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Éléments de correction : Le préambule (EL2)

INTRODUCTION

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, est une écrivaine engagée du Siècle des Lumières.
Installée à Paris, elle écrit des textes polémiques, des pièces de théâtre… et combat les injustices. Après la
Révolution française de 1789, elle constate que les femmes, qui se sont battues aux côtés des hommes, sont
oubliées. Ainsi, en 1791, elle publie la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne. Reprenant la
Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, elle demande que les femmes obtiennent une reconnaissance
de leurs droits dans la société. Elle est arrêtée et guillotinée en 1793 pour avoir dénoncé la politique de la
Terreur et avoir apporté son soutien au roi Louis XVI lors de son procès. L’extrait que nous allons étudier est
le Préambule de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne. Ce préambule sert d’introduction
aux 17 articles qui suivent.
{Rappel : La Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne est à la fois un texte adressé à la reine
Marie-Antoinette, aux hommes, à l’Assemblée nationale, aux femmes alors exclues des droits civiques et
politiques, un texte juridique, un pamphlet. La Déclaration comprend un avant propos, un préambule, 17
articles des droits et devoirs de la femme et de l'homme, un postambule et un contrat social.}

Problématiques possibles :
-On peut se demander comment Olympe de Gouges justifie l’importance de sa démarche, c’est-à-dire
un texte affirmant l’égalité entre les hommes et les femmes.
-En quoi ce préambule est-il un texte convaincant ?

Ce texte se structure en deux mouvements.


Mouvement 1 : La présentation du projet : la légitimité de la démarche.
Mouvement 2 : Elle introduit le texte juridique, les articles de droit.

Premier mouvement : Présentation du projet

« Les mères, les filles, les sœurs ». C’est un rythme ternaire : 3 groupes nominaux. Les femmes sont nommées
par leur statut familial : « mères », « filles », « sœurs ». L’idée est d’inclure toutes les femmes et d’insister sur
leur solidarité.

« représentantes de la nation » : apposition. Glissement de la sphère familiale vers un statut politique. La


pluralité des femmes est reprise par un singulier collectif. La « nation » s’oppose à la monarchie de droit divin
et place hommes et femmes sur un pied d’égalité.

« demandent » -> les femmes réclament un rôle dans la vie politique. Idée révolutionnaire pour l’époque.
Emploi du présent de l’indicatif : urgence. Les femmes doivent être représentées à l’Assemblée nationale
parce qu’elles font partie de la nation.

➢ Cette très longue phrase, bien structurée, justifie le projet annoncé.

« l’ignorance, l’oubli ou le mépris » : énumération avec gradation. Elle souligne l’injustice subie par les
femmes, mais aussi la culpabilité de la société, notamment des hommes.. Les conséquences sont graves :
désordre social. Deux noms à connotation négative : « malheurs » et « corruption ». Idée implicite que le
respect des droits des femmes entraînerait le respect des valeurs (bien, justice…) au gouvernement.

« ont résolu » : proposition d’une solution pour mettre fin au désordre social
« exposer », « déclaration solennelle » appartiennent au champ lexical du discours. Le langage devient une
arme. Allusion au contexte historique : la DDHC votée en Assemblée constituante en 1789 a constitué un
progrès.

« droits naturels, inaliénables et sacrés » : énumération de 3 adjectifs. Pastiche de la DDHC -> souligne ainsi
le principe d’égalité entre les hommes et les femmes.
« naturels » = donnés par la nature (droit à la liberté, droit de réunion, de vote, de propriété…).
« inaliénables » (préfixe négatif « in ») : qu’on ne peut pas nier ou supprimer.
« sacrés » : champ lexical du divin.

➢ Mépriser les droits des femmes, c’est mépriser l’égalité donnée par la nature et reconnue par Dieu.

Suivent 3 propositions subordonnées conjonctives de but introduites par « afin que » ; l’anaphore structure la
phrase et souligne son caractère argumentatif.

Insistance sur la notion de temps : « constamment présente », « sans cesse ». Cet élargissement des droits aux
femmes s’inscrit dans la durée.

« Tous les membres du corps social » : périphrase rappelant l’idée de nation. Importance de construire une
société égalitaire (≠ Ancien régime).

« les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes » : le parallélisme insiste sur l’égalité
hommes-femmes. Changement important par rapport à la DDHC : pour O. de Gouges, l’égalité est une valeur
plus importante que la séparation des pouvoirs.

Insistance sur la légitimité des revendications : « les réclamations fondées sur des principes simples et
incontestables ». Rappel des « droits naturels et inaliénables » l. 5., avec préfixe négatif « in ». Énumération
avec gradation : « au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs et au bonheur de tous ».

« Constitution » : la majuscule souligne l’importance du texte juridique et l’attachement d’Olympe de Gouges


aux idéaux de la Révolution.
« bonnes mœurs » : garantie d’un ordre moral, par antithèse à la « corruption des gouvernements ».
« bonheur de tous » : antithèse de « malheurs publics ». L’hyperbole traduit l’enthousiasme de l’auteur.

« désormais », « toujours » : les adverbes de temps inscrivent le combat des femmes pour l’égalité dans la
durée.

Deuxième mouvement : Introduction du texte juridique.

« le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles ». Cette périphrase
élogieuse désigne ici les femmes et constitue un changement important par rapport au texte d’origine,
« l’Assemblée nationale ».

Elle reprend un topos de l’image de la femme, « la beauté », et l’associe à une qualité traditionnellement
reconnue aux hommes, « le courage ». O. de Gouges insiste ainsi sur les qualités physiques et morales de la
femme, elle la valorise.
On peut aussi y voir une provocation : le « sexe dit faible » devient « le sexe supérieur » dans un texte qui
prône l’égalité homme-femme !

Rappel du rôle important de la femme : la maternité (« souffrances maternelles »). La femme est celle qui
donne naissance aux futurs citoyens ; elle doit être prise en considération. Idée mise en valeur au début (« les
mères ») et à la fin (« maternelles ») du texte : structure circulaire.

Reprise du préambule de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Une succession d’expressions,
avec un rythme binaire, annonce le texte juridique.
« reconnaît et déclare », deux verbes au présent, insistance sur le côté formel du texte.

« en présence et sous les auspices de l’Etre suprême » : de nouveau, idée du divin ->on place le texte sous une
autorité supérieure à celle des hommes.

« de la femme et de la citoyenne » : insistance sur le nouveau statut de la femme, qui s’attribue un rôle
politique. O.de Gouges reprend et féminise le texte de la DDHC : les hommes ont obtenu ce progrès, être tous
reconnus citoyens ; au tour des femmes.

CONCLUSION

Bilan de l’analyse linéaire.


- pastiche de la DDHC, dont on retrouve la forme et des extraits de phrases.
- modification principale : féminisation des noms ; O. de Gouges répare une injustice et réclame un
véritable statut pour les femmes.
- reconnaissance juridique d’un droit naturel, afin de maintenir un ordre social.

Ouverture -> rapprochement avec un autre texte de l’auteur ou d’un autre auteur.
Par exemple, les articles de la DDFC, droit des enfants illégitimes (= nés hors mariage).
Par exemple, Zamore et Mirza ou l’esclavage des Noirs, cause anti-esclavagiste.

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