Vous êtes sur la page 1sur 14

Retour des cendres

tobre 1830. Mais dix ans plus tard, Adolphe Thiers, nou-
veau Président du Conseil de Louis-Philippe, et historien
du Consulat et de l’Empire, imagina un grand « coup » po-
litique : obtenir le retour de la dépouille mortelle de Na-
poléon. Pour lui-même, à titre personnel, c'était achever
définitivement l'entreprise de réhabilitation de la Révolu-
tion et de l'Empire qu'il avait engagée avec son Histoire de
la Révolution française et son Histoire du Consulat et de
l'Empire. Il espérait en outre flatter les rêves de gloire de
la gauche et redorer le blason de la monarchie de Juillet
alors que les problèmes d'Égypte menaçaient les relations
diplomatiques entre la monarchie et le reste de l'Europe.
C’était au demeurant la politique de Louis-Philippe de
Le char funèbre de Napoléon se dirige vers les Invalides, d'après tenter de se rattacher à « toutes les gloires de la France »,
Adolphe Jean-Baptiste Bayot et Eugène Charles François Gué- auxquelles il avait dédié le château de Versailles trans-
rard. musée de l'Armée, Paris. formé en musée de l'histoire de France. Pourtant, le
roi se fit tirer l’oreille, finit par se laisser convaincre à
La formule consacrée retour des cendres – le terme contrecœur[2] et, le 10 mai 1840, François Guizot, alors
« cendres » étant pris non au sens propre mais au sens ambassadeur à Londres, fit, à son corps défendant, une
figuré de « restes mortels d'une personne » – désigne le demande officielle au gouvernement britannique, qui fut
rapatriement en France, en 1840, à l'initiative d'Adolphe aussitôt agréée, non sans ironie[3] , conformément à la ré-
Thiers et du roi Louis-Philippe, de la dépouille mortelle ponse déjà faite en 1822[4] .
de Napoléon et son inhumation aux Invalides.
Le 12 mai, pendant la discussion d’un projet de loi sur
En mourant, Napoléon Ier avait manifesté le désir d’être les sucres, le ministre de l’Intérieur, Charles de Rémusat,
inhumé « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple monta à la tribune de la Chambre des députés :
français [qu’il avait] tant aimé » dans un codicille de son
testament écrit le 16 avril 1821 à Longwood House.
« Messieurs,
Le Roi vient d’ordonner à Son Altesse
1 Histoire Royale Monseigneur le Prince de Joinville
(mouvement d’attention et de curiosité) de se
rendre avec une frégate à l’île de Sainte-Hélène
Lorsque l'Empereur mourut, le comte Bertrand demanda (nouveau mouvement) pour y recueillir les
au gouvernement britannique l’autorisation d’emmener sa restes mortels de l’empereur Napoléon (explo-
dépouille mortelle en Europe, mais il ne l’obtint pas. Dans sion d’applaudissements dans toutes les parties
la suite, il s’adressa pour le même objet aux ministres de de l’Assemblée). Nous venons vous demander
Louis XVIII. Il ne reçut pas un refus absolu, seulement on les moyens de les recevoir dignement sur la
lui fit entendre que l’arrivée en France des cendres de Na- terre de France et d’élever à Napoléon son
poléon serait indubitablement la cause ou le prétexte de dernier tombeau (acclamations, applaudisse-
troubles politiques qu’il était de la prudence du gouver- ments). […] La frégate chargée des restes mor-
nement de prévenir et d’éviter, mais que sitôt que l’état tels de Napoléon se présentera au retour à
des esprits le permettrait, on ferait droit à sa demande. l’embouchure de la Seine, un autre bâtiment
Dès le 14 juillet 1821, Gaspard Gourgaud fut le premier les rapportera jusqu’à Paris. Ils seront dépo-
(avec les colonels Fabvier et de Bricqueville) à adresser en sés aux Invalides. Une cérémonie solennelle,
vain une pétition à la Chambre des députés, pour la prier une grande pompe religieuse et militaire inau-
d'inviter le gouvernement à réclamer de l'Angleterre, au gurera le tombeau qui doit le garder à jamais.
nom de la France, les restes de l'empereur[1] . […] Il fut Empereur et Roi, il fut le souverain
Après les Trois Glorieuses, une autre pétition demandant légitime de notre pays. À ce titre, il pourrait
le transfert des cendres de Napoléon sous la colonne Ven- être inhumé à Saint-Denis, mais il ne faut pas
dôme fut repoussée par la Chambre des députés le 2 oc- à Napoléon la sépulture ordinaire des Rois. Il

1
2 1 HISTOIRE

faut qu’il règne et commande encore dans l’en- sans prévoyance. Je ne me prosterne pas de-
ceinte où vont reposer les soldats de la patrie, vant cette mémoire ; je ne suis pas de cette re-
et où iront toujours s’inspirer ceux qui sont ap- ligion napoléonienne, de ce culte de la force
pelés à la défendre. […] L’art élèvera sous le que l’on veut, depuis quelque temps, substituer
dôme, au milieu du temple consacré au dieu dans l’esprit de la Nation à la religion sérieuse
des armées, un tombeau digne, s’il se peut, du de la liberté. Je ne crois pas qu’il soit bon de
nom qui doit y être gravé. […] Nous ne dou- déifier ainsi sans cesse la guerre, de surexci-
tons pas, Messieurs, que la Chambre ne s’as- ter ces bouillonnements déjà trop impétueux
socie avec une émotion patriotique à la pen- du sang français, qu’on nous représente comme
sée royale que nous venons d’exprimer devant impatient de couler après une trêve de vingt-
elle. Désormais, la France, et la France seule cinq ans, comme si la paix, qui est le bonheur
possèdera tout ce qui reste de Napoléon. Son et la gloire du monde, pouvait être la honte
tombeau, comme sa mémoire, n’appartiendra des nations. […] Nous qui prenons la liberté
à personne qu’à son pays. La monarchie de au sérieux, mettons de la mesure dans nos dé-
1830 est, en effet, l’unique et légitime héritière monstrations. Ne séduisons pas tant l'opinion
de tous les souverains dont la France s’enor- d'un peuple qui comprend bien mieux ce qui
gueillit. Il lui appartenait sans doute, à cette l'éblouit que ce qui le sert. N'effaçons pas tout,
monarchie, qui la première, a rallié toutes les n'amoindrissons pas tant notre monarchie de
forces et concilié tous les vœux de la Révolu- raison, notre monarchie nouvelle, représenta-
tion française, d’élever et d’honorer sans crainte tive, pacifique. Elle finirait par disparaître aux
la statue et la tombe d’un héros populaire, car yeux du peuple. […] c’est bien, Messieurs ; je
il y a une chose, une seule, qui ne redoute pas ne m’y oppose pas, j’y applaudis : mais faites
la comparaison avec la gloire : c’est la liberté ! attention à ces encouragements au génie à tout
(triple salve d’applaudissements, acclamations à prix. Je les redoute pour l’avenir. Je n’aime pas
gauche et au centre, long mouvement)[5] » ces hommes qui ont pour doctrine officielle la
liberté, la légalité et le progrès, et pour symbole
Le ministre venait déposer un projet de loi qui ouvrait un sabre et le despotisme[8] . »
« un crédit de un million pour la translation des restes
mortels de l’Empereur Napoléon à l’Église des Invalides En concluant, Lamartine invita la France à montrer
et pour la construction de son tombeau. » L’annonce fit qu'« elle ne [voulait] susciter de cette cendre, ni la guerre,
sensation. On se mit à discuter ferme dans la presse, où ni la tyrannie, ni des légitimités, ni des prétendants, ni
l’on fit toutes sortes d’objections au principe, comme à même des imitateurs »[9] . En entendant cette péroraison
son application. La ville de Saint-Denis réclama, par une qui le visait implicitement, Thiers parut comme terrassé
pétition du 17 mai, que l’Empereur fût inhumé dans la sur son banc[10] .
nécropole des rois de France.
Pourtant, l'opinion était, dans sa majorité, largement fa-
Les 25 et 26 mai, le projet de loi fut discuté à la Chambre. vorable. Le mythe napoléonien avait déjà atteint son plein
Le rapporteur était le maréchal Clauzel, vieux soldat de développement, et n’attendait plus que ce couronnement.
l’Empire que la monarchie de Juillet avait rappelé et éle- Casimir Delavigne, devenu le poète officiel de la monar-
vé à la dignité du maréchalat. Au nom de la commission, chie de Juillet, chantait l’événement :
il approuva le choix des Invalides, non sans avoir expo-
France, tu l’as revu ! ton cri de joie, ô France,
sé les autres solutions qui avaient été suggérées – outre
Couvre le bruit de ton canon ;
Saint-Denis, il avait été question de l’Arc de triomphe de
Ton peuple, un peuple entier qui sur tes bords s’élance,
l'Étoile, de la colonne Vendôme, du Panthéon, et même
Tend les bras à Napoléon[1] .
de la Madeleine –, proposa de porter à deux millions le
crédit demandé par le gouvernement, demanda que la dé-
pouille fût ramenée en France par une escadre, et non par 1. Casimir Delavigne, « La Napoléonne », 1840 – in :
un navire isolé, et enfin que personne d’autre ne serait, à Œuvres complètes, Paris, Didier, 1855, p. 525
l’avenir, enterré aux Invalides, qui devaient demeurer ré-
servées à Napoléon. La chambre vota un million, non pas Le 4 ou 6 juin, le général Bertrand fut reçu par Louis-
deux, par 280 voix « pour » et 65 voix « contre », après Philippe, à qui il remit les armes de l’Empereur, qui furent
des discours du républicain Glais-Bizoin, qui fustigea placées dans le trésor :
l’Empire[6] , d’Odilon Barrot, futur président du Conseil
de Louis-Napoléon Bonaparte en 1848, qui défendit le « C’est à Votre Majesté, à sa démarche so-
projet, et surtout de Lamartine[7] , qui trouvait la mesure lennelle et patriotique que nous devons l’ac-
dangereuse et prononça un discours resté dans l'histoire : complissement des derniers désirs de l’Empe-
reur, désirs qu’il m’avait particulièrement ex-
« Quoique admirateur de ce grand homme, primés à son lit de mort avec des circonstances
je n’ai pas un enthousiasme sans souvenir et qui ne peuvent s’effacer de ma mémoire.
1.1 L'arrivée à Sainte-Hélène 3

Sire, rendant hommage à l’acte mémorable


de justice nationale que vous avez généreuse-
ment entrepris, animé d’un sentiment de grati-
tude et de confiance, je viens déposer entre les
mains de Votre Majesté ces armes glorieuses,
que depuis longtemps j’étais réduit à dérober
au jour et que j’espère bientôt placer sur le cer-
cueil du grand Capitaine, sur l’illustre tombe
destinée à fixer les regards de l’Univers.
Que l’épée du héros devienne le palladium
de la Patrie[11] . »

Louis-Philippe répondit par un discours compassé :

« Je reçois, au nom de la France, les armes


de l’empereur Napoléon dont ses dernières vo-
lontés vous avaient confié le précieux dépôt ;
elles seront fidèlement gardées jusqu’au mo-
ment où je pourrai les placer sur le mausolée
que lui prépare la munificence nationale.
Je m’estime heureux qu’il m’ait été réservé
de rendre à la terre de France les restes mortels
de celui qui ajouta tant de gloire à nos fastes et
Le prince de Joinville
d’acquitter la dette de notre commune Patrie en
entourant son cercueil de tous les honneurs qui
lui sont dus.
Je suis bien touché de tous les sentiments Hernoux, son aide-de-camp, le lieutenant Touchard, le
que vous venez de m’exprimer[12] . » jeune Arthur Bertrand, fils du général et le docteur Ré-
my Guillard.
Après cette cérémonie, qui lui valut les foudres de Joseph Dès le vote de la loi, la frégate avait été aménagée pour
et de Louis-Napoléon Bonaparte[13] , Bertrand se rendit à recevoir le cercueil de l’Empereur ; dans l’entrepont, on
l’hôtel de ville, et offrit au président du Conseil municipal avait construit une chapelle ardente, drapée de velours
le nécessaire de vermeil que l’Empereur avait légué à la noir brodé d’abeilles d’argent, au centre de laquelle se
capitale, et qui est aujourd’hui au musée Carnavalet. dressait un catafalque gardé par quatre aigles de bois doré.
Le voyage aller dura quatre-vingt-treize jours. Du fait
du jeune âge d'une partie de l'équipage, l'expédition se
1.1 L'arrivée à Sainte-Hélène
transforma en voyage touristique, le Prince mouilla quatre
Le 7 juillet 1840, à sept heures du soir, la frégate Belle jours à Cadix, deux à Madère, quatre à Tenerife. A Bahia,
Poule appareillait à Toulon, escortée de la corvette La Fa- Brésil, ce furent quinze jours de bals et de fêtes. Enfin,
vorite. Commandée par le prince de Joinville, fils cadet les deux navires parvinrent à Sainte-Hélène le 8 octobre
du roi, qui avait la responsabilité de l'expédition[14] , la et trouvèrent dans la rade le brick français L'Oreste, com-
frégate emportait à son bord Philippe de Rohan-Chabot, mandé par Doret, devenu capitaine de corvette : c’était
attaché d'ambassade à Londres et commissaire désigné un des enseignes de vaisseau qui, à l’île d'Aix, avait for-
par Thiers pour présider aux opérations d'exhumation mé le plan audacieux de faire évader Napoléon sur un
(le chef du gouvernement veut s’approprier autant que chasse-marée, et qui venait lui rendre les derniers devoirs.
possible la gloire de l'expédition), les généraux Bertrand Doret apportait des nouvelles inquiétantes : l'incident
et Gourgaud, le comte Emmanuel de Las Cases, dépu- d'Égypte allié à la politique agressive de Thiers annon-
té du Finistère, fils de l'auteur du Mémorial de Sainte- çait une rupture diplomatique imminente entre la France
Hélène, et cinq domestiques qui avaient servi Napoléon et le Royaume-Uni. Joinville savait que la cérémonie se-
à Sainte-Hélène : Saint-Denis plus connu sous le nom rait respectée mais il se mit à craindre pour le voyage de
de Mamelouk Ali, Noverraz, Pierron, Archambault et retour.
Coursot. La corvette, commandée par le capitaine Guyet, La mission débarqua le lendemain et se rendit à Planta-
transportait Louis Marchand, premier valet de chambre tion House où l’attendait le gouverneur de l'île, le major
de l'Empereur, qui était avec lui à Sainte-Hélène. Fai- général Middlemore. Après une longue entrevue avec le
saient également partie du voyage l'abbé Félix Coque- prince de Joinville, le gouverneur parut devant le reste de
reau, aumônier de la marine, Léonard Charner, lieute- la mission, qui s’impatientait dans le salon, et annonça :
nant du prince de Joinville et commandant en second, « Messieurs, les restes mortels de l’Empereur seront remis
4 1 HISTOIRE

entre vos mains, le jeudi 15 octobre. » Du côté français, on trouvait, autour du comte de Rohan-
La mission se remit en route en direction de Longwood Chabot entre autres, les généraux Bertrand et Gour-
House et descendit d’abord dans la « vallée du tombeau », gaud, Emmanuel de Las Cases, les anciens serviteurs
dite aussi « du géranium ». Le tombeau de Napoléon, si- de l’Empereur, l’abbé Félix Coquereau, aumônier de la
tué dans ce lieu solitaire, était couvert de trois dalles pla- Belle Poule, avec deux enfants de chœur, les capitaines
cées au niveau du sol. Le monument, très simple, était Guyet, Léonard Charner et Doret, le docteur Guillard,
entouré d’une grille en fer, solidement fixée sur son sou- chirurgien-major de la Belle Poule, enfin un ouvrier plom-
bassement et ombragé par un saule pleureur, un autre était bier, le sieur Leroux ; du côté britannique : MM. William
Wilde, le colonel Hodson, que Napoléon prénommait
couché mort à côté. Le tout était entouré d’un grillage en
bois ; tout près, et en dehors de cette enceinte se trouvait Hercule, et Seale, membres du conseil colonial de Sainte-
Hélène, MM. Thomas et Brooke, le colonel Trelawney,
une fontaine dont l’eau fraîche et limpide plaisait à Napo-
léon. commandant l’artillerie de l’île, le lieutenant de vaisseau
Littlehales, le capitaine Alexander, qui représentait le
À la porte de l’enceinte, le prince de Joinville mit pied à gouverneur Middlemore (celui-ci, quoique souffrant, fi-
terre, se découvrit, et s’approcha de la grille de fer, sui- nit par se rendre sur place accompagné de son fils et d'un
vi par le reste de la mission. Dans un profond silence, aide-de-camp)[15] , enfin Mr Darling, qui avait été tapis-
ils contemplèrent la tombe nue et sévère. Au bout d’une sier à Longwood du temps de la captivité. De plus, il
demi-heure, le prince remonta à cheval, et tout le monde y aurait eu la présence du sergent Abraham Millington,
rentra à bord. La dame Torbet, propriétaire des lieux, qui l'armurier qui avait soudé les cercueils de Napoléon en
y avait installé une guinguette où elle débitait des rafraî- 1821. Il a laissé un procès-verbal de cette opération qui
chissements aux rares pèlerins, était fort mécontente car fut publié pour la première fois en 1836[16] . Millington
l’exhumation allait tarir son petit bénéfice. avait été reconnu par les serviteurs de Longwood lors
On alla en pèlerinage à Longwood qui se trouvait dans un d'une promenade en ville, et avait assisté à l'ouverture des
grand état de délabrement : les meubles avaient disparu, cercueils.
des inscriptions étaient sur plusieurs murs, la chambre de À la lueur des torches, les soldats britanniques se mirent à
Napoléon était devenue une écurie où un fermier faisait l’ouvrage. Ils déposèrent la grille, puis les pierres qui for-
paître ses bêtes. Les marins de L’Oreste se jetèrent sur le maient la bordure de la tombe, dont on avait au préalable
billard, qui avait été épargné par les chèvres et les mou- retiré la terre végétale et les fleurs qui y avaient poussé,
tons, et en arrachèrent la tapisserie et tout ce qu’ils purent que les Français se partagèrent. On leva ensuite les trois
emporter, sous les vociférations du fermier qui arrondis- dalles qui fermaient la fosse. De longs efforts furent né-
sait son revenu en faisant visiter l’endroit et réclamait à cessaires pour venir à bout de la maçonnerie qui renfer-
grands cris une indemnité. Les militaires anglais auraient mait le cercueil. A neuf heures et demie, la dernière dalle
rougi de honte devant le peu de respect de mémoire du fut retirée et le cercueil apparut. L’abbé Coquereau l’as-
lieu. pergea de l’eau de la source où Napoléon avait aimé boire,
qu’il avait bénite, et récita le De profundis. Le cercueil
fut levé et transporté sous une grande tente rayée bleu
1.2 L'exhumation et blanc qu’on avait dressée la veille. Puis l’on procéda à
l’ouverture de la bière, dans un silence complet. Le pre-
mier cercueil d’acajou dut être scié aux deux bouts pour
en extraire le second cercueil, de plomb, qu’on plaça dans
le cercueil d’ébène de forme antique qui avait été amené
de France.
À l’arrivée du général Middlemore et du lieutenant Tou-
chard, officier d’ordonnance du prince, on procéda au
dessoudage du cercueil de plomb. Le cercueil suivant,
d’acajou, était remarquablement conservé. Les vis en
furent difficilement ôtées. On put alors ouvrir, avec d’in-
Ouverture du cercueil de Napoléon dans la vallée du Tombeau à
finies précautions, le dernier cercueil, de fer blanc.
Sainte-Hélène le 15 octobre 1840
Lorsqu’on en eut ôté le couvercle, on vit apparaître une
Le 14 octobre à minuit (à la demande du gouverneur de forme blanche, indécise, qui paraissait flotter comme
l'île), les membres de la mission revinrent à la vallée du dans un rêve. Le capiton de satin blanc dont était gar-
tombeau. Le prince de Joinville était demeuré à son bord nie la partie supérieure du couvercle s’était détaché et re-
car, toutes les opérations jusqu'à l'arrivée du cercueil im- couvrait le corps comme un linceul. Le docteur Guillard
périal au lieu de l'embarquement devant être conduites roula délicatement cette enveloppe, depuis les pieds jus-
par des soldats étrangers et non par les matelots français, qu’à la tête. L’Empereur apparut alors. Son uniforme vert
il estimait ne pouvoir assister à des travaux qu'il ne pou- à parements écarlates de colonel des chasseurs de la garde
vait diriger. était parfaitement conservé. La poitrine était encore bar-
1.4 Le retour de Sainte-Hélène 5

rée du cordon rouge de la Légion d’honneur mais, sur l’ha-


bit, les décorations et les boutons étaient légèrement ter-
nis. On observa que le corps avait conservé une position
aisée, la tête reposait sur un coussin, et l’avant-bras et la
main gauche sur la cuisse. Le visage était serein, seules les
ailes du nez étaient altérées. Les paupières entièrement
fermées présentaient encore quelques cils. Une gencive
légèrement rétractée laissait briller, comme au moment
de la mort, trois incisives très blanches. Le menton était
piqueté d’un peu de barbe bleuâtre qui, à cause du des-
sèchement de la peau, était apparue. Les mains étaient
dans un état de conservation parfait. Les doigts avaient
des ongles longs, adhérents et très blancs. Les coutures Le transfert des cendres de Napoléon à bord de La Belle Poule,
des bottes, seules, avaient craqué et laissaient entrevoir le 15 octobre 1840, Eugène Isabey
les quatre doigts inférieurs de chaque pied. Le petit cha-
peau était placé en travers sur les cuisses.
Belle Poule était orné d’aigles dorés, et portait le prince de
Tous les spectateurs étaient sous le choc. Gourgaud, Las Joinville.
Cases, Philippe de Rohan, Marchand, tous les serviteurs
pleuraient. Bertrand était comme terrassé par l’émotion. À cinq heures et demie, le convoi funèbre s’arrêta au dé-
Au bout de deux minutes d'examen, Guillard proposa de but de la jetée. Le major général Middlemore, très âgé,
poursuivre l’examen du corps et d’ouvrir les vases conte- fort malade, s’avança péniblement vers le prince de Join-
nant le cœur et l’estomac. Gourgaud, réprimant ses san- ville. Cette brève rencontre en français approximatif mar-
glots, se mit en colère et ordonna qu’on refermât aussitôt qua la remise du corps de Napoléon entre les mains de sa
le cercueil. Le médecin obtempéra, remit le satin en place patrie. Avec d’infinies précautions, le lourd cercueil fut
qu’il aspergea d’un peu de créosote, puis on remit en place déposé dans la chaloupe. Les navires français, qui arbo-
le couvercle de fer blanc, mais sans le ressouder, le cou- raient jusque-là les signes du deuil, hissèrent aussitôt leurs
vercle du cercueil d’acajou, puis on ressouda le cercueil couleurs et tous les navires présents tirèrent. Sur La Belle-
de plomb, et l’on ferma enfin la serrure à complications Poule, 60 hommes étaient sous les armes, les tambours
du cercueil d’ébène amené de France[17] . L’ensemble fut battaient aux champs et la musique faisait entendre des
placé dans un sixième cercueil, en chêne, destiné à pro- airs funèbres.
téger celui d’ébène, et cette masse de 1 200 kilogrammes Le cercueil fut hissé sur le pont et débarrassé de son enve-
fut hissée par 43 artilleurs sur un solide corbillard dra- loppe de chêne. L’abbé Coquereau donna l’absoute. Na-
pé de noir et portant, à chaque de ses angles, quatre pa- poléon était de retour en territoire français. À six heures
naches de plumes noires, que tiraient péniblement quatre et demie, le cercueil fut déposé dans une chapelle ardente,
chevaux caparaçonnés de noir. Le cercueil fut recouvert ornée de trophées militaires, qu’on avait dressés à l’arrière
d'un poêle funèbre (4,30 m×2,80 m) fait d'une grande du bâtiment. À dix heures le lendemain matin, la messe
pièce de velours semée d'abeilles d'or, des aigles surmon- fut dite sur le pont, puis le cercueil descendu dans la cha-
tés d'une couronne impériale aux angles et d'une grande pelle ardente de l’entrepont, pendant que la musique de la
croix d'argent. Les demoiselles de l’île offrirent au com- frégate jouait, dit-on, le grand air de Robert le Diable de
missaire français les drapeaux tricolores qui devaient ser- Meyerbeer, détail d’un goût particulièrement douteux[18] .
vir à la cérémonie, et qu’elles avaient confectionnés de Cette opération achevée, chaque officier reçut une mé-
leurs mains, ainsi que le pavillon impérial qui devait flot- daille commémorative[19] , tandis que les matelots se par-
ter sur la frégate La Belle-Poule. tageaient le cercueil de chêne et le saule mort qu’on avait
arraché de la vallée du tombeau.

1.3 Le transfert sur La Belle Poule


1.4 Le retour de Sainte-Hélène
À trois heures et demie, sous une pluie battante, tandis
que la citadelle et la Belle Poule tiraient alternativement le Le 18 octobre, à huit heures du matin, la Belle Poule, la
canon, le cortège s’ébranla lentement sous le commande- Favorite et l’Oreste appareillèrent. L’Oreste alla rejoindre
ment du gouverneur de l’île. Le comte Bertrand, le baron la division du Levant, tandis que les deux navires vo-
Gourgaud, le baron de Las Cases fils, et Marchand, por- guaient vers la France à tout allure par crainte d'être at-
taient les coins du drap. Un détachement de milice, suivi taqués. Aucun accident remarquable ne signala, pendant
d’une foule de peuple, fermait la marche, pendant laquelle les treize premiers jours la marche de la Belle-Poule et
les forts tiraient le canon de minute en minute. Parvenu à de la Favorite ; mais elles rencontrèrent, le 31 octobre,
Jamestown, le convoi défila entre deux haies de soldats de un navire de commerce, le Hambourg, dont le capitaine
la garnison, ayant leurs armes renversées. Les vaisseaux fit part au prince de Joinville des nouvelles d’Europe, qui
français mirent leurs canots major à la mer. Celui de la confirmaient celles de Doret.
6 1 HISTOIRE

Ces bruits de guerre furent confirmés par le bâtiment hol-


landais l’Egmont, qui faisait route pour Batavia. Le prince
de Joinville s’empressa de former un conseil de guerre où
furent appelés les officiers de la Belle-Poule et de la Favo-
rite ; il s’agissait d’arrêter les dispositions nécessaires pour
éviter que la précieuse cargaison ne soit mise en péril en
cas de rencontre avec des navires britanniques. Joinville
fit préparer la Belle Poule pour un éventuel combat[20] , ce
qui était un enfantillage, mais il ordonna surtout à la Fa-
vorite de s’éloigner aussitôt et de gagner le premier port
français. Le prince n’ignorait pas qu’un navire britannique
n’aurait pas attaqué le vaisseau funéraire, mais que la Fa-
vorite n’eût pas bénéficié de la même magnanimité et il L'arrivée de la Dorade à Courbevoie le 14 décembre 1840, Félix
redoutait avec raison d’avoir à lui porter secours si elle Philippoteaux, 1867, château de Malmaison.
devait être prise dans les lignes d’un vaisseau ennemi, au
risque d’y perdre la frégate et son chargement. Une autre un de ces conspirateurs de salon qui allaient
hypothèse est que la Favorite est plus lente et qu'elle ne prendre par la main le roi de Gand, derrière
peut que retarder la Belle Poule. les lignes britanniques, pendant que nos vieux
Le 27 novembre, la Belle-Poule n’était plus qu’à cent soldats se faisaient tuer pour la défense du ter-
lieues des côtes de France ; elle n’avait rencontré au- ritoire, dans les plaines de Waterloo. Les mi-
cune croisière britannique ; mais elle n’en persista pas nistres qui prendront la tête du cortège nous ont
moins dans les précautions que commande la prudence été imposés par l’étranger. Le deuil sera mené
en temps de guerre ; bien que ces précautions étaient in- par le major général de l’armée française à Wa-
utiles puisque les tensions avaient cessé au détriment de la terloo [Soult], ramené au pouvoir par l’appui de
France qui avait dû abandonner son allié égyptien. Thiers lord Palmerston [ministre britannique des Af-
avait été contraint à démissionner. faires étrangères] et donnant la main au trans-
fuge de Gand[21] . »

1.5 L'arrivée en France Le gouvernement, craignant d’être débordé par son ini-
tiative (le futur Napoléon III avait tenté un coup d'État)
mais ne pouvant plus y renoncer, décida de brusquer les
choses : « Il était pressé d’en finir », commenta Victor
Hugo[22] . « Que les préparatifs soient prêts (sic) ou non,
la cérémonie funèbre aura lieu le 15 [décembre], quelque
temps qu’il fasse ou qu’il arrive »[23] , affirma le ministre
de l’intérieur, le comte Duchâtel.
Il fallut réquisitionner tout ce que Paris et les faubourgs
comptaient de bras pour achever à la hâte les préparatifs
(le retour rapide du tombeau et les problèmes politiques
internes avaient entrainé un retard considérable) et dres-
ser, du pont de Neuilly aux Invalides, les échafaudages
de carton-pâte qui regarderaient passer le char funèbre,
Le transbordement du cercueil de la Belle Poule sur le vapeur qu’on n’acheva de barbouiller que tard dans la nuit précé-
Normandie en rade de Cherbourg le 8 décembre 1840, Léon dant la cérémonie[24] . Afin d’éviter toute contagion révo-
Morel-Fatio, 1841, château de Versailles. lutionnaire, le gouvernement – qui avait déjà insisté pour
que l’Empereur fût enterré aux Invalides, avec les gloires
Pendant ce temps, en France, un ministère nominalement militaires de la France – ordonna que la cérémonie serait
présidé par le maréchal Soult, mais dont Guizot était la strictement militaire, écartant du cortège les corps consti-
véritable tête, avait succédé en octobre 1840 au cabinet tués, à la grande fureur des étudiants de droit et de mé-
Thiers pour tenter de résoudre la crise provoquée, avec decine, qui réclamaient l’honneur de suivre le cercueil de
le Royaume-Uni, par les affaires d’Orient. Cette nouvelle l’Empereur[25] . Le corps diplomatique, réuni à l’ambas-
donne ne manquait pas de susciter, dans la presse, des sade du Royaume-Uni, décida de s’abstenir de paraître à
commentaires hostiles dans la perspective de la cérémo- la cérémonie par antipathie pour Napoléon ainsi que pour
nie du retour des cendres : Louis-Philippe.
Le 30 novembre, la Belle-Poule entra dans la rade de
« Celui qui va recevoir les restes de l’Empe- Cherbourg, et six jours plus tard les restes furent trans-
reur [Guizot] est un homme de la Restauration, férés sur le bateau à vapeur la Normandie. Après avoir
1.6 L'inhumation 7

gagné Le Havre, le cercueil fut placé au Val-de-la-Haye,


près de Rouen, sur le bateau la Dorade pour remon-
ter la Seine, sur les berges de laquelle la population ren-
dit hommage à l'Empereur. Le 14 décembre, la Dorade
vint s’amarrer au quai de Courbevoie à l'endroit duquel se
trouve aujourd'hui une stèle commémorative qui marque
l’emplacement où elles ont reposé avant leur transfert aux
Invalides.
La duchesse de Dino, nièce de Talleyrand, rapporte ainsi
la journée qui précède l'arrivée aux Invalides :

« On sait qu'on a le projet de se porter à


Le char funèbre de Napoléon passe sous l'arc de triomphe de
l'Ambassade d'Angleterre et de démolir la mai-
l'Étoile, École française du XIXe siècle, château de Versailles.
son ; aussi a-t-on enfermé de la troupe dans
l'hôtel et lady Granville a-t-elle déménagé. On
estime qu'il y a 800 000 personnes en mou-
vement. Mes enfants ont été au Pecq, et ont
trouvé tout fort convenable : grand silence à
l'arrivée du bateau, tous les chapeaux bas ; le
général Bertrand à droite du cercueil, le gé-
néral Gourgaud à gauche, M. de Chabot de-
vant ; le prince de Joinville allant et venant
pour donner des ordres, ayant fait ôter tous
les ornements qui n'étaient pas religieux ; des
prêtres, beaucoup de cierges, mais rien de mon-
dain ni de mythologique (...) Les journaux in-
diquent une grande fermentation (...) j'ai écrit
pour qu'on fit voir ce spectacle à mon petit-
fils ; quelque mal conçue, incohérente, contra-
dictoire et ridicule, par les circonstances, que
Le char funèbre de Napoléon descend les Champs-Élysées,
soit cette cérémonie, l'arrivée de ce cercueil
Louis-Julien Jacottet d'après un dessin de Louis Marchand
sera une chose très imposante et dont il sera
curieux, un jour, d'avoir été témoin (...) sans
pouvoir faire tous les rapprochements étranges
qu'il inspire : l'oubli complet de l'oppression, de
la malédiction générale dont l'Europe retentis-
sait il y a vingt-six ans ; et, aujourd'hui, ce sou-
venir unique de ses victoires, rendant sa mé-
moire si populaire. Paris se disant avide de li-
berté, la France humiliée devant l'étranger, cé-
lébrant à l'envi celui qui a le plus enchaîné cette
liberté, et qui a été le plus terrible des conqué-
rants. (...) avec cette haie de rois et de grands Le char funèbre de Napoléon traverse la place de la Concorde,
hommes. On aurait dû au moins, n'y point pla- Jacques Guiaud, château de Versailles
cer le Grand Condé ! Condé offrant une cou-
ronne à l'assassin de son petit-fils ! Ce qui me
paraît être beau, c'est le char. J'aime l'idée de Ciel glacé ! soleil pur ! Oh ! brille dans l’histoire !
Napoléon rapporté en France sur un bouclier Du funèbre triomphe, impérial flambeau !
... » Que le peuple à jamais te garde en sa mémoire
Jour beau comme la gloire,
[26] Froid comme le tombeau[1] .

1. Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, 1840


1.6 L'inhumation
Malgré un froid soutenu de - 10 degrés, la foule des
L'inhumation avait été fixée au 15 décembre. Victor Hugo spectateurs depuis le pont de Neuilly jusqu’aux Invalides
évoque cette journée dans Les Rayons et les Ombres : était prodigieuse. Il y avait des maisons dont les toits en
8 1 HISTOIRE

étaient couverts. Le respect et la curiosité l’emportaient madame de Flahaut, qui avait invité les vieux restes fé-
sur l’énervement et le froid pénétrant achevait de glacer minins de l'Empire […] Les quatre-vingt mille hommes
les velléités d’agitation de la foule. Sous le pâle soleil qui de troupe donnaient, dit-elle, l'aspect d'une revue plutôt
avait succédé à la neige, les statues de plâtre et les orne- que d'un enterrement (elle) regrette, avec raison, l'attitude
ments de carton doré produisaient un effet ambigu : « le du peuple, qui n'était ni religieuse, ni recueillie, ni tou-
mesquin habillant le grandiose »[27] : chante ».
Le cortège arriva aux Invalides vers une heure et demie ; à
« Tout à coup, le canon éclate à la fois à deux heures il atteignit la grille d’honneur ; le roi et tous les
trois points différents de l’horizon. Ce triple grands corps de l’État attendaient dans l’église du Dôme.
bruit simultané enferme l’oreille dans une sorte Le prince de Joinville devait prononcer un petit discours,
de triangle formidable et superbe. mais on avait oublié de l’en prévenir : il se contenta de
Des tambours éloignés battent aux champs. saluer du sabre, et le roi de marmonner quelques paroles
Le char de l’empereur apparaît. inintelligibles[29] . Le Moniteur arrangea tant bien que mal
Le soleil voilé jusqu’à ce moment, reparaît la scène :
en même temps. L’effet est prodigieux.
On voit au loin, dans la vapeur et dans le « • Sire, a dit le prince de Joinville, en baissant
soleil, sur le fond gris et roux des arbres des son épée jusqu’à terre, je vous présente le corps
Champs-Élysées, à travers de grandes statues de l’empereur Napoléon.
blanches qui ressemblent à des fantômes, se
mouvoir lentement une espèce de montagne • Je le reçois au nom de la France, a répondu
d’or. On n’en distingue encore rien qu’une sorte le roi d’une voix forte[30] . »
de scintillement lumineux qui fait étinceler sur
toute la surface du char tantôt des étoiles, tan-
tôt des éclairs. Une immense rumeur enveloppe
cette apparition.
On dirait que ce char traîne après lui l’ac-
clamation de toute la ville comme une torche
traîne sa fumée. […]
Le cortège se remet en marche. Le char
avance lentement. On commence à en distin-
guer la forme. […]
L’ensemble a de la grandeur. C’est une
énorme masse, dorée entièrement, dont les
étages vont pyramidant au-dessus des quatre
grosses roues dorées qui la portent. […] Le
vrai cercueil est invisible. On l’a déposé dans
la cave du soubassement, ce qui diminue l’émo-
tion. C’est là le grave défaut de ce char. Il cache
ce qu’on voudrait voir, ce que la France a ré-
clamé, ce que le peuple attend, ce que tous les
yeux cherchent, le cercueil de Napoléon[28] . »
Médaille gravée en 1840 par Caqué pour le retour des cendres
de l'Empereur, bronze 52mm
« Ce que j'ai trouvé de vraiment admirable, c'est le
char. Rien de plus magnifique et de plus imposant ; les
Le général Atthalin s’avança, portant sur un coussin
étendards de chaque département portés par les sous-
l’épée d’Austerlitz et de Marengo, qu’il présenta à Louis-
officiers faisaient très bien ; les trompettes qui poussaient
Philippe ; le roi eut un curieux mouvement de recul, et se
à l'unisson un chant simple et funèbre m'ont saisi. J'ai ai-
tourna vers Bertrand :
mé aussi les cinq cents marins de La Belle Poule, qui,
par leur tenue austère, contrastaient avec la splendeur du
reste. Mais ce qui était ridicule, c'était les vieux costumes « Général, je vous charge de placer la glo-
de l'Empire […] La marche du char n'était pas assez rieuse épée de l’Empereur sur son cercueil. »
promptement suivie par la foule, de sorte que le peuple
se précipitait de façon trop bruyante […] On a aussi vu Bertrand, trop ému, ne put remplir cet ultime devoir ;
quelques drapeaux rouges et entendu quelques chants de Gourgaud se précipita et se saisit de l’arme. Le roi se tour-
La Marseillaise, mais cela a été réprimé et étouffé » — na alors vers lui :
récit d'un témoin oculaire cité par la duchesse de Di-
no le 19 décembre 1840 (op. cit, p. 437), qui ajoute : « Général Gourgaud, placez sur le cercueil
« La duchesse d'Albuféra a vu passer le cortège de chez le chapeau de l’Empereur. »
1.7 L'échec politique du retour des Cendres 9

fantôme qu’il évoquait. On avait l’air tout à la


fois de montrer et de cacher Napoléon. On
a laissé dans l’ombre tout ce qui eût été trop
grand ou trop touchant. On a dérobé le réel et
le grandiose sous des enveloppes plus ou moins
splendides, on a escamoté le cortège impérial
dans le cortège militaire, on a escamoté l’ar-
mée dans la garde nationale, on a escamoté les
chambres dans les Invalides, on a escamoté le
cercueil dans le cénotaphe. Il fallait au contraire
prendre Napoléon franchement, s’en faire hon-
neur, le traiter royalement et populairement en
empereur, et alors on eût trouvé de la force là
où l’on a failli chanceler[34] . »

1.7 L'échec politique du retour des


Cendres
Revers de la médaille Le retour du corps de Napoléon en France avait deux ob-
jectifs : améliorer l'image de la monarchie de Juillet et
La cérémonie funèbre, au cours de laquelle les meilleurs assurer une certaine gloire aux organisateurs, Thiers et
chanteurs de l’Opéra, sous la direction de Habeneck, don- Louis-Philippe.
nèrent le Requiem de Mozart, fut plus mondaine que re- Le ministre a perçu le début de l'engouement français
cueillie. Les députés, notamment, se tinrent fort mal : pour ce qui va devenir le mythe napoléonien. Il pensait
« Des écoliers de septième seraient fessés s’ils avaient que ramener Napoléon en France scellerait les accords
dans un lieu solennel la tenue, la mise et les manières de entre la France et la Grande-Bretagne alors que les af-
ces messieurs. […] Ainsi trois accueils différents ont été faires d'Égypte commençaient à agacer l'Europe. Quant
faits à l’empereur. Il a été reçu par le peuple aux Champs- à Louis-Philippe, il souhaitait légitimer un peu plus une
Élysées, pieusement ; par les bourgeois sur les estrades de monarchie bancale et indifférente aux Français. Finale-
l’Esplanade [des Invalides], froidement ; par les députés ment, ce fut un échec.
sous le dôme des Invalides, insolemment. »[31] . L’attitude
du vieux maréchal Moncey, gouverneur des Invalides, ra- La grande majorité des Français, enthousiasmée et émue
cheta l’impertinence de la cour et de la chambre. Depuis par le retour de celui qui était devenu un martyr, s’est
quinze jours, il était à l’agonie, pressant son médecin de sentie trahie de ne pouvoir lui rendre l'hommage qu'elle
le faire vivre jusqu’à la cérémonie fatale. Le service re- voulait. En effet, le gouvernement s’est mis à craindre des
ligieux terminé, il se fit porter jusqu’au catafalque, prit émeutes et a voulu autant que possible éviter les rassem-
l’aspersoir, jeta l’eau bénite et lança le mot de la fin : blements. Ainsi le cortège a été fluvial et s’est peu attar-
dé dans les villes. À Paris, seules les personnes impor-
tantes ont assisté à la cérémonie. De plus, le peu de res-
« Et maintenant, rentrons mourir[32] . »
pect qu'ont témoigné la plupart des hommes politiques
a choqué l'opinion et a révélé une vraie rupture, un réel
Du 16 jusqu’au 24 décembre, l'église des Invalides éclai-
fossé entre le peuple et son gouvernement.
rée comme le jour de la cérémonie, resta ouverte au pu-
blic. Dans le peuple, qui, longtemps, n’avait pas cru à De même, le retour des Cendres n'a pas empêché la
la mort de l’Empereur, courait le bruit que son tombeau France de perdre une guerre diplomatique. Elle a été obli-
n’était qu’un cénotaphe. L’on disait qu’à Sainte-Hélène, la gée de lâcher son allié égyptien. Thiers s’est aveuglé et
commission n’avait trouvé qu’un cercueil vide. L’on affir- s’est ridiculisé. Le roi l'a obligé à démissionner bien avant
mait que les Britanniques avaient secrètement rapatrié le l'arrivée de La Belle Poule en France à cause de sa poli-
corps à Londres pour en faire l’autopsie. Plus tard, l’on af- tique agressive. Il n'a pas pu profiter de sa victoire.
firmera qu’en 1870, la dépouille mortelle de l’Empereur Au lieu de faire resplendir la Monarchie de Juillet,
avait été enlevée des Invalides pour la soustraire aux ar- l'enterrement de Napoléon a été le signe de son déclin.
mées étrangères, et n’y fut jamais replacée[33] . Dans son
bon sens, le peuple ne s’était pas trompé ; on lui avait voilé
Napoléon, il se sentait volé, il aurait un jour sa revanche : 1.8 Le monument

« Toute cette cérémonie, analysa Victor D’après une décision prise par le gouvernement, les restes
Hugo, a eu un singulier caractère d’escamo- de Napoléon reposent dans un magnifique monument
tage. Le gouvernement semblait avoir peur du qui s’élève au milieu du dôme des Invalides. Conçu par
10 3 NOTES ET RÉFÉRENCES

incohérences entre les mémoires de ceux qui ont assisté à


l'inhumation et l'exhumation : nombre différent des cer-
cueils imbriqués, état de conservation du corps (cas pos-
sible d'adipocire), emplacement du cœur et l’estomac dé-
posés dans une timbale et une soupière d’argent, uniforme
et décorations différentes, plusieurs masques mortuaires
à l'authenticité douteuse[38] .
Selon le journaliste, c'est le roi d’Angleterre George IV,
admirateur de Napoléon et connu pour ses penchants né-
crophiles, qui aurait fait exhumer secrètement le corps de
Napoléon vers 1824 ou 1825 puis substitué celui-ci avec
celui du maître d’hôtel de l'Empereur, Cipriani, mort le
Tombeau de Napoléon. 27 février 1818, enfin rapatrié le corps de Napoléon dans
sa collection de momies de l'abbaye de Westminster[39] .
En 2000, l'écrivain Bruno Roy-Henry[40] et en 2003, le
l'architecte Louis Visconti, ce tombeau ne fut achevé film Monsieur N. d'Antoine de Caunes reprennent cette
qu'en 1861. thèse. Les historiens Thierry Lentz et Jacques Macé
montrent que cette théorie des substitutionnistes ne re-
Dans une excavation circulaire creusée sous le dôme, pose que sur des spéculations et sur aucun fait étayé,
sorte de crypte ouverte, est placé « un grand sarcophage elle contribue à la légende napoléonienne[41] . Bruno Roy-
(...) de porphyre rouge – en fait du quartzite aventuriné Henry a pour objectif l'ouverture du tombeau des Inva-
de Finlande, proche du porphyre – posé sur un socle de lides et l'identification des restes qu'il contient[42] mais
granit vert des Vosges »[35],[36] . plusieurs descendants de la famille Bonaparte et l'État s’y
Selon un autre auteur, le socle en marbre noir provien- opposent[43] .
drait de la carrière de marbre de Sainte-Luce (Isère) ; le
transport de ce bloc de 5,5 mètres de long, 1,20 mètre de
large et 0,65 mètre d'épaisseur, ne se fit pas sans peine[37] .
2 Musées napoléoniens et lieux de
Une offre de matériau français rejetée.
mémoire
L'aristocrate et minéralogiste breton Paul-Emile de La
Fruglaye (petit-fils du célèbre Caradeuc de La Chaotais)
« découvrit en Bretagne une très belle pierre proche du • À partir de 1854, l'empereur Napoléon III négo-
marbre, d'une coloration vert foncé, qu'il proposa pour cia avec le gouvernement britannique l'achat de
le tombeau de Napoléon, mais un porphyre importé de Longwood House et de la Vallée du Tombeau (île
Russie fut préféré. (Il) garda sa pierre pour lui et y fit Sainte-Hélène), qui devinrent propriétés françaises
tailler son propre tombeau, toujours visible dans la cha- en 1858 et gérées depuis par le Ministère des af-
pelle du château de Keranroux » (Claude Frégnac, Mer- faires étrangères.
veilles des châteaux de Bretagne et de Vendée, Hachette-
Réalités, 1970, p. 32). • Mémorial du retour des cendres de l’Empereur,
place Napoléon 1er Courbevoie
La translation de la dépouille depuis la chapelle Saint-
Jérôme, où il reposait depuis 1840, ne donna lieu qu’à une
cérémonie intime, à laquelle assistèrent, le 2 avril 1861,
l’empereur Napoléon III, l’impératrice Eugénie, le Prince 3 Notes et références
impérial et les Princes de la famille, le Gouvernement et
les Grands officiers de la Couronne. [1] Biographie universelle ancienne et moderne (Michaud),
Le quotidien Le Gaulois publie six articles en septembre tome 17 (1842)
1887 sur une rumeur voulant qu'un haut fonctionnaire au
ministère de l’Instruction publique (probablement Xavier [2] Le prince de Joinville ne décolérait pas d'être employé
Charmes) soit tombé sur un procès-verbal établi par une à « une besogne de charretier » ou de « croque-mort »
(cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Librairie
commission secrète composée par Napoléon III, docu-
Arthème Fayard, 2002, p. 816). La reine Marie-Amélie
ment qui révélerait que le tombeau de Napoléon aux In- jugeait que l'opération était « une pâture pour les têtes
valides est vide[réf. nécessaire] . Le journaliste-photographe chaudes » (ibidem), tandis que la reine Louise y voyait une
Georges Rétif de la Bretonne publie en mars 1969 An- « pure comédie » (ibidem).
glais, rendez-nous Napoléon, alors que la France célèbre
le bicentenaire de la naissance Napoléon, un ouvrage dans [3] « Voilà une idée bien française », ironisa Palmerston dans
lequel il affirme que le corps de l'Empereur ne repose pas une lettre à son frère (cité par Guy Antonetti, Op. cit., p.
dans le mausolée des Invalides. Sa thèse s’appuie sur les 816).
11

[4] « Les cendres de Napoléon seront rendues lorsque le gou- [19] Elles portent sur l’avers le profil de Louis-Philippe et au
vernement français en manifestera le désir », (source : Al- revers l’inscription : « Loi du 18 juin 1840 ordonnant la
bert Benhamou, L'autre Sainte-Hélène, 2010, p. 365). translation des restes mortels de l’empereur Napoléon, de
l’île de Sainte-Hélène, à l’église de l’hôtel royal des Inva-
[5] Laumann, pp. 15-16 lides de Paris, et la construction de son tombeau aux frais
de l’État. S.A.R. le prince de Joinville, commandant l’ex-
[6] « Les idées bonapartistes, dit-il, sont une des plaies vives pédition. »
de notre temps ; elles représentent ce qu'il y a de plus fu-
neste pour l'émancipation des peuples, de plus contraire à [20] Pour mettre en batterie toutes les pièces que la frégate
l'indépendance de l'esprit humain. » pouvait opposer à une attaque, on démolit les chambres
provisoires qui avait été établie pour loger les membres de
[7] Avant l'ouverture du débat, Lamartine avait dit : « Les la commission de Sainte-Hélène ; les cloisons, ainsi que
cendres de Napoléon ne sont pas éteintes, et l'on en souffle les meubles qui garnissaient ces cabines, furent jetés à la
les étincelles. » (Antonetti, p. 817) mer ; le quartier du bord où se trouvaient ces chambres
prit le nom de Lacédêmone. L’équipage se préparait aux
[8] cité par : Laumann, pp. 32 et 34 et Antonetti, p. 816
éventualités d’un combat par de fréquents exercices et des
[9] Antonetti, p. 817 branle-bas multipliés.

[10] Avant la séance, Thiers avait tenté de dissuader Lamartine [21] Le Courrier Français, 11 décembre 1840, cité par : Lau-
d'intervenir : « – Non, lui avait répondu le poète, il faut mann, p. 97
décourager les imitateurs de Napoléon. – Oh ! Mais qui
[22] Victor Hugo, « 15 décembre 1840. Funérailles de l’Em-
peut aujourd'hui songer à l'imiter ? – Vous avez raison, je
pereur. Notes prises sur place », Choses vues – in : Œuvres
voulais dire les parodistes de Napoléon. » (Antonetti, p.
complètes, Histoire, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins,
817) Le mot a fait le tour de Paris.
1987, p. 813
[11] Laumann, p. 40
[23] cité par : Laumann, p. 97
[12] ibid. pp. 40-41 [24] Le char funèbre, tout resplendissant de dorures et de riches
draperies, était haut de 10 mètres (30 pieds), large de 5
[13] Ce dernier écrivit dans le Times : « L’épée d’Austerlitz ne
mètres 80 centimètres (17 pieds) et long de 30 mètres,
devrait jamais se trouver en des mains ennemies ; elle doit
lourd de 13 tonnes, était tiré par 16 chevaux, distribués en
rester où elle peut être tenue au jour du danger pour la
quatre groupes ou quadriges richement caparaçonnés. Le
gloire de la France. […] Priver les héritiers de l’Empereur
char se composait ainsi qu’il suit : Quatre roues massives
de l’unique héritage que le sort leur a laissé ; donner à un
et dorées, sur l’essieu desquelles reposait un socle ou sou-
bénéficiaire de Waterloo les armes du vaincu, c’est trahir
bassement, ayant la forme d’un carré long ou plutôt d’une
les devoirs les plus sacrés, c’est forcer les opprimés à dire
table épaisse ; sur ce socle s’élevait une sorte de second
un jour aux oppresseurs : « Rendez-nous ce que vous avez
soubassement arrondi sur le devant et formant une plate-
usurpé ». » (cité par René Girard, Napoléon III, Paris, Ar-
forme demi-circulaire, sur laquelle on avait fixé un groupe
thème Fayard, 1986 ; réimpr. Paris, coll. Pluriel, 1993, p.
de Génies supportant la couronne de Charlemagne ; en ar-
54)
rière, s’élevait un dais semblable à celui d’un piédestal or-
[14] Les lettres décachetées en mer des instructions du roi ré- dinaire, se terminant par une sorte de piédouche quadran-
vèlent en fait que le chef de l'expédition est l'anglophile gulaire. Enfin, quatorze statues plus grandes que nature,
Philippe de Rohan-Chabot. entièrement dorées, portaient un vaste bouclier sur leurs
têtes, au-dessus duquel était placé le modèle du cercueil de
[15] Albert Benhamou, L'autre Sainte-Hélène, 2010, p. 386 Napoléon ; le tout était voilé d’un long crêpe violet parse-
mé d’abeilles d’or. À l’arrière du char s’élevait un trophée
[16] Albert Benhamou, L'autre Sainte-Hélène, 2010, ibid., voir de drapeaux, de palmes, de lauriers, où se lisaient les noms
traduction de ce procès-verbal aux pp. 342-343 des principales victoires de Napoléon.

[17] Le cercueil en bois d’ébène avait été confectionné à Paris. [25] Ils firent la protestation suivante, publiée par Le National :
Sa forme rappelait celle des sarcophages antiques ; il était « Enfants des générations nouvelles, [les élèves en droit et
long de 2,56 mètres, haut de 70 centimètres et large de en médecine] ne comprennent pas le culte exclusif qu’on
1,05 mètre. Il portait sur son couvercle, pour toute ins- rendrait à la force des armes, en l’absence des institutions
cription, le mot Napoléon en lettres d’or. Chacune de ses civiles qui sont le fondement de la liberté. Ils ne se pros-
faces était décorée de la lettre N en bronze doré. Six forts ternent pas devant l’esprit d’envahissement et de conquête,
anneaux en bronze servaient à le saisir et à le déplacer. Sur mais au moment où notre nationalité semble avilie, les
le cercueil, on pouvait lire « Naploléon_Empereur_mort écoles auraient voulu par leur présence rendre hommage
à Sainte-Hélène le 5 mai 1821 » à l’homme qui fut au-dehors le représentant énergique et
glorieux de cette nationalité. » (cité par : Laumann, pp.
[18] Dans ce fameux solo, le diable invoque, dans le cimetière 132-133)
d’un couvent en ruines, les âmes des nonnes qui, de leur
vivant, ont rompu leur vœu de chasteté : « Nonnes qui re- [26] Duchesse de Dino, château de Rochecotte, 17 décembre
posez / Sous cette froide pierre / Réveillez-vous, / Pour une 1840, dans Chronique, de 1831 à 1862, Plon, 1909, p.
heure quittez, / Votre lit funéraire / Et levez-vous ! etc. ». 434.
12 5 ANNEXES

[27] Victor Hugo, « 15 décembre 1840. Funérailles de l’Em- 4 Voir aussi


pereur. Notes prises sur place », Choses vues – in : Œuvres
complètes, Histoire, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins,
1987, p. 806 5 Annexes
[28] ibid., pp. 808-809
5.1 Sources
[29] Prince de Joinville, Vieux Souvenirs, p. 223
• Arthur Bertrand, Lettres sur l’expédition de Sainte-
[30] Le Moniteur, 16 décembre 1840 Hélène en 1840 (Paris, Paulin, 1841) ;
[31] Victor Hugo, « 15 décembre 1840. Funérailles de l’Em-
• Abbé Félix Coquereau, Souvenirs du voyage à
pereur. Notes prises sur place », Choses vues – in : Œuvres
complètes, Histoire, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins,
Sainte-Hélène (Paris, H. Delloye, 1841) ;
1987, pp. 812 et 813
• Emmanuel de Las Cases, Journal écrit à bord de la
[32] Il ne mourut toutefois que le 20 avril 1842. frégate La Belle Poule(Paris, H. Delloye, 1841) ;

[33] Cette curieuse légende semble immortelle : elle a été mise • Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires
au goût du jour en 1969 par un journaliste, Georges Ré- des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852
tif de la Bretonne (Anglais, rendez-nous Napoléon !, Paris,
Jérôme Martineau éditeur, 1969), puis en 2000 par Bru- • Philippe de Rohan-Chabot, Les Cinq Cercueils de
no Roy-Henry (Napoléon, l’énigme de l’exhumé de 1840, l’Empereur, souvenirs inédits, préface de René de
Paris, L’Archipel, 2000).
Chambrun (Paris, France-Empire, 1985).
[34] Victor Hugo, « 15 décembre 1840. Funérailles de l’Em-
pereur. Notes prises sur place », Choses vues – in : Œuvres
complètes, Histoire, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 5.2 Bibliographie
1987, p. 815
• E.M. Laumann, Le retour des cendres (Paris, Dara-
[35] Hors série « les Invalides » du magazine gon, 1904) ;
« l'estampille/l'objet d'art » no 21 janvier 2006,
page 51 par François Lagrange, chef de la division de
• Jean Bourguignon, Le retour des Cendres (Paris,
la recherche historique et de l'action pédagogique de
l'Armée
Plon, 1941) ;

[36] La carrière de Carélie dont la pierre avait été extraite, au • Georges Rétif de la Bretonne, Anglais, rendez-nous
prix de grandes difficultés, appartenait au tsar Nicolas Ier ; Napoléon ! (Jérôme Martineau, 1969) ;
il en coûta environ 200 000 francs, payés par la France
(L. Léouzon Le Duc, Études sur la Russie, p. 12, cité • Jean Boisson, Le retour des Cendres, préface du gé-
par : Octave Aubry, Sainte-Hélène, Paris, Flammarion, néral de Grancey (Paris, Études et recherches histo-
coll. « L’histoire », 1973, p. 461, note 3). Contrairement riques, 1973) ;
à ce qu’on lit un peu partout, cette roche très dure et qua-
siment inaltérable n’est pas du marbre, encore moins du • Gilbert Martineau, Le retour des cendres (Paris, Tal-
porphyre, mais un grès métamorphisé.
landier, 1990) ;
[37] R. Reymond, Énigmes, curiosités, singularités, 1987 p. 158
• Guy Antonetti, Louis-Philippe (Paris, Librairie Ar-
[38] Les masques mortuaires de Napoléon thème Fayard, 2002 – (ISBN)2-213-59222-5) ;

[39] Franck Ferrand, « Napoléon : l’énigme du tombeau », • Georges Poisson, L'aventure du retour des Cendres
émission L'ombre d'un doute, 18 janvier 2012. (Paris, Tallandier, 2004) ;

[40] Bruno Roy-Henry, « Napoléon repose-t-il aux Inva- • Franck Ferrand, L'histoire interdite (Paris, Tallan-
lides ? », Historia, no 638, février 2000 dier, 2008) ;
[41] Thierry Lentz, Jacques Macé, La mort de Napoléon :
• Patrick Tudoret, La Gloire et la cendre, L'ultime vic-
Mythes, légendes et mystères, éd. Librairie Académique
toire de l'Empereur (Paris, La Table Ronde, 2008) ;
Perrin, 2009, 226 p. (ISBN 2262030138)

[42] Le corps de Napoléon est bien aux Invalides ! • Albert Benhamou, L'autre Sainte-Hélène (2010)
voir chapitre Rutledge pour l'inhumation et cha-
[43] Muriel Frat, « Le mystère du tombeau de Napoléon », sur pitre Guillard pour l'expédition des cendres et
lefigaro.fr, 18 janvier 2012 l'exhumation.
5.3 Liens externes 13

5.3 Liens externes


• De Sainte-Hélène à Paris, les deux funérailles de Na-
poléon Une chronologie succincte, par Albert Ben-
hamou
• Marche funèbre pour le retour des cendres de
l'Empereur. Musique, images d'époque, et morceau
de film.

• Un témoin anglais de l'exhumation

• Portail de l’histoire

• Portail du Premier Empire

• Portail de la mort
14 6 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

6 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image


6.1 Texte
• Retour des cendres Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Retour_des_cendres?oldid=133963932 Contributeurs : Ollamh, HaguardDu-
Nord, Justelipse, Badzil, Stéphane33, Ludo29, David Berardan, Gzen92, Necrid Master, Kacs, Litlok, Toutoune25, Erdrokan, Jhrc, PoM,
Kirtap, Damned, Pautard, Brozouf, Martin', Liquid-aim-bot, NicoV, Furmeyer, Bouchecl, Kai Fr, Fm790, Thesupermat, Alexdan1, Cam-
bran bruno, Salebot, Arsene lapin, Gonzolito, William Jexpire, Alecs.bot, Vlaam, Heurtelions, Michel421, SniperMaské, Karldupart, Defra-
noux, Basilou, Mro, HerculeBot, ZetudBot, AttoRenato, Gaelleblonde72, François-Karim, Fabienamnet, GrouchoBot, LucienBOT, Dron-
gou, Cj73, Ugo Valfer, Lomita, Wikiain, Octopuss, Gualbert, Alonso de Mendoza, Albergrin007, Albertuk, Salsero35, Fred6v, Ltrlg,
ZéroBot, Talmand, Eodial, Bertol, LouisAlain, NonOmnisMoriar, Theonlycab, FDo64, Ramzan, Broenberr, DiliBot, Petrus Romanus,
Addbot, AméliorationsModestes, Simon26902000, Vinícius94, Panieri, Newnewlaw, Gzen92Bot et Anonyme : 27

6.2 Images
• Fichier:Aigle_Empire.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/77/Aigle_Empire.svg Licence : Public domain
Contributeurs : Vectorialisation of Aigle_Empire.png Artiste d’origine : Frédéric Michel
• Fichier:Belle-poule-napoleon-morel-fatio.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/53/
Belle-poule-napoleon-morel-fatio.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Le retour des cendres de Napoléon, histoire-image.org
Artiste d’origine : Léon Morel-Fatio
• Fichier:Napoleon’{}s_casket_opened_in_1840.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e8/Napoleon%27s_
casket_opened_in_1840.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.napoleon-series.org/ins/weider/c_assassination_w.html
Artiste d’origine : Nicolas Eustache Maurin
• Fichier:Napoleon_retour_des_cendres_AV.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Napoleon_retour_
des_cendres_AV.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Defranoux
• Fichier:Napoleon_retour_des_cendres_RV.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/17/Napoleon_retour_
des_cendres_RV.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Defranoux
• Fichier:P_history.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/48/P_history.svg Licence : Public domain Contribu-
teurs : Travail personnel Artiste d’origine : User:Kontos
• Fichier:Paris_-_Dôme_des_Invalides_-_Tombeau_de_Napoléon_-_006.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/a/a7/Paris_-_D%C3%B4me_des_Invalides_-_Tombeau_de_Napol%C3%A9on_-_006.jpg Licence : CC BY-SA 3.0
Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Thesupermat
• Fichier:PrinceDeJoinville.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/75/PrinceDeJoinville.jpg Licence : Public
domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?
• Fichier:Repatriación_de_las_cenizas_de_Napoleón_a_bordo_de_la_Belle_Poule,_por_Eugène_Isabey.jpg Source :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ae/Repatriaci%C3%B3n_de_las_cenizas_de_Napole%C3%B3n_a_bordo_de_
la_Belle_Poule%2C_por_Eug%C3%A8ne_Isabey.jpg Licence : Public domain Contributeurs : rolanddauxois.blogspot. Artiste d’origine :
Eugène Isabey
• Fichier:Retour_des_Cendres_-_1.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Retour_des_Cendres_-_1.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Château de Versailles Artiste d’origine : Unknown (Ecole française du XIXe siècle)
• Fichier:Retour_des_Cendres_-_2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/ba/Retour_des_Cendres_-_2.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Château de Versailles Artiste d’origine : Jacques Guiaud (1811-1876)
• Fichier:Retour_des_Cendres_-_3.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/96/Retour_des_Cendres_-_3.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Château de Versailles Artiste d’origine : Louis-Julien Jacottet (1806- ?) ou Julien, d'après Louis-
Joseph-Narcisse Marchand (1791-1876)
• Fichier:Retour_des_Cendres_-_4.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7a/Retour_des_Cendres_-_4.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Château de Malmaison Artiste d’origine : Henri Félix Emmanuel Philippoteaux
• Fichier:Retour_des_Cendres_-_6.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1a/Retour_des_Cendres_-_6.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Paris, Musée de l'Armée Artiste d’origine : Adolphe Jean-Baptiste Bayot (1810- ?), Eugène Charles
François Guérard (1821-1866)
• Fichier:The_death.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/92/The_death.png Licence : CC BY 2.0 Contribu-
teurs : Travail personnel Artiste d’origine : 1ur1

6.3 Licence du contenu


• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Vous aimerez peut-être aussi