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Le Théorème de Seifert et Van Kampen.

Brahim ABBACI
24 novembre 2021

Les deux principaux outils pour le calcul du groupe fondamental d’un espace sont le
théorème de Seifert et Van Kampen et la théorie des revêtements. Dans ce chapitre nous
énonçons et démontrons le théorème de Seifert et Van Kampen.
Le cadre naturel du théorème de Seifert et Van Kampen est celui de la théorie combinatoire
des groupes. Nous décrivons donc, dans une première section, les éléments de base de cette
théorie. Nous présentons ensuite le théorème de Seifert et Van Kampen.

1 Produits libres et sommes amalgamées des groupes.


Le but principal de cette section est la définition d’une somme amalgamée de groupes,
nécessaire à l’énoncé du théorème de Seifert et Van Kampen. Tous les groupes sont notés
multiplicativement ; ainsi le groupe Z est représenté par l’ensemble des puissances d’une
variable formelle t,
Z = {tn , n ∈ Z}.
L’élément neutre du groupe G est noté eG ou e s’il n’y a pas ambiguïté.

Définition 1.1 Le produit libre de deux groupes, G1 et G2 , est le groupe noté G1 ∗ G2 ayant
pour éléments les mots a1 a2 . . . an , n > 0, où les ai sont des éléments de G1 r {e} ou de
G2 r {e} tels que, si ai appartient à l’un des groupes, ai+1 appartient à l’autre et cela pour
i = 1, . . . , n − 1. Le cas n = 0 correspond au mot vide.

Le produit de deux mots a1 a2 . . . an et b1 b2 . . . bm s’effectue de la manière suivante.


• Si an et b1 n’appartiennent pas au même groupe, le produit s’obtient par juxtaposition,

(a1 . . . an )(b1 . . . bm ) = a1 . . . an b1 . . . bm .

• Si an et b1 appartiennent à un même groupe et que leur produit c dans ce groupe est


différent de e, alors

(a1 . . . an )(b1 . . . bm ) = a1 . . . an−1 cb2 . . . bm .

• Finalement, si an et b1 sont dans un même groupe et que leur produit vaut e, le produit
est défini par induction à partir de la formule

(a1 . . . an )(b1 . . . bm ) = (a1 . . . an−1 )(b2 . . . bm ).

1
L’associativité découle des formules ci-dessus et de l’associativité des lois de G1 et G2 . L’élé-
−1
ment neutre est le mot vide, noté e. L’inverse du mot a1 . . . an est le mot a−1 n . . . a1 . Nous
avons ainsi obtenu une structure de groupe, non commutatif dès que les groupes, G1 et G2 ,
ne sont pas triviaux. Remarquons en effet que, si a ∈ G1 et b ∈ G2 sont différents de l’élément
neutre, le mot aba−1 b−1 est différent de l’élément neutre de G1 ∗ G2 .
L’application i1 qui, à un élément g ∈ G1 r {e} associe le mot à une lettre g ∈ G1 ∗ G2 ,
est un morphisme de groupes, i1 : G1 → G1 ∗ G2 . On introduit de même le morphisme de
groupes i2 : G2 → G1 ∗ G2 .
Proposition 1.1 (Propriété universelle du produit libre) Si ϕ1 : G1 → K et ϕ2 :
G2 → K sont deux morphismes de groupes, il existe un, et un seul, morphisme de groupes
ψ : G1 ∗ G2 → K tel que ψ ◦ i1 = ϕ1 et ψ ◦ i2 = ϕ2 .
Preuve. Soit a1 . . . a2m ∈ G1 ∗ G2 . Si a1 ∈ G1 , on pose
ψ(a1 . . . a2m ) = ϕ1 (a1 )ϕ2 (a2 ) . . . ϕ1 (a2m−1 )ϕ2 (a2m ),
et des formules semblables pour les autres cas.
Définition 1.2 Un groupe libre à n générateurs est le produit libre itéré de n copies du
groupe Z.
Si on note les éléments du i-ème facteur Z comme les puissances d’une variable ti , 1 ≤ i ≤ n,
alors le groupe libre à n générateurs apparaît comme l’ensemble des mots non commutatifs
que l’on peut écrire avec les lettres tni i . Ainsi dans Z ∗ Z, on trouve les mots t31 t−4 −1 8
2 t1 t2 , t1 t2 t1 ,
−1 −4 −3 3 5 −1
t2 t1 t2 , etc. De même, les mots t1 t2 t1 t3 t2 et t3 t1 t3 t2 appartiennent à Z ∗ (Z ∗ Z).
Dans la suite, le groupe libre à n générateurs est noté ht1 , . . . , tn i.
En particularisant la propriété universelle du produit libre de groupes, on obtient la
propriété universelle suivante des groupes libres. Elle est une conséquence directe du fait que,
pour tout groupe G, la donnée d’un morphisme de groupes ϕ : Z → G est équivalente à la
donnée d’un élément de G, à savoir l’élément ϕ(1).
Corollaire 1.1 (Propriété universelle des groupes libres) Si g1 , . . . , gn sont n éléments
d’un groupe G, il existe un, et un seul, morphisme de groupes ϕ : ht1 , . . . , tn i → G tel que
ϕ(ti ) = gi .
Rappelons que si H est un sous-groupe d’un groupe G, l’ensemble G/H est, par définition,
l’ensemble quotient de G par la relation d’équivalence : g1 ∼ g2 si, et seulement si, il existe
h ∈ H avec g1 = g2 h. Le sous-groupe H est dit normal si, pour tout g ∈ G, les ensembles
gH = {gh, h ∈ H} et Hg = {hg, h ∈ H} coïncident. Dans ce cas, la surjection canonique
q : G → G/H est un morphisme de groupes pour la loi définie sur G/H par
[g1 ][g2 ] = [g1 g2 ].
Vérifions que cette loi est bien définie. Si [g1 ] = [g10 ] et [g2 ] = [g20 ] il existe h1 et h2 dans H
avec g10 = g1 h1 et g20 = g2 h2 d’où g10 g20 = g1 h1 g2 h2 . Comme H est normal dans G, il existe
h3 ∈ H avec h1 g2 = g2 h3 . Ceci donne g10 g20 = g1 g2 h3 h2 et donc [g10 g20 ] = [g1 g2 ].
Observons que, pour tout sous-groupe normal H de G et tout morphisme de groupes,
ϕ : G → K, il existe un morphisme de groupes ϕ̄ : G/H → K tel que ϕ̄ ◦ q = ϕ, si, et
seulement si, H est inclus dans le noyau de ϕ. Dans ce cas, on dit que le morphisme ϕ s’étend
au quotient.

2
Définition 1.3 Si G est un groupe et (ai )i∈I une famille d’éléments de G, le sous-groupe
normal de G engendré par la famille (ai )i∈I est le sous-groupe N de G formé des élément
± −1
(g1 a± −1 ± −1
i1 g1 )(g2 ai2 g2 ) . . . (gk aik gk )

où k ≥ 0, gi ∈ G et a± −1
j désigne aj ou aj .

La vérification que N est le plus petit sous-groupe normal de G contenant tous les ai , i ∈ I
est facile et laissée au lecteur. La surjection canonique, q : G → G/N , envoie ai sur l’élément
neutre, q(ai ) = e, pour tout i ∈ I. Le cas général de l’existence d’une extension au quotient
se caractérise ici par l’image des éléments ai , i ∈ I.
Proposition 1.2 Soit ϕ : G → K un morphisme de groupes et N le sous-groupe normal de
G engendré par une famille (ai )i∈I . Alors il existe un morphisme de groupes ϕ̄ : G/N → K,
tel que ϕ̄ ◦ q = ϕ si, et seulement si, on a ϕ(ai ) = e, pour tout i ∈ I.
Définition 1.4 Le sous-groupe des commutateurs, [G, G], d’un groupe G est le sous-groupe
normal de G engendré par les éléments aba−1 b−1 , lorsque a et b parcourent G. Le quotient
G/[G, G] est un groupe commutatif, appelé l’abélianisé de G et noté Gab .

La Proposition 1.2, appliquée à ce cas particulier, donne la propriété universelle de l’abélianisé


d’un groupe.
Corollaire 1.2 Si H est un groupe commutatif et ϕ : G → H un morphisme de groupes, il
existe un, et un seul, morphisme de groupes ϕ̄ : Gab → H, tel que ϕ̄([g]) = ϕ(g) pour tout
g ∈ G.
L’abélianisé du groupe libre ht1 , . . . , tn i et le groupe abélien libre de rang n, Zn , vérifient la
même propriété universelle ; ils sont donc isomorphes. En particulier, si G = Z ∗ Z et si N
est le sous-groupe normal engendré par t1 t2 t−1 −1
1 t2 , alors G/N = Gab est isomorphe à Z ⊕ Z.

Définition 1.5 Un groupe G est dit finiment engendré s’il existe un morphisme surjectif
ϕ : ht1 , . . . , tn i → G. Les éléments ϕ(ti ) sont appelés des générateurs du groupe. Si, de plus,
le noyau de ϕ est le sous-groupe normal N engendré par un nombre fini d’éléments a1 , . . . , ar ,
alors G est dit finiment présenté. Dans ce cas, G est isomorphe à ht1 , . . . , tn i/N et on le note
ht1 , . . . , tn ; a1 , . . . , ar i.
Par exemple, on a les présentations finies suivantes, Z/nZ = ht; tn i, Z⊕Z = ht1 , t1 ; t1 t2 t−1 −1
1 t2 i,
Z/3Z ⊕ Z/5Z = ht1 , t2 ; t31 , t52 , t1 t2 t−1 −1
1 t2 i. Introduisons maintenant la notion de somme amal-
gamée de groupes.
Définition 1.6 (Somme amalgamée) Soient ϕ1 : H → G1 et ϕ2 : H → G2 deux mor-
phismes de groupes. La somme amalgamée de (ϕ1 , ϕ2 ) ou, par abus, la somme amalgamée
de G1 et G2 au-dessus de H, est le groupe (G1 ∗ G2 )/N , quotient du produit libre G1 ∗ G2
par son sous-groupe normal N , engendré par les éléments ϕ1 (h)ϕ2 (h)−1 lorsque h parcourt
H. On le note G1 ∗H G2 .
Comme précédemment, i1 et i2 sont les injections respectives de G1 et G2 dans le produit libre
G1 ∗G2 ; nous notons ī1 et ī2 leurs composés avec la surjection canonique G1 ∗G2 → G1 ∗H G2 .
Par définition, on a ī1 ◦ ϕ1 = ī2 ◦ ϕ2 . En combinant la propriété universelle du produit libre
et la Proposition 1.2, on obtient la propriété universelle de la somme amalgamée.

3
Proposition 1.3 Avec les notations précédentes, si ψ1 : G1 → L et ψ2 : G2 → L sont deux
morphismes de groupes vérifiant ψ1 ◦ ϕ1 = ψ2 ◦ ϕ2 , alors il existe un unique morphisme de
groupes Φ : G1 ∗H G2 → L tel que Φ ◦ i¯1 = ψ1 et Φ ◦ i¯2 = ψ2 ,
ϕ1
H / G1
ϕ2 ī1
  ψ1
G2 / G1 ∗H G2
ī2
Φ

ψ2
-$ L.

Si les groupes G1 et G2 sont donnés par générateurs et relations, G1 = hS1 ; R1 i et G2 =


hS2 ; R2 i, et si le groupe H est engendré par S, alors le groupe G1 ∗H G2 admet pour présen-
tation G1 ∗H G2 = hS1 , S2 ; R1 , R2 , ϕ1 (s)ϕ2 (s)−1 , s ∈ Si. Si H = {1}, on retrouve le produit
libre, G1 ∗{1} G2 = G1 ∗ G2 . Si G1 = {1} et si H est un sous-groupe normal de G2 , la somme
amalgamée est le quotient de G2 par H,i.e., {1} ∗H G2 = G2 /H.

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