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CHAPITRE 1
SECTION 1
A - La Révolution politique :
des Etats Généraux à l’Assemblée Nationale Constituante
SECTION 2
b - L’égalité
La loi est désormais la même pour tous (quelle que soit l’origine, la naissance), dans tous
les domaines du droit.
- égalité devant l’impôt désormais payé par tous mais répartition de l’impôt « en raison
de leurs facultés » (en fonction des revenus)
- l’impôt étant librement consenti par les représentants de la Nation) → art. 13 et 14
Elle consacre expressément l’égalité dans l’accès aux emplois publics, aux charges de
l’Etat. Elles ne sont plus vénales, c’est-à-dire monnayables, et donc réservées à ceux
qui peuvent en payer le prix. Tous les citoyens peuvent y accéder « selon leur capacité,
et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». → art. 6
La DDH n’envisage pas l’égalité sociale et économique dans le sens d’une redistribution des
richesses (prendre aux riches pour donner aux pauvres)
En 1789, les constituants sont libéraux mais possédants : la condition sociale reste déterminée
par la fortune, la profession, l’intelligence, le talent. Il n’y a donc pas d’égalité (ni de principe
d’égalisation) des conditions sociales.
→ pas d’égalité matérielle, pas d’égalitarisme
On peut dès lors s’interroger sur la place de la propriété dans cette nouvelle charte sociale.
Le droit de propriété figure parmi les « droits naturels et imprescriptibles de l’homme » (art.
2). L’art. 17 précise même que la propriété est « un droit inviolable et sacré ».
Pourtant la réalité sociale contredit cette consécration. La propriété est loin d’être un droit
« universel ». Il y a les possédants – dont la propriété est reconnue et protégée – et les autres
(qui ne sont pas propriétaires).
Reconnaître et protéger la propriété ne veut pas dire « égaliser » l’accès au droit de propriété.
Tout le monde n’est pas propriétaire et les rédacteurs du texte (députés des classes
possédantes) ont négligé cette donnée.
Pour être cohérent, il aurait fallu reconnaître la propriété comme un droit naturel et, sur ce
fondement, se donner les moyens de la rendre accessible à tous.
→ limite
2 - La question de l’égalité politique
Egalité politique = droit pour tous les citoyens de participer à la vie politique (droit de vote /
suffrage universel)
Le principe est reconnu par la DDH. L’art. 6 implique le suffrage universel et le référendum.
(J. Godechot, Les constitutions de la France depuis 1789, Paris 1970, p 27)
« Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement (référendum) ou par leurs
représentants (élus par tous) à la formation de la loi »
Pourtant le principe va être remis en cause par la Constituant lors des débats sur le mode de
suffrage (octobre 1789). Les députés sont divisés sur la question.
Il y a ceux qui sont pour le suffrage universel et ceux qui sont contre, lui préférant le
suffrage censitaire. Il n’y avait pas d’unanimité sur cette question
→ cf. fiche en ligne « Débats et controverses sur l’égalité politique » (dossier fiches
complémentaires) : à utiliser pour préparer le TD
C’est cette dernière conception qui va l’emporter dans la Constitution, une conception
inégalitaire de la vie politique fondée sur une distinction, imaginée par Sieyès, entre 2
catégories de citoyens :
Les principes du suffrage censitaire (notion de citoyen actif, critères et justification de cette
discrimination) seront étudiés avec la Constitution de 1791 (C – Nouvel ordre politique)
Les débats sur l’égalité politique (postérieurs à la Déclaration) révèlent une contradiction
entre les principes posés par la Déclaration et le contenu de la Constitution (qui est censée les
mettre en œuvre).
→ limite
Tous les citoyens ne participeront donc pas à la vie politique (ne votent pas / ne sont pas
éligibles) ; il n’y a donc pas dans la constitution d’égalité politique. Cette égalité ne sera
consacrée qu’avec le suffrage universel.
→ égalité civile ?
L’exemple du droit matrimonial (loi du 20 septembre 1792) et successoral
(plus égalitaires que dans l’ancien droit)
Elle reconnaît l’individu en tant que tel, et non plus comme membre d’un corps, d’un ordre,
où il n’a de droit qu’en tant que membre de ce corps. Profondément individualiste, le texte nie
toute forme d’appartenance à un groupe, une collectivité (corporatismes divers).
Les principes d’égalité et de liberté sont consacrés, mais ils connaissent des limites.
Dès sa publication, elle a eu un grand retentissement dans le monde occidental grâce à son
caractère universel.
Elle devient le dogme de la Révolution (doctrine), le « credo1 du nouvel âge » (Michelet), le
fondement de nombreuses constitutions dans le monde, réalisant ainsi le vœu de ses
rédacteurs.
Le deuxième grand chantier entrepris par la Constituante concerne l’ordre religieux. La liberté
de conscience est désormais reconnue, mais il faut régler la question des rapports de l’Eglise
catholique et de l’Etat.
Quel statut pour l’Eglise, jusqu’alors omnipotente dans l’Etat monarchique ?
On ne peut pas étudier l’histoire de la société sans évoquer les rapports de l’Eglise et de
l’Etat. Voyons d’abord ce qu’étaient ces rapports dans l’Ancien Régime avant de montrer ce
que la Révolution (l’Assemblée Constituante) a changé.
1
Credo : prière, profession de foi catholique.
§ 1 - Eglise et monarchie dans l’Ancien Régime
→ grâce aux privilèges fiscaux (exemptions + perception de la dîme, un impôt prélevé sur
la population d’une paroisse au profit des membres du clergé)
→ grâce aux revenus d’un énorme patrimoine foncier, immobilier, accumulé depuis le
moyen âge (les terres du clergé représentent environ 1/5 des terres françaises)
→ régime juridique spécifique, privilégié terres inaliénables et générant
d’importants revenus
Il nomme les évêques qui nomment les curés. Le Pape (chef spirituel de l’Eglise) se contente
d’approuver ou de désapprouver les choix du roi (lorsqu’un accord est trouvé sur la personne,
il donne l’investiture spirituelle : il investit officiellement les clercs de leur charge au nom de
l’Eglise).
→ Spécificité de l’Eglise française qui dispose d’une forme d’indépendance vis-à-vis du Pape
4 - L’autorité du Pape est limitée par celle du roi sur les questions temporelles2
2
Les questions temporelles sont celles qui relèvent du domaine des choses matérielles (à opposer aux questions
spirituelles).
- Questions fiscales par exemple (la décision d’imposer le clergé français
appartient au roi).
- Le droit de l’Eglise (droit canonique) n’est reçu en France qu’avec
l’approbation du roi.
Les questions spirituelles relèvent en revanche de la seule autorité du Pape (en tant que chef
spirituel de l’Eglise romaine).
L’Eglise avait donc un statut particulier dans l’Etat français. La Révolution va mettre un
terme à cette organisation, en faisant de l’Eglise un « service public » (une « administration »)
comme les autres. Ce nouveau statut est à l’origine d’un schisme religieux et d’une rupture
des liens diplomatiques entre la France et le Vatican.
Ce sont les difficultés financières de l’Etat qui sont à l’origine de la réforme de l’Eglise.
Les constituants ont trouvé la solution pour réduire le déficit budgétaire : la confiscation des
biens du clergé (nationalisés) et leur mise en vente au profit de l’Etat → vente des biens
nationaux.
Ajoutons à cela l’abolition des privilèges (fin de l’exemption fiscale, suppression de la dîme),
le clergé n’a plus rien pour vivre.
Conséquence : c’est l’Etat qui prend en charge l’entretien du culte, c’est à dire la
rémunération du clergé qui continue d’assumer cette mission spirituelle.
Ce nouveau statut du clergé est prévu par un texte, voté par l’Assemblée le 12 juillet 1790, et
qui réorganise complètement l’Eglise de France : la Constitution civile du clergé.
Tous les clercs doivent prêter un serment de fidélité très symbolique « à la Nation, à la
Loi, au Roi » (dit serment civique) ; ce serment va consommer définitivement la
rupture avec Rome.
Attitude de la population catholique : elle rejette, méprise l’Eglise dite constitutionnelle (en
n’assistant pas aux célébrations des prêtres constitutionnels) et reste fidèle à l’Eglise de Rome
(les prêtres réfractaires sont reconnus par le Pape), malgré les risques encourus, surtout après
1793.
Remarque : en 1793 et 1794, au moment de la Terreur (cf. chap. II), de nombreux prêtres
seront persécutés jusqu’à la mort, d’abord les réfractaires, puis ces mesures toucheront
l’ensemble du clergé – y compris les « jureurs » – parce que le culte catholique sera
condamné par les révolutionnaires les plus durs.
Certains historiens voient même dans ce texte (la Constitution civile du clergé) un point de
départ : « le tournant essentiel de la Révolution et de l’histoire de France, un de ces
évènements très particuliers qui ont en eux le pouvoir de profondément bouleverser le
paysage historique » (T. Tackett, La Révolution, l’Eglise, la France, 1986).
Conséquences religieuses
La Constitution civile du clergé de 1790 crée une Eglise nationale et met en place un clergé
« fonctionnarisé », un clergé asservi au nouveau régime, au nouvel ordre politique.
Conséquences politiques
Hostilité du roi qui provoquera – entre autres – la fuite du roi (en juin 1791), évènement
politique décisif.
Hostilité des fidèles : une partie de la population va grossir le contingent des adversaires de la
Révolution (les contre-révolutionnaires).
§ 1- La souveraineté nationale
SECTION 3
§ 2 La chute de la royauté