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une ambition
francaise I
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Pour Françoise Botras et Richard Guineton
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Napoléon,
une ambition
francaise I
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Thierry Lentz
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Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai
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N et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les
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prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distan-
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cié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.
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Thierry Lentz
Historien, directeur de la Fondation Napoléon, il a publié de nom-
breux ouvrages sur le Consulat et l'Empire. Il enseigne à l'Institut
catholique d'études supérieures de La Roche-sur-Yon.
Du même auteur
- La Moselle et Napoléon. Étude d'un département sous Le Consulat et
L'Empire, Serpenoise, 1986.
- Roederer, Serpenoise, 1990, préface de Jean Tulard (prix d'histoire de
l'Académie Erckmann-Chatrian).
- Savary, Le séide de Napoléon, Serpenoise, 1993 (prix Perret de
l'Institut), nouvelle édition augmentée et refondue en 2001 (Fayard).
- Napoléon Ill PUF, coll. « Que sais-je? », 1995.
- Dictionnaire du Second Empire, Fayard, 1995 (collaboration).
- Le 18-Brumaire. Les coups d'État de Napoléon Bonaparte, Picollec, 1997
(Grand Prix de la Fondation Napoléon).
- ABCdairede Napoléon etde L'Empire, Flammarion, 1998 (collaboration).
- Napoléon. «Mon ambition était grande », Gallimard, 1998.
- Dictionnaire des Ministres de Napoléon, Christian Jas, 2000.
- Dictionnaire Napoléon, Fayard, 2000 (collaboration).
- Le Grand Consulat (1799-1804), Fayard, 2000.
- Nouvelle Histoire du Premier Empire. !. Napoléon et La conquête de
l/l L'Europe (1804-1810), II. L 'effondrement du système napoléonien (1810-
c
0
:p 1814), III La France et L'Europe de Napoléon, IV Les Cent-jours, Fayard,
"'O 2002-2010.
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QJ - jean-Frédéric Reichardt. Un hiver à Paris sous Le Consulat, Tallandier,
ëi'i 2003, avec Florence Pinon.
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•
Introduction
Politique
« Napoléon a trahi la Révolution. » ......... . . . . . . . .. 19
« Napoléon est le père de nos institutions. » ............. 25
« Napoléon est le précurseur de la construction
,
europeenne. » ... . . . . ...... . . . . . . ..... . . . . ....... 31
« Napoléon a voulu imiter les empereurs romains. » ...... 37
« N apoléon gouvernait seul. » ...... . . . . . . . . . . . ..... 45
« Sous son règne, il n'y avait pas d'opposition
à Napoléon. » . . ............ . . . . . . . . . . . .......... 51
« Napoléon a échoué car son règne s'est achevé
par un retour à l'Ancien Régime. » .......... . . . ..... 59
L
Guerre
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>
ru « La France n'a jamais été plus puissante
ru
u que sous Napoléon. » ............................ 67
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(V')
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« N apoléon a organisé le pillage de ses conquêtes. » ...... 73
0
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@
« Sans la défaite de Trafalgar,
,µ
..c: l'Angleterre aurait été envahie. » . . . . . . .............. 79
01
ï::::
>-
a. « Napoléon a envahi l'Espagne parce qu'il était
0
u mal conseillé. » . . .................. . ............ 87
« Napoléon a incendié Moscou. » . . . ................ 93
« Les guerres napoléoniennes ont ruiné la France. » ...... 99
« N apoléon a réinventé l'art de la guerre. » ......... . . 107
Destinée
« Napoléon est parti de rien. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147
Annexes
Une mine d'idées reçues :
Napoléon dans les livres scolaires ............ . . . . . . .155
Quelques rappels historiques .. . . . . . . . .............159
Pour aller plus loin .............. . . . ............ 163
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Napoléon fll tl Ü fl
Prénom masculin à l'origine discutée, mais qui ne dérive
probablement pas de celui du martyr napolitain Neopolus,
dont l'existence n'est pas établie. Qu'il soit d'origine antique
ou non, il était donné aux enfants en Corse bien avant la
naissance du futur empereur des Français. Deux cents ans
plus tôt, un certain Napoléon de Nonza avait combattu aux
côtés des Génois partis à la conquête de l'île. On note
encore dans l'histoire de Corse l'existence d'un Napoléon de
Santa-Lucia (indépendantiste) ou d'un Napoléon de Levie
(francophile). Le nom s' orthographiait « N apoleone » ou
l/l
c « Napulione », voire « Lapulion » . Mais peu importe au
0
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fond l'origine du « mot ». Son histoire commence vraiment
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avec le plus célèbre des Napoléon, Premier consul (sous son
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patronyme de Bonaparte) puis empereur des Français (sous
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gêné par son prénom (que ses camarades de classe auraient
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0 détourné en « la paille-au-nez »), Napoléon fut vite
N
. ' . .
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convaincu que son caractere unique et presque exotique
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01
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était un avantage. À la fin de sa vie, il confia à l'un de ses
>-
a.
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proches qu'il lui avait été très précieux pour frapper les
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esprits. Pour lui plaire, l'église catholique avait fixé la Saint-
N apoléon au 15 août, jour anniversaire de l'empereur.
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chronologie
1769
Naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio (15 août).
1778-1785
Études de Bonaparte sur le continent. Il sort de l'école mili-
taire de Paris avec le grade de lieutenant en second.
1789-1795
Napoléon participe à la prise de Toulon, livrée aux Anglais par
les contre-révolutionnaires. Il est nommé général de brigade
(22 décembre 1793).
l/l
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0 1796-1797
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Campagne d'Italie. Napoléon épouse]oséphine* de Beauharnais.
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QJ 1798-1799
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Campagne d' Égypte.
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1799
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Coup d 'État des 18 et 19 brumaire*. Création du Consulat* .
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ï::::
>-
a.
1800
0
u Lois sur l'organisation administrative de la France, la justice et
les tribunaux, la Banque de France, etc. À l'extérieur, victoires
de Marengo (14 juin) et Hohenlinden (3 décembre) contre
l'Autriche.
* Les mots signalés p ar un astérisque renvoient au glossaire en fin d 'ouvrage.
11
Napoléon, une ambition française
1801
Paix de Lunéville avec l'Autriche et de Paris avec la Russie.
Signature du Concordat* avec l'Église.
1802
Signature de la paix avec l'Angleterre (25 mars) et avec
l'Empire ottoman (25 juin). Bonaparte est nommé Consul à
vie. Lois sur l'instruction publique, la Légion d'Honneur*, les
chambres de commerce et le rétablissement de l'esclavage dans
les colonies.
1803
Lois sur le notariat, l'état-civil, la protection des marques, le
franc dit « germinal » . Rupture de la paix avec l'Angleterre
(mai).
1804
Proclamation de l'Empire par le Sénat (18 mai), suivie d'un plé-
l/l
c biscite (juillet) et du Sacre de Napoléon par le pape (2 décembre).
0
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Promulgation du Code civil.
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1805
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ru Napoléon est couronné roi d'Italie (26 mai). La Russie,
ru
u l'Autriche et Naples rejoignent l'Angleterre dans la lutte contre
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la France. Campagne de 1805 : occupation de Vienne et
0
N victoire d'Austerlitz (2 décembre). Désastre naval de Trafalgar
@
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..c
(21 octobre). Paix avec l'Autriche (26 décembre) .
01
ï::::
>-
a.
0
u 1806
Loi sur les conseils de prud'hommes, code de Procédure civile.
] oseph Bonaparte est proclamé roi de Naples. La famille
Bonaparte commence à s'installer sur les trônes d'Europe.
12
Chronologie
1807
Victoire sur les Russes à Friedland (14 juin).Traité de Tilsit
avec la Russie (juillet). Statut favorable aux juifs. Code de
Commerce.
1808
« Souricière » de Bayonne : Napoléon force la famille royale
espagnole à céder son trône à Joseph. Insurrection générale en
Espagne et intervention anglaise. Joseph doit fuir Madrid.
L'Espagne est reconquise par Napoléon. Préparatifs de guerre
de l'Autriche. Code d'instruction criminelle. Création de
l'Université impériale et de la noblesse <l'Empire.
1809
l/l
c Campagne d'Autriche. Nouvelle occupation de Vienne.
0
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Victoire de Wagram (5-6 juillet). Traité de paix en octobre.
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QJ
Réunion des États de l'Église à l'Empire. Excommunication de
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Napoléon. Divorce de Napoléon et de Joséphine. Arrestation
>
ru du pape.
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1810
0
N Napoléon épouse l'archiduchesse Marie-Louise (avril). Statuts de
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l'École normale supérieure. Code pénal. Annexion de Rome,
01
ï::::
>- des régions côtières allemandes, du Valais et de la Hollande.
a.
u
0
L'Empire français compte 130 départements.
1811
Naissance du fils de Napoléon, le roi de Rome (20 mars).
13
Napoléon, une ambition française
1812
Invasion de la Russie (24 juin). Bataille de la Moskova (7 sep-
tembre). Prise de Moscou (14 septembre). Entrée en scène de
l'hiver russe et catastrophe de la retraite de Russie.
1813
Campagne d'Allemagne. L'Autriche et la Prusse se rangent aux
côtés de l'Angleterre, de la Suède et de la Russie. Victoires de
Napoléon à Lutzen, Bautzen et Dresde. Défaite à Leipzig (16-
19 octobre). La France est menacée d'invasion.
1814
Campagne de France. Paris tombe le 30 mars. Le Sénat vote la
déchéance de Napoléon, réfugié à Fontainebleau. L'Empereur
abdique (6 avril). On lui offre la souveraineté de l'île d'Elbe.
Louis XVIII monte sur le trône.
1815
l/l
c Retour de Napoléon à Paris pour les « Cent-Jours » (20 mars-
0
:p
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22 juin). L'Europe ne veut plus de lui et ses armées marchent sur
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la France. L'Empereur est vaincu à Waterloo (18 juin), abdique à
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nouveau et est exilé à Sainte-Hélène. Retour des Bourbons qui
>
ru régneront sur la France jusqu'en 1830.
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1821
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N Mort de Napoléon (5 mai).
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ï::::
>- 1840
a.
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0
Retour des cendres de Napoléon en France. L'Empereur repose
depuis aux Invalides.
introduction
Existe-t-il, en histoire, un terrain plus propice à l'éclosion
des idées reçues que la vie, l' œuvre et la légende de
Napoléon?
Dans le temps comme dans l'espace, le « Grand
Homme » n'a jamais laissé indifférent. Fils et continuateur
d'une Révolution qui avait bouleversé le monde, il en
modela la face européenne par ses réalisations et ses intui-
tions, ses réussites et ses échecs, des institutions durables et
d'éphémères conquêtes. Puis, une fois son rôle météorique
achevé sur la scène des vivants, il légua aux générations
suivantes le souvenir embelli de ce qu'il avait fait et une
légende tenace qui annexa les imaginations comme elle
l/l
influença la science historique.
c
0
:p Alors, par couches successives, se forma une sorte de
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Napoléon « moyen », ni vrai, ni faux. C'est ici, au cœur des
QJ
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L
impressions historiques communes, qu'ont vu le jour et que
QJ
ru naissent encore les idées reçues sur l' œuvre de cet homme
>
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u qui, après avoir « envahi » son temps, comme l' écrivit
QJ
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(V')
Chateaubriand, s'appropria tant la postérité que le XIXe siècle
,..-1
0
N mériterait d'être appelé « le siècle de Napoléon ».
@
,µ
..c:
Le présent ouvrage aborde vingt idées reçues sur
01
ï::::
>- Napoléon, classées autour de trois thèmes essentiels à la pro-
a.
u
0
blématique napoléonienne : politique, guerre, destinée.
Nous les avons retenues et traitées avec un double objectif.
D'une part, nous avons voulu échapper, autant qu'il était
possible, au jeu stérile du « vrai-faux ». D'autre part, nous
Napoléon, une ambition française
::i
soixante-huit (ou neuf), Napoléon était ou non petit, ni de
QJ
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L
ses amours ou des raisons pour lesquelles il enfouissait sa
QJ
(V')
qui suivent.
,..-1
0
N Puissent nos lecteurs y sentir l'intérêt passé et présent des
@
,µ
..c:
études napoléoniennes. Puissent-ils y puiser une curiosité -
01
ï::::
>- pourquoi pas ? - nouvelle pour cette époque dont l'acteur
a.
u
0
essentiel, par son héritage comme par la présence et la viva-
cité de sa légende, semble nous dire, à deux siècles de dis-
tance, qu'avec lui, l'histoire n'est pas seulement le passé.
16
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« Napoléon a trahi la Révolution. :i
j'ai sauvé la Révolution qui périssait, je l'ai lavée de ses crimes,
je l'ai montrée au peuple resplendissante de gloire.
Au général de Montholon, 17 avril 1821
::i
QJ
second sens de « fini » , « terminé ») et divisent la Révolution
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L
QJ
en quatre périodes : Constituante (1789-1791) , Législative
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>
ru
(i791-1792), Convention (i792-1795), Directoire (i795-
u
QJ
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1799). Quant à Michelet et à une partie de l'historiographie
(V')
,..-1 marxiste, ils la terminent à la chute de Robespierre, le
0
N
@
27 juillet 1794 (9 thermidor an II, en calendrier révolution-
,µ
..c:
01
naire*). Cette « périodisation » de la Révolution a souvent
ï::::
>-
a. dépendu d'arrière-pensées politiques qui semblent ne plus
0
u avoir cours. Car nul ne soutient plus que la Révolution,
mouvement politique et social profond, ait pu se terminer
comme par enchantement à la chute de Robespierre ou au
lendemain du coup d'État de Brumaire*. Si la périodisation
19
Napoléon, une ambition française
::i
messe. Terminer la Révolution impliquait dans l'immédiat
QJ
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L
de persuader les contre-révolutionnaires, les jacobins et
QJ
(V')
et sociales qui restaient à accomplir. Sur tous ces fronts,
,-1
0
N la Révolution était loin d'être « finie » à l'avènement de
@
,µ
..c:
Bonaparte.
01
ï::::
>- Pour terminer la Révolution, Napoléon aurait pu revenir
a.
u
0
en arrière, c'est-à-dire la « trahir » : tel était grossièrement le
programme de la contre-révolution. Il ne choisit pas cette
voie. Son objectif fut de canaliser la Révolution en lui don-
nant un cours plus calme et mieux maîtrisé. Il ne pouvait,
20
Politique
::i
toire, ne voir que ce qu'il a de réel et de possible dans
QJ
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L
l'application des principes, et non ce qu'il y a de spéculatif
QJ
(V')
quatre ans plus tard, le serment constitutionnel, prononcé
,..-1
0
N lors du Sacre, fut pour !'Empereur un engagement de défendre
@
,µ
..c:
les grandes conquêtes de la Révolution et les institutions
01
ï::::
>- nouvelles créées en leur nom sous le Consulat : « Je jure
a.
u
0
de maintenir l'intégrité du territoire de la République ; de
respecter et de faire respecter les lois du Concordat* et la
liberté des cultes ; de respecter et faire respecter l'égalité des
droits, la liberté politique et civile, !'irrévocabilité des ventes
21
Napoléon, une ambition française
::i
Code civil, la centralisation, l'uniformisation de la grille
QJ
ëi'i
L
administrative et tant d'autres réformes ne sont que des
QJ
(V')
Napoléon (qui fit disparaître le terme « république » du
,..-1
0
N vocabulaire officiel après 1807) ne fut certes pas le continua-
@
,µ
..c:
teur de la « révolution démocratique » (si tant est que cette
01
ï::::
>- expression ait recouvert une réalité autre que les professions
a.
u
0
de foi de Robespierre ou de Saint-] ust). Cependant, si on ne
peut contester qu'il se soit servi des institutions républicaines
pour asseoir son pouvoir personnel puis absolu, on ne sau-
rait soutenir que sous prétexte de renforcement du pouvoir
22
Politique
::i
Révolution et le véhicule des idées nouvelles rejetées, au
QJ
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L
nom de « l'équilibre européen », par les vieilles monarchies.
QJ
(V')
une guerre à outrance, la bourgeoisie commença à se détacher
,-1
0
N de !'Empereur, avant de le rejeter, en 1814 et 1815.
@
,µ
..c:
À cette époque, de toute façon, Napoléon avait achevé
01
ï::::
>- son rôle historique. À l'intérieur, loin d'avoir été trahie, la
a.
u
0
Révolution de 1789 avait été stabilisée.
23
Napoléon, une ambition française
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Le « mythe du sauveur »
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« Napoléon est le pèr:i
de nos institutions. »
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puisant largement dans les travaux antérieurs, issus des
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débats doctrinaux de la Révolution. Fondateur de la France
QJ
(V')
des principes d'ordre et de rigueur.
,..-1
0
N L' œuvre intérieure de Napoléon fut impressionnante et
@
,µ
..c:
durable. En novembre 1799, il hérita d'une France politi-
01
ï::::
>-
quement éclatée, économiquement exsangue, socialement
a.
u
0
divisée, spirituellement anéantie. Tout était à reconstruire,
en dépit des efforts consentis sous le Directoire* mais qui
avaient été loin de porter tous leurs fruits. La tâche était
immense. Quinze années plus tard, cette France apparaissait
25
Napoléon, une ambition française
::i
tion de l'État, direction des administrations, autorité hiérar-
QJ
ëi'i
L
chique sur les autres niveaux locaux (arrondissement et
QJ
(V')
décennies avant de connaître ses premières retouches. Il ne
,..-1
0
N contribua pas peu à affermir l'unité nationale. Il fallut attendre
@
,µ
..c:
les grandes lois de décentralisation (depuis 1982), pour que
01
ï::::
>- l'architecture de la France locale, créée sous Napoléon, soit
a.
u
0
bouleversée, même si la soumission des services déconcentrés
de l'État au préfet reste encore bien vivante.
Le souci napoléonien de réorganisation et de rationalisa-
tion s'exprima, dans tous les domaines de l'action de l'État,
Politique
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Pièce de 40 francs, J 81 2
Napoléon, une ambition française
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Portrait de Cambacérès
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Politique
::i
d'une partie des chambres (qui déplorait l'abandon de cer-
QJ
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L
taines réformes révolutionnaires, comme la liberté de divorcer
QJ
(V')
Napoléon, en 1807) furent promulgués, le 21 mars 1804. La
,..-1
0
N propriété et la famille étaient au cœur de ce monument qui,
@
,µ
..c:
sur de nombreux aspects, a traversé le temps, les grandes
01
ï::::
>- réformes n'étant intervenues qu'à partir du début des
a.
u
0
années 1960. D'autres codes virent le jour tout au long de
l'Empire et marquèrent l'ordre juridique français : Procédure
civile (1806), Commerce (1807), Instruction criminelle
(1808), Code pénal (1810) et Code rural (1814). Ces codes
29
Napoléon, une ambition française
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30
« Napoléon est le précurseu71
de la construction européenne. »
ru
De la déclaration de guerre à l'Autriche (1792) à la bataille
>
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u de Waterloo (1815), les armées de la Révolution et de
QJ
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(V')
l'Empire ont soumis l'Europe à la domination française. En
,-1
0
N
1810, le « système » mis sur pied par Napoléon (car c'est
@
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ainsi qu'il désignait l'Europe réorganisée par lui) avait pour
..c:
01
ï:::: fondations une France de 134 départements (de Hambourg
>-
a.
u
0 à Rome, de Brest à Mayence) et un royaume d'Italie (au
nord de la Péninsule) dont !'Empereur portait la couronne
depuis 1805, Eugène de Beauharnais (son beau-fils) en étant
vice-roi. Au fil des conquêtes, Napoléon avait placé sa
31
Napoléon, une ambition française
::i
après Charlemagne, un « empereur d'Occident ».
QJ
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Depuis 1807, après leur défaite militaire, la Russie et la
QJ
(V')
femme à Napoléon (qui avait divorcé de Joséphine* de
,..-1
0
N Beauharnais) une de ses archiduchesses, Marie-Louise, nièce
@
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..c:
de Marie-Antoinette, la reine guillotinée. Seule restait en
01
ï::::
>- guerre l'Angleterre, ennemi irréductible depuis l'abandon
a.
u
0
du projet d'invasion des îles britanniques en 1805, qui
soutenait la rébellion espagnole, suite au soulèvement de la
Péninsule ibérique, en 1808. Le « Grand Empire », expres-
sion utilisée par Napoléon depuis 1806, avait succédé à la
32
Politique
::i
sivement alimenté par la force militaire et la conquête. La
QJ
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L
France imposait ses choix, ce dont Napoléon donna la
QJ
(V')
geants ne lui convinrent plus. Les failles de cette conception
,..-1
0
N de l'Europe résidaient donc dans sa diversité, son immensité
@
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..c:
et la coercition nécessaire à son maintien. C 'est à Paris que
01
ï::::
>- se décidait ce qui était bon pour les anciens Allemands,
a.
u
0
Hollandais, Italiens, Espagnols ou Suisses désormais consi-
dérés comme citoyens de l'Empire français. Par contrecoup,
les nationalismes purent faire leur lit dans l'opposition au
« système ». D'Allemagne (avec les fameux Discours à la
33
Napoléon, une ambition française
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Au final, Napoléon ne put unifier le Vieux Continent. La
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N défaite militaire en fut la cause immédiate, malgré la propa-
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gande et la belle image « européenne » d'une « armée des
01
ï::::
>- Vingt Nations » partant à la conquête de la Russie, en 1812.
a.
u
0
Trois ans plus tard, après les guerres perdues par la France,
l'acte final du congrès de Vienne* (9 juin 1815) mit provisoi-
rement sous l'éteignoir les nations en réaffirmant la légiti-
mité des familles régnantes, en même temps qu'il fit rentrer
34
Politique
::i
1792, lors de la prise des Tuileries) pour l'appeler à soutenir
QJ
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L
son projet autrement qu'en s'engageant sous la bannière de
QJ
(V')
modérée) réunisse l'Europe : il fallait toujours que l'impul-
,..-1
0
N sion soit donnée « d'en haut ».Avec le temps, les buts géné-
@
,µ
..c:
reux de la Révolution (« apporter la liberté au monde »)
01
ï::::
>- furent abandonnés par la France, même s'ils servirent
a.
u
0
encore de prétexte à l'ennemi anglais pour coaliser les
monarchies.
L'entreprise napoléonienne fut une conquête et, en ce
sens, elle ne « construisit » pas l'Europe. Elle ne contribua
35
Napoléon, une ambition française
r 44 millions de Français
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« Napoléon a voulu imite71
les empereurs romains. »
37
Napoléon, une ambition française
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Bonaparte sur le pont d 'Arcole, Antoine-jean Gros, vers 1801
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L
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(V')
rence. Il convient de nuancer cette idée et de rendre à
,..-1
0
N Charlemagne ce qui lui revient. Car c'est bien plus en pen-
@
,µ
..c
sant (mais sans le « singer ») à cet empereur que Napoléon
01
ï::::
>- construisit la plus grande part de la symbolique de sa
a.
u
0
monarchie.
La dynastie nouvelle ne pouvait pas être sans racines histo-
riques. Napoléon avait compris qu'il fallait tremper son pou-
voir dans des exemples passés crédibles qui renforceraient,
Politique
::i
laient en outre à la Maison d'Autriche que le chef de l'État
QJ
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L
français, remplaçant des Bourbons, n'était pas moins
QJ
(V')
doctrine française, en effet, la « création » du Saint Empire
,..-1
0
N romain germanique par Otton Ier, en 962, était un accident
@
,µ
..c:
de l'histoire quel' on était en droit de vouloir réparer à tout
01
ï::::
>- moment.
a.
0
u
Dès 1803, Bonaparte ordonna l'érection d'une statue de
Charlemagne au sommet d'une colonne « à la Trajan», au
centre de la place Vendôme. En 1804, lorsqu'il décida de se
39
Napoléon, une ambition française
::i
Rome n'était pas absente des références du nouvel
QJ
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L
Empire, mais par Charlemagne interposé. En effet, ce
QJ
(V')
l'Empire d'Orient de Byzance (rivale de Rome depuis le
,..-1
0
N partage de l'Empire, dont l'empereur était défaillant, au
@
,µ
..c:
rvesiècle) et avec le pape (dont Charlemagne s'instaura le
01
ï::::
>- protecteur).
a.
u
0
Si la grande majorité de l'opinion ignorait probablement
tout de ces réflexions doctrinales ou historiques, on ne peut
douter que Napoléon et son entourage s'y référèrent, tant
sont troublantes les « coïncidences » entre la symbolique
Politique
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41
Napoléon, une ambition française
::i
de la tombe de l'empereur des Francs, mort en 814.
QJ
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L
Contrairement à une légende répandue par certains mémo-
QJ
(V')
attention.
,..-1
0
N Après le Sacre, Napoléon n'oublia pas Charlemagne lorsque
@
,µ
..c:
les nécessités de la politique se firent sentir. C'est à son
01
ï::::
>- « prédécesseur » qu'il pensa lorsqu' ayant décidé de liquider
a.
u
0
le Saint Empire, après Austerlitz (2 décembre 1805), il le
remplaça par une Confédération du Rhin entièrement
soumise à la France. Selon un des grands historiens de la vie
personnelle et familiale de Napoléon, Frédéric Masson, il
42
Politique
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« Napoléon gouvernait seul. 71
Sans un gouvernement fort et paternel, la France aurait à craindre
le retour des maux qu 'elle a soufferts. La faiblesse du pouvoir
suprême est la plus affreuse calamité des peuples.
::i
QJ
tentions de la noblesse, des sautes d'humeur des Parlements (qui
ëi'i
L
QJ
étaient des cours de justice et non des assemblées politiques),
>
ru des particularismes locaux et corporatifs et des lois fondamen-
ru
u
QJ
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tales du royaume. Afin de renforcer le pouvoir de et dans
(V')
,..-1
l'État, les constitutions napoléoniennes stipulaient : « Le
0
N
@
gouvernement de la République est confié à un Empereur ».
,µ
..c:
01
On serait tenté d'écrire que c'est donc à « bon droit » que
ï::::
>-
a. Napoléon gouverna seul, puisqu'il était désigné comme le seul
0
u détenteur du pouvoir exécutif par les textes. Il prenait des
décrets sans avoir de compte à rendre aux chambres (qui
votaient la loi, mais sur initiative de l'exécutif, après une
procédure complexe qui limitait au minimum leur liberté
45
Napoléon, une ambition française
::i
tionnèrent que fort rarement ses décisions. Il savait écouter ; il
QJ
ëi'i
L
acceptait de débattre ; il pouvait même changer d'avis, encore
QJ
(V')
chacun devait, à sa place, mettre ses compétences au service
,..-1
0
N du projet devenu commun. Admiratif, le conseiller d'État
@
,µ
..c:
Roederer nota : « Il arriva sous son gouvernement une chose
01
ï::::
>- assez extraordinaire entre les hommes qui travaillaient avec
a.
u
0
lui : la médiocrité se sentit du talent; le talent se crut tombé
dans la médiocrité, tant il éclairait l'une, tant il étonnait
l'autre. Des hommes jusque-là jugés incapables, se rendirent
utiles ; des hommes jusque-là distingués, se trouvaient tout à
Politique
::i
et Savary furent deux excellents ministres de la Police, chacun
QJ
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L
dans son style ; les ministres de !'Intérieur successifs dominèrent
QJ
(V')
du gouvernement pour préparer les grandes réformes, ou du
,..-1
0
N second cercle, composé d'esprits brillants tels Monge, Volney
@
,µ
..c:
ou Berthollet ?
01
ï::::
>- La faiblesse du système fut que Napoléon, qui n'aimait pas
a.
u
0
les têtes nouvelles, ne sut se séparer de ceux qui le desservaient.
C'est flagrant avec Talleyrand, qui le trahit à partir de 1807, ou
Fouché qui joua souvent sa « carte personnelle » dans les grandes
affaires qu'il eut à traiter. Ces deux hommes méritèrent cent
47
Napoléon, une ambition française
0
u
49
Napoléon, une ambition française
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>-
a.
0
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« Sous son règne, il n'y avait pa71
d'opposition à Napoléon. »
51
Napoléon, une ambition française
r
L'activité dite du «
Le cabinet noir
(V')
,..-1
0
N
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@
.µ
..c détention sans jugement ressuscita même les lettres de
01
·c
>-
0.
cachet de l'Ancien Régime par lesquelles le roi pouvait éloi-
0
u gner ou détenir ceux qui lui déplaisaient. Mais n'exagérons
pas l'impact des prisons d'État : environ 2 500 personnes y
furent détenues, à comparer aux centaines de milliers d' arres-
tations non moins arbitraires pendant la Terreur.
52
Politique
::l
rassé un mois après le coup d'État) et préparèrent le rempla-
Q)
as
L
cement du chef de l'État lors de la seconde campagne
Q)
(V')
leur était accessible, ces trois oppositions menèrent la vie
,-1
0
N dure au Premier Consul. Il dut batailler jusque dans les
@
.µ
..r::
chambres : le Tribunat et le Corps législatif rejetèrent plu-
01
·c
>- sieurs titres du Code civil, tentèrent d'empêcher la réconci-
0.
u
0
liation religieuse voulue par le Concordat*, retardèrent
de deux ans la mise en vigueur de la loi sur la Légion
d'Honneur* (qui, aux yeux des républicains, recréait une
sorte de noblesse). En plusieurs étapes, Bonaparte épura ces
53
Napoléon, une ambition française
::l
Blocus* continental (juillet 1809), on assista à la renaissance
Q)
as
L
de l'opposition catholique : treize cardinaux s'abstinrent de
Q)
(V')
tandis que des mouvements clandestins (comme les Chevaliers
,..-1
0
N de la Foi) voyaient le jour dans les campagnes. En 1812, pen-
@
.µ
..r::
dant la campagne de Russie, on assista au réveil des républi-
01
·c
>-
cains avec la conspiration du général Malet (23 octobre).
0.
u
0
Celui-ci sema la panique à Paris, en annonçant la mort de
!'Empereur, en proclamant l'avènement d'un gouverne-
ment provisoire et en arrêtant plusieurs responsables de
l'administration (dont le ministre de la Police Savary). Si la
54
Politique
(/)
c
0
Mariage de Napoléon et Marie-Louise, par Georges Rouget, J 81 o
:;:::;
-0
•Q)
::l
Q)
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L
conspiration fut facilement tuée dans l' œuf, elle montra la
Q)
ru
>
fragilité de l'édifice impérial.
ru
u
Q)
Il fut si rarement consulté qu'on ne saurait dire avec cer-
_J
(V')
,..-1
titude quelle proportion du peuple s'opposa au régime. Les
0
N quatre plébiscites organisés en 1800, 1802, 1804 et 1815 ne
@
.µ
..c permettent que peu de constats. Ce qui est certain, c'est que,
01
·c compte tenu de leur faible taux de participation (entre 15 et
>-
0.
0
u 20 o/o), le premier et le dernier d'entre eux furent des échecs
pour le Consulat naissant et l'Empire « restauré », malgré
les fraudes massives du ministère de !'Intérieur en 1800. Les
deux autres plébiscites (environ 40 °/o de participation
55
Napoléon, une ambition française
::l
assombri par la vigueur retrouvée de toutes ces oppositions.
Q)
as
L
À la gauche, Napoléon dut tenir un discours jacobin. Aux
Q)
(V')
taires » de la charte octroyée l'année précédente par
,-1
0
N Louis XVIII, le frère de Louis XVI, restauré par les chambres
@
.µ
..r::
napoléoniennes. Aux royalistes modérés, il garantit qu'il n 'y
01
·c
>- aurait pas de réaction. Aux royalistes insurgés dans l'Ouest,
0.
u
0
il envoya près de 40 ooo soldats qui lui manquèrent cruel-
lement pendant la campagne de Belgique. Ce faisant, à force
de vouloir agir en « attrape-tout » politique - ce qu'il s'était
toujours refusé à faire -, il ne satisfit personne et, une fois
57
Napoléon, une ambition française
(/)
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0.
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«Napoléon a échoué car son règn';"l
s ' est acheve,, par un retour
à l'Ancien Régime. »
59
Napoléon, une ambition française
::l
Napoléon les plus coupables (régicides, généraux qui avaient
Q)
as
L
favorisés le retour de l'île d'Elbe), pardonnant aux autres et
Q)
(V')
ment de Charles X en 1824 donnèrent l'impression d'un
,-1
0
N retour en arrière politique.
@
.µ
..r::
Quoiqu'il en soit, le retour à l'Ancien Régime était
01
·c
>- impossible. La seule existence d'une charte écrite (dont le
0.
u
0
principe était rejeté par la droite royaliste), malgré sa timi-
dité et ses faiblesses, prouvait que quelque chose avait
changé au royaume de France depuis 1789. Le roi avait été
obligé de composer avec l'opinion éclairée et de concéder un
60
Politique
::l Mitau. Il quitta une nouvelle fois cette ville en 1807, à l'approche des
Q)
as
L
troupes françaises. Il rallia alors la rade de Yarmouth en Grande-
Q)
Bretagne, força le gouvernement britannique à l'accueillir, vécut un
ru
> temps à Gosfield (prêté par le duc de Buckingham) et s'installa fina-
ru
u
Q) lement en avril 1809 à Hartwell (propriété du baron Lee à soixante-
_J
(V')
,..-1
cinq kilomètres de Londres, louée cinq cents livres par an), dernière
0
N station d'un exil qui dura en tout vingt-quatre ans. Évidemment,
@ des espions français informaient régulièrement Paris de ces pérégri-
.µ
..r::
01 nations, rendues encore plus pénibles par la mauvaise santé du
·c
>-
0.
prétendant. Son embonpoint était déjà prononcé et n'allait cesser de
0
u croître.
Le gouvernement britannique se montra aussi généreux que méfiant
avec cet hôte utile et encombrant. Il accueillait sur son sol de nom-
breux émigrés français qui poursuivaient la lutte littéraire, politique
mais aussi armée contre « Buonaparte ». Il ne pouvait cependant
Napoléon, une ambition française
::l
le régime précédent.
Q)
as
L
Finalement, les notables qui avaient fait la Révolution de
Q)
(V')
voir économique, les clefs du pouvoir politique, tandis que
,..-1
0
N les républicains s'agitaient dans l'ombre et que le parti roya-
@
.µ
..r::
liste se déchirait entre les modérés et les ultras. Lorsque la
01
·c
>-
balance pencha trop du côté de la réaction et que celle-ci
0.
u
0
commença à mettre en péril les équilibres nationaux, une
nouvelle Révolution chassa Charles X, en 1830. Elle fut
symbolisée à Paris par un ancien de 89, La Fayette. Louis-
Philippe d'Orléans, le chef de la branche cadette de la
Napoléon, une ambition française
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«La France n'a jamais été plu71
puissante que sous Napoléon. >>
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Continent. Seule l'Angleterre continuait la guerre, en évi-
>
ru
u tant, certes, les chocs frontaux mais en insérant des coins
Q)
_J
(V')
dans les fragiles alliances de la France.
,..-1
0
N
La prépondérance française était fondée sur plusieurs fac-
@
.µ
teurs : la démographie, la puissance de l'appareil militaire,
.r::
01
·c la nature des institutions politiques, la domination idéolo-
>-
0.
u
0 gique.
« L'avantage du pays de France sur les autres pays par le
nombre de ses habitants fait l'unanimité » , écrivait en 1803
l'ambassadeur de Turquie à Paris. Avec environ 37 millions
d'habitants (dont 30 dans ses limites actuelles), la France du
Napoléon, une ambition française
::l
tiques fondées sur la concentration du pouvoir exécutif,
Q)
as
L
tantôt dictature de salut public sous le Consulat, tantôt
Q)
(V')
champ.
,..-1
0
N Cet élément décisif était cependant pondéré par l'idéologie.
@
.µ
..r::
L'absolutisme était comme « démocratisé » par l'usage
01
·c
>- (modéré) du plébiscite, la persistance de quelques institu-
0.
u
0
tions collectives au rôle certes limité, mais on relèvera que
ce sont tout de même le Sénat et le Corps législatif qui pro-
noncèrent la déchéance de !'Empereur en 1814. Absolutisme
démocratisé encore, en ce que c'était pour sauver la
68
Guerre
::l
troupes françaises (Pologne, Italie du Sud, certaines classes
Q)
as
L
espagnoles) comme une « libération » . Sans y adhérer
Q)
(V')
À l'apogée de l'Empire, Napoléon paraissait avoir atteint
,..-1
0
N son but : dominer l'Europe, y répandre les idées sociales de
@
.µ
..r::
1789 et implanter ses structures politiques, ce qu'il appelait
01
·c
>- son « système ». Après 1811, le déclin fut rapide : éveil des
0.
u
0
« nations » occupées, défaites militaires et lâchage du régime
par les bourgeoisies. Les traités de Paris (1814 et 1815) forcèrent
la France à rentrer dans le rang. Le jeu des comparaisons
pouvait commencer.
Napoléon, une ambition française
::l
Plus près de nous, une partie de la droite de l'entre-deux-
Q)
as
L
guerres regretta que la France n'ait pas profité de sa« puis-
Q)
(V')
l'histoire à sa façon.
,..-1
0
N En Histoire, plus encore que dans d'autres disciplines,
@
.µ
..r::
comparaison n'est pas raison. Si la France fut le plus puis-
01
·c
>- sant État d'Europe sous Napoléon (jusqu'en 1812 au moins),
0.
u
0
on ne saurait dire, car l'exercice a peu de sens, qu'elle ne fut
jamais aussi « puissante » qu'à ce moment-là. Pour le pou-
voir, il faudrait que les mentalités, la conception même de
la « puissance » et les conditions politiques, diplomatiques,
Guerre
(/)
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« Napoléon a organisé le pillag';l
de ses conquêtes. »
::l
Q)
l'art de la guerre de l'époque se poursuivirent tout naturel-
as
L lement sous le Consulat* et l'Empire.
Q)
ru
> Elles se fondaient d'abord sur la nécessité de nourrir, de
ru
u loger et de chauffer les troupes d'invasion (hommes et che-
Q)
_J
(V')
,..-1
vaux) puis d'occupation. Les armées se servaient sur le pays.
0
N
@
Cette habitude n'a pas disparu de nos jours. La faiblesse de
.µ
..r::
01
l'intendance et la masse des denrées qu'il aurait fallu emporter
·c
>-
0.
à la suite de la Grande Armée étaient telles qu'aucun chef
0
u n'aurait pu - en eût-il eu la volonté - se passer du pillage
qui, lorsqu'il était mieux organisé, était appelé « réquisi-
tions ». On tenta bien, au moment de la campagne de
Russie, d'emporter des bœufs à la suite de l'armée : ils
73
Napoléon, une ambition française
::l
des dotations (sur des domaines confisqués à l'étranger), des
Q)
as
L
honneurs rétribués, voire des primes pour leurs actions
Q)
(V')
les yeux la plupart du temps (même si le règlement interdi-
,..-1
0
N sait le pillage individuel), n'intervenant que lorsque les mal-
@
.µ
..r::
versations étaient trop flagrantes .
01
·c
>- Il est vrai que !'Empereur y allait lui-même de ses propres
0.
u
0
saisies. Les prises de guerre alimentaient les quinze musées
créés en 1801, le Louvre (musée Napoléon) se taillant bien
sûr la part du lion. Rome, Venise (dont le Lion ailé de
Saint-Marc orna un temps une fontaine parisienne), Parme,
74
Guerre
::l
le Domaine extraordinaire fut créé en 1810 : les sommes et
Q)
as
L
biens transférés à cette caisse permettaient à Napoléon de
Q)
(V')
en tout), voire à financer certains travaux publics (Madeleine,
,-1
0
N Louvre, Arc de Triomphe du Carrousel, etc). Une réserve
@
.µ
..r::
d'or fut même constituée dans les caves des Tuileries. Elle
01
·c
>- fut bien utile en 1814 lors de l'invasion du territoire. Issu
0.
u
0
d'une sorte de « droit de conquête » un tantinet « archaïque »
(M. Bruguière, « Domaine extraordinaire », Dictionnaire
Napoléon, 1999), le Domaine extraordinaire évita les
emprunts pour financer la guerre et, après Waterloo , le
75
Napoléon, une ambition française
(/)
c
0
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-0
•Q)
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>-
0.
0
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Guerre
(V')
Berthollet, le botaniste Thouin, le naturaliste La Billardière, le peintre
,..-1
0 Berthélemy, le sculpteur Moitte et d'autres artistes encore. Ces
N
@ hommes sélectionnèrent des centaines d'œuvres qui furent envoyées
.µ
..r:: en France par convois et parfois accueillis avec solennité par le
01
·c
>- Directoire, comme ce fut le cas pour l'entrée en grande pompe des
0.
u
0 antiques à Paris, le 27 juillet 1 798 : vingt-neuf chars défilèrent du
jardin des Plantes au Champ de Mars.
Tout au long de sa campagne, Bonaparte s'évertua à donner une
assise juridique à son action. Les saisies furent réalisées par droit de
conquête après la prise d'une ville ou à partir d'une liste figurant
77
Napoléon, une ambition française
(/)
c
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:;:::;
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0.
0
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« Sans la défaite de Trafalga;:'l
l'Angleterre aurait été envahie. »
79
Napoléon, une ambition française
::l
Villeneuve tenta une sortie, à partir du 19 octobre 1805. Il dis-
Q)
as
L
posait de 22 vaisseaux français et 15 vaisseaux espagnols. Face à
Q)
(V')
au large du cap Trafalgar. Elle tourna rapidement à l'avantage
,..-1
0
N des Britanniques. La ligne française fut percée en deux
@
.µ
..r::
endroits. Nelson avait choisi une tactique presque « napoléo-
01
·c
>- nienne » : être toujours en supériorité numérique à un endroit
0.
u
0
donné. Ainsi, chaque vaisseau français ou espagnol fut simul-
tanément attaqué par plusieurs navires anglais qui, une fois
leur besogne accomplie, se tournaient vers une autre proie. La
canonnade fut parfois complétée d'abordages permettant aux
80
Guerre
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Plan de la bataille de Trafalgar, J 805
::l
construction navale française pour parvenir à créer les condi-
Q)
as
L
tions du débarquement et les sommes englouties pour pré-
Q)
(V')
l'abandon du camp de Boulogne sauva l'Angleterre et que ce
,-1
0
N fut grâce à sa marine que le pays évita la défaite. Sur le terri-
@
.µ
..r::
toire anglais, la machine de guerre française aurait sans doute
01
·c
>- balayé l'armée de George III. Quant à Napoléon, il déclara à
0.
u
0
Sainte-Hélène qu'une fois à Londres (ce qui semble montrer
qu'il voulait bien y aller), il aurait convoqué un Parlement et
doté Albion d'une nouvelle constitution privant l'oligarchie
de son pouvoir.
Napoléon, une ambition française
::l
Q)
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L
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>
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01
·c
>-
0.
0
u
86
«Napoléon a envahi l'Espagn:-i
parce qu'il était mal conseillé. »
::l
Godoy, au grand désappointement du prince héritier Ferdinand
Q)
as
L
qui complotait ouvertement contre ses parents. Les scènes
Q)
(V')
Bourbons de Naples n'avaient plus que leurs îles) laissaient
,..-1
0
N penser que le fruit serait bientôt mûr pour un changement
@
.µ
..r::
de dynastie .
01
·c
>- Et puis, cette Espagne (facilement vaincue par les armées
0.
u
0
révolutionnaires en 1794-1795) était devenue un simple
satellite soumis aux volontés de son puissant voisin. Cette
satellisation reposait sur plusieurs facteurs qui s'addition-
naient : la faiblesse du gouvernement espagnol miné par ses
88
Guerre
(V')
,..-1
homme extraordinaire; toutes les classes de la société, nobles, moines,
0
N prêtres, peuple, tous en parlent avec admiration, tous voudraient le
@ voir.» Plus tard, c'est un officier envoyé sur place qui écrivait
.µ
..r::
01 encore : « Tous les yeux sont tournés vers !'Empereur. L'Espagne
·c
>-
0.
dans ses malheurs regarde Votre Majesté comme le seul appui qui
0
u puisse la sauver. » Avant même de se lancer dans l'aventure espa-
gnole, Napoléon avait ainsi été conforté dans ses projets par une
quasi désinformation.
_J
Napoléon, une ambition française
::l
continental, le sort de l'Espagne commença à se jouer. La
Q)
as
L
Grande Armée occupa tout le nord du pays, sous prétexte
Q)
(V')
puis l'abdication de son père. Murat, commandant les forces
,..-1
0
N françaises, envoya tous les protagonistes de cette tragi-
@
.µ
..r::
comédie à Bayonne se soumettre à l'arbitrage de Napoléon .
01
·c
>- Lors d'une véritable souricière, !'Empereur força tout le
0.
u
0
monde à renoncer à ses droits et fit proclamer roi d'Espagne
son propre frère Joseph. Une aussi importante décision ne
put pas être imposée à Napoléon, ni par Talleyrand, ni par
Murat (beau-frère de l'empereur qui rêvait de devenir roi
Guerre
::l
reprise et Joseph Bonaparte put commencer à régner.
Q)
as
L
Mais pendant que !'Empereur combattait victorieuse-
Q)
(V')
sa revanche de ses défaites de 1805 (défaites d'Ulm et
,..-1
0
N d'Austerlitz, Vienne occupée, fin de l'hégémonie autri-
@
.µ
..r::
chienne sur l'Allemagne). Napoléon dut rentrer précipitam-
01
·c
>- ment à Paris pour faire face à ce nouveau danger (il allait
0.
u
0
écraser les Autrichiens à Wagram, en juillet 1809), laissant
Joseph et ses maréchaux poursuivre la guerre ibérique.
Pendant cinq ans, les Français allaient faire face à une
terrible guérilla (à laquelle ils répondirent par des atrocités
91
Napoléon, une ambition française
(/)
c
0
:;:::;
-0
•Q)
::l
Q)
as
L
Q)
ru
>
ru
u
Q) Les malheurs de la guerre, Goya, n ° 32, 1863
_J
(V')
,..-1
0
N Dans l'affaire d'Espagne, Napoléon perdit environ
@
.µ 200 ooo soldats. Mais il perdit bien plus encore : ses échecs
..c
01
·c
>- espagnols avaient montré qu'il n'était pas invincible.
0.
u
0
L'Europe en avait été comme encouragée à intensifier sa
lutte contre la France napoléonienne.
92
« Napoléon a incendié Moscou. 71
La belle et superbe ville de Moscou n'existe plus,
Rostopchine l'a fait brûler [... }.
Cette conduite est atroce et sans but.
::l
Q)
elle-même princesse allemande), ajournement par Napoléon
as
L du partage des territoires européens de l'Empire ottoman
Q)
ru
> (ennemi « héréditaire » de la Russie), création du Grand
ru
u
Q)
_J
Duché de Varsovie par la France (ce qui équivalait, aux yeux
(V')
,..-1 des Russes, à ressusciter la Pologne). Pour couronner le
0
N
@
tout, Alexandre refusa à Napoléon (qui venait de divorcer
.µ
..r::
01
de Joséphine*) la main de sa jeune sœur Anne, obligeant
·c
>-
0.
!'Empereur des Français à se tourner vers l'alliance autri-
0
u chienne en épousant l'archiduchesse Marie-Louise. À partir
de 1811, la guerre était devenue inévitable.
Le 23 juin 1812, la Grande Armée commença à pénétrer en
Russie. Jamais jusqu'alors pareille concentration de forces
93
Napoléon, une ambition française
n'avait été mise sur pied. Aux Français s'étaient joints des
contingents italiens, allemands, polonais, espagnols et
même autrichiens et prussiens. Refusant le combat, les
armées russes reculèrent jusqu'à environ 120 kilomètres de
Moscou. Depuis deux ans, l'état-major du tsar avait en effet
décidé que si le territoire de la« Sainte Russie » était envahi,
on attirerait l'adversaire de plus en plus loin, afin de l' affai-
blir et d'étirer ses lignes de communication. Le 7 septembre
eut tout de même lieu la bataille de la Moskowa (que les
Russes appellent Borodino) qui vit le succès de Napoléon.
Le 14, !'Empereur arriva en vue de la grande ville (qui n'était
pas la capitale, installée, depuis Pierre le Grand, à Saint-
Pétersbourg). L'armée y pénétra sans difficultés. Elle trouva
une ville pratiquement vidée de sa population. Napoléon
s'installa au Kremlin.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1812, on réveilla
!'Empereur pour lui annoncer que Moscou était en flammes.
(/)
Des incendies avaient éclaté en plusieurs points. Compte
c
0
:;:::; tenu de leur progression, on ne pouvait plus les maîtriser, et
-0
•Q)
::l
ce d'autant que les pompes à incendie de la ville avaient été
Q)
as
L
enlevées sur l'ordre du gouverneur Rostopchine (le père de
Q)
(V')
flammes tandis que les soldats se livraient au pillage, sans se
,..-1
0
N soucier de lutter contre le sinistre. L'Empereur lui-même
@
.µ
..r::
dut s'éloigner de son palais qui était menacé. Lorsque les
01
·c
>-
flammes s'éteignirent, Moscou était aux deux tiers détruite
0.
u
0
et le moral de la Grande Armée au plus bas. Napoléon
n'avait reçu aucune offre de paix du tsar Alexandre, l'au-
tomne arrivait, annonçant les froidures de l'hiver russe. On
ne pouvait plus espérer établir de solides quartiers à Moscou
94
Guerre
::l
cèrent vite dans la boue, alourdis qu'ils étaient par le fruit de
Q)
as
L
leurs rapines. Cette armée et son chef se montrèrent incapables
de forcer le passage vers le sud à Malo-Jaroslavetz (24-25
Q)
ru
>
ru
u octobre) et se virent contraints d'emprunter la route qui
Q)
_J
(V')
avait été dévastée à l'aller.
,..-1
0
N Commença donc la retraite de Russie, épisode devenu
@
.µ
..r::
légendaire, qui aboutit à la destruction de l'armée française
01
·c
>- et au renversement des alliances, la Prusse, l'Autriche et la
0.
u
0
Suède rejoignant le camp de la Russie et de l'Angleterre.
Selon les historiens français et russes, la responsabilité de
Rostopchine dans l'incendie de Moscou n'est pas contestable.
Dès le mois d'août, il avait promis de « réduire la ville en
95
Napoléon, une ambition française
::l
Mais le gouverneur n'est pas seul responsable. On ne sau-
Q)
as
L
rait nier que les soudards de la Grande Armée, qui avaient
Q)
(V')
ment de l'incendie. Les premiers sinistres (loin du centre-
,..-1
0
N ville) furent combattus mollement et nul ne s'aperçut à
@
.µ
..r::
temps que le vent fort propageait les flammes d'une maison
01
·c
>- à l'autre ... jusque sous les fenêtres de Napoléon. Lorsqu'on prit
0.
u
0
conscience de la gravité de la situation, lorsque les réserves
de grains partirent en fumée ou que quelques dépôts de
poudre abandonnés par les Russes sautèrent, il était trop
tard. Malgré l'énergie du maréchal Mortier (qui parvint à
Guerre
1...
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97
Napoléon, une ambition française
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(/)
c Caricature russe de Napoléo n rencontrant Satan ap rès l'incendie de Moscou
0
:;:::;
-0
•Q)
::l
Q)
as sauver le Kremlin . .. dont il fit sauter une partie lorsque
L
Q)
ru
Napoléon le quitta), il fallut attendre six jours et six nuits
>
ru
u avant de se réinstaller provisoirement sur des ruines fumantes.
Q)
_J
(V')
Avec l'incendie de Moscou, Napoléon tenait un bon pré-
,..-1
0
N
texte pour ordonner la retraite et rentrer en France pour
@
.µ
ressaisir les rênes de son pouvoir qui commençait à chanceler.
..c
01
·c
>-
0.
0
u
« Les guerres napoléonienne71
ont ruiné la France. >>
99
Napoléon, une ambition française
::l
présent qu'en 1815, elle avait gagné la guerre, elle n'avait pas
Q)
as
L
intérêt à voir le déséquilibre créé par la France être remplacé
Q)
(V')
Au traité de Paris (20 novembre 1815), la France fut
,..-1
0
N contrainte de rentrer dans ses frontières de 1790, ce qui
@
.µ
..r::
n'impliqua, par rapport à 1814 (où la France avait aban-
01
·c
>- donné l'Italie, la Belgique et la plus grande partie de la rive
0.
u
0
gauche du Rhin), que la perte de la Savoie et de menus
territoires du Nord et de l'Est (Bouillon, Philippeville,
Marien bourg, Sarrelouis, Sarrebruck, Landau, etc). Londres
en fut satisfaite : Louis XVIII régnerait pacifiquement sur
100
Guerre
::l
circuits d'échanges à l'intérieur de l'immense Empire. Ce
Q)
as
L
marché captif avait favorisé le développement de la produc-
Q)
(V')
Domingue, la plus importante île sucrière au monde. Les ports
,..-1
0
N de l'Atlantique, par exemple, étaient ruinés. Avec la fin du
@
.µ
..r::
Blocus, la perte de la rive gauche du Rhin et de la Belgique
01
·c
>- (régions qui s'étaient beaucoup développées sous adminis-
0.
u
0
tration française), et malgré le retour dans le giron français
de quelques colonies (Martinique, Guadeloupe, Réunion ... ),
l'économie française allait traverser une grave crise dont elle
ne se relèverait qu'après deux décennies d'efforts.
101
Napoléon, une ambition française
::l
extrapolations. On estime aujourd'hui entre 500 ooo et
Q)
as
L
700 ooo le nombre de soldats français morts au combat
Q)
(V')
guerres napoléoniennes (auxquels on devrait ajouter, pour
,..-1
0
N être complet, environ 500 ooo morts et disparus dans
@
.µ
..r::
les armées alliées de la France). On pourrait y ajouter un
01
·c
>- nombre inévaluable de « disparus » qui, d'ailleurs, ne
0.
u
0
périrent pas forcément. Pour la seule campagne de 1812, on
estime que plusieurs milliers - voire plusieurs dizaines
de milliers - de prisonniers ou de déserteurs français se
fixèrent en Russie.
102
Guerre
::l
l'armement de l'époque (fusil à un coup, à chargement très
Q)
as
L
long ; artillerie imprécise et à courte portée) et le fait que les
Q)
(V')
Après deux siècles, à Austerlitz, à Wagram, à Leipzig, à
,..-1
0
N Waterloo et dans des dizaines d'autres lieux, on retrouve,
@
.µ
..r::
lors des travaux des champs ou de terrassement, de nom-
01
·c
>- breux squelettes de soldats de la Grande Armée ou des coali-
0. . .
u
0
uons successives.
Quoiqu'il en soit, sur le plan démographique, on doit ici
nuancer l'idée reçue. En effet, en 1815, la France (dans ses
limites du traité de Paris) comptait environ 30 millions
103
Napoléon, une ambition française
::l
Q)
as
L
Q)
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>
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u
Q)
_J
(V')
,-1
0
N
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01
·c
>-
0.
0
u
Guerre
(V')
la Révolution : 562 millions purent ainsi être inscrits dans la colonne
,..-1
0 recette de l'État.
N
@ Restait à mettre en place un «train d'économies». Dans ce
.....
..c
01 domaine, les bureaux, emmenés par leur ministre, réalisèrent une
·c
>-
0.
œuvre remarquable mais terriblement maladroite. Pour la première
0
u fois, la technocratie imposa des décisions aux politiques. Le budget
pour 1814 fut sèchement amputé de près de 250 millions de dépenses,
soit 25 % de celles qui avaient été inscrites par Napoléon dans son
projet de la fin 181 3. L'armée et la marine en furent les premières
victimes : les dépenses militaires passèrent de 816 à 516 millions de
Napoléon, une ambition française
francs en 1814; le projet de budget 1815 allait les fixer à 251 mil-
lions. Des dizaines de milliers de postes étaient supprimés, des
soldes allaient rester impayées et on laissa les prisonniers de guerre
libérés rentrer chez eux sans le sou. La logique défendue par Louis
était implacable: régime pacifique, la monarchie n'avait plus besoin
de maintenir sous les armes des centaines de milliers d'hommes ou
de poursuivre à la même échelle les projets de reconstitution de la
flotte. Dès le 12 mai 1814, une ordonnance décida le renvoi dans
leurs foyers d'environ 200 000 soldats, dont 10 à 12 000 officiers
mis en demi-solde. La mesure fut par la suite amplifiée.
Autres victimes, plus consentantes, les communes furent invitées à
remettre à l'État les dettes qu'il avait contractées auprès d'elles
« pendant les derniers événements militaires », notamment pour les
avances en numéraire ou en nature aux troupes qui y stationnaient.
Les arriérés passaient du budget national à celui des municipalités,
car il fallait bien payer les fournisseurs. Air connu jusqu'à nos jours :
le transfert des charges ne s'accompagnait pas de celui des ressources,
mais l'on doit souligner que dans le cas qui nous intéresse, l'État
consentait à faire pour sa part de réelles et palpables économies.
Avec ce plan, le gouvernement escomptait arriver à l'équilibre bud-
gétaire (et même un léger excédent) dès la fin de 1815. Sur le plan
(/)
technique, l'œuvre était parfaite. Elle charriait pourtant de gros nuages
c
0
:;:::;
par le mécontentement qu'elle entraînait et répandait sur tout le ter-
-0
•Q) ritoire et toutes les couches de la population. En laissant les coudées
::l
Q) franches à un ministre des Finances technocrate à qui, selon Prosper
as
L de Barante, « le bien et le mal n'apparaissaient que dans leur relation
Q)
_J
,..-1
0
N
@
.µ
..c
01
·c
>-
0.
0
u
106
« Napoléon a réinventél
l'art de la guerre. »
::l
commun, éventuellement les soigner en cas de blessure ou
Q)
as
L
de maladie.
Q)
(V')
pair, sachant jouer des cordes sensibles du soldat qui le
,-1
0
N considérait comme un des siens, son « petit caporal ». Avec
@
.µ
..r::
ses proclamations, ses bulletins et jusqu'à son comporte-
01
·c
>- ment personnel (tirant l'oreille ou décorant les braves sur le
0.
u
0
lieu de leurs exploits), il mit au point une« communication
interne » aux armées sans équivalent jusqu'alors. Surtout,
il eut à sa disposition une génération de guerriers. Ces
Français-là combattaient depuis 1792. Aucune troupe au
108
Guerre
::l
et ne pouvait se permettre de laisser ses adversaires regrouper
Q)
as
L
leurs forces. C'est donc la bataille qu'il recherchait, le plus
Q)
(V')
essentiellement offensif et se fonda sur la vitesse, qu'il
,..-1
0
N s'agisse des déplacements des troupes ou de l'exécution des
@
.µ
..r::
manœuvres proprement dites. La campagne de 1805 en fut
01
·c
>- un bel exemple : l'armée, partie de Boulogne, traversa la
0.
u
0
France, battit une première armée autrichienne, occupa
Vienne qui se déclara ville ouverte (donc pas de siège) et
écrasa dans un second temps une armée austro-russe à
Austerlitz.
Napoléon, une ambition française
::l
Q)
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L
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>
ru
u
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(V')
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>-
0.
0
u
110
Guerre
::l fut réformé afin qu'une division attaquée puisse tenir au moins une
Q)
as
L
journée contre un ennemi supérieur en nombre et permettre ainsi
Q)
à l'armée d'arriver. Des réserves furent constituées, qui pouvaient
ru
> intervenir au besoin pour soutenir les points faibles ou renforcer les
ru
u
Q) points forts. Avec la Garde impériale, il disposa enfin d'un corps
_J
(V')
,..-1
d'élite capable de faire basculer les grandes journées. Pour la campagne
0
N de Russie, ce système atteignit pourtant ses limites : il instaura de
@ véritables « groupes d'armée », regroupant plusieurs corps, dont la
.µ
..r::
01 masse ne pouvait plus être dirigée par un seul homme. Il ne le recon-
·c
>-
0.
nut pas, d'où une certaine confusion dans la marche vers Moscou
0
u (au moins jusqu'à Smolensk), à laquelle s'ajoutèrent de mauvais
choix dans le commandement des groupes et des corps.
L'expérience fut un élément déterminant dans les grands succès de
la première partie du règne. Napoléon disposa et sut se servir d'une
armée expérimentée et habituée depuis des années au rythme qu'il
111
Napoléon, une ambition française
_J
(/)
c
0
:;:::;
-0
•Q)
::l
Q)
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>
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0.
0
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11 2
ESTINÉE
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•Q)
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Défaite à LeipLig
octobre !KU
Q)
ru
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Q)
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(V')
,..-1
0
N
@ Abdicat ion
.µ 6 avril 181-1
..r:: Exil à l'île d'Elbe
01
·c
>-
0.
0
u
Battu à Waterloo le 111 ju in 181 5, exilé à Sai nte-lléléne, il y meurt en 1821.
::l
produisait pas d'énormes revenus (vin, olives, élevage). À
Q)
as
L
cela s'ajoutaient les gages d'avocat de Charles et les libéralités
Q)
(V')
exemple, à 7 400 livres, auxquelles il faut ajouter les
,..-1
0
N 900 livres de son traitement d'assesseur. Cette somme de
@
.µ
..r::
8 300 livres est à rapprocher des 40 livres de salaire annuel
01
·c
>- d'un employé de maison en Corse à l'époque. En 1778, lorsque
0.
u
0
Charles, se rendant à Versailles, conduisit son fils à Autun
(Napoléon devait y perfectionner son français et préparer son
entrée au collège militaire de Brienne, où il serait entièrement
pris en charge par l'État), il reçut une forte indemnité
116
Destinée
::l
Napoléon. Il intégra le collège d'Autun (en 1778) puis le col-
Q)
as
L
lège militaire de Brienne (1779). Il poursuivit ses études à
Q)
(V')
rejoignit sa première affectation, le régiment de La Fère,
,..-1
0
N stationné à Valence. Mais le jeune lieutenant n'était guère
@
.µ
..r::
passionné par son métier au service du roi de France .
01
·c
>- Admirateur de Jean-Jacques Rousseau, qui avait prédit
0.
u
0
qu'un jour la Corse étonnerait le monde, il se serait bien vu
bouter les Français hors de Corse, aux côtés du leader indé-
pendantiste Pascal Paoli. Bénéficiant de nombreuses et
longues permissions, c'est en Corse qu'il participa le plus
117
Napoléon, une ambition française
::l
l'économie. Malgré cela, la mort de Charles Bonaparte
Q)
as
L
(1785) - qui, « adroit, opiniâtre, chasseur de prébendes et
Q)
(V')
famille dans la gêne (mais pas dans la pauvreté) et c'est l'oncle
,..-1
0
N Lucien qui conduisit l'assainissement des finances de sa
@
.µ
..r::
nièce. La légende d'un futur empereur « parti de rien » doit
01
·c
>- donc au moins être nuancée.
0.
0
u
118
Destinée
r L'élève Bonaparte
Après avoir reçu des leçons d'un abbé Recco à Ajaccio et avoir fré-
quenté les petites classes d'une école locale, le jeune Napoléon
arriva, le 15 mai 1 779, au collège militaire de Brienne. Boursier du
roi, il intégrait ainsi une des douze écoles destinées à préparer les fils
de gentilshommes au métier des armes. C'est dans ce petit bourg de
Champagne que la légende allait puiser les plus beaux clichés sur
l'éducation et la formation de « l'enfant parti de rien pour finir par
dominer le monde» : l'élève solitaire, moqué à cause de son accent
et de son imprononçable prénom (Napoleone devenant « la paille-
au-nez »); les professeurs lui prédisant le plus bel avenir; le stratège
révélant ses talents lors d'une bataille de boules de neige légendaire,
etc. La réalité fut sans doute moins belle que la légende qui insiste
beaucoup sur la formation «encyclopédique» de Napoléon. Il était
certes, comme tant d'élèves et d'adultes de son époque, un lecteur
avide (de Plutarque, Platon, Cicéron, Fénelon, Voltaire, Rousseau ou
Bossuet, pour ne citer que ceux-là) mais il n'épuisa pas tous les
sujets, mettant surtout à profit une mémoire exceptionnelle pour
assimiler les points forts de chaque œuvre. Quoique apprécié par ses
professeurs, il obtint des résultats passables en français (mauvaise
(/)
c syntaxe, orthographe et grammaire peu assurées, confusions de
0
:;:::;
-0
•Q)
vocabulaire), en latin et en philosophie romaine. Il était peu doué
::l
Q)
pour les langues étrangères, à part l'italien. Heureusement, il se
as
L
montra excellent en mathématiques et en histoire. Figurant dans
Q)
une bonne moyenne, il fut reçu à l'examen de sortie et put intégrer
ru
> l'école militaire de Paris où, mathématiques obligent, on l'orienta
ru
u
Q)
__J
vers l'artillerie. Il passa ainsi ses douze premiers mois à Paris, d'octobre
(V')
,..-1
1784 à octobre 1785. Il sortit des fameux bâtiments du Champ de
0
N Mars comme lieutenant en second (42e sur 58) et connut, à partir de
@
.µ
novembre 1785, la monotonie de la vie de garnison, au sein du régi-
..r::
01 ment de La Fère, de Valence à Auxonne, en passant par des séjours
·c
>-
0. à Douai ou à Lyon. La solde était modeste, l'activité répétitive, la
0
u perspective de ne pouvoir dépasser, à terme, les grades subalternes
peu enthousiasmante. Le service du roi en temps de paix n'avait rien
de passionnant, d'autant qu'aucune guerre ne pouvait être « espé-
rée » sous peu, Louis XVI n'ayant pas de goût pour la gloire militaire
(il s'était engagé dans la guerre d'indépendance américaine à
Napoléon, une ambition française
(/)
c
0
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0
u
12 0
« S'il avait gagné à Waterlo:,'l
Napoléon aurait conquis le monde. >>
::l
Q) la suite : le Prussien Blücher arriva et la Grande Armée fut
as
L
Q)
mise en déroute. S'arrêtant à quelques lieues du champ de
ru
>
ru
bataille, près d'un feu de camp allumé par des soldats,
u
Q)
_J
Napoléon pleura. Et André Castelot de noter qu'avec ces
(V')
,..-1 larmes, l'épopée prit fin.
0
N
@
Que se serait-il passé si, au lieu des Prussiens, les
.µ
..r::
01
30 ooo hommes du maréchal Grouchy avaient « marché au
·c
>-
0. canon » et étaient tombés sur les flancs des Anglais exté-
0
u
nués?
L'exercice qui consiste à répondre à cette question a été
tenté à de multiples reprises. Les optimistes ont pensé que,
après d'autres batailles gagnées, Napoléon aurait pu obtenir
12 1
Napoléon, une ambition française
::l
à subir une nouvelle invasion. La cause de Napoléon était,
Q)
as
L
en 1815, une cause perdue.
Q)
(V')
lectuelle. L'histoire ne se réécrit pas. Seul le romancier
,-1
0
N d'histoire-fiction est autorisé à aller au bout de la ré-invention
@
.µ
..r::
du passé. Pour Napoléon, il en est un qui sort du lot : Louis
01
·c
>- Geoffroy, auteur en 1836 d'un Napoléon apocryphe ou
0.
u
0
Histoire de la monarchie universelle : Napoléon et la conquête
du monde-1812-1832 que l'on a redécouvert dans les années
1980, grâce à Jacques Jourquin qui le réédita. Tant qu'à faire,
Geoffroy ne part pas de Waterloo, mais de la campagne de
122
Destinée
::l
le trône du Portugal. Il finit par vaincre définitivement la
Q)
as
L
Russie, la Prusse, la Suède et la Turquie, créé un Empire
Q)
(V')
,..-1
En 1827, l'Amérique se soumet et la monarchie devient
0
N « universelle». Napoléon partage le monde en quatre par-
@
.µ
..r::
ties. Il meurt, le 21 février 1832, sans héritier. Geoffroy ne
01
·c
>- nous dit pas ce qui se passe après.
0.
u
0
Mais Napoléon fut bien vaincu à Waterloo. Il se livra aux
Anglais qui l'exilèrent à Sainte-Hélène. L'endroit était,
selon la légende, le pire qu'on aurait pu choisir : c'est vrai,
l'île était éloignée de tout, l'habitation de Napoléon était
123
Napoléon, une ambition française
(/)
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0
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12 4
D estinée
N apoléon à Sainte-Hélène
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« Napoléon a créé sa propre légende. :i
Cette vérité historique tant employée n'est souvent qu'un mot : elle
est impossible au moment même des événements dans la chaleur des
passions croisées; et si plus tard on demeure d'accord, c'est que les
intéressés, les contradicteurs ne sont plus.
Mais qu'est-ce alors cette vérité historique, la plupart du temps ?
Une fable convenue.
ru
!'Empereur surent faire évoluer en fonction de leurs besoins
>
ru
u et des circonstances.
Q)
_J
(V')
Dès 1796, Bonaparte mit sur pied un système de propa-
,..-1
0
N gande destiné à le présenter comme un homme de convic-
@
.µ tions, proche du soldat et prêt à voler au secours de la
..r::
·c
01
>-
République menacée par la contre-révolution. Le général
0.
u
0 victorieux sut d'abord utiliser la presse. Il créa deux jour-
naux dévoués, Le Courrier de l'armée d1talie et La France vue
de l'armée d1talie, feuilles étroitement contrôlées qui fédé-
raient les troupes autour d'un esprit de corps. Elles faisaient
127
Napoléon, une ambition française
::l
du nouveau héros.
Q)
as
L
Pendant la campagne d'Égypte, l'effort de propagande fut
Q)
(V')
partir du moment où les communications furent coupées.
,-1
0
N Grâce à eux, le « vainqueur des Pyramides » retrouva une
@
.µ
..r::
France où sa popularité était quasi-intacte et où les élites
01
·c
>- continuaient à croire qu'il serait le seul à pouvoir remettre
0.
u
0
de l'ordre dans le pays. Il devint donc, presque naturelle-
ment, le « sabre » de la conspiration fomentée par Sieyès,
alors même qu'il ne rentra à Paris que trois semaines avant
le coup d'État.
128
Destinée
::l
accepter la dignité impériale. L'image du personnage légen-
Q)
as
L
daire s'éloigna quelque peu, laissant la place à celle d'un
Q)
(V')
proche de ses hommes et de son peuple. L'identité visuelle
,..-1
0
N fut simplifiée (petit chapeau et redingote grise) et le message
@
.µ
..r::
permanent : loin d'être « l'ogre » dénoncé par ses ennemis,
01
·c
>- Napoléon était un homme comme les autres dans son com-
0.
u
0
portement quotidien, malgré la supériorité que son génie lui
donnait sur ses semblables. Les anecdotes attendrissantes (et
pas toujours apocryphes) mettant en scène la bonté de
!'Empereur en campagne, les oreilles des grognards pincées,
129
Napoléon, une ambition française
::l
peaufiner ou à transformer son portrait. Avec l'aide du comte
Q)
as
L
de Las Cases*, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, il se
Q)
(V')
gnait qu'il ne parvienne à libérer l'Europe. Deux ans après
,..-1
0
N sa mort, le principal« évangile» de Sainte-Hélène fut le point
@
.µ
..r::
de départ d'une nouvelle légende que Napoléon ne contrôlait
01
·c
>- plus. Elle balaya la « légende noire » qui avait un temps
0.
u
0
fleuri en France et dont Chateaubriand avait été un des pre-
miers propagateurs avec son De Buonaparte et des Bourbons.
Dans le sillage du Mémorial, les romantiques cherchèrent
à guérir leur « mal du siècle ». Nés sous le règne de
130
Destinée
(/)
c Napoléon dictant ses mémoires aux généraux Montholon et Gourgaud
0
:;:::;
-0
•Q)
en présence du grand-maréchal Bertrand et du comte de Las Cases
::l
Q)
as
L
Q)
ru
Napoléon, témoins de sa gloire (Dumas et Hugo étaient fils
>
ru
u de généraux), ils créèrent, avec une nouvelle forme de litté-
Q)
_J
(V')
rature, le « champ de bataille » qui leur manquait. Ils virent
,..-1
0
N
en Napoléon le champion de leur quête d'énergie et d'absolu.
@
.µ Après la mort de !'Empereur, son épopée devint la toile de
..c
01
·c
>-
fond de la littérature romantique avec Hugo (Ode à la
0.
u
0 Colonne), Sainte-Beuve (Volupté), Vigny (Servitudes et
Grandeurs militaires), Nerval (Napoléon et la France guer-
rière), Musset (La Confession d'un enfant du siècle), Quinet
(Napoléon) et surtout Balzac (Le Médecin de campagne, Une
131
Napoléon, une ambition française
::l
voir Le Rêve, toile épique de Detaille montrant le soldat
Q)
as
L
français rêvant à la gloire de la Grande Armée. Barrès fit de
Q)
(V')
Napoléon continua à servir d'exemple, aussi bien aux dicta-
,..-1
0
N teurs européens qu'à ceux qui leur résistaient.
@
.µ
..r::
Mais !'Empereur ne fut pas présent seulement dans les
01
·c
>-
grandes crises internationales. Le théâtre (Rostand, Hardy,
0.
u
0
Shaw), la philosophie (Bloy, Suarès, Nietzsche) et la
littérature (Claudel, France, Élie Faure, Maurras, Aragon,
Malraux, etc.) continuèrent et continuent à s'inspirer du
personnage de Napoléon. Et bien sûr, le cinéma s'est
Destinée
(/)
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u
« Napoléon est mort empoisonné. 71
je meurs prématurément, assassiné par l'oligarchie anglaise
et son sicaire ; le peuple anglais ne tardera pas à me venger.
135
Napoléon, une ambition française
::l
spécialisées. Ainsi, la thèse de l'empoisonnement par
Q)
as
L
Montholon ne fut pas tuée dans l' œuf aux yeux du grand
Q)
(V')
continuateurs ne manquent pas.
,..-1
0
N 1 - On dispose d'un rapport d'autopsie détaillé établi par
@
.µ
..r::
plusieurs médecins le lendemain de la mort de Napoléon ; il
01
·c
>- montre que !'Empereur n'est pas mort d'un cancer (comme
0.
u
0
on l'a souvent écrit) mais d'un « squirre du pylore », soit
une perforation d'ulcère, associé à des séquelles d'une hépa-
tite ancienne. L'issue fatale fut accélérée par une grave
lésion de la muqueuse stomacale aggravée par un traitement
Destinée
::l
xrxe siècle que de nos jours et on en trouvait dans nombre
Q)
as
L
de produits de la vie quotidienne, notamment à Sainte-
Q)
(V')
pigments du papier peint de Longwood (qui contenaient
,..-1
0
N bien de l'arsenic, ainsi que l'a montré un article de la revue
@
.µ
..r::
Nature) ou la fumée dégagée par la combustion du charbon
01
·c
>- utilisé pour chauffer les pièces (Napoléon était très frileux)
0.
u
0
auraient pu provoquer une intoxication lente, tout comme
une alimentation à base de produits contenant del' arsenic. En
second lieu, on doit remarquer quel' entretien des chevelures
et la conservation des cheveux coupés (et des perruques)
137
Napoléon, une ambition française
(/)
c
0
:;:::; étaient souvent assurés par des produits à base d'arsenic à
-0
•Q)
::l
l'époque qui nous intéresse (ce qui expliquerait qu'on en ait
Q)
as
L
également retrouvé dans les cheveux de !'Empereur prélevés
Q)
ru en 1805).
>
ru
u
Q)
Et quand bien même Napoléon aurait été empoisonné,
_J
(V')
,..-1
on aurait du mal à trouver un mobile sérieux au coupable
0
N désigné. Le dévouement de Montholon à la cause des
@
.µ
..c
Bourbons reste à démontrer. Bien qu'issu d'une grande
01
·c
>- famille <l'Ancien Régime, cet aventurier avait accompli une
0.
u
0
honorable quoique chaotique carrière militaire et diploma-
tique sous l'Empire. Nommé général par Louis XVIII, en
1814, il avait été confirmé dans son grade par Napoléon aux
Cent-] ours. Craignant les représailles des royalistes pour sa
Destinée
::l
pourrait être : perforation d'ulcère sur un terrain stomacal
Q)
as
L
et hépatique très dégradé. Ainsi, en matière d'idées reçues, à
Q)
(V')
,..-1
0
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« Napoléon égale Hitler. :i
On invoque Napoléon en assurant que Hitler agit comme lui et
qu'il ressemble en toutes choses à Napoléon. [. .. }
Hitler ne ressemble pas plus à Napoléon qu'un petit chat ressemble à
un lion ; car Napoléon combattit les forces de réaction en s'appuyant
sur les forces de progrès, tandis qu'Hitler, bien au contraire, s'appuie
sur les forces de réaction pour combatte les forces de p rogrès.
::l
filiation quis' établirait autour de « similitudes de destins » :
Q)
as ils vinrent au pouvoir par un coup de force ; ils organisèrent
L
Q)
ru
leur pays autour d'un exécutif autoritaire ; surtout, ils vou-
>
ru
u lurent conquérir l'Europe et leurs ambitions trouvèrent un
Q)
_J
(V')
épilogue identique à la fois dans la résistance farouche de
,..-1
0
N l'Angleterre et dans l'immensité des steppes russes. Par ces
@
.µ seuls faits, le Premier Empire serait donc une sorte de
..r::
·c
01
>-
Ille Reich avant la lettre, ou Hitler une sorte de Napoléon
0.
u
0 du :xxe siècle. Car n 'étant plus à un anachronisme près, les
amateurs de comparaison l'utilisent dans les deux sens.
On commencera à dissiper cette idée reçue (répandue par
les partisans d'Hitler dès son entrée en politique, tandis que
Napoléon, une ambition française
::l
doublé d'un dilettante peu instruit et sûrement pas cultivé.
Q)
as
L
Récent biographe du dictateur nazi, Ian Kershaw - qui
Q)
(V')
Kennedy : tous étaient des personnages consistants en
,..-1
0
N dehors de leur vie publique [ ... ] En dehors de la politique,
@
.µ
..r::
la vie de Hitler était largement un vide. » Un autre histo-
01
·c
>-
rien, !'Américain Woodruff Smith, l'a même qualifié de
0.
u
0
« non-personne ».
Le Führer bâtit son ascension sur la démagogie pure, en
flattant les instincts brutaux de masses désorientées.
Napoléon construisit patiemment son image, certes, mais
Destinée
::l
supériorité d'une « race des seigneurs » qui devait dominer
Q)
as
L
les vieilles nations et réduire à l'esclavage de larges catégo-
Q)
(V')
guerres de pure conquête), les combats à mener s' inscri-
,..-1
0
N vaient à la fois dans la continuité de ceux de la Révolution
@
.µ
..r::
et dans une diplomatie traditionnelle, jusque dans ses
01
·c
>- méthodes et ses rites.
0.
u
0
Avec les conquêtes de Napoléon, des nations allaient naître
et des millions d'hommes devenir, à terme, citoyens. Si les
conquêtes hitlériennes avaient réussi, les nations auraient
été vouées à disparaître et des millions d'hommes à devenir
143
Napoléon, une ambition française
::l
statut religieux semblable à celui des catholiques ou des pro-
Q)
as
L
testants, loin de les exclure, il voulut mieux les intégrer, avec
Q)
(V')
,..-1
0
N
@
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>-
0.
0
u
144
Destinée
r
«
Napoléon-Hitler: l'opinion de lan Kershaw
::l
Q)
nies après sa mort, il est impossible [ ... ] de porter sur le dictateur
as
L
allemand et son régime un regard d'approbation et d'admiration. En
Q)
un mot, il ne saurait inspirer que détestation et condamnation. »
ru
>
ru
u
Q)
_J
lan Kershaw, Hitler. 1936-1945: Némésis, Flammarion, 2000, pp. 9: . J
(V')
,..-1
0
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conclusion
« Il n'y a plus rien à dire sur Napoléon. »
ru
Guerre froide, la fièvre du bicentenaire de la naissance de
>
ru
u !'Empereur (1969) et tant d'autres épisodes ont tour à tour
Q)
_J
(V')
influencé les travaux scientifiques ou à destination du grand
,..-1
0
N
public. De nos jours, la pensée dominante interdirait presque
@
.µ
de prendre au sérieux les études napoléoniennes tentant de
..r::
·c
01
poser un bilan ne serait-ce qu' équilibré du règne. On y ajou-
>-
0.
u
0 tera que l' autoflagellation, sport favori de nos élites, inter-
prète de façon démesurée les côtés obscurs du personnage et
de son action. On en veut pour preuve le tintamarre orchestré
en 2005 autour du rétablissement de l'esclavage en 1802
147
Napoléon, une ambition française
::l
lieu à un combat entre diverses tendances ... et beaucoup
Q)
as
L
des grands historiens de Napoléon se sont posés en défen-
Q)
(V')
une certaine intolérance des « napoléonistes » ont longtemps
,..-1
0
N répondu les sarcasmes des autres historiens qui réduisirent
@
.µ
..r::
l'histoire du Consulat et de l'Empire à ce qu'ils appelaient
01
·c
>- avec mépris l' « histoire-bataille ». Pourtant, l'historiographie
0.
u
0
napoléonienne est bien vivante, pour peu qu'elle tire les
leçons de ce passé conflictuel.
Ayant toujours voulu dédramatiser les rivalités de chapelle -
même s'il a lui-même de fortes convictions - et pour redonner
Conclusion
::l
napoléoniennes (et, en cela, elle est le premier responsable,
Q)
as
L
pour les raisons évoquées plus haut, du retard pris par les
Q)
(V')
le personnage et son époque. Régulièrement, des sondages
,..-1
0
N et des enquêtes rappellent que Napoléon reste un des héros
@
.µ
..r::
préférés des Français (le plus souvent en deuxième position
01
·c
>- après De Gaulle). Depuis plusieurs années, les sites internet
0.
u
0
et les revues napoléoniennes se multiplient avec succès.
Même remarque pour les chaînes de télévision, thématiques
ou non, qui diffusent ou produisent documentaires et films
sur Napoléon et son époque.
149
Napoléon, une ambition française
::l
engendrèrent sa destinée. Elle n'est rien non plus si les
Q)
as
L
historiens se refusent à toute étude critique. En ouvrant de
Q)
(V')
nouveaux (car on en trouve encore, comme les Mémoires de
,..-1
0
N Cambacérès publiés 180 ans après sa mort), en bousculant
@
.µ
..r::
les idées reçues, les études napoléoniennes se renouvellent
01
·c
>- et, probablement, se développeront durant les vingt années
0.
u
0
qui viennent. Ainsi, chacun s'apercevra qu'il y aura toujours
à dire sur Napoléon.
Conclusion
05
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Une mine d'idées reçues:
Napoléon dans les livres
scolaires
(V')
soldats périrent presque tous de froid et de faim. [ ... ] Au mois de
,..-1
0
N janvier 1814, la France fut envahie par les armées de l'Europe
@
.µ
..c
coalisée contre nous. En vain Napoléon fit des prodiges de génie
01
·c
>-
et de valeur pour la défendre. Le 31 mars, les alliés entraient à
0.
u
0
Paris. Napoléon après avoir abdiqué à Fontainebleau, fut relégué
dans l'île d 'Elbe. L'année suivante, il remonta sur le trône ; mais
vaincu définitivement à Waterloo où Cambronne prononça ce
mot fameux : "La garde meurt et ne se rend pas." Il fut transporté
155
Napoléon, une ambition française
::l
qui avait parcouru l'Europe à cheval s'éteignit. »
Q)
as
L
Q)
ru
>
ru Notre premier livre d'histoire
u
Q)
_J
(V')
Par Bernard et Redon, Fernand Nathan, 1945
,..-1
0
N
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« Récit
01
·c
>-
Avec Napoléon Ier, la France ne connaît plus la liberté, ni la
0.
u
0
République, ni la paix. Ce furent quinze années de batailles à
travers toute l'Europe. Napoléon est un grand chef de guerre. Il
va de victoire en victoire. Ses grognards, c'est-à-dire ses vieux
soldats, l'adorent comme un Dieu. Soldats, leur dit-il après la
Annexes
Résumé
Napoléon rer fut un grand conquérant qui, durant dix ans, rem-
porta de belles victoires. Mais il laissa la France vaincue (1815). »
(/)
c
0
:;:::;
-0
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Quelques .rappels
historiques
Blocus continental : Afin de vaincre l'Angleterre, Napoléon
décida de mettre les îles britanniques en situation de blocus. Par
les décrets de Berlin (1806) et de Milan (1807), il interdit le com-
merce avec l'Angleterre.
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débarrassa de Sieyès et Ducos.
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républicaine au 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la
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N République en France. L'année était découpée en douze mois
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.µ de 30 jours, plus cinq jours complémentaires par an (six pour les
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années bissextiles). Le calendrier grégorien fut rétabli par
0.
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0 Napoléon à partir du 1er janvier 1806.
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Napoléon, une ambition française
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Consulat : D'abord provisoire (novembre-décembre 1799), le
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Consulat fut institutionnalisé par la constitution de l'an VIII,
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voir, gouvernaient la France, avec le soutien de deux chambres
,..-1
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N législatives (Corps législatif et Tribunat), une chambre chargée de
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.µ « conserver » la constitution (Sénat) et une assemblée administra-
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tive (Conseil d'État). Le Consulat prit fin le 18 mai 1804 avec la
0.
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proclamation de l'Empire par le Sénat.
celui-ci était confié à cinq « directeurs » élus par les deux chambres,
le conseil des Anciens et le conseil des Cinq-Cents.
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Joséphine: Marie Josèphe Rose, dite« Joséphine», Tascher de la
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d'enfant, elle fut répudiée en 1809, !'Empereur épousant l'année
,..-1
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N suivante l'archiduchesse autrichienne Marie-Louise (1791-1847).
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Las Cases (1766-1842) : Noble <l'Ancien Régime qui avait émigré
0.
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en 1791, Emmanuel de Las Cases rentra en France sous le Consulat.
Il obtint alors quelques succès littéraires. Nommé maître des
Requêtes au Conseil d'État (1809), il devint chambellan de
!'Empereur et comte de l'Empire en 1810. Il accompagna Napoléon
Napoléon, une ambition française
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fut emmené par sa mère après la campagne de France (1814) . Il ne
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devait plus quitter la cour d'Autriche. Il fut proclamé empereur
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sur le trône . Élevé comme un prince autrichien, le fils de
,..-1
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N !'Empereur (que la légende a baptisé« !'Aiglon »),devenu duc de
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.µ Reichstadt, mourut de la tuberculose à l'âge de 21 ans. En prenant
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le titre de Napoléon III, le second empereur des Français (Louis
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Napoléon Bonaparte, président de la République de 1848 à 1852,
empereur de 1852 à 1870) voulut montrer qu'il y avait une sorte
de continuité dans la dynastie et que Napoléon II avait effective-
, ,
ment regne.
~r .aller
Olll ...
Pour se créer une bonne base documentaire sur Napoléon,
nous indiquons ici une bibliographie partielle et sans doute par-
tiale. Que le lecteur veuille bien la considérer comme un conseil
(certes un peu avisé) et nullement comme une distribution des
prix. Nous y avons privilégié les livres récents et disponibles.
::l
Laffont, coll. « Bouquins », 1995.
Q)
as
L
Jourquin (Jacques), Dictionnaire des maréchaux du Premier
Q)
Biographies de Napoléon
Englund (Steven), Napoléon, Paris, éditions De Fallais, 2003.
Gueniffey (Patrice), Bonaparte et la Révolution, Paris, Gallimard,
2013.
Lefebvre (Georges), Napoléon, Paris, Presses universitaires de
France, 1941, réédition chez Nouveau Monde Éditions, 2006.
Mascilli Migliorini (Luigi), Napoléon, Paris, Perrin, 2003.
Tulard (Jean), Napoléon ou le mythe du sauveur, Paris, Fayard,
éd. 1987.
::l
Baudon (Jacques-Olivier), Histoire du Consulat et de l'Empire,
Q)
as Paris, Perrin, 2003 .
L
Q)
(V')
Lignereux (Aurélien), L'Empire des Français. 1799-1814, Paris,
,..-1
0
N Seuil, 2012.
@
.µ Madelin (Louis), Histoire du Consulat et de l'Empire, Paris,
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01
·c
>-
Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2003, 4 volumes.
0.
u
0 Tulard (Jean), La France de la Révolution et de l'Empire, Paris,
Presses universitaires de France, 1995.
Tulard (Jean), Le Grand Empire, Paris, Albin Michel, 1982.
Tulard (Jean), Napoléon chef de guerre, Paris, Tallandier, 2012.
Annexes
::l
Le magazine du Consulat et de l'Empire (vendu en kiosque et à des-
Q)
as
L
tination du même public) ou à la revue en ligne (gratuite) de la
Q)
(V')
milliers de pages de ce site animé et mis à jour quotidiennement par
,..-1
0
N les équipes de de la Fondation Napoléon (www.napoleon.org).
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dans la collection
<< idées reçues »
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- La Reine scandaleuse, C. Berly
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L - La Révolution française, J.-C. Martin
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>
- Le Roi absolu, Y.-M. Bercé
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..c Pour connaître la liste complète des titres de la collection :
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www.lecavalierbleu.com
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Et aussi
Le Grand Livre
d .s idée s reçue s
PCMr dém2ler le vr~~ dJA, f~vu:
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