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Manon Roland et les femmes en révolution

> MANUEL PAGES 36-37

Doc 1. La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Olympe de Gouges est une femme de
lettres qui se fait connaître dès 1788 par ses publications politiques ; favorable à la monarchie
constitutionnelle, puis républicaine, elle est comme Manon Roland proche des Girondins ;
convaincue que les femmes doivent pouvoir participer aux débats politiques, elle propose, en vain,
de défendre le roi lors de son procès ; violemment hostile aux Montagnards qu’elle accuse de
dictature, elle est arrêtée après la chute de la Gironde et guillotinée en 1793. Sa Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne est le plus important de ses écrits. Elle y fait de l’émancipation
des femmes un des fondements du processus révolutionnaire. La société n’est pas vraiment libre si
les femmes ne disposent pas aussi de tous les droits.

Doc 2. Le courage des femmes dans la guerre : le siège de Lille. Cette image fait partie des 83
gouaches de Lesueur illustrant les événements de la Révolution, la plupart conservées au musée
Carnavalet. Le siège de Lille rappelle l’importance toujours grande des places fortes (Lille a été
fortifiée par Vauban) et de la guerre de siège en cette fin du XVIIIe siècle. Lors de l’offensive austro-
prussienne de 1792, l’armée autrichienne met le siège devant la ville ; il la soumet pendant une
semaine à un bombardement intensif très destructeur, de boulets et de bombes creuses remplies de
poudre et équipées d’une mèche. Après la victoire de Valmy, le commandement autrichien lève le
siège le 7 octobre. La garnison et la population de Lille ont laissé le souvenir de leur courage et de
leur détermination comme le montre cette gouache illustrant la bravoure et la témérité de tous les
habitants qui semblent se rire des périls et n’hésitent pas à aller au-devant du danger par
patriotisme.

Doc 3 et 4. Lettres de Manon Roland Le 4e volume de correspondance, d’où sont extraits ces deux
textes, rassemble les lettres que Mme Roland a écrites pendant la Révolution. Elles sont révélatrices
de ses évolutions ; ce n’est plus une correspondance érudite imprégnée des Lumières, mais une
correspondance politique : elle y fait l’analyse des événements, commente, prend position et montre
la volonté d’exercer une influence. Si Manon Roland n’est pas une militante des droits des femmes
comme Olympe de Gouges ou Théroigne de Méricourt, ces lettres montrent cependant son intense
activité pendant la Révolution notamment quand Jean-Marie Roland est ministre de l’Intérieur de
mars 1792 à janvier 1793. La lettre à Servan est révélatrice de l’exaspération des tensions, voire des
haines, entre Girondins et Montagnards que provoque le procès de Louis XVI, Roland étant accusé de
malversation et de manœuvre pour sauver le roi. La lettre à Robespierre est écrite de prison, alors
que se déroule entre le 12 et le 15 octobre le procès de Marie-Antoinette. Une note en fin de lettre
indique qu’elle a renoncé à envoyer la lettre. Elle-même est jugée et exécutée le 8 novembre
1793.Toutes les lettres sont accessibles sur wikisources.

Réponses aux questions

1. Identifiez les droits qui devraient être reconnus aux femmes selon Olympe de Gouges.
Elle demande que soient reconnus aux femmes les mêmes droits naturels, « inaliénables et sacrés »
qu’aux hommes. Les femmes doivent jouir des mêmes droits civils (liberté, égalité, égal accès aux
emplois publics et aux distinctions sociales) et politiques (droit de vote et d’éligibilité).
2. Quel rôle Manon Roland dit-elle avoir eu pendant la révolution ? Expliquez la phrase
soulignée du doc. 3. Dans ces lettres Manon Roland suggère le rôle qu’elle joue pendant la
Révolution, celui d’une femme d’influence par son mari et par son salon. Elle se présente en effet
comme conseillère voire inspiratrice de son mari lorsqu’il est ministre : c’est ce que dit la phrase
soulignée : elle est l’auteure des lettres et des discours de Jean-Marie Roland. Dans la seconde lettre
elle rappelle son intérêt pour les événements révolutionnaires (« enthousiaste de la Révolution »),
les projets poli-
tiques (« m’abandonnant à l’énergie des sentiments généreux que [la Révolution] inspire »), et
son goût pour les discussions (« m’entretenant d’elles avec chaleur ») ; elle rappelle aussi que
l’opinion la considère comme « complice » de Roland.
3. Quelles violences Manon Roland doit-elle affronter ? Pourquoi ne les comprend-elle pas ?
Elle doit affronter la haine publique qui se traduit par des pamphlets, des calomnies, l’arrestation
avec les députés girondins, la prison, la condamnation à mort pour raison politique. Elle ne les com-
prend pas car elle n’est pas un « individu agissant », à qui est reconnu un pouvoir et des
responsabilités : elle subit une condamnation politique sans avoir de droit politique.
4. Comment et avec quelles limites les femmes participent-elles à la Révolution ?
Ces documents montrent que les femmes de toutes conditions, mais selon des modalités variées,
« pensent » la Révolution, participent aux événements et aux mobilisations. Ils montrent aussi que
certaines femmes (Olympe de Gouges, mais aussi Théroigne de Méricourt) attendent de se voir re-
connaître les droits civiques et politiques. Si elles subissent toutes les violences révolutionnaires,
elles sont écartées des droits politiques et à partir d’octobre 1793, les clubs de femmes sont
interdits.

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