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Olympe de Gouges est une femme de lettres française qui est devenue une femme politique.

Elle est
considérée comme l'une des pionnières françaises du féminisme. Ayant reçu une éducation très
rudimentaire, elle s'est surtout cultivée à Paris dans des salons. C'est également une auteure
autodidacte qui a écrit une vingtaine de pièces de théâtre.

Elle va participer à la Révolution et elle écrit la Déclaration des Droits de la Femme et de la


Citoyenne en 1791 dans l'urgence dans l'espoir d'influencer les rédacteurs de la Constitution.
Influencé par le mouvement des Lumières, son œuvre est une réécriture d'un texte juridique et sacré,
la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui est destiné à être lu à l'assemblée
constituante. Pour ce faire, elle féminise le texte et donne une dimension polémique et critique et en
fait donc la parodie et le pastiche.

Le passage que nous étudierons s'agit du préambule et des quatre premiers articles de sa déclaration.
Le texte se découpe en ces 4 mouvements :
1 — 3 : Un appel aux femmes
4 — 18 : Plaider pour l'égalité et la nécessité d'une constitution égalitaire
19 — 22 : Annonce des droits fondamentaux
23 — 38 : Articles réécrits selon le principe d'égalité
Problématique : Comment la réécriture d'un texte juridique rigoureusement construit sert de
revendications de droits politiques de la femme ?

Une énumération ternaire est utilisée, produisant un effet rhétorique.


Il s'agit de périphrases désignant toutes les femmes, soulignant la solidarité et la puissance des liens
du sang, formant ainsi une seule et même famille.
ODG rappelle que les femmes peuvent être représentées en assemblée, tout comme les hommes.
Le verbe "demander" met en lumière l'exigence et la volonté des femmes.
L'objectif est une révolution pour libérer les femmes autant que les hommes.
ODG constitue un plaidoyer en faveur de l'égalité, soulignant la nécessité d'une constitution
égalitaire organisée par des connecteurs logiques tels que "considérant que", "afin que" et enfin "en
conséquence".
Une gradation sévère juge la société maintenant délibérément les femmes dans un état de
dépendance, avec le diagnostic selon lequel la misogynie affecte tout le corps social.
La solution proposée est d'établir une constitution égalisant la condition des sexes, utilisant une
énumération ternaire ("droits naturels inaliénables et sacrés").
Les adjectifs temporels "constamment" et "sans cesse" insistent sur l'égalité entre hommes et
femmes, un principe devant devenir l'un des fondements de la nouvelle société.
Un parallélisme de construction suggère l'égalité entre hommes et femmes.
Le complément circonstanciel de temps crée un sentiment d'urgence et de nécessité.
Des adjectifs promouvant la clarté de la Constitution sont utilisés, avec une majuscule à
"constitution" sacralisant le texte juridique.
Ainsi, ODG est une révolutionnaire reprenant les codes de la Révolution.
Une hyperbole lyrique témoigne de l'enthousiasme : "des bonnes mœurs et au bonheur de tous".
ODG utilise une périphrase élogieuse des femmes, renversant audacieusement la hiérarchie.
Le rappel de l'accouchement signifie que ce sont les femmes qui donnent naissance aux citoyens.
Elle aspire à défendre toutes les femmes considérées comme une seule entité.
Elle fait appel à une autorité supérieure sacralisée, rationnelle et juste, tout en introduisant l'annonce
des droits fondamentaux, réécrits selon le principe d'égalité.
Articles

ODG remplace le terme "les hommes" par "la femme".


L'article défini "la" a une valeur générale, ce texte de loi ayant une visée universaliste.
Le présent a une valeur de vérité générale, évoquant les principes.
Il défend les valeurs d'égalité et de liberté, des principes devant être incontestables dès la naissance.
L'égalité entre les sexes est naturelle mais a été pervertie par les lois des hommes.

Dans l'article 2, ODG insiste sur le caractère naturel de ces droits.


Les droits fondamentaux sont "la liberté, la propriété, la sûreté et surtout la résistance à
l'oppression".
"Surtout" souligne le caractère argumentatif de cet article et le côté satirique exprimant l'oubli de la
femme dans la DDHC.
L'autrice rend légitime le soulèvement populaire contre la monarchie.

Dans l'article 3, en ajoutant la proposition subordonnée relative "qui n'est que la réunion de la
Femme et de l'Homme", elle met en évidence ce que devrait être, selon elle, la Nation.
Pour elle, le mot "Nation" n'a pas de sens s'il est amputé de la moitié de ses membres, les femmes.

Enfin, dans l'article 4, Olympe vise clairement les hommes en affirmant que "l'exercice des droits
naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose".
Il s'agit d'une accusation directe de l'attitude des hommes envers les femmes.
Conclusion
Olympe de Gouges expose et justifie son projet d'offrir aux femmes les mêmes droits que les hommes
en politique en utilisant une écriture juridique et solennelle. Elle fait le pastiche de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen accusés de ne pas respecter les droits qu'ils affirmaient.

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