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Introduction.
Alors que la Révolution française n’a apporté que peu de progrès pour les femmes,
Olympe de Gouges, pionnière emblématique de la lutte pour les droits des femmes, rédige
en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne calquée sur la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen proclamée le 26 août 1789. Après une dédicace à la
reine, O. de Gouges, s’adressant aux hommes, s’inscrit dans la tonalité polémique, et ce dans
une virulente diatribe (critique violente). Il s’agit, en effet, dans une exhortation aux
hommes, de s’interroger sur la légitimité des hommes à occuper la première place dans la
société. L’autrice veut mettre les hommes face à leurs responsabilités. Nous nous
demanderons en quoi cet extrait, cherchant à faire reconnaître l’égalité entre les sexes,
constitue un défi lancé aux hommes / Nous nous demanderons comment Olympe de
Gouges combat l’inégalité de sexes. (projet de lecture).
Composition
Les trois paragraphes du passage constituent trois mouvements :
- dans le premier, l’adresse polémique aux hommes permet à l’autrice d’amorcer sa thèse,
ou comment l’autrice oblige-t-elle l’homme à répondre de ses injustices envers la femme ?
Cor Met, GZ
- dans le second, Olympe de Gouges s’appuie sur une comparaison, et l’argument majeur de
la nature pour appuyer son propos
- dans le troisième paragraphe : comment l’autrice dessinant un portrait péjoratif de
l’homme souligne-t-elle l’aberration que constitue à ses yeux la prétendue supériorité
masculine dans la société ?
Analyse linéaire
∟ Premier mouvement : premier paragraphe (une adresse aux hommes inscrite dans la
provocation)
Dans cet appel, O. de Gouges s’adresse directement à l’homme (c’est-à-dire à tous les
hommes) usant de l’apostrophe « Homme », le destinataire du discours, par opposition à la
« femme » qui parle : « c’est une femme qui t’en fait le discours », l’emploi de l’article
indéfini « une » permettant à O. de Gouges d’être le porte-parole de son sexe. Cette
interpellation initiale a une valeur critique, provocatrice et polémique puisque d’emblée les
deux sexes sont présentés en conflit tandis que la valeur de justice est présentée en
préalable du discours à venir. Olympe de Gouges entend s’exprimer librement, la liberté
d’expression étant présenté comme un « droit ». La succession d’interrogations que l’on
peut assimiler à des questions rhétoriques, anime le discours tout en permettant de toucher
plus directement le destinataire. Cette succession d’interrogations remet d’emblée en
question la morale des hommes, sous-entend qu’il est difficile pour l’homme d’être
équitable (« Homme, es-tu capable d’être juste ? ») et remet en question la légitimité de sa
puissance, désignée par l’expression « souverain empire » (« Qui t’a donné le souverain
empire d’opprimer mon sexe ? ta force ? ton talent ? »). Le but de l’autrice est, en effet,
d’attaquer la domination masculine en soumettant l’homme à un interrogatoire ; le
caractère arbitraire de cette domination étant fortement traduit dans la question partielle :
« Qui t’a donné le souverain empire (…) ? » (réponse implicite : personne) et par les
questions nominales : « ta force ? », « ton talent ? », remettant en question les prétendus
arguments des hommes. Olympe de Gouges réfute toute supériorité de l’homme sur la
femme ; recourant au tutoiement (dans les pronoms « tu », toi » ou encore les déterminants
possessifs ; « ta », « ton »), elle présente l’homme comme son égal. Le champ lexical de la
domination « souverain empire », « empire tyrannique » (on retrouvera « commander en
despote « dans le troisième paragraphe qui constitue le troisième mouvement) souligne le
caractère autoritaire et injuste de la domination masculine et ce par des termes qui mettent
en évidence la violence exercée par les hommes et par la comparaison implicite de l’homme
à un tyran (et plus loin, un despote), ce qui est particulièrement péjoratif dans la période
révolutionnaire.
En outre, Olympe de Gouges recourt dans ce paragraphe (comme dans le second) à
l’impératif ; l’énumération de verbes traduisant des injonctions (des ordres) ,« Observe »,
« parcours », permet à l’autrice d’adopter une position d’autorité , de se placer dans une
Cor Met, GZ
Après l’injonction globale présentée dans le premier paragraphe, Olympe de Gouges, dans le
deuxième paragraphe, précise son argumentation. Dans ce second mouvement, elle oppose
l’homme à la nature et l’invite à observer et étudier celle-ci de manière scientifique :
« remonte ( …), consulte ( …) , étudie( …) » ; « cherche, fouille et distingue(…) » au travers de
verbes à l’impératifs au sein d’énumérations .Olympe de Gouges, tout en soulignant la
difficulté des hommes à se remettre en question (« rends toi à l’évidence »), veut montrer
que l’égalité entre les sexes est naturelle, que l’univers créé par Dieu , au travers de la
comparaison de la société humaine avec le monde animal, végétal et minéral, n’est pas
inégalitaire. En effet, la nature se caractérise par une relation égalitaire entre les sexes qi se
retrouvent « confondus » (c’est-à-dire unis, semblables) au point qu’il semble difficile de les
distinguer (comme le suggère la subordonnée hypothétique « si tu peux »). Le champ lexical
de l’entente, de la paix et de l’harmonie définit la nature et l’organisation naturelle : « ils
coopèrent », « ensemble harmonieux », « chef d’œuvre immortel ». L’anaphore de l’adverbe
« Partout » souligne la portée universelle de son argument qui a valeur d’autorité ;
Olympe de Gouges propose ici un raisonnement par analogie qui permet de conclure que la
domination de l’homme sur la femme est contraire à la nature et donc illégitime.
Conclusion
L’exhortation aux hommes vivement polémique justifie la Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne. En effet, alors que l’égalité apparaît comme un principe de l’ordre de la
nature et comme l’une des revendications ayant conduit à la Révolution, Olympe de Gouges
souligne le paradoxe de l’attitude des hommes qui entendent continuer à imposer leur
domination sur les femmes. Cherchant à convaincre –grâce à un raisonnement logique – et à
persuader – en recourant au moyen du pamphlet pour mieux susciter indignation et remise
en question – Olympe de Gouges inscrit son texte dans la littérature de combat. Il s’agira au
travers de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de revendiquer l’égalité
entre les sexes (dès l’article 1) et la participation des femmes à la vie politique (comme le
souligne le début du préambule).