Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Gouges
Introduction
Dans la suite du texte, ODG met en avant une autre vertu de sa déclaration et
pas des moindres l’égalisation des droits de l’homme et de la femme. Pour mettre
en avant cette égalisation, elle emploie le parallélisme de construction entre « les
actes du pouvoir des femmes » et « ceux d u pouvoir des hommes », qui permet
d’inscrire l’égalité homme-femme dans la lettre même du texte Le fait que ces deux
groupes nominaux soient coordonnés et qu'ils se substituent « au pouvoir lé gislatif »
(chargé de l’élaboration de la loi) et « au pouvoir exécutif » (chargé de l’application
de l a loi) dans l’hypotexte, suggère par ailleurs que la nation doit, selon ODG, reposer
sur l’action com plémentaire et coopérative des hommes et des femmes.
Enfin, pour clore son argumentaire en faveur des droits de la femme, ODG prête à sa
déclaration un dernier avantage : celui de favoriser « le maintien de la Constitution ,
des bonnes moeurs et le bonheur de tous ». Déjà mis en avant dans la DDHC (à la
différence que cette dernière ne men tionnait pas « les bonnes moeurs », c’est un
ajout propre à la DDFC), cet argument qui prend l a forme d’une nouvelle
énumération ternaire est un moyen pour l’auteure de réfuter le cliché selon lequel la
liberté de la femme va de pair avec son immoralité. Qui plus est, il suggère que
l’égalité des sexes peut non seulement pallier certains vices de la société, mais aussi
garantir le bonheur et la paix de toute la nation.
III. Une introduction efficace aux articles de droits (lignes 11 à 13)
Dans le deuxième paragraphe du préambule, ODG aborde une nouvelle étape de son
argumenta tion, d’où l’emploi du connecteur logique « en conséquence ». Cette
étape, qui lui permet d’intro duire ses différents articles de droits, se présente d’une
façon très originale comparée à celle utili sée dans la DDHC. Cette originalité tient à
l’éloge qu’ODG fait des femmes en les désignant par la périphrase « le sexe supérieur
en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles » A l’époque, le sexe
féminin est communément considéré comme le sexe faible. En désignant les femmes
comme le sexe supérieur, ODG renverse donc la hiérarchie traditionnelle entre
l’homme et la femme. Quant à la référence qui est faite à l’accouchement, elle permet
de rappeler que ce sont les femmes qui donnent naissance aux citoyens, d’où
l’importance de leur accorder les mêmes droits qu’aux hommes.
Pour conclure son préambule et introduire ses articles de façon frappante, Olympe de
Gouges n’hésite pas à emprunter la formule « en présence et sous les auspices de
l’Etre suprême » à la DDHC. Par l’intermédiaire de cet emprunt, elle signale qu’au
même titre que les hommes, elle place sa démarche sous l’autorité d’un être
supérieur, sacralisé par l’emploi de la majuscule et soucieux de l’égalité entre les
hommes et les femmes. Cela donne une certaine légitimité à son préambule et aux
articles qui le suivent. Qui plus est, en assignant une majuscule aux termes « Droits
», « Femme » et « Citoyenne », ODG confère la même importance à ces entités qu’
à « l’Etre suprême ». Ceci est un moyen de rappeler que, depuis la Révolution, la
aation est aussi sacrée que la religion.