’est pas nécessairement

6) Cour constitutionnelle ou cour suprême ?


Une cour constitutionnelle, c’est quand la juridiction est créé pour connaitre spécialement et
exclusivement le contentieux constitutionnel, elle est en dehors du système de justice
ordinaire

Une cour suprême est une juridiction supérieure unique impliquant l’existence d’un seul
ordre juridique te juridictionnel en droit et en faits. Juridiction la plus élevée dans la
hiérarchie juridictionnelle de l’Etat elle a donc une compétence pour statuer
souverainement sur toute les décisions rendues par les décisions qui lui sont inférieure. Elle
tranche sur les litiges et les questions constitutionnelle.

III/ Les fonctions de la justice constitutionnelle


Elle a une fonction d’unification de l’ordre juridique
Vision normativiste du droit selon laquelle les normes juridiques qui existent forment un
ensemble cohérent et hiérarchisé organisé par degré successif tendant à l’unité du droit
existant grâce à la constitution.
En créant une justice constitutionnelle cela assure la réelle effectivité de celle-ci et donc
l’unification du droit.
Cette fonction repose sur le rôle du juge, sa fonction d’interprétation va lui permettre créer
cet ordre constitutionnel lissé.

La fonction de protection des droits et libertés fondamentales


On parle de Constitution vivante, de bloc de constitutionnalité. Le juge CTNL a fait de la
constitution un outil fondamental dans la protection des droits fondamentaux.
Cela s’exprime de 2 manière : - Définition de ces droits par la justice constitutionnelle (juge
qui constitutionnalise un droit) Le 27 juillet 1994, le CC a consacré le principe de sauvegarde
de la dignité humaine comme étant une liberté fondamentale et donc
29 décembre 1983, CC a consacré le principe d’inviolabilité du domicile, article 66 sens large
de liberté individuelle ->juge qui choisit.
- La mise en place de techniques de contrôle qui existent à cause d’enjeu de droit
fondamental (cliquet : on avance mais on ne régresse pas ; la conciliation des
libertés : juridiquement on ne peut concilier que des normes avec la même valeur
juridique, quand une norme dont on ne connait pas la valeur est conciliée avec une
liberté fondamentale on lui accorde sa valeur)

Fonction d’arbitrage
Fonction plutôt politique

Fonction en matière de contentieux électoral

IV/ Les qualités de la justice constitutionnelle


Transparente, impartiale, neutre et indépendante
Phénomène de juridictionnalisation du Conseil Constitutionnel

I/ Le modèle américain
La justice constitutionnelle intégrée dans le droit commun

Section 1 : Les caractéristiques du contrôle

Un contrôle diffus, décentralisé donc le juge de droit commun est compétent pour les
questions de constitutionnalité. Autrement dit on peut soulever devant un juge ordinaire
l’exception d’inconstitutionnalité de la loi.
Il fonctionne sur un principe d’unité juridictionnel et juridique assuré par la cour suprême.

C’est un contrôle concret, donc la question de la constitutionnalité de la norme est posée au


cours d’un procès, donc tout litige peut avoir une dimension constitutionnelle.
Tous les praticiens du droit américain ont ce réflexe d’inconstitutionnalité, ils doivent être à
même de déceler une exception.

C’est un contrôle a posteriori, donc cela pose problème, l’inconstitutionnalité a produit des
effets et même parfois des préjudices

La jc américaine est part vis-à-vis de son organisation fédérale


Le contrôle de Constitutionnalité a deux dimensions :
- Au niveau verticale (Art 6 al.2 de la Constitution : clause de suprématie du droit
fédéral sur le droit des états fédérés)
Le but est d’imposer l’Etat fédéral, cela le rend effectif.
Le problème est que cet article ne fait référence qu’aux lois de l’Etat fédéral sur les
Etats fédérés
- Le contrôle horizontal, rien dans la constitution, c’est la cour suprême qui l’a
présenté (1803 Malburry v Madisson) cette décision a permis aux différents juges
d’assurer la conformité des lois vis-à-vis des constitutions des états fédérés
Le but est d’assoir l’autorité du pouvoir judiciaire
Cela a créé une sorte de monopole du contrôle de constitutionnalité des lois des
états fédérés par rapport à la constitution des états.

On parle du judicial review, qui a permis de théoriser un contrôle judiciaire de


constitutionnalité des lois, entre les mains des juges ordinaires.

Section 2 : Les modalité de déclenchement

Le citoyen ordinaire peut déclencher ce contrôle de trois manières :


 Au cours d’un procès ordinaire : Le citoyen soulève parmi ses moyens de défense une
exception d’inconstitutionnalité de la loi.
Donc le juge ordinaire avant de juger concrètement l’affaire, il doit vérifier la
constitutionalité de la norme.
Si c’est le cas on l’écarte, sinon elle permet de trancher le litige.
 En dehors du procès, le citoyen peut contester directement la constitutionnalité
d’une loi devant un tribunal
Il prononce alors une injonction qui empêche l’administration d’appliquer la loi non
conforme à la constitution. Le citoyen a un grand rôle dans la philosophie.
 Le citoyen peut, en cas d’une difficulté d’application d’une loi, il peut demander à
être éclairé sur la conformité. C’est un jugement déclaratoire de constitutionnalité.

Section 3 : Les influences du système américain

I/ Dans les Etats de Common Law

Inde
Un Etat fédéral, ce qui explique son inspiration.
On a une Cour Suprême et en pratique elle joue un rôle aussi important qu’aux USA, elle a
censuré des normes elle est même allée plus loin en contrôlant la révision de la constitution
même.

Canada
Etat fédéral, constitution écrite et récente 1982
Art 52 qui prévoit un système de cour suprême
Il y a une faille dans le système canadien car la constitution prévoit que certaines lois
peuvent échapper au contrôle de constitutionnalité.
Il s’agit de la clause d’exception qui permet au parlement de décider qu’une loi ne sera pas
contrôler pendant quelques années (4 à 5 ans) pour des raisons de diversité -> enjeux
linguistiques, culturels.
Immunité temporaire d’une loi, elle fait ses preuves.

Israël
Constitution non écrite, la seule différence avec les USA.
Une cour suprême qui a auto fondé son contrôle sur le modèle américain. Les règles de
contentieux du pays ont été élaboré par la jurisprudence.

II/ Influence sur les Etat avec une logique de droit écrit plus important

Amérique Latine

Brésil
Constitution récente de 1988, une Cour Suprême qui s’appelle le tribunal fédéral suprême
L’article 102 de la Constitution prévoit que toute les juridictions peuvent traiter des pb de
constitutionnalité -> Contrôle diffus
Alinéa suivant, le TFS reste exclusivement compétent pour certains types de contentieux

Argentine
Article 116 de la Constitution de 1994 qui prévoit une Cour Suprême

Mexique
Constitution de 1917, Cour Suprême de la Justice des Nations
Recours de l’amparo, influence hispanique en plus de l’influence américaine.

Europe

Irlande
Constitution de 1937 qui a créé un système diffus a posteriori avec une Cour Suprême qui
peut par exception avoir des compétences a priori.

Norvège
Constitution 1814, très peu prévu, très laconique.
La Cour Suprême a précisé elle-même son contrôle, s’est inspiré de la CS américaine

Asie

Japon
Article 81 de la Constitution de 1946 qui prévoit un système de CS, de 1946 à 1973 elle n’a
rien fait. Première décision en 1973. Elle n’a jamais déclaré une loi inconstitutionnelle vis-à-
vis d’un droit fondamental, système timide. Il est en train d’être réformé.

II/ Le modèle européen, l’attribution exclusive du contentieux constitutionnel à un


organe spécialisé, système Kelsenien
Théorie de l’ordre hiérarchique de l’ordre juridique -> Pyramide des normes
L’ordre juridique doit être hiérarchisé en dessous de la Constitution. Structure hiérarchisée
du droit. Fonde sa théorie sur la notion de régularité qui doit s’appliquer à chaque degré du
droit. Chaque strate normative inférieure respecte la supérieure. Il faut un système efficace
de garantie de cette régularité, c’est pour ça qu’il a théorisé cette justice constitutionnelle.

Section 1 : Les caractéristiques du contrôle

Un contrôle concentré, organe indépendant du parlement qui intervient pour constater


l’inconstitutionnalité et en anéantir les effets.
On parle de Cour Constitutionnelle, indépendante des autres pouvoirs, qui a un monopole,
une exclusivité du contrôle de constitutionnalité.

Ce contrôle est a priori, va de pair avec la logique de régularité pour éviter qu’une loi soit
inconstitutionnelle. Elle doit être déconnecté du juge ordinaire, c’est trop tard.

Contrôle qui est abstrait, par voie d’action.


Défend également l’autorité absolue de la chose jugée, l’annulation est erga omnes elle
s’applique à tout le monde.

Section 2 : Les influences de Kelsen

Autriche laboratoire pour Kelsen


Article 137 de la Constitution de 1920 qui a concrétisé sa pensé

Plusieur constition ont suivi

- Allemagne 1949, contrôle qui a d’autres caractéristique, amparo (recours en


inconstitutionnalité) présente un contrôle abstrait à posteriori
Possibilité de question préjudicielle

- Espagne, contrôle abstrait et a compléter la vision de Kelsen par un contrôle a


posteriori

- Estonie, 1992 qui prevoit aussi une cour constitutionnelle ou il y a un contrôle


abstrait à la demande des autorités politiques. Il y a aussi une protection des droits
fondamentaux entre les mains des individus

- Belgique, sur un système qui s’est replacé sur une vision Kelsenienne depuis 2007
A suprimé sa Cour d’arbitrage et est passé à une Cour constitutionnelle

III/ Les modèles mixtes

IV/ Le modèle français de justice constitutionnelle


Le modèle actuel n’a pas été pensé en 1958, les rédacteurs n’avaient pas prévu ce destin du
CC.
L’objectif était une arme contre la puissance parlementaire.
Ajd le Conseil Constit. est un acteur de la protection des libertés fondamentales à travers le
contrôle de constitutionnalité

S 1 : L’autoémancipation du CC à travers le contrôle a priori

En partant de l’article 61 de la Constitution, il y a des caractéristiques du contrôle qui


viennent de la pensée de Kelsen.
Contrôle a priori, il est obligatoire pour les lois organiques, facultatif pour les lois ordinaires.
De plus la saisine est restreinte, c’est un système concentré en une seule autorité le CC.
Une période courte, un moi ou 8 jours en cas d’urgence.

Pour aller plus loin, l’article 62, la décision du CC a l’autorité absolue de la chose jugée,
aucun recours possible. Elles ont un effet erga omnes.

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