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Arithmétique et Combinatoire

PARTIE I

BOUROUBI Sadek

University of Sciences and Technology Houari Boumediene


Faculty of Mathematics
Department of Operational Research
L’IFORCE Laboratory
email: sbouroubi@usthb.dz

BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I


Plan

* Prérequis

* Introduction

* Groupes

* Sous-groupes

* Groupes quotients

* Exemples de groupes
- Groupes cycliques,
- Groupes symétriques,
- Groupes opérant sur un ensemble

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Prérequis

Tout le long de ce cours, je suppose que l’étudiant est familier avec


les opérations usuelles sur les nombres, avec le vocabulaire sur les
relations et enfin avec les pricipes de raisonnement, i.e., qu’il est
supposé connaîttre :

• Les entiers naturels N


• Les entiers relatifs Z
• Les nombres rationnels Q
• Les nombres réels R
• Les nombres complèxes C
• Un nombre premier
• Le plus grand commun diviseur pgcd(a, b)
• Le plus petit commun multiple ppcm(a, b)

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Prérequis

• La relation de Bézout
• Lemme de Gauss
• Factorisation unique en nombres premiers d’un entier relatif
• Une relation binaire sur un ensemble X
• Une relation reflexive sur X
• Une relation symétrique sur X
• Une relation antisymétrique sur X
• Une relation transitive sur X
• Une relation d’ordre sur X
• Une relation d’équivalence sur X
• Le principe de récurrence

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Introduction
Comment les groupes sont apparus ?

Problème de résolubilité des équations par radicaux

Nous savons tous résoudre les équations de degré 2 ; les solutions


font intervenir les racines carrées.

2 1 −3
x − x + 1 = 0 −→ x = + ·
2 2
On sait aussi résoudre les équations de degré 3 ; les solutions font
intervenir les racines cubiques.
r  32  32
1 1√ 9 1 1√ 1√ 1 1√
 
3 3
x −x +1 = 0 −→ x = − − 69− − 69 − 69 − 69
2 18 2 2 18 2 2 18
Il existe également de telle formule pour les équations de degré 4.

La question s’est longtent posée, si l’on peut faire de même pour les
équations de degré 5 et plus ?
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Introduction
La réponse fut apportée par Evariste Galois (1811-1832) et
Niels-Abel (1802-1829).

Il n’existe pas en général une telle formule.

Galois savait même dire pour quel polynôme c’est possible et pour
lesquels ce ne l’est pas ; il introduit alors la notion de groupe à l’age
de 18 ans.

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Introduction

Les groupes servent de fondement pour beaucoups d’objet


mathématiques comme :
Les anneaux,
Les corps,
Les matrices,
Les espaces vectoriels, . . .
Ils s’appliquent dans des domaines variés de l’arithmétiques :
La géométrie,
La combinatoire,
La théorie des nombres,
La cryptographie, . . .

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Groupes

Définition 1
Un groupe (G, ∗) est un ensemble G muni d’une opération, notéé ∗,
vérifiant 4 propriétés :
1 ∀x , y ∈ G : x ∗ y ∈ G (loi interne)
2 ∀x , y , z ∈ G : (x ∗ y ) ∗ z = x ∗ (y ∗ z) (loi associative)
3 ∃e ∈ G tel que : ∀x ∈ G : x ∗ e = e ∗ x = x (élément neutre)
0 0
4 ∀x ∈ G, ∃x ∈ G tel que : x ∗ x = x 0 ∗ x = e (élément inverse).

Définition 2
On dira qu’un groupe (G, ∗) est commutatif (abélien) si,

∀x , y ∈ G : x ∗ y = y ∗ x .

Cette propriété n’est pas vraie pour tous les groupes !

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Groupes
Exemples
(R∗ , ×), (Q∗ , ×), (Z, +), (Q, +), (R, +), (C, +), sont tous
des groupes commutatifs.
(Z∗ , ×), (N, +) ne le sont pas.
En effet, si 2, par exemple, avait un inverse dans (Z∗ , ×) ce
serait 12 qui n’est pas dans Z∗ . Aussi, si 2 avait un inverse dans
(N, +) il devrait être −2, mais −2 6∈ N.
Soit R l’ensemble des rotations du plan dont le centre est à
l’origine O.

R muni de la loi de composition ”o”, (R, o) forme un groupe


commutatif.
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Groupes
Exemples
Soit I l’ensemble des isométries du plan (translations, rotations,
reflexions (% aux droites) et leurs composées).
(I, o) est un groupe non commutatif.
En effet, soient
π
R π4 : la rotation d’angle et de centre O,
4
T→
− : la translation de vecteur →

v = (1, 1).
v

Alors
v oR 4 6= R 4 oT→
T→
− v .

π π

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Groupes

Exemples
L’ensemble des matrices inversibles (n × n) muni de la multiplication
des matrices ” × ”, noté (Gln , ×), est un groupe non commutatif.

Pour n = 2, vérifier que M × M 0 6= M 0 × M, si


   
1 1 0 1 0
M= et M =
0 1 2 1

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Groupes

Proposition
Soit (G, ∗) un groupe. Alors
L’élément neutre e de G est unique.
L’inverse x −1 d’un élément x de G est unique ; de plus, x −1
vérifie la propriété (x −1 )−1 = x .
Pout tout x , y ∈ G, on a (x ∗ y )−1 = y −1 ∗ x −1 .

Preuve :

Supposons que e et e 0 vérifient la propriété de l’élément neutre,


alors d’une part e ∗ e 0 = e 0 , car e est neutre, et d’autre part
e ∗ e 0 = e, car e 0 est neutre, donc e = e 0 .
D’où l’unicité de l’éléments neutre.

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Groupes
Si x1 et x2 vérifient la propriété d’inverse de x , alors
x1 = x1 ∗ e = x1 ∗ x ∗ x2 = e ∗ x2 = x2 .
Donc l’inverse de x est unique.
On a :
(x ∗ y ) ∗ (y −1 ∗ x −1 ) = x ∗ (y ∗ (y −1 ∗ x −1 ))
= x ∗ ((y ∗ y −1 ) ∗ x −1 )
= x ∗ (e ∗ x −1 )
= x ∗ x −1
= e,
et
(y −1 ∗ x −1 ) ∗ (x ∗ y ) = y −1 ∗ (x −1 ∗ (x ∗ y ))
= y −1 ∗ ((x −1 ∗ x ) ∗ y )
= y −1 ∗ (e ∗ y )
= y −1 ∗ y
= e.

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Groupes
Soit (G, ∗) un groupe et n ∈ Z. On note :




x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x} si n ≥ 1



 n fois
xn = e si n = 0

x −1 ∗ x −1{z∗ · · · ∗ x −1} si n ≤ −1




 |

−n fois

Á partir de ces notations, les règles de calcul sont les mêmes que les
puissances usuelles.
Si n, m ≥ 1, alors

x n ∗ x m = (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x}) ∗ (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x})


n fois m fois
= (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x})
n+m fois
n+m
= x ·
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Groupes

m
(x n ) = n n
∗ · · · ∗ x }n
|x ∗ x {z
m fois
= (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x}) ∗ (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x}) ∗ · · · ∗ (x| ∗ x ∗{z· · · ∗ x})
n fois nfois n fois
| {z }
m fois
= x n.m

Si (G, ∗) est un groupe commutatif, alors

(x ∗ y )n = x n ∗ y n .

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Sous-groupes
Définition 3
Soit (G, ∗) un groupe. Une partie H non vide de G est un sous-groupe de
G si, H muni de la loi induite par G est aussi un groupe ; c’est-à-dire,
1 e ∈ H,
2 ∀x , y ∈ H, x ∗ y ∈ H,
3 ∀x ∈ H, x −1 ∈ H.

Exemples :
{e} et G sont des sous-groupes triviaux de G.
R∗+ , × est un sous-groupe de (R∗ , ×).


Soit (u, v ) une base de R2 . Alors uZ + v Z est un sous-groupe de R2


appelé réseau.
À vous de vérifier que les exemples suivants sont des sous-groupes :
(Z, +) est un sous-groupe de (R, +).
(U, ×) est un sous-groupe de (C∗ , ×), avec U = {z ∈ C : |z| = 1}.
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Sous-groupes
Proposition 1
Une partie H non vide de G est un sous-groupe de G si, et seulement si,
pour tout couple (x , y ) ∈ H 2 , x ∗ y −1 ∈ H.

Preuve :
(⇒) découle de la définition même d’un sous-groupe.
(⇐) Soient x , y ∈ H, alors
x ∗ x −1 = e ∈ H.
e ∗ x −1 = x −1 ∈ H.
x ∗ y = x ∗ (y −1 )−1 ∈ H.

Proposition 2
T
(Hi )i∈I une famille de sous-groupe de G, alors Hi est un sous-groupe de
i∈I
G.
Preuve : Exercice.

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Sous-groupes de (Z, +)
Proposition 3
Les sous-groupes de (Z, +) sont tous de la forme nZ, avec n ∈ N et
nZ = {nk, k ∈ Z}.
Preuve :
i) Il est facile de vérifier que nZ est sous-groupe de (Z, +).
ii) Soit H un sous-groupe de Z.
Si H = {0} alors H = 0Z.
Si H = Z alors H = 1Z.
Si H est différent de {0} et de Z, posons n = min{h > 0 : h ∈ H}.
Comme n ∈ H et H est un sous-groupe, on a nk ∈ H, ∀k ∈ Z et donc
nZ ⊂ H.
Montrons que H ⊂ nZ.
Soit h ∈ H. La division euclidiènne de h par n donne h = kn + r ,
0 ≤ r < n.
Comme h et kn sont tous les deux dans H, r = h − kn ∈ H.
Comme de plus 0 ≤ r < n et n est minimal dans H ∩ N∗ , il vient r = 0 et
donc h = nk.

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Sous-groupes engendrés

Définition 4
Soit S une partie non vide d’un groupe (G, ∗). On appelle sous-groupe
engendré par S et on note < S >, le plus petit sous-groupe de G (au sens
de l’inclusion) contenant S.
Si a ∈ G, on note < a > le sous-groupe engendré par a.

Proposition 4
< S > est l’intersection de tous les sous-groupes de G contenant S.

Preuve : Soit M l’intersection de tous les sous-groupes de G contenant S.


M est un sous-groupe de G (d’après la Proposition 2) qui contient S ;
donc M ⊇ < S >.
< S > est un sous-groupe de G contenant S ; donc < S > ⊇ M.
M est par conséquent le plus petit sous-groupe de G contenant S.

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Sous-groupes engendrés

Exercice 1 : Soit le groupe (R∗ , ×) et soit S = {2}. Montrer que :

< S > = {2n , n ∈ Z}.

Réponse : Le sous-groupe engendré par S doit contenir 2 et donc


1/2.
Ainsi < S > contient tous les éléments de la forme 2n , n ∈ Z.
Donc
< S > ⊇ {2n , n ∈ Z}.
Comme {2n , n ∈ Z} est aussi un sous-groupe contenant 2, on en
déduit que :
< S > = {2n , n ∈ Z}.

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Sous-groupes engendrés
Exercice 2 : Soit le groupe (Z, +) et S = {a, b} ⊂ Z. Montrer
que :
< S > = dZ, avec d = pgcd(a, b).
Réponse : < S > contient a et b, donc il contient aZ + bZ.
Comme de plus aZ + bZ est un sous groupe contenant S, il vient

< S > = aZ + bZ.

D’autre part, d’après l’algorithme d’Euclide, il existe deux entiers u


et v tels que :
ua + vb = d.
Donc aZ + bZ contient le sous groupe dZ qui lui-même contient a
et b.
On a, finalement :

< S > = aZ + bZ = dZ.


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Sous-groupes engendrés
Proposition 5
< S > = {s1 · · · sn : n ∈ N∗ , si ∈ S ou si−1 ∈ S, ∀i}.

Preuve : Montrons tout d’abord que

H = {s1 · · · sn : n ∈ N∗ , si ∈ S ou si−1 ∈ S, ∀i}

est un sous-groupe contenant S.


Soit s ∈ S, alors, s ∈ H (n = 1), par conséquent H est non vide et
contient S.
Soient x = s1 · · · sn et y = s10 · · · sm
0 deux éléménts de H.

0−1 · · · s 0−1 ∈ H.
Alors xy −1 = s1 · · · sn sm 1
D’où, H est un sous-groupe de G contenant S.
Par voie de conséquence < S > ⊆ H.
Montrons l’autre inclusion.
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Sous-groupes engendrés

Soit x = s1 · · · sn ∈ H et soit i compris entre 1 et n.


Si si ∈ S, alors si ∈ < S >.
Si si−1 ∈ S, alors si−1 ∈ < S > et donc si ∈ < S >.
D’où, x ∈ < S >.

Corollaire 1
Soit G un groupe et a ∈ G. Alors < a > = {an : n ∈ Z}.

Preuve : D’après la Proposition 5, les éléments de < a > sont tous


de la forme a1 · · · an , avec ai = a ou ai−1 = a, pour tout i compris
entre 1 et n.
Donc, en simplifiant tant que c’est possible les a avec les a−1 , les
éléments de < a > prennent la forme an , n dans Z.

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Ordre d’un élément dans un groupe
Définition 5
Soit G un groupe non réduit à l’élément neutre. Si le sous-groupe < a > est fini,
on appelle ordre de a et on note o(a), l’ordre du sous sous-groupe < a >.

Remarque
o(a) = 1 si, et seulement si a = e.

Proposition 6
Soit a ∈ G différent de e, d’ordre fini. Alors < a > = {an : 1 ≤ n ≤ o(a)}.

Preuve : D’après le Corollaire 1, < a > = {an : n ∈ Z}.


Comme < a > est fini, il existe un entier strictement positif m tel que am = e.
On pose k le plus petit entier strictement positif tel que ak = e et
H = {e, a, . . . , ak−1 }.
Il est facile de vérifier que |H| = k.
En effet, si on suppose ai = aj , 1 ≤ i < j ≤ k − 1 alors aj−i = e avec
1 ≤ j − i < k, ce qui contredit la définition de k.
Comme de plus H est un sous-groupe contenant a et H ⊆ < a >, on a
forcement H = < a >.

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Ordre d’un élément dans un groupe
Remarques
1 Dans la preuve de la Proposition 6, on vient de montrer que si un
élément a d’un groupe G est d’ordre fini, alors son ordre est le plus
petit entier positif k tel que ak = e.

2 Un groupe infini peut contenir des éléments d’ordre fini. Considérer


par exemple -1 dans le groupe (R∗ , ×), il est d’ordre 2.

3 On démontre de la même façon, en notation additive, que si a est


différent de 0 et d’ordre fini, alors < a > = {na : 1 ≤ n ≤ o(a)} et
o(a) est le plus petit entier k strictement positif tel que ka = 0.

Définition 6
Un groupe G engendré par un seul élément a est dit monogène.
Si de plus, G est fini, d’ordre n, alors il est dit cyclique et s’écrit
G = {e, a, . . . , an−1 }.

(Z, +) est un exemple d’un groupe monogène infini, il est en effet


engendré par soit 1, ou -1.
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Ordre d’un élément dans un groupe
Proposition 7
Soit a un élément d’ordre fini d’un groupe G et soit n un entier
strictement positif tel que an = e. Alors, o(a) divise n.

Preuve : Soit m = o(a). Par division euclidienne de n par m, il


existe deux entiers k et r tels que n = km + r , avec 0 ≤ r < m.
On a :
e = an
= akm+r
= akm ar
= (am )k ar
= ar .
Comme m est le plus petit entier positif tel que am = e et r < m,
alors r = 0.
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Théorème de Lagrange

Joseph-Louis Lagrange
1736-1813

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Théorème de Lagrange

Théorème 1
Soit G un groupe et H un sous-groupe de G. Les relations binaires Rg et
Rd définies sur G par :
1 x Rg y si, et seulement si, x −1 y ∈ H.
2 x Rd y si, et seulement si yx −1 ∈ H.
sont des relations d’équivalence.

Preuve :

x −1 x = e ∈ H, ∀x ∈ G, donc Rg est réflexive.


Si x −1 y ∈ H, alors y −1 x = (x −1 y )−1 ∈ H, donc Rg est symétrique.
Si x −1 y ∈ H et y −1 z ∈ H, alors (x −1 y )(y −1 z) = x −1 z ∈ H, donc
Rg est transitive.

Idem pour la relation Rd .

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Théorème de Lagrange
Définitions
Les classes de x ∈ G par rapport aux relations d’équivalence Rg et Rd
sont respectivement xH et Hx , et sont appelées classe à gauche de x et
classe à droite de x modulo H respectivement.

L’ensemble des classes à gauche


  (resp.
 à droite)
  modulo
 H, définit une
G G
partition de G et est noté resp. .
H g H d

Théorème 2
Soit G un groupe fini et soit H un sous-groupe de G, alors o(H) divise
o(G).

Preuve : Soit {x1 , x2 , . . . , xr } l’ensemble des classes d’équivalence à


gauche toutes distinctes. Alors
r
X r
X r
X
|G| = |xi | = |xi H| = |H| = r |H|
i=1 i=1 i=1

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Théorème de Lagrange
Corollaire 2
Soit G un groupe fini d’ordre n, d’élément neutre e. Alors
1 o(x ) divise n, ∀x ∈ G.
2 x n = e, ∀x ∈ G.
Preuve :
1 Soient x ∈ G et < x > le sous-groupe engendré par x .
D’après le théorème de Lagrange o(< x >) = o(x ) divise
o(G) = n.
2 Soit x ∈ G, alors ∀x ∈ G, on a :

x n = x o(x ).k
= (x o(x ) )k
= e.

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Théorème de Lagrange
Corollaire 3
Soit G un groupe fini et soit H et K deux sous-groupes distincts
d’ordre premiers entre eux. Alors H ∩ K = {e}.

Preuve : H ∩ K est un sous-groupe de H et de K , son ordre divise


à la fois l’ordre de H et l’ordre de K , qui sont premiers entre eux,
c’est donc 1.
Exercice
Répondre par vrai ou faux aux assertions suivantes :
1 4Z ∪ 12Z est un sous-groupe de (Z, +).
2 4Z ∪ 13Z est un sous-groupe de (Z, +).
3 4Z + 13Z = 52Z.
4 (Z, +) est engendré par {3, 7}.
5 Un groupe d’ordre 10 ne possède pas de sous-groupes d’ordre 4.

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Morphismes de groupes
Définition 7
Soient (G, ∗) et (G 0 , ) deux groupes et soit f : G −→ G 0 une
application de G dans G 0 . On dit que f est un morphisme (homo-
morphisme) de groupes si, ∀x , y ∈ G : f (x ∗ y ) = f (x )  f (y ).
Si de plus G = G 0 , l’application f est dite endomorphisme de G.

Exemples
L’application f : (R, +) −→ R∗+ , × définie par x 7−→ e x est

1

un morphisme de groupes de (R, +) vers (R∗+ , ×).


f (x + y ) = e x +y = e x × e y = f (x ) × f (y ).
2 Soit G est un groupe abélien et n un entier quelconque.
L’application f : G 7→ G qui à x associe x n est un
endomorphisme de G.
f (xy ) = (xy )n = x n y n = f (x )f (y ).
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Morphismes de groupes
Proposition 8
Soit f : G −→ G 0 un morphisme de groupes. Alors
1 f (eG ) = eG 0 .
2 ∀x ∈ G, f (x −1 ) = (f (x ))−1 .

Preuve :
1 f (x ) = f (x .eG ) = f (x )f (eG ).
f (x ) est inversible dans G 0 , donc

eG 0 = (f (x ))−1 f (x ) = (f (x ))−1 f (x )f (eG ) = f (eG ).

2 f (x )(f (x ))−1 = eG 0 = f (eG ) = f (xx −1 ) = f (x )f (x −1 ).


Il vient
(f (x ))−1 = f (x −1 ).

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Morphismes de groupes

Exemple
R∗+ , ×

f : (R, +) −→
x 7−→ ex
1 1
f (0) = 1 et f (−x ) = e −x = x
= ·
e f (x )

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Morphismes de groupes

Propriétés des morphismes


Si ϕ est un morphisme de G vers G 0 et ϕ0 un morphisme de G 0
vers G ” , alors ϕ0 oϕ est un morphisme de G vers G ” .

∀n ∈ Z, ∀x ∈ G, on a : ϕ(x n ) = (ϕ(x ))n .

Pour tout sous-groupe H de G, ϕ(H) est un sous-groupe de G 0 .

Pour tout sous-groupe H 0 de G 0 , ϕ−1 (H 0 ) est un sous groupe


de G.

Pour toute partie S de G, on a : ϕ(< S >) = < ϕ(S) >.

Preuve : Exercice.

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Morphismes de groupes
Définition 8
Un morphisme de groupes bijectif est appelé isomorphisme de G vers G 0 .
Lorsque G = G 0 , on parle d’un automorphisme de G.

Proposition 9
L’application réciproque d’un ismorphisme de G vers G 0 est un ismorphisme
de G 0 vers G.
Preuve : Soit x 0 et y 0 ∈ G 0 , il existe alors x , y ∈ G, tels que x 0 = f (x ) et
y 0 = f (y ), car f est surjective.
On a alors
f −1 (x 0 y 0 ) = f −1 (f (x )f (y ))
= f −1 (f (xy ))
= f −1 of (xy )
= xy
= f −1 (x 0 )f −1 (y 0 ).

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Exemple
R∗+ , ×

f : (R, +) −→
x 7−→ ex
f et f −1 sont des isomorphismes.
f −1 (x 0 × y 0 ) = ln(x 0 × y 0 ) = ln(x 0 ) + ln(y 0 ) = f −1 (x 0 ) + f −1 (y 0 ).

Proposition 10
Soient G et G 0 deux groupes isomorphes. Alors, G est abélien si, et
seulement si G 0 est abélien.
Preuve : Exercice
Remarque
L’ensemble des automorphismes de G, noté Aut(G), muni de la loi
de composition est un groupe.

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Morphismes de groupes
Définition 9 : Noyau et image d’un morphisme de groupes
Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes.
Le noyau de f , noté Kerf , est

Kerf = f −1 (eG 0 ) = {x ∈ G : f (x ) = eG 0 }.

L’image de f , noté Imf , est

Imf = f (G) = {f (x ) ∈ G 0 : x ∈ G}.


Proposition 11

Kerf est sous-groupe de G.


Imf est un sous-groupe de G 0 .
f injectif ⇔ Kerf = {eG }.
f surjectif ⇔ Imf = G 0 .

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Morphismes de groupes
Exercices
Soit f : (Z, +) −→ (Z, +)
k 7−→ 3k
f est-il un automorphisme ?
f (k + k 0 ) = 3(k + k 0 ) = 3k + 3k 0 = f (k) + f (k 0 ).
Donc, f est un morphisme de groupes.
f (k) = 3k = 0 =⇒ k = 0.
Donc, f est injectif.
Imf = 3Z.
3Z est un sous-groupe de Z.
3Z 6= Z.
Donc, f n’est pas surjectif.

f n’est donc pas un automorphisme.

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Morphismes de groupes

Exercices
Soit
g: (R, +) −→ (U, ×)
x 7−→ e ix
g est-il un automorphisme ?
0 0
g(x + x 0 ) = e i(x +x ) = e ix × e ix = g(x ) × g(x 0 )
Donc g est un morphisme de groupes.
g(x ) = e ix = 1 =⇒ x = 0 (mod 2π) = 2kπ, k ∈ Z.
Donc, g n’est pas injectif.
Par conséquent, g n’est pas un automorphisme de groupes.

g est-il surjectif ?
∀z ∈ C, tel que |z| = 1, z s’écrit sous la forme z = e ix = g(x )
Donc, g est surjectif.

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Sous-groupe normal

Définition 10 : Sous-groupe normal


On dit que H est un sous-groupe normal (ou distingué) de G, et on note
H C G, si les classes à gauche et à droite de x modulo H sont égales,
c’est-à-dire xH = Hx , ou bien ∀x ∈ G, ∀h ∈ H, xhx −1 ∈ H.
En d’autre termes,
   
G G G
HCG ⇔ = = .
H H g H d

Proposition 12
Tout sous-groupe H d’un groupe abélien G est normal dans G.

Preuve : Soient x ∈ G et h ∈ H, alors

xhx −1 = xx −1 h = eh = h ∈ H.
D’où le résultat.

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Sous-groupe normal
Poposition 17
Pour tout morphisme f d’un groupe G vers un groupe G 0 , Kerf est
un sous groupe normal de G.

Preuve : D’après la Proposition 11, Kerf est un sous groupe de G,


montrons qu’il est normal. Soient x ∈ G et h ∈ Kerf , on a alors :

f (xhx −1 ) = f (x )f (h)f (x −1 ) (f est un morphisme)

= f (x )eG 0 f (x −1 ) (h ∈ Kerf )

= f (x )f (x −1 ) (eG 0 neutre de G 0 )

= f (xx −1 ) (f est un morphisme)

= f (eG )

= eG 0 . (f est un morphisme)

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Groupe quotient
Loi quotient ” · ”
G
Soit H C G, l’ensemble quotient est muni d’une loi quotient ” · ”,
H
définie par :
x · y = xy .
Cette relation est compatible avec la relation d’équivalence, c’est-
à-dire qu’elle est indépendente des choix des représentants de x et
y.

En effet, soit x 0 , y 0 ∈ G tels que x = x 0 et y = y 0 , il s’agit de


montrer que xy = x 0 y 0 .
On a
xH = x 0 H = Hx = Hx 0
(

yH = y 0 H = Hy = Hy 0
Donc
xy = xyH = xHy 0 = Hx 0 y 0 = x 0 y 0 .
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Groupe quotient

Théorème 3
G
Soit H C G, l’ensemble quotient muni de la loi quotient ” · ” est
H
un groupe appelé groupe quotient.

Preuve :
La stabilité et l’associativité découlent de la loi induite de G.
L’élément neutre est e.
G
Tout élément de est symétrisable :
H

x · x −1 = xx −1 = e.

De plus,
x −1 · x = x −1 x = e.
−1
On écrit alors : x −1 = x .

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Groupe quotient
Théorème 4
G
Soit H C G, il existe un morphisme surjectif s de G vers tel que
H
Kers = H.
G
Preuve : Soit s l’application définie de G dans par s(x ) = x .
H
Cette application est surjective par construction, montrons que Kers = H.
x ∈ Kers ⇔ s(x ) = e ⇔ x = e ⇔ xe −1 = x ∈ H.

Théorème 5 : Théorème de factorisation


Soit ϕ un morphisme de groupe de G vers G 0 . Alors il existe un isomorphisme
G
Φ de vers ϕ(G) = Imϕ tel que
Kerϕ
ϕ = ioΦos,
G
où s est la surjection canonique de G vers et i est l’injection de ϕ(G)
Kerϕ
dans G 0 .

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Groupe quotient
Preuve : Soit Φ l’application suivante :
G Φ
Kerϕ −→ Imϕ
x 7−→ ϕ (x )
Notons tout d’abord que Φ est bien définie, i.e., pour x , x 0 ∈ G tels
que x = x 0 on a bien ϕ(x ) = ϕ(x 0 ).
En effet,
x = x 0 ⇐⇒ x Kerϕ = x 0 Kerϕ =⇒ ∃h, h0 ∈ Kerϕ, tels que x = x 0 hh0 .
Par voie de conséquence,

ϕ(x ) = ϕ(x 0 hh0 )


= ϕ(x 0 )ϕ(h)ϕ(h0 ) (ϕ est un morphisme de groupes)
= ϕ(x 0 )eG2 0 (h, h0 ∈ Kerϕ)
= ϕ(x 0 ).
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Groupe quotient
Montrons maintenant que Φ est injective :

Φ(x ) = Φ(y ) ⇔ ϕ(x ) = ϕ(y )


⇔ ϕ(x )(ϕ(y ))−1 = eG 0
⇔ ϕ(x )ϕ(y −1 ) = eG 0
⇔ ϕ(xy −1 ) = eG 0
⇔ xy −1 ∈ Kerϕ
⇔ x = y.

Montrons que Φ est surjective :


Soit y ∈ Imϕ, alors il existe x ∈ G tel que y = ϕ(x ) = Φ(x ).
Par ailleurs, Φ est un morphisme :
Φ(x .y ) = Φ(xy ) = ϕ(xy ) = ϕ(x )ϕ(y ) = Φ(x )Φ(y ).

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Z
Groupe nZ , +
Soit n ≥ 1. La relation R définie sur Z par :
x R y ⇔ x − y ∈ nZ,
est une relation d’équivalence.

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Z
Groupe nZ , +
Soit n ≥ 1. La relation R définie sur Z par :
x R y ⇔ x − y ∈ nZ,
est une relation d’équivalence.
Preuve : Exercice.
Z
On note par l’ensemble des classes d’équivalence, c’est-à-dire :
nZ
Z
= {0, 1, . . . , n − 1}.
nZ
Z
On peut munir de l’addition, et on écrit :
nZ
x + y = x + y.
Exemple
Z
Si n = 60, alors = {0, 1, . . . , 59}.
60Z
60 = 0, 61 = 1, 62 = 2, . . . , 135 = 15 car 135 = 15 + 2 × 60.

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Z
Groupe nZ , +
Remarque
Z
L’opération d’addition sur nZ est bien définie, c’est-à-dire que le résultat
est indépendant du choix des représentants.
En effet, Soit x 0 , y 0 ∈ Z tels que x = x 0 et y = y 0 , il s’agit de montrer que
x + y = x 0 + y 0.
On a
x = x 0 + nk et y = y 0 + nk 0 , k, k 0 ∈ Z.
Donc
x + y = x 0 + y 0 + n(k + k 0 ).
Par conséquent
x + y = x 0 + y 0.

Proposition 13
 
Z
, + est un groupe abélien.
nZ

Preuve : Exercice.
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Z
Groupe nZ , +
Remarque
 
Z
, + est un groupe cyclique, engendré par 1.
nZ

k = 1 + 1 + · · · + 1 = k1.
| {z }
k fois

Théorème 6
Z
Si G est un groupe cyclique d’ordre n, alors G est isomorphe à nZ . En
d’autres termes, il n’existe, à isorphisme
 près, qu’un seul groupe cyclique à
n éléments, c’est le groupe nZ Z
,+ ·

Preuve : G est cyclique d’ordre n, donc il existe a ∈ G tel que :


G = {e, a, . . . , an−1 }, avec an = e.
Z
Soit maintenant l’application f définie de nZ dans G par :
f
Z
nZ −→ G
k 7−→ ak
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Z
Groupe nZ , +
L’application f est bien définie.
k = k0 =⇒ ∃s ∈ Z tel que k = k 0 + ns,
0
=⇒ f (k) = ak +ns
0
=⇒ f (k) = ak ans
0
=⇒ f (k) = ak e
0
=⇒ f (k) = ak
=⇒ f (k) = f (k 0 )
f est surjective par construction, car pour tout élément de x ∈ G, il
existe k ∈ {1, . . . , n − 1} tel que x = ak = f (k).
Comme Z
nZ = |G|, f est bijective.
f est un morphisme.
f (k + k 0 ) = f (k + k 0 )
0
= ak+k
0
= ak ak
= f (k)f (k 0 )

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Z
Groupe nZ , +
 
Z
Théorème 7 : Les sous-groupes de nZ , +
 
Z
Tous sous-groupe de nZ , + est cyclique, c’est-à-dire engendré par
un seul élément.
 
Preuve : Soit H un sous-groupe de Z
nZ , + avec H 6= ∅ et
o(H) = k ≥ 1.
Posons H = {0, x1 , x2 , . . . , xk−1 } avec xi ∈ {1, . . . , n − 1} et
0 < x1 < x2 < · · · < xk−1 .
Soit a ∈ H, alors a ≥ x1 et la division euclidienne de a par x1 donne
a = x1 q + r avec 0 ≤ r < x1 .
Il vient r = a − qx1 ∈ H.
Comme r < x1 , donc r = 0.
Anisi a = qx1 .
Par conséquent H = < x1 > ·
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Z
Groupe nZ , +
Z

Théorème 8 : Les générateurs de nZ ,+
 
Soit x ∈ nZ
Z
, + ; x est un générateur de Z
nZ , + si, et seulement si, x est
premier avec n.

Preuve :
1 Soit x ∈ {1, . . . , n} tel que pgcd(x , n) = 1, on note aussi x ∧ n = 1.
D’après la relation de Bézout, il existe u, v ∈ Z tels que ux + vn = 1,
ainsi ux = 1 et donc 1 ∈< x >.
Z

D’où < x > = nZ ,+ .
Z

2 Soit x un générateur de nZ , + , c’est-à-dire
Z
< x > = {0, x , 2x , . . . , (n − 1)x } = ·
nZ
Z
Comme 1 ∈ = < x >, 1 = qx , q ∈ {1, . . . , n − 1}.
nZ
Ainsi 1 + nk = q(x + nk 0 ), k, k 0 ∈ Z.
D’où 1 = qx + (qk 0 − k)n, ce qui veut dire que x ∧ n = 1.
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Z
Groupe nZ , +
Exemple
Z

Les générateurs de 12Z , + sont 1, 5, 7, 11.

Définition 11
Z

Le nombre de générateurs de nZ , + , noté ϕ(n), est le nombre d’entiers
positifs, inférieurs à n et premiers avec n.
ϕ(n) est appelé indicatrice d’Euler.

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Z
Groupe nZ , +
Exercice
 
Z
1 Trouver tous les sous-groupes de ,+ ·
12Z
2 Montrer que la loi produit p × q = p × q est bien définie sur
Z
l’ensemble ·
nZ
3 Démarant du fait que l’ensemble Un = {z ∈ C : z n = 1} est un
Z
sous-groupe de (C∗ , ×), montrer que Un est isomorphe à , en
nZ
explicitant cet isomorphisme.
4 Soit
       
1 0 1 0 −1 0 −1 0
H= , , ,
0 1 0 −1 0 1 0 −1

Z
Montrer que H est un sous-groupe de (Gl2 , ×) non isomorphe à ·
4Z
5 Trouver la valeur de ϕ(24).
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Le groupe symétrique est le groupe des permutations de l’ensemble
{1, . . . , n}, n ≥ 1, muni de la loi de composition.
Définition 12
Soit n un entier naturel non nul. Une permutation de l’ensemble {1, . . . , n}
est une bijection de {1, . . . , n} dans lui-même. On note par Sn l’ensemble
de toutes les permutations de {1, . . . , n}.

Pourquoi nous interessons nous au groupe symétrique ?


Soit E un ensemble fini à n éléments :
E = {x1 , . . . , xn }, n ≥ 1.
On dispose d’une bijection naturelle ϕ de l’ensemble {1, . . . , n} dans E
définie par :
ϕ : {1, . . . , n} −→ E
i 7−→ xi
De ce fait, lorsque vous avez à manipuler les éléments de E , globalement
vous êtes entrain de manipuler l’ensemble {1, . . . , n} en terme de
permutation.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Une permutation σ ∈ Sn s’écrit
 
1 2 3 ··· n
σ=
σ (1) σ (2) σ (3) ··· σ (n)

Exemple :
 
1
L’unique permutation de S1 est : .
1
   
1 2 1 2
Les permutations de S2 sont : , .
1 2 2 1

Les permutations de S3 sont :


     
1 2 3 1 2 3 1 2 3
, , ,
1 2 3 2 1 3 3 2 1
     
1 2 3 1 2 3 1 2 3
, , .
1 3 2 2 3 1 3 1 2

BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I


Les groupes symétriques Sn
Proposition 14
L’ensemble des permutations muni de la composition des fonctions est un
groupe, noté (Sn , o).
 
1 2 ··· n
Preuve : La permutation identité id = constitue
1 2 ··· n
l’élément neutre pour (Sn , o). Comme les permutations sont des bijections,
elles admettent toutes des inverses modulo la loi de composition. Comme
de plus la loi de composition est associative, (Sn , o) est un groupe.
Proposition 15
(Sn , o) est un groupe d’ordre n!.

Preuve : Soit σ ∈ Sn . σ(1) peut prendre n valeurs possibles, σ(2) peut


prendre n − 1 valeurs possibles (σ(2) 6= σ(1)), σ(3) peut prendre n − 2
valeurs possibles, (σ(3) 6= σ(1) et σ(3) 6= σ(2)), ainsi de suite jusqu’à
σ(n) qui ne peut prendre q’une seule valeur possible.
On arrive ainsi à n × (n − 1) × · · · × 1 = n! permutations possibles.

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Les groupes symétriques Sn
Définition 13
(Sn , o) est communement appelé groupe symétrique de degré n.

Pour tous σ1 , σ2 ∈ Sn , σ1 oσ2 sera noté σ1 σ2 .


Soit par exemple :
   
1 2 3 4 1 2 3 4
σ1 = et σ2 = .
3 2 4 1 2 4 3 1
 
1 2 3 4  
 2 1 2 3 4
4 3 1  supprimer la ligne du milieu σ1 σ2 = .
2 1 4 3
2 1 4 3
Pour trouver l’inverse d’une permutation, il suffit d’échanger les lignes,
     
1 2 3 4 −1 2 3 4 1 1 2 3 4
σ= →σ = = .
2 3 4 1 1 2 3 4 4 1 2 3

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Les groupes symétriques Sn
Propriété
S1 et S2 sont abéliens mais à partir de n ≥ 3, Sn n’est pas abélien.

Preuve : Soit
   
1 2 3 4 ··· n 1 2 3 4 ··· n
σ= et µ = .
1 3 2 4 ··· n 2 3 1 4 ··· n

Calculons σµ.
 
1 2 3 4 ··· n  
1 2 3 4 ··· n
 2 3 1 4 ··· n  −→ σµ = .
3 2 1 4 ··· n
3 2 1 4 ··· n

Calculons maintenant µσ.


 
1 2 3 4 ··· n  
 1 3 2 4 · · · n  −→ µσ = 1 2 3 4 ··· n
.
2 1 3 4 ··· n
2 1 3 4 ··· n

Ainsi σµ 6= µσ.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Le groupe symétrique (S3 , o) peut être vu comme étant le groupe des
isométries d’un triangle équilatéral.
4
En effet, soit ABC un triangle équilatéral,
A

D3 D2

O
C B
D1
On cherche toutes les isométries du plan qui envoient le triangle sur
lui-même, c’est-à-dire f : {A, B, C } → {A, B, C } tel que f bijective et
conserve les distances.
Ces isométries sont soit :
L’identité qui envoie chaque sommet sur lui-même :
 
A B C
.
A B C
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn

Les rotations de centre O et d’angle 2π/3 et −2π/3 :


   
A B C A B C
et .
B C A C A B

les réflexions d’axes reflexifs D1 , D2 et D3 :

D3 D2

O
C B
D1
     
A B C A B C A B C
, et .
A C B C B A B A C

Cela donne une nouvelle vision du groupe (S3 , o).


BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Définition 14 : Cycle
Un cycle est une permutation σ qui laisse fixe (invariant) un certain
nombre d’éléments (σ(i) = i) et les autres sont obtenus par itération,
j, σ(j), σ 2 (j), . . . . Si m est le nombre d’éléménts fixes par σ, le nombre
n − m est appelé longueur ou ordre de σ. Si l’ordre de σ est égal à 2, σ est
une transposition.

Exemple : Soit  
1 2 3 4 5 6 7 8
σ= .
1 8 3 5 2 6 7 4
Les éléments 1, 3, 6 et 7 sont fixes et les autres sont obtenus comme
itération de 2,
2 → σ (2) = 8 → σ 2 (2) = 4 → σ 3 (2) = 5 → σ 4 (2) = 2.
On note un cycle de longueur r (r -cycle) sous une forme plus condensée
σ = (j, σ(j), . . . , σ r (j)),
les éléments qui n’apparaissent pas sont fixes.
 
1 2 3 4 5 6 7 8
σ= → σ = (2 8 4 5).
1 8 3 5 2 6 7 4
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
L’inverse d’un cycle est aussi un cycle, pour le représenter il suffit de
renverser l’ordre des éléments du cycle.

σ = (2845) −→ σ −1 = (5482) .
 
1 2 3 4 5 6 7 8  
−1 1 2 3 4 5 6 7 8
 1 5 3 8 4 6 7 2  −→ σσ = .
1 2 3 4 5 6 7 8
1 2 3 4 5 6 7 8

Définition 15
Le support d’une permutation est l’ensemble de ses éléments qui ne sont
pas fixes. La longueur ou l’ordre d’un cycle est le nombre de ses éléments
(les points fixes peuvent êtres vus comme des cycles de longueurs 1).

Exemple : Soit
 
1 2 3 4 5 6 7 8
σ= .
1 8 3 5 2 6 7 4

support(σ) = {2, 4, 5, 8}.


BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
ATTENTION
Les permutations ne sont pas toutes des cycles.

La permutation
 
1 2 3 4 5 6 7
σ= ,
7 2 5 4 6 3 1

n’est pas un cycle, elle est en fait la composée de quatres cycles :

σ = (2)(4)(17)(356).

Théorème 9 : Décomposition canonique (admis)


Toute permutation de Sn se décompose en produit de cycles disjoints. De
plus cette décomposition est unique modulo les changements d’écriture et
de l’ordre.
 
1 2 3 4 5 6 7 8
σ= → σ = (153) (48) (67) = (84) (531)(76).
5 2 1 8 3 7 6 4

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Les groupes symétriques Sn
Proposition 16
Deux permutations de Sn dont les supports sont disjoints commutent.

Preuve : Soient σ1 , σ2 ∈ Sn telles que support(σ1 ) ∩ support(σ2 ) = ∅,


montrons que σ1 σ2 = σ2 σ1 .
Soit i ∈ {1, . . . , n}, on distingue trois cas :
1 i ∈ support(σ1 ),
σ1 σ2 (i) = σ1 (i) = j, avec j ∈ support(σ1 ) et σ2 σ1 (i) = σ2 (j) = j.
2 Idem si i ∈ support(σ2 ).
3 i est fixe dans σ1 et σ2 ,
σ1 σ2 (i) = σ1 (i) = i et σ2 σ1 (i) = σ2 (i) = i.
La réciproque est fausse.
     
1 2 3 1 2 3 1 2 3
σ1 = , σ2 = −→ σ1 σ2 = σ2 σ1 = .
2 3 1 3 1 2 1 2 3
Pourtant support(σ1 ) = support(σ2 ) = {1, 2, 3}.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Remarque : Décomposition d’un cycle en produit de transpositions
Soit (j1 , j2 , . . . , jr ) un cycle, alors
(j1 , j2 , . . . , jr ) = (j1 , j2 )(j2 , j3 ) · · · (jr −1 , jr ) = (j1 , jr )(j1 , jr −1 ) · · · (j1 , j2 ).

σ = (1485) = (14)(48)(85) = (15)(18)(14).

Définition 16 : σ-orbite
Soit σ ∈ Sn . On appelle orbite d’un élément x ∈ {1, 2, . . . , n} suivant σ
l’ensemble Ωσ (x ) = {σ k (x )/k ∈ N}·

Propriété des σ-orbites


Si {x1 , x2 , . . . , xt } est une famille de représentants des σ-orbites distinctes,
alors l’ensembles des orbites {Ωσ (x1 ), . . . , Ωσ (xt )} forme une partition de
{1, 2, . . . , n}.

Il suffit de vérifier que la relation binaire Rσ définie dans {1, . . . , n} par :


x Rσ y ⇔ x ∈ Ωσ (y ),
est une relation d’équivalence.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Exemple : Soit
 
1 2 3 4 5 6 7 8
σ= .
5 2 3 1 4 6 8 7

On a
Ωσ (1) = {1, 4, 5} = Ωσ (4) = Ωσ (5),
Ωσ (2) = {2} ,
Ωσ (3) = {3} ,
Ωσ (6) = {6} ,
Ωσ (7) = {7, 8} = Ωσ (8).

La famille {Ωσ (1), Ωσ (2), Ωσ (3), Ωσ (6), Ωσ (7)} forme une partition de
l’ensemble {1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8}.
Exercice : Soit  
1 2 3 4 5 6
σ= .
5 2 1 6 3 4
Trouver la partition associée aux σ-orbites distinctes.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn

Proposition 17
Dans Sn , un r -cycle γ = (j1 , j2 , . . . , jr ) est un élément d’ordre r , c’est-à-dire
γ r = Id.

Preuve : Si r = 1, alors γ = Id, donc o(γ) = 1.


Supposons 1 < r ≤ n et soit k ∈ {1, . . . , r }, alors

γ(jk ) = jk+1 , γ 2 (jk ) = jk+2 , , . . . , γ r −k (jk ) = jr , γ r −k+1 (jk ) = j1 , , . . . , γ r (jk ) = jk .

Proposition 18
Soit σ 6= Id dans Sn (n ≥ 2). Si σ = γ1 . . . γr est la décomposition
canonique de σ, alors l’ordre de σ dans le groupe Sn est égal au ppcm des
ordres des cycles γi dans la décomposition.

o(σ) = ppcm(o(γi )).


1≤i≤r

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Les groupes symétriques Sn

Preuve : Pour tout k ∈ N∗ , on a

σ k = γ1k . . . γrk ,

car les cycles commutent.

Puisque les cycles γi sont deux à deux disjoints, on a σ k = Id si, et


seulement si, γ1k = · · · = γrk = Id.

Posons s est le ppcm des o(γi ), alors si σ est d’ordre m, on a o(γi ) divise
m, pour tout i = 1, . . . , r et donc s divise m.

Réciproquement, comme σ s = γ1s · · · γrs = Id, alors m divise s, d’où m = s.

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Les groupes symétriques Sn

Exemple : Soient
   
1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 7
σ= et µ =
5 4 6 2 1 3 3 1 6 7 4 2 5

On a
σ = (15)(24)(36)
Donc
o(σ) = ppcm(2, 2, 2) = 2.
On a aussi
µ = (1362)(475).
Donc
o(µ) = ppcm(3, 4) = 12.

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Les groupes symétriques Sn

Définition 17 : Signature d’une permutation


Soit σ ∈ Sn et soit t le nombre des σ-orbites distinctes dans {1, . . . , n}.
On pose :
ε(σ) = (−1)n−t ,
ε(σ) sera appelée signature de la permutation σ.
Si ε(σ) = 1, alors σ est dite permutation paire, sinon elle est dite impaire.

Exemple : Soit

σ = Id, µ une transposition et γ un r -cycle.

Alors
ε(σ) = (−1)n−n = 1,
ε(µ) = (−1)n−(n−1) = −1,
et ε(γ) = (−1)n−(n−r +1) = (−1)r −1 .

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Les groupes symétriques Sn
Lemme 1
Soit σ ∈ Sn , n ≥ 2 ; alors quelle que soit la transposition τ ∈ Sn , on a :

ε(σoτ ) = −ε (σ) .

Preuve : Soit τ = (i, j).


Remarquons tout d’abord que si une orbite de σ,
Ωσ (k) = {k, σ(k), . . . , σ r −1 (k)} ne contient ni i, ni j alors elle reste une
orbite de σoτ , puisque pour 1 ≤ t ≤ r − 1, σoτ t (k) = σ t (k).
Considérons alors les orbites qui contiennent i ou j ou les deux à la fois.
1er cas : i et j sont dans deux orbites distintes :
Ωσ (i) = {i, σ(i), . . . , σ p−1 (i)},
Ωσ (j) = {j, σ(j), . . . , σ q−1 (j)}.

Trouvons Ωσoτ (i).


On a σoτ (i) = σ(j) et σoτ (j) = σ(i).

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Les groupes symétriques Sn
On en déduit que pour 0 ≤ r ≤ q − 1 :
(σoτ )r (i) = σ r (j) et (σoτ )q (i) = j.
Comme σoτ (j) = σ(i), alors (σoτ )q+1 (i) = σoτ (j) = σ(i).
Donc pour 1 ≤ s ≤ p − 1 :
(σoτ )q+s (i) = σ s (i) et (σoτ )q+p (i) = i.
Par suite i et j se trouve dans la même orbite :
Ωσoτ (i) = {i, σ(j), . . . , σ q−1 (j), j, σ(i), . . . , σ p−1 (i)}.
2ième cas : i et j sont dans une même σ-orbite :
Ωσ (i) = {i, σ(i), . . . , σ p−1 (i)},
j 6= i et j ∈ Ωσ (i), donc il existe r compris entre 1 et p − 1 tel que
j = σ r (i).
Déterminons Ωσoτ (i).
σoτ (i) = σ(j) = σ r +1 (i).
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
D’où pour 1 ≤ s ≤ p − r − 1 :

(σoτ )s (i) = σ r +s (i) et (σoτ )p−r (i) = i.

Par suite
Ωσoτ (i) = {i, σ r +1 (i), . . . , σ p−1 (i)}.
On constate que
j 6∈ Ωσoτ (i).
De plus, de σoτ (j) = σ(i) on déduit

Ωσoτ (j) = {j, σ(i), . . . , σ r −1 (i)}.

La σ-orbite contenant i et j se trouve scindée en deux σoτ -orbites


distinctes, contenant respectivement i et j.
On en conclut que si t est le nombre des σ-orbites distinctes, dans le
premier cas, le nombre des σoτ -orbites distinctes est t − 1 et, dans le
second cas, il est t + 1.
D’où
ε(σoτ ) = −ε (σ) .
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn

Corollaire 4
Si σ est un produit de k transpositions, alors

ε(σ) = (−1)k .

Preuve : Soit σ = τ1 τ2 . . . τk .

ε(σ) = ε(τ1 τ2 . . . τk )
= −ε(τ1 τ2 . . . τk−1 )
= (−1)2 ε(τ1 τ2 . . . τk−2 )
..
= .
= (−1)k−1 ε(τ1 )
= (−1)k .

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Les groupes symétriques Sn
Théorème 10
Pour tout n ≥ 2, l’application
ε : Sn −→ ({−1, 1}, ×)
σ 7−→ ε (σ)
est un morphisme de groupes de (Sn , o) vers ({−1, 1}, ×).

Preuve : Soient σ et µ deux permutations dans Sn telles que :


σ = τ1 τ2 · · · τk et µ = τ10 τ20 · · · τl0

où les τi et les τj0 sont des transpositions.


On a alors
σ o µ = τ1 τ2 · · · τk τ10 τ20 · · · τl0 .
D’où
k+l k l
ε(σ o µ) = (−1) = (−1) (−1) .
Par suite
ε(σ o µ) = ε(σ)ε(µ).
Remarque : 1 = ε(σoσ −1 ) = ε(σ)ε(σ −1 ) ⇒ ε(σ) = ε(σ −1 ).
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Les groupes symétriques Sn
Exercice
n!
Montrer que le noyau du morphisme s est de cardinal ·
2
Réponse : Ker(s) est un sous-groupe de Sn d’indice 2.
En effet
σRπ ⇔ σπ −1 ∈ Ker(s).
C’est-à-dire
ε(σπ −1 ) = 1.
Donc
ε(σ) = ε(π −1 ) = ε(π).
Ceci signifie que le groupe quotient Sn /Ker(s) est formé de deux classes
de permutations, les permutations paires et les permutations impaires.
Ainsi
|Sn /Ker(s)| = 2.
Par voie de conséquence
n!
|Ker(s)| = .
2
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Les groupes symétriques Sn
Corollaire 5
Soit σ 6= Id dans Sn , n ≥ 2 ; si σ = γ1 γ2 . . . γs est la décomposition
canonique de σ avec ri = o(γi ), alors
ε(σ) = (−1)r1 +r2 +···+rs −s .

Preuve : D’après le Théorème 10, on a :


ε(σ) = ε(γ1 )ε(γ2 ) · · · ε(γs )
r −1 r −1 r −1
= (−1) 1 (−1) 2 · · · (−1) s
r +r2 +···+rs −s
= (−1) 1 .
Exemple : Soit
 
1 2 3 4 5 6 7 8 9
σ=
2 9 4 5 3 7 6 1 8
On a
σ = (1298)(345)(67).
Donc
ε(σ) = (−1)4+3+2−3 = 1.

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Les groupes symétriques Sn
Classes de conjugaison
Définition 18
Soient G un groupe et x , y ∈ G. On dit que x est le conjugué de y , s’il
existe g ∈ G tel que x = gyg −1 .

Proposition 19
Soit (j1 , . . . , jk ) un k-cycle de Sn . Alors pour toute permutation σ ∈ Sn , les
k-cycles (j1 , . . . , jk ) et (σ(j1 ), . . . , σ(jk )) sont conjuguées l’une de l’autre
et l’on a : σ(j1 , . . . , jk )σ −1 = (σ(j1 ), . . . , σ(jk )).

Exemple : Soient γ, σ ∈ S6 , tels que :

γ = (126), σ = (135) (246) et µ = (234).


On a :

σ −1 = (531)(642) et σγσ −1 = (σ(1)σ(2)σ(6)) = (234).


γ et µ sont conjuguées l’une de l’autre.
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Les groupes symétriques Sn
Théorème 11 : Théorème de Cayley
Tout groupe est isomorphe à un sous-groupe de ses permutations. En
particulier, tout groupe fini d’ordre n est isomorphe à un sous-groupe du
groupe Sn .

Arthure Cayley
1821-1895

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Les groupes symétriques Sn
Preuve : Soit G un groupe et soit

SG = {f / f : G −→ G, f bijective} ,

alors (SG , o) est un groupe.


Soit  
τg : G −→ G
TG = τg , g ∈G .
x 7−→ τg (x ) = gx
alors (TG , o) est un sous-groupe de (SG , o).

Finalement
τ: G −→ TG
g 7−→ τg
est un isomorphisme de goupes de G vers un sous-groupe de (SG , o).

τgg 0 (x ) = gg 0 x = g(τg 0 (x )) = τg (τg 0 (x )) = τg oτg 0 (x ).

Remarque : Soit n ∈ N∗ . Puisque Sn n’a qu’un nombre fini de


sous-groupes, alors à isomorphisme près, il n’y a qu’un nombre fini de
groupes d’ordre n.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Les groupes symétriques Sn
Exercice :
1 Déterminer la décomposition canonique de σ :
 
1 2 3 4 5 6 7 8 9
σ= .
7 9 8 3 4 6 1 5 2

2 Quel est le nombre d’écritures différentes de cette décomposition ?


3 Ecrire σ comme produit de transpositions.
4 Déterminer σ −1 .
5 Donner la partition associée aux σ-orbites distinctes.
6 Calculer l’ordre, o(σ), et la signature, ε(σ), de σ.
7 Calculer σ 2018 .
8 Notons Pn un polygone régulier à n sommets dans le plan P. On
appelle groupe diédral de degré n, noté Dn , le groupe des isométries
du plan P qui conservent le polygone Pn . Trouver l’ordre de D4 , puis
expliciter ses éléments.
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Groupes opérant sur un ensemble

La notion d’action de groupe est fondamentale en algèbre.

Elle permet :

de résoudre des problèmes combinatoires,

de classer des objets,

de construire de nouveaux objets,

de résoudre un certain nombre de problèmes.

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Groupes opérant sur un ensemble
Définition 19
Soient G un groupe et X un ensemble. Une action de G sur X est la donnée
d’une application :

Φ: G ×X −→ X
(g, x ) 7−→ Φ(g, x ) = g.x
vérifiant les deux propriétés suivantes :
1 ∀x ∈ X , Φ(e, x ) = x , où e est l’élément neutre de G,
2 ∀g, g 0 ∈ G, ∀x ∈ X ,Φ(g, Φ(g 0 , x )) = Φ(gg 0 , x ), i.e.,

g.(g 0 .x ) = gg 0 .x .
Ceci correspond à la donnée d’un morphisme défini de G vers le groupe
des permutations SX de X , défini par :
ϕ : G −→ SX
g 7−→ σg : X −→ X
x 7−→ σg (x ) = g.x
On dit alors que G agit sur X , ou que X est un G-ensemble.
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Groupes opérant sur un ensemble
Montrons que ϕ est bien un morphisme de groupe.
On a
g = g 0 =⇒ g.x = g 0 .x
=⇒ σg (x ) = σg 0 (x ), et ce pour tout x ∈ X ,
=⇒ σg = σg 0 .
donc ϕ est bien une application.
De plus
ϕ(gg 0 )(x ) = σgg 0 (x )
= (gg 0 ).x
= g.(g 0 .x )
= σg (g 0 .x )
= σg (σg 0 (x ))
= ϕ(g)(ϕ(g 0 )(x ))
= ϕ(g)oϕ(g 0 )(x ), et ce pour tout x ∈ X ,
=⇒ ϕ(gg 0 ) = ϕ(g)oϕ(g 0 ).

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Groupes opérant sur un ensemble

Montrons maintenant que σg est bien une bijection de X dans X .

σg (x ) = σg (x 0 ) =⇒ g.x = g.x 0
=⇒ g −1 .(g.x ) = g −1 .(g.x 0 )
=⇒ (g −1 g).x = (g −1 g).x 0
=⇒ e.x = e.x 0
=⇒ x = x 0.

Donc σg est injective.


Si y ∈ X , alors
y = (gg−1 ).y
= g.(g−1 .y )
= σg (g −1 .y ), avec g−1 .y ∈ X .

σg est donc surjective.

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Groupes opérant sur un ensemble
Exemples
1 Tout groupe G agit naturellement sur lui-même par sa propre loi :

ϕ: G ×G −→ G
(g, x ) 7−→ ϕ(g, x ) = gx

2 Tout sous-groupe H d’un groupe G agit sur G par conjugaison :

ϕ: H ×G −→ G
(h, x ) 7−→ ϕ(h, x ) = hxh−1

Cette action est appelée action de H sur G par conjugaison.


G
3 Tout sous-groupe distingué H d’un groupe G agit sur , par la loi :
H
G G
ϕ: H× −→
H H
(h, x ) 7−→ ϕ(h, x ) = hx

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Groupes opérant sur un ensemble
Définitions
1 On définit l’orbite d’un élément x de X par :
ΩG (x ) = {g.x / g ∈ G} .
Remarquer que ΩG (x ) n’est jamais vide, il contient au moins x .
2 On définit le stabilisateur d’un élément x de X dans G par :
StabG (x ) = {g ∈ G / g.x = x } .

Remarquer que StabG (x ) n’est jamais vide, il contient au moins e.


3 On définit l’ensemble des points fixés par un élément g de G par :
FixX (g) = {x ∈ X / g.x = x } .
\
Remarquer que FixX (g), noté X G , est l’ensemble des éléments de
g∈G
X ayant une orbite ponctuelle.
\
x∈ FixX (g) =⇒ g.x = x , ∀g ∈ G =⇒ ΩG (x ) = {x }.
g∈G
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Groupes opérant sur un ensemble
Proposition 20
Le stabilisateur d’un élément x ∈ X sous l’action de G est un sous-groupe
de G.
Preuve :
e.x = x , donc e ∈ StabG (x ).
Soient g, g 0 ∈ StabG (x ), montrons que gg 0 ∈ StabG (x ).
(gg 0 ) .x = g.(g 0 .x )
= g.x (g 0 ∈ StabG (x ))
= x (g ∈ StabG (x ))

Si g ∈ StabG (x ), montrons que g −1 ∈ StabG (x ).


g.x = x
⇐⇒ g −1 .(g.x ) = g −1 .x
⇐⇒ g −1 g.x = g −1 .x
⇐⇒ e.x = g −1 .x
⇐⇒ x = g −1 .x
⇐⇒ g −1 ∈ StabG (x ).
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Groupes opérant sur un ensemble
Proposition 21
La relation binaire RG définie sur X par :

x RG y si, et seulement si, ”x et y appartiennent à la même orbite”

est une relation d’équivalence.


Preuve :
x ∈ ΩG (x ), donc RG est reflexive.
Si x ∈ ΩG (y ), alors ∃g ∈ G tel que x = g.y .
g −1 .x = g −1 .(g.y )
= (g −1 g).y
= e.y
= y
=⇒ y ∈ ΩG (x ).
RG est donc symétrique.
Si x ∈ ΩG (y ) et y ∈ ΩG (z), alors ∃g, g 0 ∈ G tels que x = g.y et y = g 0 .z.
x = g.(g 0 .z)
= (gg 0 ).z
=⇒ x ∈ ΩG (z).
RG est donc transitive.
BOUROUBI Sadek Arithmétique et Combinatoire PARTIE I
Groupes opérant sur un ensemble
Proposition 22
Soit G un groupe opérant sur l’ensemble X . Alors, pour tout x ∈ X , il existe une
bijection fx entre l’ensemble des classes à gauche modulo Stab G (x ) et l’orbite
ΩG (x ) de x , définie par fx (g) = g.x .
Preuve :
g1 = g2 =⇒ ∃g3 ∈ StabG (x ) tel que g1 = g2 g3
=⇒ g1 .x = (g2 g3 ) .x
=⇒ g1 .x = g2 . (g3 .x )
=⇒ g1 .x = g2 .x , (g3 ∈StabG (x ))
=⇒ fx (g1 ) = fx (g2 )

fx est donc bien une application.


De plus g1 .x = g2 .x =⇒ g2−1 g1 ∈ StabG (x ), c’est-à-dire g1 = g2 , donc fx est
injective.
Soit y ∈ ΩG (x ). Par définition, il exite g ∈ G tel que y = g.x = fx (g), donc fx
est surjective.
fx est donc bien une bijection.

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Groupes opérant sur un ensemble
Corollaire 6
Soit G un groupe fini opérant sur l’ensemble X . Alors, ∀x ∈ X , on a :
|G| = |StabG (x )| × |ΩG (x )| .
Preuve : Elle découle de la proposition précédente et du théorème de
Lagrange.
Corollaire 7
Soient G un groupe d’ordre p α , α ≥ 1 (p premier) et X un G-ensemble,
alors
|X | ≡ X G (mod p).

Preuve : Soit {ΩG (x1 ), . . . , ΩG (xk )} l’ensemble des orbites disjointes


deux à deux formant une partition de X . Alors
X
|X | = X G + |ΩG (xi )| .
|ΩG (xi )|≥2

D’après le Corollaire 6, |ΩG (xi )| divise |G| et |ΩG (xi )| ≥ 2, alors forcement
|ΩG (xi )| ≡ 0 (mod p). D’où le résultat.
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Groupes opérant sur un ensemble
Proposition 23
Les stabilisateurs de deux éléments de la même orbite sont conjugués via la
formule suivante :
StabG (g.x ) = g StabG (x ) g −1 .
De plus si ϕ : G −→ SX définie une action de groupe, on a :
\
Kerϕ = StabG (x ) .
x ∈X

Preuve : g 0 ∈ StabG (g.x ) ⇐⇒ g 0 .(g.x ) = g.x


⇐⇒ g −1 .(g 0 .(g.x )) = g −1 .(g.x )
⇐⇒ (g −1 g 0 g).x = x
⇐⇒ g −1 g 0 g ∈ StabG (x )
⇐⇒ g 0 ∈ g StabG (x ) g −1
g ∈ Kerϕ ⇐⇒ σg = id
⇐⇒ g.x = x , ∀x ∈ X
⇐⇒ g ∈ StabG (x ) , ∀x ∈ X
\
⇐⇒ g∈ StabG (x ) .
x ∈X
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Groupes opérant sur un ensemble
Proposition 24 : Lemme de Burnside
Soit X un G-ensemble. Alors, le nombre moyen de points fixes des éléments
de G est le nombre d’orbites de l’action, en d’autres termes :
1 X X
|FixX (g)| = .
|G| G
g∈G

Burnside
1852-1927

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Groupes opérant sur un ensemble
Preuve : Soit A = {(g, x ) ∈ G × X | g.x = x }.
Il existe deux façons de calculer le nombre d’éléments de A.
• Soit, pour chaque g fixé dans G chercher le nombre d’éléments x dans X
tels que g.x = x , puis faire le total, dans ce cas on écrit :
X
|A| = |FixX (g)| .
g∈G

• Soit, pour chaque x fixé dans X chercher le nombre d’éléments g dans G


tels que g.x = x , puis faire le total, et dans ce cas on écrit :
X XX
|A| = |StabG (x )| = |StabG (x )| .
x ∈X ω∈ X x ∈ω
G

D’après le Corollaire 6
|G|
|StabG (x )| = ·
|ΩG (x )|
On trouve alors
X XX |G| X X 1 X X
|FixX (g)| = = |G| = |G| = × |G| .
|ΩG (x )| |ω| G
g∈G ω∈ X x ∈ω ω∈ X x ∈ω ω∈ X
G G G

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Groupes opérant sur un ensemble
Exemple d’application : Montrons comment utiliser le lemme de
Burnside pour déterminer le nombre de coloriages possibles d’un triangle
équilatéral avec n couleurs distinctes, sachant que deux coloriages sont
identiques s’il existe une isométrie du triangle envoyant l’un sur l’autre.
Pour illustrer ce qui est demandé, observons ce qui arrivent avec deux
couleurs.

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Groupes opérant sur un ensemble
Application : Montrons comment utiliser le lemme de Burnside pour
déterminer le nombre de coloriages possibles d’un triangle équilatéral avec
n couleurs distinctes, sachant que deux coloriages sont identiques s’il existe
une isométrie du triangle envoyant l’un sur l’autre.
Pour illustrer ce qui est demandé, observons ce qui arrivent avec deux
couleurs.

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Groupes opérant sur un ensemble
On voit aisément que cela revient à chercher le nombre d’orbites de
l’ensemble X des coloriages possibles sous l’action du sous-groupe G des
isométries laissant fixe le triangle.
Or G est formé de 6 isométries (l’identité, les deux rotations de 2π/3 et
4π/3, et les trois symétries par rapport aux axes du triangle).
Le lemme de Burnside amène donc à chercher les points fixes de X pour
chacune de ces isométries.
On vérifie aisément qu’il y en a n3 pour l’identité, n pour chaque rotations
et n2 pour chaque symétrie axiale.
D’où, le nombre N de coloriages recherché est :

n3 + 3n2 + 2n n (n + 1) (n + 2)
N= = ·
6 6
On déduit que
n (n + 1) (n + 2) ≡ 0 (mod 6) ·
Exercice : Que devient ce nombre si au lieu d’un triangle équilatéral, on
considère un carré ?
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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p

Théorème 12 : Théorème de Cauchy


Soit G un groupe d’ordre p α , p premier et α ≥ 1. Alors il existe un élément
g ∈ G d’ordre p.

Augustin Louis Cauchy


1789-1857

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Preuve : Soit F = {(g1 , g2 , . . . , gp ) ∈ G p / g1 g2 . . . gp = e} .
Il est clair que F 6= ∅, puisque (e, e, . . . , e) ∈ F .
Il est clair aussi que |F | = p α(p−1) , car pour tout (g1 , . . . , gp−1 ) ∈ G p−1 le
p-uplet (g1 , . . . , gp−1 , (g1 · · · gp−1 )−1 ) est dans F .
Soit σ = (12 . . . p) ∈ Sp et H =< σ >= {id, σ, σ 2 , . . . , σ p−1 }.
Faisons agir H sur F via :
σ i .(g1 , . . . , gp ) = (gσi (1) , . . . , gσi (p) ) = (gi+1 , . . . , gp , g1 , . . . , gi ) ∈ F .
Regardons les éléments de F d’orbite ponctuelle sous l’action de H.
(g1 , . . . , gp ) ∈ F H ⇐⇒ (gσi (1) , . . . , gσi (p) ) = (g1 , . . . , gp ), ∀i = 1, p − 1
=⇒ (gσ(1) , . . . , gσ(p) ) = (g1 , . . . , gp ),
⇐⇒ (g2 , . . . , g1 ) = (g1 , . . . , gp )
⇐⇒ g1 = g2 = · · · = gp .
Autrement dit
F H = {(g, g, . . . , g) ∈ G p / g p = e} .
D’après le Corollaire 7, on a :
|F H | ≡ |F | (mod p) =⇒ |F H | ≡ 0 (mod p).

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Or (e, . . . , e) ∈ F H , donc |F H | ≥ 2.
Ce qui signifie qu’il existe un élément g ∈ G tel que g p = e et g 6= e.
Donc g est un élément d’ordre p dans G.
Définition 20 : Centre d’un groupe
Un groupe G agit sur lui-même par conjugaison :
∀x , y ∈ G : x .y = xyx −1 .
On appelle centre de G, l’ensemble
Z (G) = x ∈ G / yxy −1 = x , ∀y ∈ G .


Remarques
1 Z (G) n’est jamais vide, il contient au mois l’élément neutre.
2 Z (G) est l’ensemble des éléments de G qui commutent avec tous les
éléments de G.
3 Z (G) = G G , c’est l’ensemble des éléments de G ayant une orbite
ponctuelle.
4 Z (G) est un sous-groupe de G.
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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Proposition 25
Soit G un groupe d’ordre p α , p premier et α ≥ 1. Alors
|Z (G)| ≡ 0 (mod p).

Preuve : Z (G) = G G , donc d’après la formule des classes pour les


p-groupe (Corollaire 7), on a :
|Z (G)| ≡ |G| (mod p)
≡ 0 (mod p).

Proposition 26
Soit G un groupe d’ordre p 2 , p premier. Alors G est abélien.

D’après la Proposition 25 :
|Z (G)| ≡ 0 (mod p).
Donc
|Z (G)| = 0, p ou p 2 .

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p

La valeur 0 est exclue car e ∈ Z (G).


Supposons que |Z (G)| = p, soit alors x ∈ G\Z (G).
Il est facile de voir que

{x } ∪ Z (G) ⊂ StabG (x ).

Donc
|StabG (x )| ≥ p + 1.
Comme |StabG (x )| divise |G| (Corollaire 6), on obtient StabG (x ) = G, ce
qui signifie que x ∈ Z (G), ce qui est absurde.
On vient donc de montrer que Z (G) = G.
Donc G est abélien.

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p

Proposition 27
Soit G un groupe d’ordre p α , p premier et α ≥ 1. Alors G contient des
sous-groupes d’ordre p i , pour tout i ≤ α.
Preuve : Faisons un raisonnement par induction.
Le résultat est vrai si α = 0, α = 1 ou α = 2 (Théorème de Cauchy).
Supposons le résultat vrai jusqu’à α ≥ 2 et montrons le pour α + 1.
Montrons tout d’abord l’existence d’un sous-groupe F de G, propre,
distingué et non trivial.
Pour cela on distingue deux cas :
G abélien. Dans ce cas, d’après le Théorème de Cauchy, il existe un
élément g ∈ G ; d’ordre p. Alors F =< g > est un sous-groupe
distigué de G, puisque G est abélien.
G non abélien. Dans ce cas, on prend F = Z (G), qui est un
sous-groupe propre et distingué de G non trivial.

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Ainsi on a pu trouver un sous-groupe distingué F de G de cardinal p β avec
1 ≤ β ≤ α.
Soit i ∈ {1, . . . , α + 1}.

Si i ≤ β, alors d’parès l’hypothèse de l’induction il existe un


sous-groupe de F d’ordre p i , qui lui même est un sous-groupe de G.
Si i > β, alors considérons L = G/F qui est un groupe, car F est
distingué. On a |L| = |G/F | = p α+1−β . Comme β ≥ 1, il existe un
sous-groupe Li de L avec |Li | = p i−β .
Li = {gj F | j ∈ {1, . . . , p i−β }},
avec g1 = e et gj ∈ G\F pour j ≥ 2 et les gj tous distincts.
En utilisant la bijection entre les sous-groupe de G/F et ceux de G
contenant F le sous groupe de G associé à Li est
Gi = {gj f | f ∈ F , j ∈ {1, . . . , p i−β }},
qui est de cardinal |F | × p i−β = p i .

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Définition 21
Soit p un nombre premier et G un groupe d’ordre p α m, α ≥ 1 et m premier
avec p. On appelle p-Sylow de G, tous sous-groupe de G d’ordre p α .

Ludwig Sylow
1832-1918

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Applications aux groupes dont l’ordre est multiple de p
Le théorème suivant montre l’existence de tels sous-groupes et donne des
renseignements sur leur nombre.

Théorème 13 : Théorème de Sylow


Soit p un nombre premier et G un groupe d’ordre p α m, α ≥ 1 et m premier
avec p. Alors
1 Il existe un p-Sylow.
2 Les p-Sylow de G sont 2 à 2 conjugués dans G.
3 Le cardinal υp de l’ensemble des p-Sylow de G divise m.
4 υp ≡ 1 (mod p).
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