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Lecture linéaire n°3 : postambule de la DDFC

Introduction
La Révolution française n’a apportée que peu de progrès pour les femmes ; ODG rédige en 1791 la
DDFC, calquée sur la DDHC. Il s’agit pour elle de défendre la cause de ces femmes oubliées. Nous
avons là à étudier un texte qui n’est pas présent dans la DDHC : le postambule. Dans ce passage,
ODG s’adresse aux femmes dans le but de les inciter au sursaut afin qu’elles s’emparent de leurs
propres libérations. Nous nous demanderons quelle stratégie argumentative ODG met-elle en place
afin d’inciter les femmes à faire valoir leurs droits.
• L 99 à 106 → contextualisation / fin de l’obscurantisme
• L 106 à 118 → les injustices faites aux femmes
• L 118 à 125 → un appel à l’insurrection

• contextualisation / fin de l’obsurantisme

➢ « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais
tes droits. »
Le premier mouvement débute par l’apostrophe « Femme », ODG interpelle les femmes, et les
désigne sous forme d’entité. En effet, l’unité est une bonne arme pour faire face à l’adversaire.
ODG nous indique immédiatement les destinataires de ce texte. ODG utilise l’impératif présent
pour donner un ordre avec un ton péremptoire. Ce « réveille-toi » est une métaphore qui signifie
réagit. Elle tutoie les femmes, instaurant une proximité entre elles. « Le tocsin de la raison » est une
métaphore, faisant référence aux Lumières et à la Révolution qui bouleversent la société française.
« Dans tout l’univers » est une hyperbole, qui symbolise le fait que les Lumières traversent les
frontières. La 3e proposition est une invitation à l’action ainsi qu’à la révolte.
➢ « Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de
superstition et de mensonges. »
Cette deuxième phrase met en évidence que les transformations découlant de la Révolution
française n’ont avantagées que les hommes. La négation restrictive met en avant toutes les
mauvaises choses de la société. Le groupe nominal rappelle que le but initial de la RF était de
rétablir les droits naturels, mais que maintenant seules les femmes veulent réhabiliter ces droits.
➢ « L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser
ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. »
« L’homme esclave » rappelle qu’avec la RF les sujets sont devenus des citoyens. Les hommes sont
désignés sous forme d’entité, ODG désigne le genre masculin dans son intégralité. Elle rappelle aux
hommes que la RF n’aurait pas pu se faire sans les femmes. Les hommes sont décrits comme des
ingrats, à l’aide d’un parallélisme de construction, ainsi qu’un antithèse avec « libre » et « injuste ».
En se libérant de ses entraves, l’homme a rendu la femme esclave, alors même que la compagne est
celle avec qui il est sensé partager son pain ( pagne ). ODG souhaite avec cette phrase apitoyer son
lecteur et dénoncer l’ingratitude des hommes envers les femmes.

• les injustices faites aux femmes

➢ « Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? »


ODG donne à ce deuxième mouvement un aspect tragique, mais également oratoire, apparentant le
texte à un discours. Cette apostrophe, ainsi que la répétition de « femme » suscite la colère, ainsi
que le réveil. Elle cherche à susciter l’action par des questions rhétoriques. Il y a la mise en place
d’un dialogue fictif entre l’oratrice et les femmes, rendant ce texte vivant et animé. La notion
d’aveuglement renvoie au combat des Lumières : les femmes sont encore plongées dans l’obscurité
des préjugés et ODG les exhorte à en sortir.
➢ « Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus
marqué, un dédain plus signalé. »
ODG ne ménage pas les femmes, qui sont selon elles aussi responsables de leur situation. Elle leur
pose une question directe et partielle( quelles ), les amenant à réfléchir. Elle répond elle même à sa
question avec l’adverbe de comparaison « plus » mettant en valeur une gradation ascendante. ODG
fait un pléonasme « mépris »/ « dédain » qui a pour objectif de renforcer le sentiment d’injustice.
Les femmes ont donc gagné en mépris avec la RF, car elles ont lutées pour pour que les hommes
aient plus de droits qu’elles. ODG dépeint la RF comme un échec.
➢ « Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de
l’homme ; la réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature. »
ODG met l’accent sur la bassesse de la condition des femmes et les incite à réclamer leur dût. ODG
s’appuie une nouvelle fois sur les lois de la Nature, qu’elle estime meilleures que celles des
hommes. L’égalité homme/ femme est naturelle mais a été corrompue par la société. Les femmes
doivent lutter pour qu’on rétablisse cette égalité naturelle.
➢ « Qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du législateur des
noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français,[...] ne vous répètent :
« Femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? »
La périphrase « législateur des noces de Cana » désigne Jésus qui lors d’un épisode de l’évangile
répète à sa mère : « Que me veux-tu femme ? ». Cette question rhétorique est insolente et exprime
une critique du christianisme, vu comme un moyen d’oppression des femmes. ODG établi un
parralèle entre le christianisme et l’Assemblée Nationale, suggérant que les institutions politiques
reproduisent la même oppression que les institutions religieuses.
➢ « Tout auriez-vous à répondre »
Le pronom « tout » placé en tête de phrase permet un effet de rupture marqué, projetant les femmes
dans un avenir où elles confronteraient les hommes.

• un appel à l’insurrection

➢ « S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec
leurs principes, opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de
supériorité ;réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie
de votre caractère »
ODG crée une hypothèse, anticipant l’argumentation des hommes et guidant les femmes dans la
façon de procéder, en utilisant un impératif : « opposez ». Elle utilise des termes dépréciatifs pour
dépeindre les hommes. Les 3 propositions sont juxtaposées, et séparées par des points-virgules qui
appartient à la catégorie de la ponctuation. ODG présente les hommes comme faibles et prétentieux
et les femmes comme intelligentes et fortes. Elle crée ainsi une forme d’antithèse entre l’homme et
la femme. ODG emploi un vocabulaire guerrier, donnant au texte une tonalité épique. La femme est
vue comme une combattante face à un ennemi qui est l’homme. Elle offre ainsi une vision
manichéiste du combat avec du bon côté les femmes et du mauvais les hommes.
➢ « vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à vos pieds, mais
fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême. »
En employant « vous verrez bientôt », ODG présente la victoire des femmes comme certaine, avec
un futur de l’indicatif, elle les encourage en leur offrant une vision de leur avenir idéal. Elle utilise
une image provocante, avec les hommes aux pieds des femmes ( registre polémique ). Elle termine
cependant son propos par de l’espoir, celui d’un temps de paix, où les hommes se réjouirai d’être
égaux aux femmes. Cet avenir radieux s’oppose au passé horrible des femmes qui est dépeint par
ODG pour créer une antithèse.
➢ « Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les
affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. »
ODG provoque une nouvelle fois, les femmes, utilisant une négation restrictive « qu’à le vouloir »,
réduisant le combat à une simple question de volonté. Le verbe affranchir renvoie à la pensée de
l’esclavagisme, il s’agit là d’affranchir la femme comme l’on affranchit un esclave.

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