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Texte n°4 : Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes, le 25 mars 1792, par

Mademoiselle Théroigne, en présentant un drapeau aux citoyennes du Faubourg Saint-


Antoine

Militante active lors de la Révolution, Théroigne de Méricourt a participé à la prise de la


Bastille puis à la marche des femmes à Versailles en octobre 1789. Assidue aux débats à
l’Assemblée, elle réclame en 1792 la création d’une « phalange d’Amazones », sorte de garde
nationale féminine, pour défendre la patrie menacée par les puissances européennes.

[…] Françaises, je vous le répète encore, élevons-nous à la hauteur de nos destinées,


brisons nos fers. Il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où
l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps ;
replaçons-nous au temps où nos mères, les Gauloises et les fières Germaines1, délibéraient dans
les assemblées publiques, combattaient à côté de leurs époux pour repousser les ennemis de la
liberté. Françaises, le même sang coule toujours dans nos veines ; ce que nous avons fait à
Beauvais, à Versailles, les 5 et 6 octobre, et dans plusieurs autres circonstances importantes et
décisives, prouve que nous ne sommes pas étrangères aux sentiments magnanimes2. Reprenons
donc notre énergie ; car si nous voulons conserver notre liberté, il faut que nous nous préparions
à faire les choses les plus sublimes. Dans le moment actuel, à cause de la corruption des mœurs,
elles nous paraitront extraordinaires, peut-être même impossibles ; mais bientôt par l’effet des
progrès de l’esprit public et des lumières, elles ne seront plus pour nous que simples et faciles.

Citoyennes, pourquoi n’entrerions-nous pas en concurrence avec les


hommes ? Prétendent-ils seuls avoir des droits à la gloire ? Non, non…Et nous aussi nous
voulons mériter une couronne civique3, et briguer4 l’honneur de mourir pour une liberté qui
nous est peut-être plus chère qu’à eux, puisque les efforts du despotisme s’appesantissaient
encore plus durement sur nos têtes que sur les leurs.

Oui...généreuses citoyennes, vous toutes qui m’entendez, armons-nous, allons-nous


exercer deux ou trois fois par semaine aux Champs-Élysées, ou au Champ de la Fédération5 ;
ouvrons une liste d’Amazones françaises ; et que toutes celles qui aiment véritablement leur
patrie, viennent s’y inscrire ; nous nous réunirons ensuite pour nous concerter sur les moyens
d’organiser un bataillon à l’instar de celui des élèves de la Patrie, des Vieillards ou du bataillon
sacré de Thèbes. En finissant, qu’il me soit permis d’offrir un étendard tricolore aux Citoyennes
du Faubourg Saint-Antoine.

Extrait (fin du discours),


Orthographe et ponctuation modernisées.

1
Les Francs, issus de tribus germaniques, ont envahi la Gaule au IIIe siècle après JC.
2
Qui manifestent une grandeur et une générosité d’âme.
3
Haute distinction militaire dans l’Antiquité romaine.
4
Rechercher avec ardeur.
5
Deux grandes artères parisiennes, hauts lieux de rassemblements révolutionnaires.
Info pour l’intro : Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt (1762-1817)
Théroigne = nom de son père / de Méricourt = nom ajouté par la presse royaliste
Elle perd sa mère jeune, placée chez sa tante, fugues. Vachère à 14 ans. Servante dans une maison
bourgeoise. Surnommée « la belle Liégeoise ». A 17 ans remarquée par Mme Colbert, anglaise du
monde, qui l’éduque et la pousse vers la musique et le chant. Elle est sa dame de compagnie. Comme
Anne a une jolie voix, elle pense à devenir chanteuse. Un jeune lord devient son amant, Mme Colbert
essaie de s’interposer, Anne s’enfuit. Puis elle devient courtisane, vole la fortune d’un marquis et
dépense son magot avec un chanteur italien à Naples où elle apprend la nouvelle de la convocation
des états généraux en France. Elle veut en être, elle admiratrice des Lumières. Elle est à Paris dès le 11
mai 1789. Elle s’installe à Versailles pour mieux suivre les débats. Elle est aux premières loges pour les
journées d’octobre où la foule parisienne va jusqu’à Versailles pour interpeller l’assemblée nationale
puis ramener la famille royale à Paris. L’étrangeté de sa toilette et son air décidé provoquent l’attrait
des foules. Gilbert Rome fonde avec elle le Club des amis de la loi mais cela ne dure que 2 mois. Tous
les révolutionnaires sont singulièrement machistes, ce sont des bourgeois qui ont une idée très
restrictive des droits de la femme.
Elle décide de rentrer chez elle à Liège mais dans la nuit du 15 février 1791, elle est enlevée et envoyée
au Tyrol dans une forteresse, écrouée sous le nom de Mme de Théobalde, elle est interrogée. On
l’accuse de complot contre la principauté de Liège. Elle ne veut apparaître que comme une porte-
parole de la condition des femmes. Les Autrichiens la transfèrent à Vienne après 9 mois de détention.
Elle rencontre alors l’empereur Léopold.
Le 26 janvier 1792 elle entre au Club des jacobins. A l’assemblée le lendemain on lui propose de
prendre la parole à la tribune en tant que martyre de la constitution. Anne est alors très motivée et
veut créer une troupe. Belles paroles qui agacent ses contemporains. Sa réunion sur le faubourg St
Antoine est considérée comme une réunion de prostituées.
Le 10 août 1792 elle est aux premiers rangs des émeutiers et se distingue par son courage.
Le 15 mai 1793, elle se présente à l’entrée de la Convention, elle se trouve face aux tricoteuses qui lui
infligent une fessée en public. Marat intervient pour faire cesser la farce.
Son frère la sauve de la Terreur en disant qu’elle a basculé dans la folie. Elle devient folle et sera
internée à la Salpêtrière, victime des femmes, pendant 17 ans. Elle est nue, obsédée par le sang, elle
se nettoie en permanence à l’eau glacée.
Problématique : Comment Théroigne de Méricourt exhorte-t-elle les femmes à la lutte armée, à un
féminisme plus belliqueux ?

1er mouvement : appel à la libération et à l’action des femmes révolutionnaires

Théroigne exhorte ses concitoyennes à réagir et Françaises, je vous le répète encore,


à prendre une part active aux événements de élevons-nous à la hauteur de nos destinées,
leur époque brisons nos fers.

Elle implique ses destinataires, les femmes du faubourg Saint-Antoine par une apostrophe en début
de phrase.

Le choix du lieu est important6 : il s’agit d’un quartier semi-rural, où l’on trouve de nombreux artisans
et une population nombreuse (43 000 habitants) composée de provinciaux pour les 2/3.

Elle utilise deux métaphores pour inciter les femmes à s’émanciper :

- « élevons-nous à la hauteur de nos destinées » : elles doivent croire en leurs capacités pour
s’accomplir totalement car elles valent autant que les hommes.
- « brisons nos fers » : elles doivent sortir de l’esclavage imposé par les hommes, image de
ces « fers », chaînes qui attachent les esclaves déjà présente chez Olympe de Gouges mais
dans le sens où les femmes ont aidé les hommes à s’en libérer

Théroigne insiste et accuse les hommes de Il est temps enfin que les femmes sortent de leur
misogynie honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et
l’injustice des hommes les tiennent asservies
depuis si longtemps ;

Pour faire réagir ses concitoyennes, elle ne pèse pas ses mots avec l’hyperbole « honteuse nullité »
qui montre à quel point les hommes rabaissent les femmes qui ont l’impression de n’avoir aucune
utilité dans la société et ressentent alors un sentiment d’infériorité et d’humiliation.

Les causes du rabaissement des femmes sont exprimées par une énumération qui met en avant le
rôle des hommes dans cette société patriarcale : « l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes ».
Les critiques insistent sur le fait que l’anti-féminisme des révolutionnaires n’est pas un choix réfléchi
mais le résultat des mentalités de l’époque, c’est ainsi que la question du droit de vote des femmes
ne sera jamais réellement mise en débat car les femmes n’ont pas à avoir d’opinion politique.
Théroigne de Méricourt est d’autant plus consciente de ces réalités qu’elle a été déçue par les
hommes et a été une demi-mondaine.
Théroigne fait alors appel à l’Histoire Replaçons-nous au temps où nos mères, les
Gauloises et les fières Germaines, délibéraient
dans les assemblées publiques, combattaient à
côté de leurs époux pour repousser les ennemis
de la liberté.

Elle invite ses concitoyennes à un voyage dans le passé par l’impératif, « replaçons-nous… », dans
l’Antiquité pour constater que leurs ancêtres avaient une place en politique dans les prises de
décision et dans la lutte pour des valeurs communes. Elle veut faire reconnaître une égalité politique
possible liée à la fierté des femmes, mais ce sont les adversaires des Romaines qui sont louées, « les
Gauloises et les fières Germaines » pour leur caractère belliqueux.

Théroigne passe par une analogie entre le Françaises, le même sang coule toujours dans nos
passé ancestral et le présent révolutionnaire veines ; ce que nous avons fait à Beauvais, à
Versailles, les 5 et 6 octobre, et dans plusieurs
autres circonstances importantes et décisives,
prouve que nous ne sommes pas étrangères aux
sentiments magnanimes.

Elle considère les femmes comme belliqueuses par nature comme l’exprime la métaphore : « le
même sang coule toujours dans nos veines ».

Elle rappelle les événements du 5 octobre 1789 où environ 6 000 à 7 000 manifestantes marchent
sur Versailles où, arrivées en fin d’après-midi, elles pénètrent dans l’Assemblée nationale et
s’asseyent sur les bancs à côté des députés. Elles leur présentent une pétition demandant du pain
pendant que six représentantes sont envoyées auprès du roi. Il accepte alors les décrets d’août
(DDHC) et le lendemain, escorté par les gardes nationales et les femmes, vient s’installer à Paris, au
milieu du peuple. Ceci fera dire à l’historien Michelet : « Les hommes ont pris la Bastille, les femmes
ont pris le roi ».

Elle fait mention d’autres événements auxquels les femmes ont participé sans entrer dans les détails
comme le soulignent les adjectifs indéfinis « plusieurs autres ».

On peut penser aux « 56 clubs de femmes qui apparaissent en province et à Paris entre 1789 et
1793. En parallèle, les sociétés populaires sont investies par les femmes qui n’hésitent pas à prendre
la parole et à participer aux débats. Leur prise de parole est difficile car les femmes sont souvent
accusées d’hystérie et de « troubler le bon ordre des séances ». Il n’en demeure pas moins que leur
parole se politise et trouve dans ces clubs et sociétés un moyen de se faire entendre. »7 « Parmi les
plus réputés à Paris on peut citer la Société Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité
(1791-1792). Fondé par Etta Palm d'Aedlers, ce club de femmes plaide pour l'éducation des petites
filles pauvres puis réclame le divorce et les droits politiques. »

Théroigne ne veut pas que les femmes se Reprenons donc notre énergie ; car si nous
reposent sur leurs lauriers voulons conserver notre liberté, il faut que nous
nous préparions à faire les choses les
plus sublimes.

Elle poursuit sa harangue avec un nouvel impératif : « reprenons donc notre énergie ». Bien que la
prise de la Bastille date de 1789, le combat des révolutionnaires n’est pas fini.

Elle considère que les femmes ont autant d’intérêt que les hommes dans la lutte pour la liberté et
qu’elles sont capables d’héroïsme : hyperbole « les choses les plus sublimes » dans le sens
d’admirables.

Elle a conscience de la fragilité des acquis des femmes puisqu’elle utilise une proposition
subordonnée circonstancielle de condition à valeur d’éventuel : « si nous voulons conserver notre
liberté… ». En effet, même si la Révolution fait avancer la cause des femmes, on pense par exemple
à la loi autorisant le divorce promulguée en septembre 17928, d’un point de vue civil, il reste de la
marge avant qu’elles soient reconnues comme les égales des hommes.

« la Révolution a reconnu aux femmes une personnalité civile qui leur était jusqu'à là refusée. Elles
ont acquis une stature citoyenne : elles sont devenues des êtres humains à part entière, capables
de jouir de leurs droits. Avec la Déclaration de 1789, les femmes sont libres de leurs opinions, de
leurs choix et bénéficient de l'abolition de l'ordre, de la hiérarchie, de l'esclavage. La Constituante
favorise l'émancipation civile des femmes en décrétant l'égalité des droits aux successions et en
abolissant le privilège de masculinité. La Constitution de 1791 définit de façon identique pour les
hommes et les femmes l'accession à la majorité civile.
Parallèlement, la Révolution délivre les jeunes filles de la tutelle paternelle : celles ci sont
désormais libres de se marier ou non, et d'épouser qui elles veulent. Les grandes lois de septembre
1792 sur l'état civil et le divorce traitent à égalité les deux époux. La femme mariée est délivrée de
la tutelle maritale. La loi dispose par ailleurs que le mariage se dissout par le divorce, soit par
simple incompatibilité d'humeur, soit par consentement mutuel. »

Théroigne croit en une évolution des Dans le moment actuel, à cause de la corruption
mentalités qui va permettre aux femmes ces des mœurs, elles nous paraitront extraordinaires,
actes héroïques peut-être même impossibles ; mais bientôt par
l’effet des progrès de l’esprit public et des
lumières, elles ne seront plus pour nous que
simples et faciles.

Elle identifie la cause de leurs difficultés : « la corruption des mœurs ». Il faut savoir qu’une femme
qui prend la parole en public à l’époque est considérée comme immorale.

Elle sait qu’elle peut compter sur 2 soutiens (rythme binaire des CdN du nom « effet » au singulier) :
« les progrès de l’esprit public » et « les lumières »

Le discours de Théroigne exprime un souhait d’alliance entre le progrès des idées, la défense des
idéaux révolutionnaires et l’émancipation féminine, montrant que celle-ci, finalement, est une
conséquence directe de l’exercice de la raison.
L’antithèse entre « extraordinaires » voire « impossibles » et « simples et faciles » souligne
l’optimisme de Théroigne qui est persuadée que l’évolution de la condition féminine sera rapide.

2ème mouvement : combat pour l’égalité des sexes

Théroigne ne craint pas d’évoquer une rivalité Citoyennes, pourquoi n’entrerions-nous pas en
entre les hommes et les femmes. Cette concurrence avec les hommes ? Prétendent-ils
meneuse lance même un défi à ses auditrices ! seuls avoir des droits à la gloire ? Non, non…

L’apostrophe « Citoyennes » met en avant l’intégration des femmes dans la nation et la lutte
révolutionnaire.

2 questions rhétoriques

Cette rivalité porte sur la gloire et les émotions qui vont avec, aussi bien pour ceux et celles qui en
bénéficient que pour ceux et celles qui en sont les spectateurs et les spectatrices. Pour Théroigne,
les femmes doivent briguer la gloire publique et non la modestie de l’espace privé. « Nous ne
sommes pas étrangères aux sentiments magnanimes », dit-elle. Et à ce titre il s’agit de considérer
non seulement une égalisation des positions et des rôles sociaux, mais aussi une reconnaissance de
la proximité, de l’analogie des sentiments des femmes et des hommes.

La Révolution sera donc l’occasion de mettre Et nous aussi nous voulons mériter une couronne
les femmes en valeur mais surtout de faire civique, et briguer l’honneur de mourir pour une
évoluer la condition féminine liberté qui nous est peut-être plus chère qu’à eux,
puisque les efforts du despotisme
s’appesantissaient encore plus durement sur nos
têtes que sur les leurs.

A nouveau il est fait mention de l’Antiquité avec la métaphore de la « couronne civique », cette
couronne de feuilles de chêne était offerte aux soldats qui avaient sauvé l’un de leur compagnon.
Théroigne présente ainsi les femmes comme des combattantes au même titre que les hommes.

NB : Ces références à l’Antiquité se retrouvent également dans le choix du bonnet phrygien : coiffe
portée par les esclaves affranchis (cf. Sans-Culottes).

Suit une comparaison (« plus chère qu’à eux ») avec les hommes pour insister sur la valeur de la
liberté aux yeux des femmes qui sont victimes de despotes non seulement dans la société avec le
régime de la monarchie absolue mais aussi au sein de la famille avec le « despotisme familial » et le
« despotisme conjugal » dans leurs pétitions car les femmes reprennent le vocabulaire
révolutionnaire afin de faire évoluer leur vie personnelle : « En somme même si les hommes comme
les femmes revendiquent le divorce comme une forme de liberté, ce sont plutôt les femmes qui
associent leurs demandes, et devant les tribunaux et dans les pétitions à la Convention, à la
« critique du despotisme conjugal ». Comme le dit Catherine Bagot, « c’est surtout pour le sexe
qu’on est convenu d’appeler le plus faible et qui cependant s’est montré le plus ardent pour la
Révolution, c’est pour ce sexe jusqu’ici soumis aux volontés arbitraires de l’autre que le divorce
est le plus nécessaire ». »

3ème mouvement : appel aux armes


Théroigne affirme enfin son choix d’un Oui...généreuses citoyennes, vous toutes qui
féminisme belliqueux m’entendez, armons-nous, allons nous exercer
deux ou trois fois par semaine
aux Champs-Élysées, ou au Champ de la
Fédération ; ouvrons une liste d’Amazones
françaises ; et que toutes celles qui aiment
véritablement leur patrie, viennent s’y inscrire ;
nous nous réunirons ensuite pour nous concerter
sur les moyens d’organiser un bataillon à l’instar
de celui des élèves de la Patrie, des Vieillards ou
du bataillon sacré de Thèbes.
Elle continue à exhorter son public avec des apostrophes laudatives : « généreuses citoyennes »

Les impératifs « armons-nous », « allons » et « ouvrons » ainsi que le subjonctif à valeur d’ordre ou
de souhait poussent les femmes à l’action car Théroigne est une femme d’action comme le prouvent
ses surnoms « l’Amazone rouge » et « la furie de la Gironde ». pistolets et sabre à la ceinture.

Pronom personnel « nous » = unité

Côté pragmatique : temps / lieu / nom du bataillon

Symbolique des Amazones : « Soucieuse de "fuir l'humiliation d'être femme", elle s'habille en
amazone, symbole de la féminité guerrière ». Cf. surnom.

« Ainsi, le droit aux armes symbolisant l'appartenance au souverain, certaines femmes avaient voulu
composer des bataillons de gardes nationales armées ce qui leur avait été finalement refusé.
Néanmoins, la volonté d'un engagement armé pour la Révolution continue de se manifester: le 31
juillet 1792 des femmes de la section de l'Hôtel de ville demandaient que les "vraies citoyennes"
soient armées pour la défense de la capitale.

Elle prend modèle sur 3 groupes armés masculins :

- Les « élèves de la Patrie »


- Les « Vieillards »
- Le « bataillon sacré de Thèbes » : groupe d’élite de l’armée de Thèbes formé de 300
hommes, 150 couples.

« Dès le lendemain de la prise de la Bastille, le 15 juillet 1789, la garde nationale, à


l’établissement de laquelle Louis XVI avait été jusqu’alors énergiquement opposé, s’était
spontanément organisée, et bientôt plus de six millions d’hommes avaient été armés pour la
défense de leurs droits. Le zèle le plus patriotique avait présidé dans la France entière à la
formation de cette puissance. Les vieillards et les enfants y avaient pris place. Chaque bataillon
avait une compagnie de vétérans et une compagnie d'élèves. Et Paris, qui, dans la première
organisation, comptait soixante bataillons, avait ainsi soixante compagnies d’enfants. Ceux-ci
assistaient à tous les exercices, à toutes les manœuvres, et c’est là que, de onze à dix-huit ans,
se faisait l’éducation militaire des jeunes citoyens. »

La fin de son discours est marquée par un En finissant, qu’il me soit permis d’offrir un
cadeau symbolique à ses concitoyennes étendard tricolore aux Citoyennes du Faubourg
Saint-Antoine.
Ce cadeau du drapeau est un hommage au patriotisme de ces femmes.

Subjonctif de souhait = solennité du moment

Symbolique du drapeau tricolore :

« Avant d'être drapeau, le tricolore fut cocarde. On raconte que c’est La Fayette qui donna à Louis
XVI, reçu à l'Hôtel de Ville trois jours après la prise de la Bastille, une cocarde tricolore, en déclarant :
« Je vous apporte une cocarde qui fera le tour du monde ». Le blanc représentait la monarchie,
tandis que le bleu et le rouge reprenaient les couleurs de la ville de Paris, signe, selon le maire de la
ville, de « l'alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». La cocarde tricolore devint
alors un symbole de patriotisme et commence à fleurir aux boutonnières. »

Conclusion :

Bilan …

Ouverture sur la postérité de Théroigne :

Poème de Baudelaire :

SISINA

"Imaginez Diane en galant équipage,


Parcourant les forêts ou battant les halliers,
Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,
Superbe et défiant les meilleurs cavaliers !

Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage,


Excitant à l'assaut un peuple sans souliers,
La joue et l'oeil en feu, jouant son personnage,
Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ?

Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière


A l'âme charitable autant que meurtrière;
Son courage, affolé de poudre et de tambours,

Devant les suppliants sait mettre bas les armes,


Et son coeur, ravagé par la flamme, a toujours,
Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes."

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