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Déclaration des droits

de la femme et de la
citoyenne
OLYMPE DE GOUGES
I
Mes premières impressions
La « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Ce nom
me parle puisque mon frère, aujourd’hui en classe de terminale, a éga-
lement eu à le lire l’an passé pour son bac de français. Sur la première
de couverture, j’aperçois le portrait d’une femme, celui de l’auteure,
Olympe de Gouges.

Première de couverture de la
Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne, édition hachette 2021

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Puis, je m’intéresse à la quatrième de couverture. En lisant la note de
présentation de l'ouvrage et de l'auteure, j’apprends que cette œuvre
est un texte juridique publié le 14 septembre 1791, soit deux ans après
la Révolution française. Il est destiné à la reine Marie-Antoinette et
comporte dix-sept articles dans lesquels Olympe de Gouges revendi-
que les droits des femmes et l’égalité des sexes.

Quatrième de couverture de la
Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne, édition hachette 2021

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Le début de la lecture
J’entame donc la lecture de l’œuvre par l’épître dédicatoire intitulé « À
la reine » qui débute à la page 11. D’entrée, je remarque qu’il y a
beaucoup de définitions au bas de la page ; cela facilite la compré-
hension de certains termes peu communs, mais oblige une relecture de
chaque phrase afin d’en comprendre le sens. Je n’affectionne pas
vraiment ces « aller-retours » entre le texte et les notes. Néanmoins, je
comprends que dans ce passage, Olympe de Gouges encourage la reine
à user de son statut royal pour influencer la société et ainsi se joindre à
la lutte pour la reconnaissance des femmes. Pour se faire, l’auteure
encense la reine, lui dit que malgré les accusations de l’Empire elle
prendra sa défense, mais la met également en garde, en lui avertissant
de ne pas avoir de mauvaises intentions à l’égard des Français. De plus,
elle lui rappelle « le vrai devoir d’une reine » et la fait paraître comme
l’élue qui jouera un rôle majeur dans la promulgation des Droits de la
Femme. Elle cherche à s’attirer la faveur de la reine (« captatio
benevolentiae ») en présentant le soutien du sexe féminin non comme
un crime mais comme un exploit qui accroîtrait sa gloire et la
réconcilierait avec son peuple.
À la suite, je lis le texte liminaire intitulé « Homme, es-tu capable d’être
juste ? » de la page 15 à 16. Ce passage m’a assez marqué car Olympe
de Gouges envoie un message fort aux hommes en remontant aux
racines de la nature. Elle montre que parmi chaque être vivant,
animaux, végétaux et autres, règne une harmonie. « L’homme seul » fait
exception. Il exerce une domination sur un sexe qui est pourtant son
égal. Ici, l’auteure m’a fait prendre conscience que la société de
l’époque n’est pas juste et ne s’appuie sur aucun fondement naturel pour

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affirmer une quelconque supériorité de l’homme envers la femme, alors
privée de droits.

Le préambule et les 17 articles


Je commence donc la lecture de la Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne par le préambule qui précède les articles. Ce passage est
également marquant car il expose les raisons pour lesquelles Olympe
de Gouges a rédigé cette œuvre. Ma lecture est facilitée par la parataxe,
qui permet à la fois à l’auteure de fournir des détails mais aussi
d’exprimer la conséquence.
Dans un premier temps, elle expose les causes sous forme négative et
hyperbolique afin de choquer, interpeller le lecteur (« captatio benevo-
lentiae » encore une fois). Le mépris constant des droits des femmes,
telle est la cause principale énoncée par Olympe de Gouges. La con-
séquence concrète est donc que les femmes, dont elle se fait le porte-
parole, vont proposer leur déclaration de droits. Cette déclaration in-
tervient alors comme un rappel constant des droits et des devoirs que
chaque individu de la société possède. Elle entraîne un respect plus
marqué des actes d’autorité des femmes et des hommes, et enfin, un
équilibre au sein de la société visant au bonheur de tous. Tous ces
avantages me font donner raison à l’auteure d’avoir rédiger ce texte
juridique.
Puis, viennent les 17 articles. Lire des articles des lois n’est pas mon
passe-temps favori, mais je remarque dès les premières phrases que
c’est une reprise de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui
s’applique cette fois aux femmes. Olympe de Gouges réalise donc des
paraphrases en ajoutant « La femme » dans presque tous les articles et
même parfois en la mettant à la place de « L’homme ». Tout au long de

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son texte, l’auteure aborde les thèmes de l’égalité, de la liberté et de la
justice qui s’opposent à l’asservissement, les inégalités et les injustices
que subissent les femmes malgré les avancées révolutionnaires.

Le postambule et le contrat social


de l’homme et de la femme
Je termine mon livre par le postambule. Du début jusqu’à « vous n’avez
qu’à le vouloir », Olympe de Gouges incite les femmes à lutter pour faire
reconnaître leurs droits. Ces apostrophes et ses questions rhétoriques
pour faire appel aux émotions des femmes et insuffler leur colère me
font penser à un général qui mobilise ses soldats à partir au combat.
L’auteure me paraît être une révolutionnaire engagée.
À la suite, elle fait un portait de la société avant la Révolution, une
société dans laquelle les femmes étaient respectées. Elle dénonce le peu
d’opportunités qu’a une femme pour réussir lorsqu’elle se fait acheter
par l’homme, en faisant allusion à l’esclavage des Noirs, l’une des causes
qu’elle défend. Elle dénonce à la fois le caractère mauvais de l’homme,
son ingratitude, son infidélité et notamment le fait que les lois le favori-
sent. Le manque d’opportunités s’observe également chez la femme née
d’une famille pauvre. Enfin, Olympe de Gouges compare le mariage
(autre cause défendue par l’auteure) au « tombeau de la confiance et de
l’amour », sans doute la raison pour laquelle elle ne se remariera point
au cours de sa vie.
Une fois le livre terminée, nous avons étudié, paragraphe par
paragraphe, la « forme du contrat social de l’homme et de la femme »
qui ne faisait pas partie de mon édition de la DDFC. Ce contrat social se
présente comme un essai. Le premier paragraphe correspond à un acte

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conjugal, un contrat de mariage laïc qui est un texte juridique et donc
universel. Dans le deuxième paragraphe, Olympe de Gouges montre la
nécessité de ce texte de loi pour garantir la protection des deux
individus du couple et des enfants. Ensuite, elle propose des lois pour
protéger les femmes les plus fragiles (femmes trompées, veuves et
prostituées), permet l’égalité entre hommes et femmes, et envisage des
« aménagements sociaux » tel le mariage des prêtres.
Puis, dans le cinquième paragraphe, l’auteure fait une disgression sur
l’esclavage, dans laquelle elle dénonce la supériorité des colons sur
« l’homme de couleur ». Elle défend l’idée d’une égalité entre tous les
hommes dans la société, mais aussi entre époux (mari et femme) au
sein du foyer familial. Pour finir, après un transit qui annonce une
conclusion, Olympe de Gouges nous fait part d’un long texte narratif
« autobiographique », mais anecdotique, dans lequel elle se querelle
avec un cocher et un « commissaire de paix ». Son but est de dénoncer
la misogynie des hommes.

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II
Le XVIIIème siècle, Lumières et Révolution
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a été rédigée au
XVIIIème siècle, surnommé le « siècle des Lumières » ou « siècle des
Philosophes ». Le mot Lumières désigne un vaste mouvement intellec-
tuel européen dans lequel philosophes et écrivains se fondent sur la
raison et la science pour lutter contre l’ignorance et l’obscurantisme, et
accéder à la connaissance, au bonheur et à la liberté avec un monde
meilleur et plus juste. Le message que les penseurs des Lumières adre-
ssent à l’humanité est d’« oser penser par soi-même » en faisant usage
de la raison, de l’intelligence, de l’esprit critique afin de se forger une
idée personnelle et non se laisser dicté par celle des autres. Ils reven-
diquent les libertés de pensée, d’expression, d’opinion et luttent pour la
tolérance religieuse. Parmi les plus grandes figures des Lumières, on
retrouve Montesquieu, Voltaire, Diderot et enfin Rousseau.

Le salon littéraire de madame Geoffrin qui


recevait écrivains et philosophes des
Lumières, peinture de Lemonnier, 1812

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La rédaction de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a
surtout été marquée par la Révolution française. Je veux parler ici en
particulier de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, et la rédaction de
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui a suivi le mois
d’après. En effet, la Révolution bouleverse l’ordre social et politique de
la monarchie. Mais les femmes, qui ont pourtant joué un rôle dans les
évènements révolutionnaires, sont les oubliées de la Déclaration de
1789. Malgré la fuite du roi et l’échec de la monarchie constitutionnelle,
Olympe de Gouges défend cette idée et publie donc la DDFC le 14
septembre 1791, dédiée à la reine. L’auteure réclame l’égalité politique
et économique des sexes au nom de la justice et de l’intérêt de tous.

La liberté guidant le peuple, symbole de la


République française, de la démocratie et de la
liberté, tableau d’Eugène Delacroix, 1830

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Olympe de Gouges, portrait
d’une héroïne révolutionnaire
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a été rédigée par
Olympe de Gouges. Née à Montauban en 1748, Marie Gouze, dite
Olympe de Gouges, est une femme de lettres engagée en politique.
Considérée comme l’une des premières féministes en France, elle
défend non seulement la cause des femmes, mais également celle des
gens de couleurs.
Dans son roman autobiographique Mémoire de Mme de Valmont, Olym-
pe de Gouges nous parle de son enfance dans la pauvreté et sans ins-
truction de ses parents, Anne-Olympe Mouisset, une fille du peuple, et
le magistrat-écrivain, Jean Jacques Lefranc de Pompignan. Ce dernier
était adulé par Olympe, qui prétendait avoir hérité de son talent d’écri-
vain, malgré qu’il n’ait jamais reconnu sa paternité publiquement.
Au cours de sa vie, Marie fut mariée contre son gré à Louis-Yves Aubry
à l’âge de 17 ans. Un an plus tard, désormais âgée de 18 ans, elle devient
veuve à la suite de la mort de son mari, et mère d’un petit garçon, Pierre
Aubry. Elle refusa de se faire appeler la veuve Aubry et décida de
changer d’identité, en reprenant une partie du prénom de sa mère ;
Marie Gouze devint alors Olympe de Gouges.
Par la suite, elle décide de s’installer à Paris avec son enfant et sous la
protection de Jacques Biétrix de Rozières, riche entrepreneur qu’elle
refusera d’épouser, ne croyant pas au mariage qu’elle qualifie comme le
« tombeau de la confiance et de l’amour » (postambule de la DDFC). Le
but de sa démarche était de mener une vie de femme indépendante et
publier librement ses œuvres.

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La jeune femme devint l’auteure de multiples romans et pièces de
théâtre. Elle s’engagea dans des combats politiques en faveur des Noirs
et de l’égalité des sexes. Qualifiée aujourd’hui comme autrice des
Lumières, Olympe fut autrefois injustement critiquée pour ses
nombreux écrits politiques (on en compte plus d’une cinquantaine)
défendant l’abolition de l’esclavage (Zamore et Mirza, 1784), le droit au
divorce (La Nécessité du divorce, 1790) et l’égalité des droits des femmes
(Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791).
Après avoir publié son écrit politique le plus célèbre (la DDFC), Olympe
de Gouges placarda dans tout Paris son texte intitulé « Les trois urnes
» dans lequel elle dénonce les massacres de septembre et s’en prend à
Marat et Robespierre, artisans de la Terreur. Et c’est le 3 novembre
1793 qu’elle fut guillotinée devant une foule rassemblée sur l’actuelle
place de la Concorde.

Portrait d’Olympe de Gouges


(1748-1793), via Wikipédia

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La structure de l’œuvre
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est composée de
plusieurs « chapitres ». J’en compte six : « À la reine », « Homme es-tu
capable d’être juste ? », Préambule, 17 articles, Postambule et Forme
du contrat social de l’homme et de la femme. Ce dernier chapitre, à
première vue, paraît peu organisé car Olympe de Gouges passe d’un
sujet à un autre. Mais en classe avec la prof, nous avons remarqué
qu’elle débute par un texte juridique (et donc universel), pour s’inté-
resser aux femmes et à l’esclavage et finir par une anecdote person-
nelle. Nous avons alors fait le schéma suivant pour montrer que la
structure de ce contrat est en réalité sous forme d’entonnoir, débutant
du plus global (tout le monde), passant par le plus grand nombre (es-
claves et femmes) et terminant par elle-même, Olympe de Gouges.

TOUS

Le plus grand nombre (esclaves et femmes)

Elle (Olympe de Gouges)

En parallèle, sur l’ensemble de l’œuvre, on a observé une véritable unité


générique qui peut toutefois être dégagée et relevée du genre
rhétorique (art de la composition du discours). En effet, on retrouve les
étapes qui composent un discours classique :

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- Exorde (introduction) : « À la reine », « Homme es-tu capable d’être
juste ? »
- Narration (développement) : Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne (« Préambule » et articles)
- Confirmation (argumentation) : « Postambule » et « Forme du
contrat social de l’homme et de la femme »
- Péroraison (conclusion) : anecdote du « contrat social » qui fait
appel aux sentiments (« captatio benevolentiae »)

Les problématiques vues en cours


La première lecture linéaire que nous avons étudiée était située au
début de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, et donc
composée du préambule ainsi que des articles 1 à 3. Dans le passage
proposé, Olympe de Gouges justifie sa démarche et propose des solu-
tions pour obtenir l’égalité entre hommes et femmes. Nous nous som-
mes demandé en quoi ce texte présente-t-il une constitution égalitaire
entre hommes et femmes. Nous l’avons donc séparé en deux mouve-
ments, le premier étant le préambule et le second les trois premiers
articles.
La deuxième lecture linéaire que nous avons étudiée était intitulée « La
loi pour tous, la loi pour toutes » et composée des articles 6 à 11. Dans
le passage proposé, Olympe de Gouges fait référence au droit pénal et
propose une égalité de condition très moderne. Nous nous sommes
demandé comment ces articles énoncent-ils une loi pour tous et toutes.
Nous l’avons donc séparé en deux mouvements, le premier étant les
articles 7 à 9 et le second les articles 10 et 11.

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Enfin, la troisième lecture linéaire nous avons étudiée était située à la
fin de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, et donc
composée du début du postambule. Dans ce passage proposé, Olym-
pe de Gouges invite les femmes à se défendre contre la tyrannie des
hommes. Nous nous sommes demandé en quoi ce postambule pro-
meut l’émancipation des femmes au nom de l’égalité.

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III
Ma critique sur le livre
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, bien plus qu’une
simple « reprise » de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Ce que j’ai bien aimé de cette œuvre, c’est dans un premier temps
la façon dont Olympe de Gouges l’a structuré. Comme évoqué
auparavant, la déclaration prend la forme d’un discours classique avec
tout d’abord l’exorde, composé des textes intitulés « À la reine » et
« Homme es-tu capable d’être juste ? », le développement avec le
« Préambule » et les articles 1 à 17, l’argumentation par le « Postam-
bule » et la « Forme de contrat social de l’homme et de la femme » et
enfin la conclusion qui est son anecdote personnelle. Cette structure
particulière montre une progression du texte en vue d’argumenter une
thèse unique, « il faut que la loi se rapproche du droit naturel » (cf. J.-J.
Rousseau).
En ce qui concerne le fond, j’ai apprécié les variations de
ponctuation qu’Olympe de Gouges a employé pour exposer ses pro-
pos. En effet, l’auteure est très convaincante par ses phrases affirma-
tives aussi bien dans les articles : « La Femme naît libre et demeure
égale à l’homme en droits. » ; « Toute femme étant déclarée coupable,
toute rigueur est exercée par la Loi. », que dans le postambule : « Le
flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de
l’usurpation. » ; « Devenu libre, il est devenu injuste envers sa com-
pagne. ». De plus, elle interpelle le lecteur par des phrases interro-
gatives : « Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? » ;
« Qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? ». Elle fait
aussi de la parataxe, en particulier dans le préambule, afin d’exprimer

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la conséquence et apporter des détails au lecteur : « ont résolu d’expo-
ser dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et
sacrés de la femme » « afin que les actes du pouvoir des femmes […] en
soient plus respectés, afin que les réclamations des Citoyennes […] au
maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de
tous. ». Ces variations de ponctuation rendent le texte juridique plus
intéressant et plus captivant et facilitent la compréhension des propos
permettant de renforcer la portée du message.
Ce que je n’ai pas aimé de cette œuvre, c’est parfois le langage
employé par Olympe de Gouges qui est très soutenu. En effet, l’auteure
emploie par moment des termes et expressions qui sont peu courantes
de nos jours en particulier dans l’épître dédicatoire « À la reine » : « Si
l’étranger porte le fer en France » ; « employez tout votre crédit » ; « la
cabale ». Ce vocabulaire est défini en bas de page, ce qui m’oblige à
faire des allers-retours entre le texte et les notes et interrompt le cours
de la lecture.
D’autre part, je reproche à Olympe de Gouges de faire par mo-
ment une généralité sur le comportement des hommes, bien que je
comprenne que son texte ait une valeur universelle. Par exemple, dans
l’article 4 de la déclaration, elle mentionne « la tyrannie perpétuelle que
l'homme lui oppose » ; je trouve un peu exagéré de dire que TOUS les
hommes sont des tyrans, et qu’ils le soient perpétuellement.
Malgré mon avis plutôt mitigé, je trouve que c'est un texte brillant
et courageux, que nous propose ici Olympe de Gouges. Peu de femmes
et d'êtres humains en général auraient eu la volonté et le courage de
remettre en cause, soudain, tous les points fondamentaux admis et tout
l'ordre social. C’est un grand texte, par une grande figure qui a défendu
ses convictions personnelles jusqu’au bout, que je recommande
fortement.

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IV
Focus sur des aspects/passages du livre
Je voudrais appuyer sur le début du Postambule jusqu’à « vous n’avez
qu’à le vouloir », qui est aussi la troisième lecture linéaire que nous
avons étudié en classe. Ce texte m’a marqué et c’est peut-être celui que
je maîtrise le mieux de la déclaration, car nous avons eu à le lire à l’oral
en vue de s’entraîner pour l’oral de français. Pour cela, j’ai utilisé la
vidéo YouTube intitulée « Olympe de Gouges, Postambule - TOUT
COMPRENDRE EN 5 MINUTES !!! » de la chaîne « J’peux pas j’ai
français ». La voix-off féminine commence par la lecture du passage
proposé, puis en ressort ce qui nous intéresse, les idées principales.
Premièrement, le Postambule reflète un bilan contrasté de la Révolu-
tion française. D’un côté, on constate un bilan positif du combat mené
par les hommes et les femmes avec les termes « vérité » (l.4) ; « briser
ses fers » (l.5) ; « libre » (l.5). Cependant, ce bilan est à la fois négatif
pour les femmes. En effet, elles ne tirent aucun profit de la Révolution.
L’homme est « injuste » (l.6), il n’a pour elles que « mépris » (l.11) et
« dédain » (l.11). Les femmes perdent même du pouvoir de l’ancien
régime qu’elle tenait de la « faiblesse des hommes » (l.9), c’est-à-dire la
séduction. Ici, Olympe de Gouges fait référence au crédit des femmes
puissantes sur leurs maris, ceux qui détenaient réellement le pouvoir.
Cependant, ces intrigues de la cour sont désormais impossibles car sous
le nouveau régime, le pouvoir s’exerce en toute transparence. Le
« Postambule est donc un texte extrêmement polémique.
De plus, il s'agit d'un appel à la révolte des femmes. En effet, c'est un
texte argumentatif dans lequel Olympe de Gouges se place en dirige-
ante, porte-parole des femmes.

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Elle utilise le mode impératif : « réveille-toi » (l.1) ; « opposez » (l.16) ;
« réunissez-vous » (l.17) etc. et des apostrophes : « Femme » (l.1) ;
« Femmes » (l.6) afin de capter l'attention du lecteur. Elle fait aussi de
nombreuses exclamations, exprimés par des points d'interrogations, qui
paraissent plutôt comme des points exclarrogatifs (‽) : « que vous reste-
t-il donc ? » (l.9) ; « Qu'auriez-vous à redouter pour une si belle
entreprise ? » (l.11) « Le bon mot du législateur de Cana ? » (l.12). Ces
exclamations reflètent l'émotion dans ses paroles. On note également
l'interjection lyrique « Ô » (1.6) qui montre que le texte s'appuie aussi
sur le registre pathétique, Olympe de Gouges cherche à émouvoir le
lecteur pour qu'il prenne conscience de sa triste situation. Enfin, on
retrouve le lexique de la révolte : « tocsin » (1.1) ; « révolution » (l.7) ;
« réclamation » (l.10) ; « opposez » (l.16). L'auteure veut que les fem-
mes soient égales aux hommes. La fin de l'extrait montre qu'elle veut
bien une destruction et non une inversion de ce rapport de force.
Pour finir, Olympe de Gouges annonce une victoire sûre et certaine. On
observe cette certitude par l'emploi du futur : « verrez » (l.18) suivi du
terme « bientôt », et les questions rhétoriques : « Quels sont les av-
antages que vous avez recueillis dans la révolution ? » (l.7) qui soulign-
ent que les femmes n'ont rien à perdre. En outre, la victoire s'appuie sur
la raison avec la disparition « de préjugés, de fanatisme, de super-stition
et de mensonges » (l.3) et donc celle de la vision traditionnelle de la
femme, « un être fragile qui ne peut être l'égale des hommes ». L'auteure
s'en prend à la religion qu'elle juge en grande partie responsable de
cette vision particulière de la femme, à travers les « noces de Cana »
(l.12), épisode de la Bible durant lequel Jésus a changé l'eau en vin et
répondit à sa mère, qui lui demandait son aide : « Que me veux-tu,
femme ? ». Pour couronner le tout, Olympe de Gouges utilise le champ
lexical de la lumière : « vérité » (l.4) ; « philosophie » (l.18) renvoyant au

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mouvement des Lumières, pour supposer que la victoire passera par
l'instruction, par la lutte contre l'ignorance et l'obscurantisme.

Vidéo YouTube intitulée « Olympe de Gouges,


Postambule – TOUT COMPRENDRE EN 5 MINUTES !!! »
de la chaîne « J’peux pas j’ai français »

Focus sur l’article premier


J'aimerais également revenir sur l'article premier de la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne qui dit : « La Femme naît libre et égale
à l'homme en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées
que sur l'utilité commune ». Il est assez symbolique puisqu'il est le
premier, et également parce que c'est une paraphrase de celui de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en remplaçant « les
hommes » par « la Femme ». Pour cela, j'ai utilisé l'épisode 3 du pod-
cast intitulé « Avoir raison avec... Olympe de Gouges » tiré du site

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radiofrance.fr (7:04 à 9:14). Par cet article, Olympe de Gouges consi-
dère que « Les hommes », et dans d'autres articles de la déclaration
l’« Homme » avec un grand H, n'est pas un « Homme » universel qui
englobe les femmes. Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée fé-
ministe, pense que ce qui compte pour l'auteure ici n'est pas l'abstra-
ction de l'universalisme, mais le fait de rajouter plutôt qu'inclure; c'est
donc une précision. Par l'utilisation du terme « la Femme » ou encore
celui de « la masse des femmes » (article 15), elle prend l'universel en
défaut, précise ce qu'est l'universel sans être dans une logique d'inc-
lusion comme nous l'avons souvent trouvé au cours du XXème siècle et
encore aujourd'hui. Mme Fraisse trouve cette interprétation plutôt
intéressante, car elle en fait quelque chose d'extrêmement concret afin
de partir sur ce que l'on peut faire lorsqu'on est dans l'universel, c'est-à-
dire travailler dans « l'utilité commune » : propriété et impôts parta-ges
entre les sexes. Olympe de Gouges a donc des propositions très
institutionnelles, juridiques et concrètes qui vont spécifier ce qui fait
qu'il faut rajouter - et non inclure - les femmes dans cet universel.

Episode 3/5 intitulé : « L’égalité pour tous, et pour les femmes aussi ! »
provenant de la série intitulée « Avoir raison avec… Olympe de
Gouges » de France culture sur le site radiofrance.fr

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Focus sur une citation
Pour conclure, je vais faire un retour rapide sur la citation très célèbre
de la Déclaration : « La femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle
doit également avoir celui de monter à la Tribune ». Comme le montre
cette citation située à l'article 10, pour Olympe de Gouges, les femmes
doivent pouvoir monter à la tribune, c'est-à-dire qu'elles doivent obte-
nir le droit de prendre la parole publiquement, à une époque où elles
n'ont que peu de permissions. On relève l'emploi du présent de vérité
générale et une relation cause-conséquence qui, cependant, est expri-
mée de façon inhabituelle; cela souligne le fait que la femme était con-
damnée sans même pouvoir s'exprimer, se défendre. L'inverse montre
ici une volonté de renoncer à l'ordre établi, par souci d'équité – avec le
terme « également » – entre hommes et femmes. L'impact d'une re-
vendication comme celle-ci est long à se faire ressentir. Par exemple,
en France, les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944.
Pour cela, je me suis servi d'internet avec un autre podcast de France
culture dont le nom reprenait la citation, ainsi que de mon cours.

France Culture sur Twitter : « Olympe de Gouges, révolutionnaire et


dramaturge française, monte à la tribune de l'Assemblée nationale française
et défend des droits de femmes équivalents à ceux des hommes. »

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