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INTRODUCTION
LECTURE
Problématique : Comment OdG procède-t-elle pour stimuler la réaction des femmes ? / pour convaincre et
persuader les femmes de réagir ?
Mouvement :
- Un appel à la révolte (l. 1 à 5)
- Le constat d’une inégalité qui perdure : les femmes victimes de la tyrannie des hommes (l.5 à 13)
- L’invitation à se battre (l.13 à la fin)
Lecture linéaire
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant
empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le
flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses
forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa
compagne.
Apostrophe + impératif + tutoiement : proximité et familiarité de la formulation qui réunit les femmes, OdG
s’adresse aux femmes comme à ses sœurs, souligne la sororité entre femmes [ sororité est l’équivalent féminin de
fraternité ; en latin « frater » = frère, et « soror » = sœur]
Métaphore et hyperbole pour faire référence de manière appuyée à la Révolution et aux principes des lumières.
= La femme doit se réveiller, réagir au bruit de l’alarme qui résonne sinon elle risque de voir ses droits lui
échapper
Négation + énumération/gradation même de termes dépréciatifs qui relèvent du champ lexical de
l’obscurantisme on passe du « préjugé » qui connote l’ignorance au « mensonge » qui relève de la culpabilité
puisque volontaire, et la religion est évoquée entre les deux « fanatisme et superstition » comme si OdG voulait
signifier que la croyance était stimulée par l’ignorance qui conduit au mensonge, à la « bêtise » (métaphore à
nouveau) et à « l’usurpation » ;
à cela s’oppose (antithèse) la métaphore des lumières qui rappelle dans sa structure le mélioratif puissant empire
de la nature (parallélisme de construction) : ODG fait ici l’éloge de la révolution et rappelle ici les principes
positifs de NATURE et VÉRITÉ, chers aux Lumières ; la métaphore des nuages de la sottise et de l'usurpation place
donc ces principes au niveau du ciel (dégagé) ce qui est encore plus valorisant (= au-dessus des hommes)
OdG poursuit en évoquant la libération de l’homme - cf antithèse vocabulaire esclavage/liberté – à laquelle a
contribué la femme : ODG distingue en effet très clairement le masculin du féminin dans cette phrase, pour mieux
mettre en valeur la participation active de la femme à la révolution [ c’est vrai, c’est un fait historique 1] et surtout
le fait que les hommes ne leur en ont absolument pas été redevables Devenu libre, il est devenu injuste envers sa
compagne: idée que l’homme a « utilisé » la femme quand il en avait besoin et l’a complètement abandonnée
une fois qu’il avait obtenu ce qu’il voulait : cette dernière phrase met donc en évidence le manque de
reconnaissance de l’homme, son ingratitude vis-à-vis de la femme, donc son sexisme. C’est injuste parce que les
hommes n’octroient pas aux femmes les droits qu’elles ont participé à conquérir.
1 – Dans l’historiographie traditionnelle, la Révolution française apparaît comme un champ où s’affrontent, par excellence, les ambitions
masculines. Seules quelques figures féminines, exemplaires car exceptionnelles, semblent émerger de ce tumulte… Pourtant, entre le 18
août et le 23 septembre 1789, on note une trentaine de manifestations de femmes parisiennes. Lors des fameuses Journées d’octobre,
les 5 et 6 octobre 1789, des centaines de Parisiennes, parties du faubourg Saint-Antoine et des Halles, gagnent Versailles pour réclamer du
pain et ramener dans Paris insurgé «le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron» (la famille royale). Ce sont les femmes qui sont à
l’initiative de ces journées aux conséquences éminemment politiques. Des femmes prirent également part à des événements dont les
motivations étaient politiques – et pas seulement liées aux subsistances – comme par exemple lors de la prise des Tuileries le 10 août
1792, ou lors de l’insurrection de Prairial en avril 1795.
2ème mouvement : Le constat d’une inégalité : les femmes victimes de la tyrannie des hommes (l.5 à 13)
Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis
dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, // un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez
régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste t-il donc ? La conviction des
injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu'auriez-
vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que
nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui
n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à
répondre.
S'ils s'obstinent, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez
courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards
de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non
serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l'Être Suprême. Quelles
que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir.
Le 3ème mouvement s’ouvre par une proposition subordonnée circonstancielle de condition introduite par « si » :
OdG se projette dans un avenir proche, supposant l’argumentation masculine défavorable aux femmes,
soulignant la critique à travers le choix du V s'obstinent et la mise en valeur entre virgules, dans leur faiblesse, de
leur manque de caractère puis de fidélité à leurs valeurs morales et philosophiques en contradiction avec leurs
principes.
OdG motive alors les femmes à leur faire face, par l’utilisation de trois impératifs, trois verbes d’action au pluriel,
eux-mêmes renforcés par des adverbes, noms ou GN. L’antithèse soulignant que les femmes seraient seules
détentrices de la raison ; on note que le vocabulaire qui se rapporte aux femmes est largement mélioratif par
opposition à celui qui se rapporte aux hommes, dépréciatif
OdG est sûre d’elle et confiante en l’avenir comme l’indique l’emploi du futur de l’indicatif, de l’antithèse finale et
de la dernière formule qui rappelle le « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres » du Discours de la
Servitude volontaire d’Etienne de la Boétie (XVIème siècle).
La dernière phrase est elle aussi construite en trois temps : subordonnée circonstancielle Quelles que soient les
barrières que l'on vous oppose + principale il est en votre pouvoir de les affranchir + proposition indépendante
juxtaposée vous n'avez qu'à le vouloir ; elle rappelle « en raccourci » la structure de la précédente et porte le
même espoir, la même confiance en l’avenir
CONCLUSION
Bilan
OdG apparaît comme une femme engagée et mobilisée, un guide bienveillant et stimulant pour les femmes du
XVIIIème siècle, qui malgré sa critique de l’attitude masculine croit en un changement possible grâce à la force et
au pouvoir des femmes qui ne peut conduire qu’à la réconciliation et à la justice
Ouverture
Au choix…