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Sur chacun de ses ensembles on définit une « opération » définie pour deux éléments et qui « renvoie » un
élément de cet ensemble.
Ces ensembles sont munis d’une « loi de composition interne ».
Exemples
Exemple 1.2. 1. L’addition usuelle est une l.c.i. dans N ;
2. La somme et le produit matriciels sont des l.c.i. dans Mn (R), l’ensemble des matrices carrées de taille
n à coefficients réels ;
3. L’addition et la multiplication usuelles sont des l.c.i. dans C ;
4. Si A est un alphabet, dans l’ensemble des mots S(A ) la concaténation est une l.c.i.
5. La division usuelle dans N n’est pas une l.c.i. dans N.
6. Dans C c0 (R) (les fonctions continues à support compact), la convolution
∫ +∞
( f ∗ g )(x) = f (x − t )g (t )d t
−∞
est une l.c.i.
7. Dans R, x ∗ y = x 2 y définit une l.c.i.
Propriétés possibles
Depuis tout petit vous savez que
— 2+4 = 4+2
— 0+4 = 4+0 = 4
— L’addition usuelle est définie pour 2 éléments mais comme 2 + (3 + 5) = (2 + 3) + 5, on peut enlever les
parenthèses et écrire tout simplement 2 + 3 + 5.
Depuis quelques mois vous savez que si A et B sont deux matrices 2 × 2
— AB ̸= B A (en général)
— I 2 A = AI 2 = A (où I 2 désigne matrice identité)
De même si f et g sont des applications de N dans N, il n’y a aucune raison d’avoir f ◦ g = g ◦ f .
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Propriétés possibles
Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i.
Définition 1.3. La loi ∗ est dite associative si pour tout (a, b, c) ∈ E 3 on a
(a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c).
Ainsi les parenthèses sont inutiles, aucune ambiguïté pour l’élément a ∗ b ∗ c.
Définition 1.5. On dit que e ∈ E est un élément neutre pour ∗ si pour tout a ∈ E , on a
a ∗ e = e ∗ a = a.
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Élément symétrisable : propriété
Proposition 1.10. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i. associative et admettant un élément neutre, e. Soit a 1
et a 2 deux éléments symétrisables, et notons respectivement a 1−1 et a 2−1 les symétriques de a 1 et a 2 . Alors l’élément
a 1 ∗ a 2 est symétrisable de symétrique a 2−1 ∗ a 1−1 .
Remarque 1.11. Attention, si un élément n’est pas symétrisable on ne pas écrire a −1 .
Surtout ne jamais écrire la fraction a1 ! Cela n’a pas de sens dans un ensemble muni d’une loi de composition
interne.
Partie stable
— Dans (C, ×) (multiplication usuelle), si z 1 et z 2 sont deux complexes de modules 1, alors z 1 z 2 est un
complexe de module 1.
— Dans (Z, +) (addition usuelle), si n et m sont deux entiers pairs alors n + m est un entier pair
Dans chacun des cas la propriété (ou l’appartenance à un ensemble particulier) est conservée. On dit que Un
(complexe de module 1) ou que 2Z sont des parties stables.
Définition 1.14. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i et F ⊂ E un sous-ensemble de E . On dit que F est
stable pour ∗ si pour tout (a, b) ∈ F 2 , a ∗ b ∈ F .
Ainsi ∗ est une l.c.i. sur F . Dans ce cas, on dit que F est muni de la loi induite par celle de E .
1.1 Morphisme
Les morphismes
Quel est le point commun ?
— Pour tout complexe z 1 et z 2 , |z 1 z 2 | = |z 1 ||z 2 |
— Pour tout réel x et x ′ , exp(x + x ′ ) = exp(x) × exp(x ′ ).
L’application vérifie une propriété forte : passe d’une structure à une autre. Dans le 1er cas la structure passe
de (C, ×) dans (R+ , ×), tandis que dans le second elle passe de (R, +) dans (R +
∗
, ×).
Dans toute la suite, (E , ∗), (F, ⊤) et (G, △) désignent des ensembles chacun munis d’une l.c.i.
Définition 1.15. Une application f : E → F est un morphisme (ou un homomorphisme ) de (E , ∗) dans (F, ⊤)
si pour tout (a, b) ∈ E 2 on a
f (a ∗ b) = f (a)⊤ f (b).
Définition 1.16. — Un morphisme bijectif est appelé un isomorphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤). Dans ce cas,
on dit que (E , ∗) et (F, ⊤) sont isomorphes .
— Un isomorphisme de (E , ∗) sur lui-même est appelé un automorphisme .
Théorème 1.17. Soit f : E → F un morphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤) et g : F → G un morphisme de (F, ⊤) dans
(G, △). Alors g ◦ f est un morphisme de (E , ∗) dans (G, △).
Théorème 1.18. Si f est un isomorphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤), alors f −1 (l’application réciproque de f ) est un
isomorphisme de (F, ⊤) dans (E , ∗).
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2 Groupes
Groupes
Pour faire un peu d’algèbre (sans trop de complication) il est nécessaire d’avoir un minimum de propriétés
sur la l.c.i. : associative, neutre, symétrique
Définition 2.1. Soit (G, ∗) un ensemble (non vide) muni d’une l.c.i. On dit que (G, ∗) est un groupe si
— la l.c.i. ∗ est associative ;
— (G, ∗) possède un élément neutre ;
— tout élément de G est symétrisable pour ∗.
Si de plus la loi ∗ est commutative le groupe (G, ∗) est dit abélien (ou commutatif).
Remarque 2.2. — D’après ce qui précède, l’élément neutre est unique, (et sera noté e en général)
— Tout élément a admet un unique symétrique, noté en général a −1 .
— Tout élément a est régulier
— (a ∗ b)−1 = b −1 ∗ a −1 .
Exemples
1. (Z, +), (Q, +), (R, +) et (C, +) sont des groupes abéliens ;
2. (N, +) n’est pas un groupe, car aucun entier naturel non nul n’est symétrisable dans N pour l’addition
usuelle ;
3. (Q∗ , ×), (R∗ , ×) et (C∗ , ×) sont des groupes abéliens (on a enlevé 0) ;
4. les magmas (Z, ×) et (R, ×) ne sont pas des groupes ;
5. l’ensemble des bijections de {1, . . . , 10} dans lui-même, muni de la l.c.i. ◦ (composition des applications)
est un groupe non abélien ;
6. Gl n (C) := {A ∈ Mn (C) / A inversible} est un groupe non abélien pour la multiplication matricielle. On
l’appelle le groupe linéaire d’ordre n de C.
Proposition 2.4. Si H est un sous-groupe de (G, ∗) alors l’élément neutre e de (G, ∗) est dans H .
Preuve : soit e 1 le neutre de (H , ∗) : pour tout x ∈ H ,
x1 ∗ e 1 = e 1 ∗ x1 = x1 .
Pour x = e 1 on obtient e 1 ∗ e 1 = e 1 .
Utilisons le fait que e est neutre de (G, ∗) : e ∗ x = x ∗ e = x pour tout x ∈ G. Ainsi pour x = e 1 on obtient
e ∗ e1 = e1 ∗ e = e1
Finalement e 1 ∗ e 1 = e 1 ∗ e donc e 1 = e.
Sous-groupe
Comme il est fastidieux de vérifier tous les points de la définition de « sous-groupe » on peut caractériser un
sous-groupe avec l’un des théorèmes suivants
Théorème 2.5. Soit (G, ∗) un groupe et soit H une partie non vide de G. Alors H est un sous-groupe de (G, ∗) si
et seulement si les deux propriétés suivantes sont satisfaites
1. pour tout (a, b) ∈ H 2 , a ∗ b ∈ H ; (H est stable pour ∗)
2. pour tout a ∈ H , le symétrique de a dans (G, ∗) est dans H .
Théorème 2.6. Soit (G, ∗) un groupe et H un sous-ensemble non vide de G. Alors H est un sous-groupe de (G, ∗)
si et seulement pour tout (a, b) ∈ H 2 , a −1 ∗ b ∈ H . (ici a −1 est le symétrique de a dans G).
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Sous-groupe : exemples
Exemple 2.7. 1. L’ensemble des entiers relatifs pairs est un sous-groupe de (Z, +).
∗
2. Pour n ∈ N , l’ensemble
Un := {z ∈ C / z n = 1}.
est un sous-groupe de (C∗ , ×) qu’on appelle le groupe des racines n-ièmes de l’unité.
3. L’ensemble des matrices triangulaires inférieures inversibles
Sous-groupe
Théorème 2.8. Soit H1 et H2 deux sous-groupes de (G, ∗). Alors H1 ∩ H2 est un sous groupe de (G, ∗).
Plus généralement
Théorème 2.9. L’intersection d’une famille non vide de sous-groupes de (G, ∗) est un sous-groupe de (G, ∗).
Sous-groupe
Proposition 2.10 (et Définition). Soit A une partie non vide de G. Il existe un plus petit sous-groupe au sens de
l’inclusion contenant A. Ce sous-groupe est appelé sous-groupe engendré par A. On le notera Gr(A).
Définition 2.11. Un sous-groupe H de (G, ∗) est dit monogène si il existe a ∈ G tel que H = Gr({a}) où Gr({a})
est le sous-groupe engendré par A = {a}.
Exercice 2.12. Si (G, ∗) est un groupe noté multiplicativement et A ⊂ G est une partie non vide, on peut mon-
trer que
Gr(A) = {a 1 ∗ ... ∗ a n / n ∈ N et (a i ∈ A ou a i−1 ∈ A)}.
En particulier, Gr({a}) = {a n / n ∈ Z}.
définit une structure de groupe sur G 1 ×G 2 qu’on appelle la structure de groupe produit.
C’est un simple exercice que de vérifier qu’ainsi définie, la loi ∗ donne bien une structure de groupe sur
G 1 ×G 2 .
Remarque 2.15. Cette définition se généralise aisément au produit cartésien de G 1 ×· · ·×G n où (G i , ⊥i )i ∈{1,...,n}
sont des groupes.
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Groupe produit
Exemple 2.16. (Zn , +), (Rn , +) et (Cn , +) sont des groupes abéliens pour la structure de groupe produit.
f (a ∗ b) = f (a)⊤ f (b).
Morphisme de groupes
Exemple 2.18. 1. L’application z 7→ |z| est un morphisme surjectif du groupe (C∗ , ×) dans (R∗+ , ×).
2. L’application x 7→ exp (x) est un isomorphisme du groupe (R, +) dans (R∗+ , ×).
3. Soit (G, ∗) un groupe. Pour g ∈ G, l’application
Ad g : G −→ G
x 7−→ g ∗ x ∗ g −1
Morphisme de groupes
Théorème 2.19. Soient (G, ∗) et (G ′ , ⊤) des groupes dont les éléments respectifs sont notés e et e ′ et soit f un
morphisme de (G, ∗) dans (G ′ , ⊤). Alors :
i. f (e) = e ′ ;
ii. pour tout a ∈ G, f (a)−1 = f (a −1 ) ; ( f (a)−1 désigne le symétrique de f (a) dans G ′ tandis que a −1 désigne le
symétrique de a dans G).
iii. l’image Im( f ) = f (G) de G par f est un sous-groupe de (G ′ , ⊤) ;
iv. f −1 ({e ′ }) est un sous-groupe de (G, ∗) qu’on appelle le noyau de f et qu’on note Ker( f ).
Morphisme de groupes
Théorème 2.20. Soient (G, ∗) et (G ′ , ⊤) deux groupes et soit f un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G ′ , ⊤).
Alors
Attention
Selon les ouvrages, la définition de groupe cyclique peut être « groupe monogène » sans imposer qu’il soit fini
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Groupe fini
Exemple 2.22. Pour n ∈ N∗ , l’ensemble des racines n-ièmes de l’unité dans C est donné par
2i kπ
Un = {e n / 0 ≤ k ≤ n − 1}.
On peut vérifier, muni la multiplication usuelle, que Un est fini (il possède n éléments) et monogène (car
2i π
engendré par le nombre complexe e n ). C’est donc un groupe cyclique.
Exemple 2.23. Si G = ({0, 1}, ∗) (avec la loi 0 ∗ 0 = 0, 0 ∗ 1 = 1 ∗ 0 = 1, 1 ∗ 1 = 0), alors le groupe produit (G ×
G, ∗) est un groupe fini, d’ordre 4, ses éléments sont {(0, 0), (1, 0), (0, 1), (1, 1)}. On peut démontrer qu’il n’est pas
monogène.
Théorème 2.24. Soit H un sous-groupe de (Z, +). Alors il existe a ∈ N tel que
H = a Z = {ak / k ∈ Z}.
Voir TD.
on définit en notation multiplicative selon la loi ∗ les « puissance » de a. De plus a k a q = a k+q pour tout k, q ∈ Z.
On démontre alors
— Gr({a}) = {a k ; k ∈ Z}
— (Gr({a}), ∗) est un groupe commutatif (même si initialement (G, ∗) n’est pas supposée commutative).
Pour démontrer que H = {a k ; k ∈ Z} est un groupe, il suffit de constater que e = a 0 ∈ H et que si a p et a q sont
dans H alors (a p )−1 ∗a q = a q−p ∈ H . Il reste alors à démontrer que tout sous-groupe S contenant a contient H .
Cela découle d’une récurrence immédiate, a ∈ S entraîne que a ∗ a ∈ S, etc, a n ∈ S pour tout n ∈ N, le passage
au symétrique permet d’affirmer que a −n ∈ S pour tout n ∈ N.
Le fait que (Gr({a}), ∗) est un groupe commutatif est une conséquence directe du fait « les puissances de a
commutent ».
p = nq + r, 0 ≤ r ≤ n − 1.
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Z, Z/n Z et groupes cycliques
— Quelle loi sur Z/n Z ? On vérifie que si p 1 ≡ q 1 mod n et p 2 ≡ q 2 mod n alors p 1 + p 2 ≡ q 1 + q 2 mod n.
Ainsi si p et q sont deux éléménts de Z/n Z,
p ⊕q = p +q
définit une l.c.i (indépendance du choix des représentants de la classe) sur Z/n Z et (Z/n Z, ⊕) est un
groupe abélien.
— Z/n Z est cyclique : il suffit de voir que pour tout 1 ≤ i ≤ n − 1, on a
i =1
| + ·{z
· · + 1}
i fois
et donc
i = 1+···+1 = 1
| ⊕ ·{z
· · ⊕ 1} .
i fois
L’élément 1 engendre donc Z/n Z qui est alors monogène et d’ordre fini donc cyclique.
Preuve
On considère G = Gr(a). Supposons que G soit d’ordre fini, et soit n l’ordre de G.
— Étape 1 : G = Gr({a}) = {a k ; k ∈ Z}.
— Étape 2 : p = min{k ∈ N∗ , a k = e}.
— Étape 3 : l’application de (Z/p Z, ⊕) dans (G, ∗) qui à k associe a k est un isomorphisme de groupe
— Étape 4 : n = p.
Sinon G est d’ordre infini et on démontre que l’application de (Z, +) dans (G, ∗) qui à k associe a k est un
isomorphisme de groupe.