Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
Séquence : Le Malade Imaginaire Séance 7 [LL1] Un spectacle
maître-valet pour plaire et faire réfléchir.
introduit le but développe les arguments d’Argan qui reposent tous sur la maladie qu’il
doit soigner (Cf. abondance du lexique de la médecine : « malade », « médecins »,
« maladie », « sources des remèdes », « consultations » et « ordonnances »). Ce qu’il
convient de remarquer est l’hypertrophie du moi perceptible par l’omniprésence du
pronom personnel de la 1ère personne (je / me / moi) et par le déterminant possessif
« ma maladie », « ma famille ». La véritable maladie dont souffre Argan se nomme
l’égoïsme. (Mise en relief de la névrose obsessionnelle d'Argan : il est malade mais de
quoi ??)
Enchaînement de répliques ironiques de Toinette : « mettez la main à la conscience, est-ce que
vous êtes malade ? »continue son interrogatoire pour raisonner et renverse les hiérarchies
sociales de façon comique avec ce ton moralisateur. Inversion des rôles : un ressort comique
efficace. C’est Toinette qui maîtrise la parole.
- Accélération de la scène : répliques de plus en plus courtes, signe que l’affrontement de-
vient plus vif
➢ « Hé bien, voilà dire une raison 1 ». Au nom du bons sens et de la morale, peut-on accepter
les arguments égoïstes voire égocentriques d’Argan ? Argan est certes bien malade
comme le lui fait remarquer ironiquement Toinette avec la gradation croissante et
hyperbolique : « Vous êtes malade, (…) fort malade (…) et plus malade que vous ne le
pensez. » La reprise de l’adj. « malade » est à chaque fois amplifiée par des adverbes
(« tant » ; « plus » ... « que ») afin de souligner que la pathologie d’Argan est mentale et
non physique. Toinette conserve son sang-froid dans la mesure où son maître est
susceptible quand elle sous-entend directement par la quest°« Est-ce que vous êtes
malade ? » que celui-ci ne l’est pas. La réponse anaphorique qu’il formule « si je suis
malade, impudente ? » met là encore en lumière un défaut du maître : son caractère
irascible et est comique par ce caractère mécanique à s’énerver comme un pantin,
puisqu’il continue à l’invectiver (Cf. reprise des adj. «coquine » et « imprudente »). Le
dialogue doit impérativement se poursuivre afin de dénouer une situation qui paraît
inextricable pour Angélique. Toinette feint donc d’être en parfait accord avec son
maître, ce que suggère sa déclaration « n’ayons point de querelle là-dessus ». La
conjonction de coordination et d’opposit° « mais » met en évidence le fait que Toinette
n’a pas perdu de vue l’objet de leur entretien : faire reculer Argan devant ce mariage
déraisonnable. D’ailleurs le jeu de reprise anaphorique sur « malade » renforce la
complicité entre Toinette et le spectateur car elle suggère que sa maladie touche
à la folie/ l’hypocondrie. L’argumentat° logique classique et raisonnée de la servante
demeure imparable : « et n’étant point malade (proposition participiale de cause), il n’est
pas nécessaire de lui donner un médecin » (conséquence).
➢ Réplique d’Argan à la fois déconcertante et comique : « C’est pour moi que je lui donne
un médecin » (Mise en relief du pronom pers. « moi » dans la tournure emphatique et par
conséquent de de l’égocentrisme du maître) ; poursuite de la réplique par un argument
fallacieux : ce qui est bon pour le père est bon pour la fille ! Molière dénonce cette
hiérarchie masculine et des générations.
II Un dialogue plus tendu quand la raison n’opère pas (De « Ma foi, Monsieur, (...) » à la
fin de l’extrait)
1
Notez la variation des déterminants devant « raison » : « votre » ; « ma » (la mienne et aucune autre » ; « une » (article
indéfini teinté d'ironie = une raison parmi tant d'autres mais qui n'est certainement pas la meilleure!)
2
Séquence : Le Malade Imaginaire Séance 7 [LL1] Un spectacle
maître-valet pour plaire et faire réfléchir.
Conclusion :
3
Séquence : Le Malade Imaginaire Séance 7 [LL1] Un spectacle
maître-valet pour plaire et faire réfléchir.
plus fragiles (Angélique soumise à l’autorité paternelle et qui ne peut épouser celui qu’elle
aime) et un monomaniaque, Argan, prétendument malade, qui n'a cure d'un mariage
d'amour = alliance des comiques de situation + langage + caractère.
➢ Rapports maître / serviteur présentés comiquement puisque c’est bien la servante qui
domine le dialogue et non son maître dont l’autorité est ridiculisée par le dramaturge.
➢ Symboliquement (ou allégoriquement), Raison vs Aveuglement (Cf. les grands malades
des comédies de Molière). C'est un véritable pied de nez à l’autorité car ce n’est pas le
maître qui fait preuve de raison mais le serviteur. On peut donc considérer que la
comédie est également un genre sérieux dans la mesure où elle traite de cette inversion
des valeurs puisqu’elle s’adresse à tous et non pas seulement à l’aristocratie. Elle gagne
ainsi en crédibilité en traitant des thématiques majeures à l'époque (le mariage forcé ;
l’aveuglement des maîtres ; l’émancipation des servantes et des femmes ; l'incompétence
des médecins).