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DDFC : lecture linéaire 7

Début du postambule

Olympe de Gouges ajoute un postambule à sa déclaration., comme si , après les articles de loi, elle
avait besoin de reprendre la parole pour fédérer les femmes autour de leur propre cause.

Elle veut montrer aux femmes qu’elles peuvent devenir maîtresses de leur destin en unissant leurs
forces.

3 mouvements :

1. ODG fait le constat d’une époque qui a changé sous l’influence du mouvement des Lumières.

« Femme, réveille-toi » à « il est devenu injuste envers sa compagne. »

2. Elle remet en cause les avantages que les femmes pensent avoir obtenu lors de la RF.

« O femmes ! » à « Tout, auriez-vous à répondre »

3. Appel à la révolte des femmes

« S’ils s’obstinaient… » à « vous n’avez qu’à le vouloir. »

Problématiques possibles : En quoi Olympe de Gouges dans cet extrait du postambule de la DDFC
cherche-t-elle à créer une prise de conscience collective chez les femmes ?

Quelle stratégie Olympe de Gouges adopte-t-elle pour convaincre les femmes de se battre pour
obtenir l’égalité ?

1er mouvement :

Il s’ouvre par une apostrophe « Femme, réveille-toi ». L’urgence de la situation est traduite par
l’emploi de l’impératif « réveille-toi ». Tutoiement -> proximité, sororité.

La femme est directement prise à partie -> injonction à sortir d’une condition sclérosée. Critique du
comportement des femmes qui ont une responsabilité dans leur situation.

Contexte favorable à ce réveil, au changement : « le tocsin de la raison se fait entendre ». La


métaphore du bruit permet le réveil des femmes. Ce bruit est celui du changement. Celui-ci est
éclairé, rationnel : « le tocsin de la raison ».

Le tocsin est une sonnerie de cloches civile pour alerter la population d'un danger imminent tel qu'un
incendie, une invasion, une catastrophe naturelle, un naufrage, mais aussi pour rassembler la
population en urgence.

Le caractère urgent de la situation est bien traduit par la métaphore du « tocsin » .

L’hyperbole « dans tout l’univers » souligne la généralisation, l’universalisation du changement.

Injonction à faire valoir des droits naturels « reconnais tes droits ». Cette injonction, ce réveil sont
légitimes.

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Le changement de l’époque est traduit par la négation « n’est plus environné de préjugés, de
fanatisme, de superstition et de mensonges ». Enumération de termes péjoratifs : l’époque ancienne
est révolue, le changement s’est opéré à toute la société. « fanatisme » et « superstition » renvoient
à des critiques de l’Eglise.

Changement très positif. Métaphore « le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages ».
L’hyperbole montre que les changements sont totaux.

La révolution est présentée comme puissante et synonyme de liberté : « l’homme esclave a multiplié
ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers ». Nécessaire coopération,
fraternité, entre l’homme et la femme. Sans la femme, l’homme n’est pas libre.

L’homme est donc redevable à la femme.

Injustice faite aux femmes « devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne ». Le parallélisme
de construction montre l’opposition entre les mots « libre » et « juste ». ODG met en lumière un
rapport de cause à effet immédiat : la liberté semble mener à une pratique de l’injustice. Accusation
des hommes. Ils sont présentés comme égoïstes et ingrats car ils se sont opposés à l’émancipation
des femmes, qui leur avait pourtant permis, d’accéder à la liberté. Paradoxe. Thèmes de l’esclavage
et de l’affranchissement.

2e mouvement :

Double apostrophe avec ô lyrique : «ô femmes ! femmes … »

On passe du tutoiement à la généralisation avec l’emploi de la P5 (emploi de la 2 e personne du


pluriel). Contre toute attente, ODG accuse également les femmes de se complaire dans cette
injustice. Reprise de la métaphore de la lumière, niée ici avec l’attribut du sujet « aveugles ». Deux
interrogations qui visent à provoquer les femmes, à leur faire prendre conscience de leur situation.

Recours à la ponctuation forte qui témoigne de la gravité du propos et de l’enthousiasme de


l’autrice. Ce texte prend également l’allure d’un discours -> marques de l’oralité.

L’accusation d’aveuglement rappelle le début du 1er mouvement (yeux fermés pendant le sommeil ou
qui dysfonctionnent car aveugles).

Le ton est emphatique (avec les apostrophes notamment). Question rhétorique « Quels sont les
avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? » qui témoigne de l’exclusion des femmes
alors que la société est changée.

Même si on a la présence d’une question rhétorique, ODG donne deux réponses qui accusent encore
les femmes : parallélisme de construction « un mépris plus marqué, un dédain plus signalé ». +
allitération en (m) et assonance en (é) comme pour marteler la dureté de la situation. La Révolution a
donc desservi la cause des femmes, leur condition est pire que pendant l’Ancien régime.

Pourtant pour ODG, les femmes ne sont pas faibles. La suite du mouvement met en lumière la
puissance féminine : verbe « régner », GN « votre empire ». Cette puissance n’est pas réelle : la
négation exceptive « vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes » souligne que la force des
femmes n’a pas été employée à bon escient et que l’ « empire » est insignifiant et n’a pas de valeur.
Fin d’une époque également pour les femmes « votre empire est détruit » : constat d’un échec.

Suite de questions -> force du discours.

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Cette succession d’interrogations met en évidence l’infériorité des femmes dans la société. Bilan :
« la conviction des injustices de l’homme ».

Impossibilité pour les femmes d’accéder à leur patrimoine alors que ce droit devrait être naturel et
inaliénable : « fondée sur les sages décrets de la nature ».

Attaque de l’Eglise et des hommes par la référence biblique des noces de Cana : antiphrase « le bon
mot ». ODG compare le ton autoritaire de Jésus à celui que les époux ont avec leurs femmes qu’ils
remettent à leur place. Episode où on lit le mépris d’un homme vis-à-vis des femmes. -> esprit
anticlérical d’ODG.

Affirmation une nouvelle fois que les temps ont changé : négation « mais qui n’est plus de saison ».

Les femmes ne doivent plus avoir peur d’une autorité masculine « femmes, qu’y a-t-il de commun
entre vous et nous ? ». Humanité commune, fraternité : cf. hyperbole « tout ». Les femmes doivent
accéder à la parole même si les questions posées par les hommes sont rhétoriques. Elles ont le droit
de répondre même si cette prise de parole est hypothétique (on le voit avec le conditionnel présent
« auriez-vous ».) Pour que l’égalité entre hommes et femmes puisse être d’actualité, les femmes
doivent prendre leur vie en main et oser répondre aux hommes.

3e mouvement :

Il s’ouvre par des conseils, recommandations d’ODG aux femmes. Elle se positionne donc en
meneuse du combat pour l’égalité.

Dans la suite du discours, ODG veut donner une ligne de conduite aux autres femmes, leur donner le
courage et leur faire prendre conscience de la légitimité de leur combat.

ODG prévoit les obstacles que pourraient rencontrer les femmes : prop subordonnée circonstancielle
marquant l’hypothèse.

Le rôle de conseillère, guide, est traduit par les impératifs : « opposez courageusement »,
« réunissez-vous », « déployez ».

Caractère illogique de l’homme : antithèse « cette inconséquence », « leurs principes »

Les hommes ne peuvent pas aller à l’encontre des intérêts des femmes puisque c’est contraire à
leurs valeurs. -> faiblesse des hommes qui peuvent être incapables de respecter leur parole.

Les femmes doivent s’appuyer sur les Lumières, comme un héritage, une légitimité « la force de la
raison » quand les hommes font preuve de déraison et de faiblesse « vaines prétentions de
supériorité ». Jugement d’ODG sur les hommes : présence de nombreux éléments péjoratifs. Les
femmes doivent mener un combat intellectuel : allégorie de la philosophie.

Le combat ne peut se faire que par l’union : « réunissez-vous » ; mouvement qui prendra de
l’ampleur « déployez », « toute l’énergie ».

Conséquences rapides « et vous verrez bientôt ». Caractère ambivalent de l’homme : terme


péjoratifs (ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à nos pieds) faisant des hommes des
êtres soumis, mais également « fiers de partager avec vous les trésors de l’Etre suprême ».. Dualité
de l’homme qui éprouvera une grande satisfaction dans le partage humaniste. Périphrase « les
trésors de l’être suprême ». Accès aux secrets du dieu-horloger des Lumières.

Dernière phrase comme bilan, moyen de réaffirmer aussi la nécessité du combat : proposition
subordonnée circonstancielle de concession « quelles que soient les barrières que l’on vous

3
oppose ». La métaphore des difficultés avec l’image matérielle des « barrières » montre que le
combat peut être compliqué mais que les femmes ont les ressources nécessaires pour parvenir à
gagner l’égalité recherchée. « il est en votre pouvoir de les affranchir ». La femme est capable de se
libérer du joug de l’homme (rappel de la métaphore de l’esclavagisme déjà présente dans le début
du discours). La négation exceptive « vous n’avez qu’à le vouloir » souligne la puissance de la femme
et l’importance de sa volonté. Elle permet aussi de suggérer la facilité de ce combat en minimisant
l’ampleur de la tâche ; c’est un moyen qu’Olympe de Gouges emploie pour donner du courage aux
femmes et les convaincre de se battre pour changer leur statut dans la société.

On peut également noter la rime « pouvoir »/« vouloir » qui lie ces deux mots et donne une
puissance invincible aux femmes.

Conclusion : ainsi nous avons pu voir que dans ce postambule aux allures de discours, ODG appelait
toutes les femmes à prendre une part active dans le combat pour l’égalité des sexes. Loin de
considérer que les femmes sont uniquement les victimes des hommes, elle met en lumière leurs
responsabilités. Cela permet à l’autrice de pousser les femmes à se soulever pour se battre en vue
d’une société plus égalitaire.

Ouverture :
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