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REVISER POUR LA DISSERTATION SUR LE MALADE IMAGINAIRE, Molière,

1673

I. Revoir les lectures linéaires : I, 5 ; II, 8 ; III, 3 et être capable de les


situer précisément dans l’intrigue

II. Synthétiser les fiches 2, 3, 5, 6 et 7 p. 169-181

III. S’entrainer à partir des dissertations vues en cours ou en devoir

IV. Maîtriser les étapes du règne de Louis XIV et l’extrait du film vu en


classe
 Le Roi danse

V. Maîtriser au moins deux mises en scène de la pièce : Colette


Roumanoff https://www.dailymotion.com/video/x3xxsm1
et Jean-Marie-Villégier – William Christie (Lumni)

VI. Connaître l’histoire de la comédie-ballet et les partenaires musiciens


de Molière : Lully et Charpentier

VII. Connaître les deux mouvements littéraires qui traversent la pièce de


Molière : Baroque et classicisme
VIII. Mémoriser les citations p. 184 par exemple ou les vôtres (c’est
encore mieux !)
IX. Connaître très bien le cours synthèse

BÂTIR DES FICHES TRANSVERSALES DE REVISION


 Les principaux personnages de l’action
 Les grandes étapes de l’intrigue
 Les grandes étapes de la critique de la médecine dans la pièce
 Les divertissements musicaux : leur intrigue et leurs personnages, leurs
tonalités
 Le discours sur l’amour
 Le comique et ses différentes formes dans la pièce
 Une fiche de citations
Le malade imaginaire, 1673 « Comédie et spectacle »
ACTE I
I. Une entrée en matière originale : les deux prologues (p. 66) :
A. 1er prologue et mise en scène du pouvoir royal
 Le premier prologue fait référence à Louis XIV : « notre auguste monarque » et assigne
clairement une double fonction à « la comédie du Malade imaginaire », et au théâtre en
général : louer le roi et le divertir. L’églogue qui suit ce premier prologue met en œuvre ce
programme. En effet, le décor « champêtre », l’atmosphère pastorale, la thématique
amoureuse ainsi que les chants et danses des personnages mythologiques (Flore, Pan, les
Zéphyrs) mêlés aux bergers et bergères sont propices à délasser le roi de ses « glorieuses
fatigues » et de ses « exploits » guerriers.
 Mais cette églogue est aussi l’occasion de chanter les louanges du roi, sujet proposé par
Flore aux bergers Tircis et Dorilas pour une joute verbale. Ils rivalisent ainsi d’éloquence
poétique, comparant la force et le courage de « Louis » aux éléments déchaînés : « torrent
», « flots écu- meux », « foudre » et ses exploits à ceux des « demi-dieux » grecs.
 Destinataire : privilégié de la pièce, le monarque est, par sa valeur et ses triomphes
guerriers, « la plus belle des matières » et la comédie s’ouvre ainsi sur une célébration de sa
personne et une mise en scène de son pouvoir.

B. Deux 1ers prologues différents


 Les deux prologues présentent des similitudes : ils s’inscrivent tous deux dans un décor
bucolique — « champêtre » pour l’églogue qui suit le premier prologue, forestier pour l’«
autre prologue » ; ils font intervenir des personnages typiques du genre pastoral (bergers et
bergères pour l’églogue, une bergère pour le second prologue) et des personnages
mythologiques (Flore, Pan dans l’églogue, « Faunes et Aegypans » pour le second prologue) ;
la thématique amoureuse est présente dans les deux cas.
 Cependant, le deuxième prologue est beaucoup moins développé que le premier et fait
intervenir un nombre plus réduit de chanteurs et de danseurs. De plus, les tonalités sont
différentes : l’églogue du premier prologue mêle lyrisme amoureux et panégyrique guerrier
tandis que le deuxième prologue est élégiaque, la bergère se plaignant du mal d’amour qui
la consume.
 De plus, cet « autre prologue » introduit, sur un mode élégiaque, la thématique médicale
qui est au cœur de la comédie de Molière : la bergère s’adresse aux « Vains et peu sages
médecins » qui ne peuvent guérir le mal d’amour dont elle est atteinte. Le rapport entre ce
second prologue et la pièce est donc plus évident, et instaure une forme de cohérence plus
conforme aux attentes du public contemporain.
II. Une exposition bien menée (p. 66) :
A. Un 1er acte efficace

Le spectateur apprend dès l’acte I

 Qu’Argan est un bourgeois hypocondriaque, qui prend toutes sortes de remèdes


prescrits par son médecin, un certain Monsieur Purgon (I, 1). Il se comporte de
manière tyrannique envers sa servante, Toinette (I, 2), qui ne se laisse pas faire, et
sa fille, Angélique (I, 5), qu’il veut donner en mariage à un médecin, Thomas
Diafoirus, neveu de Monsieur Purgon.
 Mais Angélique est amoureuse d’un autre jeune homme, Cléante, et compte sur
l’aide de Toinette, qui s’oppose ouvertement à Argan sur la question du mariage
de sa fille (I, 5) et promet à la jeune fille de l’aider à voir son amant (I, 8).
 On apprend enfin que la femme d’Argan, Béline, belle-mère d’Angélique, est
une hypocrite qui dorlote son vieux mari dans le seul espoir de capter
l’essentiel de sa fortune après sa mort et que le crédule Argan n’y voit que du
feu, persuadé que sa femme l’aime et se soucie de son bien-être (I, 7).

B. Argan hypocondriaque et avare


Le monologue de la scène 1 met en évidence l’hypocondrie d’Argan, l’obsession qu’il a de
son propre corps et la dépendance qu’il entretient à l’égard de la médecine et des médecins.
Absorbé dans l’examen des comptes de son apothicaire, il se montre

 à la fois extrêmement prudent sur le plan financier : « Oui, mais, M. Fleurant, ce


n’est pas tout que d’être civil, il faut aussi être raison- nable », p. 23 ; « Ah ! M.
Fleurant, tout doux, s’il vous plaît [...] : contentez-vous de quatre francs », p. 25
 et totalement déraisonnable sur le plan médical, comme en témoigne l’accumulation
impressionnante des remèdes pris dans le mois, et dont il fait ici la liste : « clystère
détersif », « somnifère », « médecine purgative », « clystère carminatif », « potion »,
etc.)
C. Les amours contrariées : ressort classique de la comédie chez Molière
ici renouvelée

 L’Avare et Les Fourberies de Scapin sont deux autres comédies de Molière qui
suivent le même schéma.
 Dans Le Malade imaginaire, ce motif est renouvelé par l’obsession
hypocondriaque d’Argan, qui ne s’oppose pas aux amours de sa fille et de
Cléante pour des raisons financières, mais parce qu’il tient à ce que sa fille
épouse un médecin afin de pouvoir le solliciter quand il veut.
III. Un malade imaginaire au centre de la comédie (p. 67)
A. Argan présent dans six scènes sur les huit du premier acte : Argan, son
rapport à la médecine

 II, 2 : Argan est tellement obsédé par ses fonctions corporelles qu’il demande
à Toinette d’examiner ses selles.
 II, 3 : Argan, qui vient à peine de quitter sa chaise percée (II, 2), se précipite
en courant vers son « bassin » (hors-scène).

B. Toinette / Argan : un ressort comique efficace

 Le comique du premier acte repose en partie sur les rapports entre Argan et
sa servante Toinette. Leurs chamailleries, querelles, disputes rythment le
premier acte, de la première apparition de Toinette (I, 2) feignant, pour
embêter son maître, de s’être cogné la tête à cause de lui, à l’affrontement
farcesque de la scène 5.
 Il s’agit d’abord d’un comique de caractère : au caractère tyrannique d’Argan
s’opposent l’insolence et l’insoumission de Toinette, qui n’hésite pas à se
moquer de la naïveté de son maître : « Ce Monsieur Fleurant-là et ce
Monsieur Purgon s’égayent bien sur votre corps ; ils ont en vous une bonne
vache à lait » et à s’opposer à lui de manière frontale, appliquant sa propre
maxime : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien
sensée est en droit de le redresser. » (I, 5).
 La servante « redressant » son maître, notamment lorsqu’elle défie son
autorité paternelle et défend à Angélique d’épouser Thomas Diafoirus, crée
un comique de situation par l’inversion des rôles hiérarchiques qui culmine à
la fin de la scène 5, souligné par un chiasme (parallélisme inversé) : « Si tu ne
me l’arrêtes, je te donnerai ma malédiction » / « Et moi, je la déshériterai, si
elle vous obéit ».
C. Crédulité d’Argan relation avec Béline

 Béline est aux petits soins avec Argan : elle lui donne des surnoms affectueux : «
mon petit fils », « mon petit mari », gronde Toinette pour l’avoir contrarié et veille
à ce qu’il soit confortablement installé dans sa chaise (I, 6).
 Cependant, ces attentions ne sont pas des gestes d’amour, comme le croit
naïvement Argan : « Ah ! mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que
vous prenez de moi ! », I, 6, elles sont motivées par l’intérêt, Béline cherchant à
s’assurer l’héritage d’Argan — aux dépens de ses filles Angélique et Louison.
 L’hypocrisie de Béline culmine dans la scène avec le notaire (scène 7), où ses
lamentations sur l’éventualité de la mort de son mari sont sans cesse contredites
par sa cupidité. La simple présence du notaire, amené par Béline elle-même (I, 6)
trahit les intentions de cette dernière. Le comique de cette situation est
notamment mis en évidence quand Béline, à l’intérieur d’une même réplique,
proteste de son désintéressement et questionne Argan sur le montant exact de
ses biens, procédé employé à deux reprises : « Non, non, je ne veux point de tout
cela. Ah ! combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? », « Ne me parlez point
de bien, je vous prie. Ah ! de combien sont les deux billets ? »

ACTE II

I. Deux prétendants pour une jeune fille (p. 105) :

A. Le stratagème de Cléante pour s’introduire chez Argan et parler à


Angélique
 Au début de l’acte II, Cléante s’introduit chez Argan déguisé en maître de musique
pour pouvoir parler à Angélique, avec la complicité de Toinette (II, 1). Il peut ainsi,
sous prétexte de donner une leçon de musique à la jeune fille, échanger avec elle
mots tendres et serments d’amour (II, 5).
 Angélique et Cléante font semblant de déchiffrer une partition, qui n’est en réalité
qu’un leurre, une façade leur permettant, sous les noms poétiques de « Tircis » et «
Phillis », de se communiquer leurs sentiments : « Oui, Tircis, je vous aime », II, 5, p.
87.
 Cependant, le stratagème ne fonctionne qu’un temps, car Argan finit par
s’apercevoir, en regardant la partition, que les paroles ont été improvisées par les
deux chanteurs : « Où sont donc les paroles que vous avez dites ? Il n’y a là que de la
musique écrite ? », II, 5, p. 88), et congédie sèchement le faux maître de musique : «
Je suis votre serviteur, Monsieur ; jusqu’au revoir. » (II, 5, p. 89).
B. ACTE I, scènes 5 et 6 sommet du comique : Thomas Diafoirus
 Comique de situation : Thomas prend Angélique pour la femme d’Argan, et
commence à lui réciter le mauvais compliment (II, 5, p. 79).
 Comique verbal : les métaphores ampoulées, parodies du langage précieux,
dans le compliment à Angélique (II, 5, p. 79-80).
 Comique de geste : le rouleau de thèse présenté par Thomas à Angélique en
cadeau, dont la didascalie incite à faire un objet ridicule, démesuré : « Il tire
une grande thèse roulée de sa poche », II, 5, p. 82. Tous ces procédés visent à
rendre le personnage de Thomas Diafoirus ridicule : il se montre maladroit,
gaffeur, et sans séduction malgré ses piètres tentatives.

II. (p. 105)


1. Portrait de Thomas Diafoirus par son père
Dans sa longue tirade (p. 80-82), Monsieur Diafoirus veut faire l’éloge de son fils, mais les
« qualités » qu’il met en valeur n’en sont pas.

 Ainsi, lorsqu’il vante sa persévérance et son travail acharné, il fait ressortir son
manque d’intelligence ; lorsqu’il affirme qu’il « ne démord jamais de son
opinion », il révèle son caractère buté.
 Ce portrait est donc paradoxal, puisque le père ne se rend pas compte qu’en
cherchant à vanter les qualités et mérites de son fils, il ne réussit qu’à le rendre
ridicule et odieux aux yeux d’Angélique — et des spectateurs
2. M. Diafoirus suit aveuglément les enseignements de la faculté de médecine : une
conception rétrograde de la médecine

Monsieur Diafoirus raille « les expériences des prétendues découvertes de notre


siècle, touchant la circulation du sang » (p. 81-82). En se moquant ainsi de l’une des
plus grandes avancées de la médecine moderne, à savoir la découverte du principe
de la circulation, en circuit fermé, du sang dans le corps, Monsieur Diafoirus se
montre incapable d’esprit critique et aveuglément soumis aux théories dépassées de
la faculté de médecine.

3. Fin de la scène 6, M. Diafoirus et son fils donnent une consultation à Argan :


parodie et caricature
Dans cette scène de consultation donnée à Argan par les Diafoirus père et fils,
Molière se moque de la manière dont les mauvais médecins exercent la médecine.
 Ainsi, l’unique geste médical pratiqué par les Diafoirus est de prendre le pouls
d’Argan, et tout leur diagnostic repose sur cet unique examen.
 Ils ne font que disserter en jargonnant, mêlant par pédantisme des mots
latins ou d’obscurs termes médicaux : « parenchyme splénique », « vas breve
du pylore », « méats cholidoques » à leur discours. 5 Enfin, ils sont à la fois
dogmatiques (Diafoirus indique à Argan com- bien de grains de sel il faut «
dans un œuf ») et incapables de rigueur et d’exactitude (Diafoirus se contredit
quand Argan lui oppose le diagnostic de Purgon ).

II. Les pouvoirs du théâtre (p. 106)


A. Double énonciation une déclaration d’amour cachée mais
publique

 Dans la scène 5, Cléante et Angélique profitent de l’alibi que leur fournit la


leçon de musique pour communiquer sans qu’Argan et les Diafoirus,
également présents sur scène, s’en aperçoivent. Cléante commence par
un long prologue, censé exposer « le sujet de la scène » (p. 84) à
Angélique et à l’auditoire, mais qui est en réalité une transposition
romancée et pastorale de sa rencontre et de son histoire avec Angélique,
destinée à l’émou- voir et lui montrer son amour. Certaines phrases,
directement applicables à la situation présente de Cléante et Angélique,
montrent que ce prologue n’a rien de fictif, comme lorsque Cléante dit, en
parlant soi-disant du berger amoureux : « Mais dans le même temps on
l’avertit que le père de cette belle a conclu son mariage avec un autre, et
que tout se dispose pour en célébrer la cérémonie. » (p. 85).
 Dans un exercice périlleux de mise en abyme, Cléante décrit donc, sous
couvert de fiction, la situation exacte dans laquelle il se trouve avec
Angélique : « son respect, et la présence de son père l’empêchent de lui
rien dire que des yeux.
 Mais enfin il force toute contrainte, et le transport de son amour l’oblige
à lui parler ainsi » (p. 86). Le duo qui suit le prologue, improvisé par les
deux amou- reux qui font semblant de lire la partition de musique, leur
permet d’échanger des propos amoureux : « Belle Phillis, c’est trop, c’est
trop souffrir », « Oui, Tircis, je vous aime », et de parler de leur situation :
« Mais un père à ses vœux vous veut assujettir / Plutôt, plutôt mourir », p.
88.

B. Faux interrogatoire de Louison : mise en abyme et théâtre dans le théâtre


Dans la scène 8, Argan questionne Louison sur l’entrevue secrète d’Angélique et Cléante, à
laquelle il sait par Béline (II, 7) que sa fille cadette a assisté.

 Celle-ci ment pour protéger sa sœur, en jouant les petites filles innocentes afin
d’attendrir Argan : elle termine quasiment toutes ses phrases par « mon papa »,
adresse à la fois tendre et enfantine, et fait référence à un conte populaire et une
fable de La Fontaine qui renvoient également au monde de l’enfance. Elle va jusqu’à
feindre la mort quand Argan l’attrape « pour la fouetter » (p. 98).
 Quant à Argan, il endosse au contraire le rôle du père sévère et inflexible, voire du
Père Fouettard, pour obtenir les aveux de sa fille, avant d’entrer dans son jeu et de
jouer le père éploré : « Ah ! ma fille ! Ah ! malheureux, ma pauvre fille est morte. »,
p. 98.
 Les deux personnages interprètent donc un rôle destiné à duper l’autre, voire des
rôles successifs pour Argan, ils se donnent réciproquement la comédie, confirmant
ainsi la dimension de théâtre dans le théâtre de cette scène.

C. Le second intermède Béralde prône une thérapie par le divertissement

Selon Béralde, le spectacle des danses et chants des « Égyptiens vêtus en Mores » (p.
101) est plus à même de guérir la mélancolie d’Argan, engendrée par son hypocondrie : «
un divertissement [...] qui dissipera votre chagrin »), que la médecine : « et cela vaudra
bien une ordonnance de Monsieur Purgon ». Selon lui, le spectacle a une valeur
thérapeutique, idée qui sera également à l’origine de la cérémonie burlesque du
troisième et dernier intermède.
ACTE III
I. La médecine mise en question (p. 155)
A. Scène 3 de l’acte III, Béralde portrait peu flatteur de M. Purgon
Béralde reproche à Purgon son dogmatisme, c’est-à-dire le fait qu’il ne remette jamais
ses convictions et sa doctrine médicale en cause : « c’est [...] un homme qui croit à ses
règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques, et qui croirait du crime à
les vouloir examiner » (p. 117). Ce n’est pas un charlatan, au sens où il ne cherche pas
sciemment à tromper ses patients, au contraire, il s’aveugle lui-même « de la meilleure
foi du monde », fermant les yeux sur tout ce qui est « obscur », « douteux » ou « difficile
», tout ce qui pourrait remettre en cause les pratiques préconisées par la Faculté : «
purgations et [...] saignées » et c’est en cela qu’il est pour Béralde le parfait exemple du
mauvais médecin. On peut donc en déduire que les qualités recherchées par Béralde
chez un médecin sont l’ouverture d’esprit, la capacité à exercer son esprit critique et à
remettre en cause les idées préconçues prônées par la Faculté.

B. Argan défend la médecine et les médecins

 Argan déclare à son frère qu’il veut raisonner avec lui sur la médecine : « Mais
raisonnons un peu, mon frère. » (p. 115). La question qui suit cette déclaration : «
Vous ne croyez donc point à la médecine ? » montre dès le début de cette
discussion que, contrairement à ce qu’il prétend, Argan ne cherche pas à
raisonner avec Béralde mais plutôt à le convertir, car la médecine est pour lui une
affaire de croyance quasiment une religion.
 Il n’est donc pas convaincant car, contrairement à Béralde qui avance des
arguments développés (comme en témoigne la longueur de ses répliques), Argan
se montre incapable de remettre ses idées en question et se montre aussi
enfermé dans son système de croyances et dogmatique que M. Purgon. Il ne «
raisonne » pas, mais n’a recours au contraire qu’à l’argument de l’usage, de la
norme : « Quoi ? vous ne tenez pas pour véritable une chose établie par tout le
monde, et que tous les siècles ont révélée ? », « nous voyons que, dans la
maladie, tout le monde a recours aux médecins », puis, voyant qu’il n’arrive pas à
contrer l’argumentation de Béralde, il l’attaque avec une mauvaise foi évidente : «
C’est-à-dire que toute la science du monde est renfermée dans votre tête », p.
118, et une ironie qui frise l’argument ad hominem : « Hoy ! Vous êtes un grand
docteur, à ce que je vois », p. 119. Là où Béralde a recours au raisonnement,
Argan n’a recours qu’à des stratégies et des tactiques argumentatives, comme le
montre le nombre de questions rhétoriques contenues dans ses répliques.
C. M. Purgon un médecin « particulier »
À la fin de la scène 5, Monsieur Purgon lance à Argan une série de menaces qui ressemblent
à des malédictions : « Et je veux qu’avant qu’il soit quatre jours vous deveniez dans un état
incurable » (p. 125). La toute-puissance que s’arroge Purgon : « Je veux », la précision
temporelle : « avant qu’il soit quatre jours » et le caractère fatal du mal : « un état
incurable » donnent à cette réplique des allures prophétiques de malédiction médicale.
L’énumération des maux censés frapper Argan, entrecoupée de l’exclamation « M.
Purgon ! » répétée six fois, crée un effet comique certain et rend à la fois ridicule et
inquiétant le médecin ivre du pouvoir qu’il exerce sur son patient.

II. La critique de la crédulité (p. 155)


A. Argan bouleversé par le départ de M. Purgon : crédulité
Juste après le départ de M. Purgon, Argan s’écrie : « Ah, mon Dieu ! je suis mort. » (p. 126).
Cette exclamation montre qu’Argan prend au pied de la lettre les malédictions médicales
lancées par son médecin (II, 5), il a l’impression d’en ressentir aussitôt les effets, comme s’il
s’était agi d’un sortilège. L’utilisation du passé composé renforce l’effet comique de cette
réplique, en présentant la mort comme un fait déjà accompli.
B. Toinette déguisée en médecin : crédulité d’Argan
Argan se montre particulièrement crédule dans les scènes 8 à 10. En effet, la ressemblance
entre Toinette et le médecin saute aux yeux d’Argan : « Eh ! ne diriez-vous pas que c’est
effectivement Toinette ? », p. 128 ; « Si je ne les voyais tous deux, je croirais que ce n’est
qu’un », p. 129, mais l’autorité et la fascination qu’exercent sur lui les membres du corps
médical s’avèrent plus fortes que le témoignage de ses sens. De plus, Argan se montre
soumis, respectueux et obéissant face au faux médecin alors même que le discours de
Toinette est absurde, incohérent et (volontairement) ridicule.
C. Les fonctions de la comédie (p. 156)
 Pour Argan des scientifiques respectables À la scène 3, Argan reproche à
Molière de s’attaquer dans ses comédies aux médecins, profession qu’il juge
particulièrement respectable : « d’honnêtes gens comme les médecins », «
des personnes vénérables comme ces messieurs-là », p. 119), et de les
tourner en dérision.
 Béralde fonction de la comédie divertir et soigner Quand il propose à son
frère de le « mener voir [...] quelqu’une des comédies de Molière » (p. 119),
Béralde assigne deux fonctions à la comédie : « divertir » Argan, et corriger
ses conceptions erronées sur la médecine : « vous tirer de l’erreur où vous
êtes ».
1. Préface de Tartuffe (1669) Molière et Béralde ont la même conception des
fonctions de la comédie.
Les fonctions que Béralde assigne à la comédie sont les mêmes que celles qu’on
trouve exprimées par Molière dans la préface du Tartuffe. En effet, le dramaturge
estime, comme son personnage, que « le théâtre a une grande vertu pour la
correction ». Béralde voit dans les comédies mettant en scène « le ridicule de la
médecine » un moyen de guérir Argan de son obsession par le rire, et Molière
souligne également dans sa préface cette visée à la fois morale et sociale de la satire
au théâtre : « Les plus beaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants, le
plus souvent, que ceux de la satire ; et rien ne 8 reprend mieux la plupart des
hommes que la peinture de leurs défauts. C’est une grande atteinte aux vices, que de
les exposer à la risée de tout le monde. »
2. Théâtre dans le théâtre : révélateur de vérité
La scène imaginée par Toinette, qui consiste à faire passer Argan pour mort, permet de
révéler les véritables sentiments de Béline (III, 12), puis d’Angélique (III, 13) à son égard.
Béline se réjouit de cette annonce faite par Toinette : « Le Ciel en soit loué ! M. voilà
délivrée d’un grand fardeau », p. 138, et, loin de pleurer le défunt dont elle énumère au
contraire les défauts : « incommode à tout le monde, malpropre, dégoûtant... », elle ne
pense qu’à s’assurer la possession de ses biens : « Il y a des papiers, il y a de l’argent dont
je veux me saisir ». À l’inverse, l’amour qu’Angélique porte à son père transparaît dans sa
profonde affliction à l’annonce de sa mort, soulignée par une ponctuation expressive : «
Ô Ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! [...] Que deviendrai-je, malheureuse, et
quelle consolation trouver après une si grande perte ? ».
3. Dans le troisième et dernier intermède, Argan déclaré médecin au cours d’une
fausse cérémonie organisée par Béralde : dimension spectaculaire de la comédie-
ballet est mise au service du comique. Cet intermède fait intervenir une profusion
de comédiens et danseurs : la didascalie de la première « entrée de ballet » n’indique
pas moins de 46 danseurs et chanteurs autour d’Argan. La pièce se termine ainsi en
apothéose, dans un tourbillon comique extravagant et spectaculaire. Le jeu de
questions-réponses entre le chœur des médecins et Argan, ainsi que les révérences
des chirurgiens et apothicaires installent un comique de répétition à la fois textuel et
visuel, chants et danses étant mis au service du comique burlesque. Enfin, même la
musique est jouée sur des instruments médicaux : « dansent au son des instruments
et des voix [...], et des mortiers d’apothicaires », p. 153
Sur l’ensemble de la pièce
« Spectacle et comédie »

Le genre de la comédie-ballet (p. 159)


1. Les deux prologues contrastent avec la scène d’exposition. Lequel entretient le
rapport le plus étroit avec cette scène et le reste de la pièce.
Le 2e prologue entretient un rapport plus étroit avec la scène d’exposition et le reste
de la pièce que le premier. Il développe en effet la thématique médicale (« Votre plus
haut savoir n’est que pure chimère / Vains et peu sages médecins »), totalement
absente de l’églogue qui suit le 1er prologue. De plus, la tonalité élégiaque de ce
deuxième prologue est certes très éloignée de la prose d’Argan, mais cette
complainte amoureuse de la bergère n’est pas sans évoquer (lointainement) les
plaintes incessantes d’Argan sur son état de santé. Enfin, le rejet des « peu sages
médecins » exprimé dans ce prologue renvoie aussi, sur un mode non-satirique, à la
remise en cause des mauvais médecins dans la comédie.

2. Dans la comédie-ballet, chaque acte est suivi d’un intermède. Parmi les trois
intermèdes du Malade imaginaire, lequel préférer et justifiez votre choix.
Réponse possible : des trois intermèdes, celui que je préfère est le dernier : la
cérémonie burlesque qui clôt la pièce. En effet, c’est celui qui entretient le rapport le
plus étroit avec la pièce, qui est le mieux intégré à la comédie. Il constitue ainsi une
sorte d’apothéose de la pièce, de feu d’artifice final, où se conjuguent spectacle et
comédie.
3. Disparue depuis longtemps, la comédie-ballet peut cependant être considérée
comme l’ancêtre lointain d’un genre théâtral et musical plus contemporain.
Précisez lequel et faites la liste de leurs similitudes et de leurs différences.
La comédie-ballet est le lointain ancêtre de la comédie musicale.

C. Similitudes : mêlent théâtre, chant et danse ; spectacles qui mobilisent de


nombreux décors et artistes, coûteux, grandioses.

D. Différences : historiquement, la comédie musicale n’est pas destinée à plaire au roi et


à la cour, c’est donc un genre moins fastueux et ostentatoire; pas de parties parlées
dans la comédie musicale, tout est chanté, donc chants et danses font directement
progresser l’intrigue, ont une fonction dramatique plus grande que dans la comédie-
ballet où ils ont parfois davantage une fonction ornementale.
Le comique dans Le Malade imaginaire (p. 160)

1. Des procédés typiques de la comédie.


Exemple de quiproquo : I, 5 (p. 34). Argan vante à sa fille les qualités de son futur
mari, en pensant au prétendant qu’il a choisi, Thomas Diafoirus, et Angélique
acquiesce et renchérit, persuadée que son père parle du jeune homme qu’elle aime,
Cléante.
 Ce quiproquo produit un effet de comique de situation, puisque le
spectateur, lui, sait dès le départ que père et fille ne parlent pas du même
prétendant. Exemple de comique de répétition : III, 10 (p. 132-133). Lors de
la fausse consultation donnée à Argan par Toinette déguisée en médecin, le
comique de répétition est très présent. Toinette répète à 9 reprises « Le
poumon » et à 6 reprises « Ignorant », caricaturant ainsi l’attitude butée et
dogmatique des mauvais médecins.
2. Le Malade imaginaire est une comédie-ballet, mais la pièce s’apparente également
à la comédie de caractère.
Dans Le Malade imaginaire, le comique de caractère est très présent. L’obsession
médicale d’Argan et son hypocondrie sont un des principaux ressorts comiques de la
pièce. Il passe ainsi les trois premières scènes sur sa chaise percée, demande à
Toinette d’examiner ses selles (I, 2, p. 27), interrompt sa conversation avec son frère
pour prendre un lavement (III, 4), etc. Il se montre également très crédule face aux
médecins, leur attribuant des pouvoirs quasi surnaturels, comme lorsqu’il dit
ressentir l’effet des malédictions médicales de Monsieur Purgon (« Je n’en puis plus.
Je sens déjà que la médecine se venge », III, 6, p. 126). Mais l’hypocondrie d’Argan
est également dans cette pièce un ressort dramatique, elle a une incidence sur le
déroulement de l’intrigue, puisqu’elle conditionne le choix du mari d’Angélique.

3. Satire de la médecine de son temps et des mauvais médecins : La consultation


donnée à Argan par M. Diafoirus et son fils (II, 6) et la fausse consultation de
Toinette déguisée en médecin (III, 10).
La fausse consultation de Toinette déguisée en médecin (III, 10) fait écho, par de
nombreux aspects, à la consultation donnée à Argan par les Diafoirus père et fils (II,
6). Comme les Diafoirus, Toinette contredit le diagnostic de Purgon, s’appuie
uniquement sur la prise du pouls pour formuler son diagnostic et parsème son
discours de jargon médical. En ce sens, la consultation de Toinette est donc la parodie
d’une scène qui est déjà, en soi, caricaturale et parodique.
4. Certains passages de la pièce mettent en œuvre un comique farcesque.
La pièce exploite des motifs et procédés typiques de la farce. Ainsi, le motif de la
bastonnade intervient à plusieurs reprises : dans la scène 5 de l’acte I, quand Argan
poursuit Toinette « son bâton à la main », ou encore dans le premier intermède,
quand Polichinelle est rançonné et bastonné par les Archers du Guet. Le comique
farcesque est aussi présent à travers les « gags » scatologiques (Argan sort de scène,
à deux reprises, pour se soulager, I, 3 et III, 1) et les injures, notamment celles que
profère régulièrement Argan à l’encontre de Toinette (« Ah, chienne! ah, carogne…! »
sont d’ailleurs les premiers mots qu’il lui adresse, I, 2).

Une comédie sur la comédie (p. 160)

1. Le Malade imaginaire comporte de nombreuses scènes de théâtre dans le théâtre :


relevé complet, acte par acte, puis analyse de la dimension que ces scènes
apportent à la pièce.
 II, 2-5 (Cléante déguisé en maître de musique) II, 8 (Argan et Louison
tentent mutuellement de se duper en jouant un rôle)
 III, 8 et 10 (Toinette déguisée en médecin)
 III, 12-14 (fausses morts d’Argan, mises en scène d’abord pour Béline puis
pour Angélique)
 Dernier intermède (comédiens déguisés en médecin pour introniser Argan).
Plus la pièce progresse, plus les scènes de théâtre dans le théâtre se
multiplient et s’accumulent, signe de l’importance croissante que prend la
question de l’illusion théâtrale dans cette dernière comédie de Molière. Ces
scènes introduisent une dimension réflexive, méta-théâtrale : la pièce exhibe
ses propres mécanismes, dans une forme de mise en abyme, et engage une
réflexion sur les fonctions du spectacle théâtral et la catharsis comique.

2. Toinette est un des personnages principaux. Un rôle de metteur en scène ?

Toinette est une sorte d’équivalent féminin de Scapin, une servante rusée et pleine
de ressources qui œuvre pour réunir les jeunes amoureux, Angélique et Cléante.

 Ainsi, c’est elle qui introduit Cléante déguisé dans la maison d’Argan (avec
l’aide, sans doute, de Polichinelle) — stratagème connu, au départ, d’elle
seule comme en témoigne la surprise d’Angélique (II, 3).
 Elle organise également la fausse consultation au cours de laquelle, jouant
également le rôle de comédienne, elle se déguise en médecin et prescrit les
remèdes les plus farfelus à Argan (III, 10).
 Enfin, c’est Toinette qui met en scène, à deux reprises la fausse mort d’Argan,
donnant à son maître (« Mettez-vous tout étendu dans cette chaise, et
contrefaites le mort. »), et à Béralde (« Cachez-vous, vous, dans ce coin-là. »)
des instructions précises.
Toinette a donc, à l’intérieur de la pièce, un rôle qui s’apparente à celui d’un metteur en
scène

3. Le dernier intermède met en scène une cérémonie burlesque : fonction


dramatique (sur le plan de l’intrigue) et symbolique
Le dernier intermède de la pièce a plusieurs fonctions. Tout d’abord,

 sur le plan dramatique, l’intrigue principale, à savoir l’intrigue amoureuse,


est résolue à la fin de la dernière scène (III, 14) quand Angélique et Cléante
reçoivent la bénédiction paternelle (« Qu’il se fasse médecin, je consens au
mariage. »), mais la manie d’Argan, son obsession hypocondriaque, n’est pas
« corrigée ». La cérémonie d’intronisation, proposée par Béralde (« Mais,
mon frère, il me vient une pensée : faites-vous médecin vous-même.»),
permet donc un dénouement plus abouti, plus complet, en résolvant cette
question et en offrant une sorte d’exutoire, sinon de guérison, à
l’hypocondrie d’Argan.
 Sur le plan symbolique, le spectacle théâtral est donc présenté comme un
remède, une alternative à la médecine, plus efficace contre la mélancolie
qu’une « ordonnance de Monsieur Purgon » (II, 9), confirmant et vérifiant, à
l’intérieur de la pièce, le précepte selon lequel la comédie « corrige les
mœurs par le rire ».
a) Mouvement : le Classicisme

- Mouvement littéraire et artistique du 17ème siècle

- Quelques auteurs : Molière, Racine, Corneille, La Bruyère, La Fontaine

- Les auteurs classiques cherchent à imiter les auteurs anciens tels que Sophocle ou
Euripide qu’ils considéraient comme des modèles

- Dans le Classicisme il y a l’idée qu’il faut rechercher la mesure, un équilibre et un


certain esthétisme.
Dans cette recherche de l’équilibre il y a également la volonté de permettre aux
hommes de se libérer de leurs passions : d’où la catharsis*.

- C’est un mouvement très « normé » il y a des règles pour chaque genre littéraire.
L’idée étant que ces règles vont permettre de s’approcher au maximum du réel, de la
nature et des modèles antiques.

- C’est un mouvement qui a comme but de « plaire et instruire » * : l’œuvre littéraire


doit être plaisante (donc belle et bien construite) mais également nous apporter un
enseignement (apologue)

- Le classicisme présente également un idéal : l’idéal de l’honnête homme. Cet


honnête homme se doit d’être élégant, mesuré, instruit mais pas pédant, poli et
discret.

- Pour ce qui est du style d’écriture : il se doit d’être simple, concis, clair mais bien
construit.
- Le genre du roman est à l’époque un genre mineur MAIS on retrouve toutefois du
classicisme dans La Princesse de Clèves de Mme de la Fayette.

*Catharsis = selon Aristote : la Purgation des passions.


La Catharsis est pour les classiques un procédé par lequel on va se purger de ses
passions, en regardant une pièce dramatique par exemple : on va pleurer, on va se
mettre en colère etc. ce qui nous permettra de ne pas l’être dans notre vie réelle.

*« Plaire et instruire » = Jean de La Fontaine. « En ces sortes de feinte il


faut instruire et plaire, - Et conter pour conter me semble peu d'affaire. » - Fable I du
Livre VI des Fables de La Fontaine : Le Pâtre et le Lion.
I. Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

1) Molière, Le Malade imaginaire / parcours : spectacle et


comédie.
a) Biographie
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière est un comédien et dramaturge français du
XVIIème siècle. Baptisé le 15 janvier 1622 à Paris, Molière est issu d’une famille de
marchands bourgeois, son père étant le tapissier du roi. Il fait des études de droit mais
décide à 21 ans (en 1643) de fonder avec une dizaine de ses amis, sa troupe de théâtre :
L’illustre Théâtre et prend le pseudonyme de Molière. Mais la troupe connait des débuts
difficiles et ne parvient pas à s’imposer à Paris. Molière et le reste de la troupe partent
alors se produire en province entre 1646 et 1658. Période durant laquelle Molière écrit
ses premières pièces telles que L’Etourdi et Le Dépit Amoureux. En 1658, de retour à
Paris, Molière devient le comédien et dramaturge favori du roi Louis XIV alors âgé de …
ans après avoir joué devant lui Nicomède (de Corneille) et Le Docteur amoureux (de
Molière). La salle du théâtre du Petit-Bourbon est mise à la disposition de Molière et sa
troupe qui se place sous la protection de Monsieur (Philippe d’Orléans, frère du roi), plus
tard en 1661 la troupe déménage dans La salle du Palais-Royal. Toutefois, bien qu’il soit
très apprécié par le Roi et Monsieur, Molière fait face à plusieurs polémiques en réponse
à certaines de ses pièces : l’Ecole des femmes, que certains littérateurs jugent immorale
et impie, et Tartuffe, satire de la fausse dévotion religieuse, d’abord bien accueillie par le
roi qui finalement décide de l’interdire sous l’influence de l’archevêque de Paris.
Cependant, bien qu’il soit sujet à la critique Molière continue d’écrire et de mettre en
scène ses pièces sous la protection du Roi. Le 10 février 1673 Molière crée Le Malade
imaginaire, comédie ballet dans laquelle Molière joue le rôle principal et lors de la
quatrième représentation de la pièce Molière qui est réellement malade fini par faire un
malaise il est alors emmené chez lui où il meurt quelques heures plus tard avant d’avoir
pu recevoir les derniers sacrements. Etant comédien, et n’ayant pas eu le temps de
renoncer à sa profession devant un prête il ne peut pas normalement recevoir une
sépulture religieuse mais le Roi va agir afin que le curé de Saint-Eustache accepte de
l’enterrer religieusement, ce qu’il fait à la condition que cela se fasse discrètement.
Molière est alors inhumé de nuit le 21 février dans le cimetière de la chapelle Saint-
Joseph.

b) Mouvement : le classicisme :
Molière est un auteur classique mais c’est avant tout un auteur de comédies classiques. Il
est important de savoir expliquer quelles sont les caractéristiques de la comédie
classique :
La comédie classique est un genre théâtral qui apparait en France au XVIIème siècle en
même temps que la tragédie classique (Racine, Corneille). Molière est le principal auteur
de ce genre.
Qu’est ce que la comédie classique ?
- La comédie classique met surtout en scène des personnages bourgeois et/ou des
paysans, , à la différence de la tragédie qui met en scène des aristocrates.
Le fait que les personnages ne soient pas issus de la noblesse en fait des
personnages banaux qui ont des préoccupations ordinaires telles que la santé,
l’argent, la vie de famille etc. autour desquelles l’intrigue va se former.

- Les personnages n’étant pas des nobles ils vont s’exprimer dans un langage ordinaire
et parfois même ridicule (comique).

- Dans la comédie classique le dénouement DOIT être heureux : les bons sont
récompensés, les mauvais échouent, les amoureux se marient etc.

- Le plus souvent le sujet de la comédie est un amour entre deux jeunes gens qui se
trouve empêché par les pères, les maris ou même la société.

- La comédie classique se doit évidemment d’être drôle et utilise alors des procédés
comiques tels que : le comique de gestes (gifles, chutes, mimiques, etc.),
de mots (jeux de mots, grossièretés, patois, etc.), de situation (ignorance,
quiproquo, etc.), de caractère (personnage stupide, jaloux, etc.) et le comique
de répétition (une situation ou une phrase qui se répète plusieurs fois).

- Mais étant un genre du CLASSICISME la comédie classique doit respecter plusieurs


règles :

 La règle des trois unités :


L’UNITE D’ACTION : Elle vise à supprimer les intrigues secondaires et à
concentrer l’intérêt dramatique autour d’une action unique.
L’UNITE DE TEMPS : Elle resserre les faits et les limite à vingt-quatre heures.
Cette règle cherche à entretenir l’illusion d’une coïncidence entre la durée de la
fiction et le temps de la représentation.
L’UNITE DE LIEU : Elle résulte des deux premières. L’action se déroule dans un
espace unique (ex. : la salle d’un palais). Ajoutons l’unité de ton qui découle de la
volonté de séparation des genres chez les classiques (tragédie d’un côté,
comédie de l’autre) et impose à chacun sa spécificité en matière de sujet, de
héros et de niveau de langue et de ton.

 Les règles de bienséance :


LA VRAISEMBLANCE : Elle veut que s’impose l’impression de vérité. L’action
dramatique doit être crédible : « L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas»
(Boileau).
LA BIENSEANCE : Elle conduit au respect des usages et des conventions. Il s’agit,
d’une part, de ne pas choquer le public. D’autre part, les agissements et les
sentiments du héros doivent, naturellement, être conformes à son rang.

c) Résumé
ACTE I : Argan, le malade imaginaire, annonce à sa fille Angélique qu'il veut la marier à
Thomas Diafoirus, fils de médecin. Mais Angélique aime Cléante, qu'elle a rencontré
quelques jours plus tôt. Aidé de la servante Toinette, elle s'oppose à ce mariage.

ACTE II : Cléante (l'amant d'Angélique) entre dans la maison du malade imaginaire en se


faisant passer pour le remplaçant du professeur de musique d'Angélique pour pouvoir
voir celle-ci. Les Diafoirus, père et fils, arrivent (le fils est celui qu'Argan veut faire
épouser à sa fille). Thomas Diafoirus apparaît maladroit et peu intelligent et Angélique
annonce qu'elle ne veut pas l'épouser.

ACTE III : Monsieur Purgon, le médecin d'Argan déclare qu'il ne veut plus être son
médecin, car Argan n'a pas pris un lavement qu'il lui avait prescrit (Béralde, le frère
d'Argan, s'y était opposé). Béralde annonce à Argan qu'il va lui trouver un autre médecin,
et c'est la servante Toinette (alliée à Béralde pour dissuader Argan de forcer sa fille à se
marier) qui réapparaît déguisée en médecin. Toinette ausculte Argan en exagérant
largement les traits pour monter à Argan le ridicule de ses médecins. Puis Toinette veut
montrer à Argan que sa femme Béline ne l'aime pas. Argan fait semblant d'être mort, et
Béline voyant cela est heureuse car elle pourra toucher l'héritage d'Argan. C'est alors
qu'Argan se lève brutalement ; Béline s'enfuit. Plus tard, Cléante, implore Argan de le
laisser épouser sa fille. Argan accepte… à condition que Cléante devienne médecin.
Finalement, Béralde parvient à convaincre son frère Argan de se faire lui-même médecin.
A) Le genre théâtral
Le tragique ; Le comique ; Le burlesque ; La farce ; La tragi-comédie ; Le
dramatique, etc.

Le genre théâtral est caractérisé par le fait que l’histoire est destinée à être
jouée par des comédiens. Le texte est donc écrit sous forme de dialogues entre
différents personnages.

Tout le texte, est destiné à être lu, à l’exception des indications en italiques, les
didascalies. Les didascalies sont écrites pour aider le jeu des acteurs et du
metteur en scène. Il peut s’agir d’expressions du visage, du ton de la voix, de
mouvements sur scène, de sortie de scène, etc. Les noms des personnages sont
eux souvent écrits en majuscule.

Chaque texte théâtral comprend les noms de chaque personnage suivis par les
répliques correspondantes.

Le vocabulaire du théâtre :
Acte (n. m.) : partie de la pièce qui marque les éléments importants de
l’action. Une pièce classique est composée de trois ou cinq actes divisés en
scènes.

Scène (n. f.) : division d’un acte entre l’entrée et la sortie d’un personnage.

Antonomase (n. f.) : se dit lorsqu’on utilise le nom d’un personnage comme
un nom commun pour désigner un personnage de même caractère. Les
personnages de Molière ont donné lieu à de nombreuses antonomases, par
exemple, on parle d’un Harpagon pour désigner quelqu’un d’avare ou d’un
Scapin pour désigner quelqu’un de fourbe.

Dialogue (n. m.) : échange entre deux personnages d’une pièce de théâtre.

Réplique (n. f.) : texte prononcé sans être interrompu par un même
personnage au cours d’un dialogue.

Tirade (n. f.) : longue suite de phrases prononcées par un même personnage
sans interruption.

Monologue (n. m.) : scène où un personnage est seul sur scène et où il se parle
à lui-même (le véritable destinataire est en réalité le public), souvent pour
annoncer un projet ou pour exprimer des idées ou des sentiments.

Didascalie (n. f.) : indication scénique donnée par l’auteur pour guider le jeu
du comédien. Souvent écrite en italique, elle peut préciser les gestes, les
déplacements, les mimiques ou le ton du personnage.

Aparté (n. m.) : paroles que le personnage dit à l’intention du public et que les
autres personnages sur scène ne doivent pas entendre.

Quiproquo (n. m.) : situation où un personnage commet une erreur en prenant


une personne ou une chose pour une autre. C’est un ressort récurrent de la
comédie.

Dramaturge (n. m.) : auteur de pièces de théâtre.

Mise en scène (n. f.) : art de faire représenter une pièce de théâtre par des
comédiens, de les guider dans leur jeu et de décider de tout ce qui les entoure :
décors, costumes, etc.

La repartie : réplique brève, souvent cinglante. Elle souligne la vivacité de


l’affrontement entre les personnages. Elle renforce le comique ou le tragique.

Les stichomythies : échange vif de répliques rapides qui marquent une


accélération du dialogue.

deus ex machina : Dans une pièce de théâtre, intervention d'un dieu, d'un
être surnaturel descendu sur la scène au moyen d'une machine. 2.
Personnage ou événement inattendu venant opportunément dénouer une
situation dramatique.
Jeu de scène :

Illusion théâtrale :

Commedia dell’arte :

Coup de theatre :

Double énonciation :

Bastonnade :

Les différents types de comiques

UNE FICHE DE CITATIONS

Acte 3 scène 14 : Béralde: <l’on n’a qu’à parler avec une robe et un
bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient
raison>
Problématique possible Comment cette ultime comédie de Molière ouvre-t-elle à un
questionnement philosophique ?
Plan possible
I. Une pièce divertissante
A. Instruire et plaire : précepte classique ici plaire ; il s’agit de divertir la cour d’où la variété de ton
de tous les intermèdes (4) avec l’églogue initiale : multitude de personnages et de tonalités
musicales, depuis la pastorale : églogue et deuxième intermède + opéra impromptu d’Angélique et
Cléante, jusqu’à la musique encomiastique de l’églogue.
B. L’églogue initiale doit elle aussi plaire au roi et lui rendre hommage (ici Louis XIV est de retour
des campagnes de Hollande) la musique (telle que représentée au théâtre du Châtelet en 1990 par le
grand chef baroque William Christie, répète Louis forte puis piano repris par le choeur et en écho.)
C. L’ensemble de la pièce de tonalité baroque de ce point de vue mêle des tons très variés, depuis le
tragique Argan en proie à sa névrose obsessionnelle d’hypocondriaque subjugué par l’autorité des
médecins jusqu’à Toinette et Polichinelle qui eux incarnent plutôt la farce (coups de bâton, duo
archers, Polichinelle et même aussi Polichinelle et violons). Polichinelle hommage à la commedia
dell’arte grande source d’inspiration pour Molière qui partageait l’espace scénique avec la troupe
des Italiens.
II. Une pièce comique
A. Faire rire : beaucoup d’effets comiques
 Situation : quiproquo Angélique et Cléante improvisant un « opéra impromptu » mettant en
scène Tircis et Philis dont le mariage est empêché par le père de la belle. Mise en abyme = révélateur
de Vérité.
 Parole : « le poumon ! » Toinette médecin de pacotille diagnostiquant doctement une affection
pulmonaire à Argan qui expliquerait tous ses maux. Comique verbal de répétition
 De caractère surtout : Argan seul en scène pathétique et tragique, avare et crédule face aux
soins dispendieux occasionnés par M. Purgon et Diafoirus.
B. Le comique de farce : les coups de bâton et poursuites
Toinette et Argan + 1er intermède
C. Polichinelle invraisemblance et outrance d’un comique invraisemblable = une interrogation
humaine

III. Une pièce philosophique


A. Une lecture moderne de l’amour Angélique « féministe » avant l’heure défend une
vision moderne de l’amour qui doit être l’expression de sentiments et favoriser
l’émancipation (Molière visionnaire sur cette question, vision moderne)
B. Béralde, portrait de « l’honnête homme » éloge de la modération, de la tempérance
antique face aux « puissances trompeuses » que sont la crédulité et la foi aveugle en
la médecine
C. Condamnation ferme de toute forme de tyrannie pour l’esprit hymne à la comédie,
autocitation parodique : la comédie soigne et guérit tous les maux : « castigat ridendo
mores » corriger les moeurs en amusant, il s’agit bien de mettre en scène une pièce
qui chante les vertus du spectacle : le deuxième intermède introduit par Béralde fait
explicitement du spectacle des Egyptiens déguisés en maures, une thérapie.
D. Par ailleurs le théâtre est instrument de vérité dans le sens où chaque mise en abyme
révèle une vérité
 Angélique peut déclarer ouvertement son amour à Cléante lors du « petit opéra
impromptu »
 Louison montre à son père qu’elle sait le berner citant même les vertus des Fables
pour échapper aux questions pressantes de son père puis contrefait la morte pour
parer les coups
 Béline révèle sa vraie nature lorsqu’Argan fait le mort
 Angélique fidèle à son père proclame renoncer à son amour si son père est mort
et lui jure ainsi fidélité filiale jusque dans la mort
 Enfin Argan intronisé médecin triomphe de son illusion grâce à cette comédie en
latin de cuisine au fonctionnement sectaire, comme la religion embrigadait les
foules au XVIIe : ce triomphe de l’illusion marque également le triomphe du
théâtre comme divertissement surpassant tout.

Sujet 1 Molière, Le Malade imaginaire, 1673


Un cri(que écrit à propos de la pièce : « Fin virevoltante, sans doute, que celle du Malade, mais
profondément pessimiste sur la nature humaine soumise au règne des puissances trompeuses ».
Que pensez-vous de ce7e analyse de la pièce ?
Vous traiterez ce sujet en vous appuyant sur votre connaissance de l’oeuvre et des textes étudiés
dans
le cadre du parcours associé.
I. Analyse du sujet
 « Fin virevoltante » Un dénouement joyeux et léger, dynamique
 « Sans doute » une supposition, peut-être
 « Profondément pessimiste » une pièce sombre, triste, voire tragique, antonyme optimiste
 « La nature humaine » : la mort, la maladie, les conflits intrafamiliaux, ce qui l’homme,
l’humanité
 « Les puissances trompeuses » : superstitions, croyances, dogmatisme, imagination, crédulité
II. Problématique « Le Malade imaginaire n’est-il qu’une pièce sur les
pouvoirs délétères de l’illusion ? »
Plan possible
I. Le Malade imaginaire, d’abord hymne au théâtre et au spectacle à l’image de son
dénouement
A. L’esthétique baroque du divertissement : prologue et intermèdes
Ex. 1er intermède Polichinelle, éloge du pouvoir royal et églogue beauté de la danse
(plutôt esthétique classique)
B. Les multiples mises en abyme : le théâtre, un outil de vérité
Ex. « Opéra impromptu », II, 5 ; Louison, II, 8 ; Angélique et Béline, III, 12 et 13 ;
Toinette déguisée en médecin, III, 10
C. Un dénouement festif pourquoi ?
Le triomphe de l’illusion ! 3e intermède Latin de cuisine/ comique ; joie collective mais
aussi réflexion : Argan ne sera pas médecin pour autant, comment se délivrer de ses
illusions ?
« Castigat ridendo mores »= instruire en amusant, « Instruire et plaire ». Double
fonction pédagogique et ludique du théâtre.
II. Le Malade imaginaire, une interrogation universelle sur l’homme et ses faiblesses
A. La question de l’amour sujet traditionnel de comédie
Discours novateur sur la liberté féminine Angélique, II, 6
B. La maladie et la mort : quelle vision de l’homme dans la dernière pièce de Molière ?
La peur de la mort omniprésente « contrefaire le mort » ; l’obsession d’A. pour les
soins cf. monologue d’exposition.
C. L’homme victime de son imagination : comment soigner l’homme ?
Eloge de la modération, de la réflexion et de l’esprit critique : avec Béralde III, 3 ; le
théâtre = le meilleur remède cf. le 2e intermède.
D. Soigner le mal par le mal : Argan conforté dans ses illusions mais maître de lui-même
une fin en forme de pirouette ?

Sujet 2 Molière, Le Malade imaginaire, 1673

Le metteur en scène Claude Stratz a écrit : « La dernière pièce de Molière commence dans les teintes
d’une journée finissante. C’est une comédie crépusculaire. » Partagez-vous ce7e vision du Malade
imaginaire ?
I. Analyse du sujet
 « Teintes » : couleurs ; fin de vie ; début déjà sombre ?
 « Journée finissante » une pièce triste immédiatement
 « Crépusculaire » : métaphore ; coucher du soleil ; fin de vie ; tristesse, tragique ; maladie
II. Problématisation
« La pièce de Molière est-elle triste ? »
III. Plan
I. Une pièce sombre ?
A. Une pièce sur la maladie
Ex. Monologue d’exposition
Un personnage hanté par ses obsessions la maladie et l’argent que cela lui coûte
B. Des amours empêchées ou intéressées
1) Ex. Béline, un personnage intéressé, I, 8
Le notaire, les questions d’héritage
2) Une jeune fille qui revendique sa liberté
Ex. II, 6 Angélique
Pour un amour et mari librement choisis et consentis
C. Une foi inquiétante en la médecine
Ex. A. privé de soins panique III, 4
Un personnage dépendant, égaré par ses illusions.
II. Le triomphe du théâtre comme outil de vérité : rire pour apprendre
A. La farce y domine : le modèle de la commedia dell’arte
Ex. Polichinelle 1er intermède
Le jeu avec les violons ou les gardes, coups de bâton et ivresse stéréotypes du théâtre
masqué italien un jeu pour rire mais aussi interroger sur les faiblesses de l’homme
B. Le goût royal des divertissements
Ex. Eglogue initiale
Louange du pouvoir royal et de la joie que le roi dispense à ses sujets (registre
encomiastique)
C. La jubilation des mises en abyme comme instruments de révélations
Ex. II, 5 « opéra impromptu » Comment se libérer des carcans sociaux ?
Ex. Louison II, 8 Jubilation du théâtre dans le théâtre
Ex. Béline et Angélique la fausse mort d’Argan comme révélateur de vérité
Ex. Toinette déguisée en médecin, III, 8 le mensonge à son comble ; comique de
répétition verbal = Le poumon
Ex. Le divertissement final. Triomphe de l’illusion latin de cuisine et comiques à
profusion ; condamnation de l’obscurantisme et de la crédulité sous toutes ses formes !
Sujet 3 Molière, Le Malade imaginaire, 1673

Œuvre : Molière, Le Malade imaginaire Parcours : Spectacle et comédie


Évoquant le théâtre de Molière, un critique affirme que « tout [y] est apparence, tout cherche à [y]
plaire. » Cela vous semble-t-il pouvoir caractériser Le Malade imaginaire ? Vous répondrez dans un
développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre de Molière au programme, sur
le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture linéaire.
I. Analyse du sujet
 « Apparence » illusion, fausseté, côté superficiel
 « plaire » plaisir, divertissement, comique
II. Problématique Le Malade imaginaire est-il seulement des-né à divertir ?
III. Plan
I. Une pièce pour divertir
II. Une pièce pour faire réfléchir

Sujet 4 Molière, Le Malade imaginaire, 1673

Œuvre : Molière, Le Malade imaginaire Parcours : Spectacle et comédie


Le metteur en scène Philippe Adrien parle du Malade imaginaire comme « d’une antichambre de la
mort où l’humour parvient à peine à conjurer l’horreur. »
Partagez-vous cette vision de la pièce ?
I. Analyse du sujet
 « Antichambre de la mort » ce qui précède la mort ; une prépara-on à la mort
 « L’humour » comédie, comique, farce
 « à peine à conjurer l’horreur » questions graves voire tragiques dominent la pièce, l’humour ne
domine pas
II. Problématique « Gravité et pessimisme dominent-elles la pièce ? »
III. Plan
I. Une dernière pièce dominée par le pessimisme et la noirceur humaines
II. Une pièce qui célèbre le théâtre et sa force subversive
Le terme « fantaisie » vient du grec phantasia qui signifie « apparition », « vision », il
suggère le fait de « montrer », de « rendre visible par l’image ». Le sujet renvoie donc au
titre de la comédie comme au parcours : comment montrer et rendre visible sur scène
une maladie qui n’existe que dans l’esprit d’Argan ?
Jusqu’au XVe siècle, le sens évolue et le mot « fantaisie » devient peu à peu synonyme
d’« imagination ». Il signifie la capacité d’imaginer le monde et de le réinventer sans
cesse, d’improviser.
Dans son acception actuelle la plus courante, la fantaisie correspond à une certaine
liberté d’esprit. Le mot évoque une forme d’excentricité, l’univers du jeu, des masques.
Dans la pièce de Molière, le seul nom de Polichinelle, parce qu’il est associé à celui
d’Arlequin, est le signe d’un théâtre fantasque, qui ne se prend pas au sérieux.
Plusieurs démarches sont donc possibles pour traiter le sujet.
Le candidat peut s’interroger sur la fantaisie qu’instillent dans la pièce l’hypocondrie
d’Argan et la présence de la danse et de la musique.
L’élève peut aussi se demander s’il n’y a rien de sérieux dans cette pièce comique, si la
fantaisie est pure.
Il pourra encore questionner les pouvoirs de la fantaisie, de l’imaginaire et du
théâtre : la fantaisie est-elle au service de la vérité ou vaut-elle pour elle-même
et en elle-même ?

La fantaisie d’une pièce qui met en scène une maladie purement imaginaire.
 La tonalité fantaisiste s’impose d’emblée.
Le prologue chanté installe dès le début un climat de féérie en situant l’action dans une
temporalité mythologique gréco-romaine. La fête, présidée par Flore et Pan, donne lieu
à des dialogues en vers chantés, dansés : on s’écarte du réalisme. Le prologue d’Argan,
dont le prosaïsme contraste fortement avec le climat enchanté de l’églogue, ne marque
pas pour autant un retour complet à la réalité la plus ordinaire : redoublant lui-même les
sons de la clochette (« drelin, drelin, drelin »), Argan termine en effet son monologue en
instillant une fantaisie qui sera constamment rappelée dans la pièce, par les intermèdes
d’abord : la fable antique est remplacée par l’exotisme des Mores lors du deuxième, et
par la cérémonie burlesque pour le dernier. Les costumes de ces intermèdes sont
souvent splendides et bariolés, comme par exemple dans la mise en scène de J.Villégier
au Châtelet en 1995. Mais même dans le corps de la comédie on relève des traces de
cette fantaisie à travers les métamorphoses de Toinette en médecin volant, l’apparition
de Béralde tel un deus ex machina qui fait surgir de nulle part une troupe de danseurs et
chanteurs (acte II scène 9), jusqu’à la petite Louison qui veut réciter à son père Peau
d’Âne et Le Corbeau et le Renard pour détourner son attention (acte II scène 8). Pour
dénouer l’intrigue, Béralde invite d’ailleurs la famille d’Argan à « s’accommoder à ses
fantaisies » (acte III scène 14).

 Un malade en fort bonne santé et des médecins de comédie.

La fantaisie de la pièce tient ensuite au fait que les spectateurs sont en quelque sorte
embarqués malgré eux dans la folie d’Argan. Si la comédie peut paraître de toute
fantaisie, c’est d’abord parce que sa maladie est purement imaginaire : sa colère contre
Toinette est une preuve de sa vitalité dès l’acte I scène 1, et la suite le révèle d’ailleurs
prompt à s’énerver contre Toinette et ses filles : « Argan, en colère, court après elle
autour de sa chaise, son bâton à la main » (acte I scène 5), « Il va prendre une poignée de
verges. (…) la prenant pour la fouetter » (acte II scène 8). Personnage à marotte1, il
impose à toute sa famille sa lubie tandis que les médecins en profitent.
L’onomastique du personnel médical, fondé sur des jeux de mots scatologiques, les
discrédite de prime abord. Les Diafoirus ne correspondent pas à la réalité de la médecine
moderne à l’époque de Molière, ils sont bien plus inspirés par la tradition de la satire
médicale et de l’Université : la circulation du sang est par exemple découverte par
Harvey en 1615, elle est admise par les médecins de la cour mais Thomas Diafoirus se
vante d’avoir « contre les circulateurs soutenu une thèse » (acte II scène 5). Ses pratiques
(la disputatio « il n’y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les
disputes de notre École ») le renvoient à la scolastique médiévale. Les costumes
fantasques des médecins dans les mises en scène de Claude Stratz, par les masques noirs
notamment, les associent à des personnages de la commedia dell’arte ; dans celle de
Georges Werler, les gants, masques et charlottes chirurgicales apparaissent comme des
signes excessifs qui contrastent avec les longues robes blanches datées.

 Une composition fantaisiste


L’invraisemblance qui règne dans la comédie est bien la marque d’un spectacle de pure
fantaisie. La composition d’ensemble est assez lâche dans cette « comédie mêlée de
danse et de musique » : les règles d’unité d’action, de lieu et de temps, souvent dictées
par le souci de la vraisemblance, éclatent en effet du fait de l’insertion des ballets. Dans
l’ensemble des comédies-ballets se pose le problème de la couture entre les intermèdes
et les dialogues, comme le formule clairement l’Avis des Fâcheux : « le dessein était de
donner un ballet aussi ; et comme il n’y avait qu’un petit nombre choisi de danseurs
excellents, on fut contraint de séparer les entrées de ce ballet, et l’avis fut de les jeter
dans les entractes de la comédie, afin que ces intervalles donnassent temps aux mêmes
balladins de revenir sous d’autres habites. De sorte que, pour ne point rompre aussi le fil
de la pièce par ces manières d’intermèdes, on s’avisa de les coudre au sujet du mieux
que l’on pût, et de ne faire qu’une seule chose du ballet et de la comédie. »
Dans Le Malade imaginaire, les « coutures » sont souvent visibles : seul l’opéra
impromptu entre Cléante et Angélique et le ballet final sont véritablement intégrés à
l’action principale ; le premier intermède y est faiblement rattaché parce que Polichinelle
est présenté comme l’amoureux de Toinette, le second est une rencontre de hasard de
Béralde. Même dans l’action de la comédie, trois fils se mêlent : l’acte I est celui où se
résout presque tout de suite la question du mariage entre Angélique et Cléante, avec la
déroute des Diafoirus ; Béralde tente en vain dans l’acte II de ramener Argan à la raison,
l’acte III revient sur la comédie de Béline. Certaines scènes se succèdent à la manière de
numéros comiques prévus par Molière en fonction des points forts des comédiens de sa
troupe, telle la scène répétitive du poumon jouée par Madeleine Béjart. L’écriture de la
pièce suit une dramaturgie du lazzo inspirée par les Italiens auprès desquels jouait
Molière au théâtre du Marais : il travaille aussi en improvisation avec sa troupe et écrit
tout en répétant, comme le montre L’Impromptu de Versailles.

La fantaisie se mêle pourtant à la vérité.


 La maladie imaginaire ou la peur bien réelle de la mort.
Le rire et la fantaisie comique permettent d’aborder un sujet extrêmement angoissant :
la misère de l’homme devant la maladie et la mort. Le titre de la pièce révèle une
mutation profonde des modèles des comédies espagnoles et italiennes dont s’inspire
Molière : il renverse la hiérarchie entre le couple des deux jeunes amants et le
personnage obstacle, lequel occupe désormais le premier plan : s’il ne joue aucun rôle
moteur dans une action qu’il chercherait à empêcher, il incarne en revanche un vice
moral.
Cette misère d’Argan est visible dès la scène d’exposition, qui prend la forme d’un
monologue, ce qui est exceptionnel dans les pièces de Molière. Argan raisonne et
calcule avec justesse, négocie ses paiements, mais il est aveuglé par sa marotte, la
hantise de la maladie. Or un malade est toujours seul. Même entouré, il aura toujours le
sentiment que personne ne comprend son mal. Argan manifeste ainsi un égoïsme
absolu, voire un narcissisme complaisant : il s’aime malade et à travers la maladie (qui
lui permet d’exercer un chantage à la mort : « mamour, cette coquine-là me fera mourir
[…] elle est cause de toute la bile que je fais […] et il y a je ne sais combien de temps que
je vous dis de me la chasser » acte I scène 6), et il exprime un désir pathologique de
bien-être, jusque dans une régression infantile que satisfait Béline en le nommant « mon
fils », « mon petit fils », « mon pauvre petit mari ». Le jeu de Michel Bouquet fait
particulièrement ressortir ce besoin, dans la mise en scène de Georges Werler. Celle de
Philippe Adrien (2003), qui fait jouer les rôles d’Argan et de Béline par des comédiens
aveugles et Toinette par une comédienne sourde, explore le monde intérieur du
protagoniste, son imaginaire, et projette sur scène la manière dont Argan voit le monde
à travers sa maladie. Le ridicule d’Argan, exagéré et caricatural, permet de tendre un
miroir au spectateur et de lui révéler une vérité, qui apparaît alors avec une lumineuse
évidence : l’extravagance et l’outrance sont paradoxalement la forme spécifiquement
comique de la vraisemblance, il y a bien une part de vérité dans la grimace difforme.

 La puissance de l’imagination aux dépens de la raison.

Les médicaments et potions qu’Argan additionne sont la seule trace tangible de sa


maladie, ils signalent objectivement sa véritable hallucination. Il est malade parce qu’il
se croit tel, tant sont grands les pouvoirs de l’imagination sur le corps. La pièce exhibe
sur scène les rapports trompeurs de l’esprit et du corps. Victime de sa marotte, Argan
souffre d’une mélancolie qui à la fois monte de son entre (d’où les innombrables
remèdes laxatifs de M.Purgon) et descend de son esprit.
Face à son frère, Béralde, exemple de ces personnages raisonneurs que Molière introduit
dans ses pièces, tente en vain d’argumenter. Dans la scène 3 de l’acte III, Argan ne
comprend ni l’ironie (« Il savent la plupart de fort belles humanités, savent parler en
beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir et les diviser ; mais
pour ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point du tout »), ni la
démonstration, héritée de Montaigne, que les médecins vivent surtout de la faiblesse
humaine (« c’est une marque de la faiblesse humaine, et non pas de la vérité de leur art
»). Cette puissance de l’imagination est souvent révélée dans les mises en scène par des
accessoires démesurés qu’utilisent les médecins pour impressionner l’imagination,
comme par exemple l’espèce d’énorme tuyau-stéthoscope de Toinette dans la mise en
scène de Claude Stratz.

 L’exploitation des crédules par les habiles.

Tandis que Béralde et Toinette luttent pour détromper Argan, Béline et les médecins
préfèrent pour leur part exploiter habilement sa faiblesse. S’il n’est pas certain de
pouvoir guérir Argan et tous les malades imaginaires de leur prison, Molière s’attache
néanmoins à dénoncer les charlatans qui prospèrent sur « l’erreur populaire dont ils
profitent » (acte III scène 3). Il poursuit dans Le Malade imaginaire le combat qu’il mène
depuis Tartuffe contre les imposteurs. Les médecins présentent de nombreux points
communs avec les faux dévots : ils parlent le latin et s’expriment dans un jargon
spécialisé qui n’est pas compréhensible par l’honnête homme (« toute l’excellence de
leur art consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des
mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » acte III scène 3) ; vêtus
ostensiblement de noir, ils passent leur temps dans des conversations métaphysiques
sans se soucier réellement des faits ni de démonstration rationnelle (« un homme qui
croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques ») ; et enfin,
les médecins comme les religieux fanatiques sont prêts à sacrifier les autres à leur
croyance (« c’est de la meilleure foi du monde qu’il vous expédiera, et il ne fera, en vous
tuant, que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin il ferait à lui-
même » acte III scène 3).
Sous le voile prudent de la satire médicale, Molière reprend en réalité les idées
développées par les libertins contre la religion. Argan croit d’ailleurs en la médecine
comme un fidèle (« vous ne croyez donc point à la médecine ? » demande-t-il à Béralde,
acte III scène 3), il suit les prescriptions comme des rites conjuratoires. Les médecins de
leur côté se comportent comme des prêtres intransigeants : le soupçon d’apostasie
entraîne une sorte d’excommunication médicale insensible aux appels à la pitié d’Argan
dans la scène 5 de l’acte III (« que vous tombiez dans la bradypepsie » etc).

L’éloge de la fantaisie : les pouvoirs du théâtre

 Argan sur la voie de la guérison par la fantaisie du jeu.

La pièce propose une réflexion sur le pouvoir de l’illusion : le motif théâtral est
omniprésent, sous la forme des spectacles ou des déguisements (Cléante acte II,
Toinette acte III scène 8). Or la feinte permet de faire triompher le vrai et le juste :
Toinette déguisée en médecin réussit à provoquer pour la première fois la rébellion
d’Argan contre une prescription médicale. La comédie de la mort que Toinette invite
Argan à jouer dans l’acte III, et qui fait suite à celle de Louison dans la scène 8 de l’acte II,
marque d’autres évolutions : Argan laisse enfin cours à sa bonté naturelle face à sa fille ;
le fait de jouer la comédie de sa propre mort lui permet d’apprivoiser ses angoisses,
perce à jour les imposteurs et rétablit l’unité familiale. La feinte fait advenir la vérité des
coeurs, comme cela avait déjà été le cas dans l’opéra impromptu entre Cléante et
Angélique. Alors que Toinette et Béralde échouent à raisonner Argan, ils parviennent à
leurs fins en se muant en génie du foyer et en enchanteur, en délaissant la
démonstration logique pour la démonstration esthétique. La comédie de la mort est une
métaphore du jeu théâtral, qui demande de prendre la place d’un autre et de mourir à
soi-même.

 La célébration des plaisirs et de la fantaisie.


Argan entre donc dans la voie de la guérison par le spectacle davantage que par les
remèdes prescrits par ses médecins, ainsi que le dit Béralde en introduisant la troupe
des Égyptiens : « ce sont des Égyptiens, vêtus en Mores, qui font des danses mêlées de
chansons, où je suis sûr que vous prendrez plaisir ; et cela vaudra bien une ordonnance
de M.Purgon. » (acte II scène 9). La vie est du côté de la fantaisie, de la poésie, de la
musique et de ses plaisirs : célébré dès le début par Flore, le printemps est de nouveau
chanté par les Mores ; Toinette-médecin prescrit un régime pantagruélique qui invite à
profiter des plaisirs de la vie (« il faut boire votre vin pur ; et pour épaissir votre sang qui
est trop subtil, il faut manger de bon gros boeuf, de bon gros porc, de bon fromage de
Hollande, du gruau et du riz… » acte III scène 10).
Par la grâce de la fiction, la pièce se termine sur un double dénouement heureux, le
mariage d’Angélique et la guérison d’Argan. Le dernier intermède se distingue par son
extravagance, aussi bien dans la créativité verbale du latin macaronique que dans
l’inventivité musicale de Charpentier qui transforme les mortiers des pharmaciens en
instruments de musique ; la fantaisie débridée du « carnaval autorise cela » (acte III
scène 14). Le spectacle total du ballet ravit tous les sens du spectateur, et la pièce se
termine dans une ambiguïté certes joyeuse : pour Argan, ce n’est pas un jeu, ce spectacle
possède le même degré de réalité que les échanges qui le précèdent. La version de 1682
accentue le décrochage fictionnel ; en 1675 en effet, Béralde disait : « Ce n’est pas tant
se railler que de s’accommoder à son humeur, outre que pour lui ôter tout sujet de se
fâcher quand il aura reconnu la pièce que nous lui jouons, nous pouvons y prendre
chacun un rôle, et jouer en même temps que lui. Allons donc nous habiller. » En 1682, il
n’évoque plus une possible prise de conscience d’Argan : « Mais ma nièce ce n’est pas
tant le jouer que s’accommoder à ses fantaisies. Tout ceci n’est qu’entre nous. Nous y
pouvons aussi prendre chacun un personnage, et nous donner ainsi la comédie les uns
aux autres. Le carnaval autorise cela. Allons vite préparer toutes choses. ». Argan est
donc plus diverti que soigné ; de fou dangereux, il est devenu fou innocent : cela révèle
autant le pessimisme de Molière moraliste que sa foi dans la force vitale de la comédie
et dans son propre art.

La comédie ou la peinture satirique des vices humains se colore d’une fvisée


morale

Les thèmes importants :


La Médicine :

Molière dresse dans Le Malade imaginaire une satire féroce de la médecine.

Au XVIIème siècle, l’Europe connaît des avancées majeures en médecine car, sous
l’impulsion de René Descartes, elle se dote de méthodes scientifiques.
Mais les médecins que nous voyons dans le Malade imaginaire sont des
personnages prétentieux, dissimulant leur ignorance derrière des mots savants et
un latin de cuisine.

Ce sont des pédants et des rhétoriqueurs plutôt que des scientifiques. Leurs
pratiques qui remontent à l’Antiquité, comme le lavement et la saignée, sont non
seulement incapables de guérir, mais précipitent la mort des patients.

Le médecin n’impressionne que par son habit et ses discours savants. Ainsi, à la
fin de la pièce, il suffit à Argan de revêtir la tunique pour être intronisé médecin :

Argan – Quoi ! L’on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ?
Béralde – Oui. L’on n’a qu’à parler ; avec une robe et un bonnet, tout galimatias
devient savant, et toute sottise devient raison.

Le mariage :

Le Malade imaginaire confronte quatre types de mariages possibles :

 Le mariage avec Dieu : c’est la menace du couvent.


 Le mariage d’intérêt : celui que Béline a contracté avec Argan.
 Le mariage arrangé (ou mariage de raison) : celui d’Angélique et Thomas
Diafoirus
 Le mariage fondé sur les sentiments (ou mariage d’amour) : celui
d’Angélique et Cléante.

Avec le quiproquo de Thomas Diafoirus qui confond au départ sa future femme


Angélique avec sa belle-mère, Molière critique ironiquement le mariage de raison
fondé sur des personnes interchangeables.

Le mariage d’intérêt est également blâmé à travers le subterfuge utilisé par Toinette
pour révéler les intentions vénales de Béline.

Le mariage d’amour est mis à rude épreuve à travers la figure paternelle qui utilise
ses enfants pour servir ses propres intérêts, mais c’est ce mariage qui finira
par triompher.

Conscient de l’injustice de la condition des femmes, Molière défend une conception


du mariage dans lequel l’avis des femmes devrait être pris en compte.

La vérité :

Au début de la pièce, Argan vit dans l’illusion. Il croit en la médecine, en l’amour


de Béline, au mariage arrangé entre sa fille et Thomas Diafoirus.

La maladie qui l’affecte est bien plus l’erreur et le manque de lucidité que la
pneumonie.
Toinette, par son subterfuge, fait émerger la vérité : Argan comprend que Béline
est intéressée et qu’Angélique est raisonnable et aimante.

Néanmoins, Argan persiste dans ses illusions sur la médecine. Ni les discours
de Béralde ni la colère de M. Purgon ne parviennent à lui ouvrir les yeux sur les
médecins. Prisonnier de sa peur de mourir, il demande à Cléante de se faire
médecin avant de le devenir lui-même.

Le divertissement :

Le divertissement est une thématique fondamentale du Malade imaginaire.

En effet, cette comédie-ballet est un spectacle total qui intègre la musique, le


chant et la danse. Les intermèdes occupent une part importante de la pièce, en
termes de temps et d’investissements dramaturgiques (musique réalisée par le
compositeur Marc-Antoine Charpentier, costumes, décors, chorégraphie).

Par ces intermèdes qui chantent le triomphe de l’amour ou de la joie, Molière


cherche avant tout à plaire aux goûts du public de son temps.

Ces intermèdes font également partie d’un décorum de cour qui montre
la puissance du règne de Louis XIV et visent à s’attirer les bonnes grâces du roi.

Les caractéristiques de l’écriture de Molière :

Le Malade Imaginaire est avant tout une comédie qui utilise tous les ressorts
comiques traditionnels :

 Le comique de mots, notamment avec le latin de cuisine lors du


3ème intermède qui n’a rien à voir avec le latin spécialisé du vocabulaire
médical.
 Le comique de répétition dans l’affrontement entre Toinette et Argan à
propos du mariage d’Angélique et de la menace de la faire entrer dans un
couvent : « – Non ? – Non». Ou lorsque Toinette se déguise en médecin et
répète le diagnostic « Le poumon » quel que soit le symptôme énoncé par
Argan.
 Le comique de caractère, avec des personnages types et caricaturaux :
Argan le barbon hypocondriaque, Toinette, la servante insolente.
 Le comique de situation, notamment dans le troisième intermède lorsque
Argan est fait médecin dans « Une cérémonie burlesque » où alternent récits,
latin improvisé, chants et danse qui n’ont pas grand-chose à voir avec une
soutenance de thèse de médecine.

Le trait est également satirique : les médecins sont caricaturaux et l’ironie de


Toinette bouscule la hiérarchie sociale entre maîtres et servants (« Quand un maître
ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. »
I,5)

Le parcours spectacle et comédie :

Spectacle et comédie sont intimement imbriqués dans Le Malade imaginaire.

Cette comédie-ballet offre en effet un spectacle total qui mêle chants, danses et
musique. Mais les intermèdes ne sont pas des ajouts superflus pour divertir le
spectateur : ils sont intimement liés à l’intrigue et accentuent son effet comique.

Par ailleurs, cette comédie s’appuie sur le procédé de théâtre dans le théâtre : tout
au long de la pièce, les personnages organisent des spectacles dans le spectacle,
multipliant là aussi le plaisir comique.

La comédie-ballet : un spectacle total

Le Malade Imaginaire est fondé sur le spectacle et la comédie.

La comédie-ballet est le creuset de trois arts très prisés à la cour de Louis XIV : l’art
dramatique, le chant et la danse.

La pièce alterne donc entre une intrigue de théâtre et des pièces chantées ou
dansées.

Mais les moments chantés et dansés sont rigoureusement liés à l’intrigue :

 Le prologue évoque la gloire de Louis XIV et annonce le thème de la pièce


en chantant les amours de bergers et bergères.
 Le premier intermède reprend le motif de l’amour malheureux avec
Polichinelle qui chante son amour pour Toinette dans une scène de
Commedia dell’Arte.
 Le deuxième intermède, avec les Égyptiens déguisés en Mores, place la
question du mariage au cœur de l’intrigue : « Quel parti faut-il prendre / Pour
nos jeunes cœurs ?»
 Le troisième intermède revient sur la satire de la médecine. Argan est
intronisé médecin dans une atmosphère de danse et de chant avec des
docteurs qui parlent un latin de cuisine comique.

Le Malade imaginaire est de ce point de vue un véritable spectacle qui stimule les
sens auditif et visuel et convoque plusieurs arts pour la satisfaction de la cour et du
spectateur contemporain.

Le théâtre dans le théâtre : des spectacles dans le spectacle


Dans cette pièce, le spectacle est aussi celui qu’organisent les personnages eux-
mêmes.

Toinette est, de ce point de vue, le metteur en scène de nombreuses scènes


de théâtre dans le théâtre. La plus frappante est la mise en scène de la fausse
mort d’Argan qui permet de démasquer la vénalité de Béline et de révéler la loyauté
d’Angélique.

Béralde joue le rôle d’organisateur de spectacles car c’est souvent lui qui introduit
les intermèdes, comme lorsqu’il annonce les danseurs mores pour calmer la colère
d’Argan : « Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera
votre chagrin ».

Plus généralement, le procédé de théâtre dans le théâtre est abondamment utilisé


dans la pièce, par exemple lorsque Louison fait semblant d’être morte, quand
Cléante et Angélique se déclarent leur amour à travers un opéra improvisé, quand
Toinette se déguise en médecin ou lorsque Molière se met lui-même en abyme dans
l’échange polémique entre Argan et Béralde : « ARGAN – C’est un bon impertinent
que votre Molière avec ses comédies » (III, 3).

Ces procédés de mise en abyme accentuent l’effet comique car ils donnent une
légèreté à la pièce et dédramatisent l’intrigue.

Spectacle et comédie se répondent donc dans le Malade Imaginaire. La comédie-


ballet crée un système cohérent qui correspond parfaitement à l’esprit de cour de
l’époque et à l’idéal classique de plaire et instruire.
Le Malade Imaginaire, acte I scène 1 :

Argan :
Une satire de la médecine :

Molière profite du discours rapporté de l'apothicaire pour se moquer de la


médecine de son epoque.
Monsieur Fleurant fixe les prix d'une facon qui relève plus du commerce
que de la médecine : « Les entrailles de monsieur, trente sols ».
Argan renforce lui-même cet effet : « Trente sols un lavement !». Le
médicament est avant tout caractérisé par son prix et non par ses effets.
Le champ lexical du nombre sature la suite du texte (« quatre francs,
vingt et quarante sols », « une, deux , trois ... », « douze médecines »,
« vingt lavements »). Il montre que la médecine n'est pas envisagée à
travers la qualité de ses traitements mais à travers leur quantité.
Le champ lexical de l'économie et de l'argent (« sols », « plus »,
« deniers », « livres » ) rappelle que l'apothicaire est avant tout un
marchand, un commerçant. L'énumération ternaire des soins « balayer, laver
et nettoyer » relève plus du comique que de la médecine et de la science.
le comique de mots de la réplique d'Argan : « si vous en usez comme cela, on
ne voudra plus être malade ». Argan fait surgir ici un paradoxe. En effet, le
verbe « vouloir » dans la réplique « on ne voudra plus être malade » suppose
que la maladie est un choix, ce qui transforme la thérapie en loisir ou même
en plaisir.
L'acte I scène 1 du Malade imaginaire est bien une scène d'exposition.
Si elle n'expose pas le nœud de l'intrigue, elle pose le climat, le genre et
le type principal de la pièce. Molière campe son personnage de comédie
et dresse déjà la satire de la médecine.
Les mésaventures d'Argan vont faire rire le spectateur mais aussi susciter
l'interrogation philosophique, rassemblant ainsi les vertus d'une pièce
classique : plaire et instruire.

Le Malade Imaginaire, acte I scène 5:


Le Malade Imaginaire, acte I scène 6:
Le Malade Imaginaire, acte II scène 5:
Le Malade Imaginaire, acte II scène 8:
Le Malade Imaginaire, acte III scène 3:
Le Malade Imaginaire, acte III scène 14:
……………….

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