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Introduction
Présentation de l’auteur et de l’œuvre : Le XVIIIe siècle, connu sous le nom du siècle des Lumières, prône la liberté d’expression,
d’opinion, la tolérance, la diffusion des savoirs pour tous et lutte contre l’ignorance, le fanatisme et l’obscurantisme. En 1789, le
peuple se révolte, fait entendre sa volonté de liberté et d’égalité et gagne le combat avec La Déclaration des Droits de l'Homme et
du citoyen. Cependant, ce texte ne convainc pas Olympe de Gouges qui considère que la femme est complètement oubliée et rejetée
de ce texte au profit de l’homme, le sexe masculin et non l’être humain. Ainsi, elle décide de rédiger une nouvelle déclaration, La
Déclaration des Droits de la Femme et de la citoyenne. Elle réécrit, non sans ironie, sarcasme et polémique le texte initial et fait
entendre la voix de toutes ces femmes oubliées et exclues.
Présentation de l’extrait : dans ce texte, appelé « l’exhortation aux hommes » ou « les droits de la femme », Olympe de Gouges
dénonce la tyrannie des hommes, au nom des valeurs de la Nature et des Lumières. Ce discours, sur un ton fortement polémique,
constitue un véritable réquisitoire contre les hommes.
Problématiques possibles :
Ø Dans quelle mesure ce discours est-il un défi lancé aux hommes ?
Ø Comment Olympe de Gouges dénonce la tyrannie des hommes ?
Annonce des mouvements du texte :
Ø De la ligne 1 à 3 (jusqu’à « tes talents ? ») : la thèse, l’oppression des hommes est injuste
Ø De la ligne 4 à 10 : la nature, un modèle à suivre
Ø De la ligne 11 à 15 : le blâme de l’Homme
Premier mouvement (l. 1 à 3) : Exposé de la thèse : l’oppression des hommes est injuste
- Olympe de Gouges s’adresse à double titre aux hommes : ils sont à le frein à l’émancipation féminine or les seuls à pouvoir
donner aux femmes les droits qu’elle revendique pour ses congénères. Elle les apostrophe donc : « Homme » (l. 1). Elle utilise,
pour ce faire, le nom « homme » au singulier, à valeur générique : il désigne à la fois tous les hommes et le genre masculin qui
s’oppose au féminin. Cette opposition est marquée dans la phrase suivante : « c’est une femme qui t’en fait la question » (l.
1)
- L’autrice adopte une démarche de conviction :
Ø Elle implique le destinataire et instaure donc un dialogue avec le lecteur (à travers l’homme, c’est aussi le lecteur qui est
visé)
Ø Elle s’implique tout au long du texte avec le pronom « je »
- Pour s’adresser aux hommes, l’autrice choisit le tutoiement pour s’inscrire dans le prolongement de la Révolution et illustrer
sa thèse d’une égalité des genres : la femme n’est pas inférieure à l’homme et n’a donc à lui concéder aucune marque de déférence.
- La hardiesse de ce discours est à la hauteur de l’injustice dont les femmes sont victimes pour Olympe de Gouges. Elle
recourt, pour la dénoncer, au champ lexical de l’asservissement, de l’esclavage : « souverain empire » (l. 2), « opprimer » (l. 2),
« empire tyrannique » (l. 5).
- Ainsi, l’autrice met les hommes violemment en cause et exerce sur son destinataire une forte pression discursive. Elle accumule
les questions rhétoriques (« es-tu capable d’être juste ? » l. 1, « Dis-moi ? » l. 2, Qui t’a donné le souverain empire... ? » l. 2, « ta
force ? tes talents ? » l. 3) qui prennent une modalité exclamative exprimant le reproche et l’indignation, mais aussi une modalité
injonctive : il faut que cela change. Ces questions rhétoriques nient par ailleurs implicitement les prétentions de l’homme : l’autrice
met en cause sa capacité à être « juste », tout comme ses « talents ».
- Le registre polémique se ressent également dans le jeu d’opposition des 1ère et 2ème personnes : « tu » vs « moi », « mon » vs
« ta », « tes ». Dès le début, Olympe de Gouges met les hommes au défi de reconnaître leur erreur (ils n’avaient pas à opprimer
les femmes) et à rendre compte auprès d’elle par un impératif : « Dis-moi ». Elle fait aussi preuve d’ironie en s’autorisant au
moins ce droit à poser des questions (l. 1-2). Olympe de Gouges met en avant que ce sont des arguments infondés : refus du droit
du plus fort.