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1) Manon Roland, de son nom complet, Jeanne-Marie Manon Philipon, est en 1792, une
figure notable du parti des Girondin. Porter par les mouvements intellectuels nouveaux, elle
ouvre à Paris un salon largement fréquenté et reçois fréquemment des personnalités
politiques illustres, tel que Brissot, Louvet et Pétion. En accord avec les idées des
philosophes des Lumières, elle écrit des articles politiques pour le Courrier de Lyon et
assiste également son mari, qui occupe à l’époque le poste de ministre de l’Intérieur, et fait
lui aussi partie des Girondins.
Son engagement politique lui vaut d’être arrêté le 1er juin 1793, en même temps que les
députés Girondins de la Convention nationale. Ces évènements se déroulent dans un
contexte politique tendu ; quelques mois au-paravent Louis XVI était exécutés à la suite
d’un procès sans précédents, mettant ainsi fin à plus de 1000 ans de monarchie. Les autres
monarchies européennes font pression sur la France et menacent la République. Les
Girondins qui s’opposaient à l’exécution du Roi et prônait des mesures plus modérées, se
retrouvent impuissants face à la situation, aboutissant ainsi à un véritable échec politique
pour le parti. Tandis que, les Montagnards, un groupe jugé plus radical qui réclamait avec
vigueur l’exécution de l’ancien monarque, gagne en pouvoir, et prend le dessus sur les
autres députés de la Convention. En 1793, acculés par les Montagnards et leurs partisans,
plusieurs figures importantes de la Gironde sont exécutés, parmi eux Mme Roland.
2) Une fois emprisonnée, en l’attente de son procès, Mme Roland rédige des mémoires,
dans lesquelles elle livre un témoignage précieux sur la vie politique révolutionnaire de
l’époque et ses tumultes. Dans ses mémoires, datées du 22 août 1793, Mme Roland, détenue
depuis presque 3 mois, fait la critique de plusieurs figures majeures de la Révolution. Elle
cite Georges Danton, homme politique français et ministre de la justice appartenant aux
Montagnards, et le qualifie de « scélérat » rejeté par le comité de Salut public, qu’il a lui
même créer, selon elle, il serait aussi coupable de malversation et responsable du massacre
de nombreux détenus, perpétrer par les sans-culottes en septembre 1793.
Elle fait également mention de l’avocat et homme politique français, Maximilien de
Robespierre, membre influent des Montagnards, qu’elle décrit comme un homme « jaloux »
et mégalomane, obsédé par le pouvoir. Mme Roland fait aussi état de la situation politique
actuelle, et décrit l’alliance entre les Jacobins et les Cordeliers, deux grands clubs ralliés aux
Montagnards, comme sur le point de se briser. Elle relève également les tentions entre
Danton et Jacques Hébert, un journaliste français partisan des Montagnards. Manon évoque
aussi brièvement son mari, Jean-Marie Roland, membre influent de la Gironde.
3) La loi des suspects, votée par la Convention le 17 septembre 1793 pendant de la Terreur,
permet l’arrestation immédiate, sans justification ni preuve solides, de ceux qui « n'ont pas
constamment manifesté leur attachement à la Révolution » ou de ceux qui « n'ayant rien fait
contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle ». Elle s’applique à toutes les personnes
soupçonnées d’activités contre-révolutionnaires. La catégorie des suspects est large et
concerne tous ceux qui n’expriment pas quotidiennement leur enthousiasme pour l’idéologie
Révolutionnaire. Cette loi piétine tout semblant de libertés individuelles et ses aspects
vague et arbitraire, la rendent d’autant plus dangereuse. Mme Roland la décrit comme une
mesure oppressive et odieuse utilisée par les puissants pour réduire au silence toute
opposition à leur régime, et consolider leur pouvoir. Elle fait aussi le portrait d’un système
judiciaire injuste et expéditif, dans lequel les accusés n’ont le droit à aucune défense et ne
peuvent pas plaider leur cause.
4 ) Dans ses mémoires, Manon fait allusion à certaines divisions parmi les Montagnard. En
effet, pendant la Terreur de 1793, les députés de la Convention nationale, et plus
particulièrement, les Montagnards sont divisés sur la manière de gérer la situation de crise.
Certains soutiennent des mesures plus radicales, et d’autres sont préoccupés par la violation
des droits individuels et les massacres perpétrés par le gouvernement en place. De nouvelles
factions se créent et des alliances politiques se désagrègent, comme celle entre les Jacobins
et les Cordeliers. Tout ça, ayant à pour conséquence de provoquer des débats intenses et
toujours plus de tensions, comme le conflit entre Georges Danton et Jacques Hébert qui se
sert de son Journal, Père Duchesne pour attaquer et critiquer publiquement Danton. Mme
Roland traite également Robespierre d’homme avide de pouvoir et envieux de Danton, prêt
à se retourner contre son allié. Elle dépeint cette situation, comme un combat sanglant, dans
lequel les spectateurs, comme elle, devraient s’estimer heureux s’ils passaient inaperçus.