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Plan dialectique : Selon vous, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Gouges peut-elle être considérée comme un texte engagé efficace ?
Avant et pendant la Révolution française, Olympe de Gouges a pris de nombreuses fois la plume
pour diffuser les idées révolutionnaires, sur les planches du théâtre et sur les murs de la ville. En 1791,
alors que le roi s’apprête à ratifier la Constitution, Olympe de Gouges réécrit son texte fondateur, la
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, avec une revendication claire : réintroduire les
femmes comme les égales des hommes dans l’ordre social que la nouvelle Constitution établit. La Dé-
claration des droits de la femme et de la citoyenne qu’elle rédige alors reprend le texte initial tantôt
mot à mot, tantôt en y introduisant des variations d’inégales ampleurs qui donnent au texte des accents
d’hommage autant que de contestation. Selon vous, la Déclaration des droits de la femme et de la ci-
toyenne d’Olympe de Gouges peut-elle être considérée comme un texte engagé efficace? Comment la
réécriture permet de revendiquer une place refusée et de se placer comme égale à l’homme ? Quelles
sont les limites de cet écrit engagé ? En quoi cette œuvre prend-elle une portée universelle et rend
compte de l’art rhétorique dont use avec fougue Olympe de Gouges ? Dans une première partie , nous
verrons les obstacles rencontrés par une pionnière du féminisme. Puis dans une deuxième partie, nous
verrons l’engagement de l’auteur dans son époque avec la rédaction d’un pastiche efficace pour amé-
liorer les conditions de la femme. Dans une troisième partie, nous mettrons en lumière l’importance de
la stratégie argumentative mise en œuvre par Olympe de Gouges qui prend alors une dimension uni-
verselle.
En deuxième lieu, selon les mœurs de l’époque, le discours ne peut pas trouver d’écho immé-
diat. Le combat en faveur des droits des femmes arrive trop tôt et les femmes n’étaient pas prêtes à se
battre pour leurs propres droits. Mme de Staël, femme de lettres engagée et femme de salon a publié
un certain nombre d’ouvrages philosophiques et pièces de théâtre pour défendre la liberté sous tous ses
aspects. Elle s’est battue contre les préjugés de son temps et plaidait pour l’éducation et l’autonomie
des femmes. Habituée à en fréquenter depuis toujours, elle ouvre son propre salon à Paris puis publie
en 1802 son premier roman Delphine avec une préface provocante où elle témoigne avec ironie « Un
homme doit savoir braver l’opinion ; une femme s’y soumettre ». Son manifeste est constitué en fa-
veur d’une émancipation de la condition féminine. Pourtant, elle a aussi pu faire preuve d’une double
position . Elle-même, qui passait pour un esprit éclairé, rejoignait aussi le peloton masculin : « On a
raison d’exclure les femmes des affaires publiques et civiles. Rien n’est plus opposé à leur vocation
naturelle... » Quant à Mme Roland qui était une femme engagée et une grande salonnière, fréquentait
des salons comme ceux de madame Geoffrin où s’épanouissait la philosophie des Lumières. Elle est
l’une des personnalités symboliques de la Révolution. Elle a contribué à l’élaboration de la politique
girondine dont elle était l’égérie et était membre du club des Jacobins. Elle souhaitait mettre son savoir
au service de la République sans pour autant revendiquer un rôle politique pour les femmes. Influen-
cée par les idées de Rousseau, elle estimait que ces dernières n’avaient pas à se mêler de politique.
Elle qui fut la seule femme influente de la Révolution, et qui tenait à le rester, se garda bien de formu-
ler la moindre revendication en faveur de son sexe, préférant rassurer les hommes sans équivoque
*cœurs et de trône que dans vos*
*elle aussi aux côtés de son mari. Elle n’avait à aucun moment soutenu Olympe de Gouges, pour des
motifs dont elle ne faisait pas mystère : « Jamais je n’eus la plus légère tentation de devenir auteur un
jour. Je vis de très bonne heure qu’une femme qui gagnait à ce titre perdait beaucoup plus qu’elle
n’avait acquis. Les hommes ne l’aiment point et son sexe la critique. Si ses ouvrages sont mauvais, on
se moque d’elle et l’on fait bien. S’ils sont bons, on les lui ôte. » Il est curieux qu’une aussi belle luci-
dité́ n’ait entrainé́ aucune indulgence chez Mme Roland envers celles qui se révoltaient contre le sort
qu’elle décrit si bien. Dans ce contexte social, entre l’hostilité́ de principe des hommes et l’absence de
solidarité́ des femmes, qui craignaient de déplaire à ceux dont elles dépendaient, on imagine combien
la « Déclaration des droits de la femme », publiée en 1791, allait paraître déplacée, excessive et scan-
daleuse. Elle était propre à choquer tout le monde : le peuple, les législateurs et les femmes elles-
mêmes, toutes classes confondues. Elle eut d’ailleurs peu d’écho, tant la cause des femmes paraissait
alors absurde et contraire à la nature et à la raison dont se réclamaient sans cesse les révolutionnaires.
Au mieux, on en fit un pastiche de la Déclaration des droits de l’homme ; au pire, une pitrerie. Un
certain nombre de déclarations fantaisistes ou parodiques virent le jour, telles que « Griefs et Plaintes
des Femmes mal-mariées », dont l’auteur était d’ailleurs un homme ; ou « Les Droits des Poissardes
des Halles ».
Ainsi, le mouvement de féminisme n’étant pas d’actualité à l’époque, le combat des différents auteurs
n’a pas eu d’effet immédiat, aucun impact sur la société d’autrefois. Les femmes elles-mêmes ne se
battaient pas contre leur traitement. Les habitudes étaient bien trop encrées dans les mentalités aupara-
vant pour faire réagir le peuple.
Pour finir, la littérature est impuissante à faire changer l’humanité en profondeur. Ainsi, en dé-
cembre, elle publie Remarques patriotiques en prônant une assistance sociale pour les plus démunis ou
la création de maternités pour lutter contre la mortalité infantile et des parturientes. C’est ainsi qu’elle
fut la première à parler d’assistance sociale, d’établissements d’accueil pour les vieillards, de refuges
pour les enfants d’ouvriers, d’ateliers publics pour ceux que l’on n’appelait pas encore les chômeurs,
idée qui sera reprise en 1848 sous le nom d’Ateliers Nationaux. Pour financer ce vaste programme
social, elle lance l’idée d’un impôt sur le luxe. Victor Hugo évoque le sort des plus démunis dans son
discours sur la misère. Thomas FLAHAUT DS LES NUITS D’ÉTÉ met en scène trois personnages.
Fils d’ouvrier, Thomas Flahaut a lui-même travaillé pendant une petite période dans une usine de son
Jura natal. Les trois protagonistes principaux de ce roman sont trois amis d'enfance, deux garçons
Mehdi et Thomas et une fille Louise qui se retrouvent le temps d'un été dans la cité HLM du Doubs de
leur enfance. Alors que Louise prépare sa thèse de sociologique, Thomas se fait embaucher dans
l'usine où travaille Mehdi et ou ont travaillé leurs pères respectifs. Alors que ces paternels ont trimé
toute leur vie pour éviter que leur descendance connaissent le même destin, l'ultra libéralisme am-
biant fait que finalement, la précarité est également l'horizon qui attend la génération postérieure. Ces
trois jeunes gens qui cherchent leur place dans une vie et une société qui semble ne pas vouloir d'eux
sont parfaitement représentatifs d'une partie de la jeunesse actuelle qui tentent de survivre dans un
monde jalonné d'obstacles surtout pour ceux qui n'avaient pas toutes les cartes en main . Flahaut décrit
toutes ces mutations et ces contradictions du monde professionnel actuel avec énormément de jus-
tesse, et en privilégiant toujours la densité romanesque de son récit, sans jamais verser dans le roman à
thèse. Hubertine Auclert a milité durant de longues années sur la place publique et dans la presse pour
les droits politiques des femmes. Lors d’un de ses combats les plus connus, celui du droit de vote des
femmes, elle lance un appel aux Françaises afin de les inciter à se révolter. Cette harangue rappelant la
Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne est relayée par la presse, la conduisant à subir
de nombreuses injures. Dans le journal Les Contemporains , la caricature d’Alfred Le Petit illustre
Hubertine Auclert, humiliée, suivie de plusieurs femmes à cheval s’attaquant à la « Bastille des droits
de l’homme ». En réponse, elle créa son propre journal La Citoyenne qui défendra l’émancipation des
femmes et leurs droits civiques. Ce dernier fera faillite 10 années après. La suffragette se présente
également à plusieurs reprises sur les listes électorales pour demander son inscription mais ne sera
jamais retenue puisque d’après les maires, elle était incapable de gérer ce rôle. Elle entamera enfin une
grève des impôts mais malgré ses combats, elle n’en verra jamais l’aboutissement.
Ainsi, l’auteur a rencontré des obstacles et n’a pas été entendue par la majorité des Français. Ses
nombreuses revendications sociales, politiques, politiques pour l’amélioration de la condition féminine
rendent compte de sa volonté à s’investir dans les débats de son époque. Elle défend alors les valeurs
des Lumières .
Mais, l’engagement de l’auteure passe par son implication dans des débats de socié-
té́ et son discours semble efficace.
Tout d’abord, les auteurs engagés prennent la défense des plus démunis. Dans la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges prend la défense de toutes les minorités de
son époque. Son soutien va d’abord aux femmes, qu’elles soient pauvres ou riches. Elle critique no-
tamment le fait que celles-ci n’ont pas accès aux mêmes droits que les hommes ; elle déplore ainsi leur
impossibilité d’exercer « places et emplois publics » dans l’Article VI, alors même qu’elles ont «part à
toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles » selon l’Article XIII. Olympe de Gouges envisage des
solutions aux inégalités existant entre hommes et femmes dans la société́ française. Elle se montre
ainsi favorable à de réels changements légaux et sociaux. Afin d’atteindre cet objectif, Olympe de
Gouges fait des propositions concrètes de lois et rédige les dix- sept articles de la DDFC . L’article
premier est des plus fondamentaux, dans la mesure où il jette les bases solides de la société égalitaire
selon l’autrice :« La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit ». En 1784, Beaumarchais
a lui aussi défendu ces mêmes principes dans sa pièce Le Mariage de Figaro, dans l’acte III, scène 16,
Marceline défend la condition féminine et se révolte contre la tyrannie des hommes, en accusant dans
un discours argumentatif compact et vif. Elle apprend tout d’abord que Figaro est son fils alors qu’elle
comptait l’épouser, elle avait dû l’abandonner à l’époque à cause de sa condition de femme. Ainsi, le
mariage entre les deux devient impossible, Beaumarchais a eu recours au registre comique au début de
l’extrait pour ensuite mieux dénoncer les mœurs de son temps grâce au personnage de Marceline. Elle
dénonce alors la condition sociale et juridique des femmes et leur manque d’éducation, ainsi que la
responsabilité des hommes et leur hypocrisie avec une stratégie didactique. Elle dénonce leur immo-
ralité « Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! » et les critique à travers une apostrophe « Hommes
plus qu’ingrats » puis, Marceline se fait avocate des femmes en se défendant elle-même et évoque
l’éducation négligée des filles « J’étais née, moi, pour être sage, et je le sus devenue sitôt qu’on m’a
permis d’user de ma raison ». Elle souligne enfin la nécessité absolue de l’éducation des filles. De
plus, elle met en avant le refus qui leur est fait de « monter à la tribune» ,Article X, c-à-d de prendre
part à la vie politique du pays et d’exprimer librement leur opinion, même si elles peuvent être guillo -
tinées, « monter à l’échafaud ». Si Olympe de Gouges défend avant tout les femmes, elle s’engage
aussi en faveur des « hommes de couleur » et souligne le caractère inhumain de leur statut. Elle cri -
tique l’absence de compassion des colons, prêts à mettre en esclavage des hommes qui sont aussi
«[leurs] pères et [leurs] frères». Cette injustice frappante en termes d’accès à l’égalité́ et à la liberté́ est
pour elle révoltante, car elle va à l’encontre de la « main divine », ce qui la rend d’autant plus horrible.
D’autres personnalités s’engagent dans les débats de société tel Aimé Césaire, écrivain s’apparentant
au mouvement de la Négritude. Il est l’un des trois fondateurs du concept de la « négritude », construit
contre l’idéologie coloniale française lors de l’entre-deux guerres à destination de tous les opprimés de
la planète. Il déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ». Il écrit en 1939 Cahier
d’un retour au pays natal, un long poème vu comme l’un des points de départ de la négritude où il
évoque son retour en Martinique et dénonce les conditions inégalitaires des noirs. Il y mêle l’expres-
sion de sa révolte à des métaphores telles que « ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil
mort de la terre » et représente une dénonciation forte du racisme et du colonialisme.
Ainsi, Olympe de Gouges a été suivie dans sa lutte par de nombreux auteurs défendant eux aussi la
cause des femmes ou bien même des personnes noires. L’auteur a donc mené et s’est fait porte-parole
des combats humanistes. Il prend ouvertement des positions et défend des causes sociales et politiques
tout en accusant et dénonçant certains aspects de la société.
Ensuite, les auteurs désignent explicitement ou implicitement les responsables des inégalités
une réécriture d’un texte fondateur. Cette œuvre s’intitule Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne. Par conséquent, déclarer des droits, c’est proclamer une liberté encadrée. Elle est enca-
drée car elle fait l’objet d’une liste de droits, qui est de fait limitative. Elle suppose à la fois une ins-
cription dans la loi et la reconnaissance de libertés. A cet égard, l’œuvre ainsi intitulée fait appel à
deux valeurs éminemment prisées : la liberté, aspiration fondamentale de tout être humain, et l’ordre,
qui rassure à travers la loi. L’œuvre revendique donc dès son titre des valeurs auxquelles les humains
sont très attachés et parfois jusqu’à y sacrifier leur vie comme ODG. Olympe de Gouges écrit en fa-
veur d’un équilibre démocratique, confirmé par l’emploi du mot « citoyenne », désignant l’acteur sou-
verain dans une démocratie. En outre, Olympe de Gouges interpelle les hommes comme les principaux
responsables de ces inégalités : elle fait d’eux des despotes conduits par leur cupidité et leur ambition.
Olympe de Gouges met en avant leur injustice et souligne combien l’inégalité́ qu’ils favorisent n’est
pas naturelle, mais est le fruit de « l’ignorance la plus crasse ». Il s’agit ainsi de mettre en lumière leur
responsabilité́ dans la construction de cette société́ inégalitaire qui, par le biais des institutions et des
lois, dénie aux femmes leurs droits fondamentaux. Les malheurs de la société́ étant dus, selon Olympe
de Gouges à « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme », c’est donc au sexe masculin
qu’elle adresse ce reproche sous la forme d’une énumération dans le Préambule. Avec éloquence,
Olympe de Gouges prend à part la gente masculine et fustige leur domination. Le préambule est une
véritable interpellation des hommes. Grâce à son art oratoire, elle peut convaincre et emporter l’adhé-
sion du peuple. Elle espère ainsi faire prendre conscience toute la société de la responsabilité des
hommes dans le malheur des femmes. Le chevalier de Jaucourt, philosophe des Lumières dénonce
« La traite des Nègres » dans un article de L’Encyclopédie. Il établit une analogie entre les Européens
qui profitent de l’esclavage pour s‘enrichir à des voleurs « Il est vrai que les bourses des voleurs des
grands chemins seraient vides si le vol était absolument supprimé : mais les hommes ont-ils le droit de
s’enrichir par des voies cruelles et criminelles ? » L’esclavage est aboli une première fois en 1794.
La loi autorisant le divorce en France fut adoptée le 20 septembre 1792 par l'Assemblée nationale.
Deux avancées aux lendemains de l’intervention d’auteurs investis dans leur temps .
Enfin, les auteurs expriment une opinion, prennent parti sur des sujets d’actualité. Olympe
de Gouges fait référence à l’actualité de son époque à de nombreuses reprises dans sa Déclaration et
exprime clairement son opinion afin de faire évoluer les mentalités. En particulier, dans la lettre à la
reine, elle rappelle la nécessité pour le peuple de rester uni et solidaire de manière à protéger la patrie
de la menace des monarchies voisines. Elle souhaite que la reine lui apporte son soutien, ce qui per-
mettrait de diffuser ses idées novatrices parmi les Français et de faire approuver la validité de sa Dé-
claration par l’Assemblée Nationale. Dans cette épître dédicatoire, Olympe de Gouges fait preuve
d’une certaine hardiesse,n’établissant pas de distinction entre la reine et une femme de pouvoir ordi-
naire. En effet, elle utilise l’adresse « Madame » plutôt que « Majesté ». L’épistolière semble douée
d’un esprit trop libre pour se soumettre aux conventions. comme toute mère et épouse, Marie-Antoi-
nette a le devoir de ramener au sein de la famille les membres qui s’en sont éloignés et risquent de se
tourner contre elle. En définitive deux buts s’inscrivent dans cette lettre : amener la reine à faire reve-
nir les princes émigrés fomentant une mutinerie contre la France révolutionnaire, et l’inciter à soutenir
la cause des femmes, plus précisément à apporter son soutien à l’entreprise que constitue le lancement
d’une nouvelle Déclaration. De même, en s’adressant à l’Assemblée nationale, elle revient sur les ac-
quis de la Révolution en rappelant les principes solennels de la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen d’août 1789, et la nécessité́ d’entendre ces droits aux citoyennes françaises. En effet, il est
clair que dans tous les esprits, y compris ceux des constituants, la femme allait continuer de ne pas être
égale en droits aux humains de l’autre sexe : il n’est pas envisagé qu’elle vote, qu’elle soit élue et éla-
bore des lois. Il ne semble guère prévu de l’émanciper de la tutelle de son père ou de son mari . Alors,
Olympe de Gouges a cette idée d’imiter la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen justement
pour en montrer les limites. En introduisant la femme et ses droits dans tous les articles, en étendant la
prétention d’égalité en droits à tous les humains, c’est-à-dire en l’élargissant aux femmes, elle met en
évidence ce continent enfoui et oublié par les députés de l’Assemblée nationale. C’est bien ainsi
qu’elle procède : certains de ses articles ne sont que l’extension au féminin de l’article à la même place
dans la Déclaration des droits de l’homme. Et le premier article, à la position symbolique, le plus im-
portant, qui imprime son orientation à tout le reste, se contente de déplacer le mot « homme » pour en
faire le représentant du genre masculin, et de placer les femmes comme leurs égales. Olympe de
Gouges s’inspire ainsi des principes des Lumières et notamment du droit à la liberté, lorsqu’elle insiste
sur le fait que la loi seule peut fixer des limites à la liberté, et elle doit être la même pour tous. Olympe
de Gouges fait aussi référence à un décret de mai 1791 en faveur des «hommes de couleur». Or, son
plaidoyer n’est pas sans rappeler les thèses anti-esclavagistes développées au XVIIIe siècle par Vol-
taire, dans le conte Candide.
Effectivement, il dénonce l’esclavage notamment à travers le personnage du « nègre » de Suri-
nam dans le chapitre 19 . Candide rencontre ici un esclave qui lui raconte l’horreur de ses conditions
de vie. Il fait preuve d’un véritable jugement et dénonce son état « horrible » tout en montrant le point
de vue de l’auteur qui le nomme « pauvre homme ».Cela donne l’impression que c’est Voltaire qui
exprime son ressenti. Ce dernier montre l’horreur de la situation en choisissant de décrire le nègre
avec une seule moitié de son habit et n’ayant plus qu’une seule jambe et un seul bras. Il oblige ainsi le
lecteur à s’imaginer le niveau de gravité. Il faut aussi une image de l’esclavage au 18ème siècle à travers
l’histoire du nègre de Surinam. C’est l’exemple même de l’atteinte aux droits de l’homme et à la li-
berté qui est exposé dans ce chapitre. Voltaire décrit l’inhumanité des Européens et de la traite des
noirs en banalisant la situation du nègre. Il s’engage alors très fortement contre l’esclavage. Ainsi, il
établit une dénonciation de plusieurs faits et décrit la cruauté des blancs qui n’hésitent pas à mutiler les
noirs pour leur propre plaisir « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe »
Voltaire expose donc indirectement son avis à travers un personnage fictif. Il fait appel à la pitié, à la
sensibilité du lecteur pour donner plus de force à sa dénonciation.