Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dans l’énumération ternaire « les mères, les filles, les sœurs », les F sont
rassemblées dans une même filiation familiale. Elles forment la communauté
des femmes de laquelle les hommes sont exclus : le terme « épouses » n’est
pas employé. + ton solennel adopté dès cette première phrase,
(volontairement en rupture avec les attaques polémiques de l’adresse « à
l’homme » (Les Droits des femmes) ) l’énumération ternaire « les mères, les
filles, les soeurs » donne une gravité à ce début de préambule. Il s’agit
d’officialiser les droits des femmes.
Les périphrases expriment une inégalité, une hiérarchie entre les genres : le
sexe fort désigne en effet la gent masculine en la caractérisant par sa puissance
et son autorité tandis que l’expression sexe faible véhicule une image
dépréciative des femmes en induisant la notion de subordination, de fragilité.
Ces expressions antithétiques semblent légitimer les inégalités de genre : par
nature l’homme dominerait la femme, et la femme devrait être protégée par
l’homme. Quant à la périphrase beau sexe qui désigne les femmes, elle
constitue également un préjugé sexiste en cantonnant les femmes à une
appréciation d’ordre physique.
Pour dénoncer cette hiérarchie, Olympe de Gouges parodie ces expressions en
employant la périphrase « le sexe supérieur, en beauté comme en courage,
dans les souffrances maternelles ». En mettant en lumière le travail de
l’accouchement, propre aux femmes, Olympe de Gouges renverse la hiérarchie
traditionnelle entre le sexe fort et le sexe faible : les femmes sont non
seulement le beau sexe, « supérieur en beauté », elles sont également
supérieures en « courage ».
Dans presque tous les articles, l’autrice a ajouté la mention des femmes à la
version originale de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en
utilisant deux moyens : l’ajout ou la substitution. L’article VI, par exemple,
ajoute « toutes les citoyennes » à « tous les citoyens ». Dans l’article XV, elle
remplace « la société » par la mention explicite des femmes, aux côtés des
hommes : « la masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des
hommes. Enfin, d’autres articles se caractérisent par la disparition de la
mention des hommes : ainsi, l’article XII, qui commençait par « la garantie des
droits de l’homme et du citoyen », devient dans la réécriture de Gouges « la
garantie des droits de la femme et de la citoyenne ».
Dans l’article I, Olympe de Gouges remplace tout d’abord « les hommes » par
« la femme ». Le genre féminin devient ainsi le sujet de la phrase, montrant
que cette déclaration concerne avant tout les femmes. (L’autrice ne désigne
pas les femmes au pluriel, rompant avec la Déclaration originale qui utilisait le
pluriel pour désigner les hommes.) La femme est au singulier, considéré
comme genre.