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Cahiers de Douai Ophélie Arthur RIMBAUD

1870

Introduction
Adressé en 1870 à Théodore de Banville, Ophélie constitue le 5 e poème des cahiers
de Douai, mise en recueil à l’initiative de Paul Deméni chez qui Arthur Rimbaud séjourna en
1870 pendant ses fugues. Poème de facture classique, Ophélie comporte 9 strophes. Dans
ce texte en Alexandrin composé dans le cadre d’un exercice scolaire, le jeune Rimbaud
célèbre l’Héroïne Shakespearienne dans une vision esthétisante qui rappelle le Parnasse. La
jeune fille y est présentée comme un double du poète. Le poème progresse selon 3
mouvements indiqués par des chiffres romains. Le 1 er mouvement évoque la noyée dans un
cadre naturel, situé sur un fleuve entouré par des arbres. Le 2 e mouvement correspond à
l’intervention du poète dans son texte qui s’interroge sur les causes de cette noyade. Le
dernier mouvement quant à lui, assure un effet de circularité et clos l’hommage de jeune
poète à l’héroïne D’Hamlet.
Il convient donc de se demander quand quelle mesure le personnage d’Ophélie incarne la
poétique rimbaldienne de la voyance.

Analyse du texte
1er mvt : présentation Ophélie dans son cadre
A/ Une vision en noir et blanc Contraste entre noir et blanc
champ lexical du blanc et noir : lys, voile,
fantôme blanc, fleuve noir

B/ Une vision calme et triste Calme = douceur de l’atmosphère,


champ lexical du sommeil : couché,
dorment, étoiles et noire
Triste = Deuil de la nature, registre tragique
avec onde, flotte = suicide par noyade
- Personnification de la nature,
C/ fusion de l’Héroïne avec la nature - interaction nature/Ophélie =
roseaux s’inclinent et saules
pleurent sur son épaule et
nénuphars soupirent
2e mvt : Le rapprochement du poète et de son héroïne
A/ 2 Visionnaires parallèle entre Rimbaud et Ophélie, il s’identifie à elle (V22)
= Esprit rêveur
Grandes visions avec la liberté, l’amour de la nature et
lapoésie comme art
énumération des rêves(V29) : ciel, amour, liberté = quête de
liberté

B/ Visions et folie
Elle se fait voyant par le dérèglement de tous les sens :
toucher, L’ouïe, vue
Etrange bruits = folie d’Ophélie, Champ lexical du bruit :
immense râle, plaintes, soupirs
Origine de la folie = périphrase : un pauvre fou = Hamlet =
idylle

3e mvt : La mise en scène du poète


Le poète dit = périphrase de Rimbaud
Blanche Ophélia : rappel du thème au début du poème =
circularité
V2 et V32 = parallèle, résumé du poème dans le dernier
quatrain
Il a vu = Rimbaud en devenant voyant et mise en éveil des
sens

Conclusion
Le poème Ophélie s’inscrit bien dans la poétique de la voyance chère à Rimbaud. En
effet, la progression du texte passe du tableau d’Ophélie comparé à un lys flottant sur un
fleuve sombre à l’évocation de la jeune fille avant sa mort. Or c’est sa capacité de
visionnaire que Rimbaud met en exergue. En effet, Ophélie comme le poète à de Grandes
visions mais la raison de la jeune fille y succombe, ne résistant pas au dérèglement de tous
les sens prônés dans la lettre à Georges Izambard. C’est donc une vision esthétique que
développe ce poème qui peut faire écho au tableau du peintre préraphaélite John Everett
Millais intitulé lui aussi Ophélie, évoquant l’Héroïne Shakespearienne flottant sur un fleuve
entouré par des fleurs.

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