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SECTION 1- Le constitutionnalisme
Par constitutionnalisme, on vise un mouvement politique qui consiste dans l’écriture des
Constitutions.
Ce mouvement commence à la fin du XVIIIème siècle avec 2 grands évènements : la
Constitution américaine de 1787, et la Constitution française de 1791. Ce mouvement
d’écriture des Constitutions n’est pas réductible au simple fait de mettre par écrit des
règles constitutionnelles qui seraient préexistantes. En écrivant les Constitutions, les
citoyens font bien plus que cela : ils affirment leur existence comme corps politique, et
leur volonté de choisir leurs gouvernements. L’acte constituant est ainsi l’expression la
plus pure de la souveraineté.
--Cela peut paraitre banal aujourd’hui, mais il faut être conscient que cette pratique
constitue au XVIIe un changement considérable. Auparavant il est faux de dire qu’il
n’existait pas de Constitution : il y avait une Constitution au sens matériel dans la mesure
où des règles s’imposaient déjà au pouvoir politique. Sous l’Ancien régime, le monarque
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n’était ainsi pas libre pleinement dans son action car il était soumis aux règles
fondamentales du royaume. (Règles fondamentales = origine divine, héritage tradition,
qqch de donné, de préétabli, qui s’impose à la volonté sans qu’elle l’ait choisi).
--Désormais avec le constitutionnalisme, les règles constitutionnelles sont instaurées par
un acte constituant. La Constitution devient un acte juridique qui émane de la volonté du
souverain. Les règles constitutionnelles ne sont plus quelque chose qui s’impose aux
hommes, mais au contraire constituent le choix d’un peuple en faveur d’un certain régime
politique. 1789 constitue en France un véritable tournant sur le plan constitutionnel :
auparavant, le droit constitutionnel était composé de règles issues et légitimées par la
tradition. Désormais, on a affaire à autre monde politique, en tant qu’il a été choisi et
voulu par la Nation.
Q° : Pourquoi un tel bouleversement politique ? Comment s’est-il produit ? Quelles en
sont les étapes ?
Les idées ont incontestablement joué un rôle : l’influence des philosophes des
Lumière dans ce domaine est certaine. Pourtant, il serait faux de croire que ce sont les
philosophes qui ont provoqué la Révolution de 1789. Montesquieu par exemple n’a jamais
souhaité une telle révolution. En réalité, le déclenchement de cette Révolution s’explique
beaucoup par les circonstances, et si certains éléments de contexte contingents n’avaient
pas été présents, il est tout à fait possible d’imaginer que le régime n’aurait pas changé et
aurait évolué vers une monarchie parlementaire constitutionnelle.
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masculin. En effet, les membres du Tiers Etat ne font pas que désigner leurs
représentants, ils accompagnent leur suffrage de cahiers de doléances dans lesquels sont
écrites les revendications de la population. En ce qui concerne les revendications
politiques, elles sont très floues et n’appellent en aucun cas à la Révolution. Il s’agit
plutôt de revendications très concrètes, qui touchent à la vie quotidienne.
--Les revendications du Tiers. Il est important de noter que les représentants du Tiers
vont tout de suite contester le mode de fonctionnement des Etats généraux. En effet, ce
fonctionnement coutumier est marqué par 2 règles principales que sont d’une part la
représentation paritaire (= chacun des 3 ordres a le même nombre de représentants),
d’autre part le vote par ordre (1 ordre = 1 voix). Il en découle une situation vécue comme
une injustice par le Tiers : ses représentants ne pèsent politiquement pas davantage que
les 2 autres ordres, alors qu’ils sont de loin les plus nombreux et créent la quasi-totalité
des richesses du royaume (particulièrement la bourgeoisie). Les représentants du TE vont
avoir 2 revendications :
- Avoir autant de représentants que les 2 autres ordres réunis (600)
- le vote par tête au lieu du vote par ordre (50% voix).
Louis XVI répond à ces 2 revendications de manière très ambigüe : il accepte le premier
point mais refuse le vote par tête.
--Une intense agitation intellectuelle. Entre l’annonce de la réunion et le début des états
généraux, de nombreux écrits politiques sont publiés parmi lesquels « Qu’est-ce que le
tiers état ? » de Sieyès (qui siège parmi le Tiers et non le clergé). Il s’agit d’un pamphlet,
marqué par le ton polémique (cf : 3 parties : Qu’est-ce le TE ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à
présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A être quelque chose). 2 idées
importantes :
- Le vrai souverain n’est pas le roi, mais la nation (le roi n’exerce la souveraineté
que parce qu’il représente la Nation)
- Cette nation se ramène tout entière au Tiers Etat
Conséquence immédiate : on en déduit que seuls les représentants du Tiers Etat sont les
véritables représentants de la Nation. Sieyès considère en effet les 2 ordres privilégiés
comme des parasites (cf : physiocrates) qui profitent du travail (agriculture, commerce) du
Tiers et se l’accaparent. Attention : Sieyès estime également que ceux qui ne sont pas en
mesure de payer une contribution n’appartiennent pas à la nation souveraine.
Le 5 mai 1789, a lieu la réunion des Etats généraux. (300 clergé, 300 noblesse, 600 Tiers).
Les représentants du Tiers revendiquent immédiatement le vote par tête et refusent de
siéger avec les autres.
Le 17 juin 1789, les représentants du Tiers se proclament assemblée nationale, ayant
seule qualité pour représenter la volonté de la Nation. (Remarque : même à ce stade, on
aurait encore pu voir un basculement, une évolution du régime vers une monarchie
parlementaire constitutionnelle).
Le 20 juin 1789, les membres de l’assemblée nationale réunis dans la salle du jeu de
paume promettent de ne pas se séparer avant d’avoir donné à la France une Constitution.
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9 juillet 1789 : l’assemblée nationale se proclame assemblée constituante et se donne
pour mission de choisir l’ordre politique qu’elle juge souhaitable (= basculement vers un
nouvel ordre politique).
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→ La liberté d’opinion et de culte (article 10), de communication et d’expression
des opinions (article 11).
• L’égalité
= occupe une place de 1er plan (cf 1er article : « Les hommes naissent et demeurent
libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être nées que sur
l’utilité commune »). Conséquence logique de cette affirmation : abolition des
privilèges.
Cf : article 6 (« La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit
qu’elle punisse »). D’ailleurs on ne trouve pas mention de libertés collectives
(liberté de réunion, d’association), on préserve l’aspect individuel.
• La propriété
= caractérisé comme étant un droit inviolable et sacré, cf : article 17 (« La
propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est
lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous
la condition d’une juste et préalable indemnité »).
CCL : Un texte d’inspiration libérale et individualiste.
2) La sacralisation de la loi
Elle ne se contente pas d’exposer des droits découlant du droit naturel. Elle traite
également de l’organisation politique devant être mise en place au service de ces droits et
libertés, du droit positif.
• Cf : article 2 : les droits doivent être « le but de toute association politique », ce
qui entraine certaines conséquences au plan institutionnel.
• Cf : article 16 : la DDHC pose le principe de la séparation des pouvoirs, comme
garantie de la pérennité des libertés proclamées.
Surtout, la DDHC est marquée par l’omniprésence de la loi : si elle adhère à l’idéologie du
droit naturel, on constate paradoxalement qu’elle est peut-être tout autant empreinte
d’une sorte de fascination pour la loi (au sens du droit positif = créé par les institutions
humaines et en vigueur dans les sociétés). Dès l’article 4 de la déclaration, la loi joue un
rôle tout à fait central puisqu’elle apparait comme un moyen de limiter, de poser des
bornes aux libertés. Ces limites ne peuvent être constatées que par la loi. Tout au long du
texte, la loi est ainsi évoquée comme le moyen de poser des limites aux droits consacrés
par la déclaration. Cf : article 17 (propriété = un droit inviolable et sacré, MAIS peut céder
sous la « nécessité publique »), ou encore article 7 (« Tout citoyen appelé ou saisi en vertu
de la loi doit obéir à l’instant, il se rend coupable par la résistance ») =contradiction avec
l’article 2 qui consacre le droit de résistance à l’oppression ? On retrouve une certaine
sacralisation de la loi, qui semble perçue comme ne pouvant en aucun cas constituer une
oppression, sous-tendue par l’idée que la loi ne peut pas mal faire (cf : Rousseau, volonté
générale).
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3) Les questions constitutionnelles en suspens
La loi est sacralisée, on lui confère le rôle de poser des limites aux droits et libertés
proclamés. Le problème se pose alors de savoir qui est compétent pour faire la loi ?
La DDHC apporte des éléments de réponse à cette question cruciale, même si elle
manifeste la difficulté nouvelle à laquelle se retrouvent confrontés les
révolutionnaires (quelle direction donner à l’entreprise révolutionnaire ?).
• L’article 3 (« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la
Nation. Nul corps, nul individu ne peut en exercer d’autorité qui n’en émane
expressément »). On retrouve ici l’idée de la souveraineté nationale, théorisée par
Sieyès, mais qui pose quelques difficultés dans sa mise en pratique : Qu’est-ce que
la Nation ?
= La Nation est soit une notion abstraite, soit une grande collectivité d’individus.
Dans les deux cas, il va de soi qu’elle ne peut pas elle-même exercer sa
souveraineté.
• L’article 6 (« La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le
droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation.
Elle doit être égale pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les
citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle
de leurs vertus et de leurs talents »). Il témoigne de l’hésitation des rédacteurs
entre démocratie directe et représentation. La 1ère phrase renvoie clairement à
Rousseau alors même qu’il est fait mention d’une représentation (pourtant
clairement exclue par ce dernier).
B. La Constitution de 1791
1) Le régime représentatif
Article 2, titre III : « La Constitution française est représentative ».
Volonté de rupture entre l’Ancien Régime et le constitutionnalisme. Tout a changé.
--En 1791 il y a bien un roi, mais ce n’est que parce que la Constitution l’a prévu. Il ne
s’agit plus d’un monarque de droit divin (une procédure de destitution du roi est d’ailleurs
prévue).
--Le régime est exclusivement représentatif. Les constituants de 1791 ont donc rejeté la
démocratie directe, accentué par le choix du mode de suffrage censitaire (seuls les
citoyens payant une contribution financière peuvent voter) et indirect (à 2 degré).
--Enfin, il est bon de signaler que la Constitution n’a pas été ratifiée par le peuple
puisqu’elle n’a pas fait l’objet d’un referendum. Le rejet de la démocratie directe est loin
de faire l’unanimité parmi les révolutionnaires, et ceux de gauche (montagnards, jacobins)
critiqueront beaucoup cette Constitution de 1791 (Cf : Robespierre dans son discours du 29
juillet 1792), en particulier la représentation en raison de ses dérives possibles (=
usurpation de la souveraineté par les représentants), et du risque d’une oligarchie
parlementaire.
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NB : La Constitution suivante fera quant à elle la part belle à la démocratie directe (SU,
mandats impératifs et pratiques référendaires).
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Ce régime n’a été inventé par personne : il est apparu progressivement, fruit d’une
histoire politique. Le meilleur exemple de cette évolution historique est le régime anglais.
Toutefois, il est bon de savoir que la Norvège, à la même époque, a connu une telle
évolution.
--Genèse du régime parlementaire : Le point de départ de cette évolution, c’est
l’irresponsabilité du monarque. A l’origine en effet, comme dans la plupart des Etats
européens, c’est le monarque qui gouverne et légifère. Ce roi tient sa légitimité de Dieu et
de la tradition. Dans ce contexte, toute idée de responsabilité politique du monarque n’a
pas de sens : il n’a de comptes à rendre qu’à Dieu. Mais à partir du XVIIe siècle, le
monarque anglais va être de plus en plus concurrencé par les barons, les seigneurs, qui se
réunissent en assemblée et vont de plus en plus prétendre disputer sa souveraineté au
monarque. Suite aux 2 guerres civiles, on dira en Angleterre que le roi en lui-même n’est
pas souverain, il ne l’est qu’en son Parlement (« king in Parliament »). Or la légitimité de
ce Parlement ne pouvant être la même que celle du roi (divine et issue de la tradition), ce
dernier va se reconnaitre une légitimité représentative. On assiste alors à l’affrontement
de deux légitimités incompatibles (droit divin/représentative), qui vont se manifester au
travers des 2 guerres civiles. Les 2 pouvoirs vont progressivement apprendre à coexister
pacifiquement. Pour cela, ils vont, avec la pratique politique, trouver le moyen de
résoudre leurs conflits autrement que par la guerre et la violence. Ce moyen réside dans le
cabinet du roi (= ses ministres). Ces ministres vont progressivement se détacher du roi,
s’autonomiser pour constituer un organe distinct de lui, et ainsi jouer le rôle de pièces
régulatrices dans les relations entre le roi et le Parlement. Légalement, le Parlement ne
peut pas destituer le monarque. En revanche, il est possible pour les parlementaires de
s’en prendre aux ministres, d’autant plus que ce sont eux qui vont contresigner les
décisions du roi (= les rendre exécutoires par la signature du ministre compétent). Dans
l’Angleterre du XVIIe siècle, on va utiliser pour cela une procédure pénale :
l’impeachment. Cette procédure a l’avantage pour le Parlement que les crimes et les
peines ne sont pas clairement établis et précisés. En conséquence, les ministres ne vont
dorénavant accepter de contresigner que les actes avec lesquels ils sont eux-mêmes
d’accord. Le contreseing des actes du chef de l’Etat par les ministres constitue ainsi la 2e
caractéristique du régime parlementaire. Progressivement, le pouvoir va passer du roi vers
les ministres, pouvoir et responsabilité allant de pair. La procédure d’impeachment ne
devient bientôt plus nécessaire, il suffira que le Parlement menace d’entamer la
procédure pour obtenir la démission du ministre (Cf : En 1742 = démission du ministre Lord
Walpole sur simple menace du Parlement). La responsabilité pénale va bientôt basculer
vers la responsabilité politique. La naissance du régime parlementaire sera achevée
lorsque le retrait de la confiance du Parlement entrainera non plus seulement la démission
individuelle, mais celle de tout le gouvernement de façon collective (= solidarité
ministérielle).
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Le régime parlementaire aurait pu se développer beaucoup plus tôt. La constitution de
1791 contenait déjà tous les ingrédients nécessaires, puisqu’elle prévoyait d’une part la
contresignature des actes du monarque par les ministres, la responsabilité politique du
monarque d’autre part, ainsi que la responsabilité pénale des ministres. En 1792,
l’assemblée législative reproche au ministre Delessart d’avoir manqué de fermeté à l’égard
de l’Autriche et menace de le faire condamner. Le ministre choisit alors de démissionner,
suivi collectivement par le cabinet du roi. Les régimes suivant se prêtant très peu à une
évolution vers le parlementarisme, le régime parlementaire n’a pu émerger qu’avec les
monarchies limitées.
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collaborateurs du roi, et semblent difficilement pouvoir former un gouvernement distinct
de lui. Les ministres sont certes responsables, mais il n’est pas précisé devant qui, et il
parait à l’époque évident qu’il s’agit d’une responsabilité vis-à-vis du roi.
Et pourtant, le régime parlementaire va se développer, et ce dès la Restauration. En effet,
le Parlement va trouver des moyens de pression sur le roi afin que ce dernier nomme un
gouvernement qui lui convient, et à l’inverse congédie un gouvernement qui ne lui plairait
pas :
- La pratique de l’adresse
- Le droit de pétition
= ministres sont sommés de s’expliquer devant le Parlement
- La discussion du budget
= A partir de 1817, émerge le principe de spécialité budgétaire qui signifie à
l’époque que les crédits (autorisation donnée au gouvernement de dépenser) vont
être donnés à chaque ministères séparément (donc occasion idéale pour critiquer
l’action de ces ministères, et moyen de pression considérable).
Ces différents moyens vont permettre au Parlement d’obtenir du roi la démission des
ministres dont l’action déplait aux parlementaires. Louis XVIII a bien compris la nécessité
de se plier à ce jeu pour pouvoir durer à la tête du pays, chose que n’avait pas saisie son
successeur Charles X, causant ainsi sa perte. Sous le Charte de 1830, l’évolution vers le
parlementarisme se poursuit. On assiste à l’apparition de nouvelles pratiques, telles que :
- L’interpellation
- La question de confiance
= un mécanisme particulier, car elle réside dans l’initiative ministérielle qui, par la
question de confiance, demande au Parlement de lui accorder sa confiance (si oui :
gouvernement en sortira renforcé, si non : gouvernement démissionne). Cela
manifeste la prise de conscience par le gouvernement qu’il est difficile de jouer
son rôle sans le soutien de la majorité parlementaire.
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alors qu’au même moment en Angleterre la reine Victoria s’effaçait de plus en plus au
profit du Parlement.
Les premiers régimes instaurés après les révolutions anglaise, américaine et française sont
des régimes représentatifs, mais il ne s’agit pas de régimes démocratiques.
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Cf : Bernard Malin, Principes du gouvernement représentatif = montre que les acteurs
politiques et penseurs de cette époque sont tout à fait conscients de cette différence
existant entre régime représentatif et démocratie, qu’ils ont même tendance à opposer, la
plupart d’entre eux ne souhaitant pas la démocratie. Cette distinction est aussi faite chez
les partisans de la démocratie : Rousseau considérait ainsi qu’un régime démocratique ne
devait pas être représentatif car « la volonté générale ne se représente pas ». Il va
qualifier les démocraties représentatives de « servitude du peuple ponctuée par des brefs
instants de liberté ». Les adversaires de Rousseau, favorables à la même époque à un
régime représentatif, sont d’accord avec lui sur ce point qu’ils ne prétendent absolument
pas instaurer une démocratie. C’est la raison pour laquelle on dit souvent que si l’on
instaure une démocratie représentative c’est à défaut de pouvoir rendre réalisable la
démocratie directe. En réalité, ces partisans de la représentation agissent par conviction
et ne sont pas du tout favorables à la représentation : Sieyès va jusqu’à justifier le régime
représentatif par la division du travail. Le rôle de majorité des citoyens est de produire
pour tous, et par conséquent l’exercice du pouvoir doit être confié à un petit nombre
d’individus qui constituent des professionnels de la politique. On est très loin de notre
époque où la professionnalisation de la vie politique est perçue comme un danger pour la
démocratie.
L’émergence de suffrage universel direct va changer la donne. Toutefois, il faut souligner
que l’émergence de ce mode de suffrage ne signifie pas la fin du régime représentatif : en
effet, la France n’a jamais connu de véritable régime de démocratie directe ou même
semi-directe (la Constitution de 1793 n’ayant jamais été appliquée). Le régime
représentatif s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui, le suffrage universel n’a permis que de
le démocratiser. Cf : la Suisse a un régime proche de la démocratie directe (échelon
fédérale mais aussi fédéré). Toutefois il existe en Suisse une différence entre la théorie et
la pratique, du fait d’une professionnalisation de la vie politique et de l’existence de
dérives causées par le désintérêt d’une part de la population. En France, cette émergence
d’est traduite par une instauration de régime représentatif, et c’est l’accession de
l’ensemble de la société au suffrage qui a permis l’avènement de la démocratie. On peut
penser à bien des égards que l’émergence des totalitarismes en Europe au début du XXe
siècle se comprend comme une forme de réaction de l’accession des masses populaires à
l’exercice du pouvoir.
Cette émergence politique des masses provoque des évolutions institutionnelles :
- une tendance (contemporaine) à aller vers une représentation proportionnelle.
Contre-exemples : l’Angleterre (bipartisme) et la France.
- Le déclin des chambres-hautes, à l’exception des Etats fédéraux
Cf : réformes en Irlande, en Italie, en Grande-Bretagne
Cette accession des masses à l’exercice du pouvoir politique pèse aussi sur le contenu des
politiques menées par les gouvernants. Sans le suffrage universel, les grandes législations
sociales du début du XXe siècle, puis l’avènement de l’Etat providence n’auraient sans
doute pas été possibles.
La date que l’on retient pour l’avènement universel (masculin) est celle de la proclamation
du suffrage universel par le décret du 5 mars 1848, suite à l’insurrection qui a mis fin à la
monarchie de Juillet. C’est à la fois tard et trop tôt dans l’histoire constitutionnelle...
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1848 = tard si l’on se remémore combien de temps les partisans du suffrage universel ont
attendu. L’idée démocratique ne date évidemment pas de 1848, elle couvre de nombreux
partisans parmi les révolutionnaires (les jacobins, rédacteurs de la Constitution de 1793,
qui supprimait le cens et adoptait le système du SU masculin, et a été approuvée par
référendum. Sur ce point, il y a une grande déception des révolutionnaires, car apparait
une abstention massive : très peu de gens ont voté en réalité. Les jacobins ont leur
explication : les Français ne sont pas prêts, il est nécessaire d’éduquer le citoyen à la
démocratie). Tout cela peut laisser à penser qu’il était peut-être un peu tôt pour le
suffrage universel, et suite à l’utilisation qu’en fera Napoléon l’hostilité face au suffrage
universel sera forte. Ainsi sous la Restauration, le suffrage est si censitaire que l’on peut
caractériser ces régimes comme de véritables ploutocraties (= type d’oligarchie où
règnent les plus riches). Le pouvoir est complètement verrouillé. La charte de 1814
constitue le triomphe de la théorie de l’électorat-fonction (= réservé à quelques-uns, les
plus aptes à l’exercer, ceux que Sieyès appellera citoyens actifs), par opposition à
l’électorat-droit. Donner le pouvoir aux propriétaires constitue en sorte de garantie de
stabilité politique. Pour accéder au suffrage à cette époque : être un ho 30 min et
acquitter un impôt direct de la somme de 300 francs. Il découle de ce suffrage censitaire
que l’électorat compte environ 100000 électeurs. De plus au cours du régime, est adoptée
la loi du 29 juin 1820 : elle instaure un système de double vote (dans chaque département,
le quart le plus fortuné des électeurs vote 2 fois). Sous la Charte de 1830, on assiste à une
évolution modérée : le 19 avril 1831 est votée une loi supprimant le double vote et qui
abaisse le cens (passe de 300 à 200 francs). Cela entraine un doublement du corps
électoral, mais la grande majorité de la population reste exclue de l’exercice du pouvoir
politique.
Au même moment en Angleterre (1832) est réalisée une réforme électorale qui augmente
considérablement le nombre des électeurs et permet une évolution démocratique du
régime. En France demeure une peur de démocratisation du régime, et plusieurs projets
de loi visant à élargir le corps électoral seront rejetés par le Parlement. CSQ :
- Cela entraine une forte homogénéité sociale des gouvernements, parce que forte
au niveau des représentants.
- Le débat politique est donc appauvri (manque de pluralité, d’opposition d’idées).
- La dynamique politique repose bien plus sur des rivalités personnelles que sur des
considérations idéologiques et politiques
- Corruption (cercle fermé où tout le monde se connait et appartient au même
milieu)
- Une large part de la collectivité des citoyens se trouve privée de voix, on trouve
une frustration chez ces citoyens empêchés de participer à l’exercice du pouvoir.
Cette frustration se traduit par des réunions et des manifestations (cf : banquets =
contourner l’interdiction de réunions politiques). C’est d’ailleurs l’interdiction d’un
banquet (cf : L’éducation sentimentale, Flaubert) qui va fréquenter l’insurrection
mettant fin au régime.
Le suffrage universel direct a donc mis du temps à venir : dès la Révolution on retrouve
des partisans du su, mais ceux-ci se heurtent à ceux qui, par crainte ou par intérêt,
refusent d’élargir le suffrage aux masses populaires. Toutefois, ne peut-on pas considérer
qu’il est arrivé trop tôt ?
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Cette insurrection de 1848 qui entraine la chute de la monarchie de Juillet ressemble un
peu à une réitération de la Révolution de 1789, avec toutefois d’importantes
dissemblances : autant la Révolution de 1789 était principalement bourgeoise, autant celle
de 1848 était principalement populaire (voire prolétaire). Ce soulèvement se termine par
la mise en place d’un gouvernement provisoire qui proclame la République, et par le
décret du 5 mars 1848 qui convoque les électeurs pour élire une assemblée constituante.
Surtout, ce décret proclame le suffrage universel direct (masculin). Pour la 1ère fois, on a
une participation tout à fait considérable aux élections (9 400 000 inscrits pour 7 800 000
votants).
La Constitution de 1848 : elle-même fait une large place au suffrage universel direct.
D’abord, parce qu’on a une assemblée unique dont les membres seront élus au su direct.
En outre, on retient aussi, bien qu’après de vifs débats, le suffrage universel direct pour
l’élection du Président de la République. Ironie de l’histoire : cette démocratie va très vite
se mettre à fonctionner contre elle-même.
B. La dérive plébiscitaire
Le 1er président de la République élu au suffrage universel direct = Louis Napoléon
Bonaparte, élu le … avec une majorité écrasante des voix. Les Français obtiennent le
suffrage universel et s’en servent pour donner le pouvoir à un Bonaparte qui ne rêve que
d’une chose : poursuivre « l’œuvre » impériale familiale. En effet la suite des évènements
va montrer que LN Bonaparte s’inspirera largement de l’utilisation que son oncle faisait du
suffrage universel direct (pour parvenir à ses fins = l’instauration d’une monarchie
héréditaire). Il se sert d’un référendum auquel il donne valeur de plébiscite. Ainsi la
consultation des Français pour ratifier la Constitution de l’an VIII, il était très clair qu’en
approuvant la Constitution c’était avant tout à Napoléon que les Français disaient oui. Par
la suite on sait très bien que l’Empire a été instauré par le biais de 2 plébiscites (en 1802,
puis en 1804). Ainsi, LN B va rapidement utiliser le suffrage universel contre la démocratie
elle-même : toute l’habilité politique de LNB est d’avoir su réaliser une sorte de grand-
écart politique, en séduisant tant les conservateurs que les masses populaires. Cf : les
journées de juin 1848, répression sanglante de l’insurrection ouvrière à Paris. C’est par
crainte du peuple que l’assemblée va, le 31 mai 1850, adopter une loi électorale qui va
sensiblement amender le suffrage universel direct (résidence dans une même commune
depuis 1 an au moins, devant être attestée par un impôt). CSQ : exclut tous les travailleurs
itinérants, et ceux qui ne payent pas d’impôts. Bonaparte en fait un véritable instrument
au service de ses ambitions politiques, en se plaçant en défenseur des droits du peuple.
Ainsi, le coup d’Etat du 2 décembre 1851 ne donne lieu qu’à une faible insurrection,
facilement réprimée, et le plébiscite qui permet à Louis Napoléon de se maintenir au
pouvoir sera adopté par une large part de l’électorat.
CCL : Le suffrage universel, pourtant très attendu, semble être survenu trop tôt : son
avènement correspond à l’échec de la IIème République. Sous la IIIème et la IVème
République, où le suffrage universel est maintenu, on retrouvera néanmoins une grande
méfiance vis-à-vis des pratiques référendaires et plébiscitaires. Avec le G de Gaulle, on
assistera à une résurgence du recours au referendum.
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Prusse. Certes une assemblée est convoquée, mais elle se prononce principalement sur
l’issue à donner au conflit. Les républicains = souhaitent la guerre / les monarchistes =
souhaitent la paix. L’assemblée = dominée par une majorité monarchiste (va jouer un
grand rôle dans l’instauration de la Commune de Paris en 1871, réprimée dans le sang).
Dès le départ, la priorité de l’Assemblée est donc la politique étrangère. Cette assemblée,
bien que dominée par une majorité monarchiste, est très divisée entre monarchistes (et
légitimistes/orléanistes), républicains (radicaux/conservateurs), socialistes et
bonapartistes. Jusqu’en 1875, c’est cette Assemblée qui va gouverner.
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C. La loi du 13 mars 1873 (ou « Constitution de Broglie »)
Loi du 13 mars 1873 = tentative d’empêcher Thiers d’exercer son influence sur
l’assemblée.
On va alors s’efforcer de limiter au strict minimum les possibilités du président de la
République de prise de parole à l’assemblée. Plus précisément, on prévoit qu’il ne puisse
plus monter à la tribune que pour certaines questions (politique étrangère). Surtout, il
s’agit de l’empêcher de débattre : on prévoit que s’il souhaite prendre la parole, il doit
adresser un message à l’Assemblée, laquelle doit suspendre ses travaux pour l’écouter,
après quoi les travaux seront levés. CSQ : pas de débats suite à ses interventions.
Thiers qualifiera ces mesures de « cérémonial chinois », et il va continuer à exercer son
influence par le chantage de démission. L’assemblée excédée finit par accepter sa
démission le 24 mai 1873.
La question du remplaçant : majoritairement monarchiste, l’assemblée penche pour une
nouvelle monarchie constitutionnelle. Cette Restauration apparait toutefois difficile car
les monarchistes sont déchirés entre légitimistes et orléanistes. En 1873, ce conflit semble
toutefois se résoudre, car le comte de Chambord, dernier de la branche des Bourbons, n’a
pas d’héritiers (donc : orléanistes = branche légitime). Dans l’attente de ce futur régime,
on trouve le remplaçant de Thiers dans la personne du général MacMahon (= un
monarchiste).
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Cet amendement va être adopté par l’Assemblée grâce à un accord entre le centre-droit
et le centre-gauche (monarchistes et républicains modérés). Aux termes de cet accord, les
députés du centre-gauche s’engageaient à revenir ensuite à une monarchie, en
contrepartie de quoi les centre-droite voteront l’amendement. Paradoxe : la IIIe
République est en quelque sorte née d’un malentendu, puisqu’elle a été créée en vue
d’une nouvelle Restauration.
Finalement, il n’y aura pas une seule loi constitutionnelle, mais bien 3. La Constitution de
1875 = en réalité composée de 3 lois constitutionnelles. Les monarchistes n’acceptent de
voter loi de Wallon qu’à la condition d’en voter une autre, instaurant un Parlement
bicaméral (pour les monarchistes, apparait comme une garantie institutionnelle d’un
retour à la monarchie, le bicaméralisme paraissant constituer un caractère de la
monarchie constitutionnelle lorsque l’on a affaire à un Etat unitaire). On vote d’abord la
loi du 24 février 1875 sur le Sénat, avant de voter celle du 25 février sur … Le 16 juillet
1875, est votée la dernière loi constitutionnelle relative aux rapports entre les pouvoirs
publics. C’est cet ensemble de lois que l’on appelle la Constitution de la IIIe République.
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SECTION 2- L’organisation des pouvoirs sous la IIIe République
Lorsqu’on examine l’organisation des pouvoirs, on ne peut qu’être frappé par sa proximité
avec le régime de la Ve République.
§1- Le Parlement
L’une de conditions posées par les monarchistes était l’instauration préalable d’un Sénat
conservateur, faisant du Parlement un Parlement bicaméral. Celui-ci se caractérise par une
égalité de pouvoir entre les 2 chambres (cf : bicaméralisme parfait).
B. Le sénat
Conformément au souhait des monarchistes, ce Sénat devait être une chambre
conservatrice. Il se caractérise par des membres peu nombreux (300 à 320). Ils ne sont pas
directement élus par le peuple, mais ils ne sont pas désignés par le chef de l’Etat comme
c’était le cas pour la chambre des pairs. Il est prévu que les 1ers sénateurs soient désignés
par l’assemblée constituante avant sa dissolution, puis se nomment entre eux par
cooptation (= ceux qui appartiennent déjà à l’organe nomment leurs propres successeurs,
renouvellement interne). Toutefois une partie de ces sénateurs sera élue mais au suffrage
indirect : ils sont élus par un collège électoral se réunissant au sein de chaque
circonscription départementale, composé des députés de la circonscription, des conseillers
généraux, des conseillers d’arrondissement, des délégués sénatoriaux élus par les conseils
municipaux. On peut formuler un reproche à cette pratique électorale : ce système
avantage largement les zones rurales, car il ne tient pas suffisamment compte de la
démographie. La plupart de ces sénateurs sont élus (seuls 75 sénateurs sont nommés par
cooptation à vie et inamovibles). En 1884, le Sénat fera l’objet d’une réforme, marquée
par 2 mesures :
- La suppression des sénateurs à vie (ceux qui le sont déjà le restent cependant)
- Instauration d’un nombre variable des délégués sénatoriaux en fonction de la
démographie des communes (mais en réalité insuffisant).
Sur le plan de l’organisation des pouvoirs : le Sénat se caractérise par une égalité avec
la chambre des députés : les sénateurs ont, tout comme les députés, un droit d’initiative
législative et d’amendement (= proposer des modifications à un projet déjà existant).
D’autre part les lois constitutionnelles prévoient que pour qu’une loi soit adoptée elle doit
avoir été votée dans les mêmes termes par la Chambre des députés et le Sénat (Csq :
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système de navette parlementaire). Le résultat de cette navette est qu’en pratique, de
nombreux projets de lois ne seront jamais adoptés du fait de l’opposition du Sénat. Cette
égalité des pouvoirs donne ainsi un pouvoir considérable au Sénat conservateur, qui peut
bloquer le processus législatif. Cette même égalité de pouvoirs se retrouve en matière de
contrôle du gouvernement : au début de la IIIe République, certains prétendaient que
seule chambre basse (puisque bénéficiant de la légitimité démocratique) pouvait renverser
le gouvernement. En réalité, les textes n’excluaient en rien le Sénat de ce pouvoir, qui
dans la pratique va se l’arroger. La seule différence entre les 2 chambres concerne la loi
de finance, qui doit d’abord être examinée par la chambre des députés.
Ce sénat va assez bien jouer son rôle de conservateur, en faisant obstacle à l’adoption de
nombreux projets de loi. Cela s’explique d’une part par l’âge minimum assez élevé pour
être sénateur (40 ans contre 25 ans pour les députés), d’autre part par la longueur des
mandats (les sénateurs sont élus pour 9 ans, avec un renouvellement par tiers tous les 3
ans). Attention : ne pas toujours considérer le conservatisme comme une chose négative, il
peut s’agir d’une garantie d’équilibre et de tempérance évitant de verser dans des excès
parfois regrettables.
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Conseil des ministres. Alors que les gouvernements sont très instables, le président est élu
pour 7 ans et a du fait de cette longévité une certaine influence. De plus, il faut
également nuancer l’idée selon laquelle le droit de dissolution est paralysé : certes il n’est
plus utilisé à partir de 1877, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne joue plus aucun rôle
dans la pratique politique (son existence, même simplement dissuasive, influe sur le jeu
politique).
§3- Le cabinet
Plusieurs parallèles ont déjà été établis entre la IIIe et la Ve République, parmi lesquels le
bicéphalisme de l’exécutif (chef de l’Etat et chef du gouvernement). Selon les lois
constitutionnelles, les ministres sont solidairement responsables devant les chambres de la
politique menée par le gouvernement, et sont également individuellement responsables de
leurs actes personnels. Selon la Constitution ils n’en sont pas moins nommés par le
Président de la République. On retrouve ainsi une forme du dualisme, déjà expérimentée
sous la monarchie parlementaire orléaniste. Toutefois, à partir de 1879, la pratique
constitutionnelle voudra que le Président se borne à désigner une personne, qui va
nommer à son tour les membres du cabinet. On assiste alors à la naissance d’une
institution nouvelle, le Président du Conseil (qui se rapproche du 1er ministre aujourd’hui),
qui n’est pourtant pas prévue par les textes constitutionnels. Cela s’explique par la
nécessité pour la majorité parlementaire du pouvoir identifier un chef des ministres qui
soit, au contraire du Président de la République, responsable politiquement devant elle.
Cette institution née de la pratique va bientôt paraitre indispensable, incontournable bien
que non mentionnée par les textes constitutionnels. On peut alors parler d’une véritable
coutume constitutionnelle. De plus ce Président du Conseil ne peut pas être considéré
comme un élément accessoire du régime : en atteste la fin du régime, lorsqu’est nommé
le maréchal Pétain.
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appartient à la fois au Président de la République et aux chambres (toutefois les projets de
lois sont le plus souvent élaborés par les ministres). Enfin, le Président est doté d’un
pouvoir réglementaire d’application des lois : il est donc très souvent amené à intervenir
pour compléter et préciser les textes législatifs.
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abandonné aux mains de l’assemblée, et l’existence de ce droit renforce l’idée que
la IIIe République est un régime parlementaire dualiste (= le gouvernement dépend
du Parlement et du chef de l’Etat).
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choses : d’une part l’usage que MacMahon a fait de cette dissolution (= un précédent
fâcheux), puisqu’il s’en est servi dans le but de maintenir artificiellement un
gouvernement qui ne correspondait pas à la majorité parlementaire. D’autre part, un
facteur juridique explique également cette paralysie du droit de dissolution : cette
bizarrerie constitutionnelle selon laquelle le droit de dissolution ne peut s’exercer qu’avec
l’accord du Sénat (car le place dans une situation délicate). Cette paralysie sera durable,
car à compter de la déclaration de Grévy, elle ne sera plus jamais utilisée.
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• Cela favorise le clientélisme politique : les gouvernements sont souvent plus là pour
servir l’intérêt de groupes de pression plutôt que l’intérêt général.
• Cela entraine une détérioration de la qualité de la fonction législative : de
véritables programmes législatifs ancrés sur le long terme ne peuvent pas être
entrepris.
Les hommes politiques de l’époque n’ont pas tardé à prendre conscience de ce problème :
--Dès 1890, on cherche à rationaliser le parlementarisme. Même des républicains de
gauche (cf : Gambetta et Ferry) iront jusqu’à plaider pour une réhabilitation du droit de
dissolution, sans succès.
--On songe également à renforcer la fonction présidentielle face au Parlement, en
instaurant l’élection du Président de la république au suffrage universel direct. Cette idée
ne sera jamais réalisée, craignant une dérive similaire à l’élection du Président sous la
IIème République.
En réalité, des circonstances particulières vont former un contexte favorable au
renforcement de l’exécutif. A président de la République Raymond Poincaré va alors être
amené à prendre plusieurs décrets qui empiètent sur les compétences du Parlement. En
effet, le pouvoir règlementaire du Président sous la IIIe République se limite en principe à
des décrets d’application. Sous la 1ère GM, le président va toutefois commencer à prendre
des décrets à titre initial. Cette pratique sera validée par le Conseil d’Etat, cf : arrêt
Heryès 1918 (= admet que le Président de la République avait pu légalement suspendre
l’application d’une loi en raison des circonstances de la guerre + considère que le pouvoir
exécutif ne se limite pas à l’application stricte des lois, mais consiste plus généralement à
assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics en toute circonstance). Cf :
Maurice Hauriou va repérer cet arrêt Heryès considérant que le Conseil d’Etat a enfin
compris la vraie nature du pouvoir exécutif, qui est de faire fonctionner l’administration. A
la fin de la guerre, on va expérimenter une pratique nouvelle, celle des décrets-lois. Cf :
loi du 10 février 1918, qui donne au gouvernement les pleins pouvoirs en matière de
ravitaillement. Par de simples règlements, le pouvoir exécutif peut alors, de façon
temporaire, prendre toute mesure qui lui parait utile en la matière.
Après la guerre, le gouvernement va à nouveau réclamer de tels pouvoirs, notamment en
matière économique. Dans un 1er temps, le Parlement s’y oppose. Mais en 1924, Poincaré
(alors président du Conseil) obtient, après d’âpres débats, la faculté de prendre de tels
décrets-lois en matière économique par la loi du 22 mars 1924. Cette pratique va alors se
banaliser et va apparaitre comme l’expédiant habituel pour surmonter les blocages
institutionnels qui découlaient du mauvais fonctionnement du régime parlementaire.
Attention : les décrets lois ne consistent pas à donner les pleins pouvoirs au gouvernement,
ils sont soumis à une procédure particulière :
1) La loi d’habilitation : pour que le gouvernement puisse agir dans le domaine
réservé du législateur, il faut qu’il soit autorisé par une loi d’habilitation votée
par le Parlement, qui comprend 2 éléments. D’une part elle fixe les matières
dans lesquelles le gouvernement va être habilité à décider, d’autre part elle
pose deux délais : celui au cours duquel le gouvernement est habilité à prendre
des décisions, puis celui au cours duquel le gouvernement doit déposer un
projet de loi de ratification
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2) Dans le cadre de cette habilitation, le gouvernement prend les mesures qu’il
estime nécessaires. MAIS: ce n'est pas parce que ces mesures interviennent dans
le domaine de compétences du Parlement qu’il s’agit de lois pour autant. En
effet, dès un arrêt « compagnie des chemins de fer de l’est » de 1907, le
Conseil d’Etat décide que le critère qui prévaut n’est pas le critère matériel
mais le critère organique. Dès lors, dans la mesure où ils sont adoptés par le
gouvernement (Président de la R avec contreseing ministériel), ces décrets-lois
restent des règlements. En conséquence, le contrôle du CE sur ces décrets-lois
est parfaitement possible, les recours en excès de pouvoir sont possibles, et
l’annulation par le CE est tout à fait envisageable s’ils ne respectent pas la
procédure prévue tant que la ratification législative n’est pas intervenue.
3) Les décrets-lois doivent enfin être ratifiés par le Parlement. Dès lors : soit le
projet de loi de ratification est déposé et voté par le Parlement (ratification des
décrets-lois, qui deviennent alors de véritables lois à l’abri de tout recours
juridictionnel), soit le projet de loi n’est pas déposé ou bien est rejeté par le
Parlement auquel cas les décrets-lois deviennent caduques (= sont
automatiquement abrogés).
Q° : Ces décrets-lois peuvent-ils être considérés comme constitutionnels ?
En 1ère analyse, on pourrait être tenté de croire que ces décrets-lois sont
inconstitutionnels, puisque le seul pouvoir règlementaire prévu par les textes est un
pouvoir règlementaire d’application. Toutefois, si elle n’est pas expressément prévue,
cette pratique n’est pas non plus expressément interdite. De toute façon, la question reste
éminemment théorique, puisque le Conseil d’Etat n’est pas compétent pour contrôler la
constitutionnalité des lois. Il n’existe aucun organe chargé d’effectuer un tel contrôle et
par conséquent personne n’est compétent pour dire si une loi d’habilitation méconnait ou
respecte les textes constitutionnels. Cette pratique a été reprise dans la Constitution de
1958 sous l’appellation d’ordonnances (cf : article 38).
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décider de la mission exacte dont sera investie l’assemblée nouvellement élue. Ce
référendum comporte en réalité non pas une mais deux questions :
- « Voulez-vous que l’assemblée élue à ce jour soit constituante ? »
- Savoir si dans l’affirmative les Français souhaitent que les pouvoirs publics soient
organisés provisoirement en conformité avec un projet de loi annexé à la question.
Par la 1ère question il s’agit de savoir si les Français souhaitent une nouvelle Constitution,
ou s’ils souhaitent revenir au régime de la IIIè République. Le OUI l’emporte avec une très
large majorité, manifestant le désir des citoyens d’en finir avec la IIIè République (96%).
La 2è question obtient également une grande majorité de OUI (2/3). Le projet de loi
annexé à cette question comportait en réalité 2 aspects : d’une part il s’agissait
d’instaurer une sorte de régime provisoire (ce qui permettait de légaliser le régime de fait
qu’avait été le comité de libération). D’autre part, il s’agissait d’encadrer le travail
constituant de l’assemblée nouvellement élue : celle-ci ne sera pas souveraine, devra
respecter ce cadre constitutionnel car son mandat donné par référendum par le peuple est
un mandat encadré par des contraintes d’ordre formel et procédural. En effet, le mandat
de l’assemblée est soumis à un encadrement temporaire : il prendra fin soit au jour de
l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, et au plus tard 7 mois après sa première
réunion. Deuxièmement, il est prévu que la nouvelle Constitution devra obligatoirement
être ratifiée par référendum. Il s’agit là d’un système tout à fait particulier, qui semble
donner de bonnes garanties démocratiques. Ce mandat limité va s’avérer tout à fait
déterminant, puisque le 1er projet élaboré par l’assemblée sera rejeté par le référendum
du 5 mai 1946.
Q° : Pourquoi ce rejet ?
• Le projet semblait de façon générale instaurer un régime d’assemblée. Un
Parlement monocaméral (= assemblée unique) était notamment prévu. D’autre part
l’essentiel du pouvoir exécutif était exercé par le Président du Conseil, élu par
l’assemblée.
• Le projet entendait instaurer une nouvelle déclaration des droits devant se
substituer tout bonnement à la DDHC de 1789. On envisageait de reprendre certains
éléments, pour l’adapter au contexte
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économiques et sociaux. on change ici de méthode: on n'abandonne pas l’idée de
proclamer une nouvelle génération de droits (d’inspiration plus interventionniste et
socialiste), sans toutefois chercher à remplacer la DDHC de 1789). Les nouveaux
droits :
o Principes d’ordre social
o Egalité homme/femme
o Droit à l’emploi
o Droit d’obtenir des moyens de subsistance
o Protection de la santé
o Droit au repos et au loisir
o …
Ces droits sont appelés droits-créances. Ces prestations sont considérées non
seulement comme un droit pour les citoyens, mais comme obligatoires pour l’Etat.
On trouve également des principes économiques, la liberté syndicale, le droit de
grève et même la participation des travailleurs à la détermination collective des
conditions de travail. On trouve encore des principes qui rejettent le colonialisme
en affirmant leur droit à l’autodétermination. Enfin, certains principes visent la
position de la France dans l’ordre juridique international, avec notamment la
soumission de la France aux règles internationales politiques.
A. L’assemblée nationale
Cette assemblée nationale comprend 627 membres élus pour 5 ans au suffrage universel
direct. Le mode de scrutin est proportionnel (au départ). Cette assemblée nationale vote
la loi, et peut avoir le dernier mot sur le conseil de la République. En outre, seule
l’assemblée nationale peut renverser le gouvernement : soit par une motion de censure,
soit en rejeter la question de confiance.
B. Le conseil de la République
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C’est la chambre haute du Parlement : il comprend 250 à 300 membres. Comme le Sénat
sous la IIIe République, le conseil de la République est élu au suffrage universel indirect
(cf : représentants des circonscriptions locales). On parle de bicaméralisme imparfait
parce qu’il n’y a pas d’égalité de pouvoir entre l’AN et le CR. Ils ne sont placés sur un pied
d’égalité que pour l’élection du Président de la République. Du reste, le CR est en position
d’infériorité.
Cf :
• En matière législative : c’est l’assemblée qui est saisie en première. C’est
seulement une fois que l’Assemblée nationale a délibéré que le Conseil de la
République peut délibérer à son tour et proposer des modifications. En cas de
modifications proposées par le Conseil de la République, le texte fera l’objet d’une
seconde lecture par l’Assemblée nationale qui adoptera le texte sans tenir
obligatoirement compte des modifications proposées. Il n’y a donc pas de navette
parlementaire, le Conseil de la République étant cantonné à un rôle consultatif.
Toutefois la Constitution sera révisée en 1954 : d’une part, le Conseil de la
République obtient le droit de délibérer le 1er sur ses propres propositions, d’autre
il obtient une petite navette parlementaire qui dure au maximum 100 jours.
• En matière de contrôle du gouvernement
• En matière de révision constitutionnelle :
= seule l’Assemblée nationale a l’initiative de la révision par une résolution devant
être adoptée à la majorité absolue. Elle a ensuite le choix soit de transmettre au
Conseil de la République, soit de procéder elle-même à une nouvelle lecture auquel
cas le Conseil de la République ne pourra pas se prononcer.
C. Le Comité constitutionnel
Il s’agit d’un organe chargé de réaliser une sorte de timide contrôle de constitutionnalité
des lois. Ce Comité constitutionnel est présidé par le Président de la République, les
président de l’Assemblée nationale et du Conseil de la République. Il est composé de 7
membres élus par l’Assemblée nationale, et de 3 membres élus par le Conseil de la
République.
Pour qu’il soit saisi, il faut une demande conjointe du Président de la République et du
Président du Conseil de la République. Le contrôle qu’il peut être amené à exercer ne
débouche pas sur une censure de la loi, mais sur une demande faite à l’assemblée
nationale de procéder à une 2ème lecture du texte. Si l’assemblée persiste à vouloir
adopter le texte, le comité ne peut que décider qu’une révision préalable de la
Constitution devra être effectuée.
Ce comité constitutionnel ne sera amené à se prononcer qu’une seule fois, en 1948.
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A. Le Président de la République
Il est élu pour 7 ans par les deux chambres réunies en congrès, par un vote à la majorité
absolue des suffrages exclusifs.
Il est irresponsable, sauf pour haute-trahison. Beaucoup de pouvoirs importants
(notamment le pouvoir règlementaire) sont désormais confiés au président du conseil.
Certes, il lui reste quelques pouvoirs non négligeables, le plus important d’entre eux étant
le droit de demander une 2e délibération de la loi à l’assemblée nationale, que cette
dernière ne peut pas refuser. En réalité, les présidents successifs de la Ive en feront très
rarement usage, et principalement pour corriger des erreurs de plume. Il ne s’agit jamais
de pouvoirs propres. En effet l’exercice de ses pouvoirs est toujours soumis au contreseing
ministériel. Attention, il ne faut pas pour autant en déduire que le Président de la
République n’a aucune influence politique. Toutefois son effacement se fait largement au
profit du Président du Conseil.
B. Le président du Conseil
Née sous la pratique (origine coutumière) cette institution voit son existence consacrée
par la Constitution de 1946. Celle-ci dispose que sa nomination est effectuée par le
Président de la République. Toutefois, ce pouvoir de domination est tout relatif, car son
investiture doit se faire par un vote de l’Assemblée nationale. Le Président de la
République ne peut ainsi faire autrement que de nommer une personnalité politique dont
il sait qu’elle conviendra à l’Assemblée nationale. Ce pouvoir de nomination ne tend ainsi
qu’à devenir un pouvoir de proposition.
L’autre effet de ce vote d’investiture par l’Assemblée nationale, c’est qu’il met le
Président du Conseil sur le devant de la scène politique : il devient le porteur d’une
politique approuvée par l’Assemblée, et fait figure d’homme fort du régime. C’est ce que
confirme la prise en considération de ses pouvoirs. Tout d’abord, il reçoit des pouvoirs qui
appartenaient auparavant au PR :
- C’est lui qui a l’initiative des lois
- C’est lui qui est chargé de leur exécution et à ce titre exerce le pouvoir
règlementaire
- Il assure aussi la direction des forces armées
- Enfin, c’est lui qui a le pouvoir d’engager la responsabilité politique du
gouvernement devant l’AN en posant la question de confiance
Ainsi, loin d’aller à contre-courant de la IIIe République, la IVème République grave dans le
marbre constitutionnel la pratique constitutionnelle qui s’était développée sous la IIIe
République.
C. Le cabinet
Il se compose de ministres nommés par le Président de la République mais choisis par le
Président d Conseil, après que celui-ci a obtenu l’investiture de l’assemblée nationale.
• Comme sous la IIIe république, ces ministres ne sont pas obligatoirement choisis
parmi les membres des deux assemblées, mais le sont très souvent en pratique, et
ont dans tous les cas accès aux Assemblées dès qu’ils le demandent.
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• Comme sous la III, les ministres sont collectivement responsables de la politique du
gouvernement, et indirectement responsables de leurs propres actes. Toutefois, on
relève une différence notable entre la responsabilité politique sous la IIIe et la IVe :
désormais le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale seule.
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--D’autre part, l’exécutif est totalement soumis au Parlement. On a vu que le PR,
dont les pouvoirs sont fortement diminués, est désigné par le Parlement. Quant au
PC, il doit être investi par l’assemblée nationale. On voit donc bien que cette
Constitution renoue et approfondit le déséquilibre politique en faveur du
Parlement. Cela s’explique en partie par l’influence politique des communistes (cf :
rôle dans la résistance). Cette inféodation s’explique plus largement par la peur de
l’expérience impériale (cf : plébiscites napoléoniens, élection du président sous la
IIe République).
CCL : Au départ, le régime affiche une apparence de stabilité. En réalité elle s’explique
par le contexte politique qu’on a appelé tripartisme. Toutefois, dès 1947 avec les débuts
de la guerre froide, ce tripartisme va s’effriter : le NRP et la SFIO vont couper les ponts
avec le PC, et tenter de compenser cette rupture avec d’autres partis politiques
(notamment les radicaux). Mais il faut également compter avec une autre force, qui tire
profit de la situation = le parti gaulliste (RPF). On retrouve une forte instabilité
gouvernementale : en 12 ans se succèdent pas moins de 22 gouvernements, d’une durée de
survie maximale d’1 an et 4 mois. Csq : détérioration de la qualité du travail législatif,
difficultés à mettre en œuvre un programme politique cohérent, difficulté à prendre des
décisions rapides et efficaces.
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• Les lois du 11 juillet 1953 et du 14 août 1954 donnent au gouvernement le pouvoir
de prendre dans toute une série de domaines de mesures générales à titre initial,
pendant un certain délai. Il s’agit donc de la renaissance des décrets-lois, dont les
conditions sont quasi les mêmes que sous la IIIème République. Cette fois
cependant, on est en contradiction tout à fait flagrante avec la Constitution. Mais
comme en vertu de la théorie de l’écran législatif, le Conseil d’Etat ne maitrise pas
cette inconstitutionnalité, et il n’existe pas d’organes en mesure de censurer cette
inconstitutionnalité.
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Le 13 mai 1958 à Alger, une manifestation pour l’Algérie française tourne à l’insurrection.
Des militaires repoussent les autorités civiles et prennent leur place (= putsch). Le pouvoir
exécutif, au lieu de réagir, démissionne. Le putsch algérois contamine la Corse, à partir de
laquelle les militaires comptaient envoyer des parachutes sur Paris. On s’approchait donc
bien d’un contexte de guerre civile. Pour mettre fin à cette situation, le général De Gaulle
se dit le 15 mai « officiellement prêt à assumer les responsabilités … », et est nommé
quelques jours plus tard par le Président de la République René Coty. Aussitôt après son
investiture, il fait voter une loi constitutionnelle qui modifie la procédure de révision, en
vue d’élaborer une nouvelle constitution.
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--Quant aux conditions de forme :
- L’avant-projet de constitution devra être soumis pour avis à un organe prévu à cet
effet : le comité constitutionnel.
- Le projet de Constitution devra alors être soumis à un nouvel avis, émanant cette
fois du Conseil d’Etat (= sorte de conseiller juridique de l’exécutif)
- Enfin, la Constitution devra pour entrer en vigueur être ratifiée par le peuple au
moyen d’un référendum
Q° : Quelle analyse faire de cette initiative de DG qui s’éloigne des conditions prévues
par la loi ?
On constate tout d’abord que De Gaulle fait intervenir des experts (hauts-conseillers
d’Etat, techniciens du droit) = exempts de toute ambition politique. Il évite également les
négociations en limitant les membres du gouvernement auxquels sera soumis le projet.
Csq : cohérence du projet.
Le 1er aout 1958 = le projet de Constitution est examiné par le conseil consultatif composé
de représentants du Parlement. Toutefois, ce comité n’a qu’une voix consultative et rien
n’oblige le gouvernement du général DG à reprendre les propositions de modification
formulées par ce comité.
Les grands points de débat :
• Le rôle du Président de la République : depuis son discours de Bayeux, le général
De Gaulle défend la vision d’un président de la République qui soit fort et rendu
suffisamment indépendant du Parlement pour pouvoir se placer au-dessus du jeu
des partis, et des « luttes partisanes ». La proposition de DG est simple : le
Président de la République ne doit plus être élu par le Parlement, et doit pouvoir
faire appel au peuple par deux moyens (d’une part un droit de dissolution qui soit
bien effectif, d’autre part le référendum législatif qui dans l’esprit de DG doit
permettre de faire adopter des lois acceptées par le peuple mais refusées par le
Parlement). Toutefois, ces mesures heurtent l’esprit républicain et réveillent
d’anciennes craintes.
• Le statut des membres du gouvernement : De Gaulle sait très bien que les
Français sont attachés au régime parlementaire. Il n’est donc pas question
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d’instaurer un régime présidentiel à l’américaine. De l’autre côté, même les
opposants du général De Gaulle conviennent qu’il faut en finir avec l’instabilité
gouvernementale et qu’il est de ce fait nécessaire de rationaliser le régime
parlementaire, notamment en rendant plus difficile l’engagement de la
responsabilité politique du gouvernement. En revanche, un point fait débat : DG
souhaite couper tout lien organique entre le Président de la République et les
assemblées. DONC : il ne veut plus de vote d’investiture, et surtout il veut instaurer
une incompatibilité entre les fonctions de ministre et de parlementaire. Or, cela va
frontalement à l’encontre de la tradition parlementaire selon laquelle les ministres
émanent des chambres.
En réalité le comité n’a eu que peu d’observation à faire, et ces dernières furent presque
toutes reprises par le général de Gaulle. Ainsi, le référendum sera par exemple beaucoup
plus encadré que ce qu’il souhaitait à l’origine. Toutefois, il ne cède pas sur la question de
l’incompatibilité entre les fonctions de ministre et de parlementaires.
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Conseil constitutionnel qui va vérifier avant leur promulgation la conformité des lois à la
Constitution. NB : Tel qu’il est conçu au départ, il n’a pas du tout le rôle de gardien des
libertés qu’on lui attribue aujourd’hui : à l’époque il s’agit plus d’un « canon braqué sur le
Parlement », et il constitue pour l’exécutif un moyen de contrôler et censurer les lois
votées par le Parlement.
Ce projet initial semble cohérent. Et pourtant, la Ve République a subi d’emblée une série
de réformes importantes.
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mécanismes destinés à rationaliser le régime parlementaire tendent à empêcher
l’Assemblée nationale de se servir de la responsabilité politique du Gouvernement
sous la Ve République pour entraver l’action présidentielle. Csq : un seul
gouvernement est tombé sous la Ve République, en 1962 par une motion de censure
(gouvernement Pompidou).
• Cette tendance à la prépondérance présidentielle sera amplement adoptée par De
Gaulle dans sa pratique du pouvoir : sa conception de la fonction présidentielle va
bien au-delà du rôle d’arbitre octroyé par la Constitution.
o On le voit rien qu’à la manière dont DG nomme les ministres, notamment le
Premier ministre : il va rapidement s’arroger le droit de leur révocation,
alors que l’article 8 dispose que les fonctions de ce dernier doivent prendre
fin « sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement ». On
assiste presque à un retour d’une pratique orléaniste du régime
parlementaire (dualiste, où le chef de l’Etat est présent sur la scène
politique).
o De même, on le voit à sa pratique du plébiscite : de 1959 à 1969, se
succèdent ainsi 4 référendums, à travers lesquels le général De Gaulle met
en jeu sa responsabilité politique. Dans l’esprit du général De Gaulle,
l’élection du Président de la République au suffrage universel implique en
effet une responsabilité de ce dernier (cf : René Capitant = « de même qu’il
y a un régime parlementaire où le gouvernement est responsable devant le
Parlement, on pourrait dire qu’il y a un régime populaire où le Président de
la République est responsable devant le peuple »). C’est ainsi qu’avec
l’échec du référendum de 1969, le général décide de démissionner.
(attention : césarisme napoléonien ?)
o Enfin, on le voit au fait que dès le début de la Ve république, l’Elysée se
dote d’importants services administratifs, qui s’étoffent et grandissent. Le
Président dispose d’une administration forte et compétente, ce qui montre
que la fonction présidentielle suppose désormais de suivre les politiques
mises en œuvre par les différents ministères. Cf : technocratisation du
régime. Cela s’explique par l’évolution du rôle dévolu à l’Etat : à partir de
la fin de la guerre, on assiste au développement de l’Etat providence, qui a
des missions de plus en plus nombreuses et techniques.
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Cf : G. Pompidou = présidentialisme très assumé (certains historiens parlent d’ «
absolutisme pompidolien »). C’est lui qui va faire un certain nombre de choix politiques
économiques fondamentaux (= privilégier les grandes entreprises), établir les plans
définitifs du musée à son nom.
Cf : V. Giscard-d’Estaing, alors même que ce dernier affichait la volonté de s’écarter de
cette pratique présidentialiste.
Cf : François Mitterrand, a longtemps fait la critique du régime dont il se présentait
comme un farouche opposant. Pourtant le lendemain de son élection, il tient une
conférence de presse au cours de laquelle il déclare que « le 1er ministre et les ministres
doivent exécuter la politique déterminée par le Président de la République ».
Cf : Jacques Chirac, présidentialisation moins marquée. En effet, 1ère partie de son mandat
= marquée par la cohabitation.
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• De 1993 à 1995 : Mitterrand est toujours président, et c’est Balladur qui dirige le
gouvernement.
• De 1997 à 2002 : Chirac est chef de l’Etat. Dissolution de l’assemblée = Jospin (1er
secrétaire du parti socialiste) devient 1er ministre.
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doit voter. Soit elle l’admet sans discuter dans son intégralité, soit elle le refuse
entrainant la démission du gouvernement).
L’un des points les plus importants de la révision de 2008 a précisément été de tenter de
restaurer le rôle du Parlement, notamment en limitant l’utilisation de l’article 49 alinéa 3
à une par session parlementaire (sauf pour les projets de loi de finance et de financement
de la Sécurité sociale).
Plus fondamentalement, on peut se demander si ce fait majoritaire n’entraine pas un
changement de la logique même du régime parlementaire, qui repose sur une tension
entre l’exécutif et le Parlement. Avec le fait majoritaire, cette responsabilité politique
devient assez symbolique, et quasi illusoire. La dynamique semble plus se situer dans les
rapports entre majorité et opposition. La révision constitutionnelle de 2008 a notamment
doté l’opposition d’un certain statut : il est désormais possible de certaines commissions
d’enquête, …
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§4 - L’intégration européenne
La 4ème évolution de la Ve République, et certainement la plus importante, c’est son
inscription à l’UE. C’est une organisation régionale très différente des organisations
internationales classiques. Il en va notamment ainsi sur 3 point :
1) Le transfert de compétences, auquel les Etats doivent consentir.
Ex : aujourd’hui, la banque de France n’a aucun ordre à recevoir du gouvernement
(cf : traité de Maastricht).
2) Les Etats continuent à jouer leur rôle décisionnel au sein de l’union, même si leur
adhésion à l’UE entrave leur souveraineté
Cf : le Conseil des ministres (composé de représentants des gouvernements
nationaux). Dorénavant, la règle est tout d’abord la décision à la majorité au sein
du Conseil des ministres, mais aussi celle de la codécision. Csq : un Etat membre
peut se voir imposer une décision à laquelle il n’a pas consenti. Il en découle à
l’évidence une conséquence qui va à l’encontre d’un principe de cette forme
politique qu’est l’Etat : celui de la souveraineté. Au demeurant, le Conseil
constitutionnel, lorsqu’il a été questionné sur la question de savoir si la ratification
du traité de Maastricht nécessitait une révision constitutionnelle, a répondu par la
positive, estimant que le traité portait atteinte à diverses dispositions
constitutionnelles (cf : décisions Maastricht 1 et Maastricht 2). Ainsi aujourd’hui, la
Constitution comprend un titre XV dans lequel il est admis que la France participe
à l’Union européenne. NB : ce titre mentionne précisément le traité auquel la
Constitution s’est adaptée (sorte de verrou, la France ne se plie pas de façon
systématique aux révisions constitutionnelles). En découle incontestablement que
l’organisation de l’UE porte atteinte au principe de la souveraineté.
3) La primauté du droit de l’UE
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Au plus tard 37 jours avant le scrutin, chaque candidat transmet ses propositions au
Conseil constitutionnel et les noms sont publiés au JO. Les candidatures sont alors
officielles.
Au 2ème tour : seuls 2 candidats restent en compétition, ce qui renforce l’autorité du
Président de la République puisqu’il aura nécessairement été élu à la majorité absolue des
voix.
1) La durée du mandat
Elle était initialement de 7 ans et a été réduite à 5 ans par le référendum du 24 septembre
2000 sur le quinquennat. Outre le souci réel d’éviter les cohabitations, l’objectif était de
faire en sorte que le peuple soit amené plus souvent à renouveler le mandat du Président
de la République et ainsi à se prononcer plus rapidement sur la politique menée par ce
dernier. Pour cette raison même, on peut estimer que ce mandat plus bref accentue
encore davantage la présidentialisation du régime.
Les cas dans lesquels le mandat prend fin prématurément : on distingue la vacance de
l’empêchement.
- La vacance = il n’y a plus de Président (décès, démission, destitution). Dans ce cas-
là, de nouvelles élections sont organisées dans un délai de 20 à 35 jours.
- L’empêchement = le Président n’est plus en état d’exercer ses fonctions, et ce de
façon définitive. C’est alors au gouvernement qu’il revient de demander au Conseil
constitutionnel de constater l’empêchement à la majorité absolue de ses membres.
Les électeurs auront ensuite lieu dans un délai de 20 à 35 jours.
Pendant les jours qui séparent la vacance ou l’empêchement des élections, c’est le
Président du Sénat qui assure les pouvoirs du Président. Cf : démission de De Gaulle, décès
de Pompidou.
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- Décision du 22 janvier 1999 du Conseil constitutionnel, saisi de la question de savoir
si le traité portant statut de la cour pénale internationale nécessitait avant
ratification une révision de la Constitution, étant donné qu’il prévoit que les
immunités du Président ne peuvent pas faire obstacle aux poursuites. Réponse du
Conseil constitutionnel : pour les actes commis dans le cadre des fonctions
présidentielles, l’immunité est claire (pas de révision). Pour les actes commis hors
des fonctions présidentielles, le Conseil constitutionnel décide que les dispositions
de l’article 66 s’étendent aux actes présidentiels accomplis hors de ses fonctions :
le Président de la République est irresponsable et ne peut être jugé que par la cour
internationale de justice et par la Haute-cour pour haute-trahison. Csq : sur le plan
juridique il n’y a pas immunité pénale, mais privilège de juridiction. Cela pose un
problème d’ordre éthique : si le mandat est renouvelé, risque que les faits soient
prescrits.
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Remarque :
« Le manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son
mandat » = vise non seulement actes accomplis dans les fonctions mais également des
actes commis hors des fonctions, lorsque leur nature ou leur gravité est incompatible avec
les fonctions présidentielle
Il semble s’agir plus d’une responsabilité politique que pénale = car la Haute-cour est un
organe politique, et la sanction est la destitution (sanction politique). De plus, rien ne lui
interdit de se représenter aux élections. Cf : Olivier Beaud = il est inexact de parler d’un
impeachment à la française, il s’agirait presque de l’inverse. Aux USA, l’impeachment est
une responsabilité pénale qui sert de soupape à l’irresponsabilité politique du
gouvernement. En France, au contraire, on a une responsabilité politique qui sert de
soupape à l’irresponsabilité pénale.
1) La fonction présidentielle
Cette fonction est décrite à l’article 5, selon lequel « Le Président de la République veille
au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des
pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat. Il est le garant de l’indépendance
nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ».
Le rôle de gardien de la Constitution apparait aujourd’hui tout à fait désuet au vu de
l’existence du Conseil constitutionnel, le terme essentiel parait donc être celui
d’arbitrage. (Cf : discours de Bayeux en 1946). A partir de 1962, le général De Gaulle
n’aura aucun complexe à rompre avec le discours de Bayeux pour s’affirmer comme seul
« à détenir et déléguer l’autorité de l’Etat ».
« Garant de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et du respect des traités » : le PR
apparait comme ayant une responsabilité particulière lorsque les intérêts supérieurs de la
nation sont en jeu. Cf : le pouvoir de déclencher l’article 16 de la Constitution, lequel
permet au Président de la République d’instaurer une sorte de dictature temporaire dans
des circonstances exceptionnelles.
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Président de la République sont contresignés par le Premier ministre, et le cas échéant par
le ministre responsable, à l’exception d’une série d’actes limitativement énumérés. Pour
cette raison on a pris l’habitude de les appeler pouvoirs propres.
a) Les pouvoirs propres
Ils correspondent à ces pouvoirs limitativement fixés et dispensés du contreseing
ministériel.
• La nomination du 1er ministre (article 8 al 1er)
• La décision de dissolution de l’Assemblée nationale (article 12 al 2)
• Les actes par lesquels le Président de la République communique avec le Parlement
(art 18)
Nb : la Constitution prévoyait à l’origine de limiter le contact entre le Président de
la République et les chambres du Parlement aux messages que le Président pouvait
faire lire par les membres du gouvernement devant les assemblées. La réforme
constitutionnelle de 2008 a permis l’évolution de cette disposition, puisqu’il a été
souhaité que le Président de la République puisse plus librement prendre la parole
devant les chambres. A donc été introduite la possibilité pour ce dernier de
s’adresser au Parlement réuni en Congrès (cf : Sarkozy en 2008). Ce type de
discours n’est pas anodin du pont de vue constitutionnel, et va encore dans le sens
d’une présidentialisation du régime.
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referendum ne peut en réalité avoir lieu que si les chambres n’ont pas décidé elles-
mêmes de voter le projet.
Toutefois une procédure doit être respectée : le Premier ministre doit être consulté
pour avis, ainsi que les Présidents des deux assemblées et le Conseil
constitutionnel. Leur avis ne lie pas le PR. S’il décide de recourir à ce mécanisme,
la nation doit également en être informée par message. L’effet de cet article 16 est
tout à fait remarquable puisqu’il conduit à instaurer une véritable dictature
temporaire. Idée = suspendre la Constitution pour sauver la Constitution. En effet,
le Président de la République a le pouvoir de prendre toutes les mesures justifiées
par les circonstances, y compris lorsque cela le conduit à empiéter sur les
compétences normalement dévolues aux autres autorités constitutionnelles. En
d’autres termes, il peut tout à fait prendre des mesures qui relèvent du législateur,
mais il peut également prendre des mesures relevant des autorités judiciaires
(arrestations, …). Ces mesures prises en application de l’article 16 sont également
dispensées de contreseing. Là encore un petit encadrement procédural existe : le
Conseil constitutionnel doit être consulté pour avis pour chaque décision. Toutefois
ces pouvoirs ne sont pas illimités. Il existe certaines mesures de fond : le PR ne
peut pas décider de la dissolution de l’Assemblée nationale. De plus, il ne peut pas
davantage décider d’une révision constitutionnelle. Cela découle de l’article 89 de
la Constitution. Depuis 2008, il existe également un encadrement procédural en ce
qui concerne la durée d’utilisation de l’article 16. Après 30 jours, le P de
l’assemblée nationale ou du sénat, 60 députés ou 60 sénateurs, peuvent demander
au Conseil constitutionnel de vérifier si les conditions d’application de l’article 16
sont toujours réunies. Le Conseil constitutionnel peut se saisir lui-même d’office
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après 60 jours. Cependant, il ne s’agit que d’un avis sans véritable portée
juridique, qui ne contraint pas le Président de la République.
§2- Le gouvernement
A. La formation du gouvernement
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2) La révocation des membres du gouvernement
C’est le Président de la République qui nomme les membres du gouvernement, c’est
également lui qui met fin aux fonctions du Premier ministre et des ministres. En théorie il
n’est pas libre de le révoquer comme il l’entend : il ne peut le faire que si le Premier
ministre lui présente la démission du gouvernement. Malgré cette disposition, le général
De Gaulle va très vite s’arroger le pouvoir de révoquer le Premier ministre à sa guise. Cf :
conférence de presse du 31 janvier 1964, où il s’écarte des opinions exprimées lors du
discours de Bayeux (« pas de dyarchie au sommet », « le Président de la République est
seul à détenir et à déléguer l’autorité de l’Etat » = cette affirmation va à l’encontre du
texte). Toutefois, tout le monde aura compris qu’en période de coïncidence des majorités
le Président de la République n’aura aucune difficulté à obtenir la démission de son
gouvernement. En période de cohabitation il en va autrement : une telle démission forcée
est impossible. Dépend de la conjoncture politique.
Il convient également de souligner le fait que le gouvernement doive démissionner après
les élections présidentielles et législatives n’est absolument pas prévue par la
Constitution : il s’agit d’une simple coutume constitutionnelle.
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et significatifs d’une conception de l’Etat. Cf : sous Fillon, la fonction publique était
rattachée au ministère du travail (rapprocher public et privé).
Les incompatibilités :
En vertu de l’article 23, ces ministres sont soumis à certain nombre d’incompatibilités qui
concernent non seulement toute activité professionnelle, mais également tout mandat
parlementaire (cf : volonté de De Gaulle de rendre le gouvernement plus indépendant vis-
à-vis du Parlement). Cela ne signifie pas que les ministres ne peuvent pas être élus parmi
des députés ou sénateurs, mais tout simplement que l’accès aux fonctions de ministre
implique d’abandonner sa fonction de parlementaire. Depuis la réforme constitutionnelle
de 2008 : il est désormais prévu que le ministre démissionnaire retrouve son siège de
député et de sénateur. Article 25 de la Constitution. Avec la rationalisation du régime
parlementaire, et le fait majoritaire, cette dépendance du gouvernement vis-à-vis du
parlement a grandement diminué et le rapport de force tend même à s’inverser.
L’incompatibilité n’a donc que peu de sens aujourd’hui, et ses effets s’atténuent en
pratique.
Cf : Projet de loi constitutionnelle déposé en 2013 par Hollande visait à instaurer une
nouvelle incompatibilité entre fonction ministérielle et municipale. Toutefois la
conjoncture politique se prête peu à son adoption.
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souhait d’évoquer tous les dossiers qui l’intéressent (NB : en droit, on nomme évocation le
fait pour une autorité haut-placée de s’attraire des sujets appartenant à une autorité
inférieure). Au sein du gouvernement, il ne faut pas oublier qu’il y a en réalité deux
autorités distinctes :
• D’une part le Premier ministre (dont on a vu qu’il était une autorité à part entière,
dans la mesure où des compétences précises lui sont attribuées)
• D’autre part le Conseil des ministres, autorité à part entière elle aussi puisque la
Constitution la dote de compétences spécifiques. Ainsi, c’est le Conseil des
ministres qui délibère sur les projets de loi avant leur signature par le Premier
ministre. C’est également au Conseil des ministres qu’il revient de proposer un
référendum (article 11) ou encore d’utiliser certaines techniques du
parlementarisme rationalisé, telles que la procédure législative accélérée.
En principe, c’est le Président de la République qui préside le Conseil des ministres.
Toutefois ce dernier ne participe pas nécessairement à la décision finale : il ne
signe en effet que les décrets et les ordonnances. En revanche, on constate que les
projets de loi sont délibérés par le Conseil des ministres et signés par le Premier
ministre.
On peut remarquer que la Constitution ne confère aucun pouvoir règlementaire à un
ministre agissant seul. Toutefois ces derniers contresignent les actes du Premier ministre
dont ils sont chargés de l’exécution (décrets, ordonnances, projets de loi). Le Premier
ministre peut leur déléguer certains de ses pouvoirs. Les lois, ordonnances et décrets
peuvent enfin leur confier le soin de prendre des règlements d’application sous forme
d’arrêtés ministériels.
NB : la décision d’un ministre = arrêté / décision du Président de la République ou Premier
ministre = décret. De même : tous les décrets ne sont pas des règlements (cf : nomination
des hauts-fonctionnaires).
SECTION 2 – Le Parlement
De façon incontestable, la Ve République est marquée par un déclin du Parlement.
D’ailleurs le Parlement n’intervient dans la Constitution qu’après le Président de la
République et le Premier ministre. Jusqu’à la Constitution de 1958, la tradition
parlementaire voulait que ce soit le Parlement qui décide de la politique à mener, le
gouvernement apparaissant davantage comme un organe de mise en œuvre. Désormais, on
assiste à un affaiblissement chronique du Parlement, qu’on essaye de dépasser.
1) L’assemblée nationale
Le nombre de députés est fixé par une loi organique, et depuis la révision de 2008, le
nombre actuel (517) est devenu le plafond maximal. L’assemblée nationale est renouvelée
tous les 5 ans au suffrage universel direct. Le mode de scrutin n’est pas fixé par la
Constitution ou même par une loi organique, mais par une loi simple : elle se fait
aujourd’hui au suffrage majoritaire à 2 tours au sein de circonscriptions locales. Dans le
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contexte actuel de fait majoritaire, d’affaiblissement du Parlement, de défiance
croissante des citoyens à l’égard du monde politique, il n’est plus question de repasser à
un scrutin proportionnel, mais plutôt d’introduire plus de proportionnalité dans le système
actuel.
Relève également d’une loi simple le découpage des circonscriptions électorales. Or, les
évolutions démographiques induisent des inégalités de représentation. Avant 2010, on avait
ainsi des écarts énormes entre les circonscriptions très peuplées de région parisiennes et
celles des milieux ruraux. Le fait que ce découpage relève d’une loi simple semble de plus
propice à des manœuvres politiques. Depuis la révision de 2008, l’article 25 de la
Constitution prévoit que tout projet de loi délimitant les circonscriptions électorales devra
faire l’objet d’une consultation auprès d’une commission indépendante (« Une commission
indépendante (…) se prononce par un avis public sur les projets de texte et propositions
de loi délimitant les circonscriptions pour l’élection des députés ou modifiant la
répartition des sièges de députés ou de sénateurs »). Mais la réforme n’est pas allée au
bout de la logique, et la proposition d’exiger un redécoupage systématique tous les 10 ans
n’a pas été retenue.
On peut parler de bicaméralisme parfait dans la mesure où une loi doit être votée dans les
mêmes termes par l’assemblée nationale et le Sénat. Toutefois, il faut nuancer cette
affirmation :
- L’assemblée a le dernier mot (article 45 = « (…) le Gouvernement peut, après une
nouvelle lecture par l’Assemblée nationale et par le Sénat, demander à
l’Assemblée nationale de statuer définitivement »)
- Elle peut seule engager la responsabilité du gouvernement
2) Le Sénat
En ce qui concerne le Sénat, on observe une remarquable continuité avec la IIIe
République dans la mesure où cette chambre, par sa composition, vise en particulier à
assurer une certaine représentation des collectivités territoriales. Pour l’instant la France
parait épargnée par cette évolution de nombreux régimes parlementaires où la chambre
haute tend à perdre de plus en plus de pouvoirs. Cette évolution s’explique par les progrès
de la démocratie. Au demeurant, on peut penser que les Français sont relativement
attachés à cette institution (cf : échec du referendum de 1969, et rejet du 1er projet de
Constitution en 1946 qui visaient à supprimer cette institution).
L’actuel Sénat est assez proche du Sénat sous la IIIe République. Le nombre de sénateurs
est aujourd’hui de 248. Depuis la réforme sur le quinquennat, le mandat des sénateurs est
de 6 ans, renouvelé par moitié tous les 3 ans. Les sénateurs sont élus au suffrage universel
indirect par un collège électoral lui-même composé d’élus. Dans chaque département et
territoire d’outre-mer, ce collège se compose des députés élus dans le département, des
conseillers généraux, de certains conseillers régionaux, et surtout des délégués des
conseils municipaux. Pb : surreprésentation des départements ruraux (qui profite à la
droite). C’est pourquoi une réforme a été opérée en 2003, consistant à augmenter le
nombre de sénateurs pour les départements sous-représentés. La disproportion n’a
cependant été qu’atténuée, et non supprimée. D’autre part les problèmes de disparité au
sein des départements restent réels.
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B. L’organisation et le fonctionnement des assemblées
C’est une question constitutionnelle au plan matériel, mais non au plan formel puisqu’elle
est réglée par les assemblées elles-mêmes au travers de leurs règlements. Le conseil
constitutionnel est obligatoirement saisi pour tout règlement des assemblées
parlementaires.
c) Les commissions
Elles constituent un élément essentiel au sein des assemblées, dans la mesure où elles
jouent un rôle crucial dans le travail législatif. En effet un projet ou proposition de loi ne
peut être discuté devant l’assemblée qu’après avoir été discuté en commission.
Leur rôle est accentué depuis 2008, car la révision a introduit la possibilité d’amender le
texte avant qu’il puisse être discuté. En règle générale, le projet ou proposition de loi est
envoyé devant la commission permanente concernée (on trouve entre autres la commission
des finances, la commission des lois). Le règlement de l’Assemblée nationale prévoit que
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c’est un membre d’un groupe minoritaire de la commission qui préside la commission des
finances. Le gouvernement ou l’Assemblée concernée peut également décider d’envoyer le
projet ou proposition non pas à une commission permanente, mais à une commission
législative spéciale.
Attention : bien distinguer ces commissions législatives des commissions d’enquête (=
contrôle exercé par le parlement sur le gouvernement).
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a) Les sessions
La session = la période de l’année pendant laquelle le Parlement peut se réunir pour
exercer ses fonctions. On distingue 2 types de sessions :
- La session ordinaire
- Les sessions extraordinaires
b) Les séances
La séance = la réunion de l’ensemble des membres concernés.
Il peut s’agir des membres du gouvernement devant répondre à des questions
parlementaires, ou bien de voter des projets ou propositions de loi et de résolution. En
vertu de l’article 28, il n’y a en principe pas plus de 120 jours de séance au cours de la
session ordinaire, le but étant de laisser aux députés et sénateurs du temps pour se rendre
dans leurs circonscriptions. Attention : ne pas confondre jour de session/jour de séance.
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C’est pourquoi on assiste à une tendance qui cherche à rénover la fonction de contrôle que
le Parlement est censé exercer sur le Gouvernement, et ce en lui trouvant de nouvelles
modalités d’action.
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efficacité ? depuis 1958, une seule motion de censure a été votée (Cf : en
1962, renversement du gouvernement Pompidou). Ici c’est surtout le fait
majoritaire qui prive l’Assemblée nationale de ce pouvoir. Ce n’est pas
parce qu’un mécanisme est paralysé qu’il ne joue pas un rôle, et est
totalement inutile.
Depuis 1958, plus d’une centaine de motions de censure ont été présentées, et
bien qu’elles n’aboutissent pas, elles demeurent un moyen pour l’opposition de
susciter un débat et de médiatiser les reproches faits au gouvernement.
• Article 49 alinéa 3 : la question de confiance sur le vote d’un texte. Il s’agit d’une
question de confiance, mais qui cette fois présente une double particularité : elle
porte sur un texte, et elle combine les mécanismes de question de confiance et de
motion de censure. Selon cette procédure très particulière, le texte est considéré
comme adopté par l’Assemblée nationale, sauf si une motion de censure est
déposée puis votée dans les conditions de l’article 49 alinéa 2. Si une telle motion
de censure est votée : alors d’une part le texte est rejeté, d’autre part et surtout,
le gouvernement est forcé de démissionner.
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Les questions orales : elles se différencient en ce que les membres du Gouvernement
interrogés sont amenés à donner oralement leur réponse au cours d’une séance publique
de l’assemblée concernée. Les questions orales représentent environ 4 séances d’une
heure par semaine. Depuis la révision de 2008, il est prévu qu’une séance par semaine au
moins doit être réservée aux questions parlementaires. Les questions orales sont quant à
elles dévolues à des sujets beaucoup plus médiatiques, et ont plus de résonnance.
3) Les résolutions
La résolution = un texte adopté par un vote de l’assemblée, mais en dehors de la
procédure législative, et donc ne constituant pas une loi. Il s’agit d’une sorte de
déclaration, mais sans force juridique contraignante.
Ces résolutions sont très fréquentes, et nécessaires pour toute une série de décisions qui
intéressent le fonctionnement de l’Assemblée. Par une résolution est adopté le règlement
de l’assemblée, ou encore le résultat d’une commission. Les parlementaires peuvent
également adopter une résolution pour adopter un point de vue d’ordre politique. De
telles résolutions étaient très fréquentes sous la IIIe et la IVe République. Toutefois elles
posent problème dans le cadre d’un régime parlementaire. En effet devant la faible
probabilité qu’une motion de censure aboutisse, les parlementaires pourraient être tentés
d’adopter une résolution qui désavouerait publiquement le gouvernement (cf : vote calibré
sous la Ive République). C’est la raison pour laquelle bien que la Constitution soit muette à
ce sujet, le Conseil constitutionnel, lorsqu’il a été amené à statuer sur les 1ers règlements
de l’Assemblée nationale et du Sénat, a censuré ceux qui prévoyaient de telles dispositions
(cf : DC du 17 juillet 1959) au motif que ces mesures s’apparentaient à des
contournements des dispositions prévues aux articles 49 et 50.
Toutefois on a assisté à une renaissance de ces dispositions, en 2 étapes :
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• La 1ère a concerné le droit de l’union européenne : avec la révision du 25 janvier
1992 en raison de l’adoption du traité de Maastricht, qui prévoit un article 88-4
disposant que les assemblées peuvent adopter des résolutions sur les projets de
règlements et de directives de l’union européenne. C’était une manière de
compenser l’effet de dépossession des parlementaires de leurs prérogatives
résultant de l’intégration à l’UE. En effet de nombreuses lois adoptées par le
Parlement sont soit très rigoureusement encadrées par le droit de l’Union, soit
issues de la transposition de directives dont les objectifs s’imposent à lui. Si le
Gouvernement participe à l’élaboration de directives dans la mesure où le Conseil
de l’UE est composé de membres des gouvernements nationaux. Tel n’est pas le cas
du Parlement, puisque le Parlement européen n’est nullement une émanation des
assemblées nationales. Loin d’être contraire au droit de l’UE, cette faculté a été
renforcée a posteriori par le traité de Lisbonne entré en vigueur en 2009. Ce traité
a donné aux Parlements nationaux la possibilité d’exprimer leur opposition sur des
projets de directives ou de règlement, et la possibilité de saisir la cour de justice
de l’UE (CJUE) lorsque le principe de subsidiarité leur semble bafoué. Pour
manifester leur opposition, les parlements passent par des résolutions (cf : révision
de 2008 prévoit cette possibilité à l’article 88-6 C).
• La seconde a consisté en un élargissement du champ des résolutions : en effet,
les membres du comité Balladur ont estimé opportun d’étendre à d’autres
domaines ce pouvoir de prendre des résolutions, afin de réaffirmer le Parlement
face au pouvoir exécutif. Mais la réforme engagée reste très précautionneuse :
l’article 34-1 prévoit la possibilité de résolutions et prévoit que le gouvernement
peut s’opposer à l’inscription à l’ordre du jour d’un projet susceptible soit de
nature à engager sa responsabilité, soit comportant des injonctions à son égard. («
Les assemblées peuvent voter des résolutions dans les conditions prévues par la loi
organique. Sont irrecevables et ne peuvent être inscrites à l’ordre du jour les
propositions de résolution dont le Gouvernement estime que leur adoption ou leur
rejet serait de nature à mettre en cause sa responsabilité ou qu’elles contiennent
des injonctions à son égard »)
Pb : pas de grande portée politique (sauf les résolutions de l’Assemblée nationale et du
Sénat en 2014 reconnaissant l’Etat de Palestine).
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séance sur 4 soit prioritairement consacrée au contrôle du Parlement et à l’évaluation des
politiques publiques.
Q° : Qu’en penser ? Amène à être prudent : souvent peu scientifique, prise à des
instrumentalisations politiques, enfin il n’est pas certain que le Parlement soit l’organe le
mieux placé pour mener ces évaluations.
Surtout, la Constitution de 1958 comporte une innovation majeure, en ce que pour la 1ère
fois elle opère une délimitation entre d’une part un certain nombre de matières réservées
au législateur, et d’autre part les autres matières dans lesquelles peut intervenir à titre
initial le pouvoir règlementaire. (Cf : loi du 17 aout 1948). Elle découle des articles 34 et
37 :
• L’article 34 énumère les matières réservées au législateur. En réalité, on retrouve 2
listes : celles où le législateur fixe les principes et celles où il fixe les règles. Mais
dans les faits pas de grande différence.
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• Les matières autres que celles du domaine de la loi ont un caractère règlementaire.
Dans toutes les matières qui ne sont pas énumérées à l’article 34, le pouvoir
règlementaire peut intervenir à titre initial (décrets signés en principe par le
Premier ministre).
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C. L’extension provisoire du pouvoir règlementaire autonome
Il faut enfin avoir à l’esprit que dans certaines situations, le pouvoir règlementaire peut
être amené à prendre des mesures de façon temporaire dans les matières de l’article 34.
• C’est notamment le cas des ordonnances de l’article 38. Elles sont la
constitutionnalisation des décrets-lois développés sous la IIIe et IV République. Tout
d’abord une loi d’habilitation est nécessaire, qui fixe les matières concernées et
indique 2 délais : celui dans lequel les ordonnances pourront être prises, et celui
dans lequel un projet de loi de ratification devra être proposé. 2 issues possibles :
soit le projet est adopté, auquel cas les ordonnances deviennent de véritables lois,
soit le projet est refusé et la mesure sera abrogée de l’ordre juridique. La
ratification doit être expresse. Il existe donc une possibilité pour le pouvoir
règlementaire d’intervenir dans le domaine de l’article 34.
• En 2d lieu, on peut être tenté de citer le cas particulier des décisions prises par le
Président de la République dans le cadre de l’article 16. En effet, le Président de la
République peut dans cette hypothèse prendre toutes les mesures nécessaires, y
compris dans les matières réservées du législateur. Toutefois, de telles mesures ne
sont pas vraiment des expressions du pouvoir règlementaire : en effet, dans un
arrêt Rubin de Servens du 2 mars 1962, le Conseil d’Etat a jugé que les mesures
prises par le Président de la République dans le cadre de l’article 16, lorsqu’elles
interviennent dans le domaine de l’article 34, ont une véritable valeur législative.
C’est d’ailleurs le seul cas où le Conseil d’Etat a raisonné à partir de la matière
concernée, faisant un écart à la jurisprudence déjà créée « Compagnie des chemins
de fer » dans laquelle il affirmait que la valeur d’une norme ne dépendait pas de la
matière concernée mais bien de l’autorité concernée.
§2-
….. (cours de Mora)
A. Le droit de dissolution
NB : lorsque le PR exerce les pouvoirs de crise (prévus à l’article 16), la dissolution n’est
pas possible.
Q° : Quelle est la portée effective de ce droit de dissolution sous la Ve ?
= fin de la paralysie rencontrée sous les Républiques précédentes. Toutefois on distingue
différentes formes de dissolution, qui varient selon les objectifs politiques visés :
• La dissolution sanction = mesure de rétorsion prise par le Président de la
République vis-à-vis de l’Assemblée nationale. C’est indéniablement à cette
conception de la dissolution qu’ont été réalisées les 2 premières (1967 et 1969).
Mais un tel usage est aujourd’hui tombé en désuétude, avec le fait majoritaire : la
dissolution-sanction n’a en l’état actuel des choses plus de réel intérêt.
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situation de cohabitation s’il sent que l’opinion publique lui est favorable. Mais
jamais un tel usage n’a encore jamais pu se produire jusqu’à aujourd’hui
• La dissolution peut également être utilisée pour mettre fin au mandat d’une
Assemblée nationale pourtant du même bord politique, afin de donner à cette
majorité un nouvel élan ou de la renforcer. Cf : J. Chirac sur les conseils de Juppé.
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formations juridictionnelles suivent cet avis en cas de recours en excès de pouvoir. De
même, un décret pris en Conseil d’Etat ne peut être modifié que par un décret lui-même
pris en Conseil d’Etat.
Le Conseil constitutionnel a rapidement admis que la loi pouvait confier le soin d’adopter
des règlements d’application à des autorités autres que le Premier ministre. Il peut
d’abord s’agir de ministres. Dans ce cas, ils ne prendront pas de décret mais des arrêtés
ministériels. Il peut également s’agir de CTL (cf : article 72 prévoit expressément que les
CTL sont dotées d’un pouvoir règlementaire pour l’exercice de leurs compétences). Le
Conseil constitutionnel a même admis qu’un certain pouvoir règlementaire d’application
des lois pouvait être confié à des autorités administratives indépendantes (AAI),
caractérisées par une indépendance vis-à-vis du gouvernement. DC du 17 janvier 1989, le
Conseil constitutionnel a estimé qu’une AAI pouvait être dotée d’un pouvoir règlementaire
dès lors qu’il s’agit « de mesures de portée limitée, tant par leur champ d’application que
par leur contenu, et à condition que de telles mesures ne s’imposent pas au Premier
ministre ».
Q° : La répartition des compétences concerne-t-elle aussi le pouvoir règlementaire
d’application des lois ? Une loi peut-elle, sans violer la Constitution, prévoir que certains
points seront fixés par de règlements d’application alors qu’ils concernent une matière
relevant de l’article 34 ? Le Conseil constitutionnel a jugé qu’une loi qui ferait cela serait
inconstitutionnelle pour incompétence négative (= fait pour une autorité de ne pas
exercer sa compétence jusqu’au bout) par une DC du 2 décembre 1967.
A. L’initiative
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Selon l’article 39 C, l’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre
(projet de loi) et aux membres du Parlement (proposition de loi).
a) Les projets de loi
= Selon l’alinéa 2 de l’article 39, les projets de loi sont préparés par le
Gouvernement, et soumis pour avis au Conseil d’Etat qui rend un avis simple, et ne
sont en principe pas publiés (uniquement à la demande du Gouvernement). Une
délibération en Conseil des ministres s’ensuit, après quoi le projet de loi est signé
par le Premier ministre et contresigné par les ministres compétents. Il est enfin
déposé devant le Parlement, devant la chambre de son choix en principe. //
Exception : les projets de loi de finance et de loi de financement de la sécurité
sociale doivent toujours être déposés d’abord devant l’assemblée nationale. Les
projets de loi ayant pour objet l’organisation des CTL doivent toujours être déposés
devant le Sénat.
Les propositions de loi rencontrent 3 limites que ne connaissent pas les projets de
loi :
o Limite d’ordre pratique :
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= très souvent les projets de loi sont de bien meilleure qualité que les
propositions de loi. Ils sont en effet rédigés par des hauts-fonctionnaires très
compétents (conseillers d’Etat, administrateurs civils, …). Les
parlementaires ne disposent que de leurs assistants, et ne peuvent pas
fournir l’équivalent des travaux ministériels. Cf : un des axes de la révision
de 2008 = donner davantage d’influence au Parlement. Dès lors les
parlementaires peuvent également saisir pour avis le Conseil d’Etat.
o Limites d’ordre procédural :
= le Gouvernement a le pouvoir de s’opposer à l’adoption d’une proposition
de loi, en soulevant une irrecevabilité de cette proposition. 2 types
d’irrecevabilités :
• L’article 41 : le Gouvernement peut s’opposer à l’adoption
d’une proposition de loi qui empiète sur le domaine
règlementaire. La conférence des Présidents a le pouvoir de
s’opposer à cette irrecevabilité. Dans ce cas, c’est au Conseil
constitutionnel qu’il reviendra de trancher (cf : « S’il
apparait au cours de la procédure législative qu’une
proposition ou un amendement n’est pas du domaine de la loi
ou est contraire à une délégation accordée en vertu de
l’article 38, le Gouvernement ou le président de l’assemblée
saisie peut opposer l’irrecevabilité »).
• L’article 40 : cette disposition permet au gouvernement de
s’opposer à l’adoption d’une proposition de loi qui aurait pour
conséquence soit une diminution des ressources publiques,
soit l’aggravation d’une charge publique. L’arbitrage du
Conseil constitutionnel n’est pas prévu, mais si la loi est
adoptée malgré cette irrecevabilité soulevée, l’irrecevabilité
pourra à nouveau être invoquée par la saisine du Conseil
constitutionnel avant sa promulgation (cf : « Les propositions
et amendements formulés par les membres du Parlement ne
sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour
conséquence soit une diminution des ressources publiques,
soit la création ou l’aggravation d’une charge publique »).
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séance par mois au minimum doit être réservée aux groupes parlementaires
de l’opposition (nouvelle conception de l’équilibre parlementaire = repose
sur l’opposition partisane). En pratique il faut relativiser ces innovations :
depuis 2008, l’expérience montre que le Gouvernement exerce par
l’intermédiaire du ministre chargé des relations avec le Parlement une
certaine pression sur la majorité pour que ses projets de loi soient inscrits
en priorité même dans le cadre de la semaine où l’ordre du jour est fixé par
la conférence des Présidents. Cela explique qu’en pratique cette révision de
2008 n’a pas permis d’augmenter réellement le nombre de propositions de
lois adoptées.
2) Le droit d’amendement
Amendement = proposition de modification d’un projet ou proposition de loi.
Le droit d’amendement appartient tant aux parlementaires qu’aux membres du
Gouvernement, selon l’article 44 (cf « Les membres du Parlement et du Gouvernement
ont le droit d’amendement. Ce droit s’exerce en séance ou en commission selon les
conditions fixées par les règlements des assemblées, dans le cadre déterminé par une loi
organique »). Ce droit d’amendement connait les mêmes restrictions financières que les
propositions : les irrecevabilités des articles 40 et 41 peuvent leur être opposées. De plus
la jurisprudence constitutionnelle a introduit un autre type d’amendements.
Cf : décision du 23 janvier 1987 = le Conseil constitutionnel a jugé que les amendements
ne doivent pas être sans lien avec le texte en discussion, ni dépasser par leur portée les
limites inhérentes à l’exercice du droit d’amendement. Cette jurisprudence permet de
censurer les « cavaliers législatif » (= amendement introduit dans une loi sans rapport
avec elle, visant à faire adopter des mesures sans lien). La révision de 2008 a apporté un
assouplissement à cette jurisprudence constitutionnelle : tout amendement est recevable
en 1ère lecture, dès lors qu’il présente un lien même indirect avec le texte en discussion.
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respect de cette disposition. Cf : décision du 25 octobre 2012 par laquelle le Conseil
constitutionnel a déclaré inconstitutionnelle (parce qu’adoptée au cours d’une procédure
irrégulière) une loi, au motif que l’examen du texte avait débuté sur le texte initial
proposé par le Gouvernement et non par celui proposé par la commission. Pourquoi ? Il
s’agit d’améliorer le travail législatif. Néanmoins, il faut prendre conscience de l’effet
important de cette innovation : si le gouvernement ne veut pas des amendements adoptés
en commission, le seul moyen pour lui de s’y opposer est de proposer de nouveaux
amendements qui devront être adoptés en séance, et ce alors même qu’il dispose d’une
majorité. Le gouvernement a donc intérêt à se tenir au courant de ce qui se passe en
commission (cf : circulaire 2009 qui rappelle aux ministres l’importance de la possibilité
qui leur est ouverte d’assister aux travaux des commissions). Décision du 15 avril 2009, le
Conseil constitutionnel a jugé que les ministres peuvent assister au travail des
parlementaires.
1) La discussion générale
Il est essentiel de retenir que dans cette 1ère phase, tous les membres de l’assemblée ne
participent pas. Seuls participent à la décision générale les représentants du
gouvernement, le rapporteur de la commission, les représentants désignés par les groupes
politiques, ainsi que les sénateurs et députés inscrits à cette discussion générale. En effet,
il ne s’agit pas de voter le texte, mais simplement d’organiser un débat sur son contenu.
Cette discussion a son importance : ceux qui y participent peuvent demander le vote de ce
que l’on appelle une motion de procédure (= entraine le rejet du texte, tout du moins
permet de retarder son adoption). 3 motions de procédure existent :
- L’exception d’irrecevabilité (= rejet du texte pour contradiction apparente du texte
vis-à-vis de la Constitution)
- La question préalable (= rejet pour un motif d’opportunité)
- Le renvoi en commission (= les membres présents estiment que le texte n’est pas
encore en état d’être discuté et voté)
En pratique, ces motions de procédure sont quasi systématiques mais elles ne sont que très
rarement adoptées. L’opposition tient toutefois ici un moyen d’action contre le
gouvernement lorsqu’elle le prend par surprise (cf : se réunir massivement pour être
majoritaire et provoquer le rejet d’un texte).
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En principe, il a lieu article par article et amendement par amendement. Cependant le
gouvernement a la faculté de s’opposer à tout amendement qui n’aurait pas été soumis à
la commission. En pratique il utilise toutefois rarement ce pouvoir. Il dispose en effet d’un
autre moyen d’action plus efficace : le vote bloqué (devant Sénat ou l’assemblée
nationale, article 44 al 3 → « Si le Gouvernement le demande, l’assemblée saisie se
prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les
amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement »).
L’article 44 al 3 = prévoit que si le gouvernement le demande, l’assemblée saisie se
prononcera par un seul vote sur tout ou partie du texte en ne retenant que les
amendements acceptés par le Gouvernement. En cas d’utilisation de ce pouvoir,
l’assemblée se trouve placée devant une alternative : soit elle adopte le texte, soit elle le
rejette, mais elle ne pourra pas apporter des modifications avec lesquelles le
gouvernement ne serait pas d’accord. Cependant, il est essentiel de ne pas confondre vote
et examen : même dans le cadre de ce vote bloqué, l’assemblée se doit malgré tout
d’examiner un par un les amendements, d’où un moyen pour l’opposition de pratiquer
l’obstruction parlementaire. L’opposition se trouvant face à des prérogatives importantes
de l’opposition, il lui reste le blocage de la procédure législative : elle peut ainsi déposer
des milliers d’amendements qui devront chacun être examinés individuellement. Cf :
record en 2006 (projet de loi sur l’énergie), l’opposition avait déposé 137 631
amendements.
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nouveau soumis aux 2 assemblées successivement (toujours règle de l’entonnoir, discussion
sur les points litigieux uniquement).
Si la commission mixte paritaire échoue elle aussi, alors selon l’article 45, soit la navette
reprend, soit le gouvernement peut décider de donner le dernier mot à l’assemblée
nationale qui statue définitivement, sans pouvoir proposer de nouveaux amendements.
CCL : On voit donc bien au total que le gouvernement dispose de prérogatives non
négligeables dans la procédure législative : malgré la réforme, il dispose d’une grande
maitrise de l’ordre du jour, de l’article 49 alinéa 3, du vote bloqué, peut donner le
dernier mot à l’assemblée nationale. On comprend mieux pourquoi près de 85% des lois
adoptées sont d’initiative gouvernementale.
E. La promulgation
Il s’agit d’une prérogative du Président de la République, qui a pour objet : d’une part,
constater que la loi a été adoptée selon les formes prévues par la Constitution, d’autre
part ordonner aux institutions administratives et juridictionnelles de veiller à leur
exécution. Cet acte conditionne l’entrée en vigueur de la loi votée par le Parlement.
Selon l’article 10, elle doit intervenir dans les 15 jours suivants l’adoption du texte par les
2 assemblées. Par exception, ce délai peut être plus long en cas de :
- Saisine du Conseil constitutionnel (pour effectuer un contrôle a priori, le délai
pour statuer = 1 mois). A l’issue de ce contrôle, soit le Conseil constitutionnel ne
décèle aucune inconstitutionnalité auquel cas la loi pourra être promulguée par le
Président de la République. // Soit certaines disposition séparables du texte ont
été censurées, auquel cas la loi sera promulguée à l’exclusion des dispositions
jugées inconstitutionnelles. // Soit le Conseil constitutionnel a censuré des mesures
inséparables du reste du texte, et la loi ne pourra alors pas être promulguée.
- Seconde délibération. Cependant, la manière dont ce pouvoir a été utilisé
empêche d’y voir un veto législatif (contrairement au Président des USA). En effet,
il est peu vraisemblable en période de concordance des majorités que le Président
ait à s’opposer au vote du texte par le Parlement. En période de cohabitation : il ne
s’agit pas d’un pouvoir propre (le contreseing est prévu), et le refus du Président
de la République de promulguer une loi régulièrement adoptée déclencherait une
véritable crise politique. Jusqu’à présent, un tel cas de figure ne s’est jamais
présenté. Dans les rares cas où la 2de délibération a été demandée, c’est
généralement suite à une censure partielle par le Conseil constitutionnel ou pour
éliminer de simples erreurs de plume (ou dispositions sans objet). Ex : en 1983,
vote d’une loi prévoyant l’exposition universelle. Mais exposition universelle
annulée = pour éviter d’avoir à promulguer une loi inutile, le PR a demandé une 2e
délibération, qui n’a jamais eu lieu.
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• Les ordonnances de l’article 38 (toutefois le texte ne devient une loi qu’après
adoption de la loi de ratification par le Parlement)
•
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Selon l’article 56, le Conseil constitutionnel peut comprendre deux catégories de
membres : obligatoirement des membres nommés, auxquels peuvent s’ajouter des
membres de droit.
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• Cette faiblesse d’encadrement se retrouve également sur le fond : aucune
condition de fond particulière n’est requise quant à la personnalité des membres
nommés. En particulier aucune compétence professionnelle particulière n’est
exigée, ce qui constitue clairement une singularité française : dans toutes les
autres juridictions constitutionnelles, seuls d’éminents juristes peuvent être
nommés. Bien sûr, les autorités de nomination veillent à nommer des juristes
reconnus, mais cela procède uniquement de leur bonne volonté. Paradoxal quand
on sait que le propre du constitutionnalisme est de créer des mécanismes
constitutionnels visant à éviter de s’en remettre à la bonne volonté des dirigeants.
De plus les juristes nommés sont généralement retraités. La présence possible au
sein du Conseil constitutionnel de membres de droit participe du même esprit.
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• En vertu de l’ordonnance du 7 novembre 1958 et de ses décrets d’application,
les membres du Conseil constitutionnel sont également tenus par une
obligation de réserve : ils doivent s’abstenir de prendre position publiquement sur
des questions ou des faits susceptibles de faire l’objet d’une décision du Conseil,
et ne pas occuper un poste à responsabilité dans un parti ou groupement politique.
Toutefois on observe un certain nombre d’entorses à ce principe de réserve. Cf :
campagne de Valéry Giscard d’Estaing en faveur du OUI au référendum sur la
Constitution de l’Union européenne. De même Simone Veil, qui s’est contentée de
suspendre ses fonctions.
a) Le contrôle a priori
En vertu de l’article 61, il s’exerce tantôt à titre facultatif, tantôt à titre obligatoire.
(cf : « Les lois organiques, avant leur promulgation, les propositions de loi mentionnées à
l’article 11 avant qu’elles ne soient soumises au referendum, et les règlements des
assemblées parlementaires, avant leur mise en application, doivent être soumis au
Conseil constitutionnel qui se prononce sur leur conformité à la Constitution. Aux mêmes
fins, les lois peuvent être déférées au Conseil constitutionnel, avant leur promulgation,
par le PR ……. »).
A titre facultatif = les lois simples avant leur promulgation. La possibilité de déclencher
ce contrôle est réservée à certaines autorités constituées : le Président de la République,
le Premier ministre, les Président de l’Assemblée nationale et du Sénat, et 60 députés ou
60 sénateurs (depuis la réforme de 1974).
A titre obligatoire = les lois organiques avant leur promulgation, et les règlements des
assemblées parlementaires avant leur ratification. Le Conseil constitutionnel a toujours
considéré qu’il n’avait que des compétences d’attribution, limitativement énumérées par
la Constitution. De surcroît, il a toujours considéré jusqu’ici que le terme de « loi » (article
61 al 1) renvoyait uniquement aux lois simples adoptées dans le cadre parlementaire.
C’est ainsi que par une décision déjà évoquée du 6 novembre 1962, le CC s’est déclaré
incompétent pour connaitre de la constitutionnalité d’une loi référendaire. De
même dans une décision du 26 mars 2003, il a refusé de connaitre d’une loi de révision
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constitutionnelle, estimant là encore que la Constitution ne lui en donnait pas la
compétence.
Les effets du contrôle a priori :
Selon l’article 62, si dans le cadre de ce contrôle le Conseil déclare une disposition
législative inconstitutionnelle, celle-ci ne peut pas être promulguée. Plus précisément, 2
cas de figure peuvent se présenter (les dispositions inconstitutionnelles peuvent être
séparables, ou inséparables du reste du contenu). Il faut ajouter à cela que le Conseil
constitutionnel peut également, lorsque cela est possible, décider de « sauver » la
disposition en optant pour une déclaration de constitutionnalité sous réserve : il va
définir l’interprétation selon laquelle la disposition n’est pas inconstitutionnelle. C’est
alors au Conseil d’Etat qu’il reviendra de vérifier que l’administration respecte bien dans
l’application de la loi en cause cette réserve d’interprétation.
Dans le cadre de ce contrôle a priori (qui longtemps = le seul contrôle), la fonction du
Conseil constitutionnel a connu une remarquable mutation, que l’on peut résumer en
disant que le Conseil constitutionnel était seulement au départ conçu comme un
régulateur des rapports entre les pouvoir publics, et qui est progressivement devenu
gardien des libertés publiques. Cf : la décision de 1971 sur la liberté d’association (=
extension du bloc de constitutionnalité) et 1974 = élargissement de la saisine à 60 députés
et 60 sénateurs (ouvre saisine à l’opposition). Cette dernière évolution a entrainé le
développement d’une jurisprudence constitutionnelle, qui à son tour vient enrichir le
contrôle de constitutionnalité (puisqu’elle consacre ainsi des principes à valeur
constitutionnelle).
Toutefois ce rôle de gardien demeurait très limité, dès lors que le contrôle ne pouvait
s’effectuer qu’avant leur promulgation (sans tenir compte des effets éventuels de
l’application de cette loi), d’autant que ce contrôle ne pouvait être déclenché que par les
autorités politiques. Ce n’est que très tardivement qu’un contrôle concret et a posteriori
de la constitutionnalité des lois a été instauré.
b) Le contrôle a posteriori
Depuis 2008, le Conseil constitutionnel est également doté d’une compétence de contrôle
a posteriori, par le biais de la question prioritaire de constitutionnalité, régi à l’article
61-1 (« Lorsque à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction, il est
soutenu qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la
Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur
renvoi du Conseil d’Etat ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai
déterminé »). Il s’agit incontestablement de l’aspect le plus médiatisé de la réforme de
2008. Toutefois il est bon de savoir qu’un projet similaire avait été suggéré par Mitterrand
lorsqu’il était président.
Les raisons de l’instauration de la QPC :
Les promoteurs de la révision de 2008, la QPC permet de donner au Conseil constitutionnel
la compétence de statuer sur des lois déjà promulguées, ce qui achève de transformer le
Conseil constitutionnel en gardien de la Constitution. Pourtant, il y a des raisons de douter
que cet argument constitue la principale et réelle motivation de cette réforme. En effet,
ce que la justice constitutionnelle leur a longtemps refusé, les citoyens l’avaient depuis
longtemps obtenu de la part de tout juge français (administratif comme judiciaire). Ils
l’avaient obtenu non au regard de la Constitution mais au regard des conventions
internationales et du droit européen, qui contiennent de nombreuses dispositions
protectrices des droits et libertés. Cf : arrêt J. Vabres (Cour de Cassation 1975) et arrêt
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Nicolo (CE en 1989), les juges acceptent d’écarter l’application des dispositions législatives
qui se révèlent incompatibles avec les traités internationaux (régulièrement ratifiés et
publiés), et les dispositions du droit dérivé de ces traités (cf : directive européenne). On
peut remarquer ici que depuis ces deux arrêts, le dogme de la perfection de la loi
promulguée (avancé pour justifier le refus de ces mêmes juges de pratiquer le contrôle de
constitutionnalité) est donc tout bonnement abandonné. Depuis ces 2 arrêts, les juges et
conseillers se sont désintéressé des droits et libertés énoncés par la Constitution et se sont
focalisés sur les droits les plus efficaces aux contentieux : ceux que protègent les
conventions internationales et européennes. Il y avait donc une sorte de marginalisation et
une perte de sens de la Constitution. Risque de perte d’identité de l’ordre juridique
français.
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et la Cour de Cassation vont plus loin : ils ne doivent transmettre que les questions qui
sont nouvelles et qui présentent un caractère sérieux. Cela suppose un examen plus
approfondi, c’est pourquoi le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation pratiquent bien, dans
une certaine mesure, un contrôle de la constitutionnalité des lois. À cet égard, l’examen
des refus de transmission de QPC révèle que ce n’est souvent qu’après un examen
approfondi des lois que la Haute juridiction décide que la QPC ne présente pas un
caractère sérieux. Si monopole du Conseil constitutionnel il y a, il ne porte plus
aujourd’hui que sur la déclaration de la constitutionnalité.
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