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Dissertation Olympe de Gouges

En 1949, Simone de Beauvoir affirme dans son ouvrage féministe Le Deuxième Sexe qu'«
on ne naît pas femme, on le devient ». Cette formule célèbre marque une étape importante dans
l'histoire des combats féministes, en posant pour principe que c'est l'éducation et la culture qui
maintiennent les femmes dans une forme d'infériorité par rapport aux hommes. Deux siècles
auparavant, l'une des premières figures féministes avait déjà œuvré en faveur de l'égalité entre
hommes et femmes: la révolutionnaire Olympe de Gouges, qui rédige en 1791 une parodie engagée
de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Elle y défend de différentes manières les
droits des femmes contre l'oppression exercée par la société patriarcale de. son époque. La
romancière et essayiste Benoîte Groult soulève la question du rapport entre la DDDFEC et
DDHEC : ainsi , elle affirme « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne s’inspirait
bien sûr de La Déclaration des droits de l’homme de 1789, mais elle allait beaucoup plus loin.
Attitude d’un modernisme inouï si l’on songe que deux siècles plus tard, ce problème reste au cœur
de nos préoccupations. » . Cette citation amène donc a demander si lire La Déclaration des droits de
la femme et de la citoyenne a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Il sera étudier les réflexions
féministes d’ODG diffèrent de celles des femmes d’aujourd’hui . Cependant les problèmes
qu’évoque ODG sont toujours d’actualité mais elle reste une figure emblématique et historique du
féminisme.

1) Les réflexions féministes d’ODG diffèrent de celles des femmes d’aujourd’hui


a)Une prise de parole audacieuse
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est tout d'abord une prise de parole
audacieuse dans un contexte sociopolitique troublé et violent : celui de la Révolution française. La
structure même de ce texte porte la trace de cette période de transition qui fait passer de la
monarchie à la république : s'affirmant comme le pendant féminin (et la réécriture ironique) de
la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 rédigée par les « représentants du peuple
français, constitués en assemblée nationale », la Déclaration d'Olympe de Gouges est pourtant
dédiée « À la reine », Marie-Antoinette (qui sera guillotinée en 1793). Si cette dédicace manifeste
un souci de concorde politique de la part d'Olympe de Gouges, elle s'explique également par le fait
que son autrice a conscience de son audace lorsqu'elle réclame, en tant que femme, les mêmes
droits pour les femmes que pour les hommes. Aussi cherche-t-elle à obtenir l'appui de celle qui est
encore la femme la plus puissante de France, la reine : « Il n'appartient qu'à celle que le hasard a
élevée à une place éminente, de donner du poids à l'essor des droits de la femme, et d'en accélérer
les succès », écrit-elle.
b)S'exprimer au nom de toutes les femmes : créer une sororité
Olympe de Gouges a donc conscience qu'en tant que femme, sa voix risque de n'être pas
entendue. C'est pourquoi elle voudrait ne plus être seulement une voix singulière mais devenir la
voix des femmes. Dans le « Préambule » de sa Déclaration, c'est au nom des « mères », des
« filles », des « sœurs », « représentantes de la nation », qu'elle s'exprime : elle entend ainsi
représenter toutes les femmes françaises. De même, dans le « Postambule », elle exhorte les femmes
à reconnaître leurs droits : « Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? » Elle les
appelle à s'unir afin d'obtenir l'égalité : « opposez courageusement la force de la raison aux vaines
prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ».
Cette (ré)union des femmes qu'Olympe de Gouges appelle de ses vœux peut se lire aussi dans
l'emploi récurrent qu'elle fait du singulier « femme » ou « la femme » dans sa Déclaration. À ce
terme de « femme », elle accole celui de « citoyenne », façon de revendiquer l'égalité civile entre
les femmes et les hommes. Ainsi, Olympe de Gouges apparaît comme une pionnière dans la défense
des droits de la femme, elle trouvera dans les siècles qui suivront des continuatrices de son oeuvre.
Elle a, pour sa part, oeuvré pour revendiquer un statut social et politique à la femme.

c)Une Déclaration pour tout le genre humain

Le titre « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » est trompeur. En effet, pour

l’essentiel des dispositions, Olympe de Gouges reprend la Déclaration des droits de l’homme et

étend les droits énoncés aux femmes. C’est ainsi que dans un esprit quelque peu… macroniste (« je

m’adresse à toutes et à tous »), nombre de dispositions sont reprises mot pour mot avec le seul ajout

d’une précision : les droits énoncés concernent également les femmes. Ainsi en est-il de l’article 2,

qui énonce dans la Déclaration des droits de l'homme : « Le but de toute association politique est la

conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ; ces droits sont la liberté, la

propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression. » Cet article est repris mot pour mot dans la

déclaration des droits de la femme, avec la seule mention « des droits naturels et imprescriptibles de

la femme et de l’homme ». Sur dix-sept articles, le procédé concerne en tout onze articles. Ainsi,

pour l’essentiel, la Déclaration des droits de la femme est en réalité une déclaration pour le genre

humain.

Ce procédé joue sur l’ambiguïté sémantique que la langue française entretient sur le terme « homme

» : ce dernier peut désigner le genre humain ou les individus de sexe masculin. Ainsi, la Déclaration

universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948, concerne tous les êtres humains et non un sexe
particulier (on notera que l’article 1er prend soin de préciser que « tous les êtres humains naissent

libres et égaux en dignité et en droits »).

La démarche d’Olympe de Gouges, apparemment redondante, met en lumière la double nature des

concepts juridiques : ils sont à la fois fruit de l’observation du monde et réalités créatrices. Cela

tient au fait que le droit a la double fonction de réguler et de dessiner la trame du monde social au

moyen d’injonctions. Ainsi, la catégorie juridique peut réguler des rapports sociaux qui ont leur

origine dans la nature : la filiation par exemple ; en revanche, elle crée sa propre réalité lorsqu’il

s’agit des faits purement sociaux : c’est le cas du mariage. Parfois, la catégorie dépasse le fait

naturel qu’elle régule pour en devenir elle-même la source : c’est le cas du lien de filiation dans les

pays qui permettent aux couples homosexuels d’avoir des enfants. Dans le cadre de la Déclaration,

la démarche redondante d’Olympe de Gouges, qui distingue les femmes et les hommes là où le

terme d’homme pourrait désigner le genre humain dans son ensemble, met en lumière l’injustice de

la démarche qui consiste à exclure de la catégorie juridique « homme » les individus de sexe

féminin.

2) Mais que les problèmes qu’elle évoque sont toujours d’actualités

a) Les inégalités homme femme sont toujours présentes


Depuis longtemps les inégalités hommes-femmes existent, dans certaines civilisations plus
que d'en d'autres. Souvent l’homme est plus favorisé que la femme, elle n’a que peu de droits et est
"soumise" à l’homme. Comme nous pouvons le constater dans les anciens films ou publicités, la
femme se trouve à la maison, elle s’occupe des enfants et prépare l’arrivée de l’homme qui travaille.
De même qu’en se mariant la femme prenait le nom de son mari et non pas l’inverse. De nos jours,
en France, ces inégalités hommes-femmes existent toujours, bien qu’elles soient moins présentes.
L’histoire a fait que la femme a gagné de plus en plus de droits comme celui de voter en 1944 ou le
mariage sans contrat en 1965. Elles peuvent donc gérer leurs biens propres et exercer une activité
professionnelle sans le consentement de leur mari. La femme n’a pas les mêmes avantages que
l’homme car elle est par exemple, peu représentée dans la politique en France ou dans les postes à
responsabilités. Les inégalités continuent à persister malgré de nombreuses lois votées aux cours
des années. Les droits de la femme ne sont pas un enjeu secondaire. Dans sa Déclaration des droits
de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges enjoint la reine Marie-Antoinette à user de sa
position et de son instruction en faveur de l’égalisation des conditions de l’homme et de la femme.
Elle fait face au despotisme pour déclarer solennellement, elle aussi sous les auspices de l’Être
suprême, les droits de la femme et de la citoyenne. Malgré Olympe de Gouges qui publie, en 1791,
la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : "La femme naît libre et demeure égale
à l’homme en droits" (art. 1), la Révolution française ne modifie pas la condition des femmes et ne
leur ouvre pas le chemin de la citoyenneté. Au contraire, en 1804, le code civil institutionnalise
l’infériorité de la femme qui "doit obéissance à son mari". Sous la IIIe République, les femmes
bénéficient d’avancées civiles comme l’accès à l’instruction et la Première Guerre mondiale
démontre qu’elles sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie. En
1944, l’ordonnance du 21 avril du Gouvernement provisoire de la République française installé à
Alger accorde le droit de vote et l’éligibilité aux femmes. Dans la seconde moitié du XXe siècle,
les revendications des femmes portent sur tous les domaines de la vie sociale, économique et
politique et militent pour une réelle égalité. À l’école, les filles ont de meilleurs résultats scolaires
que les garçons. Pour celles qui rejoignent l’enseignement supérieur, l’orientation s’effectue plutôt
vers des carrières dans le domaine médico-social ou médical et les sciences humaines. Ainsi,
l’emploi des femmes se concentre dans certains secteurs d’activité et certains métiers, notamment
de services et du soin. Plus diplômées que les hommes, les femmes ne représentent toutefois que
43 % des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures en 2020. Cette part a
cependant doublé depuis 1980.
Le taux d’activité des femmes augmente régulièrement depuis le milieu des années 1970, alors que

celui des hommes est plutôt stable depuis le début des années 1990 : en 2020, parmi les 15-64 ans,

68 % des femmes et 75 % des hommes participent au marché du travail. En 2019, le revenu salarial

des femmes reste inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes (28 % en 2000). Un peu moins

d’un tiers de cet écart s’explique par des différences de durée de travail. À l’arrivée des enfants,

pour concilier vie privée et vie professionnelle, les femmes sont toujours plus nombreuses que les

hommes à interrompre leur activité ou à réduire leur temps de travail : en 2020, celles qui travaillent

sont trois fois plus souvent à temps partiel que les hommes (cinq fois plus en 2008). Les femmes

ont également moins souvent accès aux postes les mieux payés et travaillent dans des entreprises et

secteurs d’activité moins rémunérateurs. La vie en couple est la situation la plus répandue.

Néanmoins, avec la hausse des ruptures d’union, le nombre de mères à la tête d’une famille

monoparentale a augmenté de 24 % entre 2006 et 2018. Parmi elles, une sur trois vit sous le seuil de

pauvreté. Du fait de carrières professionnelles plus courtes et moins bien rémunérées, les femmes

partent à la retraite en moyenne un an plus tard que les hommes et leurs pensions sont inférieures.

Enfin, en raison d’une espérance de vie plus élevée, les femmes sont majoritaires parmi les 65 ans

ou plus, et leur part s’accroît avec l’âge. Davantage confrontées au veuvage, les femmes vivent plus
souvent seules aux âges avancés et, après 75 ans, vivent plus fréquemment en établissement et dans

des situations de dépendance.

b) une lutte contre le racisme qui est un sujet encore présent de nos jours
La pièce de théâtre d’Olympe de Gouges L’esclavage des Noirs ne semble pas être la
meilleure base pour étudier son engagement et ses arguments en faveur de l’abolition de
l’esclavage. Olympe de Gouges présente cette pièce de 1783 comme la première qu’elle ait écrite
avec l’ambition d’affronter la scène de la Comédie française. Soit trois ans avant la parution du
livre de J. P. Brissot sur le même sujet, cinq ans avant la création de la Société des Amis des Noirs.
Cette forme de théâtre protestataire, qui s’affirmera dans les pièces à venir et traitera de toutes les
injustices à corriger dans la société de son époque, vaut surtout par son esprit d’avant-garde et son
audace. C’est à propos de cette pièce qu’elle fut menacée de mort et de lettre de cachet. Le style est
emprunté à celui de la mode de l’époque : larmoyant et exotique, à la Bernardin de Saint-Pierre. Les
modifications et les corrections, qu’elle a multipliées jusqu’à la version définitive de 1792,
confirment son insatisfaction. Le plaidoyer contre l’esclavage se brouille et se perd avec
l’intervention d’une fille naturelle à la recherche de son père, en écho à l’oeuvre autobiographique
qu’elle écrivait en même temps, Mémoire de Madame de Valmont.Deux autres textes rendent plus
justement compte de l’argumentation d’Olympe de Gouges contre l’esclavage. Il s’agit, dans son
intégralité, de Réflexions sur les Hommes nègres (1788) où elle dit, en commençant, son émotion
de petite fille devant la violence d’un racisme à l’égard d’une "négresse" sur le marché de
Montauban, sa ville natale. C’est, ensuite, le dernier chapitre de sa Déclaration des Droits de la
Femme et de la Citoyenne de 1791, qu’elle consacre à cette préoccupation centrale dans sa pensée :
le sort des esclaves - huit ans après de L'esclavage des Noirs. L’abolition de l’esclavage est, pour
elle, le premier acte de libération nécessaire, qui conditionne l’avènement de tous les autres droits à
la liberté et à l’égalité entre tous les êtres humains. Y compris les Droits de la Femme qui, dans sa
pensée, en sont l’une des conséquences. « L’homme n’est-il pas son plus beau chef-d’œuvre ?
L’Ottoman fait bien des Blancs ce que nous faisons des Nègres : nous le traitons cependant de
barbare et d’homme inhumain, et nous exerçons la même cruauté sur des hommes qui n’ont aucune
résistance que leur soumission. » Cependant, de nos jours le racisme est encore un sujet très
présent. En effet , en France, les associations qui luttent contre le racisme montrent que les
inégalités existent encore. En effet, les personnes noires ou arabes sont plus pauvres, vivent
davantage dans des mauvais logements, ont plus de mal à trouver du travail et risquent davantage
d’être contrôlées par la police ou encore insultées. Elles vivent de nombreuses discriminations. Cela
ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas devenir un jour députée ou chef d’entreprise mais elles
devront sans doute faire face à plus de difficultés pour y arriver. Les personnes blanches peuvent
recevoir une insulte ou une remarque sur leur couleur de peau par une autre personne et ce n’est pas
normal. Mais les personnes blanches n’ont jamais été victimes de lois racistes. Elles n’ont pas non
plus de difficultés liées à leur couleur de peau pour avoir accès à un logement ou à un travail. C’est
pour cela qu’on ne peut pas parler de « racisme anti-blanc » mais plutôt d’agression individuelle si
une personne blanche reçoit une insulte basée sur sa couleur de peau.
3) Elle reste une figure emblématique et historique du féminisme
I. Une lutte pour les droits des femmes
La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen est votée en août 1789 par les députés
réunis en Assemblée constituante. Deux ans plus tard, Olympe de Gouges imite la forme de
cette Déclaration tout en la féminisant : elle proclame ainsi en dix-sept articles « les droits naturels,
inaliénables et sacrés de la femme » (préambule). Aux « représentants du peuple français », tous
masculins, l’auteure substitue « les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation ».
Cette Déclaration est un pastiche évident de son pendant masculin : la forme juridique est très
similaire (préambule, articles, postambule), et nombre de tournures syntaxiques et lexicales sont
reprises quasiment à l’identique.
Cependant, les féminisations apportées au texte original prennent une portée critique :
l’article VI rappelle par exemple que « toutes les citoyennes et tous les citoyens » sont égaux devant
la loi, qui doit être « la même pour tous ».
L’égalité stricte entre les hommes et les femmes est proclamée dès l’article premier : « La femme
naît libre et demeure égale à l’homme en droits. »
A Propos des femmes, Marie de Gournay écrivait déjà au début du XVIIe siècle : « je me contente

de les égaler aux hommes. » (Égalité des hommes et des femmes, 1622)

Au nom de cette égalité, différents droits, à la fois juridiques et politiques, sont ainsi revendiqués :
« la liberté, la propriété, la sûreté, […] la résistance à l’oppression » (article II) ; la liberté d’opinion
et d’expression (articles X et XI) ; le droit de propriété (article XVII).
La sphère sociale est également prise en compte, notamment dans la nouvelle « Forme du contrat
social de l’homme et de la femme » proposée par Olympe de Gouges : les femmes doivent pouvoir
ainsi forcer un père inconstant « à tenir ses engagements » envers un enfant naturel.
L’auteure n’hésite pas à renverser les valeurs traditionnelles : ainsi les prostituées doivent être
protégées « dans des quartiers désignés », car elles contribuent paradoxalement moins à la
« dépravation des mœurs » que « les femmes de la société ».
[Transition] Dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges
lutte bel et bien pour les droits des femmes. Ce faisant, l’œuvre constitue également une violente
attaque de la domination masculine.
II. Une âpre critique des injustices entre les sexes
La Déclaration d’Olympe de Gouges entend combler un manque dû à « l’ignorance, l’oubli
ou le mépris des droits de la femme » par les hommes, qui les ont sciemment exclues de la vie
civique en les privant notamment du droit de vote. Malgré les revendications d’Olympe de Gouges
ou de Nicolas de Condorcet (Sur l’admission des femmes au droit de cité, 1790), il faut attendre
1944 pour que les femmes françaises obtiennent le droit de vote. Les hommes sont rudement pris à
partie dans le pamphlet qui précède la Déclaration : leur « force » et leurs « talents » apparaissent
comme de bien piètres excuses pour opprimer la moitié de l’humanité. Leur violence est semblable
à celle d’Arnolphe dans L’École des femmes de Molière, rappelant à la jeune Agnès son devoir
d’obéissance devant sa « toute-puissance ». L’« empire tyrannique » des hommes sur les femmes
apparaît comme une exception injuste et cruelle au sein de la nature animale ou végétale, où
pourtant les sexes « coopèrent avec un ensemble harmonieux ». Cependant, la lutte pour ces droits
ne peut aboutir que si les femmes prennent conscience de leur « déplorable sort » et s’emparent de
ces revendications afin de s’émanciper de la tutelle masculine. Pour cela, Olympe de Gouges
n’hésite pas à « parler franchement » à la reine Marie-Antoinette, afin de la convaincre « de donner
du poids à l’essor des droits de la femme, et d’en accélérer les succès ». Cette adresse d’une femme
à une autre, au-delà de son statut royal, crée une sorte de sororité apte à transcender les conventions
sociales. Le postambule élargit la destination du texte à l’ensemble des femmes. Il s’agit d’un appel
direct à l’éveil des consciences féminines : « Femme, réveille-toi ! » Le désir d’émancipation ne
peut venir que des femmes elles-mêmes, qui doivent abolir ce qui s’apparente à leur propre
esclavage vis-à-vis des hommes. Olympe de Gouges cherche donc à lutter contre une domination
masculine qui lui paraît injuste. Mais ce combat est mis en définitive au service d’un désir
d’amélioration de la société dans son ensemble.

III. L’ambition d’améliorer la société tout entière

Dans sa défense acharnée de l’égalité entre les hommes et les femmes et dans son désir de
proposer une nouvelle forme, plus juste, de « contrat social », Olympe de Gouges se situe dans la
droite ligne des philosophes des Lumières comme Diderot, Rousseau ou Montesquieu. L’auteure
fait appel à la raison de ses lecteurs et lectrices, afin de les éclairer sur la réalité du monde et de la
société. La question de l’éducation des femmes s’affirme comme un enjeu central, de même que la
lutte contre l’intolérance. Il s’agit de lutter implacablement contre « les tartufes, les bégueules, le
clergé et toute la séquelle infernale » aux pensées obscurantistes. Dans De l’éducation des
femmes (1783), Pierre Choderlos de Laclos exhortait déjà les femmes à s’émanciper en sortant de
l’ignorance dans laquelle elles sont maintenues par les hommes, car « comment pourraient-ils
vouloir former des femmes devant lesquelles ils seraient forcés de rougir ? » L’objectif étant de
parvenir à une société apaisée, il ne s’agit pas pour les femmes et les hommes de se faire une guerre
éternelle ; au contraire, l’article III rappelle que la nation consiste en « la réunion de la femme et de
l’homme ». La finalité de la Déclaration, au-delà de l’émancipation d’une tutelle injuste, est bien de
retrouver une juste place pour chacun, afin que l’ensemble des citoyennes et des citoyens puissent
se constituer en tant que peuple souverain, dans le respect d’une stricte séparation des pouvoirs.
Chez Olympe de Gouges, ce désir d’égalité et de liberté s’étend jusqu’aux Noirs africains, traités en
esclaves aux Amériques. L’union libre et honnête de l’homme et de la femme, « égaux en force et
en vertu », est aussi la condition sine qua non d’une harmonie politique bien fragile, dans cette
période bouillonnante qu’est la Révolution française. Dans cette œuvre, Olympe de Gouges ne lutte
donc pas seulement pour les droits des femmes : elle les appelle aussi à s’émanciper du sort dans
lequel elles sont maintenues, afin d’en arriver à une nouvelle société plus juste, inspirée de la
philosophie des Lumières.

Pour conclure, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges est
important aujourd’hui, car il est considéré comme l’un des premiers documents féministes de l’histoire. Il a
été écrit à une époque où les femmes étaient exclues de la vie publique et des droits civils. La Déclaration
d’Olympe de Gouges a été rédigée dans le contexte de la Révolution française, où les hommes se battaient
pour leurs droits, mais les femmes étaient largement exclues du mouvement. En demandant l’égalité des
sexes et l’émancipation des femmes, Olympe de Gouges a jeté les bases d’un mouvement féministe qui se
poursuit encore aujourd’hui. De plus, cette Déclaration a inspiré d’autres documents importants, tels que la
Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par les Nations unies en 1948. Elle a également
influencé d’autres mouvements de lutte contre les discriminations, notamment le mouvement pour les droits
civiques aux États-Unis et le mouvement pour les droits des minorités sexuelles. Enfin, la Déclaration de
Gouges est importante, car elle nous rappelle que l’égalité entre les sexes est un droit fondamental
qui doit être défendu et protégé en permanence. Même si de nombreux progrès ont été réalisés en
matière d’égalité des sexes depuis la rédaction de ce texte, il reste encore beaucoup à faire pour
atteindre une véritable égalité entre les hommes et les femmes. Cette Déclaration , de nos jours a du
sens car c’est un texte qui demande, dès 1791, que les mentalités changent. La lecture de ce texte juridique
longtemps occulté (il n’a pas connu le succès à sa publication), avec le recul dont on dispose aujourd’hui,
permet de faire le point sur ce qui a c hangé et ce qui doit encore évoluer. La personne d’Olympe de
Gouges et son combat pour l’égalité sont aussi intéressants que ses écrits. Ce qu’apporte sa lecture,
c’est un questionnement : où en est-on de l’égalité entre les femmes et les hommes, 230 ans plus
tard ? Ainsi, de nos jours , d’autres auteures questionnent les inégalités qui règnent entre les
individus comme par exemple Victoire Tuaillon avec Les Couilles sur la Table .

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