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Objet d’étude "La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle"

Séquence 2 POSTAMBULE OLYMPE DE GOUGE


Parcours bac « Écrire et combattre pour l'égalité"

Auteur : Olympe de Gouge


Date : 1791
Introduction :
Olympe de Gouges est une femme de lettres du mouvement des Lumières, engagée pour l'égalité des
hommes et des femmes. Son féminisme combattif fait de cette militante (qui sera guillotinée en 1793), une
figure incontournable de la Révolution française.
Elle cherche à faire en sorte que les femmes obtiennent une reconnaissance légale de leurs droits au sein
de la société. Elle réécrit la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dans le sens d'une
égalité entre les sexes. Le postambule se situe après les articles de la Déclaration. Olympe de Gouges y
invite les femmes à la révolte et à la lutte pour l'égalité.

Problématique :
Comment ce Postambule promeut-il l’émancipation des femmes ?
Mouvements du texte :
Nous verrons dans un premier temps le premier mouvement : l’éveil des femmes face à leur condition du
début à la ligne 5, puis Les droits ignorés et le constat de l’inégalité de la ligne 5 à 13, et enfin le 3 ème
mouvement l’exhortation à agir de la ligne 13 jusqu’à la fin
Lecture linéaire 1er mouvement : (ligne 1 à 5) l’éveil des femmes face à leur condition
Ce postambule s’ouvre sur une apostrophe : « Femme, réveille-toi ». L’auteur s’adresse directement aux
femmes.
La révolution est métaphoriquement assimilée au « Toscin de la raison », le Toscin étant le tintement de
la cloche servant à donner l’alerte.
Le temps de la révolution est propice à l’amélioration des la condition des femmes car « le puissant
empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatismes, de superstitions et de mensonges ».
Cette énumération de termes négatifs rappelle les accusations portées par les philosophes des lumières
contre la monarchie.
Olympe de Gouge fait l’éloge de la révolution avec une métaphore hyperbolique « du Flambeau de la
vérité a dissipé les nuages de la sottise et de l’usurpation » ligne 3.
Elle rappelle qua la révolution n’aurait pu se faire sans l’aide des femmes qui ont manifesté et combattu
aux côtés des hommes ligne 4 « l’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux
tiennes… »
Lecture linéaire 2ème mouvement : (ligne 5 à 13) les droits ignorés
Olympe de Gouge appuie sur le fait que les hommes malgré cela se révèlent injustes et ingrats à leur
égard ligne 5 : « devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. »
L’auteur s’exprime avec un ton tragique « O femmes ! femmes… », elle suscite l’action et la réaction des
femmes « Quand cesserez-vous d’être aveugles ? ». Il s’agit d’une question rhétorique, les femmes sont
encore dans l’obscurité.
Olympe de gouge passe ensuite à une question très concrète qui pousse les femmes à réfléchir à leur
condition de vie ligne 6 : « Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? », elle
donne elle-même la réponse : « un mépris plus marqué, un dédain plus signalé ».
PLUS est un comparatif qui met en valeur une gradation ascendante : MEPRIS – DEDAIN.
L’auteur rappelle comment les femmes luttaient contre l’oppression masculine : « dans les siècles de
corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes ». La révolution est assimilée comme une
défaite pour les femmes car les hommes sont des citoyens libres.
La question rhétorique « Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? ligne 8, Olympe de Gouge
met ici l’accent sur les mauvaises conditions de la femme et les invite à réclamer leur « patrimoine » et
l’égalité entre les hommes et les femmes.
« La réclamation des votre patrimoine…qu’auriez vous à redouter pour une si belle entreprise »
Entreprise correspond ici à une démarche.
La périphrase « le bon mot du législateur des noces de Cana.. » le bon mot est ici ironique, L’auteur fait
un parallèle avec le législateur français qui adopterait les mêmes termes et les attitudes que le Christ
« Craignez-vous que nos législateurs Français …ne vous répètent : femmes qu’y a t-il de commun entre
vous et nous ?
Le connecteur de cette morale est la référence à la Bible et au christianisme.
La réponse est implicite : « Tout, auriez-vous à répondre. » ligne 13
Le pronom TOUT minimalise les différences physiques entre les hommes et les femmes.
Lecture linéaire 3ème mouvement : (ligne 13 à la fin) l’appel à la révolte
Olympe de Gouge anticipe l’argument des hommes avec la proposition subordonnée circonstancielle de
condition ligne 13 : « s’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse… »
Elle guide ensuite les femmes avec vigueur en utilisant l’impératif « Opposez courageusement la force de
la raison…réunissez-vous sous les étendards de la philosophie »
« force et étendards » sont une métaphore filée du combat
« Raison et philosophie » sont les principes des Lumières
L’auteur invite les femmes à lutter à travers une suite de verbes d’action : « opposez, réunissez,
déployer… » cela permettra un avenir plus juste.
« Vous verrez bientôt ces orgueilleux… » ligne 17, le futur prédictif utilisé ici évoque l’issue heureuse du
combat victorieux des femmes sans revanche.
« Etat suprême » écrit avec une majuscule souligne une sorte de divinité guidant la révolution et incarne
les valeurs de liberté et d’égalité.
La dernière phrase présente un rythme ternaire et une envolée lyrique. « « , les femmes doivent s’en
libérer et s’en affranchir.
Conclusion :
Nous avons vu comment ce Postambule cherche à mobiliser les femmes dans la lutte pour l’égalité.
Olympe de Gouge s’adresse directement aux femmes, et veut leur transmettre les droits qu’elles
ignorent.
Elle s’appuie sur un registre plus simple et leur donne des arguments nécessaires pour mener leur
combat.
Ce texte marquant ouvre la voie à de nombreux ouvrages marquants portés par des femmes. On peut
penser par exemple au discours de Simone Veil pour la dépénalisation de l’IVG en 1974.
POSTAMBULE

Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes
droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de
superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise
et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux
tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. O
femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous
avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les
siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est
détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme ; la réclamation de
votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature. Qu'auriez-vous à redouter pour
une si belle entreprise ? Le bon mot du législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que
nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de
la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent : « Femmes, qu'y a-t-il de
commun entre vous et nous ? — Tout », auriez-vous à répondre. S'ils s'obstinaient, dans leur
faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes, opposez
courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous
sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous
verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à vos pieds, mais fiers de
partager avec vous les trésors de l'Etre suprême. Quelles que soient les barrières que l'on
vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir.

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