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EXPLICATION LINÉAIRE n°1 :


Sido (1930), « Ô géraniums, ô digitales [...] déformé par son éclosion... »

INTRODUCTION : 1 MOUVEMENTS DU TEXTE : 5

- amorce : auteure à succès très attachée à la nature, C - L1 à L12 : le jardin et la mère


- genre : récit autobiographique - L14 à la fin : les aubes épiques et merveilleuses
- titre : Sido
- auteur : Colette (+ courte biographie)
- date : 1930
- parcours associé : la célébration du monde PROBLÉMATIQUE : 4
- résumé de l’œuvre : l'auteur rend hommage à sa mère
adorée, Sidonie, appelée affectueusement par le « En quoi ce texte exprime-t-il l’émerveillement de la narratrice
diminutif « Sido », personnage haut en couleurs, à la enfant pour la nature et le jardin familial ? »
répartie ravageuse, pleine de vie, et qui fut sa source
d'inspiration artistique majeure.

RECONTEXTUALISATION DE L'EXTRAIT : 2

Dans cet extrait, la narratrice décrit le jardin qui entour la maison familiale et l'émotion forte suscitée par la vision de la nature à l'aube,
sur le chemin de la cueillette de fruits rouges.

CONCLUSION : A OUVERTURE : B

Nous cherchions à savoir en quoi ce texte exprime l'émerveillement On retrouve de nombreuses descriptions de décors naturels
de la narratrice pour la nature et le jardin familial. dans Les Vrilles de la vigne, comme par exemple celle de la
Dans cet extrait le lecteur a donc un aperçu de l'importance capitale forêt de Crécy.
que l'auteur accorde au souvenir de son enfance, et à l'évocation de la
nature, au contact de laquelle elle a vécu des moments de grâce.
MOUVEMENT 1 : L1 à L12 → le jardin et la mère (description du jardin familial et des espèces végétales qui le composent + hommage
rendu au jardin, indissociable de la figure maternel)

CITATION PROCÉDÉ INTERPRÉTATION


« Ô géranium, ô digitales... Celles-ci fusant apostrophes / personnification grâce au L'amorce est marqué par le registre lyrique
des bois taillis, ceux-là en rampe allumés au vouvoiement / première personne / effet (caractérisé par la présence d'une
long de la terrasse, c'est de votre reflet que sonore poétique (allitération) allitération en [l] et par l'emploi du « je ») qui
ma joue d'enfant reçut un don vermeil. » apporte une tonalité émotive et très
L1-2 expressive à l'hommage rendu aux fleurs du
jardin, sentiments renforcé par l'emploi du
vouvoiement.
« Car « Sido » aimait... » L2-3 complément circonstanciel de cause Lien entre le jardin et la mère qui est donc à
introduit par la conjonction de coordination l'origine de l'émotion de la narratrice.
« car » Rendre hommage au jardin revient donc à
rendre hommage à Sido.
« Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le énumération des couleurs chaudes Leur mention montre la vivacité de la mère
rose, les sanguines filles du rosier, de la retrouvées dans le jardin grâce aux plantes en même temps que la profusion du jardin
croix-de-Malte, des hortensias et des en fleurs, le faisant passer pour une sorte
bâtons-de-Saint-Jacques, et même le d’Éden fleuri.
coqueret-alkékenge, encore qu'elle accusât
sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de
lui rappeler un mou de veau frais... » L2 à 4
« À contrecœur elle faisait pacte avec l'Est : personnification diabolique de l'Est Sido sait enchanter le monde (à la façon
« Je m'arrange avec lui », disait-elle. Mais d'une divinité qui parlerait d'égal à égal avec
elle demeurait pleine de suspicion et l'Est) qu'elle ne trouve ni fade, ni ordinaire.
surveillait, entre tous les cardinaux et L'émerveillement de la narratrice enfant
collatéraux, ce point glacé, traître, aux jeux viendrait de sa mère et de son rapport aux
meurtriers. L4 à 6 choses qui l'entourent.
« Étés réverbérés par le gravier jaune et - métonymie de la chaleur et du soleil par La chaleur, le soleil sont présents partout
chaud, étés traversant le jonc tressé de mes les mots « étés » dans les souvenirs de la narratrice et que
grands chapeaux, étés presque sans cela l'émerveille.
nuits... » L11-12
« Hors une corne de terre, hors un bosquet - énumération de couleurs chaudes et Le jardin semble irradier de la couleur rouge
de lauriers cerises dominés par un junko- notamment de rouge qui fait ressentir à la narratrice un
biloba - je donnais ses feuilles, en forme de « sentimental bonheur » et un
raie, à mes camarades d'école, qui les « éblouissement optique » : elle est en
séchaient entre les pages de l'atlas - tout le extase devant le jardin et ses couleurs.
chaud jardin se nourrissait d'une lumière - imparfait de l'indicatif Les souvenirs de la narratrice laissent une
jaune, à tremblements rouges et violets, empreinte durable, lui diffusant un sentiment
mais je ne pourrais dire si ce rouge, ce de bien-être total.
violet dépendaient, dépendent encore d'un - anaphore de « hors » + épanorthose Ajouter de la force d'émotion à son souvenir.
sentimental bonheur ou d'un éblouissement - personnification du jardin qui « tremble » Le paysage dessiné par ce jardin a été un
optique. » L8 à 11 et « se nourrie » compagnon d'enfance pour l'auteure.

MOUVEMENT 2 : L14 à la fin → les aubes épiques et merveilleuses (extase de l'enfant à « vivre » l'aube de la nature et à contempler le
lever du soleil)

CITATION PROCÉDÉ INTERPRÉTATION


« Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma L'aube est considéré pour la narratrice
mère me l'accordait en récompense. enfant comme une récompense.
J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et - métaphore de la narratrice et du Petit Donner à cette aventure une atmosphère de
demie, et je m'en allais, un panier vide à Chaperon Rouge conte merveilleux.
chaque bras, vers des terres maraîchères - assonance en [en] L'expression et l'écriture sont travaillées
qui se réfugiaient dans le pli étroit de la + allitérations en [m] et [v] poétiquement pour restituer l'émerveillement
rivière, vers les fraises, les cassis et les + rime interne erre/ère qui fut celui de la narratrice enfant.
groseilles barbues. » L14 à 16 + personnification des terres maraîchères
« À trois heures et demie, tout dormait dans
un bleu originel, humide et confus, et quand
je descendais le chemin de sable, le
brouillard retenu par son poids baignait
d'abord mes jambes, puis mon petit torse
bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles
et mes narines plus sensibles que tout le
reste de mon corps... J'allais seule, ce pays
mal pensant était sans dangers. C'est sur ce
chemin, c'est à cette heure que je prenais
conscience de mon prix, d'un état de grâce
indicible et de ma connivence avec le
premier souffle accouru, le premier oiseau,
le soleil encore ovale, déformé par son
éclosion... »

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