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Explication linéaire n°5

Éléments de correction
Eléments d’introduction
• Une brochure imprimée durant la période des débats la Révolution française. Le passage
se situe entre l’épître dédicatoire à la reine et la Déclaration des Droits de la femme et
de la citoyenne. Il s’agit d’un texte polémique qui accuse l’homme d’être responsable
d’opprimer la femme. Il est constitué de 3 paragraphes qui peuvent constituer les 3
mouvements du texte. Possibilité aussi de faire un deuxième mouvement des lignes 4 à
13.
• Problématique : comment Olympe de Gouges, à travers ce discours polémique,
démontre-t-elle le pouvoir tyrannique exercé par l’homme sur la femme ?
• Mouvements :
• I – 1er § : une apostrophe véhémente à l’homme.
• II – 2ème § : une exhortation à observer la nature, érigée en modèle.
• III – 3ème § : la mise au jour de l’imposture des hommes qui ne respectent pas les
principes de la Révolution.
Remarques essentielles pour le premier mouvement
• Le texte s’ouvre par une apostrophe « Homme » qui identifie clairement le responsable de la situation des femmes. Le
nom est employé au singulier : il désigne de fait une généralité = tous les hommes.
• Il s’oppose au nom « femme » de la 2ème phrase accompagné du déterminant indéfini « une ». Face à la collectivité
des hommes, c’est une individualité qui prend la parole pour demander justice, Olympe de Gouges. L’auteure utilise le
tutoiement, ce qui est une manière d’instaurer une égalité ; tutoiement est généralisé depuis 1789, comme signe
d’abolition des privilèges de la noblesse, parallèle à faire implicitement : égalité entre les classes sociales doit
entrainer celle des sexes.
• 1ère question qui vise à déterminer si l’homme est en mesure de justifier son attitude dominatrice sur les femmes,
attitude qui sera qualifiée d’ « empire » (synonyme de tyrannie). Le nom apparait 2 fois dans le texte (lignes 3 et 6),
accompagné d’expressions péjoratives « opprimer » / « tyrannique » qui rendent le pouvoir de l’homme sur la femme
illégitime et injuste. Ce que l’homme considère comme une évidence doit être remis en cause.
• Série de questions (5 avec celle de l’ouverture) (lignes 1 à 4) : permettent une mise en accusation de l’homme, dont
on attend qu’il réponde comme l’y invite l’autrice non sans ironie (question de droit à la forme négative), mais cette
demande d’explication est surtout indiquée par le verbe de parole de la 2ème question « Dis-moi ? », qui a une valeur
d’injonction, il est sommé de se justifier.
• Or, il s’agit de questions rhétoriques, les réponses sont données implicitement, elles sont davantage des actes
d’accusation. La 3ème question énonce explicitement que c’est la notion de légitimité de la domination de l’homme
qui est posée dans ce texte. Les 2 dernières questions « ta force ? « Tes talents », qui sont des phrases nominales,
suggèrent des réponses possibles à cette tyrannie, mais elles ont une portée ironique qui les annule.
Remarques essentielles pour le premier mouvement (bis)

• La suite du mouvement comporte des verbes à l’impératif présent (comme dans la


question 2) qui donne un ton injonctif au texte et rend le propos véhément (protestation
forte).
• L’homme est présenté comme l’opposé du « créateur » et de la « nature », la
« grandeur » de l’un et la « sagesse » de l’autre sont données en exemple, or l’homme
est présenté comme incapable d’avoir ces vertus.
• L’insertion de la proposition « si tu l’oses » permet à l’autrice de lancer un défi
impossible à relever : l’homme n’est pas en mesure de justifier son comportement
envers les femmes car rien de tel n’existe dans la nature. Il est donc dès le début de ce
texte accusé d’abuser d’un pouvoir illégitime.
Remarques essentielles pour le deuxième mouvement
• Poursuit la logique mise en place avec la présence dominante de verbes conjugués à l’impératif présent :
Olympe de Gouges exhorte l’homme à sonder (observer) la nature pour justifier son emprise sur les
femmes.
• Ces verbes appartiennent au champ lexical de l’observation, et même scientifique. Le constat du
fonctionnement de la nature doit apporter une preuve irréfutable de l’injustice créée contre les femmes.
Olympe de Gouges se place dans une position didactique « je t’en offre les moyens » (l.9) elle veut amener
l’homme à une compréhension des lois de la nature pour une mise en pratique au niveau humain.
• Toutes les dimensions de la nature sont prises en compte par une série d’énumérations
(« animaux », « éléments », « les végétaux »), mais aussi dans les postures d’étude « remonte »,
« consulte », étudie », « jette un coup d’œil », « cherche, fouille et distingue ». But > amener l’homme à une
déduction évidente : l’autrice a raison et la nature le prouve. Anaphore de l’adverbe « partout » résume
cette idée d’une nature envisagée dans sa totalité (ligne 11-12). Il introduit des propositions juxtaposées,
qui signalent à l’homme que sa recherche de justification est vaine (cela renvoie à la proposition
circonstancielle à valeur hypothétique placée en incise, « si tu le peux » (l.10)). La dernière phrase du
mouvement met en opposition l’exclusion prônée par l’homme et la nature représentée par le vocabulaire
de l’union « confondus », « coopèrent », « ensemble harmonieux ». Celle-ci favorise l’égalité des sexes. La
nature est du reste idéalisée « ce chef d’œuvre immortel », érigée en modèle, idée empruntée à Rousseau,
pour qui les inégalités sont nées à partir du moment où l’homme, en se civilisant, s’est éloigné de la nature.
Remarques essentielles pour le troisième mouvement
• Changement d’énonciation, l’autrice quitte le tutoiement accusateur et emploie la 3ème personne
« L’homme », le propos devient plus généralisant, comme s’il y avait une prise de recul. Le terme
fait écho à « Homme » du 1er mouvement. L’ajout d’un déterminant ramène l’homme à une des
espèces du monde animal.
• L’adjectif « seul » et le nom « exception » montrent qu’il s’écarte de la nature en matière d’égalité.
• Le verbe « fagoter », qui est péjoratif, renvoie à l’opposition entre nature et culture, il a endossé
un rôle, comme il se serait couvert d’un vêtement qui ne lui va pas ; il a eu la mauvaise idée de
s’écarter des lois de la nature.
• La seconde phrase est construite sur une énumération d’adjectifs péjoratifs qui qualifie donc
négativement l’homme, le paroxysme se trouvant dans « despote » (l.17), qui va non seulement à
l’encontre de la nature mais aussi de la raison.
• L’époque des Lumières caractérisée par la circulation des idées et la diffusion des connaissances
est rappelée. Il y a une antithèse pour mettre en évidence cette erreur « ce siècle de lumière et
de sagacité » opposé à « l’ignorance la plus crasse » : il s’agit de rendre encore plus honteux le
comportement de l’homme, qui renie les acquis de l’esprit en persistant à revendiquer sa
supériorité sur la femme.
Remarques essentielles pour le troisième mouvement (bis)
• La périphrase qui désigne les femmes (« un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles »
(l.17) met en valeur toutes les qualités de réflexion des femmes, et donc de l’autrice elle-même –
il s’agit une fois encore d’insister sur l’absurdité de leur situation. Il y a une nouvelle antithèse
implicite : l’homme est « aveugle » alors que la femme tire parti des progrès des Lumières
(métaphore du savoir) ; avec l’expression « boursouflé de science » dénigre l’intelligence des
hommes qui ne feraient que semblant (idée d’être gonflés de vent).

• L’usage du verbe « prétend » dans la dernière phrase démontre que l’homme est dans l’erreur : la
femme a bien l’intention de revendiquer ses droits. L’homme s’illusionne sur les avancées de la
Révolution, accusation d’une sorte d’escroquerie : la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen a promulgué l’égalité, mais les faits prouvent le contraire. Avant de proposer sa propre
déclaration, Olympe de Gouge achève son argumentation sur le silence de l’homme « rien dire de
plus », qu’elle anticipe tout en suggérant qu’elle-même n’a pas besoin d’en ajouter davantage :
l’homme étant incapable de justifier une inégalité qui n’est fondée sur aucune loi, ni dans la
nature ni dans la raison, il est préférable de s’en tenir là.
Eléments de conclusion
• [Bilan] En utilisant un ton véhément et une stratégie argumentative
fondée à la fois sur l’accusation ainsi que la conviction (agir sur la
raison par un raisonnement irréfutable), Olympe de Gouges introduit
sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Une fois
l’erreur des hommes posée, une fois l’égalité des sexes rétablie, elle
peut exposer les droits auxquels les femmes aspirent légitimement.
• [Ouverture] Sur le texte n°6 où, cette fois, ce sont les femmes que
l’autrice prend à partie.

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