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Université Pierre & Marie Curie Master de mathématiques 1

Année 2012-2013 Module MM020

Théorie des Nombres - TD8


Entiers algébriques, anneaux d’entiers

Exercice 1 :
a) Parmi ces nombres algébriques, lesquels sont des entiers algébriques ?
√ √ √ √ √ √ √ √
3+2 6 3+ 5 3 + 7 1 + 3 10 + 3 100 1 + 19 1 + i
√ , , , , , √ .
1− 6 2 2 3 2 2
b) Si a, b ∈ Z\{0; 1} sont des entiers distincts

sans facteur carré, et si n ∈ N∗ , trouver une condition

a+ b
nécessaire et suffisante pour que n soit un entier algébrique.

Solution de l’exercice 1.
a) On calcule le polynôme minimal sur Q de ces nombres algébriques
√ :
– Le premier des nombres proposés n’est autre que −3 − 6, qui est bien un entier comme
somme de deux √ entiers.
√ √
– Notons α := 3+2 5 . Alors (2α)2 = 8+2 15, donc ((2α)2 −8)2 = 60. Par conséquent, l’élément
α est annulé par le polynôme à coefficients entiers

((2X)2 − 8)2 − 60 = 16X 4 − 64X 2 + 4 ,

donc en simplifiant, α est annulé par 4X 2 − 16X 2 + 1 ∈ Z[X]. Or ce polynôme est de contenu
égal à 1 et il n’est pas unitaire, donc α n’est pas un entier algébrique (il est clair que α est de
degré 4 sur Q). √ √
– Notons β := 3+2 7 . Alors on obtient ((2β)2 − 10)2 − 84 = 0. Par conséquent, β (qui est de
degré 4 sur Q) est annulé par le polynôme

16X 4 − 80X 2 + 16 ,

donc le polynôme minimal de β sur Q est

X 4 − 5X 2 + 1 ,

donc β est un entier



algébrique.

3 3
– Notons γ := 1+ 10+3
100
. Alors on a
√ √ √ √
(3γ − 1)3 = 110 + 3( 100000 + 10000) = 110 + 30( 100 + 10) = 110 + 30(3γ − 1) .
3 3 3 3

Donc γ est annulé par le polynôme

(3X − 1)3 − 30(3X − 1) − 110 = 27X 3 − 27X 2 − 81X − 81 ,

donc le polynôme minimal de γ est

X 3 − X 2 − 3X − 3 ,

donc γ est un entier algébrique.



– On voit facilement que δ := 1+2 19 est annulé par le polynôme (2X −1)2 −19 = 4X 2 −4X −18.
Donc son polynôme minimal sur Z est

2X 2 − 2X − 9 .

Il n’est pas unitaire, donc δ n’est pas un entier algébrique.

1
– Posons  := 1+i
√ . Alors on a  = ζ8 , racine primitive 8-ième de l’unité. Par conséquent,  est
2
racine du polynôme X 4 + 1 ∈ Z[X], donc  est un entier algébrique.
√ √
a+ b
b) On sait que l’élément α := n est de degré 4 sur Q. Calculons son polynôme minimal : on
vérifie que
2
(nα)2 − (a + b) − 4ab = 0
i.e. α est annulé par le polynôme

n4 X 4 − 2n2 (a + b)X 2 + (a − b)2 ∈ Z[X] .

Par conséquent, α est un entier algébrique si et seulement si n4 |2n2 (a + b) et n4 |(a − b)2 si et


seulement si n2 |2(a + b) et n2 |(a − b) si et seulement si a ≡ b [n2 ] et n2 |4a. Or par hypothèse, a
est sans facteur carré, donc si α est entier algébrique, alors n = 1 ou 2.
Finalement, α est un entier algébrique si et seulement si n = 1 ou (n = 2 et a ≡ b [4]).

Exercice 2 : Soit  une unité d’un corps quadratique. Montrer que  est de norme 1 si et seulement
si il existe un entier γ de ce corps quadratique tel que  = γγ0 , où γ 0 est le conjugué de γ.

Solution de l’exercice 2. On note K = Q( d) le corps quadratique en question. Supposons  de norme
1. Si  6= −1, on pose γ := 1 + . Alors γ ∈ ZK \ {0} et

γ 0  = (1 + 0 ) =  + 0 =  + 1 = γ .
γ

Donc, puisque γ 6= 0, on en déduit que  = γ0 . Si  = −1, on peut prendre γ := d.
La réciproque est évidente.

Exercice 3 : Soit z ∈ C∗ un entier algébrique. On note f ∈ Q[X] son polynôme minimal.


Montrer que z1 est un entier algébrique si et seulement si f (0) = ±1. Montrer également que cela
équivaut à z1 ∈ Z[z].

Solution de l’exercice 3. Notons f (X) = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 ∈ Z[X] le polynôme minimal de


z. Soit k un corps de nombres contenant z.
Si f (0) = a0 = ±1, alors on a z1 = ∓(z n−1 +an−1 z n−2 +· · ·+a1 ) ∈ Z[z], donc z1 est un entier algébrique.
Réciproquement, si z1 est un entier algébrique, on a Nk/Q ( z1 ) ∈ Z et Nk/Q (z)Nk/Q ( z1 ) = Nk/Q (z z1 ) = 1,
donc l’entier Nk/Q (z) vaut 1 ou −1, donc f (0) = ±Nk/Q (z) = ±1.
Pour la dernière équivalence, on a vu que f (0) = ±1 impliquait que z1 ∈ Z[z]. Réciproquement, si
1 1
z ∈ Z[z], alors z est un entier algébrique.
D’où l’équivalence entre les trois assertions.

Exercice 4 : Soit α un entier algébrique.


a) On suppose que tous les conjugués de α sont de module strictement inférieur à 1. Montrer que
α = 0.
b) On suppose maintenant que les conjugués de α sont de module inférieur ou égal à 1. Montrer
que α est une racine de l’unité ou 0.
[Indication : on pourra majorer la valeur absolue des coefficients du polynôme minimal de αr ,
pour tout r ≥ 1.]

Solution de l’exercice 4.
a) Le coefficient constant du polynôme minimal de α est un produit de conjugués de α. Il est donc
en module < 1. Or il est entier, donc il est nul. Donc 0 est racine du polynôme minimal de α,
donc α = 0.

2
b) Le polynôme minimal de α (dont on note n le degré) est de la forme
Y
P (X) = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 = (X − σ(α))
σ∈G

où σ décrit l’ensemble G des plongements de K = Q(α) dans une clôture normale de K. Alors
en développant le produit de droite, on obtient que pour tout 1 ≤ k ≤ n − 1,
 
n
|ak | ≤ ≤ 2n
k
puisque pour tout σ, |σ(α)| ≤ 1. De même pour αr , r ≥ 1 : l’élément αr est dans K, donc son
polynôme minimal est de degré ≤ n. Il est entier sur Z et ses conjugués sont des puissances des
conjugués de α, donc ils sont de module ≤ 1, donc on obtient ainsi que les coefficients ar,k ∈ Z
du polynôme minimal de αr sur Q vérifient
|ar,k | ≤ 2n
pour tout k. Donc il n’y a qu’un nombre fini de coefficients qui apparaissent dans les polynômes
minimaux de tous les αr (r ≥ 1), donc il existe r, s ≥ 1 tels que αr = αr+s . Alors αs = 1, donc
α est une racine de l’unité.

Exercice 5 : Soit P ∈ Z[X] un polynôme irréductible unitaire de degré n. Soit θ une racine de P ,
K := Q(θ) et DK le discriminant de K.
a) Montrer que le discriminant de (1, θ, . . . , θn−1 ) est égal au discriminant D(P ) de P . Exprimer
ce nombre en fonction de la norme NK/Q (P 0 (θ)).
b) Si f désigne l’indice de Z[θ] dans ZK , montrer que D(P ) = f 2 DK .

Solution de l’exercice 5.
a) On sait que le discriminant de (1, θ, . . . , θn−1 ) vaut dθ = (det((σ θ)r ))2 , où les indices r et σ
décrivent respectivement {0, . . . , n − 1} et l’ensemble G des Q-plongements de K dans un corps
de décomposition de P sur Q. Or on remarque que ce déterminant est un déterminant de Van-
dermonde. Par conséquent, on peut le calculer : il vaut
n(n−1) Y
dθ = (−1) 2 (σ(θ) − τ (θ)) .
σ6=τ ∈G

Or les racines de P sont exactement les σ(θ), σ ∈ G, donc le discriminant D(P ) vaut
n(n−1) Y
D(P ) = (−1) 2 (σ(θ) − τ (θ)) .
σ6=τ ∈G

Par conséquent, on a bien dθ = D(P ).


Calculons maintenant NK/Q (P 0 (θ)). On sait que P (X) se factorise sous la forme
Y
P (X) = (X − σ(θ)) .
σ∈G

on en déduit que P 0 (X) =


P Q
Par conséquent, σ∈G τ ∈G,τ 6=σ (X − τ (θ)), donc en particulier,
P 0 (θ) = τ ∈G,τ 6=id (θ − τ (θ)) puisque
Q
tous les autres termes de la somme sont nuls. De même,
pour tout σ ∈ G, on a P 0 (σ(θ)) = τ 6=σ (σ(θ) − τ (θ)). Donc on a
Q

Y Y Y
NK/Q (P 0 (θ)) = σ(P 0 (θ)) = P 0 (σ(θ)) = (σ(θ) − τ (θ)) .
σ∈G σ∈G σ,τ ∈G,τ 6=σ

Avec les formules précédentes, on en déduit que


n(n−1)
dθ = D(P ) = (−1) 2 NK/Q (P 0 (θ)) .

3
b) On a une inclusion de groupes abéliens libres de type fini Z[θ] ⊂ ZK , de même rang n. Montrons
le résultat général suivant : si A ⊂ ZK est un sous groupe abélien libre de type fini de rang n,
et si f désigne l’indice de A dans ZK , alors DA/Z = f 2 DK . Par la théorie des modules sur un
anneau principal, on sait qu’il existe une base (e1 , . . . , en ) de ZK sur Z, et des entiers (a1 , . . . , an )
tels que (a1 e1 , . . . , an en ) soit une Z-base de A. Alors
DA/Z = discZ (a1 e1 , . . . , an en ) = (a1 . . . an )2 discZ (e1 , . . . , en ) = (a1 . . . an )2 DK .
Or par construction le produit a1 . . . an est égal à l’indice f de A dans ZK , donc on a DA/Z =
f 2 DK . Dans le cas particulier où A = Z[θ], on obtient bien dθ = f 2 DK . La question précédente
permet alors de conclure

Exercice 6 : Montrer que le discriminant du polynôme P (X) = X n + aX + b, avec a, b ∈ Q, vaut


n(n−1)
D(P ) = (−1) 2 (nn bn−1 + (1 − n)n−1 an ). Vérifier que l’on retrouve les formules usuelles pour n = 2
et n = 3. n(n−1) Q
[Indication : on pourra écrire que D(P ) = (−1) 2 0
i P (xi ), où les xi sont les racines de P , puis
−1
utiliser les fonctions symétriques élémentaires en les xi ].

Solution de l’exercice 6. L’exercice 5 assure que si l’on note xi les racines de P (avec multiplicités),
n(n−1) Q
0 0 n−1
on a D(P ) = (−1) 2 i P (xi ). Or pour tout i, on a P (xi ) = nxi + a. Mais par définition, on a
P (xi ) = 0. Supposons d’abord que b 6
= 0. Alors xi 6
= 0 pour tout i, donc xni = −axi − b implique que
xin−1 = −a − xbi . On a donc i P 0 (xi ) = i ((1 − n)a − nb
Q Q
xi ). On développe ce produit en termes des
−1
fonctions symétriques élémentaires σk des xi : on a en effet
Y  X n  
nb k n−k 1 1
(1 − n)a − = ((1 − n)a) (−nb) σn−k ,..., .
xi x1 xn
i k=0
 
Or σn−k x11 , . . . , x1n = σk (x 1 ,...,xn )
x1 ...xn , donc puisque σ0 (x1 , . . . , xn ) = 1, σk (x1 , . . . , xn ) = 0 si 1 ≤ k ≤
n − 2, σn−1 (x1 , . . . , xn ) = (−1)n−1 a et σn (x1 , . . . , xn ) = (−1)n b, on en déduit que
Y (−nb)n (−1)n−1 a

nb n−1
(1 − n)a − = + ((1 − n)a) (−nb) + ((1 − n)a)n = nn bn−1 + (1 − n)n−1 an .
xi (−1)n b (−1)n b
i

D’où finalement le résultat :


n(n−1)
D(P ) = (−1) 2 (nn bn−1 + (1 − n)n−1 an ) .

Exercice 7 : Calculer l’anneau des entiers et le discriminant des corps de nombres suivants :

a) Q( 3 5).

b) Q( 3 175).

c) Q(i, 2).

Solution de l’exercice 7.

a) Notons θ := 3 5, K := Q(θ) et calculons le discriminant dθ de Z[θ] sur Z. Si P = X 3 − 5 est le
polynôme minimal de θ, on obtient
dθ = D(P ) = −33 52 .
Par conséquent, on déduit de l’exercice 5 que l’indice f de Z[θ] dans ZK divise 3.5 = 15. Donc
1
un élément dans ZK , de la forme a + bθ + cθ2 a nécessairement ses coefficients a, b, c dans 15 Z.
a+bθ+cθ2
Montrons que ZK = Z[θ] : par la remarque précédente, il suffit de montrer que si α := n ∈
ZK avec a, b, c ∈ Z, alors a, b et c sont divisibles par n, pour n = 3 et n = 5. Calculons la trace
a3 +5b3 +25c3 −15abc
T (α) et la norme N (α) de α. On trouve T (α) = 3a n et N (α) = n3
. Puisque α ∈ ZK ,
3 3 3 3
on doit avoir T (α), N (α) ∈ Z, donc n|3a et n |a + 5b + 25c − 15abc.

4
– Pour n = 3, la condition n|3a ne dit rien. Pour tester la seconde condition, on peut supposer
que a, b, c ∈ {0, 1, 2}, et il reste à tester toutes les possibilités pour remarquer que la seconde
condition impose a = b = c = 0. Donc en général a, b et c sont divisibles par 3.
2
– Pour n = 5, la condition sur la trace assure que 5|a. Donc bθ+cθ 5 ∈ ZK . Or la norme de β vaut
b3 +5c3
N (β) = 25 ∈ Z, donc b est divisible par 5, donc c aussi.

Finalement, on a montré que ZK = Z[ 3 5] et que DK = −675.
b) On applique exactement la même méthode que précédemment : P (X) = X 3 −175 est le polynôme
√ 2
minimal de θ := 3 175, et on a D(P ) = −33 54 72 . On considère α := a+bθ+cθ n ∈ ZK , avec
3a a3 +175b3 +1752 c3 −3.175abc
n ∈ {3, 5, 7} et a, b, c ∈ Z. On a alors T (α) = n ∈ Z et N (α) = n3
∈ Z.
– Pour n = 3, l’information sur la trace n’apporte rien, et on vérifie en testant a, b, c ∈ {0, 1, 2}
que la seconde condition impose que a, b et c soient divisibles par 3.
– Pour n = 5 ou n = 7, la première condition assure que a est divisible par n, donc on peut
2 3 2 c3
considérer β := bθ+cθ n ∈ ZK , dont la norme vaut N (β) = 175b +175
n3
∈ Z, ce qui assure que
b est divisible par n. Lorsque n = 7, on obtient donc que 7|b, donc 73 |b3 , donc 7|c (car 73 ne
divise pas 1752 ). Donc a, b et c sont divisible par 7 dans le cas n = 7.
Dans le cas n = 5, on a obtenu que a et b sont divisibles par 5, et on n’a aucune contrainte
2
supplémentaire sur c. Réciproquement, il est clair que θ5 est un entier algébrique puisque
2
son polynôme minimal est X 3 − 175 53
= X 3 − 245 ∈ Z[X] qui est bien unitaire. Donc on
2
a montré qu’un élément α := a+bθ+cθ 5 ∈ K, avec a, b, c ∈ Z, était un entier algébrique si
et seulement si 5|a et 5|b. Enfin, il est possible que 25 divise f , donc on doit considérer
2
a+bθ+c θ
un élément α := 5
5
∈ ZK , avec a, b, c ∈ Z. Alors comme précédemment, on a 5|a
3 2 3 2 3
et 5 |(5 .7b + 5.7 c ). Donc 5|c et 5|b. Donc finalement les entiers algébriques de la forme
a+bθ+cθ2 2
25 , avec a, b, c ∈ Z sont exactement les éléments de Z[θ, θ5 ].
2
Finalement, on a montré que ZK = Z[θ, θ5 ], que Z[θ] ⊂ ZK est d’indice 5 et que DK = −33 52 72 =
−33075.

c) On dispose d’un sous-groupe√ √ libre R de rang 4 dans ZK , à savoir R := Z[i, 2]. Une Z-base de
R est donnée par (1, i, 2, i 2). Le discriminant de √cette√base vaut 210 = 1024, donc l’indice de
R dans ZK est une puissance de 2. Soit α = a+bi+c 2 2+di 2 ∈ ZK , avec a, b, c, d ∈ Z. La norme
de α vaut
(a2 − b2 − 2c2 + 2d2 )2 + 4(ab − 2cd)2
N (α) = .
16
On a N(α) ∈ Z, donc a ≡ b [2] et 4|c4 +d4 +a2 b2 +2c2 d2 . Il suffit alors de tester ces conditions pour
a, b, c, d ∈ {0, 1}, √
et on√trouve alors que la seule possibilité non triviale est (a, b, c, d) = (0, 0, 1, 1),
i.e. α = a + bi + 2+i 2
2
.
Ainsi dispose-t-on d’un nouveau sous-groupe R√0 de√ZK (qui contient R √comme sous-groupe
0
√ √ √
2+i 2 2+i 2
√ √
2+i 2
d’indice 2) défini par R = Z[i, 2, 2 ] = Z[ √ 2 √ ], de base (1, i, 2, 2 ) et de discri-
√ 2+i 2
a+bi+c 2+d
minant 28 = 256. On se donne β := 2
2
∈ ZK avec a, b, c, d entiers dans {0, 1}.
Alors
(a2 − b2 − 2c2 − 2cd)2 + (2ab − 2cd − d2 )2
N (β) = .
16
Si cette norme est un entier, alors a = b = d = 0 ou (a = b = 1 et d = 0) (en regardant modulo
4), donc a = b = c = d = 0 ou (a = b = 1 et d = 0 et 16|4c4 + 4), donc puisque la dernière
condition est impossible, on en déduit que a = b = c = d = 0, donc β ∈ R0 .
√ √
Finalement, on a montré que ZK = Z[ 2+i2
2
] et que DK = 256.
Remarquons d’ailleurs que le corps K n’est autre que Q(ζ8 ) et qu’on a montré que ZK = Z[ζ8 ].
√ √
Exercice 8 : Soient m, n ∈ Z \ {0; 1} distincts sans facteur carré. On note K := Q( m, n) et
mn
k := pgcd(m,n) 2 . L’objectif de cet exercice est de calculer ZK .

5
√ √ √
a) Montrer que (1, m, n, k) est une Q-base de K.
b) Soit α ∈ K. Montrer que α ∈ ZK si et seulement si TrK/Q(√m) (α) et NK/Q(√m) (α) sont des

entiers algébriques dans Q( m).
c) On suppose que

m ≡ 3 [4] et n ≡ 2 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α =
√ √
a+b m+c n+d k
2 avec a, b, c, d ∈ Z. Puis montrer que a et b sont pairs, et que c ≡ d [2]. En
déduire qu’une Z-base de ZK est donnée par
√ √ !
√ √ n+ k
1, m, n, .
2

d) On suppose que

m ≡ 1 [4] et n ≡ 2 ou 3 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α =
√ √
a+b m+c n+d k
2 avec a, b, c, d ∈ Z. Puis montrer que a ≡ b [2] et c ≡ d [2]. En déduire qu’une
Z-base de ZK est donnée par
√ √ √ !
1+ m √ n+ k
1, , n, .
2 2
√ √ √
e) On suppose que m ≡ n ≡ 1 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α = a+b m+c n+d k
4
avec a, b, c, d ∈ Z de même parité. En déduire qu’une Z-base de ZK est donnée par
√ √ √ √ !
1 + m 1 + n (1 + n)(1 + k)
1, , , .
2 2 4

f) Conclure en récapitulant dans tous les cas possibles quel est l’anneau ZK .

Solution de l’exercice 8.
a) C’est évident (voir par exemple la feuille de TD7, exercice 8).

b) Si α ∈ ZK , il est clair que sa trace et sa norme sont des entiers dans Q( m). Réciproquement,
supposons que x := TrK/Q(√m) (α) et y := NK/Q(√m) (α) sont des entiers algébriques. Alors en
considérant les quatre conjugués de α dans l’extension K/Q, on obtient que α est annulé par le
polynôme

X 4 − TrQ(√m)/Q (x)X 3 + (NQ(√m)/Q (y) + TrQ(√m)/Q (x))X 2 − TrQ(√m)/Q (xy)X + NQ(√m)/Q (y) .

Puisque x et y sont des entiers algébriques de Q( m), on sait que les coefficients de ce polynôme
unitaire sont des entiers, donc α ∈ ZK .
√ √ √
c) Soit α = a+b m+c n+d k ∈ ZK . La question précédente assure que TrK/Q(√m) (α) ∈ ZQ(√m) ,
√ √
TrK/Q(√n) (α) ∈ ZQ(√n) et TrK/Q(√k) (α) ∈ ZQ(√k) . Donc 2(a + b m) ∈ ZQ(√m) , 2(a + c n) ∈

ZQ(√n) et 2(a + d k) ∈ ZQ(√k) . Puisque m ≡ 3 [4] et n ≡ 2 [4], on a k ≡ 2 [4], et donc
√ √ √
a, b, c, d ∈ 21 Z, d’où le résultat : il existe a, b, c, d ∈ Z tels que α = a+b m+c2 n+d k .

On calcule la norme de α : on a NK/Q(√m) (α) = 14 (a2 + mb2 − nc2 − kd2 ) + ( ab cdn
2 − 2pgcd(m,n) ) m.

Puisque 2pgcd(m, n) divise n, NK/Q(√m) (α) est un entier algébrique dans Q( m) si et seulement
si 4 divise a2 + mb2 − nc2 − kd2 et 2 divise ab si et seulement si a2 − b2 + 2(c2 + d2 ) ≡ 0 [4] et
ab ≡ 0 [2] si et seulement si a et b sont pairs et c ≡ d [2].
 √ √ √ √ 
La question b) assure alors que 1, m, n, n+ 2
k
est une Z-base de ZK .
√ √ √
d) Soit α = a + b m + c n + d k ∈ ZK . La question b) assure que TrK/Q(√m) (α) ∈ ZQ(√m) ,
√ √
TrK/Q(√n) (α) ∈ ZQ(√n) et TrK/Q(√k) (α) ∈ ZQ(√k) . Donc 2(a + b m) ∈ ZQ(√m) , 2(a + c n) ∈

ZQ(√n) et 2(a + d k) ∈ ZQ(√k) . Puisque m ≡ 1 [4] et n ≡ 2 ou 3 [4], on a k ≡ n [4], et donc
√ √ √
b m a+c n+d k
b ∈ 41 Z et a, c, d ∈ 12 Z. Donc il existe a, b, c, d ∈ Z tels que α = 4 + 2 .

6
2 a2 nc2 +kd2 √
On calcule la norme de α : on a NK/Q(√m) (α) = ( mb 16 + 4 − 4 ) + ( ab cdn
4 − 2pgcd(m,n) ) m.

Puisque pgcd(m, n) divise n, NK/Q(√m) (α) est un entier algébrique dans Q( m) si et seulement
n
si 16 divise 4a2 + mb2 − 4(nc2 + kd2 ) et 4 divise ab − 2cd pgcd(m,n) .
√ √ √
La première condition implique que b est pair, donc il existe a, b, c, d ∈ Z tels que α = a+b m+c2 n+d k
.
Alors NK/Q(√m) (α) est un entier algébrique si et seulement si a2 + b2 − n(c2 + d2 ) ≡ 0 [4] et
cdn
ab − pgcd(m,n) ≡ 0 [2] si et seulement si a ≡ b [2] et c ≡ d [2] (pour montrer cette dernière
équivalence, on utilise le fait que n ≡ 2, 3 [4]).
 √ √ √ √k 
La question b) assure alors que 1, 1+2 m , n, n+ 2 est une Z-base de ZK .
√ √ √
e) Soit α = a + b m + c n + d k ∈ ZK . La question b) assure que TrK/Q(√m) (α) ∈ ZQ(√m) ,
√ √
TrK/Q(√n) (α) ∈ ZQ(√n) et TrK/Q(√k) (α) ∈ ZQ(√k) . Donc 2(a + b m) ∈ ZQ(√m) , 2(a + c n) ∈

ZQ(√n) et 2(a + d k) ∈ ZQ(√k) . Donc a, b, c, d ∈ 41 Z, d’où le résultat : il existe a, b, c, d ∈ Z tels
√ √ √
a+b m+c n+d k
que α = 4 .
1 √
On calcule la norme de α : on a NK/Q(√m) (α) = 16 (a2 + mb2 − nc2 − kd2 ) + ( ab cdn
8 − 8pgcd(m,n) ) m.

Puisque pgcd(m, n) divise n, NK/Q(√m) (α) est un entier algébrique dans Q( m) si et seulement si
cdn
8 divise a2 +mb2 −nc2 −kd2 et 4 divise ab− pgcd(m,n) si et seulement si a2 +mb2 −nc2 −kd2 ≡ 0 [8]
et ab ≡ cd [4] si et seulement si a ≡ b ≡ c ≡ d [2].
 √ √ √ √ 
La question b) assure alors que 1, 1+2 m , 1+2 n , (1+ n)(1+
4
k)
est une Z-base de ZK .
f) Tous les cas ont été traités dans les trois questions précédentes, quitte à échanger les rôles de m
et n.

Exercice 9 : Soient m, n√∈ Z \ {0; 1} distincts



sans facteur carré, tels que m ≡ n ≡ 1 [8]. On note
√ √ 1+ n 1+ m
K := Q( m, n), α := 2 et β := 2 .
a) Montrer que ZK = Z[α, β].
b) Montrer que l’anneau ZK /2ZK est isomorphe à l’anneau A := F2 [X, Y ]/(X 2 − X, Y 2 − Y ).
c) Montrer qu’il existe au moins quatre morphismes d’anneaux distincts A → Z/2Z.
d) Montrer que pour tout polynôme P ∈ F2 [X], A n’est pas isomorphe à F2 [X]/(P ).
e) Montrer qu’il n’existe pas d’entier x ∈ ZK tel que ZK = Z[x].

Solution de l’exercice 9.
a) C’est une conséquence de l’exercice 8, question e).
b) On dispose du morphisme naturel surjectif de Z-algèbres ϕ : Z[X, Y ] → ZK , défini par ϕ(P ) :=
P (α, β). Ce morphisme induit un morphisme surjectif de F2 -algèbres ϕ : F2 [X, Y ] → ZK /2ZK .
Puisque α2 − α = n−1 2 m−1
4 ∈ 2Z et β − β = 4 ∈ 2Z, le morphisme ϕ se factorise en un morphisme
e : F2 [X, Y ]/(X 2 − X, Y 2 − Y ) → ZK /2ZK . Or c’est une application
surjectif de F2 -algèbres ϕ
linéaire surjective entre deux F2 -espaces vectoriels de dimension 4, donc c’est un isomorphisme
de F2 -algèbres.
c) On dispose des quatres morphismes suivants ϕi : A → Z/2Z définis par ϕ1 (P ) := P (0, 0),
ϕ2 (P ) := P (0, 1), ϕ3 (P ) := P (1, 0) et ϕ4 (P ) := P (1, 1). On vérifie facilement que ces morphismes
sont bien définis, et qu’ils sont deux-à-deux distincts.
d) Soit P ∈ F2 [X]. Si φ : F2 [X]/(P ) → F2 est un morphisme d’anneaux, alors 0 = φ(P (X)) =
P (ϕ(X)) dans F2 . Donc φ est définie par l’image de X, qui est une racine de P dans F2 . Or F2
est de cardinal 2, donc φ admet au plus deux racines distinctes dans F2 , donc il existe au plus
deux morphismes d’anneaux distincts F2 [X]/(P ) → F2 . Donc la question c) assure que A n’est
pas isomorphe à F2 [X]/(P ).

7
e) Supposons qu’il existe un tel x. On note Pe ∈ Z[X] le polynôme minimal de x. Alors on a
un isomorphisme d’anneaux ZK ∼ = Z[X]/(Pe). Donc on en déduit un isomorphisme d’anneaux
ZK /2ZK = F2 [X]/(P ), où P ∈ F2 [X] est la réduction de Pe modulo 2. Donc A ∼
∼ = F2 [X]/(P ), ce
qui contredit la question d). Donc il n’existe pas de x ∈ ZK tel que ZK = Z[x].

Exercice 10 : Soit K/Q une extension finie de degré n, soit u ∈ ZK tel que K = Q(u). Soit p un
nombre premier tel que le polynôme minimal de u sur Q soit d’Eisenstein en p. L’objectif de l’exercice
est de montrer que p ne divise pas l’indice de Z[u] dans ZK .
un
a) Montrer que p ∈ ZK et que p2 ne divise pas N (u).
b) Supposons que p|[ZK : Z[u]].
i) Montrer qu’il existe x ∈ ZK \ Z[u] tel que px ∈ Z[u]. En déduire qu’il existe b0 , . . . , bn−1 ∈ Z
n−1
non tous divisibles par p tels que x = b0 +···+bpn−1 u .
br ur +···+bn−1 un−1
ii) Notons r le plus petit entier tel que br n’est pas divisible par p. Montrer que y := p
est dans ZK .
br un−1
iii) Montrer que z := p ∈ ZK .
iv) Obtenir une contradiction en calculant la norme de z
√ √
c) Si q est une puissance de p et K := Q( q p), montrer que ZK = Z[ q p].

Solution de l’exercice 10.


a) On note P (X) = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 ∈ Z[X] le polynôme minimal de u sur Q. Par
hypothèse, le polynôme P est d’Eisenstein en p, donc p|ai pour tout 0 ≤ i ≤ n − 1 et p2 ne divise
pas a0 . Or
un
 
an−1 n−1 a0
=− u + ··· + ,
p p p
n
et donc comme tous les api sont des entiers, on a up ∈ Z[u] ⊂ ZK . En outre, on a a0 = ±N (u),
donc l’hypothèse que p2 ne divise pas a0 assure que p2 ne divise par N (u).
b) i) Par hypothèse, p divise le cardinal du groupe abélien fini ZK /Z[u]. Donc il existe un élément
x ∈ ZK /Z[u] d’ordre exactement p. Il existe un x ∈ ZK dont l’image dans ZK /Z[u] par la
projection canonique soit x. Alors x ∈ / Z[u] et px ∈ Z[u], ce qui est exactement ce que l’on
cherche.
Puisque px ∈ Z[u], il existe des entiers b0 , . . . , bn−1 ∈ Z tels que px = b0 + b1 u + · · · +
n−1
bn−1 un−1 . D’où finalement x = b0 +b1 u+···+b
p
n−1 u
.
ii) On a x − y = bp0 + bp1 u + · · · + br−1
p u
r−1 . Or pour tout 0 ≤ i ≤ r − 1, on a p|b (par définition
i
de r). Donc x − y ∈ Z[u] ⊂ ZK . Or ZK est stable par somme, et x ∈ ZK , donc y ∈ ZK .
n 2n−2−r
iii) On remarque que un−1−r y = z + w, avec w = br+1 up + · · · + bn u p . Or la question a)
n 2n−2−r
assure que up , . . . , u p ∈ ZK , donc w ∈ ZK . Or un−1−r , y ∈ ZK , donc z = un−1−r y − w
est dans l’anneau ZK .
n−1
iv) Puisque z = br up , on a
bnr N (u)n−1
NK/Q (z) = .
pn
Par la question b) iii), NK/Q (z) ∈ Z. Donc pn divise l’entier bnr N (u)n−1 . Or par définition
de br , p ne divise pas br , donc pn |N (u)n−1 . Le nombre p étant premier, cela implique que
p2 divise N (u), ce qui contredit la question a).
Finalement, on a bien montré que p ne divisait pas l’indice de Z[u] dans ZK .

8

c) On remarque que le polynôme minimal de q p sur Q est X q − p. C’est bien un polynôme d’Ei-
q(q−1)
senstein en p. En outre, son discriminant vaut (−1) 2 q q pq−1 . C’est donc au signe près une

puissance de p. Cela assure que l’indice de Z[ q p] dans ZK est une puissance de p. Or les ques-
tions a) et b) assurent que cet indice n’est pas divisible par p. Il est donc égal à 1, ce qui signifie

que ZK = Z[ q p].

3
Exercice 11 : Soit d ∈ Z, d > 1 sans facteur cubique. Notons θ := d et K := Q(θ). On cherche à
déterminer l’anneau des entiers et le discriminant de K sur Q.
a) Montrer que Z[θ] est de discriminant −27d2 .

3
b) On écrit d = ab2 , avec a, b ∈ N sans facteur carré. On pose θ0 := a2 b. Montrer que K = Q(θ0 )
et calculer discZ (1, θ0 , θ02 ).
c) Montrer que (1, θ, θ0 ) est une Q-base de K et calculer son discriminant.
d) On note f , f 0 et f 00 les indices respectifs de Z[θ], Z[θ0 ] et Z[θ, θ0 ] dans ZK .
i) Montrer que (a, f ) = 1.
[Indication : on pourra utiliser l’exercice 10.]
ii) En déduire que si 3|a, alors DK est divisible par 27a2 , et que sinon, DK est divisible par
a2 .
iii) Montrer que (b, f 0 ) = 1.
iv) En déduire que si 3|b, alors DK est divisible par 27b2 , et que sinon, DK est divisible par b2 .
v) Montrer que a2 b2 |DK |27a2 b2 et que DK < 0.
e) Montrer que si 3|d, alors DK = −27a2 b2 et (1, θ, θ0 ) est une base de ZK .
f) Montrer le même résultat si d 6≡ ±1 [9].
[Indication : on pourra montrer que le polynôme minimal de θ − d est d’Eisenstein en 3.]
1+θ+θ2
g) On suppose d ≡ 1 [9]. On pose α := 3 .
i) Montrer que α ∈ ZK et calculer son polynôme minimal.
ii) En déduire que 3|f 00 , puis que DK = −3a2 b2 .
iii) Montrer que (α, θ, θ0 ) est une Z-base de ZK .
1−θ+θ2
h) Si d ≡ −1 [9]. On pose α0 := 3 . Montrer que (α0 , θ, θ0 ) est une Z-base de ZK .
i) Conclure en décrivant tous les cas possibles.

Solution de l’exercice 11.


a) Par l’exercice 5, on sait que√le discriminant recherché est le discriminant D(P ) du polynôme
minimal P (X) = X 3 − d de 3 d. Donc il vaut −27d2 .
b) On remarque que θ2 = bθ0 et que θ02 = aθ. Cela assure que K = Q(θ0 ). Comme à la question a),
le discriminant de (1, θ0 , θ02 ) vaut −27(a2 b)2 = −27a4 b2 .
c) Puisque (1, θ, θ2 ) est une Q-base de K et puisque θ2 = bθ0 , il est clair que (1, θ, θ0 ) est une Q-base
de K. Les trois plongements de K dans C sont donnés par θ 7→ θ, θ 7→ jθ et θ 7→ j 2 θ, donc le
discriminant vaut
3 0 0
discZ (1, θ, θ0 ) = 0 0 3ab = −27a2 b2 .
0 3ab 0

d) i) Le polynôme minimal de θ sur Q est X 3 − d. Soit p un facteur premier de a. Par définition,


p|d et p2 ne divise pas d. Donc le polynôme X 3 − d est d’Eisenstein en p. Par l’exercice 10,
on sait que p ne divise pas f . Cela assure que (a, f ) = 1.

9
ii) Supposons que 3|a. La formule usuelle de changement de bases assure que DZ[θ]/Z = f 2 DK ,
donc DZ[θ]/Z = −27a2 b4 divise f 2 DK . Puisque 3|a et (a, f ) = 1, f n’est pas divisible par 3,
donc (27a2 , f ) = 1. Or 27a2 |f 2 DK , donc le lemme de Gauss assure que 27a2 |DK .
Supposons que 3 ne divise pas a. Alors on a toujours a2 |f 2 DK et (a, f ) = 1, donc on conclut
que a2 |DK .
iii) C’est exactement le même raisonnement que la question d) i) en échangeant θ et θ0 .
iv) C’est exactement le même raisonnement que la question d) ii) en échangeant θ et θ0 .
v) Dans tous les cas, on a a2 |DK et b2 |DK . Or a et b sont premiers entre eux, donc a2 b2 |DK .
Les inclusions Z[θ] ⊂ ZK et Z[θ0 ] ⊂ ZK assurent respectivement que DK |27a2 b4 et DK |27a4 b2 .
Puisque a et b sont premiers entre eux, cela assure que DK |27a2 b2 .
Le signe de DK se déduit par exemple de la relation déjà mentionnée −27a2 b4 = f 2 DK :
cela assure que DK < 0.
e) On suppose que 3|d. Alors 3|a ou 3|b (mais pas les deux). Donc par la question d), on sait que
(3|a, 3 ne divise pas b, 27a2 |DK et b2 |DK ) ou (3|b, 3 ne divise pas a, a2 |DK et 27b2 |DK ). Dans
les deux cas, les deux diviseurs de DK obtenus sont premiers entre eux, donc leur produit divise
DK , i.e. 27a2 b2 |DK . Alors la question d) v) assure que DK = −27a2 b2 .
En particulier, on a DK = discZ (1, θ, θ0 ) (question c)), donc f 00 = 1, donc (1, θ, θ0 ) est une base
de ZK .
f) On suppose que d 6≡ ±1 [9] et d non divisible par 3 (ce cas a été traité à la question e)). Un
calcul simple assure que

(θ − d)3 + 3d(θ − d)2 + 3d2 (θ − d) + d(d2 − 1) = 0 .

Donc le polynôme minimal de θ − d sur Q est X 3 + 3dX 2 + 3d2 X + d(d − 1)(d + 1). Montrons
qu’il est d’Eisenstein en 3. Il est clair que tous ses coefficients sont divisibles par 3. Montrons
que son coefficient constant n’est pas divisible par 9 : le produit d(d − 1)(d + 1) est divisible par
9 si et seulement si l’un des trois entiers consécutifs d − 1, d et d + 1 est divisible par 9, si et
seulement si d ≡ −1, 0, 1 [9]. Or on a exclu ces possibilités, donc sous les hypothèses de cette
question, le polynôme minimal de θ − d est d’Eisenstein en 3.
On utilise alors l’exercice 10 pour en déduire que f n’est pas divisible par 3 (puisque Z[θ − d] =
Z[θ]). Donc l’égalité −27a2 b4 = f 2 DK assure que 27|DK , donc la question d) v) assure que
DK = −27a2 b2 = discZ (1, θ, θ0 ), donc (1, θ, θ0 ) est une base de ZK .
g) i) On calcule les puissances successives de α. On trouve :

1 + θ + θ2
α= ,
3
(1 + 2d) + (2 + d)θ + 3θ2
α2 = ,
9
(d2 + 7d + 1) + 3(1 + 2d)θ + 3(2 + d)θ2
α3 = .
27
Il est alors clair que le polynôme minimal de α est donné par

d−1 (d − 1)2
Q(X) = X 3 − X 2 − X− .
3 27
Or par hypothèse d ≡ 1 [9], donc 3|d − 1 et 27|(d − 1)2 , donc Q(X) ∈ Z[X], donc α ∈ ZK .
ii) On a clairement 3α ∈ Z[θ] ⊂ Z[θ, θ0 ], donc Z[θ, θ0 ] est un sous-groupe d’indice 1 ou 3 dans
Z[θ, θ0 , α]. Or α ∈
/ Z[θ, θ0 ], donc cet indice est égal à 3. On a une chaı̂ne d’inclusions

Z[θ, θ0 ] ⊂ Z[θ, θ0 , α] ⊂ ZK ,

10
avec [ZK : Z[θ, θ0 ]] = f 00 et [Z[θ, θ0 , α] : Z[θ, θ0 ] = 3, donc 3|f 00 .
Or on a la relation discZ (1, θ, θ00 ) = f 002 DK , i.e. −27a2 b2 = f 002 DK , et par la question d)
v), on a DK = na2 b2 , avec n ∈ {1, 3, 9, 27}. Donc les seules possibilités sont f 00 = 1 ou 3.
Or on a montré que f 00 est divisible par 3, donc f 00 = 3. Donc DK = 3a2 b2 .
iii) On a vu que f 00 = 3 = [Z[θ, θ0 , α] : Z[θ, θ0 ], donc cela assure que ZK = Z[θ, θ0 , α], donc que
(α, θ, θ0 ) est une Z-base de ZK .
h) Le raisonnement est totalement semblable à celui de la question g).
i) En résumé, on a montré que :
– si d 6≡ ±1 [9], (1, θ, θ0 ) est une Z-base de ZK et DK = −27a2 b2 . En particulier, Z[θ] est d’indice
b dans ZK .
– si d ≡ 1 [9], (α, θ, θ0 ) est une Z-base de ZK et DK = −3a2 b2 . En particulier, Z[θ] est d’indice
3b dans ZK .
– si d ≡ −1 [9], (α0 , θ, θ0 ) est une Z-base de ZK et DK = −3a2 b2 . En particulier, Z[θ] est d’indice
3b dans ZK .

Exercice 12 :
a) Montrer qu’un anneau factoriel est intégralement clos.
b) Soit A un anneau intégralement clos et K son corps des fractions. Soit P ∈ A[X] unitaire.
Supposons que P = QR dans K[X], avec Q, R unitaires. Montrer que Q, R ∈ A[X].
[Indication : on pourra considérer les racines de Q et R dans une clôture algébrique de K.]
c) Soit A un anneau intégralement clos de corps des fractions K. On souhaite montrer que A[X1 , . . . , Xn ]
est intégralement clos.
i) Vérifier que K(X) est le corps des fractions de A[X].
Pour la suite, on fixe f ∈ K(X) entier sur A[X].
ii) Montrer que f ∈ K[X].
iii) Soit P (Y ) = Y n + pn−1 (X)Y n−1 + · · · + p0 (X) ∈ A[X][Y ] un polynôme unitaire annulant
f . Montrer que pour r ∈ N, le polynôme P1 (Y ) := P (Y + X r ) est dans A[X][Y ], unitaire
en Y , et annule f1 := f − X r .
iv) Montrer que pour r suffisamment grand, le coefficient constant (en Y ) de P1 (Y ) est unitaire
en X et qu’il est égal au produit de −f1 par un polynôme de K[X].
v) En déduire que −f1 ∈ A[X], puis que f ∈ A[X]. En déduire que A[X] est intégralement
clos.
vi) Montrer que A[X1 , . . . , Xn ] est intégralement clos.

Solution de l’exercice 12.


a) Soit A un anneau factoriel. Notons K son corps des fractions. Soit x ∈ K un élément entier
sur A. Par définition, il existe un polynôme P (X) = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 ∈ A[X] tel que
P (x) = 0. Il existe a, b ∈ A tels que x = ab dans K. On peut supposer que a et b n’ont pas de
facteur irréductible commun. On a alors
an an−1
+ an−1 n−1 + · · · + a0 = 0 ,
bn b
n
donc en multipliant par b , on obtient
an + an−1 an−1 b + · · · + a1 abn−1 + a0 bn = 0 .
Tous les éléments intervenant dans cette égalité sont dans A. Soit p ∈ A un facteur irréductible
de b. Alors l’égalité précédente assure que p divise an , donc p divise a. Cela implique que a et
b admettent p comme facteur irréductible commun. Cela contredit l’hypothèse. Donc b n’admet
pas de facteur irréductible. Donc b est inversible dans A, donc x = ab est dans A.
Donc A est intégralement clos.

11
b) Notons x1 , . . . , xn les racines de P dans une cloture algébrique de K. Puisque P est unitaire à
coefficients dans A, les xi sont des éléments sur A. Il est clair que les racines de P et de Q sont
parmi les xi . Or les coefficients de P et Q sont des polynômes à coefficients dans Z (P et Q
sont unitaires) en les xi (via les relations entre coefficients et racines). L’ensemble des éléments
algébriques sur A étant un anneau, on en déduit que les coefficients de P et Q sont des entiers
sur A. Or ces coefficients sont dans K, et A est intégralement clos dans K, donc ils sont dans
A. Donc P, Q ∈ A[X].
c) i) Puisque K(X) est un corps contenant A[X], le corps des fractions de A[X] est contenu dans
K(X). Montrons l’inclusion inverse. Soit f (X) ∈ K(X). Par définition, il existe P, Q ∈
P (X)
K[X] tels que f (X) = Q(X) . Il existe a, b ∈ A \ {0} tels que aP (X), bQ(X) ∈ A[X]. Donc
baP (X)
f (X) = abQ(X) , donc f (X) est un quotient de deux polynômes de A[X], donc f (X) est
dans le corps des fractions de A[X].
ii) Puisque f est entier sur A[X], f est a fortiori entier sur K[X]. Or K[X] est un anneau
factoriel, donc par la question a), K[X] est intégralement clos dans K(X). Donc f ∈ K[X].
iii) Cette question est évidente.
iv) Le coefficient constant de P1 (Y ) est égal à

X nr + pn−1 (X)X (n−1)r + · · · + p1 (X)X r + p0 (X) .

Ce polynôme en X est unitaire dès que nr > kr + deg(pk ), pour tout 0 ≤ k ≤ n − 1, par
exemple dès que r > max0≤k≤n−1 deg(pk ).
On a montré à la question c) iii) que f1 est une racine de P1 (Y ) dans l’anneau K[X].
On peut faire la division euclidienne du polynôme P1 (Y ) par le polynôme unitaire Y − f1
dans l’anneau des polynômes à coefficients dans K[X]. On obtient qu’il existe un polynôme
Q1 (Y ) ∈ K[X][Y ] tel que P1 (Y ) = (Y − f1 )Q1 (Y ). En particulier, le coefficient constant
de P1 (Y ) est égal au coefficient constant (en Y ) de −f1 Q1 (Y ). Donc le coefficient constant
de P1 (Y ) est de la forme −f1 q1 , avec q1 ∈ K[X].
v) Quitte à augmenter encore r de sorte que r > deg(f ), on peut supposer que −f1 ∈ K[X]
est unitaire. On a donc écrit à la question c) iv) le coefficient constant de P1 (Y ), qui est
unitaire à coefficients dans A, comme un produit de deux polynômes unitaires −f1 et q1
dans K[X]. Alors la question b) assure que −f1 ∈ A[X], donc f ∈ A[X].
On a donc bien montré que A[X] est intégralement clos.
vi) C’est une récurrence simple sur le nombre de variables n.

Exercice 13 : Soit p un nombre premier impair et K := Q(ζp ), où ζp désigne une racine primitive
p-ième de l’unité.
a) Calculer la trace d’un élément de K.
b) Montrer que la norme de 1 − ζp est égale à p.
c) Soit α = a0 + a1 ζp + · · · + ap−2 ζpp−2 ∈ ZK (ai ∈ Q).
i) En étudiant αζp−i − αζp , montrer que pour tout i, bi := pai est un entier relatif.
ii) Posons λ := 1 − ζp . Montrer que pα s’écrit pα = c0 + c1 λ + · · · + cp−2 λp−2 avec ci ∈ pZ.
[Indication : on pourra montrer le résultat par récurrence sur i, en montrant d’abord que
p ∈ λp−1 ZK .]
iii) Montrer que pour tout i, ai ∈ Z. En déduire que ZK = Z[ζp ].
p−1
iv) Montrer que disc(K) = (−1) 2 pp−2 .

Solution de l’exercice 13.

12
a) Par linéarité, il suffit de calculer la trace des puissances de ζp . On a TrK/Q (1) = [K : Q] = p − 1
et pour 1 ≤ r ≤ p − 1,
p−1
X p−1
X p−1
X
TrK/Q (ζpr ) = (ζpr )k = ζpk = −1 + ζpk = −1 .
k=1 k1 k=0

Donc pour un élément quelconque de K, qui s’écrit a0 + a1 ζp + · · · + ap−2 ζpp−2 , sa trace vaut

TrK/Q (a0 + a1 ζp + · · · + ap−2 ζpp−2 ) = pa0 − (a0 + a1 + · · · + ap−2 ) .

b) On a NK/Q (1 − ζp ) = (1 − ζp )(1 − ζp2 ) . . . (1 − ζpp−1 ). Or le polynôme cyclotomique φp (X) s’écrit


φp (X) = (X − ζp )(X − ζp2 ) . . . (X − ζpp−1 ), donc NK/Q (1 − ζp ) = φp (1) = 1 + · · · + 1 = p.
c) i) Calculons la trace de αζp−i − αζp : on a

TrK/Q (αζp−i − αζp ) = TrK/Q (αζp−i ) − TrK/Q (αζp ) = pai ,

en utilisant la question a). Or αζp−i − αζp ∈ ZK , donc sa trace est dans Z, i.e. pai ∈ Z, pour
tout i.
ii) On a vu à la question b) que p = NK/Q (λ) = (1 − ζp )(1 − ζp2 ) . . . (1 − ζpp−1 ). On met (1 − ζp )
en facteur dans chaque terme du produit :

p = (1 − ζp )p−1 u = λp−1 u

où u ∈ Z[ζp ] ⊂ ZK . Donc p ∈ λp−1 ZK .


On écrit alors que pα = b0 + b1 ζp + · · · + bp−2 ζp−2 et on remplace ζp par 1 − λ. On obtient
alors  
p−2 k   p−2 p−2  
X X k X X k
pα = bk (−λ)j = (−1)j bk  λ j .
j j
k=0 j=0 j=0 k=j
Pp−2 j j
Pp−2 k

On a donc pα = j=0 cj λ , avec cj := (−1) k=j j bk . Montrons que cj ∈ pZ par
récurrence sur j.
Si j = 0, on a c0 = b0 + · · · + bp−2 = pb0 − TrK/Q (pα) = p(b0 − TrK/Q (α)) ∈ pZ.
Supposons que ci ∈ pZ pour tout 0 ≤ i ≤ j − 1. On rappelle l’égalité pα = p−2 j
P
j=0 cj λ .
j+1 j j+1
Modulo λ , cette égalité devient 0 ≡ cj λ puisque p ∈ λ ZK (j + 1 ≤ p − 1). On en
déduit que cj = βλ avec β ∈ ZK . On prend les normes et on obtient cp−1j = NK/Q (β)p avec
NK/Q (β) ∈ Z. Donc p|cj .
Finalement, on a bien montré que pα = c0 + c1 λ + · · · + cp−2 λp−2 avec ci ∈ pZ.
iii) On déduit de la question c) ii) que α est combinaison linéaire à coefficients entiers des λi .
En remplaçant λ par 1 − ζp , on obtient que α est combinaison linéaire à coefficients entiers
de puissances de ζp , donc par unicité de la décomposition dans la Q-base (1, ζp , . . . , ζpp−2 ),
on en déduit que ai ∈ Z pour tout i.
On a donc montré que tout élément de ZK était dans Z[ζp ]. Or ζp ∈ ZK , donc ZK = Z[ζp ].
(p−1)(p−2)
iv) On sait que DK = (−1) 2 NK/Q (φ0p (ζp )) (voir exercice 5, question a)). Or φp (X) =
X p −1 pζpp−1 p−1
X−1 , donc φ0p (ζp ) = − λ . Donc NK/Q (φ0p (ζp )) = (−1)p−1 p p en utilisant la question
p−1
b). D’où finalement DK = (−1) 2 pp−2 .

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