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Université de Picardie Jules Verne 2022-2023

UFR des Sciences Master 1 Théorie des groupes

octobre 2022

Exercice 1 1. Soit G un groupe. Soit N un sous-groupe normal de G et soit K un sous-groupe de G.

(a) Montrer que H = N K est un sous-groupe de G.


N K non vide car 1 ∈ N et 1 ∈ K donc 1 = 1 × 1 ∈ N K.
Soient g, g ′ ∈ N K alors, il existe (n, k), (n′ , k ′ ) ∈ N × K tels que g = nk et g ′ = n′ k ′ .
On a alors (nk)(n′ k ′ ) = n(kn′ k −1 )(kk ′ ) et n(kn′ k −1 ) ∈ N car N est un sous-groupe normal de G
et kk ′ ∈ K.
De plus on a (nk)−1 = k −1 n−1 = (k −1 n−1 (k −1 )−1 )k −1 avec (k −1 n−1 (k −1 )−1 ) ∈ N et k −1 ∈ K.
Donc, N K est stable par multiplication et par passage à l’inverse. C’est un sous-groupe de G.
(b) On suppose que N et K sont d’ordre fini et que N ∩ K = {1}.
Montrer que:
|N K| = |N | × |K|

Soit f : N × K → N K l’application définie par f ((n, k)) = nk. On va montrer que f est une
bijection. Elle est surjective par définition de N K. Vérifions qu’elle est injective.
Soient (n, k), (n′ , k ′ ) ∈ N × K tels que nk = n′ k ′ . Alors, z = n−1 n′ = kk ′−1 ∈ N ∩ K = {1}.
Donc, n = n′ et k = k ′ .
Attention, f n’est pas un morphisme de groupes en général!
(c) On suppose maintenant que N ∩ K = {1} et que K est un sous-groupe normal dans H. Montrer
que H est isomorphe au produit direct N × K.
D’après le théorème 1.21, il suffit de montrer que N et K commutent.
Soient (g, h) ∈ N × K. Alors ghg −1 h−1 = (ghg −1 )h−1 ∈ K car K est normal dans H = N K. Et
ghg −1 h−1 = g(hg −1 h−1 ) ∈ N car N est normal dans H = N K. Donc ghg −1 h−1 = 1 et gh = hg.

2. Soit G un groupe d’ordre 399.

(a) Montrer que G admet un unique 19-Sylow P qui est normal dans G.
399 = 3 × 7 × 19
Soit n19 le nombre de 19-Sylow de G. On a n19 ≡ 1 (mod 19) et n19 |21 donc n19 = 1.
G admet un unique 19-Sylow, que l’on notera P .
Soit g ∈ G, alors gP g −1 est un sous-groupe de G de même ordre que P , c’est donc un 19-Sylow
et par unicité, on a gP g −1 = P . Ce qui termine de montrer que P est un sous-groupe normal de
G.
(b) Soit Q un 7-Sylow. Montrer que N = P Q est un sous-groupe d’ordre 133 de G et que ce groupe
est cyclique.
On va appliquer le 1).
P est un sous-groupe normal de G, donc, d’après 1)a), N = P Q est un sous-groupe de G.
Soit x ∈ P ∩ Q, alors, l’ordre de x divise |P | = 19 et |Q| = 7 donc x est d’ordre 1, ie, x = 1. Ainsi
P ∩ Q = {1}.
D’après 1)b), on a |N | = |P | × |Q| = 19 × 7 = 133.
Soit n7 le nombre de 7-Sylow de N , alors n7 ≡ 1 (mod 7) et n7 |19, donc n7 = 1.
Ainsi, Q est l’unique 7-Sylow de N , en particulier c’est un sous-groupe normal de N .
D’après 1)c), N est un produit direct de P et de Q.

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Or |P | = 19 et |Q| = 7. Comme 19 et 7 sont des nombres premiers, on a P ≃ Z/19Z et Q ≃ Z/7Z.
D’où,
N ≃ P × Q ≃ Z/19Z × Z/7Z ≃ Z/133Z.
Le dernier isomorphisme étant obtenu en appliquant le théorème des restes chinois.
(c) On suppose que Q n’est pas normal dans G. Montrer que G admet 57 sous-groupes cycliques
d’ordre 133 distincts deux à deux. Quel serait le nombre d’éléments d’ordre 133 dans G? Aboutir
à une contradiction. En déduire que Q est normal dans G et que N est normal dans G.
Supposons que Q n’est pas normal dans G. C’est un 7-Sylow de G et tous ses conjugués sont des
7-Sylow de G. Donc G admet plusieurs 7-Sylow.
Soient n′7 le nombre de 7-Sylow de G. On a n′7 ≡ 1 (mod 7) et n′7 |57 = 2 × 19. Comme n′7 ̸= 1,
on a n′7 = 57.
Notons Q1 = Q et Qi , 2 ≤ i ≤ 57 les 7-Sylow de G. Pour tout 1 ≤ i ≤ 57, on pose Ni = P Qi .
Chaque Ni est un groupe cyclique d’ordre 133 et admet un unique sous-groupe d’ordre 7 qui est
Qi . Donc Ni ̸= Nj si i ̸= j.
Pour tout i, On a Ni ≃ Z/133Z et le nombre d’éléments d’ordre 133 de Ni est égal au cardinal
de Z/133Z× , c’est à dire à φ(133) = φ(7) × φ(19) = 6 × 18 = 108. Par ailleurs les élements
d’ordre 133 de G sont dans un unique groupe Ni (car ils engendrent Ni ). Donc, si G admet 57
7-Sylow, G admet 108 × 57 = 6156 éléments d’ordre 133. C’est bien sûr absurde. Donc, G admet
un unique 7-Sylow qui est Q et Q est normal dans G.
Soit g ∈ G, alors N ′ = gN g −1 est un sous-groupe cyclique d’ordre 133 de G. De plus, P =
gP g −1 ⊂ N ′ , et Q = gQg −1 ⊂ N ′ . D’où N = P Q ⊂ N ′ . Comme ils ont le même ordre, on a
N = N ′ . Donc, N est normal dans G.
(d) Montrer que G est isomorphe au produit semi-direct d’un groupe cyclique d’ordre 133 par un
groupe cyclique d’ordre 3.
D’après la question précédente. N est un sous-groupe normal de G.
Soit R un sous-groupe de Sylow de G.
Comme |N | ∧ |R| = 1, on a N ∩ R = {1}.
De plus, par 1)b), on a |RN | = |R| × |N | = 399 = |G|. Donc, RN = G.
D’après le théorème 5.2, G est isomorphe à un produit semi-direct N ⋊ R.
Maintenant N ≃ Z/133Z et comme R est d’ordre 3 qui est premier, on a R ≃ Z/3Z.
D’où, G ≃ Z/133Z ⋊ Z/3Z.

Exercice 2 On considère deux entiers naturels n ≥ 3 et d ≥ 2.


Soient f : Sn → GLd (C) et g : An → GLd (C) des homomorphismes de groupes.

1. Montrer que si σ est une transposition, le déterminant de la matrice f (σ) est égal à 1 ou −1.
On a det(f (σ))2 = det(f (σ)2 ) = det(f (σ 2 )) = det(f (1)) = det(Id ) = 1 car f est un morphisme de
groupes. Donc, det(f (σ)) ∈ {−1, 1}.

2. Montrer que, pour tout élément σ de Sn , le déterminant de la matrice f (σ) est égal à 1 ou à −1.
Soit σ ∈ Sn alors, σ peut s’écrire comme un produit de transpositions σ = τ1 ◦ ... ◦ τn , d’où det(f (σ)) =
det(f (τ1 )) × ... × det(f (τn )) est un produit de 1 et de (−1), donc, det(f (σ)) ∈ {−1, 1}.

3. Montrer que, pour tout élément σ de An , le déterminant de la matrice g(σ) appartient à {1, j, j 2 }, où
j = e2πi/3 .
Si σ est un 3-cycle, on a σ 3 = 1.
Donc, det(g(σ))3 = det(g(σ)3 ) = det(g(σ 3 )) = det(g(1)) = det(Id ) = 1 car g est un morphisme de
groupes. Donc, det(g(σ)) est une racine 3-ième de l’unité, ie, det(g(σ)) ∈ µ3 (C) = {1, j, j 2 }.
Soit σ ∈ An , alors, σ peut s’écrire comme un produit de 3-cycles σ = σ1 ◦ ... ◦ σn , d’où det(g(σ)) =
det(g(σ1 )) × ... × det(g(σn )) est un produit d’éléments de µ3 (C) et comme (µ3 (C), ×) est un groupe,
c’est un élément de µ3 (C).

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4. Montrer que, si n ≥ 5, l’image g(An ) est contenue dans SLd (C).
SLd (C) = {A ∈ Md (C)|det(A) = 1}.
Soit n ≥ 5.
Soit K le noyau de det ◦ g, K = {σ ∈ An |det(g(σ)) = 1} = {σ ∈ An |g(σ) ∈ SLd (C)}. C’est un
sous-groupe normal de An .
Comme An est simple, on a K = {1} ou K = An , il suffit donc de montrer que K ̸= {1}.
On considère le 5-cycle c = (1, 2, 3, 4, 5), c’est un élément de An (ie de signature 1). On a c5 = 1 donc,
on doit avoir (det(g(c))5 = 1, ie det(g(c)) est à la fois une racine 3-ième et une racine 5-ième de l’unité,
c’est forcément 1. Donc, c ∈ K et K ̸= {1}.

Exercice 3 1. Soit n un entier ≥ 2. On désigne par (Z/nZ)× le groupe multiplicatif formé des éléments
inversibles de l’anneau Z/nZ et par Aut(Z/nZ) le groupe des automorphismes du groupe (Z/nZ, +).

(a) Pour tout a ∈ (Z/nZ)× , on note µa : Z/nZ → Z/nZ la multiplication par a, c’est-à-dire
l’application : x 7→ ax. Démontrer que µa appartient à Aut(Z/nZ).
cf cours
(b) Démontrer que l’application Φ : a 7→ µa est un isomorphisme de groupes de (Z/nZ)× sur
Aut(Z/nZ).
cf cours

2. (a) Dans le groupe (Z/19Z)× , calculer les puissances 2̄6 et 2̄9 : en déduire que 2̄ est d’ordre 18. En
utilisant le 1) a), donner un générateur du groupe Aut(Z/19Z). Quel est son unique élément
d’ordre 2 ?
¯ = −1̄ ̸= 1̄. On a 2̄18 = 1̄ et si d|18 et d ̸= 18, on a 2̄d ̸= 1̄. Donc 2̄ est
2̄6 = 7̄ ̸= 1̄ et 2̄9 = 56
d’ordre 18.
Comme (Z/19Z)× est cyclique d’ordre 18, 2̄ est un générateur de (Z/19Z)× . D’après le 1), µ2̄ est
d’ordre 18 et est un générateur de Aut(Z/19Z).
−1̄ est l’unique élément d’ordre 2 de (Z/19Z)× donc, µ−1̄ = −IdZ/19Z est le seul élément d’ordre
2 de Aut(Z/19Z).
(b) On considère les groupes additifs A = Z/19Z et B = Z/4Z. En utilisant 2) a), construire
explicitement deux homomorphismes de groupes distincts α : B → Aut(A) et β : B → Aut(A).
Montrer que les produits semi-directs G1 = A ⋊α B et G2 = A ⋊β B ne sont pas isomorphes.
Comme B est cyclique engendré par 1̄, un morphisme de B dans Aut(A) est défini par la donnée
de l’image de 1̄. De plus, l’ordre de l’image de 1̄ est égal à 1 ou à 2 car il doit diviser 4 = o(1̄) et
18 = |Aut(A)|. Donc l’image de 1̄ appartient à {IdA , −IdA }.
Soit α : B → Aut(A) le morphisme défini par α(1̄) = IdA , alors, G1 = A ⋊α B = A × B ≃ Z/76Z
car 19 ∧ 4 = 1.
Soit β : B → Aut(A) le morphisme défini par β(1̄) = −IdA , alors, G2 = A ⋊β B n’est pas
commutatif. En particulier, il n’est pas isomorphe à G1 .
(c) Soit C = (Z/2Z) × (Z/2Z). Construire deux homomorphismes de groupes γ : C → Aut(A) et
δ : C → Aut(A) tels que les produits semi-directs H1 = A ⋊γ C et H2 = A ⋊δ C ne soient pas
isomorphes.
On considère le morphisme trivial γ : C → Aut(A), ie, tel que γ(g) = IdA pour tout g ∈ C.
Alors, H1 = A ⋊γ C = A × C = Z/19Z × Z/2Z × Z/2Z = Z/38Z × Z/2Z.
Soit δ : C → Aut(A), l’application définie par δ((0, 0)) = IdA , δ((1, 0)) = −IdA , δ((0, 1)) = −IdA
et δ((1, 1)) = IdA . c’est un morphisme de groupes. Et H2 = A ⋊δ C est un produit semi-direct
non direct, qui n’est pas commutatif. En particulier, il n’est pas isomorphe à H1 .
(d) Montrer que les produits semi-directs H1 , H2 , G1 , G2 sont des groupes d’ordre 76 deux à deux
non isomorphes. (On pourra compter les éléments d’ordre 2 de G2 et de H2 ).
On a deux groupes abéliens G1 et H1 et deux groupes non abéliens.

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Par la réciproque du théorème des restes chinois (2 ∧ 38 ̸= 1), G1 et H1 ne sont pas isomorphes.
Il reste à vérifier que G2 et H2 ne sont pas isomorphes.
Soit (a, b) ∈ G2 = A ⋊β B,

(a, b) ×β (a, b) = (0, 0) ⇔ (a + β(b)(a), b + b) = (0, 0)


⇔ (a, b) = (0, 0) ou (a, b) = (0, 2)
Car β(2) = IdA et Z/19Z n’admet pas d’élement d’ordre 2. Donc, G2 admet un unique élément
d’ordre 2.
(0, (1, 0)), (0, (0, 1)) et (1, (1, 0)) sont des éléments d’ordre 2 de H2 . Par exemple, (1, (1, 0)) ×δ
(1, (1, 0)) = (1 + δ((1, 0))(1), (1, 0) + (1, 0)) = 1 − IdA (1), (0, 0)) = (0, (0, 0))
Donc, H2 a plus de 3 éléments d’ordre 2, il ne peut être isomorphe à G2 .

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