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TITRE 1

LE CYCLE RÉVOLUTIONNAIRE (1789 – 1799)

Transformation des cadres de la vie sociale, politique, religieuse

Reconstruction : un ordre nouveau

→ fin de la monarchie absolue

→ Monarchie constitutionnelle

→ République

CHAPITRE 1

LA PREMIERE MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE


Histoire d’un échec
(17 juin 1789 – 22 sept 1792)

Première rupture (début) : disparition de la Monarchie absolue (juin/juillet


1789), 1ère expérience de la Monarchie constitutionnelle

Seconde rupture (fin) : chute de la royauté (10 août 1792), avènement de la


Première République (22 septembre 1792)

SECTION 1

LE TIERS ETAT, MOTEUR DU PROCESSUS REVOLUTIONNAIRE


(5 mai – 14 juillet 1789)

Rédaction des cahiers de doléances

Dispositions inutiles : le processus révolutionnaire enclenché très rapidement.


A - La Révolution politique :
Des Etats Généraux à l’Assemblée Nationale Constituante

Procession d’ouverture des Etats Généraux, 4 mai 1789

Physionomie des Etats Généraux :

- 3 assemblées de 300 députés


- Un changement : doublement du tiers état, soit 600 députés

→ 600 députés du Tiers favorables au changement c/ 600 privilégiés


(clergé + noblesse)
Séance d’ouverture des Etats Généraux, Versailles, 5 mai 1789

§ 1 – Le coup d’état du Tiers (17 juin 1789)

Revendication : fin de la délibération séparée et du vote par ordre (2 contre 1)

Question non tranchée par le roi

► 10 juin : plusieurs députés du Clergé rejoignent le TE, inertie des ordres du


clergé et de la noblesse

► 17 juin : le TE se constitue seul Assemblée Nationale → acte révolutionnaire

● Assemblée unique représentative de la Nation


● plus d’Etats Généraux, plus de représentation des ordres, plus de
société d’ordres

Coup d’Etat → Résistance du roi qui ne reconnaît pas cette transformation


§ 2 – Les suites du 17 juin

► 20 juin : séance et serment du Jeu de Paume

Serment du Jeu de Paume, Jacques-Louis David, Versailles

► 23 juin : séance royale – Annulation / résistance du roi (ordre de


dissolution de l’assemblée)

Refus d’obéissance, bras de fer

« Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées


au Roy ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des Etats-
Généraux, vous qui n'avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous
n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter
toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l'on vous a chargé
de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour
employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la
puissance des baïonnettes. » (Mirabeau)

La tradition a par la suite condensé le propos : « Allez dire à ceux qui


vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que
nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. »
Mirabeau et Monsieur de Dreux-Brézé, Joseph Désiré Court (1797-1865),
Musée des Beaux-Arts, Rouen

► 27 juin : capitulation royale (Louis XVI ordonne la fusion des trois


ordres / reconnaît l’Assemblée Nationale)

► 9 juillet : Assemblée Nationale Constituante → révolution politique


accomplie

Transfert de souveraineté du roi vers la Nation (représentée par


l’Assemblée)

Décide de la nouvelle organisation des pouvoirs (donc de la place / du


rôle du roi)

Le roi n’est plus souverain, il devient une autorité constituée

Révolution politique suivie d’une révolution populaire très


symbolique
B – La Révolution populaire : la prise de la Bastille

Rumeur → complot visant l’Assemblée

Le roi : il mobilise des troupes (ce faisant, accrédite la rumeur)

11 juillet : renvoi de Necker

14 juillet : insurrection

Pourquoi la Bastille ?

- Dépôt d’armes

- Prison royale, symbole de l’absolutisme, des arrestations arbitraires


(lettres de cachet), de l’oppression, de la tyrannie

La prise de la Bastille est vécue comme une insurrection libératrice


Devient fête nationale en 1794

Nombreuses victimes dont le Marquis de Launay, gouverneur de la Bastille

L’assassinat du Gouverneur de Launay


Gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jacques de
Flesselles et du marquis de Launay sur des piques (premières victimes de la Révolution)

Le peuple veille sur l’assemblée

La Constitution reste à écrire


SECTION 2

L’ŒUVRE DE L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE : UN ORDRE NOUVEAU


(9 JUILL 1789 – 30 SEPT 1791)

Énorme travail en 2 ans

Ordre nouveau en matière sociale, juridique, religieuse, politique

Été 1789 : deux grands débats

- La Nuit du 4 août (abolition des privilèges)

- Discussions autour d’un texte fondateur : la Déclaration des droits de


l’homme et du citoyen

A – Un texte fondateur de l’ordre nouveau :


La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen

Voté le 26 août 1789

Préambule de la future Constitution

Vocation universelle → caractère abstrait, non circonstancié

Structure de la Déclaration :

- Un préambule (dimension philosophique)


- Corps du texte (les articles)
Annexe
(Hors programme)

Allégories⃰ de la DDHC

Le glaive (au centre), symbole de la loi : il évoque le respect de la loi par tous mais aussi le
respect de la DDHC. Accroché à la pointe de ce glaive se trouve le bonnet phrygien, sym-
bole de l'affranchissement des esclaves dans l'Antiquité et donc symbole de liberté.

La guirlande de lauriers représente le pouvoir (elle était portée par les empereurs romains) :
les principes du texte s’imposent à tous, y compris à la puissance publique (l’État) qui doit s’y
soumettre.

Le serpent qui se mord la queue (au-dessus du glaive) représente le caractère immuable, la


constance. Pérennité et immutabilité de la DDHC.

L’œil dans le triangle qui rayonne : il s’agit de la Raison (œil + rayons : cf. les Lumières de
la raison) et de l'égalité entre les hommes (triangle).

Sur la droite, les nuages sont noirs et, plus on monte vers le haut, plus ils s'éclaircissent. C’est
l’opposition entre l’Ancien Régime et la Révolution.
Souvenons-nous de cette maxime des Lumière : « Substituer aux ténèbres du fanatisme et de
l’intolérance les lumières de la Raison ».

Les deux femmes :

L'une (à gauche) représente le peuple de Paris, moteur de la Révolution ; l'autre (à droite)


l'Assemblée Nationale. La femme de gauche porte les couleurs de Paris (bleu et rouge), une
étoffe brodée de fleurs de lys (symbole de la royauté) et une couronne. Entre ses mains, elle
tient une chaîne, des menottes brisées. Elle symbolise aussi le nouveau régime : une monar-
chie constitutionnelle (donc limitée), qui a brisé les chaînes de l’absolutisme.

La femme de droite, représentant l'Assemblée Nationale, porte, dans sa main droite, le


sceptre, symbole du pouvoir : la Nation (représentée – institutionnellement – par l’Assemblée)
est désormais le siège de la souveraineté. Avec le sceptre, elle pointe le triangle qui représente
l'égalité, alors que, de sa main gauche, elle désigne le texte de la Déclaration. Ce qui signifie
que le nouveau régime, tel qu’il sera conçu par l’Assemblée constituante, devra être guidé par
la Raison et respecter les droits fondamentaux de l’Homme et du citoyen reconnus dans la Dé-
claration.

⃰Allégorie : image (peinture, sculpture, par exemple) qui représente une idée, une abstraction
§1- Le préambule : portée du texte et fondements philosophiques

Portée universelle

Ambition universaliste : Dupont de Nemours (le 8 août à la Constituante)

« Il ne s'agit pas d'une déclaration des droits qui doive durer un jour. Il
s'agit de la loi fondamentale de notre Nation et de celle des autres
nations qui doit durer autant que les siècles. »

→ texte universel et éternel

Message général et abstrait (décontextualisé : pas de référence spécifique)

Modèle durable et exportable (à l’étranger)

Message philosophique :

L’Homme en tant qu’individu a des droits (commune nature) → droits naturels

Droits universels, inaliénables, sacrés

Mais fragiles (lorsque l’État les néglige)

Il faut les fixer dans un texte qui s’impose à tous (en particulier à la puissance
publique → « État de droit »)

Assurer la pérennité et la protection de ces droits individuels (quelle que soit la


société / le régime)

Préambule de la Déclaration :

« Les représentants du peuple français ont résolu


d’exposer dans une déclaration solennelle les droits
naturels inaliénables et sacrés de l’homme »
§2 – Le corps du texte : contenu politique et juridique

17 articles, énonçant les droits naturels…

Deux thèmes :

1° - Principes d’organisation politique

Organisation des pouvoirs dans l’État

Formules laconiques

Simplement énoncés (à développer dans la Constitution)

► La souveraineté nationale (art. 3)

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation »

► La séparation des pouvoirs (art. 16)

« Toute société dans laquelle [la garantie des droits n’est pas assurée], ni la
séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ».

→ Nouvel ordre politique (cf. C)

2° - Les droits naturels de l’Homme

Inspiration individualiste et libérale

Deux principes : liberté, égalité

Distinction Homme / citoyen


a - La liberté

Définition individualiste (applicable à l’individu ≠ groupe)

Article 4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à


autrui ».

Sphères individuelles de liberté

Liberté individuelle / pas de libertés collectives

→ limite de la liberté

Néglige la liberté de se regrouper

Critique : négation du caractère communautaire de la société

Explication de la posture individualiste : le souvenir de la société d’ordres

→ Rien sur la liberté d’association (attendre la loi du 1er juillet 1901)

→ Plus tard, suppression des corporations de métiers et interdiction des


regroupements professionnels (Décret d’Allarde du 2 mars 1791 / Loi le
Chapelier du 14 juin 1791)

Définition abstraite, individualiste, et limitative de la liberté

Comment les constituants ont-ils décliné cette conception de la liberté ?

Plusieurs articles relatifs aux libertés individuelles

● La sûreté personnelle

c/ l’arbitraire des arrestations et des peines


Série de garanties pénales
Protection de la liberté individuelle
- art. 7 : protection contre les arrestations et détentions arbitraires (lettres de
cachet) → commentaire

- art. 8 : légalité des infractions et des peines / non rétroactivité de la loi


pénale → commentaire

- art. 9 : présomption d’innocence → commentaire

● Art. 11 : liberté de parler, d’écrire, d’imprimer (liberté d’expression)

● Art. 10 : liberté d’opinion et de conscience (religieuse)

→ Libertés publiques / libertés fondamentales (droits fondamentaux)

► individuelles
► limitées (pas de libertés collectives)

Autre limite de la liberté : la Loi (norme de référence, pilier de la nouvelle


société, fondement de la régulation sociale)

Les libertés s’inclinent devant la loi (chercher les multiples occurrences du mot
dans le texte)
→ Triomphe des idées libérales du XVIIIème (nonobstant les limites de la
liberté)

► Exception au principe : le maintien de l’esclavage dans les colonies

L’Assemblée cède aux pressions d’un groupe influent de riches planteurs des
Antilles (opposé à l’abolition)

Enjeu économique : Saint-Domingue (Haïti) = ½ de la production mondiale de


sucre

Abolition de l’esclavage dans les colonies par décret (de la Convention : régime
suivant) du 4 février 1794 (difficile à mettre en œuvre)

Abrogé par Bonaparte en 1802 (cf. les célébrations controversées du


bicentenaire de sa mort en mai 2021)

b - L’égalité

Art. 1er : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »

→ cours en ligne dans le dossier « Le cours-version intégrale » et


également dans « le plan » (sur moodle)

► Le principe : égalité civile

● rappel / exemple

● cas particuliers prévus par la Déclaration

Egalité devant l’impôt


Egalité d’accès aux emplois publics (fonctions, charges de l’Etat)

► Les limites → pas d’égalité au sens large

1. L’égalité civile (devant la loi) n’est pas l’égalité sociale et


économique

● Pas d’égalité des conditions sociales


→ égalité en droits ≠ égalité matérielle ou égalitarisme

● Place du droit de propriété – reconnu comme « droit naturel et


imprescriptible » – dans cette nouvelle charte sociale

2. La question de l’égalité politique

Egalité politique = participation à la vie politique (droit de vote /


suffrage universel)

Principe reconnu par la DD (art. 6) :

« Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs


représentants à la formation de la loi » (référendum / représentants
élus par tous = suffrage universel)

Principe remis en cause par les constituants lors des débats sur le mode
de suffrage

Constituante divisée : suffrage universel c/ suffrage censitaire


→ cf. fiche en ligne (dossier fiches complémentaires : « Débats et
controverses sur l’égalité politique »)

Distinction citoyens actifs / citoyens passifs (SIEYES)

Principes du suffrage censitaire : étudiés dans le C (nouvel ordre


politique)

Débats révélateurs d’une contradiction entre la Déclaration (égalité


politique) et la Constitution (inégalité politique)

→ autre limite au principe d’égalité

3. La question de la condition féminine : les droits civils et politiques


des femmes

● droit à la protection des lois + garantie de leurs droits naturels et


imprescriptibles

→ égalité civile ?
L’exemple du droit matrimonial (loi du 20 septembre 1792) et
successoral (plus égalitaires que dans l’ancien droit)

→ femmes exclues des fonctions publiques et de toute activité


politique (droit de vote / éligibilité)

Engagement de quelques figures révolutionnaires en faveur de


l’égalité :

● Figures masculines : le Marquis de Condorcet


Il propose dans un article du Journal de la Société de 1789
d’accorder le droit de vote aux femmes (« Sur l’admission
des femmes au droit de cité », 3 juillet 1790)

● féminines : Olympe de Gouges (Déclaration des droits


de la femme et de la citoyenne : cf. plaquette TD) et
d’autres… : conférence en ligne sur le sujet

Rôle actif et souvent crucial dans le processus révolutionnaire

Conclusion sur la DDH

- Individualisme
- Liberté / égalité (limites)
- Succès à l’étranger

B - Un nouvel ordre religieux

§ 1 - Eglise et monarchie dans l’Ancien Régime

1 - Le roi fait du clergé un ordre privilégié

2 - En contrepartie de ces privilèges, le clergé assume des missions :


● spirituelle : l’administration du culte
● temporelle : la charge de l’enseignement et de l’assistance publique

3 - Le roi intervient dans la nomination des membres du clergé français


4 - L’autorité du Pape est limitée par celle du roi sur les questions temporelles

§ 2 - Le nouveau statut de l’Eglise

Vente des biens nationaux


2 avantages :
▪ rentrée d’argent pour combler le déficit
▪ favoriser l’accès à la propriété

La Constitution civile du clergé (12 juillet 1790)

Que prévoit ce texte ?

Une rémunération

Un nouveau mode de nomination : élection

→ Conséquence : l’Eglise de France devient complètement


indépendante. Elle est « coupée » de Rome et du Pape.

Un serment de fidélité
« Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse (ou du diocèse) qui
m'est confiée, d'être fidèle à la Nation, à la Loi, au Roi et de maintenir de tout
mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée
par le Roi. »

Plat commémoratif de la Constitution civile du clergé, 1790


Musée Carnavalet
« Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution »

Quelles ont été les suites du texte ?


Ratification par le roi en août 1790

Condamnation par le Pape Pie VI en 1791


Un schisme (une division au sein de l’Eglise).
Deux « clans » :

→ Les prêtres constitutionnels ou « jureurs »

→ Les prêtres réfractaires

L’attitude de la population catholique

Remarque : en 1793 et 1794, persécutions

Le paradoxe de la Révolution

La France est profondément divisée (religieusement et politiquement).


La Constitution civile du clergé de 1790 crée une Eglise nationale (rupture avec
Rome) et met en place un clergé « fonctionnarisé »

C - Un nouvel ordre politique :


la constitution du 3 septembre 1791

Constitution votée le 3 septembre 1791

Nouveau régime, nouvelle organisation des pouvoirs : première monarchie


constitutionnelle (pouvoirs du roi limités par une constitution)
Constitution du 3 septembre 1791, page 1, Archives Nationales
Deux principes nouveaux :

§ 1 - La souveraineté nationale

Article 3 de la DDHC : « Le principe de toute souveraineté réside


essentiellement dans la Nation »

Souveraineté = somme des pouvoirs

Nation = entité abstraite supérieure indivisible et perpétuelle (distincte du


peuple), siège de la souveraineté

Principe de la délégation des pouvoirs à des représentants : représentation


nationale

→ Suite de l’article 3 DDHC : « Nul corps, nul individu ne peut exercer


d’autorité qui n’en émane [de la Nation] expressément »
Commentaire

→ Titre 3, article 2 de la Constitution : « La Nation, de qui seule émanent


tous les pouvoirs, ne peut les exercer que par délégation. »

► QUI ?

3 organes (titre 3, articles 3, 4, 5 de la Constitution) :

- Une assemblée (pvr législatif)


- Le roi (pvr exécutif)
- Des juges (pvr judiciaire)

§ 2 – Séparation des pouvoirs

Idée nouvelle en France (Lumières, modèle politique anglais), inaugurée par la


Constitution

1° Le pouvoir législatif

Assemblée unique
Mandat : 2 ans
Suffrage censitaire
a – Le système électoral : suffrage censitaire à deux degrés

Pas d’égalité politique (dans la Constitution)

Distinction entre citoyens actifs et passifs

Aucune remise en cause des droits naturels (DDH)

MAIS participation inégale à la vie politique (vote + éligibilité aux seuls citoyens
actifs)

Critères : homme / 25 ans / domiciliation / impôt

→ suffrage ou système électoral CENSITAIRE (cf. le mot « cens »)

Justifications de ce critère : double

Conception « bourgeoise » de la vie politique

Mode de suffrage à 2 degrés : explication

b – L’exercice du pouvoir législatif

Maîtrise du processus législatif

Les différentes phases :

- Initiative / discussion / vote (à l’assemblée)


- Lui échappe la promulgation

Pouvoir législatif fort

2° - Le pouvoir exécutif

Délégué au roi (tit. 3, art. 4 de la Constitution) : monarchie constitutionnelle

Louis XVI puis ses successeurs (règles traditionnelles de succession)

Pas d’élection
Pouvoir limité par la Constitution

Soumission à la loi :

« Il n’y a point en France d’autorité supérieure à celle de la loi. Le roi ne règne


que par elle et ce n’est qu’au nom de la loi qu’il peut exiger l’obéissance »
(Tit.3, chap. 2, art. 3)

Autorité constituée / délégué de la Nation / soumis à la loi

→ Hiérarchie reprise dans le serment civique : « Nation, Loi, Roi »

a – Les pouvoir limités du roi

Pouvoirs encadrés ou limités par l’assemblée

→ exemple des relations extérieures (décisions partagées avec


l’assemblée)

La nomination aux emplois publics lui échappe (administrateurs élus)

Quelques exceptions

b – L’épineuse question du veto

Le roi a le pouvoir de promulguer les textes votés par l’assemblée

Promulgation = dernière phase du processus législatif

Le roi peut-il s’opposer à un texte et refuser de le promulguer (droit de veto) ?

Constituants divisés

Solution du veto suspensif

Frein à l’action réformatrice / une des causes de l’échec du régime


Les ministres

Pas élus, nommés / révoqués par le roi / responsables devant lui

Aucune prise sur les agents de l’État (élus)

L’administration leur échappe

Conclusion :

Pouvoir exécutif affaibli – pouvoir législatif fort

3° - Le pouvoir judiciaire

Juges élus (donc indépendants)

Pas d’empiètement sur le pouvoir législatif (principe de séparation des


pouvoirs)

Conséquence : juges cantonnés à une stricte mission judiciaire (application


mécanique de la loi, sans pouvoir d’interprétation)

Loi toute puissante / juge serviteur de la loi

Conclusion sur le nouvel ordre politique

Pouvoirs séparés mais déséquilibrés

Constitution votée / assemblée constituante dissoute

Place au nouveau régime


SECTION III
L’ECHEC DE LA PREMIERE MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE
(1er octobre 1791 – 21 septembre 1792)

Durée de vie : moins d’un an → échec du régime imaginé par la Constituante

Raisons de l’échec : constitutionnelles et politiques

A - Les raisons constitutionnelles

Organisation des pouvoirs déséquilibrée (répartition inégale des pouvoirs)

Système trop cloisonné (pas de moyens de résolution des conflits entre


exécutif et législatif)

Le droit de veto (moyen de blocage ≠ résolution)

Organisation vouée à l’échec dans un contexte de tension roi/députés

- Le roi en abuse (blocage des réformes / attitude contre-


révolutionnaire)
- Fossé entre le roi et son peuple : « Monsieur veto »

Première cause de l’échec : séparation rigide et déséquilibre des pouvoirs

B - Les raisons politiques

L’assemblée sous pression de l’opinion publique

§ 1 - Le rôle politique de l’opinion publique

→ Les clubs

- Lieux d’intense réflexion politique, de débat


- Ouverts aux exclus de la vie politique

Orientation politique et influence


→ Le plus modéré : le club des Feuillants

- Idéal politique : la monarchie constitutionnelle

- La Révolution est faite, il ne faut pas aller plus loin

► Barnave :

« Il est temps de terminer la Révolution. Au moment où la Nation est


libre, où tous les français sont égaux, vouloir davantage, c’est vouloir
commencer à cesser d’être libres et devenir coupables ».

(Pousser plus loin le processus révolutionnaire, c’est prendre le risque de


compromettre la liberté, l’égalité, les droits fondamentaux et, ce faisant, se
rendre coupable de tyrannie → cf. la dictature de la Terreur en 1793/1794)

→ Les plus radicaux : club des Jacobins, club des Cordeliers

- Idéal politique : la République

- La Révolution n’en est qu’à ses débuts, tout reste à faire

- Éliminer les ennemis de la Révolution

Une séance au club des Jacobins, 1791


Tribuns particulièrement influents : Danton, Robespierre, Desmoulins…

Ils font l’éducation politique du peuple de Paris (les « sans-culotte »)

Acteurs de la chute du roi et du régime

Sans-culottes
§ 2 - La chute de la royauté

Principaux évènements qui ont nourri un sentiment d’hostilité à l’égard du roi

1° - La fuite du roi (Varennes, 21 juin 1791)

Roi toujours hostile à la Révolution

Contraint de quitter Versailles pour Paris

Le roi se sent prisonnier des parisiens

Projet de fuite à l’étranger

Enjeux d’une fuite pour le roi :

- Solliciter l’aide des puissances étrangères (monarchies qui


craignent la propagation des idées révolutionnaires)
- Faire tomber le régime en place

Échec de sa tentative de fuite en Belgique

La nuit de Varennes – 21 juin 1791


Arrestation de la famille royale

Pour le peuple il est un traître à la Révolution

On commence à réclamer sa déchéance et un régime républicain


2° - La guerre

20 avril 1792 : guerre c/ l’Autriche et la Prusse

Guerre idéologique : diffuser les idées nouvelles, consolider la Révolution et le


régime en place

Monarchies européennes = danger pour la Révolution

Convertir les peuples aux idées révolutionnaires

Pour le roi : espoir de retrouver son trône en cas de défaite des armées
révolutionnaires (suspecté de sympathie pour l’ennemi)

Vote des textes sur la déportation des prêtres réfractaires : veto royal

Début des insurrections

3° - Le 10 août 1792

Insurrection préparée par une commune insurrectionnelle

10 août, au matin : attaque du Palais des Tuileries (où réside la famille royale)

Prise du palais des Tuileries


La famille royale se réfugie à l’Assemblée

Commentaire du tableau

Élève de Jacques Louis David (1748-1825), François Pascal Simon Gérard (1770-1837) s’inscrit au
Concours de l’an II, instauré en 1794 par la Convention. Ce concours appelle « tous les artistes de la
République à représenter à leur choix sur la toile les époques les plus glorieuses de la République
française ». Gérard remporte le concours avec ce dessin préparatoire à un tableau qui devait s’intituler
« Le Peuple français demandant la destitution du tyran à la journée du 10 août » mais ne sera jamais
achevé.
Après la prise du palais des Tuileries, les insurgés envahissent la salle du Manège des Tuileries, où
siège l’Assemblée législative. Ils brandissent des bannières revendicatives sur lesquelles figurent des
mots d’ordre révolutionnaires : « Patrie / Egalité / Liberté » et « Plus de roi ». La fureur lyrique de cette
foule, figurée dans la partie gauche du dessin, contraste avec l’accablement des membres du bureau
de l’Assemblée réunis sur une estrade, à droite. Au-dessus d’eux, assis à une table sur laquelle est
posée une clochette, le Girondin Pierre Victurnien Vergniaud (1753-1793) préside la séance. Derrière
lui, à sa droite, apparaît la famille royale, réfugiée dans une loge qu’une rangée de barreaux isole de
la salle. Ainsi se conforme-t-on, fût-ce artificiellement, à la Constitution de 1791 selon laquelle le roi ne
peut assister aux délibérations de l’Assemblée législative. Au bas de l’estrade, l’artiste a représenté
plusieurs coffrets qui renferment les bijoux de la reine et divers biens saisis dans le palais des
Tuileries. Placés au centre de la composition, ils mettent en évidence la corruption du régime
monarchique et divisent l’espace pictural entre les adversaires et les partisans de la royauté.
Les députés sous pression prennent 3 décisions :

- Suspendent le roi
- Livrent la famille royale aux insurgés (prison du Temple)
- Annoncent l’élection d’une Convention (assemblée investie
du pouvoir constituant)

10 août = chute du roi donc fin de la monarchie constitutionnelle / annonce la


1ère République

Après le 10 Août, Robespierre :

« La royauté est anéantie, la noblesse et le clergé ont disparu, le règne


de l’égalité commence ».

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