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Cours d’Algèbre I Bachelor Semestre 3

Prof. E. Bayer Fluckiger 24 septembre 2012

Corrigé 1

Exercice 1.
(1) Montrer qu’un groupe G a exactement un élément neutre.
(2) Soient a, b et c trois éléments d’un groupe G. Montrer que si ac = bc alors
a = b.
(3) Montrer qu’un élément x d’un groupe G a exactement un inverse.
(4) Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne ? associative
admettant un élément neutre e. Nous supposons de plus que tout élément
de E a un inverse à gauche et un inverse à droite. Montrer que le couple
(E, ?) est un groupe.
(5) Dans un groupe G, quel est l’inverse d’un produit xy ?
(6) Soient a et b deux éléments d’un groupe G. Montrer que l’équation ax = b
a une unique solution x. Cette solution est elle aussi solution de l’équation
xa = b ?
(7) Dans un groupe G, a-t-on (ab)n = an bn pour tout a, b ∈ G et tout n ∈ N ?

Solution.
(1) Supposons que e1 ∈ G et e2 ∈ G soient deux éléments neutres dans G.
Alors e1 = e1 e2 puisque e2 est élément neutre. Cependant, e1 étant un
élément neutre, nous avons aussi e1 e2 = e2 . Ainsi, e1 = e1 e2 = e2 .

(2) En multipliant à droite par l’inverse c−1 de c nous obtenons


a = a(1G ) = a(cc−1 ) = (ac)c−1 = (bc)c−1 = b(cc−1 ) = b(1G ) = b.

(3) Soient y1 et y2 deux inverses de x. Alors nous avons 1G = xy2 et xy1 = 1G .


Nous pouvons donc déduire de l’associativité de loi de composition interne
de G que
y1 = y1 (1G ) = y1 (xy2 ) = (y1 x)y2 = (1G )y2 = y2 .

(4) Soit x un élément de E. Nous voulons montrer que x admet un inverse.


Pour celà nous allons montrer que tout inverse à gauche de x est inverse
à droite de x. La preuve s’inspire de la réponse à la question précédente.
Notons g l’inverse à gauche de x et d l’inverse à droite de x. Par
définition d’un inverse à gauche et d’un inverse à droite, nous avons
2

g ? x = e et x ? d = e. De l’associativité de ? et de la définition d’un


élément neutre, nous pouvons donc déduire que
g = g ? e = g ? (x ? d) = (g ? x) ? d = e ? d = d.
Ainsi g = d est bien inverse à gauche et inverse à droite de x.

(5) Par associativité de la loi de composition interne nous avons


(xy)(y −1 x−1 ) = x(yy −1 )x−1 = x(1G )x−1 = xx−1 = 1G .
Ainsi l’inverse du produit xy est
(xy)−1 = y −1 x−1 .
Attention à l’ordre des termes dans cette formule : tous les groupes ne
sont pas commutatifs !

(6) Nous avons montré précédemment que a a un unique inverse a−1 . Par
définition de cet inverse, ax = b si et seulement si x = a−1 b. l’équation
ax = b a donc une unique solution.
De plus a−1 b est solution de l’équation xa = b si et seulement a−1 ba = b
c’est-à-dire
 si et seulement
 si ba = aa−1 ba = ab. Si G = GL2 (R) et
1 0 1 1
a= et b = nous avons
0 −1 0 1
    
1 0 1 1 1 1
ab = =
0 −1 0 1 0 −1
et     
1 1 1 0 1 −1
ba = = .
0 1 0 −1 0 −1
Dans ce cas, ab 6= ba. Les solutions aux équations ax = b et xa = b sont
donc différentes.

(7) Considérons le cas n = 2. Si abab = aabb, alors l’associativité de la loi de


groupe de G implique que
ba = a−1 (abab)b−1 = a−1 (aabb)b−1 = ab
Comme lors de la réponse précédente,nous obtenons
 uncontre-exemple

1 0 1 1
en considérant le cas où n = 2 et a = et b = .
0 −1 0 1

Exercice 2.
(1) Parmi les couples suivants lesquels sont des groupes ?
({0}, +), (N \ {0}, +), (Z, +), (R, +), (N \ {0}, ×), (R2 , +), (R \ {0}, ×).
3

(2) Soit E un ensemble. Montrer que l’ensemble S(E) des bijections de E


muni de la composition des fonctions est un groupe.

Solution.
(1) Il s’agit de vérifier les axiomes de la définition d’un groupe.
• L’addition n’a pas d’élément neutre dans N \ {0}. Le couple
(N \ {0}, +) n’est donc pas un groupe.

• Par ailleurs, 2 n’a pas d’inverse dans N \ {0}. Le couple (N \ {0}, ×)


n’est donc pas un groupe.

• L’addition usuelle est associative. Elle admet 0 pour élément neutre.


Par ailleurs l’opposé d’un élément de {0} (respectivement Z, R) est
un élément de {0} (respectivement Z, R). Les couples ({0}, +), (Z, +)
et (R, +) sont des groupes.

• De même, la multiplication usuelle est associative et admet 1 pour


élément neutre. L’inverse d’un élément de R \ {0} étant un élément
de R \ {0}, le couple (R \ {0}, ×) est un groupe.

• Par définition, la loi d’addition d’un espace vectoriel V muni cet


espace vectoriel V d’une structure de groupe (V, +). L’exercice de-
mande de montrer cette affirmation directement dans le cas où V =
R2 .
L’associativité de l’addition dans R2 se déduit de l’associativité de
l’addition usuelle dans R : pour tout (x1 , y1 ), (x2 , y2 ), (x3 , y3 ) ∈ R2
nous avons
 
(x1 , y1 ) + (x2 , y2 ) + (x3 , y3 ) = (x1 + x2 , y1 + y2 ) + (x3 , y3 )
 
= (x1 + x2 ) + x3 , (y1 + y2 ) + y3
 
= x1 + (x2 + x3 ), y1 + (y2 + y3 )
= (x1 , y1 ) + (x2 + x3 , y2 + y3 )
 
= (x1 , y1 ) + (x2 + y2 ) + (x3 , y3 ) .

Par ailleurs, l’addition dans R2 admet (0, 0) comme élément neutre,


et tout (x, y) ∈ R2 admet (−x, −y) comme opposé relativement à la
loi de composition interne +. Ainsi, (R2 , +) est bien un groupe.
(2) Soient f, g, h ∈ S(E). Soit x ∈ E. Par définition de ◦ nous avons
     
(f ◦ g) ◦ h (x) = (f ◦ g)(h(x)) = f (g(h(x)) = f (g ◦ h)(x) = f ◦ (g ◦ h) (x).
Nous avons donc (f ◦ g) ◦ h = f ◦ (g ◦ h). La loi de composition interne ◦
est bien associative. Par ailleurs pour tout f ∈ S(E) et tout x ∈ E, nous
4

avons
(f ◦ Id)(x) = f (Id(x)) = f (x) = Id(f (x)) = (Id ◦ f )(x).
Ainsi la fonction identité Id est élément neutre pour ◦. Enfin pour tout
f ∈ S(E) l’inverse f −1 de f au sens des fonctions bijectives est défini par
les formules (f ◦ f −1 )(x) = x et (f −1 ◦ f )(x) = x. Cet inverse au sens des
fonctions bijectives est donc aussi l’inverse de f relativement à la loi de
composition interne ◦. Le couple (S(E), ◦) est donc un groupe.

Exercice 3.
Montrer que l’ensemble des matrices inversibles GL2 (R) muni de la multipli-
cation des matrices est un groupe.

Solution. Le produit de deux matrices inversibles est encore une matrice in-
versible. La multiplication matricielle induit donc une loi de composition interne
sur l’ensemble des matrices inversibles. Vous connaissez l’associativité de cette
loi de composition interne : vous avez vu en première année que la multiplication
des matrices est associative. Cependant,
 l’exercicedemande
 une preuve directe de
a1 b 1 a2 b 2 a3 b 3
cette associativité. Soient , , ∈ GL2 (R). Alors
c1 d 1 c2 d 2 c3 d 3

    
a1 b 1 a2 b 2 a3 b 3
c1 d 1 c2 d2 c3 d 3
  
a1 a2 + b 1 c 2 a1 b2 + b1 d2 a3 b 3
=
c 1 a2 + d 1 c 2 c 1 b2 + d 1 d 2 c3 d3
 
(a1 a2 + b1 c2 )a3 + (a1 b2 + b1 d2 )c3 (a1 a2 + b1 c2 )b3 + (a1 b2 + b1 d2 )d3
=
(c1 a2 + d1 c2 )a3 + (c1 b2 + d1 d2 )c3 (c1 a2 + d1 c2 )b3 + (c1 b2 + d1 d2 )d3
et
    
a1 b 1 a2 b 2 a3 b 3
c1 d 1 c2 d 2 c3 d 3
  
a1 b 1 a2 a3 + b 2 c 3 a2 b 3 + b 2 d 3
=
c1 d 1 c 2 a3 + d 2 c 3 c 2 b 3 + d 2 d 3
 
a1 (a2 a3 + b2 c3 ) + b1 (c2 a3 + d2 c3 ) a1 (a2 b3 + b2 d3 ) + b1 (c2 b3 + d2 d3 )
=
c1 (a2 a3 + b2 c3 ) + d1 (c2 a3 + d2 c3 ) c1 (a2 b3 + b2 d3 ) + d1 (c2 b3 + d2 d3 )
En comparant les résultats de ces deux calculs, nous remarquons que l’associa-
tivité de la multiplication des matrices est une conséquence de la distributivité
de la multiplication dans R, ainsi que de la commutativité de l’addition dans R.
5
 
1 0
La multiplication des matrices admet pour élément neutre. L’inverse
0 1
d’une matrice inversible M est par définition l’inverse de M relativement à la
multiplication des matrices. Ainsi GL2 (R) muni de la multiplication des matrices
est bien un groupe. 
Exercice 4. (*)
Un triplet pythagoricien primitif est un triplet d’entiers naturels (x, y, z) premiers
entre eux dans leur ensemble, et tels que
x2 + y 2 = z 2 .
Un exemple célèbre est le triplet (3, 4, 5). Plus généralement, si u et v sont deux
entiers naturels non nuls, premiers entre eux, de parités différentes, et tels que
u > v, alors
(u2 − v 2 , 2uv, u2 + v 2 )
est un triplet pythagoricien primitif.
(1) Soit (x, y, z) un triplet pythagoricien primitif. Montrer que x et y sont de
parités différentes. Il sera utile de remarquer qu’aucun carré dans N n’est
de la forme 4m + 2 avec m ∈ N.
(2) Nous supposons x impair.
(a) Montrer que s := (z + x)/2 et t := (z − x)/2 sont des entiers premiers
entre eux.
(b) Montrer que s et t sont des carrés.
(c) En déduire l’existence deux entiers naturels u, v ∈ N \ {0} premiers
entre eux, de parités différentes tels que u > v tels que
(x, y, z) = (u2 − v 2 , 2uv, u2 + v 2 ).
Indice : Le théorème fondamental de l’arithmétique affirme que tout entier na-
turel n ≥ 1 se décompose de façon unique à l’ordre des facteurs près en produit
de nombres premiers. Si P désigne l’ensemble des nombres premiers, une telle
décomposition peut s’écrire sous la forme
Y
n= pvp .
p∈P

où les entiers vp ≥ 0 sont presque tous nuls, c’est-à-dire qu’ils sont tous nuls, sauf
un nombre fini d’entre eux. Le produit ci-dessus est donc un produit fini.

Solution.
(1) Supposons que x et y soient pairs. Alors x2 et y 2 sont pairs. En particulier
z 2 = x2 + y 2 est pair. Un produit de nombres impairs étant impair, z est
pair. Ainsi 2 divise x, y, et z. Ceci contredit l’hypothèse selon laquelle x,
y, et z sont premiers entre eux dans leur ensemble.
Supposons l’existence de n, m ∈ N tels que x = 2n + 1 et y = 2m + 1.
Alors v = x2 + y 2 = 4(n2 + n + m2 + n) + 2 est un carré divisible par 2 mais
pas par 4. Ce n’est pas possible : un carré est soit impair soit divisible par
6
Y
4. En effet, si la décomposition de z en facteur premier est z = pvp
p∈P
Y
2 2 2vp
alors la décomposition de z en facteur premier est z = p
p∈P
(2) (a) Comme x et y sont de parités différentes, z 2 = x2 + y 2 est impair.
Par suite z est impair et donc z + x et z − x sont pairs.
Si n ∈ N divise (z − x)/2 et (z + x)/2, alors n divise
x = (z + x)/2 + (z − x)/2
et
z = (z + x)/2 − (z − x)/2
qui sont premiers entre eux. Dans ce cas n = 1. Les entiers (z − x)/2
et (z + x)/2Y
sont donc premiers
Y entre eux.Y
αp
(b) Soient s = p et t = pβp et y = pγp les décompositions
p∈P p∈P p∈P
en facteurs premiers de s, t et y. Puisque 4st = z 2 − x2 = y 2 , nous
avons Y Y
pαp +βp = p2γp .
p∈P p∈P
Soit p ∈ P. L’unicité de la décomposition en facteurs premiers de
4st = y 2 impose la parité de αp + βp . Les entiers s et t étant premiers
entre eux nous avons αp = 0 ou βp = 0. Ainsi nous pouvons déduire du
théorème fondamental de l’arithmétique que αp et βp sont forcément
tous deux pairs.
(c) D’après la question précédente, il existe u, v ∈ N \ {0} tels que s = u2
et t = v 2 . Ces entiers u et v premiers entre eux, puisque s et t sont
premiers entre eux. De plus, x = s−t = u2 −v 2 et z = s+t = u2 +v 2 .
Comme y 2 = 4st et y > 0, nous avons aussi y = 2uv. Par ailleurs,
les entiers x et z étant impairs, les entiers u et v sont de parités
différentes. Enfin, comme x ≥ 1, nous devons avoir u > v.


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