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1 Loi de composition interne

Loi de composition interne


Quel est le point commun ?
— La somme de deux entiers relatifs est un entier relatif
— Le produit de deux matrices 2 × 2 est une matrice 2 × 2.
— La composée de deux bijections sur {1, . . . , 10} est une bijection sur {1 . . . , 10}
— La concaténation de deux mots donne un mot

Sur chacun de ses ensembles on définit une « opération » définie pour deux éléments et qui « renvoie » un
élément de cet ensemble.
Ces ensembles sont munis d’une « loi de composition interne ».

Loi de composition interne


Définition 1.1. Soit E un ensemble non vide. Une loi de composition interne (ou l.c.i. ) dans E est une appli-
cation de E × E dans E .
D’après la définition une l.c.i. est par exemple une application φ de E × E dans E , on écrirait donc φ(a, b)
pour a et b dans E . Ce n’est pas très pratique (écrire φ(a, φ(a, φ(a, a)))) et ne « ressemble » pas à une opération
sur E .
Dans la pratique, on prendra un symbole (∗, ⊥, +, ×, ·, etc) et on notera
∗ : E ×E −→ E
(a, b) 7−→ a ∗ b.
Si E est un ensemble non vide muni d’une l.c.i. ∗, on écrira que (E , ∗) est un ensemble muni d’une l.c.i. (dans
la littérature on peut trouver le terme de « magma »).

Exemples
Exemple 1.2. 1. L’addition usuelle est une l.c.i. dans N ;
2. La somme et le produit matriciels sont des l.c.i. dans Mn (R), l’ensemble des matrices carrées de taille
n à coefficients réels ;
3. L’addition et la multiplication usuelles sont des l.c.i. dans C ;
4. Si A est un alphabet, dans l’ensemble des mots S(A ) la concaténation est une l.c.i.
5. La division usuelle dans N n’est pas une l.c.i. dans N.
6. Dans C c0 (R) (les fonctions continues à support compact), la convolution
∫ +∞
( f ∗ g )(x) = f (x − t )g (t )d t
−∞
est une l.c.i.
7. Dans R, x ∗ y = x 2 y définit une l.c.i.

Propriétés possibles
Depuis tout petit vous savez que
— 2+4 = 4+2
— 0+4 = 4+0 = 4
— L’addition usuelle est définie pour 2 éléments mais comme 2 + (3 + 5) = (2 + 3) + 5, on peut enlever les
parenthèses et écrire tout simplement 2 + 3 + 5.
Depuis quelques mois vous savez que si A et B sont deux matrices 2 × 2
— AB ̸= B A (en général)
— I 2 A = AI 2 = A (où I 2 désigne matrice identité)
De même si f et g sont des applications de N dans N, il n’y a aucune raison d’avoir f ◦ g = g ◦ f .

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Propriétés possibles
Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i.
Définition 1.3. La loi ∗ est dite associative si pour tout (a, b, c) ∈ E 3 on a
(a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c).
Ainsi les parenthèses sont inutiles, aucune ambiguïté pour l’élément a ∗ b ∗ c.

Définition 1.4. La loi ∗ est dite commutative si pour tout (a, b) ∈ E 2 on a


a ∗ b = b ∗ a.

Définition 1.5. On dit que e ∈ E est un élément neutre pour ∗ si pour tout a ∈ E , on a
a ∗ e = e ∗ a = a.

Reprenons nos exemples


1. L’addition usuelle est une l.c.i. dans N ;
2. La somme et le produit matriciels sont des l.c.i. dans Mn (R), l’ensemble des matrices carrées de taille
n à coefficients réels ;
3. L’addition et la multiplication usuelles sont des l.c.i. dans C ;
4. Si A est un alphabet, dans l’ensemble des mots S(A ) la concaténation est une l.c.i.
5. Dans C c0 (R) (les fonctions continues à support compact), la convolution
∫ +∞
( f ∗ g )(x) = f (x − t )g (t )d t
−∞
est une l.c.i.
6. Dans R, x ∗ y = x 2 y définit une l.c.i.

Le neutre existe-t-il? Si oui est-il unique ?


— Dans (N, +) oui il y a un seul « 0 »
— Dans (Mn (R), ×) (produit matriciel standard) il y a une unique matrice identité I n vérifiant AI n = I n A =
A.
— Dans (C, +) (addition standard) oui il y a un seul « 0 »
— A alphabet, S(A ) les mots : le mot vide est le neutre pour la concaténation.
— très difficile, hors sujet et pas de neutre
— Dans R, x ∗ y = x 2 y, il n’y a pas de neutre

Le neutre et les éléments symétrisables


Proposition 1.6. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i. L’élément neutre s’il existe est unique.
Définition 1.7. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i admettant un élément neutre, noté e. Un élément a
est dit symétrisable s’il existe b ∈ E tel que
a ∗ b = b ∗ a = e.
Proposition 1.8. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i associative et admettant un élément neutre, noté e.
Soit a un élément de E , si a est symétrisable alors l’élément b vérifiant a ∗ b = b ∗ a = e est unique. b est appelé le
symétrique de a.
Remarque 1.9. En général on note a − , a −1 ou encore −a (selon la notation prise pour la loi ∗, ×, +).
Dans la littérature on trouve des versions « à droite », « à gauche »
— neutre à gauche (vérifie seulement e ∗ x = x)
— neutre à droite
— symétrique à droite
— symétrique à gauche...

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Élément symétrisable : propriété
Proposition 1.10. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i. associative et admettant un élément neutre, e. Soit a 1
et a 2 deux éléments symétrisables, et notons respectivement a 1−1 et a 2−1 les symétriques de a 1 et a 2 . Alors l’élément
a 1 ∗ a 2 est symétrisable de symétrique a 2−1 ∗ a 1−1 .
Remarque 1.11. Attention, si un élément n’est pas symétrisable on ne pas écrire a −1 .
Surtout ne jamais écrire la fraction a1 ! Cela n’a pas de sens dans un ensemble muni d’une loi de composition
interne.

Plus faible que symétrisable : régulier


Dans (N, +) (l’addition usuel), 2 n’est pas symétrisable car il n’existe pas d’entier naturel vérifiant 2 + n =
n + 2 = 0 (c’est d’ailleurs la raison qui pousse à construire Z). Par contre 2 vérifie la propriété
2 + p = 2 + q ⇒ p = q.
Définition 1.12. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i. Un élément a ∈ E est dit régulier si
∀b, c ∈ E : a ∗ b = a ∗ c =⇒ b = c
∀b, c ∈ E : b ∗ a = c ∗ a =⇒ b = c.
Proposition 1.13. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i associative et d’élément neutre e. Si a ∈ E est symétri-
sable alors a est régulier.

Partie stable
— Dans (C, ×) (multiplication usuelle), si z 1 et z 2 sont deux complexes de modules 1, alors z 1 z 2 est un
complexe de module 1.
— Dans (Z, +) (addition usuelle), si n et m sont deux entiers pairs alors n + m est un entier pair
Dans chacun des cas la propriété (ou l’appartenance à un ensemble particulier) est conservée. On dit que Un
(complexe de module 1) ou que 2Z sont des parties stables.
Définition 1.14. Soit (E , ∗) un ensemble muni d’une l.c.i et F ⊂ E un sous-ensemble de E . On dit que F est
stable pour ∗ si pour tout (a, b) ∈ F 2 , a ∗ b ∈ F .
Ainsi ∗ est une l.c.i. sur F . Dans ce cas, on dit que F est muni de la loi induite par celle de E .

1.1 Morphisme
Les morphismes
Quel est le point commun ?
— Pour tout complexe z 1 et z 2 , |z 1 z 2 | = |z 1 ||z 2 |
— Pour tout réel x et x ′ , exp(x + x ′ ) = exp(x) × exp(x ′ ).
L’application vérifie une propriété forte : passe d’une structure à une autre. Dans le 1er cas la structure passe
de (C, ×) dans (R+ , ×), tandis que dans le second elle passe de (R, +) dans (R +

, ×).
Dans toute la suite, (E , ∗), (F, ⊤) et (G, △) désignent des ensembles chacun munis d’une l.c.i.
Définition 1.15. Une application f : E → F est un morphisme (ou un homomorphisme ) de (E , ∗) dans (F, ⊤)
si pour tout (a, b) ∈ E 2 on a
f (a ∗ b) = f (a)⊤ f (b).

Définition 1.16. — Un morphisme bijectif est appelé un isomorphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤). Dans ce cas,
on dit que (E , ∗) et (F, ⊤) sont isomorphes .
— Un isomorphisme de (E , ∗) sur lui-même est appelé un automorphisme .
Théorème 1.17. Soit f : E → F un morphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤) et g : F → G un morphisme de (F, ⊤) dans
(G, △). Alors g ◦ f est un morphisme de (E , ∗) dans (G, △).
Théorème 1.18. Si f est un isomorphisme de (E , ∗) dans (F, ⊤), alors f −1 (l’application réciproque de f ) est un
isomorphisme de (F, ⊤) dans (E , ∗).

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2 Groupes
Groupes
Pour faire un peu d’algèbre (sans trop de complication) il est nécessaire d’avoir un minimum de propriétés
sur la l.c.i. : associative, neutre, symétrique
Définition 2.1. Soit (G, ∗) un ensemble (non vide) muni d’une l.c.i. On dit que (G, ∗) est un groupe si
— la l.c.i. ∗ est associative ;
— (G, ∗) possède un élément neutre ;
— tout élément de G est symétrisable pour ∗.
Si de plus la loi ∗ est commutative le groupe (G, ∗) est dit abélien (ou commutatif).
Remarque 2.2. — D’après ce qui précède, l’élément neutre est unique, (et sera noté e en général)
— Tout élément a admet un unique symétrique, noté en général a −1 .
— Tout élément a est régulier
— (a ∗ b)−1 = b −1 ∗ a −1 .

Exemples
1. (Z, +), (Q, +), (R, +) et (C, +) sont des groupes abéliens ;
2. (N, +) n’est pas un groupe, car aucun entier naturel non nul n’est symétrisable dans N pour l’addition
usuelle ;
3. (Q∗ , ×), (R∗ , ×) et (C∗ , ×) sont des groupes abéliens (on a enlevé 0) ;
4. les magmas (Z, ×) et (R, ×) ne sont pas des groupes ;
5. l’ensemble des bijections de {1, . . . , 10} dans lui-même, muni de la l.c.i. ◦ (composition des applications)
est un groupe non abélien ;
6. Gl n (C) := {A ∈ Mn (C) / A inversible} est un groupe non abélien pour la multiplication matricielle. On
l’appelle le groupe linéaire d’ordre n de C.

2.1 Sous groupes


Sous-groupe
Définition 2.3. Soit (G, ∗) un groupe et soit H une partie non vide de G stable pour la l.c.i. ∗. Si H muni de la
loi induite par celle de (G, ∗) possède une structure de groupe, on dit que H est un sous-groupe de (G, ∗).

Proposition 2.4. Si H est un sous-groupe de (G, ∗) alors l’élément neutre e de (G, ∗) est dans H .
Preuve : soit e 1 le neutre de (H , ∗) : pour tout x ∈ H ,
x1 ∗ e 1 = e 1 ∗ x1 = x1 .
Pour x = e 1 on obtient e 1 ∗ e 1 = e 1 .
Utilisons le fait que e est neutre de (G, ∗) : e ∗ x = x ∗ e = x pour tout x ∈ G. Ainsi pour x = e 1 on obtient
e ∗ e1 = e1 ∗ e = e1
Finalement e 1 ∗ e 1 = e 1 ∗ e donc e 1 = e.

Sous-groupe
Comme il est fastidieux de vérifier tous les points de la définition de « sous-groupe » on peut caractériser un
sous-groupe avec l’un des théorèmes suivants
Théorème 2.5. Soit (G, ∗) un groupe et soit H une partie non vide de G. Alors H est un sous-groupe de (G, ∗) si
et seulement si les deux propriétés suivantes sont satisfaites
1. pour tout (a, b) ∈ H 2 , a ∗ b ∈ H ; (H est stable pour ∗)
2. pour tout a ∈ H , le symétrique de a dans (G, ∗) est dans H .
Théorème 2.6. Soit (G, ∗) un groupe et H un sous-ensemble non vide de G. Alors H est un sous-groupe de (G, ∗)
si et seulement pour tout (a, b) ∈ H 2 , a −1 ∗ b ∈ H . (ici a −1 est le symétrique de a dans G).

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Sous-groupe : exemples
Exemple 2.7. 1. L’ensemble des entiers relatifs pairs est un sous-groupe de (Z, +).

2. Pour n ∈ N , l’ensemble

Un := {z ∈ C / z n = 1}.

est un sous-groupe de (C∗ , ×) qu’on appelle le groupe des racines n-ièmes de l’unité.
3. L’ensemble des matrices triangulaires inférieures inversibles

{M ∈ GL n (R) / m i j = 0 pour i < j }

est un sous-groupe de (GL n (R), ·).

Sous-groupe
Théorème 2.8. Soit H1 et H2 deux sous-groupes de (G, ∗). Alors H1 ∩ H2 est un sous groupe de (G, ∗).

Plus généralement

Théorème 2.9. L’intersection d’une famille non vide de sous-groupes de (G, ∗) est un sous-groupe de (G, ∗).

Sous-groupe
Proposition 2.10 (et Définition). Soit A une partie non vide de G. Il existe un plus petit sous-groupe au sens de
l’inclusion contenant A. Ce sous-groupe est appelé sous-groupe engendré par A. On le notera Gr(A).

Définition 2.11. Un sous-groupe H de (G, ∗) est dit monogène si il existe a ∈ G tel que H = Gr({a}) où Gr({a})
est le sous-groupe engendré par A = {a}.

Exercice 2.12. Si (G, ∗) est un groupe noté multiplicativement et A ⊂ G est une partie non vide, on peut mon-
trer que
Gr(A) = {a 1 ∗ ... ∗ a n / n ∈ N et (a i ∈ A ou a i−1 ∈ A)}.
En particulier, Gr({a}) = {a n / n ∈ Z}.

Sous-groupe engendré : exemples


Exemple 2.13. 1. Dans (Z, +) on peut démontrer que 2Z = Gr({2}).
2. Dans (C∗ , ×) on peut démontrer que Un = Gr({exp(2i π/n})).
3. Dans (Z, +) on peut démontrer (car 3 − 2 = 1) que Z = Gr({2, 3}).
4. Les isométries du plan euclidien sont engendrées par les réflexions.

2.2 Groupe produit


Groupe produit
Définition 2.14. Soient (G 1 , ⊥1 ) et (G 2 , ⊥2 ) deux groupes. On considère le produit cartésien G 1 ×G 2
( ) ( )
∗ : G 1 ×G 2 × G 1 ×G 2 −→ G 1 ×G 2
( )
(a 1 , a 2 ), (b 1 , b 2 ) 7−→ (a 1 ⊥1 b 1 , a 2 ⊥2 b 2 )

définit une structure de groupe sur G 1 ×G 2 qu’on appelle la structure de groupe produit.

C’est un simple exercice que de vérifier qu’ainsi définie, la loi ∗ donne bien une structure de groupe sur
G 1 ×G 2 .

Remarque 2.15. Cette définition se généralise aisément au produit cartésien de G 1 ×· · ·×G n où (G i , ⊥i )i ∈{1,...,n}
sont des groupes.

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Groupe produit
Exemple 2.16. (Zn , +), (Rn , +) et (Cn , +) sont des groupes abéliens pour la structure de groupe produit.

2.3 Morphisme de groupes


Morphisme de groupes
Définition 2.17. Soient (G, ∗) et (G ′ , ⊤) deux groupes et soit f une application de G dans G ′ .
1. On dit que f est un morphisme de groupes si pour tout (a, b) ∈ G 2 , on a

f (a ∗ b) = f (a)⊤ f (b).

2. Si f est bijective, on dit que f est un isomorphisme de groupes .


3. Si f est un morphisme de (G, ∗) sur lui-même, on dit que c’est un endomorphisme de (G, ∗).
4. Un endomorphisme bijectif de (G, ∗) s’appelle un automorphisme de (G, ∗).

Morphisme de groupes
Exemple 2.18. 1. L’application z 7→ |z| est un morphisme surjectif du groupe (C∗ , ×) dans (R∗+ , ×).
2. L’application x 7→ exp (x) est un isomorphisme du groupe (R, +) dans (R∗+ , ×).
3. Soit (G, ∗) un groupe. Pour g ∈ G, l’application

Ad g : G −→ G
x 7−→ g ∗ x ∗ g −1

est un automorphisme du groupe (G, ∗), appelé automorphisme intérieur.

Morphisme de groupes
Théorème 2.19. Soient (G, ∗) et (G ′ , ⊤) des groupes dont les éléments respectifs sont notés e et e ′ et soit f un
morphisme de (G, ∗) dans (G ′ , ⊤). Alors :
i. f (e) = e ′ ;
ii. pour tout a ∈ G, f (a)−1 = f (a −1 ) ; ( f (a)−1 désigne le symétrique de f (a) dans G ′ tandis que a −1 désigne le
symétrique de a dans G).
iii. l’image Im( f ) = f (G) de G par f est un sous-groupe de (G ′ , ⊤) ;
iv. f −1 ({e ′ }) est un sous-groupe de (G, ∗) qu’on appelle le noyau de f et qu’on note Ker( f ).

Morphisme de groupes
Théorème 2.20. Soient (G, ∗) et (G ′ , ⊤) deux groupes et soit f un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G ′ , ⊤).
Alors

f est injective ⇐⇒ Ker( f ) = {e}.

2.4 Groupe fini


Groupe fini
Définition 2.21. Soit (G, ∗) un groupe.
1. Si G contient un nombre fini d’éléments on appelle ordre de G le cardinal de G. Sinon G est dit d’ordre
infini.
2. Soit a ∈ G. On définit l’ordre de a comme l’ordre du sous-groupe engendré par a.
3. Un groupe (ou sous-groupe) est dit cyclique s’il est fini et monogène.

Attention
Selon les ouvrages, la définition de groupe cyclique peut être « groupe monogène » sans imposer qu’il soit fini

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Groupe fini

Exemple 2.22. Pour n ∈ N∗ , l’ensemble des racines n-ièmes de l’unité dans C est donné par
2i kπ
Un = {e n / 0 ≤ k ≤ n − 1}.

On peut vérifier, muni la multiplication usuelle, que Un est fini (il possède n éléments) et monogène (car
2i π
engendré par le nombre complexe e n ). C’est donc un groupe cyclique.

Exemple 2.23. Si G = ({0, 1}, ∗) (avec la loi 0 ∗ 0 = 0, 0 ∗ 1 = 1 ∗ 0 = 1, 1 ∗ 1 = 0), alors le groupe produit (G ×
G, ∗) est un groupe fini, d’ordre 4, ses éléments sont {(0, 0), (1, 0), (0, 1), (1, 1)}. On peut démontrer qu’il n’est pas
monogène.

2.5 Groupes cycliques


Z, Z/n Z et groupes cycliques

Théorème 2.24. Soit H un sous-groupe de (Z, +). Alors il existe a ∈ N tel que

H = a Z = {ak / k ∈ Z}.

Voir TD.

Complément sur Gr({a})


Soit (G, ∗) un groupe (de neutre e) et soit a ∈ G. Avec la convention


 si k = 0,
e
k
a = a k = a ∗ a ∗ · · · ∗ a (k fois), si k > 0,


(a k )−1 = a −1 ∗ · · · ∗ a −1 (−k fois), si k < 0,

on définit en notation multiplicative selon la loi ∗ les « puissance » de a. De plus a k a q = a k+q pour tout k, q ∈ Z.
On démontre alors
— Gr({a}) = {a k ; k ∈ Z}
— (Gr({a}), ∗) est un groupe commutatif (même si initialement (G, ∗) n’est pas supposée commutative).
Pour démontrer que H = {a k ; k ∈ Z} est un groupe, il suffit de constater que e = a 0 ∈ H et que si a p et a q sont
dans H alors (a p )−1 ∗a q = a q−p ∈ H . Il reste alors à démontrer que tout sous-groupe S contenant a contient H .
Cela découle d’une récurrence immédiate, a ∈ S entraîne que a ∗ a ∈ S, etc, a n ∈ S pour tout n ∈ N, le passage
au symétrique permet d’affirmer que a −n ∈ S pour tout n ∈ N.
Le fait que (Gr({a}), ∗) est un groupe commutatif est une conséquence directe du fait « les puissances de a
commutent ».

Z, Z/n Z et groupes cycliques


(Z/n Z, ⊕) le fameux
— (Z, +) groupe commutatif.
— Pour n ∈ N, on définit la relation d’équivalence « modulo n », p ≡ q mod n si et seulement si n divise
p − q.
— Division euclidienne par n : pour tout p ∈ Z il existe un unique couple (q, r ) q ∈ Z, r ∈ N tel que p = nq +r
et 0 ≤ r < n.
— L’ensemble quotient Z/n Z est {0, 1, ..., n − 1}. Soit p ∈ Z alors la division euclidienne de p par n assure
l’existence et l’unicité d’un couple (q, r ) ∈ Z × N tel que

p = nq + r, 0 ≤ r ≤ n − 1.

Dans ce cas, p ≡ r mod n et ainsi p = r avec r ∈ {0, . . . , n − 1}.

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Z, Z/n Z et groupes cycliques
— Quelle loi sur Z/n Z ? On vérifie que si p 1 ≡ q 1 mod n et p 2 ≡ q 2 mod n alors p 1 + p 2 ≡ q 1 + q 2 mod n.
Ainsi si p et q sont deux éléménts de Z/n Z,

p ⊕q = p +q

définit une l.c.i (indépendance du choix des représentants de la classe) sur Z/n Z et (Z/n Z, ⊕) est un
groupe abélien.
— Z/n Z est cyclique : il suffit de voir que pour tout 1 ≤ i ≤ n − 1, on a

i =1
| + ·{z
· · + 1}
i fois

et donc
i = 1+···+1 = 1
| ⊕ ·{z
· · ⊕ 1} .
i fois

L’élément 1 engendre donc Z/n Z qui est alors monogène et d’ordre fini donc cyclique.

Z, Z/n Z et groupes cycliques

Théorème 2.25. Soit (G, ∗) un groupe monogène.


— si G est d’ordre n, (G, ∗) est cyclique et isomorphe à (Z/n Z, +)
— sinon (G, ∗) est d’ordre infini et est isomorphe à (Z, +).

Preuve
On considère G = Gr(a). Supposons que G soit d’ordre fini, et soit n l’ordre de G.
— Étape 1 : G = Gr({a}) = {a k ; k ∈ Z}.
— Étape 2 : p = min{k ∈ N∗ , a k = e}.
— Étape 3 : l’application de (Z/p Z, ⊕) dans (G, ∗) qui à k associe a k est un isomorphisme de groupe
— Étape 4 : n = p.
Sinon G est d’ordre infini et on démontre que l’application de (Z, +) dans (G, ∗) qui à k associe a k est un
isomorphisme de groupe.

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