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Analyse linéaire abbaye de Thélème

Toute leur vie : déterminant indéfini évoquant la totalité « toute », suggère implication des
personnes dans le système de thélème.
Etait régie : passivité, jeu de rabelais pour introduire la critique du monde qui l'entoure, en créant
un effet de surprise avec ce qui va suivre
non par des lois, des statuts ou des règles : négation portant sur les systèmes en vigueur dans le
monde de rabelais ;
mais selon ; opposition qui est construite en deux temps en fait « non par... mais selon » ; crée un
effet de retardement qui provoque une forme de surprise. On peut aussi remarquer que Rabelais
joue sur un effet d'antithèse : « régie » qui suppose obéissance et « leur volonté et leur libre-
arbitre » : liberté.
Phrase qui suit énumère les activités des thélémites, activité du quotidien, qui rapprochent ceux-
ci de personnes normales. Ces activités sont cependant encore une fois mise en association avec des
expressions redondantes pour évoquer la liberté : « quand bon leur semblait » : « quand le désir leur
en venait ».
Négation répétée « nul », « nul », est encore une référence au monde contemporain de Rabelais, en
particulier au fonctionnement des collèges que l'écrivain abhorre dans lesquels les élèves ont
torturés et soumis à des règlement très stricts.
Ainsi en avait décidé … ; forme de contradiction ici, où l'on voit que même l'instigation d'une
absence de règle provient d'un maître des régles, et surtout se formule en une règle.
Ne pas oublier que Gargantua, comme géant dans l'oeuvre rabelaisienne, est représentant de l'être
humaniste, une sorte d'homme idéal dont la taille est proportionnelle à la sagesse.
Encore contradiction : absence de règle se formule avec un impératif !
Parce que... justification de la règle, montre que l'on est ici dans une forme d'argumentation et qu'il
est nécessaire de convaincre.
« gens libres, bien nés.. ... » énumération des qualités des thélémites semble faire d'eux une élite :
champ lexical mélioratif. → personnages idéaux.
Société semble repliée sur elle-même : d'abord par l'énumération de ces qualités, ensuite par
l'emploi de l'expression « les gens », et du « ils » qui excluent le narrateur, les personnages, et le
lecteur.
Quand ils sont... : ancrage de la définition du thélémite dans une étude presque psychologique de
l'être humain : le désir de toujours vouloir s'affranchir des contraintes. « car nous entreprenons
toujours... nous set refusé ». On peut remarquer ici l'emploi du pronom « nous » qui inclut le
narrateur et le lecteur. Rabelais montre ainsi que les Thélémites sont bien des êtres qui nous
ressemblent, mais ils ont quelque chose en plus !
Grâce à cette liberté ...: Paragraphe qui illustre le « vivre ensemble » : jeu de balancement entre
expression évoquant un individu, et une autre évoquant le reste du groupe.
Pour évoquer le fait que personne ne domine les autres, on constate que Rabelais utilise  des
pronoms indéfinis « l'un » d'entre eux »/ « tous », et répète cette formule.
Les propositions s'enchaînent aussi par parallélismes, sans connecteur logique, pour souligner avec
quelle simplicité ces actions se suivent, protase (= première partie de la phrase) longue, apodose
(deuxième partie de la phrase) courte, pour souligner cette simplicité, cette absence de contestation
de ce qui est pourtant un ordre.( « buvons », «  jouons » sont des impératifs)
De même, on nous montre que les Thélémites ne se différencient pas les uns des autres, sauf par
leur sexe, qui régit les rôles à la chasse. « les dames »/ « les hommes ». Détails donnés sur la chasse
évoque élégance « belle haquenées, fier palefroi », « poing finement ganté »...et contribue à l'idée
que l'on nous représente une élite.
dernier paragraphe est celui des savoirs : encore insistance sur groupe d'élite « si bien éduquée »,
formule superlative,.
homogénéité du groupe grâce à l'insistance encore par répétition (plutôt polyptote -RHÉT. Figure
consistant à employer dans une phrase plusieurs formes grammaticales d'un même mot
(genre, nombre, personnes, modes, temps).  ) d'un pronom indéfini « aucun ou aucune » (tous
savent lire)/
Variété des savoirs présenter sous forme d'énumération : correspond à l'idéal humaniste (cf lettre de
gargantua à son fils, dans le même livre, chapitre VIII)
« Jamais on ne vit... là encore on construit l'idée d'exception de cette congrégation grâce à des
terme s qui excluent toute possibilité de perfection d'exister ailleurs , ici grâce à l'adverbe
« jamais » accompagné d'une négation : « jamais on ne vit », construction encore du superlatif
« si... » répété.
Remarquez les parallélismes « jamais on ne vit » pour créer une insistance.
On remarque cependant les prédestinations sur certains travaux : les hommes pour les armes, les
femmes pour la broderie... mais il est déjà très moderne pour l'époque de Rabelais d'imaginer une
école pour des femmes.
Pour ces raisons... : poursuite d'une forme de justifications (il s'agit ici de justifier pourquoi les
Thélémites se mariaient entre eux ; parce qu'il était difficile de trouver meilleur conjoint ailleurs!)
monde extérieur présenté comme une contrainte (soit à la demande de ses parents, soit pour une
autre cause) ; rappelle que l'abbaye de thélème est un lieu à part.
Idéal dans le mariage ; expression du consentement mutuel entre les époux qui se sont choisis :
homme emmène femme qui l'a choisi (idéal de l'amour courtois du Moyen- age – selon lequel c'est
la femme qui décide de la concrétisation d'une union, avec un homme qui lui a fait la cour-influence
ici Rabelais). Mariage renforce union déjà permise par le fonctionnement de l'abbaye.

Les problématiques possibles :


1/ Dans quelle mesure peut-on parler ici d'utopie ?
2/En quoi ce texte est-il représentatif de la pensée humaniste ?
3/Dans quelle mesure peut-on voir dans ce texte une forme de critique de la société réelle ?
4/A partir de ce texte, montrez quelles sont les grandes forces de l'argumentation indirecte pour faire
réfléchir le lecteur ?

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