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1673
L’Avare et Les Fourberies de Scapin sont deux autres comédies de Molière qui
suivent le même schéma.
Dans Le Malade imaginaire, ce motif est renouvelé par l’obsession
hypocondriaque d’Argan, qui ne s’oppose pas aux amours de sa fille et de
Cléante pour des raisons financières, mais parce qu’il tient à ce que sa fille
épouse un médecin afin de pouvoir le solliciter quand il veut.
III. Un malade imaginaire au centre de la comédie (p. 67)
A. Argan présent dans six scènes sur les huit du premier acte : Argan, son
rapport à la médecine
II, 2 : Argan est tellement obsédé par ses fonctions corporelles qu’il demande
à Toinette d’examiner ses selles.
II, 3 : Argan, qui vient à peine de quitter sa chaise percée (II, 2), se précipite
en courant vers son « bassin » (hors-scène).
Le comique du premier acte repose en partie sur les rapports entre Argan et
sa servante Toinette. Leurs chamailleries, querelles, disputes rythment le
premier acte, de la première apparition de Toinette (I, 2) feignant, pour
embêter son maître, de s’être cogné la tête à cause de lui, à l’affrontement
farcesque de la scène 5.
Il s’agit d’abord d’un comique de caractère : au caractère tyrannique d’Argan
s’opposent l’insolence et l’insoumission de Toinette, qui n’hésite pas à se
moquer de la naïveté de son maître : « Ce Monsieur Fleurant-là et ce
Monsieur Purgon s’égayent bien sur votre corps ; ils ont en vous une bonne
vache à lait » et à s’opposer à lui de manière frontale, appliquant sa propre
maxime : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien
sensée est en droit de le redresser. » (I, 5).
La servante « redressant » son maître, notamment lorsqu’elle défie son
autorité paternelle et défend à Angélique d’épouser Thomas Diafoirus, crée
un comique de situation par l’inversion des rôles hiérarchiques qui culmine à
la fin de la scène 5, souligné par un chiasme (parallélisme inversé) : « Si tu ne
me l’arrêtes, je te donnerai ma malédiction » / « Et moi, je la déshériterai, si
elle vous obéit ».
C. Crédulité d’Argan relation avec Béline
Béline est aux petits soins avec Argan : elle lui donne des surnoms affectueux : «
mon petit fils », « mon petit mari », gronde Toinette pour l’avoir contrarié et veille
à ce qu’il soit confortablement installé dans sa chaise (I, 6).
Cependant, ces attentions ne sont pas des gestes d’amour, comme le croit
naïvement Argan : « Ah ! mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que
vous prenez de moi ! », I, 6, elles sont motivées par l’intérêt, Béline cherchant à
s’assurer l’héritage d’Argan — aux dépens de ses filles Angélique et Louison.
L’hypocrisie de Béline culmine dans la scène avec le notaire (scène 7), où ses
lamentations sur l’éventualité de la mort de son mari sont sans cesse contredites
par sa cupidité. La simple présence du notaire, amené par Béline elle-même (I, 6)
trahit les intentions de cette dernière. Le comique de cette situation est
notamment mis en évidence quand Béline, à l’intérieur d’une même réplique,
proteste de son désintéressement et questionne Argan sur le montant exact de
ses biens, procédé employé à deux reprises : « Non, non, je ne veux point de tout
cela. Ah ! combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? », « Ne me parlez point
de bien, je vous prie. Ah ! de combien sont les deux billets ? »
ACTE II
Ainsi, lorsqu’il vante sa persévérance et son travail acharné, il fait ressortir son
manque d’intelligence ; lorsqu’il affirme qu’il « ne démord jamais de son
opinion », il révèle son caractère buté.
Ce portrait est donc paradoxal, puisque le père ne se rend pas compte qu’en
cherchant à vanter les qualités et mérites de son fils, il ne réussit qu’à le rendre
ridicule et odieux aux yeux d’Angélique — et des spectateurs
2. M. Diafoirus suit aveuglément les enseignements de la faculté de médecine : une
conception rétrograde de la médecine
Celle-ci ment pour protéger sa sœur, en jouant les petites filles innocentes afin
d’attendrir Argan : elle termine quasiment toutes ses phrases par « mon papa »,
adresse à la fois tendre et enfantine, et fait référence à un conte populaire et une
fable de La Fontaine qui renvoient également au monde de l’enfance. Elle va jusqu’à
feindre la mort quand Argan l’attrape « pour la fouetter » (p. 98).
Quant à Argan, il endosse au contraire le rôle du père sévère et inflexible, voire du
Père Fouettard, pour obtenir les aveux de sa fille, avant d’entrer dans son jeu et de
jouer le père éploré : « Ah ! ma fille ! Ah ! malheureux, ma pauvre fille est morte. »,
p. 98.
Les deux personnages interprètent donc un rôle destiné à duper l’autre, voire des
rôles successifs pour Argan, ils se donnent réciproquement la comédie, confirmant
ainsi la dimension de théâtre dans le théâtre de cette scène.
Selon Béralde, le spectacle des danses et chants des « Égyptiens vêtus en Mores » (p.
101) est plus à même de guérir la mélancolie d’Argan, engendrée par son hypocondrie : «
un divertissement [...] qui dissipera votre chagrin »), que la médecine : « et cela vaudra
bien une ordonnance de Monsieur Purgon ». Selon lui, le spectacle a une valeur
thérapeutique, idée qui sera également à l’origine de la cérémonie burlesque du
troisième et dernier intermède.
ACTE III
I. La médecine mise en question (p. 155)
A. Scène 3 de l’acte III, Béralde portrait peu flatteur de M. Purgon
Béralde reproche à Purgon son dogmatisme, c’est-à-dire le fait qu’il ne remette jamais
ses convictions et sa doctrine médicale en cause : « c’est [...] un homme qui croit à ses
règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques, et qui croirait du crime à
les vouloir examiner » (p. 117). Ce n’est pas un charlatan, au sens où il ne cherche pas
sciemment à tromper ses patients, au contraire, il s’aveugle lui-même « de la meilleure
foi du monde », fermant les yeux sur tout ce qui est « obscur », « douteux » ou « difficile
», tout ce qui pourrait remettre en cause les pratiques préconisées par la Faculté : «
purgations et [...] saignées » et c’est en cela qu’il est pour Béralde le parfait exemple du
mauvais médecin. On peut donc en déduire que les qualités recherchées par Béralde
chez un médecin sont l’ouverture d’esprit, la capacité à exercer son esprit critique et à
remettre en cause les idées préconçues prônées par la Faculté.
Argan déclare à son frère qu’il veut raisonner avec lui sur la médecine : « Mais
raisonnons un peu, mon frère. » (p. 115). La question qui suit cette déclaration : «
Vous ne croyez donc point à la médecine ? » montre dès le début de cette
discussion que, contrairement à ce qu’il prétend, Argan ne cherche pas à
raisonner avec Béralde mais plutôt à le convertir, car la médecine est pour lui une
affaire de croyance quasiment une religion.
Il n’est donc pas convaincant car, contrairement à Béralde qui avance des
arguments développés (comme en témoigne la longueur de ses répliques), Argan
se montre incapable de remettre ses idées en question et se montre aussi
enfermé dans son système de croyances et dogmatique que M. Purgon. Il ne «
raisonne » pas, mais n’a recours au contraire qu’à l’argument de l’usage, de la
norme : « Quoi ? vous ne tenez pas pour véritable une chose établie par tout le
monde, et que tous les siècles ont révélée ? », « nous voyons que, dans la
maladie, tout le monde a recours aux médecins », puis, voyant qu’il n’arrive pas à
contrer l’argumentation de Béralde, il l’attaque avec une mauvaise foi évidente : «
C’est-à-dire que toute la science du monde est renfermée dans votre tête », p.
118, et une ironie qui frise l’argument ad hominem : « Hoy ! Vous êtes un grand
docteur, à ce que je vois », p. 119. Là où Béralde a recours au raisonnement,
Argan n’a recours qu’à des stratégies et des tactiques argumentatives, comme le
montre le nombre de questions rhétoriques contenues dans ses répliques.
C. M. Purgon un médecin « particulier »
À la fin de la scène 5, Monsieur Purgon lance à Argan une série de menaces qui ressemblent
à des malédictions : « Et je veux qu’avant qu’il soit quatre jours vous deveniez dans un état
incurable » (p. 125). La toute-puissance que s’arroge Purgon : « Je veux », la précision
temporelle : « avant qu’il soit quatre jours » et le caractère fatal du mal : « un état
incurable » donnent à cette réplique des allures prophétiques de malédiction médicale.
L’énumération des maux censés frapper Argan, entrecoupée de l’exclamation « M.
Purgon ! » répétée six fois, crée un effet comique certain et rend à la fois ridicule et
inquiétant le médecin ivre du pouvoir qu’il exerce sur son patient.
2. Dans la comédie-ballet, chaque acte est suivi d’un intermède. Parmi les trois
intermèdes du Malade imaginaire, lequel préférer et justifiez votre choix.
Réponse possible : des trois intermèdes, celui que je préfère est le dernier : la
cérémonie burlesque qui clôt la pièce. En effet, c’est celui qui entretient le rapport le
plus étroit avec la pièce, qui est le mieux intégré à la comédie. Il constitue ainsi une
sorte d’apothéose de la pièce, de feu d’artifice final, où se conjuguent spectacle et
comédie.
3. Disparue depuis longtemps, la comédie-ballet peut cependant être considérée
comme l’ancêtre lointain d’un genre théâtral et musical plus contemporain.
Précisez lequel et faites la liste de leurs similitudes et de leurs différences.
La comédie-ballet est le lointain ancêtre de la comédie musicale.
Toinette est une sorte d’équivalent féminin de Scapin, une servante rusée et pleine
de ressources qui œuvre pour réunir les jeunes amoureux, Angélique et Cléante.
Ainsi, c’est elle qui introduit Cléante déguisé dans la maison d’Argan (avec
l’aide, sans doute, de Polichinelle) — stratagème connu, au départ, d’elle
seule comme en témoigne la surprise d’Angélique (II, 3).
Elle organise également la fausse consultation au cours de laquelle, jouant
également le rôle de comédienne, elle se déguise en médecin et prescrit les
remèdes les plus farfelus à Argan (III, 10).
Enfin, c’est Toinette qui met en scène, à deux reprises la fausse mort d’Argan,
donnant à son maître (« Mettez-vous tout étendu dans cette chaise, et
contrefaites le mort. »), et à Béralde (« Cachez-vous, vous, dans ce coin-là. »)
des instructions précises.
Toinette a donc, à l’intérieur de la pièce, un rôle qui s’apparente à celui d’un metteur en
scène
- Les auteurs classiques cherchent à imiter les auteurs anciens tels que Sophocle ou
Euripide qu’ils considéraient comme des modèles
- C’est un mouvement très « normé » il y a des règles pour chaque genre littéraire.
L’idée étant que ces règles vont permettre de s’approcher au maximum du réel, de la
nature et des modèles antiques.
- Pour ce qui est du style d’écriture : il se doit d’être simple, concis, clair mais bien
construit.
- Le genre du roman est à l’époque un genre mineur MAIS on retrouve toutefois du
classicisme dans La Princesse de Clèves de Mme de la Fayette.
b) Mouvement : le classicisme :
Molière est un auteur classique mais c’est avant tout un auteur de comédies classiques. Il
est important de savoir expliquer quelles sont les caractéristiques de la comédie
classique :
La comédie classique est un genre théâtral qui apparait en France au XVIIème siècle en
même temps que la tragédie classique (Racine, Corneille). Molière est le principal auteur
de ce genre.
Qu’est ce que la comédie classique ?
- La comédie classique met surtout en scène des personnages bourgeois et/ou des
paysans, , à la différence de la tragédie qui met en scène des aristocrates.
Le fait que les personnages ne soient pas issus de la noblesse en fait des
personnages banaux qui ont des préoccupations ordinaires telles que la santé,
l’argent, la vie de famille etc. autour desquelles l’intrigue va se former.
- Les personnages n’étant pas des nobles ils vont s’exprimer dans un langage ordinaire
et parfois même ridicule (comique).
- Dans la comédie classique le dénouement DOIT être heureux : les bons sont
récompensés, les mauvais échouent, les amoureux se marient etc.
- Le plus souvent le sujet de la comédie est un amour entre deux jeunes gens qui se
trouve empêché par les pères, les maris ou même la société.
- La comédie classique se doit évidemment d’être drôle et utilise alors des procédés
comiques tels que : le comique de gestes (gifles, chutes, mimiques, etc.),
de mots (jeux de mots, grossièretés, patois, etc.), de situation (ignorance,
quiproquo, etc.), de caractère (personnage stupide, jaloux, etc.) et le comique
de répétition (une situation ou une phrase qui se répète plusieurs fois).
c) Résumé
ACTE I : Argan, le malade imaginaire, annonce à sa fille Angélique qu'il veut la marier à
Thomas Diafoirus, fils de médecin. Mais Angélique aime Cléante, qu'elle a rencontré
quelques jours plus tôt. Aidé de la servante Toinette, elle s'oppose à ce mariage.
ACTE III : Monsieur Purgon, le médecin d'Argan déclare qu'il ne veut plus être son
médecin, car Argan n'a pas pris un lavement qu'il lui avait prescrit (Béralde, le frère
d'Argan, s'y était opposé). Béralde annonce à Argan qu'il va lui trouver un autre médecin,
et c'est la servante Toinette (alliée à Béralde pour dissuader Argan de forcer sa fille à se
marier) qui réapparaît déguisée en médecin. Toinette ausculte Argan en exagérant
largement les traits pour monter à Argan le ridicule de ses médecins. Puis Toinette veut
montrer à Argan que sa femme Béline ne l'aime pas. Argan fait semblant d'être mort, et
Béline voyant cela est heureuse car elle pourra toucher l'héritage d'Argan. C'est alors
qu'Argan se lève brutalement ; Béline s'enfuit. Plus tard, Cléante, implore Argan de le
laisser épouser sa fille. Argan accepte… à condition que Cléante devienne médecin.
Finalement, Béralde parvient à convaincre son frère Argan de se faire lui-même médecin.
A) Le genre théâtral
Le tragique ; Le comique ; Le burlesque ; La farce ; La tragi-comédie ; Le
dramatique, etc.
Le genre théâtral est caractérisé par le fait que l’histoire est destinée à être
jouée par des comédiens. Le texte est donc écrit sous forme de dialogues entre
différents personnages.
Tout le texte, est destiné à être lu, à l’exception des indications en italiques, les
didascalies. Les didascalies sont écrites pour aider le jeu des acteurs et du
metteur en scène. Il peut s’agir d’expressions du visage, du ton de la voix, de
mouvements sur scène, de sortie de scène, etc. Les noms des personnages sont
eux souvent écrits en majuscule.
Chaque texte théâtral comprend les noms de chaque personnage suivis par les
répliques correspondantes.
Le vocabulaire du théâtre :
Acte (n. m.) : partie de la pièce qui marque les éléments importants de
l’action. Une pièce classique est composée de trois ou cinq actes divisés en
scènes.
Scène (n. f.) : division d’un acte entre l’entrée et la sortie d’un personnage.
Antonomase (n. f.) : se dit lorsqu’on utilise le nom d’un personnage comme
un nom commun pour désigner un personnage de même caractère. Les
personnages de Molière ont donné lieu à de nombreuses antonomases, par
exemple, on parle d’un Harpagon pour désigner quelqu’un d’avare ou d’un
Scapin pour désigner quelqu’un de fourbe.
Dialogue (n. m.) : échange entre deux personnages d’une pièce de théâtre.
Réplique (n. f.) : texte prononcé sans être interrompu par un même
personnage au cours d’un dialogue.
Tirade (n. f.) : longue suite de phrases prononcées par un même personnage
sans interruption.
Monologue (n. m.) : scène où un personnage est seul sur scène et où il se parle
à lui-même (le véritable destinataire est en réalité le public), souvent pour
annoncer un projet ou pour exprimer des idées ou des sentiments.
Didascalie (n. f.) : indication scénique donnée par l’auteur pour guider le jeu
du comédien. Souvent écrite en italique, elle peut préciser les gestes, les
déplacements, les mimiques ou le ton du personnage.
Aparté (n. m.) : paroles que le personnage dit à l’intention du public et que les
autres personnages sur scène ne doivent pas entendre.
Mise en scène (n. f.) : art de faire représenter une pièce de théâtre par des
comédiens, de les guider dans leur jeu et de décider de tout ce qui les entoure :
décors, costumes, etc.
deus ex machina : Dans une pièce de théâtre, intervention d'un dieu, d'un
être surnaturel descendu sur la scène au moyen d'une machine. 2.
Personnage ou événement inattendu venant opportunément dénouer une
situation dramatique.
Jeu de scène :
Illusion théâtrale :
Commedia dell’arte :
Coup de theatre :
Double énonciation :
Bastonnade :
Acte 3 scène 14 : Béralde: <l’on n’a qu’à parler avec une robe et un
bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient
raison>
Problématique possible Comment cette ultime comédie de Molière ouvre-t-elle à un
questionnement philosophique ?
Plan possible
I. Une pièce divertissante
A. Instruire et plaire : précepte classique ici plaire ; il s’agit de divertir la cour d’où la variété de ton
de tous les intermèdes (4) avec l’églogue initiale : multitude de personnages et de tonalités
musicales, depuis la pastorale : églogue et deuxième intermède + opéra impromptu d’Angélique et
Cléante, jusqu’à la musique encomiastique de l’églogue.
B. L’églogue initiale doit elle aussi plaire au roi et lui rendre hommage (ici Louis XIV est de retour
des campagnes de Hollande) la musique (telle que représentée au théâtre du Châtelet en 1990 par le
grand chef baroque William Christie, répète Louis forte puis piano repris par le choeur et en écho.)
C. L’ensemble de la pièce de tonalité baroque de ce point de vue mêle des tons très variés, depuis le
tragique Argan en proie à sa névrose obsessionnelle d’hypocondriaque subjugué par l’autorité des
médecins jusqu’à Toinette et Polichinelle qui eux incarnent plutôt la farce (coups de bâton, duo
archers, Polichinelle et même aussi Polichinelle et violons). Polichinelle hommage à la commedia
dell’arte grande source d’inspiration pour Molière qui partageait l’espace scénique avec la troupe
des Italiens.
II. Une pièce comique
A. Faire rire : beaucoup d’effets comiques
Situation : quiproquo Angélique et Cléante improvisant un « opéra impromptu » mettant en
scène Tircis et Philis dont le mariage est empêché par le père de la belle. Mise en abyme = révélateur
de Vérité.
Parole : « le poumon ! » Toinette médecin de pacotille diagnostiquant doctement une affection
pulmonaire à Argan qui expliquerait tous ses maux. Comique verbal de répétition
De caractère surtout : Argan seul en scène pathétique et tragique, avare et crédule face aux
soins dispendieux occasionnés par M. Purgon et Diafoirus.
B. Le comique de farce : les coups de bâton et poursuites
Toinette et Argan + 1er intermède
C. Polichinelle invraisemblance et outrance d’un comique invraisemblable = une interrogation
humaine
Le metteur en scène Claude Stratz a écrit : « La dernière pièce de Molière commence dans les teintes
d’une journée finissante. C’est une comédie crépusculaire. » Partagez-vous ce7e vision du Malade
imaginaire ?
I. Analyse du sujet
« Teintes » : couleurs ; fin de vie ; début déjà sombre ?
« Journée finissante » une pièce triste immédiatement
« Crépusculaire » : métaphore ; coucher du soleil ; fin de vie ; tristesse, tragique ; maladie
II. Problématisation
« La pièce de Molière est-elle triste ? »
III. Plan
I. Une pièce sombre ?
A. Une pièce sur la maladie
Ex. Monologue d’exposition
Un personnage hanté par ses obsessions la maladie et l’argent que cela lui coûte
B. Des amours empêchées ou intéressées
1) Ex. Béline, un personnage intéressé, I, 8
Le notaire, les questions d’héritage
2) Une jeune fille qui revendique sa liberté
Ex. II, 6 Angélique
Pour un amour et mari librement choisis et consentis
C. Une foi inquiétante en la médecine
Ex. A. privé de soins panique III, 4
Un personnage dépendant, égaré par ses illusions.
II. Le triomphe du théâtre comme outil de vérité : rire pour apprendre
A. La farce y domine : le modèle de la commedia dell’arte
Ex. Polichinelle 1er intermède
Le jeu avec les violons ou les gardes, coups de bâton et ivresse stéréotypes du théâtre
masqué italien un jeu pour rire mais aussi interroger sur les faiblesses de l’homme
B. Le goût royal des divertissements
Ex. Eglogue initiale
Louange du pouvoir royal et de la joie que le roi dispense à ses sujets (registre
encomiastique)
C. La jubilation des mises en abyme comme instruments de révélations
Ex. II, 5 « opéra impromptu » Comment se libérer des carcans sociaux ?
Ex. Louison II, 8 Jubilation du théâtre dans le théâtre
Ex. Béline et Angélique la fausse mort d’Argan comme révélateur de vérité
Ex. Toinette déguisée en médecin, III, 8 le mensonge à son comble ; comique de
répétition verbal = Le poumon
Ex. Le divertissement final. Triomphe de l’illusion latin de cuisine et comiques à
profusion ; condamnation de l’obscurantisme et de la crédulité sous toutes ses formes !
Sujet 3 Molière, Le Malade imaginaire, 1673
La fantaisie d’une pièce qui met en scène une maladie purement imaginaire.
La tonalité fantaisiste s’impose d’emblée.
Le prologue chanté installe dès le début un climat de féérie en situant l’action dans une
temporalité mythologique gréco-romaine. La fête, présidée par Flore et Pan, donne lieu
à des dialogues en vers chantés, dansés : on s’écarte du réalisme. Le prologue d’Argan,
dont le prosaïsme contraste fortement avec le climat enchanté de l’églogue, ne marque
pas pour autant un retour complet à la réalité la plus ordinaire : redoublant lui-même les
sons de la clochette (« drelin, drelin, drelin »), Argan termine en effet son monologue en
instillant une fantaisie qui sera constamment rappelée dans la pièce, par les intermèdes
d’abord : la fable antique est remplacée par l’exotisme des Mores lors du deuxième, et
par la cérémonie burlesque pour le dernier. Les costumes de ces intermèdes sont
souvent splendides et bariolés, comme par exemple dans la mise en scène de J.Villégier
au Châtelet en 1995. Mais même dans le corps de la comédie on relève des traces de
cette fantaisie à travers les métamorphoses de Toinette en médecin volant, l’apparition
de Béralde tel un deus ex machina qui fait surgir de nulle part une troupe de danseurs et
chanteurs (acte II scène 9), jusqu’à la petite Louison qui veut réciter à son père Peau
d’Âne et Le Corbeau et le Renard pour détourner son attention (acte II scène 8). Pour
dénouer l’intrigue, Béralde invite d’ailleurs la famille d’Argan à « s’accommoder à ses
fantaisies » (acte III scène 14).
La fantaisie de la pièce tient ensuite au fait que les spectateurs sont en quelque sorte
embarqués malgré eux dans la folie d’Argan. Si la comédie peut paraître de toute
fantaisie, c’est d’abord parce que sa maladie est purement imaginaire : sa colère contre
Toinette est une preuve de sa vitalité dès l’acte I scène 1, et la suite le révèle d’ailleurs
prompt à s’énerver contre Toinette et ses filles : « Argan, en colère, court après elle
autour de sa chaise, son bâton à la main » (acte I scène 5), « Il va prendre une poignée de
verges. (…) la prenant pour la fouetter » (acte II scène 8). Personnage à marotte1, il
impose à toute sa famille sa lubie tandis que les médecins en profitent.
L’onomastique du personnel médical, fondé sur des jeux de mots scatologiques, les
discrédite de prime abord. Les Diafoirus ne correspondent pas à la réalité de la médecine
moderne à l’époque de Molière, ils sont bien plus inspirés par la tradition de la satire
médicale et de l’Université : la circulation du sang est par exemple découverte par
Harvey en 1615, elle est admise par les médecins de la cour mais Thomas Diafoirus se
vante d’avoir « contre les circulateurs soutenu une thèse » (acte II scène 5). Ses pratiques
(la disputatio « il n’y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les
disputes de notre École ») le renvoient à la scolastique médiévale. Les costumes
fantasques des médecins dans les mises en scène de Claude Stratz, par les masques noirs
notamment, les associent à des personnages de la commedia dell’arte ; dans celle de
Georges Werler, les gants, masques et charlottes chirurgicales apparaissent comme des
signes excessifs qui contrastent avec les longues robes blanches datées.
Tandis que Béralde et Toinette luttent pour détromper Argan, Béline et les médecins
préfèrent pour leur part exploiter habilement sa faiblesse. S’il n’est pas certain de
pouvoir guérir Argan et tous les malades imaginaires de leur prison, Molière s’attache
néanmoins à dénoncer les charlatans qui prospèrent sur « l’erreur populaire dont ils
profitent » (acte III scène 3). Il poursuit dans Le Malade imaginaire le combat qu’il mène
depuis Tartuffe contre les imposteurs. Les médecins présentent de nombreux points
communs avec les faux dévots : ils parlent le latin et s’expriment dans un jargon
spécialisé qui n’est pas compréhensible par l’honnête homme (« toute l’excellence de
leur art consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des
mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » acte III scène 3) ; vêtus
ostensiblement de noir, ils passent leur temps dans des conversations métaphysiques
sans se soucier réellement des faits ni de démonstration rationnelle (« un homme qui
croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques ») ; et enfin,
les médecins comme les religieux fanatiques sont prêts à sacrifier les autres à leur
croyance (« c’est de la meilleure foi du monde qu’il vous expédiera, et il ne fera, en vous
tuant, que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin il ferait à lui-
même » acte III scène 3).
Sous le voile prudent de la satire médicale, Molière reprend en réalité les idées
développées par les libertins contre la religion. Argan croit d’ailleurs en la médecine
comme un fidèle (« vous ne croyez donc point à la médecine ? » demande-t-il à Béralde,
acte III scène 3), il suit les prescriptions comme des rites conjuratoires. Les médecins de
leur côté se comportent comme des prêtres intransigeants : le soupçon d’apostasie
entraîne une sorte d’excommunication médicale insensible aux appels à la pitié d’Argan
dans la scène 5 de l’acte III (« que vous tombiez dans la bradypepsie » etc).
La pièce propose une réflexion sur le pouvoir de l’illusion : le motif théâtral est
omniprésent, sous la forme des spectacles ou des déguisements (Cléante acte II,
Toinette acte III scène 8). Or la feinte permet de faire triompher le vrai et le juste :
Toinette déguisée en médecin réussit à provoquer pour la première fois la rébellion
d’Argan contre une prescription médicale. La comédie de la mort que Toinette invite
Argan à jouer dans l’acte III, et qui fait suite à celle de Louison dans la scène 8 de l’acte II,
marque d’autres évolutions : Argan laisse enfin cours à sa bonté naturelle face à sa fille ;
le fait de jouer la comédie de sa propre mort lui permet d’apprivoiser ses angoisses,
perce à jour les imposteurs et rétablit l’unité familiale. La feinte fait advenir la vérité des
coeurs, comme cela avait déjà été le cas dans l’opéra impromptu entre Cléante et
Angélique. Alors que Toinette et Béralde échouent à raisonner Argan, ils parviennent à
leurs fins en se muant en génie du foyer et en enchanteur, en délaissant la
démonstration logique pour la démonstration esthétique. La comédie de la mort est une
métaphore du jeu théâtral, qui demande de prendre la place d’un autre et de mourir à
soi-même.
Au XVIIème siècle, l’Europe connaît des avancées majeures en médecine car, sous
l’impulsion de René Descartes, elle se dote de méthodes scientifiques.
Mais les médecins que nous voyons dans le Malade imaginaire sont des
personnages prétentieux, dissimulant leur ignorance derrière des mots savants et
un latin de cuisine.
Ce sont des pédants et des rhétoriqueurs plutôt que des scientifiques. Leurs
pratiques qui remontent à l’Antiquité, comme le lavement et la saignée, sont non
seulement incapables de guérir, mais précipitent la mort des patients.
Le médecin n’impressionne que par son habit et ses discours savants. Ainsi, à la
fin de la pièce, il suffit à Argan de revêtir la tunique pour être intronisé médecin :
Argan – Quoi ! L’on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ?
Béralde – Oui. L’on n’a qu’à parler ; avec une robe et un bonnet, tout galimatias
devient savant, et toute sottise devient raison.
Le mariage :
Le mariage d’intérêt est également blâmé à travers le subterfuge utilisé par Toinette
pour révéler les intentions vénales de Béline.
Le mariage d’amour est mis à rude épreuve à travers la figure paternelle qui utilise
ses enfants pour servir ses propres intérêts, mais c’est ce mariage qui finira
par triompher.
La vérité :
La maladie qui l’affecte est bien plus l’erreur et le manque de lucidité que la
pneumonie.
Toinette, par son subterfuge, fait émerger la vérité : Argan comprend que Béline
est intéressée et qu’Angélique est raisonnable et aimante.
Néanmoins, Argan persiste dans ses illusions sur la médecine. Ni les discours
de Béralde ni la colère de M. Purgon ne parviennent à lui ouvrir les yeux sur les
médecins. Prisonnier de sa peur de mourir, il demande à Cléante de se faire
médecin avant de le devenir lui-même.
Le divertissement :
Ces intermèdes font également partie d’un décorum de cour qui montre
la puissance du règne de Louis XIV et visent à s’attirer les bonnes grâces du roi.
Le Malade Imaginaire est avant tout une comédie qui utilise tous les ressorts
comiques traditionnels :
Cette comédie-ballet offre en effet un spectacle total qui mêle chants, danses et
musique. Mais les intermèdes ne sont pas des ajouts superflus pour divertir le
spectateur : ils sont intimement liés à l’intrigue et accentuent son effet comique.
Par ailleurs, cette comédie s’appuie sur le procédé de théâtre dans le théâtre : tout
au long de la pièce, les personnages organisent des spectacles dans le spectacle,
multipliant là aussi le plaisir comique.
La comédie-ballet est le creuset de trois arts très prisés à la cour de Louis XIV : l’art
dramatique, le chant et la danse.
La pièce alterne donc entre une intrigue de théâtre et des pièces chantées ou
dansées.
Le Malade imaginaire est de ce point de vue un véritable spectacle qui stimule les
sens auditif et visuel et convoque plusieurs arts pour la satisfaction de la cour et du
spectateur contemporain.
Béralde joue le rôle d’organisateur de spectacles car c’est souvent lui qui introduit
les intermèdes, comme lorsqu’il annonce les danseurs mores pour calmer la colère
d’Argan : « Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera
votre chagrin ».
Ces procédés de mise en abyme accentuent l’effet comique car ils donnent une
légèreté à la pièce et dédramatisent l’intrigue.
Argan :
Une satire de la médecine :