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3 mouvements : un appel au sursaut / la nécessité d’agir / agir sans craindre les obstacles qui
peuvent être dépassés
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1er mouvement : un appel au sursaut
Olympe de Gouges appelle les femmes à « [se] réveille[r] » et à prendre conscience des
injustices dont elles sont victimes ; cette exhortation est un appel au sursaut
- Extrait fait explicitement écho au texte qui précède le préambule la Déclaration (cf. « Homme
es-tu capable d’être juste).
* 2 textes sont introduits par une apostrophe => interpellent directement les destinataires.
L’apostrophe initiale du postambule « Femme, réveille-toi » use de la même tonalité
polémique que le texte « ho es-tu capable d’être juste ». SINGULIER = Généralisation (la
femme doit se réveiller)
OdG s’adresse directement à la femme. Tutoie + volonté de la bousculer => femme doit
cesser d’accepter passivement l’injustice de sa situation.
Objectif de cet échos est de renforcer la une double prise de conscience, des hommes d’un
côté, mais aussi des femmes d’un autre côté.
« Réveille-toi » est très parlant : elles doivent sortir de leur sommeil, de leur léthargie afin de
ne plus subir leur sort et de faire valoir leurs droits, qu’elles ont, elles aussi, à l’instar des
hommes
L’allégorie1 de la raison devenue un « tocsin », une cloche d’alerte, présente l’époque dans
laquelle Olympe de Gouges écrit comme un tournant décisif.
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Allégorie : figure de style qui permet de mieux comprendre un concept, une idée, une abstraction grâce à une histoire, une métaphore ou
une image ; procédé qui permet de se figurer de manière concrète une idée abstraite (ici, le concept de raison est représenté de manière
concrète par la métaphore du tocsin).
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L’hyperbole « dans tout l’univers » renforce la puissance de ce signal d’alarme que diffuse la
raison.
Les termes négatifs ciblent l’ignorance et l’intolérance contre lesquelles les femmes doivent
lutter. => termes qui sont proches des mots utilisés par les philosophes des Lumières.
2 comportements antithétiques :
La lumière de la vérité doit se propager afin de lutter contre l’obscurantisme et d’engager les
femmes sur la voie de la révolte puis de celle de l’émancipation.
- Les Lumières sont fortement mises en avant dans la phrase suivante (lignes 5-6) : « Le
flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation ».
Métaphore du flambeau rappelle celle qui désigne la philosophie des Lumières => s’appuie
sur raison pr éclairer consciences et dissiper préjugés.
Olympe de Gouges invite les femmes à suivre la voie tracée par les Lumières et à revendiquer
ses droits.
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« L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses
fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. »
OdG parle de l’égoïsme et de l’ingratitude des hommes => ils n’ont pas partagé leur
émancipation avec la femme.
Mot « compagne » = < bas lat cum-panis = avec qui on mange le pain
Celle qui partage les occupations et parfois le sort d'une autre personne.
Celle qui partage l'idéal, les épreuves, les joies, les peines de quelqu'un.
Mot « compagne », les place sur un pied d’égalité, mais finalement traitement inégal des
hommes et des femmes.
- Cherche à appeler femme à mobilisation et à l’inciter à une prise de conscience qui doit
mener à des actions d’insoumission pour que les « fers » des femmes soient eux aussi brisés.
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2e mouvement : la nécessité d’agir
Pluriel => toutes les femmes sont interpellées => se tourne vers la masse des femmes pour
l’appeler à prise de conscience collective et mobilisation immédiate. S’assembler, unir forces,
s’unir dans combat pr égalité.
Par cette interrogation directe partielle => exhorte les femmes à ouvrir les yeux ; elle leur
insuffle ainsi toute l’indignation nécessaire pour entreprendre une lutte active contre les
inégalités. Fait comprendre que leur inaction est responsable de leur asservissement, ou en
tout cas responsables du fait que leur asservissement perdure.
(le verbe « cesser » indiquant en effet que cela dure alors depuis bien trop longtemps).
! Pas de questions rhétoriques, mais bien de véritables questions, dont les réponses doivent
faire prendre conscience aux femmes de l’état de leur situation.
« Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué,
un dédain plus signalé ».
Prise de conscience concerne le fruit de la participation des femmes à la Révolution => constat
terrible pr les femmes : de la Révolution, elles n’ont tiré qu’ « un mépris plus marqué, un
dédain plus signalé ».
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Parallélisme de construction : « Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé ».
Les valeurs prônées par les Lumières, notamment l’égalité, tardent à devenir principes de
réalité. Ainsi, la phrase nominale « Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé » insiste sur
l’infériorisation de la femme.
- 2e prise de conscience : fait que les femmes ont maintenant tout perdu :
« Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre
empire est détruit. »
Elles sont complètement dépouillées. Trop longtemps bercées d’illusions quand elles ont cru
qu’elles jouaient réellement un rôle dans la société de l’Ancien Régime.
Tout ce qui renvoie au pouvoir est encadré par la restrictive : « régner » et le nom « empire »
« ne… que » : « vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes »
=> le mouvement révolutionnaire avait besoin des femmes pour faire tomber l’Ancien Régime,
mais ce sont les hommes seuls qui en cueillent les fruits. Le verbe « détruire » insiste sur la
défaite des femmes.
- Olympe de Gouges s’interroge ensuite sur ce qui reste aux femmes après la Révolution :
Tout perdu, mais ne sont plus naïves. => « La conviction des injustices de l’homme » = phrase
nominale, courte et sèche, qui renvoie les femmes à leur misérable sort.
Si le terme « conviction » exprime prise de conscience et capacité à réfléchir, mais force est
de constater que cette prise de conscience est amère.
« La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature » accentue
l’injustice dont sont victimes les femmes.
Patrimoine = leur pouvoir naturel, droits naturels => droits qu’elles tiennent de leur naissance
et de la nature. (cf texte 1)
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La nature, valeur fondamentale du XVIIIe siècle. Elle est valorisée par l’expression « sages
décrets ». Face à une prise de conscience amère, les femmes doivent agir conformément à la
nature.
« Qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du législateur des noces
de Cana ? Craignez-vous que nos législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps
accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent :
femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? »
- En identifiant précisément les éléments qui pourraient conduire les femmes à refuser l’action
(« le bon mot du législateur des noces de Cana » ; « les législateurs français […qui…] répètent
: femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? »),
Dénonce avec ironie une morale biblique archaïque à laquelle se réfèrent les hommes qui ont
pourtant instauré un Etat laïc au terme de la Révolution.
OdG affirme donc ainsi que les femmes n’ont rien à craindre d’hommes qui pensent leur être
supérieurs et qui agissent de manière contradictoire en rejetant la Bible tout en continuant
d’agir comme Jésus dans l’épisode des noces de Cana .
Elle cherche à les libérer de la peur (« qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ?
» ; « Craignez-vous que nos législateurs français… ») et leur rappelle que la Révolution
française a posé les bases de la laïcité, de la dissociation entre l’Eglise et l’Etat
- Le passage « nos législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux
branches de la politique, mais qui n’est plus de saison » : les législateurs révolutionnaires ont
dorénavant écarté la morale religieuse. Plus d’actualité, dépassé.
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- OdG incite femmes à donner à la fin de ce passage, en réponse à l’utilisation de la phrase
biblique « femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? », est à la fois inattendue et
sans appel : « Tout ».
Le conditionnel présent « auriez-vous à répondre » est une manière d’inciter les femmes à
agir ainsi, tout comme la tournure d’obligation « avoir à + infinitif », qui signifie « devoir ».
-Olympe de Gouges incite femmes à briser leurs chaînes et à s’imposer face à la « morale »
des hommes, au nom de l’universalisme (c’est-à-dire au nom de l’idée que les hommes et les
femmes ont tout en commun).
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3e mouvement : agir sans craindre les obstacles qui peuvent être dépassés
- 18 à 25 : Olympe de Gouges envisage les obstacles auxquelles les femmes pourraient être
confrontées dans leur quête d’égalité ; mais, elle encourage les femmes à agir, sans craindre
ces obstacles qui peuvent, selon elles, être dépassés, vaincus
- Olympe de Gouges accuse les hommes d’ « inconséquence » = elle souligne le fait qu’il y a
une « contradiction » entre « leurs principes » et leurs actes ». Au moment de la Révolution
de 1789, les hommes voulaient l’égalité de tous, mais en réalité les femmes ne sont pas
traitées à l’égal des hommes.
- La femme doit s’opposer aux hommes et fini le combat en se réunissant et en étant solidaires
dans le combat.
Le groupe verbal « déployez toute l’énergie de votre caractère » insiste sur le courage dont
auront besoin les femmes pour venir à bout de leur combat.
- La phrase très longue utilisée pour déployer le raisonnement est au service de son
argumentation.
=> La fin de la phrase, marquée par le passage au futur de l’indicatif (renforcé par
l’adverbe temporel « bientôt »), permet à Olympe de Gouges de dessiner pour les femmes un
futur désirable, si elles agissent comme elle les incite à le faire :
« et vous verrez bientôt ces orgueilleux, nos serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais
fiers de partager avec vous les trésors de l’Être-Suprême ».
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L’autrice a la certitude que la démarche des femmes aboutira et que l’égalité hommes-
femmes est possible.
Olympe de Gouges brosse un portrait peu élogieux des hommes, employant de nombreux
termes à connotation péjorative : « s’ils s’obstinent » , « dans leur faiblesse », « cette
inconséquence en contradiction avec leurs principes », « vaines prétentions de supériorité »,
« ces orgueilleux », « serviles adorateurs rampants à vos pieds ».
- Au contraire, l’action des femmes sera fondée sur la raison et la sagesse et donne une image
positive des femmes : « la force de la raison », « les étendards de la philosophie ». La
métaphore des « étendards »
Pour OdG toutes les femmes doivent être capables de sortir de leur attentisme, d’unir leur
force et leur détermination dans la lutte pour la reconnaissance de leurs droits.
Antithèse des lignes 24-25 « non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de
partager avec vous les trésors de l’Être suprême ».
Des formules d’encouragement clôturent l’extrait : « il est en votre pouvoir de les affranchir ;
vous n’avez qu’à le vouloir »
Selon Olympe de Gouges, les hommes ont beau mettre des barrières, les femmes peuvent les
renverser si elles le veulent.
L’auteure, en jouant sur des mots aux sonorités proches (pouvoir / vouloir), des paronymes,
veut d’attirer l’attention sur ces mêmes mots.
-La tournure restrictive « ne… que » dans la dernière proposition « vous n’avez qu’à le vouloir
» donne une impression de facilité : les femmes ne doivent pas avoir peur, elles sont dans leur
droit.
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Conclusion
Dans ce texte qui fait écho à l’interpellation des hommes située plus tôt dans l’œuvre,
Olympe de Gouges n’épargne pas les femmes dont elle estime qu’elles doivent prendre leur
destin entre leurs mains et ne plus subir passivement leur situation.
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