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Cercle Napoléon

semaine du 19 au 25 mars
l'association "le Chant du Départ"

Le 4 et le 5 mars 2023, la ville de Golfe Juan Vallauris a renoué avec la tradition des
commémorations du débarquement de l'Empereur du 1er mars 1815.

Cet évènement n’avait plus été célébré depuis 2018 et pour cette occasion plus de 350
reconstituteurs, dont 300 militaires, sont venus de France, d'Italie, de République
Tchèque, de Hongrie et de Pologne.

Une mention spéciale doit être faite pour les Polonais venus de si loin et notamment
pour leur école militaire qui a constitué un remarquable groupe de reconstitution
historique. Les jaggers, l’artillerie et l’infanterie autrichienne étaient là également, tout
comme les troupes italiennes au service de l’Empereur.

La Grande Armée était largement représentée par les régiments de ligne, la garde


nationale, l’artillerie et bien sûr la garde impériale. Deux cent huit ans après les faits,
l’Empereur a été amené jusqu’au rivage par une yole à huit rameurs.

Devant un vaste public, les reconstituteurs ont ensuite pu présenter la bataille d’Esseling
le samedi puis celle de Wagram le dimanche. Pour permettre au public de suivre les
évolutions des troupes lors de ces deux affrontements, les commentaires étaient faits au
sein même de la bataille par un grenadier du 37e de ligne.
Lors de cet évènement, une large place a été accordée à la vie civile. Le public a ainsi pu
assister à des démonstrations de danse et de jeux du Ier empire. La poste impériale, la
médecine de guerre, la cartographie, la forge et l’escrime étaient aussi présentés dans
un esprit très didactique. Le musée de l’Emperi était là également et plusieurs
conférences ont été données dont celle de l’historien David Chanteranne.

La coordination des troupes et de l'événement a été assurée par l’association « Le chant


du départ » emmenée par son président Walter Rocher. Cette association, dont les
membres résident aux quatre coins de la France, fait revivre le 37e régiment d’infanterie
de ligne, depuis la fin de l’Ancien régime (ci-devant Régiment de Turenne) jusqu’à 1815.
L’association regroupe plus de vingt grenadiers et voltigeurs et se caractérise par un
grand nombre de jeunes reconstituteurs passionnés. Ces jeunes gens découvrent ainsi
l’épopée impériale à travers l’histoire vivante. Présent sur les grands champs de
batailles de l’Europe, ce groupe constitue une équipe soudée qui partage sa passion
avec sérieux mais sans se prendre au sérieux.

contact :  assolechantdudepart@gmail.com

au sommaire 
 

AVEZ-VOUS BIEN LU LE PRÉCÉDENT ENVOI ?

LA VIE DE L'ASSOCIATION 

NOS AMIS

ADHÉSION 2023
ACTIVITÉS FUTURES

NOS ÉPHÉMÉRIDES 

• 19 MARS 1807 :


LEFEBVRE ASSIÈGE DANTZIG
• 20 MARS 1811 :
NAISSANCE DU ROI DE ROME
• 20 ET 21 MARS 1814 :
NAPOLÉON À LA BATAILLE D’ARCIS-SUR-AUBE 
• 20 MARS 1815 :
L’EMPEREUR EST À PARIS !
• 21 MARS 1804 :
PROCLAMATION DU CODE CIVIL
• 22 MARS 1853 :
MORT DU GÉNÉRAL JEAN-THOMAS ARRIGHI DE CASANOVA
• 23 MARS 1805 :
MARIA-LETIZIA BONAPARTE DEVIENT “SON ALTESSE IMPÉRIALE MADAME, MÈRE DE
L’EMPEREUR”

• 24 MARS 1801 :


PAUL 1er EST ÉTRANGLÉ

• 24 MARS 1860 :


LE COMTÉ DE NICE ET LE DUCHÉ DE SAVOIE SONT CÉDÉS À LA FRANCE
• 25 MARS :
ANNIVERSAIRE DE JOACHIM ET DE CAROLINE MURAT
• 25 MARS 1802 :
LA PAIX D’AMIENS
• 25 MARS 1814 :
BATAILLE DE FÈRE-CHAMPENOISE

vous avez raté les éphémérides  de la  semaine dernière ? Cliquez plus bas

retrouvez la semaine du 12 au 18 mars

 
 

  avez-vous bien lu le précédent envoi ?

• La question de la semaine dernière:


 

Napolione Buonaparte et  Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, vicomtesse de


Beauharnais, se sont  civilement mariés à huit heures du soir, le 9 mars 1796, au 3 rue
d’Antin. 

On raconte que, lors de la nuit de noces, le chien carlin de Joséphine, n’appréciant pas
de voir le nouveau marié dans le lit de sa maîtresse, aurait mordu Bonaparte au mollet...

Le nom de ce chien impertinent était Fortuné.


 

Bravo à Catherine Brunel, Michèle Lequesne, Gilbert Bouche, Gérard Tardif, Maurice
Fabre, Geneviève et Bernard Gourrier, Danielle Jérôme, Bernard Genin, Dominique
Morincôme, Anne Manaud, Pierrick Denis, Jean-Louis Béziat, Renée et Jacques Delpech,
Michel Orcel, Yves Auer, Murielle Sipic, Jean-Claude Juin, Jean-Claude Banc, Richard
Delannoy, Charlie Vertonghen, Jean-François Ecobichon, Sébastien Ausserre, Annie et
Guy Bugnot, Marie-Christine Combal, et Marie-Line Vigier.

• La question de cette semaine:


 

Le 1er mars 1815, l’Empereur débarque à Golfe-Juan. Peu de temps après, à Paris, Ney,
qui n’en avait pas été informé, apprend la nouvelle. Il est aussitôt reçu par Louis XVIII
qui lui demande d’"arrêter les progrès de Bonaparte et le mettre à la raison". Ney
promet alors au roi de ramener Napoléon à Paris.

Dans quoi Ney promet-il à Louis XVIII de ramener Napoléon ?

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Vous organisez une manifestation napoléonienne ? Vous voulez nous parler de


votre association de reconstitution ? Ou d'un lieu insolite, ou peu connu en relation
avec l'Empire ? Faites-nous en part, nous le publierons par courriel (1300 envois) et
aussi sur Facebook, où nous avons 10713 abonnés.

Et merci de renvoyer vous-même ce courriel à tous vos amis sensibles à l'épopée


napoléonienne.
 

Pour que Vive l'Empereur !

 
la vie de l'association  

LE CERCLE NAPOLÉON EST AFFILIÉ À


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LE CERCLE NAPOLÉON EST AMI AVEC


BONAPARTE À VALENCE
POUR LE PANACHE
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LES AMIS DU BARON LARREY
MUSEO MEDAGLIERE DELL' EUROPA NAPOLEONICA
MUSEO DI MARENGO

LA SOCIÉTÉ  EUROPÉENNE D'HISTOIRE DE LA MÉDECINE


SOUS LE 1er EMPIRE  
LA SOCIÉTÉ NAPOLÉONIENNE
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  Nos éphémérides  

 
19 MARS 1807 : LEFEBVRE ASSIÈGE DANTZIG

Le 19 mars 1807, pendant la guerre de la Quatrième Coalition, débute le siège de la ville


de Dantzig, important port fortifié de 60 000 habitants, situé à l'embouchure de la Vistule,
qui menace directement l'aile gauche de l'armée française, bien avancée vers l’est.

Dans une lettre du 18 février 1807, Napoléon ordonne au maréchal Lefebvre: "Votre
gloire est liée à la prise de Danzig: vous devez vous y rendre". La ville est protégée par une
garnison prussienne et russe de 20 000 hommes, commandée par le maréchal Friedrich
Adolf von Kalckreuth.
Dantzig, encerclée et sous le feu des canons français, tente de recevoir des renforts par
mer, mais les tentatives russes, britanniques et suédoises échouent. Des sapes minent ses
murailles. Voyant que toute résistance est dorénavant inutile, Kalkreuth demande à
capituler dans l’honneur. Le 24 mai 1807, Napoléon leur permet de se rendre tambour
battant, étendards en tête, avec tous les honneurs de guerre.

Lefebvre recevra de Napoléon, en date du 28 mai 1807, le titre de “duc de Dantzig”. Le


siège aura coûté aux Prussiens et aux Russes 11 000 hommes, contre 400 pour les
Français.
 

• Lisons les mémoires du général de brigade Louis François Lejeune, peintre et graveur,
baron de l’Empire, "De Valmy à Wagram", Librairie de Firmin Didot, Paris, 1895:

Les neiges commençaient à se fondre; le printemps approchait. Le maréchal Lefebvre


assiégeait alors Dantzig; le maréchal Kalkreuth, avec vingt mille Prussiens, défendait la
ville et faisait souvent des sorties. L'Empereur m'envoya près du maréchal Lefebvre pour
presser ce siège, et j'assistai à plusieurs affaires remarquables: la première fut une sortie
de Prussiens par le Hagelsberg, où ils furent vigoureusement repoussés; la seconde fut
celle de Veichsolnumde, où un corps considérable de l'armée russe vint nous attaquer
avec l'espoir de nous faire lever le siège et de s'emparer de notre artillerie. Les troupes du
maréchal Lefebvre continrent les sorties de la place, et celles du maréchal Lannes et du
général Oudinot battirent l'armée russe. 

J'étais monté, pendant la bataille, sur un cheval que le maréchal Lefebvre m'avait fait
prêter, et en rentrant le soir au quartier-général, un boulet, parti du Bischofsherg, brisa
sous mes pieds un rocher, dont les éclats déchirèrent ma monture, qui périt sur la place.
J'y restai longtemps étendu la face contre terre sans pouvoir me relever. La douleur de la
chute et des contusions passa; je n'étais point blessé, et je me traînai vers le quartier-
général, où la joie que nous donnaient les succès de la journée me remit complètement.
Je partis dans la nuit pour porter la bonne nouvelle à l'Empereur. 

Peu de jours après, il me renvoya de nouveau pour presser les opérations de ce siège de
Dantzig, qui présentait de grandes difficultés par la direction habile que le maréchal
Kalkreuth donnait à la défense. Déjà nous avions couronné le chemin couvert et opéré la
descente du fossé, lorsque, le 19 mai, une corvette anglaise de vingt-quatre canons voulut
forcer le blocus et pénétrer en ville par le chenal qui serpente dans la prairie et qui sert de
lit à un des bras de la Vistule.

Le hardi commandant de ce navire espérait écarter, à coups de mitraille, les obstacles


qui pourraient lui être présentés. Déjà, il avait gagné beaucoup de terrain et pénétré
jusqu'à la portée du canon de la ville, parce qu'il n'avait été préparé, contre une attaque
aussi imprévue, que de simples estacades que la corvette avait rompues. 

Plusieurs compagnies de tirailleurs furent lancées à sa poursuite sur les deux rives, à


travers la prairie, et leur fusillade détruisit les matelots, et, avec eux l'action des voiles et
du gouvernail, et la corvette, sans guide, alla échouer sur le bord du chenal, où nos
soldats, en sautant à bord firent cent cinquante prisonniers, et s'emparèrent de la riche
cargaison de fusils, de boulets, de poudre, de vivres et de munitions qu'elle voulait
introduire dans la place. 

Pour faire le siège de Dantzig, on avait réuni nos plus habiles officiers du génie, sous la
direction du général Chasseloup, et les opérations marchaient promptement, quoique ce
ne fût pas encore assez vite au gré de l'Empereur, qui, de loin, ne connaissait point les
difficultés nouvelles que l'ennemi, bien dirigé, nous opposait chaque jour. Mes camarades
du génie voyaient donc arriver avec quelque déplaisir un officier venant du quartier
impérial pour stimuler leur zèle, et ils s'en vengeaient en me faisant parcourir à découvert
les endroits les plus périlleux des sapes et d'une parallèle à l'autre. 

Deux d'entre eux, des plus hardis, Bodzon et Delaage, en furent punis en recevant des
blessures dans un acte de témérité inutile que je feignais de trouver tout naturel. La
descente du fossé était opérée sur le point principal; le mineur était attaché au corps de la
place, et le maréchal Lefebvre n'était pas moins impatient que nous de pénétrer dans la
ville et de terminer des travaux qui duraient depuis plus d'un mois, et qui, chaque jour,
nous coûtaient beaucoup de monde. 

Ce maréchal s'indignait de tous ces retards, et un jour, me prenant le bras et frappant


avec colère de son poing sur le pied de la muraille percée par le mineur, il s'écria, dans son
langage plus alsacien que français: “Fais-y un trou et j'y passerai le premier !” Sur ces
entrefaites, nos batteries faisaient tomber des pans de murailles; la brèche devenait
praticable, l'assaut était préparé et le coup décisif allait être livré le lendemain matin,
lorsque le maréchal Kalkreuth capitula le 24 mai 1807. Je portai cette heureuse nouvelle à
l'Empereur... 
20 MARS 1811 : NAISSANCE DU ROI DE ROME

Ce 19 mars 1811, Marie-Louise ressent les premières douleurs de l’enfantement. Elle


redoute ce terrible moment. N’avait-elle pas écrit à Mme de Colloredo: "vous connaissez
mon peu de courage". Autour d’elle, tout un aréopage de médecins: Dubois, l’accoucheur,
mais aussi Corvisart, Yvan, Boyer et Bourdier. 

Marie-Louise entend leurs propos. L’enfant se présente mal ! Il faut utiliser les forceps.
Elle se croit sacrifiée, elle pleure, elle se désespère. Le travail est long. Napoléon n’en peut
plus de voir son épouse souffrir. Il se retire, mais, à chaque instant, envoie une femme
prendre des nouvelles. 

Il est neuf heures ce 20 mars 1811, l'enfant enfin parait. C’est un garçon ! Il pèse 4 kg et
mesure 50,8 cm. Marie-Louise, épuisée et enfin rassurée, s'endort. Le bébé est le jour
même ondoyé par le cardinal Fesch, assisté du grand-aumônier Rohan.

Cent un coups de canons annoncent aux Parisiens la naissance tant attendue, au Palais
des Tuileries, de Napoléon François Charles Joseph, fils unique de Napoléon et de Marie-
Louise, paré constitutionnellementdu titre de "Prince impérial", qui reçoit en outre celui
de "roi de Rome”.
 

• Lisons Octave Aubry, "le Roi de Rome", éd. A. Fayard et Cie, 1932:

Le 20 mars 1811, à neuf heures et quart de la matinée, le canon tonne sur Paris. À la
batterie de Vincennes répond la batterie des Tuileries. Une grande foule amassée dans le
jardin écoute, compte les coups. Dix-sept, dix-huit… vingt et un, vingt-deux... Alors une
énorme acclamation retentit, fait trembler les fenêtres du vieux palais où Napoléon a
remplacé les rois de France. Un fils vient de lui naître, héritier de ses trônes, continuateur
de sa race et de sa dynastie. 

L'Empereur, soulevant un rideau, voit les soldats du poste brandir leurs armes, les gens
s'embrasser, jeter en l'air leurs chapeaux, puis danser en farandoles comme aux grands
jours de la Révolution. Le front appuyé à la vitre, il ne peut retenir ses larmes. Depuis bien
longtemps, il n'avait pas pleuré. Il rentre chez lui pour s'habiller. "Son visage, dit son valet
de chambre Constant, respirait la joie." Il lui dit:

"Eh bien ! Constant, nous avons un petit garçon…"

Princes et princesses, ministres, ambassadeurs, grands officiers, avertis par les salves,
emplissent les Tuileries. Devant Napoléon, dans le salon de l’Impératrice, la gouvernante
des Enfants de France, Mme de Montesquiou, présente l’enfant à l’archichancelier
Cambacérès, qui fait dresser son acte de naissance. Roi de Rome, c'est le nom somptueux
que l'Empereur a décidé de donner à son fils. Il veut par là rattacher le monde moderne au
monde antique.

Les portes s'ouvrent à deux battants. Un huissier annonce, d'une voix éclatante: "Le Roi
de Rome !" Et Mme de Montesquiou, portant le petit prince, passe, suivie d'une foule en
habits dorés, et va le déposer dans l'admirable berceau dessiné par Prud'hon et que lui a
offert la ville de Paris. Au chevet, la Victoire tend une couronne. Un aiglon, au pied du
berceau, ouvre ses ailes.

L'Empereur a désigné pour le logement de son fils l'ancien appartement du grand


maréchal Duroc, qui prend jour sur le Carrousel. Les hautes pièces ont été repeintes et
remeublées de neuf. Pour qu’il ne se blesse pas quand il heurte un mur, on les a garnis
d'une bande matelassée de trois pieds de haut, revêtue d'étoffe verte. Il va vivre là avec sa
nourrice, la grosse et riante Mme Auchard, et toute une maison luxueuse, calquée sur
l’ancienne maison du Dauphin.

La comtesse de Montesquiou, femme du grand chambellan, la dirige. Elle est droite,


précise, assez sévère. Peut-être n'aime-t-elle point l'Empire ni l'Empereur. Mais quand elle
a accepté un devoir, elle s'y donne entièrement. Napoléon le sait, il peut confier son
héritier à cette royaliste de cœur.

De toute son âme, en effet, elle va s'attacher à lui. Elle veut en faire un chrétien et un
homme. Seule, elle sait le dominer dans ses colères. "Maman Quiou", comme il l'appellera
bientôt, d'un coup d’œil le fait rentrer dans l'obéissance. Elle ne le quitte de nuit ni de
jour. De tous ceux qui l'entourent, c’est elle sans doute qu'il aime le plus.

Sa vraie mère, Marie-Louise, s'occupe peu de lui. Cette grande Autrichienne, qui
ressemble, disait-on, "à une poupée battue", s'intéresse à son enfant, mais de loin. Elle ne
vit pas avec lui. Elle ose à peine le prendre dans ses bras, de crainte de lui faire mal. Ses
heures de loisir, elle les passe en compagnie de sa dame d'honneur, la duchesse de
Montebello, à grignoter des gâteaux et des bonbons, boire du chocolat à la viennoise,
jouer de la harpe et du piano, poser pour ses portraits. Le reste du temps, elle est en
parade officielle ou accompagne l'Empereur. Elle est trop princesse pour se sentir une
maman.

Mais Napoléon, lui, qui n'est pas né prince, est vraiment un père. Dans sa toute première
enfance, pour l'égayer, il porte son fils devant une glace et lui tire la langue, fait des
grimaces, lui chantonne des airs. Il le demande à son déjeuner, et, le tenant sur ses
genoux, lui fait goûter de ses mets, le barbouille de sauce, à la vive joie du petit. Quand il
est plus grand, il le prend souvent des après-midi entières dans son cabinet, joue avec lui
sur le tapis et le laisse bâtir des cabanes et de petites tours avec les morceaux de bois
taillé représentant des corps d'armée et des divisions, au moyen desquels il combine ses
prochaines batailles. Parfois, l'enfant s’endort sur ses genoux...
20 ET 21 MARS 1814 : NAPOLÉON À LA BATAILLE D’ARCIS-SUR-AUBE 
 

La bataille d’Arcis-sur-Aube a lieu pendant la Campagne de France, les 20 et 21 mars


1814, entre une armée française commandée par Napoléon et une armée autrichienne
commandée par Schwarzenberg.
 

• Lisons, de Pierre-François Tissot: "Trophées des Armées Françaises depuis 1792


jusqu’en 1815", édition Le Fuel, Paris, 1819-1820 :
L’empereur arriva vers midi à Arcis. Il fit aussitôt mander le maréchal Ney et le général
Sébastiani qui l’y avaient précédé, pour conférer avec eux sur l’état des affaires, doutant
toujours que l’intention des alliés fût de se concentrer pour livrer bataille.

Ce dernier, dont les deux divisions étaient à cheval sur la route de Troyes, lui fit
connaître que toutes les forces de l’ennemi arrivaient par cette route, et qu’il les avait
vues de ses propres yeux. Mais, refusant de croire ce rapport, Napoléon chargea un
capitaine d’ordonnance de se rendre aux avant-postes, et de revenir au galop l’informer
de ce qu’il aurait vu. Cet officier partit, vit et revint, annonçant n’avoir aperçu qu’un millier
de cosaques répandus dans la campagne.

Quoique certain de la légèreté de cette reconnaissance, le général Sébastiani quitta


l’Empereur sans dire un seul mot, et fut attendre à son poste que l’arrivée du prince de
Schwartzenberg confirmât son rapport, et réfutât celui du capitaine d’ordonnance. A
peine Sébastiani eut-il rejoint ses divisions, qu’il revint, bride abattue, prévenir que
l’ennemi s’avançait sur Arcis, que ses colonnes d’attaque étaient formées, et qu’il fallait
monter à cheval sans perdre une minute.

En effet, c’était le gros de l’armée ennemie. Le généralissime avait enjoint au prince royal
de Wurtemberg de se diriger sur Plancy avec les trois corps soumis à son commandement,
et de fondre sur les colonnes françaises dès qu’il les trouverait, pendant que le comte de
Wrède ferait diversion en attaquant Arcis, et que les gardes et les réserves se réuniraient à
Onjon.

Le comte de Wrède n’était plus qu’à une lieue d’Arcis, lorsqu’apercevant la cavalerie


française, il se trouva sur elle une plus grande supériorité numérique, et la fit rudement
charger par la sienne. L’ennemi culbuta nos soldats, et déjà ces derniers fuyaient en
désordre lorsque, mettant l’épée à la main, et se jetant au-devant d’eux sur les ponts
qu’ils allaient encombrer, Napoléon leur cria d’une voix tonnante: "Voyons qui de vous les
repassera avant moi. N’êtes-vous donc plus les vainqueurs de Champ-Haubert et de
Montmirail ?”.

Ce peu de mots rendit aux Français toute leur énergie. Ils se reformèrent sous les yeux de
leur chef intrépide, et retournèrent au combat avec une nouvelle ardeur. La division Friant
parut sur ces entrefaites pour appuyer leur mouvement.

Tandis que ces évènements se passaient sur la droite, le maréchal Ney luttait avec une
poignée d’hommes contre les efforts réunis des Bavarois et des Autrichiens. Chargé de
défendre le village de Torcy, seul point dont la possession pût ouvrir la route d’Arcis au
comte de Wrède, il repoussa plusieurs attaques avec cette valeur qu’il déploya partout.
Torcy néanmoins lui échappa un instant, mais il le reprit bientôt aux forces sextuples qui
s’en étaient emparées.

En vain l’ennemi dirigea sur ce point, devenu le foyer de l’action, le corps des grenadiers
du général Tschoglikow, la deuxième division de cuirassiers russes, la cavalerie de la garde
prussienne, l’artillerie légère de la garde russe. Ce renfort tout puissant qu’il était, ne
servit qu’à donner un nouveau lustre à la gloire de nos armes.

Torcy nous resta: l’incendie s’y manifesta, et c’est au milieu des flammes que le
maréchal Ney s’en rendit maître. Dans cette lutte d’immortel souvenir, le général français
Janssens et le général bavarois Habermann tombèrent mortellement blessés. Pendant que
l’infanterie défendait Torcy avec un si grand courage, la cavalerie faisait des charges plus
ou moins heureuses dans la plaine qui sépare les routes de Plancy et de Troyes. Aucun des
deux partis n’avait encore obtenu d’avantages sur ce point, lorsqu’on vit s’établir dans
Plancy le général Desnouettes, avec deux mille chevaux et quatre mille cinq cents
fantassins de la jeune garde.

Le jour commençait à tomber; on laissa prendre un léger repos à ces braves, et, vers
neuf heures du soir, on les fit entrer en ligne.
Le général Sébastiani s’en servit pour exécuter une charge sur le plateau. Par lui les
cosaques de Kaisarow furent taillés en pièces, et la gauche de l’ennemi entièrement
culbutée. Cette charge allait devenir funeste aux alliés, lorsque l’effet en fut comprimé par
l’arrivée subite de toute la cavalerie du généralissime. Les deux partis se bornèrent à
camper en présence, laissant entre eux le village de Nosay sans aucun poste.

Cependant le prince de Wurtemberg, que nous avons représenté comme devant


déboucher par Plancy, opérait son mouvement. Il rencontra dans sa route les grenadiers
et les chasseurs à cheval de la garde, qui, laissés la veille aux Grez, s’étaient mis en marche
vers deux heures de l’après-midi pour joindre l’Empereur.

Cette rencontre fit naître un combat où ces hommes, si justement surnommés


invincibles, auraient infailliblement succombé, si le général Curely n’était arrivé
précipitamment avec son artillerie et sa brigade. L’intrépidité qu’il montra, fit lâcher prise
au prince de Wurtemberg, et les Français se réfugièrent dans Méry, où se trouvait un
corps d’infanterie contre lequel l’ennemi n’osa rien entreprendre. Ils y restèrent jusqu’à la
nuit close. Alors seulement ils se remirent en marche pour Arcis.

Cet engagement fut le dernier de la journée. Les deux armées couchèrent sur leur terrain,
et ne s’inquiétèrent aucunement pendant la nuit.

Quand on réfléchit sur la bataille d’Arcis-sur-Aube, on est tenté de la considérer comme


une des plus surprenantes qu’ait livrées l’empereur Napoléon. En effet, son armée la
gagna en combattant dans la proportion d’un contre cinq, et recevant, sur le petit point
qu’elle occupait, les torrents de boulets que lançaient contre elle, cent mille hommes
décidés à la détruire.

Napoléon resta constamment au centre du carnage. Il y eut un cheval de tué sous lui. Et
comme ses généraux murmuraient de le voir s’exposer ainsi: "Ne craignez rien, leur dit-il,
le boulet qui me tuera n’est pas encore fondu." Il était au fort de la mêlée, lorsqu’un
cosaque qui lui portait un coup de lance, fut abattu par le colonel Girardin: "Je vous
remercie", dit froidement l’Empereur à cet officier.

Les deux partis attendaient des renforts. Ils arrivèrent dans la nuit. Dès qu’il fut jour,
l’Empereur se fit amener un cheval, et fut reconnaître les positions de l’ennemi. Il les
trouva d’autant plus formidables, qu’il croyait le généralissime en pleine retraite. Quoiqu’il
ne restât plus à Napoléon que dix-huit mille hommes pour en combattre cent mille,
concentrés sur les hauteurs de Mesnil-la-Comtesse, il n’en fut point étonné, et donna le
signal de l’attaque.

Mais ce mouvement n’avait pour but que de tenir l’ennemi en respect. L’Empereur
rappela ses troupes, qui venaient de culbuter la cavalerie du comte Pahlen, et ordonna la
retraite sur Saint-Dizier. En opérant ainsi, l’Empereur avait pour objet de grossir son
armée des garnisons répandues dans une partie des places fortes du nord de la France,
d’armer en sa faveur les belliqueux habitants de la Lorraine, de l’Alsace, de la Bourgogne
et de la Franche-Comté, pour couper ensuite toute retraite à l’ennemi et fondre sur ses
derrières.

Ce plan était peut-être le plus grand trait de génie du guerrier qui le conçut. Mais il fallait
que, remplissant son espoir, Paris résistât assez longtemps pour lui donner le temps
d’arriver avec une armée plus nombreuse et la masse entière de la population. Pour qui
connaît l’esprit des quatre provinces auxquelles Napoléon confiait en partie le sort de la
France, ce projet n’avait rien d’inexécutable, et il était si persuadé de le voir réussir, qu’il
lui échappa de dire aux officiers qui l’entouraient: "On a parlé de paix; je ne traite point
avec des prisonniers”.

En effet, Paris, résistant huit jours, ainsi que le roi Joseph l’assurait à son frère, plaçait
les alliés entre deux feux, leur coupait toutes communications avec les ressources qu’ils
tenaient sur leurs derrières, et creusait leurs tombeaux au sein même de l’Empire qu’ils
comptaient subjuguer.

Le prince de Schwartzenberg poursuivit l’Empereur jusqu’à Vitry-le-François. Arrivé dans


cette ville, il rebroussa chemin avec le gros de son armée pour marcher sur Paris, ne
laissant à la poursuite de son dangereux adversaire que dix mille chevaux et cinquante
pièces de canon, dont il confia le commandement aux généraux Wintzingerode et
Czernicheff.

Napoléon n’avait aucun renseignement positif sur la force des troupes qui s’attachaient
à ses pas. Plusieurs de ses généraux pensaient que ces troupes n’étaient qu’une forte
avant-garde, et que la grande armée alliée, en grande partie du moins, était revenue sur
ses pas vers Saint-Dizier, se portant sur Joinville, pour tourner l’armée française, et
séparer ses différents corps, en débouchant entre le bourg de Doulevaut et Vassy.

Le maréchal Ney croyait au contraire que les armées ennemies, sans songer à suivre
Napoléon, s’étaient réunies, et marchaient sur la capitale. Ainsi qu’on l’a vu, ce dernier
avis était le seul conforme à la vérité. Mais Napoléon partageait à un tel point celui qui
réunissait la majorité des voix, qu’après avoir écouté avec la plus grande attention les
conjectures du prince de la Moscowa, il ne répondit que ces mots à l’aide de camp qui les
lui exprimait: "Je verrai demain ce que j’aurai à faire", et que, deux heures après, il donna
l’ordre du départ pour Vassy…
20 MARS 1815 : L’EMPEREUR EST À PARIS !

Le 17 mars, l’Empereur dort à Auxerre. le lendemain, 18, il est chez le préfet Gamot
(Charles Gamot, préfet de l'Yonne, est le beau-frère de la maréchale Ney. Les deux
couples sont très proches - Merci à M. Jacques Macé...), il rencontre Ney. L’un et l’autre se
tendent les bras et s’embrassent. Napoléon passe en revue le 14e de ligne. 

Au petit matin du 19, il quitte Auxerre dans la calèche du préfet Gamot et va dormir à
Pont-sur-Yonne, qu’il quitte le 20 à une heure du matin. A Moret, en lisière de la forêt de
Fontainebleau, il reçoit les rapports des grands-gardes sur la sécurisation de la forêt.
Arrivé à dix heures à Fontainebleau, Napoléon en repart à deux heures de l’après-midi.
Près de Juvisy, il passe en revue les 1er, 4e, 6e chasseurs à cheval et le 6e lanciers. À sept
heures du soir, il apprend la fuite des Bourbons. 

Napoléon arrive dans un Paris en liesse le 20 mars 1815, à neuf heures du soir.
 

• Admirons la variation des titres, à la Une du "Moniteur universel", l'organe officiel du


gouvernement français, pour raconter l’épopée de l’Empereur de Golfe-Juan à Paris :

- L’anthropophage est sorti de son repaire.


- L’ogre de Corse vient de débarquer au Golfe-Juan.
- Le tigre est arrivé à Gap.
- Le monstre a couché à Grenoble.
- Le tyran a traversé Lyon.
- L’usurpateur a été vu à soixante lieues de la capitale.
- Bonaparte s'avance à grands pas, mais il n'entrera jamais à Paris.
- L’Empereur est arrivé à Fontainebleau.
- Sa Majesté Impériale a fait son entrée hier au château des Tuileries, au milieu de ses
fidèles sujets…
21 MARS 1804 : PROMULGATION DU CODE CIVIL

C’est probablement l’une des plus remarquables contributions  de Napoléon à


l’humanité. Sous l’Ancien Régime, chaque région française dictait ses propres lois, ce qui
avait pour conséquence de compliquer les relations entre les différentes contrées du
royaume. Au début de la Révolution les députés français prennent la décision de rédiger
un code commun à l’ensemble des citoyens. Ce code ne fut rédigé qu’en un mois,
cependant il ne fut mis en application qu’au lendemain du coup d’Etat du 19 brumaire (10
novembre 1799) où Napoléon clôt la Révolution pour instaurer le Consulat.
Dès que Napoléon prit le pouvoir, il nomma une commission de quatre
magistrats, François Denis Tronchet, Félix Julien Jean Bigot de Préameneu, Jean-Étienne-
Marie Portalis et Jacques de Maleville pour rédiger le projet de « Code civil des Français »,
sous la direction de Cambacérès.

Après 109 séances de discussion, le Conseil d’État promulgue le Code Civil le 21 mars


1804.

22 MARS 1853 : MORT DU GÉNÉRAL JEAN-THOMAS ARRIGHI DE CASANOVA


 

Jean Thomas Arrighi de Casanova, général et homme politique de la Révolution et de


l’Empire, duc de Padoue, pair des Cent-Jours, représentant du peuple à l'Assemblée
législative de 1849 et sénateur du Second Empire, nait à Corte (Corse), le 8 mars 1778, et
meurt à Paris, le 22 mars 1853. 

Ce cousin par alliance de Napoléon est admis en 1787 à l'école militaire de Rebais, près
Meaux, comme élève du roi. En 1793, lors de la suppression des écoles militaires, il part
étudier à l'Université de Pise. Sa parenté avec les Bonaparte aide certainement à son
avancement militaire: il est lieutenant, et rapidement adjoint aux adjudants-généraux, et
secrétaire d'ambassade attaché à Joseph Bonaparte. 

Il est ensuite de l'expédition d’Égypte, aide de camp du général Berthier après la bataille


des Pyramides, capitaine le 11 août 1798 au combat de Salahieh. Pendant la campagne le
Syrie, il est avec Lannes à Saint-Jean-d'Acre, et reçoit, lors du dernier assaut, une
importante blessure. Blessé grièvement, la carotide sectionnée, on le croit perdu, mais
Larrey parvient à le sauver au grand étonnement de tous. Pour le récompenser, Bonaparte
lui octroie un sabre d’honneur.

À Marengo, il est chef d'escadron, puis colonel du 1er régiment de dragons. On le


retrouve lors de la campagne d’Autriche. Au combat de Wertingen le 8 octobre 1805,
formant la tête de colonne de la division de cavalerie du général Klein, il culbute deux
régiments de cuirassiers, fait mettre bas les armes à un bataillon de grenadiers hongrois,
et s'empare de six pièces de canon. Au cours de ce combat, il a deux chevaux tués sous lui,
et reçoit plusieurs blessures. Pour sa bravoure, il reçoit une épée d'honneur, et l'Empereur
le nomme commandant de la Légion d’honneur. Il est ensuite des combats d’Ulm, et
d’Austerlitz.

Après Friedland, Napoléon nomme Arrighi de Casanova général de brigade, puis, le 19


mars 1808, duc de Padoue. On le retrouve à la tête des dragons de la Garde, en 1808, en
Espagne, puis en Autriche, où il prend le commandement de toute la cavalerie de la Garde
impériale. Il se distingue à Essling, le 22 mai 1809, est nommé général de division trois
jours après, et reçoit le commandement de la 3e division de cuirassiers dont le chef, le
général Espagne (1769-1809) vient d'être tué. Puis vient Wagram, où il dégage les
divisions Grouchy et Montbrun, attaquées par une cavalerie bien supérieure en nombre. 

Au moment de la campagne de Russie, en 1812, Napoléon lui confie le commandement


supérieur de toutes les côtes de l'Océan, depuis l'Elbe jusqu'à la Somme, de cinq divisions
militaires et de toutes les troupes qui s'y trouvent, ce qui lui donne le rang de
commandant en chef. À lui de faire terminer tous les ouvrages de fortification et
d'armement sur toutes les côtes.

En 1813, lors de la campagne de Saxe, à Metz, il organise et commande le 3e corps de


cavalerie, chargé de lutter contre les troupes de partisans qui sévissent en pays
germanique. Puis, réussissant à réunir 15 000 soldats d'élite, il les fait transporter sur des
chariots et arrive, avec une artillerie légère, devant Leipzig, dont les défenses sont
devenues très faibles. Les Russes du comte de Woronzow sont tout près d’attaquer ses
troupes.

Arrighi les persuade que l’armistice est signé, que la paix va l’être bientôt. Les Russes,
après une rapide escarmouche, en restent là… Arrighi protège ensuite la retraite de
l’armée française de Leipzig, en combattant contre les troupes autrichiennes, le prince de
Lichtenstein, et le prince royal de Suède, qui n’est autre que Bernadotte…

En 1814, l’effectif de ce 3e corps est très réduit après les derniers combats. Le corps est
dissous et ses membres dispersés dans les autres régiments. Arrighi est à Nogent le 26
février 1814, puis protège Marmont dans sa retraite de Châlons à Paris. 

Après l'abdication de l’Empereur, Arrighi ne sollicite pas de commandement. Aux Cent-


Jours, Napoléon lui octroie la dignité de pair de France et la fonction de gouverneur
militaire de la Corse, avec pour but d'organiser les gardes nationales de l'île. 

À la seconde Restauration, on lui retire titre et commandement. Arrighi se retrouve sur


la liste des proscrits du 24 juillet 1815. il s’exile à l'étranger jusqu'en 1820. À son retour à
Paris, ses idées bonapartistes le font mettre à l'écart de la Chambre haute. En 1838, il est
admis à la retraite, avec le grade de lieutenant-général.

Aux élections du 13 mai 1849, Arrighi est élu de Corse à l'assemblée législative. Peu
après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, il reçoit le grand cordon de la Légion
d’honneur, et fait partie, le 26 janvier 1852, des premiers sénateurs nommés. Il reçoit la
charge de gouverneur des Invalides, et meurt à Paris, le 22 mars 1853.

Il est inhumé aux Invalides, dans la crypte des gouverneurs de la cathédrale Saint-Louis.
Le nom d'Arrighi est inscrit sur la 21e colonne (pilier Sud) de l'Arc de triomphe de l’Étoile.
En 1868, une statue en pied (ateliers de Bartholdi) honore sa mémoire dans sa ville natale.
23 MARS 1805 : MARIA-LETIZIA BONAPARTE DEVIENT “SON ALTESSE IMPÉRIALE
MADAME, MÈRE DE L’EMPEREUR”

Par un décret du 23 mars 1805, Napoléon donne à Letizia, sa mère, le titre  d’“Altesse
impériale Madame, mère de l’Empereur”. Elle a sa place à la droite de l’Empereur lors de
toutes les cérémonies officielles. Napoléon lui octroie 300 000 francs par an, et l'entoure
d’aumôniers, de chapelains, de dames d’honneur, de dames accompagnatrices, de
lectrices, de chambellans, de secrétaire des commandements, tous aux ordres de
Madame Mère.
Napoléon la nomme aussi protectrice des Sœurs de charité et des Sœurs hospitalières,
et lui offre, en juin 1805, le château de Pont-sur-Seine, dans l’Aube. Elle habite à cette
date à l’Hôtel de Brienne, (actuelle résidence du ministre des armées), au 14, rue Saint-
Dominique à Paris.
 

• Lisons “Madame mère”, l’essai historique du baron Larrey, de l’Institut de France :

Son Altesse ne tirait pas vanité de la faveur qui avait constitué sa maison, avec son
personnel et ses prérogatives. Elle aurait été heureuse des alliances princières de ses
enfants, si elle n'en avait été inquiétée, au lieu de s'en féliciter pour l'avenir. Son titre
personnel d'Altesse Impériale n’exaltait pas davantage son imagination, et malgré l'ère
napoléonienne des victoires et conquêtes de la France, malgré l'éclat des fêtes et
l'entraînement des plaisirs de la cour, Madame restait, sans faillir et sans faiblir, ce qu'elle
n'avait cessé d'être, la plus prévoyante des mères de famille.

Cette mère auguste de l'empereur et de plusieurs rois ou reines, princes ou princesses,


aurait pu en être heureuse et fière, bien plus que de la noblesse de son origine et des
alliances de sa famille, si elle n'avait préféré à tous les honneurs personnels, la simplicité
de sa vie, le bonheur de ses enfants, la gloire de son fils et la grandeur de la France
espérée par la paix avec l’Europe.

Ce ne fut pas tout pour elle: l'empereur eut l'heureuse pensée de conférer à Son Altesse
Impériale le titre officiel de Protectrice générale des établissements de bienfaisance et de
charité de l'Empire.

Elle accepta cette haute mission avec confiance, et s'en montra doublement digne, par
l'expérience des misères à soulager et par les moyens d'y parvenir. Ses principes
d'économie, souvent mal jugés, même par les siens, s'appliquaient toujours, à part ses
enfants, aux malheureux qu'elle secourait d’une façon pratique, bien comprise et bien
distribuée.

Elle donna beaucoup aux fondations charitables, dont elle avait la haute direction. Elle en
forma un ministère complet dont sa maison lui fournissait le personnel et distribuait les
moyens. Les hauts fonctionnaires de l'État et ceux du clergé lui faisaient connaître, par des
rapports précis, les misères les plus dignes d'être secourues.

La somme annuelle prélevée sur la liste civile de l'empereur, pour la distribution des
secours dirigée par Madame Mère, était, au début, assez minime. Elle s'accrut, peu à peu,
selon les besoins. L’appréciation des demandes soumises régulièrement à l'examen de Son
Altesse Impériale, était modifiée ou maintenue, suivant sa décision, d'après les titres
reconnus par un conseil supérieur. 

Les secours ordonnancés étaient distribués, sans retard, suivant la répartition prescrite
par celle que le public appelait l'Impératrice Mère, quoique Madame n'en eût pas le titre
officiel. La somme totale des subsides à distribuer, chaque année, augmenta peu à peu,
jusqu'à une centaine de mille francs. Le principal dispensateur fut, dans les premiers
temps, le cardinal Fesch; mais bientôt l’empereur préféra donner à cette tâche, auprès de
sa mère et auprès de lui, un caractère d'autorité plus directe, en assurant plus de valeur à
la charité elle-même. 

C’est pourquoi il confia cette répartition des secours, au grand maréchal du palais, le
général Duroc, en relations constantes avec lui et si digne d'une telle mission, à tous les
titres. Madame en jugea les motifs légitimes, en reconnaissant que son frère ne pouvait
plus être chargé de cette tâche difficile.

L'auteur (anonyme) d'un ouvrage ayant pour titre “L'Empire” rapporte ce qui suit dans
l'une de ses lettres adressées à un personnage de l'époque: "Madame Mère, que ses
grandes qualités rendent si respectable, fait de nombreuses aumônes; elle a demandé à
son fils d'être à la tête de tous les établissements de bienfaisance; elle s'en est formé un
ministère réel, qu'elle dirige activement et par elle-même; M. de Brissac peut donner, à
cet égard, des renseignements irrécusables. 

Il n'y a là ni faste inconvenant, ni parcimonie sordide; mais comme, en France, nous


sommes accoutumés à voir les femmes d’un haut rang jeter l'argent par la fenêtre, la
réserve de Madame Mère étonne; on prétend qu'elle penche vers l'avarice; c'est faux, ne
croyez aucun des contes que l'on débite là-dessus; il n'y a pas un mot de vrai. — Mais si on
vous dit qu'elle emploie à faire du bien son influence sur son fils, qu'elle sollicite pour les
prisonniers, tenez cela pour exact.”
24 MARS 1860 : LE COMTÉ DE NICE ET LE DUCHÉ DE SAVOIE SONT CÉDÉS À LA FRANCE

Le traité de Turin du 24 mars 1860 officialise l'acte par lequel le duché de Savoie et le
comté de Nice sont réunis à la France.

Chambéry, berceau historique de la Maison de Savoie, est délaissée au profit de


Turin dès le XVIIIe Siècle. En 1792, la France révolutionnaire, avec le général Montesquiou,
vient annexer la Savoie, qui devient le département du Mont-Blanc, 84e département
français. A la chute de l’Empire, la Savoie revient au Royaume de Sardaigne.
Napoléon III signe en 1858 à Plombières avec le roi Victor-Emmanuel II un accord secret.
Celui-ci a pour projet l’unification de l’Italie, encore divisée en de nombreux états, certains
soumis aux Autrichiens. L’accord stipule que, en échange de Nice et de la Savoie, la France
aidera militairement les Piémontais dans leur lutte contre l’Autriche.

En 1859, l’Autriche attaque le Piémont. La France entre en guerre. Victoires à


Montebello, sur les mêmes terres où Lannes s’était illustré, à Magenta, à Solférino. Mais la
Prusse masse près de 400 000 soldats près du Rhin, dégarni de troupes françaises;
l’opinion française, marquée par le très grand nombre de morts à Solférino, pousse
Napoléon III à signer l’armistice de Villafranca, qui remet en cause l’annexion de la Savoie.

En Savoie donc, l’opinion publique est très partagée. Réunion à la France pour les
conservateurs, indépendance voire rattachement à la Suisse pour les libéraux.

Le 24 mars 1860, par le traité de Turin, la Savoie et Nice sont cédées à la France. Les 22
et 23 avril 1860, par un plébiscite, les Savoyards se prononcent en faveur de cette
réunification par plus de 140 000 “Oui” contre 235 “Non”. Deux nouveaux départements
sont ajoutés à la France, la Savoie et la Haute-Savoie. 

L’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie y sont triomphalement accueillis lors


de fêtes données en l’honneur de cette réunification.  Henry Bordeaux, né à Thonon-les-
Bains, en Savoie, écrira dans la Revue des Deux Mondes en mars 1960, à l’occasion du
centenaire de l’annexion du duché de Savoie et du comté de Nice : “Le mariage étant ainsi
consommé, restait le voyage de noces. Il fut accompli par l’Empereur et l’Impératrice qui,
le 27 août 1860, arrivèrent à Chambéry avec une suite nombreuse. Le maire, comte
d’Alexandry, leur souhaita la bienvenue à la gare et leur présenta les clés de la ville.” 

A Nice, la population semble plus réticente. Lors des élections législatives de mars 1860,
les deux députés élus par Nice, Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, sont
farouchement opposés à ce qu’ils appellent “l’annexion". Les journaux locaux divisent
l’opinion. 

Le roi Victor-Emmanuel II de Savoie, est obligé, le 1er avril 1860, de demander


solennellement aux Niçois d’accepter, au nom de l'unité italienne, le changement de
souveraineté. Les 15 et 16 avril 1860, un plébiscite donne plus de 25 000 “Oui” contre
seulement 160 ”Non”, mais presque 5000 niçois opposés ont préféré s’abstenir. Le
territoire de Nice est officiellement cédé à la France le 14 juin 1860. 

Le département des Alpes-Maritimes est créé par l'addition du comté de Nice et de


l'arrondissement de Grasse.
24 MARS 1801 : PAUL 1er EST ÉTRANGLÉ

Dans la nuit du 24 mars 1801, Paul est assassiné dans sa chambre du palais Saint-
Michel par un groupe d’ex-officiers menés par le général Bennigsen, un Hanovrien au
service de la Russie.

A l'insu de la garde rapprochée et du valet de chambre, les huit soldats font irruption
dans la chambre impériale après avoir pris un souper très arrosé ensemble. Ils obligent
l’empereur à signer son abdication.
L’empereur résiste, mais il est étranglé. Selon une autre thèse, la tête de Paul Ier aurait
accidentellement heurté le dessus de cheminée. L’un des meurtriers, le général Zoubov,
annonce à Alexandre Ier, qui réside au palais et fait partie de la conspiration, son
accession au trône.

Selon le futur Louis XVIII, "Paul Ier avait été victime d’une conspiration de palais où se


trouvèrent l’or et la main du gouvernement britannique.".

25 MARS : ANNIVERSAIRE DE JOACHIM (1767) ET DE CAROLINE (1782) MURAT


 

Joachim Murat est né à la Bastide-Fortunière, près Cahors (Lot), le 25 mars 1767. Jeune,
il s’enrôle dans un régiment qui passe par Toulouse, le régiment de chasseurs des
Ardennes, puis du 8 février au 4 mars 1792, dans la garde constitutionnelle de Louis XVI
(garde créée en février 1792). Il est rapidement sous-lieutenant dans le 11e de chasseurs à
cheval, puis lieutenant-capitaine et chef d’escadron en 1792. 

En 1795, c’est lui qui s’empare, aux Sablons de quarante canons qui serviront, sous les
ordres de Bonaparte, commandant en second de l’armée de l’Intérieur, à mater la
rébellion royaliste. Lors de la première campagne d’Italie, le voilà aide de camp de
Bonaparte, puis général de brigade. Il s’illustre à la bataille de Roveredo, au combat de
Bassano, au fameux passage du Tagliamento, fait d’armes qui forcera l’Autriche à signer
les préliminaires d’un traité de paix.

En Égypte, il est général de division, il déploie la plus grande valeur à la prise


d’Alexandrie, à la bataille des Pyramides. À Saint-Jean-d’Acre, il monte le premier à
l’assaut. À Aboukir, Bonaparte demande pour lui le grade de général de division. Murat
fait partie des sept officiers supérieurs qui rentrent avec Bonaparte en France. Le 18
brumaire, Murat, à la tête de 60 grenadiers, pénètre dans la salle du Conseil des Cinq-
Cents et en prononce la dissolution…

Maria-Annunziata Bonaparte, plus connue sous le prénom de Caroline, troisième et


dernière fille de Charles Bonaparte et de Maria-Letizia Ramolino, nait le 25 mars 1782 à
Ajaccio. Alors qu’elle y reçoit une éducation dans un couvent de religieuses, les Bonaparte
doivent fuir la Corse; en 1793, on retrouve Caroline et sa famille à Marseille, puis à Paris.

En 1797, Caroline a 15 ans. Le 14 juin, au château de Mombello, au nord de Milan, elle


assiste au mariage de ses sœurs Élisa et Pauline. Un peu plus tard on lui présente Joachim
Murat, un magnifique cavalier, fringant général de brigade, aide de camp dévoué à
Bonaparte, âgé de 30 ans. Elle en tombera amoureuse. 

Napoléon, qui juge son éducation insuffisante, l’envoie à Saint-Germain-en-Laye, au


pensionnat de Madame Campan. Là, elle devient condisciple et amie d’Hortense, la fille de
Joséphine de Beauharnais, et parfait son éducation.

Après la campagne d'Égypte, Napoléon invite ces deux jeunes femmes à une réception.
Caroline y rencontre à nouveau Murat. Cependant, Napoléon veut absolument la marier
au général Jean-Victor Moreau. Il fait même paraitre dans le Moniteur une note indiquant
le prochain mariage d’une de ses sœurs (les autres étant déjà mariées…) avec Moreau,
sans en prévenir ni Caroline ni Moreau. Mais ce dernier refuse, d’ailleurs, il est déjà
fiancé ! Caroline, désespérée, supplie Joséphine d’intercéder pour elle. Elle veut épouser
Murat ! Mais Bonaparte reste inflexible. Les deux "mauvais" mariages, celui d’Élisa avec ce
Bacciochi, et de Pauline avec Leclerc, suffisent… Il espère un plus brillant parti pour
Caroline. 

Murat, lui, n’a pas encore fait de demande officielle. Il interroge Bessières, et Collot, le
conseiller de la famille Bonaparte. Mais, pendant qu’il tergiverse, voilà Lannes qui entre en
jeu. Lui aussi voudrait épouser Caroline. Murat demande à voir Bonaparte, qui serait
plutôt favorable à une union avec Lannes. Il est donc reçu froidement. Le soir, Joséphine
plaide la cause de Murat, lui rappelle la passivité de Lannes aux journées de brumaire,
contrastant avec l’engagement à ses côtés de Murat, alors qu’il y risquait sa carrière.

Bourrienne recueille les confidences de Bonaparte. “Toute réflexion faite, Murat,


convient à ma sœur. Et puis, on ne dira pas que je suis fier, que je cherche les grandes
alliances.” Le premier consul demande, un peu par principe, l’avis de sa mère. Elle aussi
préfère Murat. Napoléon finit enfin par accepter cette union.

Le 18 janvier 1800, au Petit Luxembourg, le contrat de mariage est signé. Les frères de
Caroline lui apportent en dot 40 000 francs en espèces, tandis que Murat apporte au
ménage seulement 12 000 francs. Au tout dernier moment, Bonaparte offre à sa sœur un
très beau collier de diamants qui appartenait… à Joséphine. 

Le 20 janvier, le mariage civil est célébré à Mortefontaine, petite commune de l’Oise,


dans le château de Lucien, alors ministre de l’Intérieur. La cérémonie a lieu dans le temple
décadaire de Plailly, devant Louis Bonaparte et le général Leclerc, témoins de Caroline,
Bernadotte et Calmelet, un homme de loi, témoins de Murat.
De retour à Paris, le jeune couple part filer le parfait amour, rue Saint-Dominique, en
l’hôtel de Brienne…
25 MARS 1802 : LA PAIX D’AMIENS

Joseph Bonaparte, frère de Napoléon Ier et Lord Cornwallis, ministre plénipotentiaire


britannique, signent le 25 mars 1802 la paix d’Amiens, qui met fin à dix ans de guerre
franco-anglaise. La France récupère ses colonies prises par les Britanniques, et en échange
retire ses troupes de Naples et des Etats romains.

Le 18 mai 1803, l’anglais William Pitt le Jeune brise ces treize mois de paix en organisant
la Troisième Coalition qui déclare la guerre à la France…
Talleyrand écrit dans ses Mémoires (Paris : Jean de Bonnot, 1967, vol. 1, p. 286: "On peut
le dire sans la moindre exagération, à l’époque de la paix d’Amiens, la France jouissait au
dehors, d’une puissance, d’une gloire, d’une influence telles, que l’esprit le plus ambitieux
ne pouvait rien désirer au delà pour sa patrie. Et ce qui rendait cette situation plus
merveilleuse encore, c’était la rapidité avec laquelle elle avait été créée." 

En moins de deux ans et demi, c’est-à-dire du 18 brumaire (9 novembre 1799) au 25 mars


1802, date de la paix d’Amiens, la France avait passé de l’avilissement où le directoire
l’avait plongée, au premier rang en Europe.
25 MARS 1814 : BATAILLE DE FÈRE-CHAMPENOISE

Le 25 mars 1814, la bataille de Fère-Champenoise, oppose, pendant la campagne de


France, l’armée française de Napoléon et les armées de la Sixième Coalition. La défaite
de l'armée française ouvre aux troupes alliées la route de Paris.
 

• Lisons « Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français » –


Charles-Théodore Beauvais de Préau – 1821 :

La grande armée alliée campait, le 24 mars, sur la rive droite de la Cosle, et celle de
Silésie sur les bords de la Marne, entre Châlons et Château-Thierry; la première était
établie sur le front, la seconde sur le flanc gauche des ducs de Trévise [Mortier] et de
Raguse [Marmont], placés tous deux près de la gauche de la Somme-Soude, entre Vatry et
Soudé. Le but des maréchaux français était de joindre Napoléon, celui des généraux alliés
d’atteindre Paris.

Le 25, de grand matin, l’avant-garde du duc de Trévise remonta la rive gauche de la


Somme-Soude, et le gros de ses troupes (les trois divisions de jeune garde Christiani,
Curial et Charpentier) s’avança dans la direction de Soudé-Notre-Dame. 

De son côté, la grande armée alliée marcha sur Fère-Champenoise, les gardes et réserves
dans la direction de Montepreux; le corps du général Rayewski et les Wurtembergeois
dans celle de Vitry, précédés de leur cavalerie et suivis des Bavarois et du corps autrichien
de Giulay. Le comte Pahlen formant l’avant-garde de la colonne du centre, envoya aussitôt
ses cosaques sur la Somme-Soude.

A huit heures du matin, et pendant que le général Belliard arrivait à Dommartin-


l’Estrée avec la division Roussel, l’ennemi se montra sur le rideau, de l’autre côté de la
Somme-Soude, et engagea une forte canonnade. Le duc de Raguse rassembla sur-le-
champ ses troupes encore éparses dans leur camp, et les disposa en plaine, sous le canon
de l’ennemi et en vue de sa cavalerie. 

Celle-ci, sous les ordres des généraux comte Pahlen et prince Adam de Wurtemberg,
attaquant simultanément et par les deux flancs la position française, le maréchal se vit
forcé à un mouvement de retraite sur Sommesous; la cavalerie du général Bordesoulle,
qui voulut arrêter l’ennemi, fut vivement repoussée par une des brigades de la cavalerie
russe.

Dans le même temps, la queue de la colonne du duc de Trévise, attaquée près de


l’Estrée, par une nuée de cavalerie légère, perdit un certain nombre de prisonniers.
Toutefois, les deux corps parvinrent à se réunir et à se former en arrière à droite et à
gauche de Sommesous. 

Une canonnade eut lieu et dura deux heures à l’avantage des Français, malgré la position
peu favorable de leur cavalerie. Mais à midi, le général Nostitz et le grand-duc Constantin
s’étant avancés à la tête de deux colonnes de cavalerie autrichienne et russe, il fallut
continuer le mouvement rétrograde, par échiquier, pour gagner Lenhare.

Deux charges tentées par le comte Pahlen furent repoussées; une troisième enfonça les
cuirassiers du général Bordesoulle, malgré les efforts du général Roussel; mais le général
Latour Foissac, à la tête du huitième de chasseurs, exécuta une charge qui rompit un
moment l’impétuosité de la cavalerie ennemie. Après sept heures d’engagement, les
maréchaux espéraient gagner les hauteurs de Fère-Champenoise, quand une forte
giboulée, qui fouettait le front de la ligne française et favorisait la cavalerie de la garde
russe, accrut prodigieusement les embarras du mouvement rétrograde.

Les cuirassiers, à peine reformés, furent culbutés de nouveau et rejetés sur l’infanterie
de la jeune garde, qui n’eut que le temps de se former en carrés; deux de la brigade Jamin
furent pris ainsi que le général; ceux de la brigade Lecapitaine perdirent leur artillerie,
mais ne furent point entamés. L’orage grossissait, il grêlait avec force, on ne se distinguait
plus à trois pas, et dans ce désordre extrême et inévitable, vingt-quatre pièces d’artillerie,
plus de soixante caissons de munitions et un bataillon du train des équipages furent
abandonnés.

Enfin, le temps s’éclaircit, les divisions Ricard et Christiani firent bonne contenance et
donnèrent le temps à la cavalerie de passer le ravin de Connantray. Le prince de
Schwartzenberg se contenta alors de faire poursuivre les corps des maréchaux par
l’artillerie légère, la cavalerie de Pahlen, et celle du prince Adam de Wurtemberg, qui,
laissant Connantray sur leur gauche, s’étendirent dans la plaine de Fère-Champenoise.

L’armée française était à peine ralliée derrière Connantray lorsque quelques coureurs
ennemis furent aperçus débouchant du ravin; une terreur panique saisit les troupes, elles
s’enfuirent pêle-mêle vers Fère-Champenoise. Cette déroute aurait eu peut-être les
résultats les plus décisifs pour les alliés, si un régiment de marche de grosse cavalerie,
commandé par le colonel Leclerc, et arrivé la veille à Sezanne, ne fût accouru au secours
des maréchaux.

Débouchant de Fère-Champenoise au moment même où le désordre était à son comble,


le brave Leclerc ne se laisse point rompre par les fuyards, et continuant à se porter en
avant, il impose aux escadrons ennemis par sa contenance ferme, et donne aux
maréchaux le temps de rallier leurs troupes sur les hauteurs de Lintehs.

Pendant qu’ils s’occupaient de ce soin, on vit s’avancer sur la gauche une colonne
soutenant un combat très vif. Le bruit se répand dans les rangs encore confus, que
Napoléon arrive: les cris de “vive l’Empereur” retentissent de toutes parts, les cuirassiers
du général Bordesoulle se portent les premiers en avant; mais ils sont forcés de se replier
après avoir perdu plusieurs pièces.

Le prince Schwartzenberg, l’empereur de Russie et le roi de Prusse, arrivés à Fère-


Champenoise, surpris de l’imposante attitude que reprend l’armée française, rappellent la
majeure partie des troupes alliées lancées à sa poursuite, pour s’opposer à cette même
colonne dont nous venons de parler, et qu’ils voient déboucher tout à coup devant eux;
profitant de cette circonstance, les maréchaux précipitent leur retraite sur Allement. Cette
colonne, dont l’apparition inopinée étonnait et inquiétait tant l’ennemi, était composée
des divisions Pacthod et Amey, présentant un effectif d’environ cinq mille baïonnettes.

Pressée de se réunir aux ducs de Trévise et de Raguse, elle avait quitté Bergères dans la
nuit du 24 au 25, et s’était mise en marche sur Vatry. Le général Pacthod, qui commandait
comme le plus ancien, se voyant attaqué à Villeseneux par la cavalerie du général Korf, qui
suivait la route de Châlons à Etoges, forma aussitôt ses troupes, le convoi massé en
arrière. Mais, au lieu de se retirer sur Fère-Champenoise, il s’attacha à repousser de pied
ferme, pendant une heure et demie, les attaques des escadrons ennemis. Ceux-ci ayant
été successivement renforcés, les deux divisions françaises durent gagner Fère-
Champenoise à travers champs, et, par suite, abandonner le convoi qui gênait trop la
marche, après en avoir pris, toutefois, les chevaux pour doubler les attelages de l’artillerie.

Le général Pacthod, opérant son mouvement en échiquier, espérait atteindre, dans cet
ordre, Fère-Champenoise, lorsqu’une brigade de deux régiments de chasseurs à cheval
russes vint s’établir sur ses derrières, et le placer dans l’alternative de se faire jour ou de
se rendre.
Le général Raymond Delort propose de charger ces nouveaux ennemis, tandis que le reste
des troupes contiendra le général Korf. 

Sa brigade, forte de douze cents hommes et composée d’un bataillon du cinquante-


quatrième régiment et de quatre bataillons de gardes nationales de la Sarthe, de Loir-et-
Cher et d’Indre-et-Loire, attaque les deux régiments ennemis et les force à rétrograder;
mais la cavalerie du corps de Sacken, sous les ordres du général Wasilitschikow, accourt
au bruit du canon, et force à son tour le général Delort à se replier.

Tel était l’état des choses, quand vers quatre heures, la cavalerie et l’artillerie de la
garde russe entrèrent en action. Le général Pacthod, assailli de toutes parts, harangue ses
gardes nationales et leur fait jurer de vendre chèrement leur vie. L’ardeur de ces braves
redouble, la cavalerie s’épuise en vaines charges contre eux; mais bientôt les batteries
criblent de mitraille les carrés français.

Plusieurs d’entre eux, parmi lesquels celui où se trouvait le général Pacthod, sont
enfoncés et forcés de mettre bas les armes. Celui du général Thevenet bravait toutes les
attaques et touchait déjà aux marais de Saint-Gond, où il aurait trouvé un refuge assuré;
mais il est accablé sous le feu de quarante-huit pièces de canon, toute la cavalerie de la
grande armée [alliée] s’élance sur lui et en fait une horrible boucherie. Le général
Thévenet fut blessé et pris, et aucun homme n’échappa, car aucun ne voulut accepter de
quartier; et, quoique enfoncés, ils combattirent à la baïonnette jusqu’au dernier soupir.

Telle fut l’issue de la mémorable journée de Fère-Champenoise. Dans ce double combat


des maréchaux avec la cavalerie de la grande armée alliée, et du général Pacthod avec la
cavalerie de l’armée de Silésie et une partie des réserves russes, les Français perdirent 9
000 hommes, dont 5 000 hors de combat; c’était presque la moitié des hommes présents.
Les généraux de division Pacthod et Amey, les généraux de brigade Jamin, Delort, Bonté
et Thevenet, qui se trouvaient au nombre des prisonniers, furent présentés à l’empereur
Alexandre, qui les accueillit avec la bienveillance qu’un monarque généreux ne peut
refuser à de vaillants guerriers trahis par la fortune. Les alliés avaient eu 4 000 hommes
tués ou blessés. Soixante bouches à feu et plus de trois cent cinquante caissons étaient
entre leurs mains.

Ce succès brillant ouvrait le chemin de la capitale aux alliés. Leurs troupes passèrent la
nuit dans la plaine de Fère-Champenoise, où fut établi le quartier général du prince de
Schwartzenberg et des monarques.

Le 26, les trois corps russes de l’armée de Silésie poussèrent jusqu’à Étoges; le gros des
deux corps prussiens resta à Montmirail, un de leurs partis poursuivit celui du général
Vincent sur Verdelot et Rebais; le général York ayant entendu à midi une forte canonnade,
envoya le général Ziethen en reconnaissance sur Sezanne… 

### Grimace de l’Histoire, ce fut dans cette action contre les deux divisions françaises que
le chef de bataillon Rapatel, ex aide de camp de Moreau, et alors officier d'ordonnance de
l'empereur de Russie, fut tué en sommant un carré où un de ses frères combattait comme
capitaine d'artillerie.

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