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Sujet Flora Tristan

Avant même que les suffragettes anglaises ne réclament le droit de vote, à l'aube du XXème siècle, le
« féminisme » se trouve des pionnières : Christine de Pisan, Olympe de Gouges et George Sand comptent
parmi les plus connues.
La conquête de l'égalité entre les hommes et les femmes est un travail de haute lutte auquel participe
aussi Flora Tristan dont L'Emancipation féminine paraît en 1845. S'adressant directement aux femmes
qu'elle souhaite encourager à l'action, elle y déclare : «J'écrie pour que vous sachiez ; je crie pour que vous
entendiez ; je marche pour que vous connaissiez la route. » Ainsi, pour elle, écrire, c'est s'engager et
combattre, ce que traduit le parallélisme qui dessine un cheminement, une trajectoire qu'elle assimile à une
route, sans doute longue et semée d'obstacles. Pour elle aussi, écrire, c'est crier – ce que souligne la
paronomase- donc porter des revendications, des protestations mais il s'agit aussi de « marcher » afin de
servir de guide à des femmes qu'elle veut informer, chez qui elle veut aussi susciter une prise de conscience
qui ne peut que les mener au combat.
On voit tout de suite ce que cette démarche a de commun avec celle d'Olympe de Gouges dont la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, publiée en 1791 constitue d'abord une réécriture de La
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dont elle signale les insuffisances : au premier chef l'oubli
des femmes dans ce texte fondateur de la Révolution. Peut-on en conclure pour autant que les deux femmes
partagent constamment les mêmes objectifs : informer, interpeller et exhorter sans cesse les femmes au
combat, en privilégiant constamment le cri et la protestation.
On verra dans un premier temps que le projet des deux femmes diffère parfois et par le contenu et
par le ton mais que La DDFC est un texte qui manifeste l'énergie du combat et la volonté d'entraîner les
femmes à le mener ; enfin, on verra qu'Olympe de Gouges écrit un texte court mais contenant des
propositions originales.

Sujet citation Olympe de Gouges

Dès le XVIIème siècle, Poullain de la Barre défend l'idée De l'égalité des sexes en tentant de mettre à
bas les préjugés qui entourent les femmes : il vante leurs capacités, leur intelligence et voit dans la
« coutume » la seule raison qui les a maintenues dans une condition inférieure. Dans son essai, il mise sur
l'art de convaincre et adopte un ton modéré La stratégie d'Olympe de Gouges, un siècle plus tard, apparaît
très différente lorsqu'elle publie La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (DDFC): elle y
réécrit La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (DDHC) de 1789, pour en pointer les
insuffisances et pour rappeler que la Révolution n'a guère amélioré le sort des femmes. Les féministes, qui
retrouvent ce texte, oublié pendant plus d'un siècle, vantent l'énergie avec laquelle cette pionnière prend les
armes contre les inégalités. Pourtant, dans la Lettre au peuple de 1788, Olympe de Gouges semble très
critique sur son œuvre : « Si mes réflexions manquent d'énergie », déclare-t-elle, « mon sexe m'en justifie ; si
mon style est décousu et confus, mon trouble est mon excuse. ». Elle paraît reconnaître ses failles : elle met
en question la qualité, la profondeur de son argumentation, peut-être même la richesse de ses idées et aussi
son style peu clair, voire obscur, peu cohérent. Elle semble donc mettre en doute l'efficacité de son
argumentation mais en réalité, c'est une concession qu'elle fait à ses détracteurs : à l'hypothèse irépond
aussitôt la réfutation : elle accuse implicitement une éducation qui ne permet pas aux filles de se former à
l'argumentation ; mieux encore, elle justifie son style « décousu » et « diffus » par le « trouble » . Elle
suggère ainsi qu'elle privilégie l'expression des sentiments- colère, indignation sans doute-sur la volonté
d'ordonner, de raisonner, d'être logique. Bref, elle préfère un style spontané, en résonance directe avec ce
qu'elle éprouve plutôt qu'un texte maîtrisé, à l'expression travaillée.
Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure ces critiques peuvent s'appliquer à la DDFC :
s'agit-il finalement d'un texte faible sur le fond comme sur la forme ainsi que les critiques l'ont prétendu et
que l'auteure elle-même le reconnaît ? Et ces insuffisances naissent-elles du fait que pour l'auteure, il
importe de persuader plus que de convaincre ?
On verra d'abord qu'en effet, l'oeuvre peut ressembler à un texte composite, parfois peu clair et porté
par l'émotion mais que sa force vient peut-être de cette émotion même, de cette énergie. Enfin, on verra que
la DDFC a peut-être pour principal intérêt de penser la question de l'égalité des sexes, du point de vue des
femmes, c'est-à-dire, en se gardant d'un discours trop abstrait, pour mieux envisager des changements
pratiques.

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