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Dom Juan de Molière, Acte 1 Scène 2 (1665)

Introduction : Dom Juan ou Le festin de Pierre est un tragi-comédie écrite en 1665 par Molière,
qui s’est inspiré du mythe créer par l’Espagnol Tirso de Molina. Cette pièce nous conte les aven-
tures d’un aristocrate espagnol et de son fidèle serviteur, inspiré de la comedia dell’arte. En
pleine époque classique, Molière créer une pièce baroque sur le sujet du libertinage. Dom Juan
subit rapidement la censure. L’extrait présenté ici est issu de la scène 2 de l’acte I de Dom Juan,
durant laquelle le héros apparaît Constitué d’un dialogue entre Sganarelle et Don Juan, son
maître, cette scène se termine par une longue tirade de celui-ci. Il y expose son libertinage en fai-
sant un éloge de l’adultère afin de répondre à la contradiction portée par son valet.

Problématiques : - Quelles sont les particularités de cette scène d’exposition ?


- Dom Juan apparaît-il ici comme un héros de comédie où de tragédie ?
- En quoi l’éloge de l’inconstance élaboré par Don Juan est-il paradoxal ?
- Peut-on parler de scène d’exposition ?
- Quels intérêts présente cette tirade ainsi placée au début de la pièce ?
- Quels sont les arguments de Dom Juan pour défendre le libertinage ?

I. Une véritable leçon d’inconstance

A) Une tirade argumentative


· Il expose sa thèse (l.7) « la constance n’est bonne que pour des ridicules »
· Argument-exemple : le cas de Don Juan « pour moi » (l.11)
· Pronoms personnels : alternance « je »/  « nous » ou « on » -> il se donne en exemple à
une généralité
· Tournures impersonnelles : « il n’est rien de si doux » (l.34-35) ➔ il veut vendre sa thèse
universelle.
· Temps verbaux : présent de vérité générale (l.7-8) + infinitif (mode impers globalisant)
(l.1-4-5)
· Stratégie argumentative
· Réfute la thèse adverse en la critiquant (l.1-7)
· Pour mieux expliquer sa thèse (l.7-8)
· Exposition des arguments : → universalité de la séduction (l.8-17)
→ impact irrésistible de la beauté (l.17-19)
→ amour repose sur la nouveauté (l.19-21)
→ bonheur de la conquête (l.22-29)

B) Une critique de la fidélité


Caricature la fidélité -> mort sociale, ne comprend pas les gens fidèles
« La constance n’est bonne que pour des ridicules »
Exagère le trait avec une oxymore et une hyperbole « d’être mort dès sa jeunesse »
-> choque et fait comprendre au lecteur sa vision de l’amour.
Méprise les personnes fidèles « la constance n’est bonne que pour des ridicules »
-> les critique. Sa vision est >, fidélité injuste
? Sur comment ils font pour résister « je cède facilement à cette douce violence dont elle nous
entraîne ». -> anormal
« Nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour »
-> comme une mort, impossible de résister aux supplices de la vie
Critique virulente de la fidélité

C) Un éloge de l’infidélité
Moral, honnête, naturel
« La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle »
Désaccord avec Sg. -> femme = objet dès le début de la tirade « Quoi ? Tu veux qu’on se lie à
demeurer au premier objet qui nous prend »
-> ? vive montre qu’il ne comprend pas la vision des choses de Sg. Et va expliquer sa propre vi-
sion des choses qui est la meilleure.
Il est contre l’opinion, utilise des termes forts (question rhétorique)
-> « qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? »
Infidélité = droit , chose de juste « toutes les belles ont droit de nous charmer »
Champ lexical de la beauté « la beauté me ravit »
-> c’est au-dessus de sa personne de pouvoir résister au charme, il suit la nature, c’est elle qui
l’oblige à être infidèle.
Oxymore « douce violence » -> exprime ses idées + hyperbole « dix mille »
Éloge de l’infidélité -> homme qui aime plaire aux femmes et séduire -> II

II. Un homme séducteur

A) Dom Juan, maître de l’art du langage


Préciosité du langage : thème de l’amour « objet », « douceur extrême » + recherche de lexique
« inclinations », « objet » + tournure recherchée « la belle chose de ».
Rythme : ternaire puis changement -> petits mots qui rythment la tirade « Quoi », « Non », « Pour
moi », « Après tout », « Enfin », « Mais ».
Jeu sur les oppositions : -> singulier/ pluriel : « femme(s) », « belle » vs « autres.
-> fidélité/ libertinage

B) L’amour comme une conquête

Champ lexical de la guerre (triompher, conquérants, victoire…)


-> amour comme une guerre, emporter à tout pris pour le coeur d’une femme
Il cherche les défis, les conquêtes
DJ se compare à Alexandre de Macédoine, grand conquérant grec dans l’antiquité
-> DJ est orgueilleux, se sent supérieur aux autres, raison sur tout
Alexandre fut un modèle pour Napoléon et Jules César
-> se sent supérieur aux autres
Finit sa tirade avec « étendre mes conquêtes amoureuses »
-> considère les femmes comme des conquêtes de guerre à obtenir
 DJ est inconstant et infidèle en amour. Ces caractéristiques sont propres au libertin

C) Un homme libertin
Il revendique une liberté absolue
L’hyperboles ligne 145 « cent hommages » et ligne 142 « j’en avais dix mille »
Comme Alexandre, il veut conquérir les cœurs
Il refuse le mariage pour ne pas se priver des autres beautés
 
  C’est donc un esthète, il aime la beauté sous toutes ces formes
 Vocabulaire du regard lignes 127, 130, 138 souligne le désir.
Il définit l’amour comme un art militaire, il faut être stratège pour séduire. DJ séduit grâce à ses
paroles, il les charme pour obtenir ce qu’il veut.

Conclusion :
A travers cette scène 1 de l’acte 2 de Dom Juan de Molière, nous pouvons voir qu'il montre un
texte présentant un véritable éloge de l’inconstance ainsi que le séducteur qu’est Dom Juan, le
personnage principal.
Dom Juan est donc un personnage avec de grandes qualités oratoires, et il a une force de per-
suasion impressionnante appuyé par des arguments quasiment irréfutables. Malgré tout, il reste
un personnage ambigu, qui d’un côté ne voit que la beauté en la gente féminine mais ne les traite
au mieux que comme des objets de collections.
Ouverture : Les Romantiques du XIXème siècle se sont beaucoup intéressés au Don Juan de
Molière, beaucoup de ces auteurs ont voulu donner un autre sens à l'histoire de Don Juan,
comme Musset qui imagine Don Juan qui va de femmes en femmes mais parce qu'il cherche
l'idéal qu'il ne trouve jamais.

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