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Topologie :

I Objectifs
I |ESPACES METRIQUES-VECTORIELS NORMES |

I |SUITES DANS LES ESPACES DE BANACH |

I |APPLICATIONS ET CONTINUITE |

I |ESPACES DE HILBERT |

Pr. Hicham MAHDIOUI

| Ecole Nationale des Sciences Appliquées|-CP − S3 - (2020-2021)


C HAPITRE 2

Chapitre : Suites dans un espace


métrique et E.V.N
Nous allons généraliser ici certains résultats relatifs aux suites
numériques ( Analyse 1). Nous retrouvons dans les e.v.n les notions
de suites de Cauchy et de suites convergentes bien connue dans
Rn , (n ∈ N∗ ).
S UITES DANS UN ESPACE MÉTRIQUE

Soit (E, k · k) un espace vectoriel normé et soit d la distance associée


à k · k.

D ÉFNITIONS
Une suite dans E est une application de N dans E, souvent notée
(un )n∈N au lieu de
u: N→E
.
n 7→ u(n) = un
On appelle aussi suite dans E toute application de l’ensemble
{n ∈ N, n ≥ n0 } dans E où n0 ∈ N est fixé.

[S OUS - SUITE ]
Soit (un )n∈N une suite d’éléments de (E, d). On appelle une
sous-suite (ou suite extraite) de (un )n∈N toute suite à valeurs dans E
de la forme (uϕ(n) )n∈N où ϕ est une application strictement croissante
de IN dans lui même.
D ÉFINITION
Soit (E, d) un espace métrique et soit (un )n∈S une suite de points de
E, avec S ⊂ IN. On dit que (un )n∈S converge vers un élément u ∈ E
si l’on a :

∀ε réel > 0, ∃ N ∈ S, ∀n ∈ S, : n ≥ N ⇒ d(un , u) ≤ ε.

On peut aussi bien reécrire cette définition comme suit :

∀ε réel > 0, ∃ N ∈ S, ∀n ∈ S, : n ≥ N ⇒ un ∈ B(u, ε).

et se lire :
≪pour tout réel ε > 0, tous les un sauf peut être pour un nombre fini
d’indices sont dans la boule fermée B(u, ε) ≫.
T HÉORÈME (FONDAMENTAL)
Si une suite (un )n∈S de points d’un espace métrique (E, d) converge
vers u ∈ E et v ∈ E on a obligatoirement u = v .

Démonstration :
C AS D ’ UN E.V.N

D ÉFINITION
Soient (xn )n∈N une suite d’éléments d’un espace vectoriel normé
(E, k · k) et a ∈ E. On dit que la suite (xn )n∈N converge vers a dans E
si la suite de nombres réels (kxn − ak)n∈ N converge vers 0 dans IR.

∀ε, ∃ Nε ∈ N : si n ≥ Nε ⇒ kxn − ak ≤ ε.

et se lire : si pour tout ε > 0 il existe Nε ∈ N tel que si n ≥ Nε alors


k xn − a k≤ ε.
La notion de convergence dans un espace vectoriel normé est donc
étroitement liée au choix de la norme sur cet espace. La propriété
suivante montre qu’il est possible de généraliser la notion de
convergence de suite dans un espace vectoriel normé, dans le cas
où l’on choisit deux normes équivalentes sur cet espace.

P ROPRIÉTÉ
Soit E, un espace vectoriel, et N1 et N2 , deux normes sur E.
N1 et N2 sont équivalentes

si et seulement si

toute suite convergeant vers ΘE pour la norme N1 , elle converge


aussi vers ΘE pour l’autre norme N2 .
Démonstration.
E XEMPLE D ’ APPLICATION

Z 1
Soit E = C([0, 1], R) normé par N(f ) = ex |f (x)|dx.
0
1. pour tout n ∈ IN ∗ , on définit la fonction fn par :
 
1


 f n (x) := 1 − nx pour x ∈ 0,

 n

1


 f (t) := 0

pour x >
n
n
Etudier la suite (fn ) dans l’espace vectoriel normé (E, N) et dans
(E, k · k∞ ). Qu’en conclure ?
Comme pour le cas des suites réels, il est possible de caractériser
précisément les valeurs d’adhérence d’une suite définie dans un
espace vectoriel normé E.

D ÉFINITION : [ VALEUR D ’ ADHÉRENCE ]


Soit (un )n∈N , une suite d’éléments d’un espace vectoriel normé
(E, N). On dit que a ∈ E est une valeur d’adhérence de la suite
(un )n∈N si a s’écrit comme la limite d’une suite extraite de (un )n∈N .

T HÉORÈME
Soit (E, k · k), un espace vectoriel normé. Les trois propositions
suivantes sont équivalentes :
I ∃a ∈ E : ∀ε > 0 , ∃N ∈ N, ∀n > N : kxn − ak < ε.
I a ∈ E est limite d’une suite extraite de (xn )n∈N .
I ∀ε > 0, B(a, ε) contient xn pour une infinité d’indices.
R EMARQUE IMPORTANTE : [M ÉTHODE P RATIQUE ]
la notion de suite extraite est fortement utilisée pour démontrer
qu’une suite n’est pas convergente. En effet, lorsque l’on souhaite
montrer qu’une suite n’est pas convergente, une méthode
fréquemment utilisée consiste à extraire deux sous-suites de la suite
initiale, dont les limites sont différentes.

C’est l’exemple de la suite (un )n∈N de réel, définie pour tout entier
naturel n par :
un = (−1)n .
Il suffit de considérer la sous-suite de un extraite en ne choisissant
que les éléments de rang pair, puis la suite extraite construire en ne
considérant que les éléments de rang impair.
P ROPRIÉTÉ :[ C ARACTÉRISATION SÉQUENTIELLE DE
L’ ADHÉRENCE ]
Soit (E, k · k), un espace vectoriel normé, et A, un sous-ensemble de
E. Alors, les propositions suivantes sont équivalentes :
I (i) a ∈ A.
I (ii) a est limite d’une suite d’éléments de A.
Démonstration.
P ROPRIÉTÉ [ C ARACTÉRISATION SÉQUENTIELLE DES
FERMÉS .]
Soit (E, k · k), un espace vectoriel normé, et A un sous-ensemble de
E. Alors, les propositions suivantes sont équivalentes :
I (i) A est fermé dans E.
I (ii) Toute suite (an )n∈N d’éléments de A qui converge vers x ∈ E
implique que x ∈ A.

P ROPOSITION (IMPORTANTE)
Soit (E, d) un espace métrique et soit A une partie non vide de E.
Toute suite extraite d’une suite convergente est convergente,
avec la même limite
( A ) u ∈ adh(A) ⇔ il existe une suite (an )n∈IN de points
appartenant à A telle que lim an = u.
( B ) A est fermé dans (E, d) ⇔ toute suite (an )n∈IN
d’éléments de A convergente dans (E, d) a sa limite
dans A.

Démonstration : Exercices.
II-S UITE DE C AUCHY ET C OMPLÉTUDE

II-1- Suite de Cauchy

D ÉFINITION
Soit (E, d) un espace métrique.
Soit (un )n∈N une suite d’éléments de E. On dit que (un )n est une
suite de Cauchy dans (E, d) si :

∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀p, q ∈ N : p ≥ N et q ≥ N ⇒ d(up , uq ) ≤ ε.

Dans le cas d’un espace vectoriel normé (E, k · k), on dit qu’une suite
(xn )n∈N est de Cauchy si
pour tout ε > 0, il existe Nε ∈ N tel que kxp − xq k ≤ ε dès que
p, q ≥ Nε .
R EMARQUE IMPORTANTE :
1. La définition d’une suite de Cauchy signifie aussi que : la suite
double de réels positifs (d(up , uq )p,q ) convergente vers 0 ; i.e

lim d(up , uq ) = 0.
p,q→+∞

(un )n∈S est une suite de Cauchy ⇔ lim (diam (An )) = 0.


n→+∞

2. Dans la pratique, on écrit souvent le critère de Cauchy :

ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ∈ N, ∀p ∈ N : n ≥ N ⇒ d(un+p , un ) ≤ ε.
E XEMPLE : M ÉTHOQUE P RATIQUE

Z 1
Soit E = C([0, 1], R) normé par kf k1 = |f (t)|dt.
0
La suite (fn ), n ≥ 2, définie ainsi :

pour t ∈ 0, 12 − n1
  

 fn (t) := 0



  
 1 1
− n1 , 12

fn (t) := n.t + 1 − n pour t ∈ 2

 2



 1 
fn (t) := 1 pour t ∈ 2, 1

est une suite de Cauchy dans (E, k · k1 ).


En effet Z 1
kfn+p − fn k1 = |fn+p − fn |dt.
0

Puisque fn+p ≤ fn sur [0, 1], alors


Z 1 Z 1
kfn+p − fn k1 = |fn+p − fn |dt = fn − fn+p dt
0 0
1 1 1 1 1
= aire du triangle de sommets (− , 0), ( − , 0), ( , 1)
2 n 2 n+p 2
 
1 1 1 1 1
kfn+p − fn k1 = ( − ) − ( − ) .1
2 2  n+p 2 n
1 1 1
= ( − )
2 n n+p
1
≤ ≤ ε.
2n
1
pour tout n ≥ N = [ ε] et pout tout p ∈ N.
2
P ROPOSITION (I MPORTANTE )
Soient (E, k · k) un espace vectoriel normé et d la distance associée
à k · k. Alors
( A ) Si (un )n∈S est une suite convergente dans (E, d) :
(un )n∈S est une suite de Cauchy.
( B ) (un )n∈S est une suite de Cauchy dans (E, d) : (un )n∈S
est une suite bornée dans (E, d).
D ÉMONSTRATION DE (A) :

(A) Soit (un )n une suite convergeant vers un élément l de


E.
Soit ε > 0 ; il existe N ∈ IN tel que :
ε
(n ≥ N ⇒ d(un , l) ≤ ).
2
Alors :

 d(up , l) ≤ ε
  
p ≥ N

∀(p, q) ∈ IN 2 ,  ⇒ 2 .
 q≥N  d(uq , l) ≤ ε
2
⇒ d(up , uq ) ≤ d(up , l) + d(l, uq ) ≤ ε
et donc (un )n est une suite de Cauchy dans E.
D ÉMONSTRATION DE (B) :

(B) Soit (un )n une suite de Cauchy dans E, posons ε, il


existe N ∈ IN tel que :

∀(n, p) ∈ IN2 , (∀n, p ≥ N ⇒ d(un , uq ) ≤ ε).

En particulier : pour p = N, d(un , uN ) ≤ ε et donc

∀n ∈ IN, d(un , uN ) = kun − uN k ≤ ε.

Puisque

kun k ≤ kun − uN k + kuN k ≤ ε + kuN k

Et par une recurence simple, En notant


M = max(ku0 k, ku1 k, .... , kuN−1 k, ε), on a alors

∀n ∈ IN, kun k ≤ M; (un )n est bornée.


R EMARQUES ET P ROPOSITIONS (PROPRIETES
ELEMENTAIRES SOUVENT UTILES)
( I ) En général une suite de Cauchy n’est pas
convergente.
( II ) Si (un )n∈S est une suite de Cauchy : il en est de même
de toute suite extraite (un )n∈T ⊂S .
( III ) Toute suite de Cauchy est bornée.
( IV ) Si (un )n≥0 une suite de Cauchy dans (E, k · k), alors
elle est aussi de Cauchy sur toute partie F ⊂ E.
E XEMPLES

( A ) E =]0, 1] muni de la distance de R usuel. On considère


la suite définie par

1
sn = , n ≥ 1.
n
La suite (sn )n≥1 est de Cauchy ; En effet la suite (sn )n≥1
converge vers 0 dans R, donc elle est de Cauchy dans
R par conséquent (sn )n≥1 est de Cauchy dans E ⊂ R.
Cette suite n’est pas convergente dans E
( B ) On démontre facilement que la suite définie par
récurrence par
 
1 2
s1 = 1, sn+1 = sn +
2 sn

est une suite convergente dans R, vers 2.
La suite (sn )n≥1 est de Cauchy
√dans Q mais pas
convergente dans Q puisque 2 ∈ / Q.
 n
1
( C ) La suite rn = 1+ , n ≥ 1 ; est une suite de
n
Cauchy de rationnels non convergente dans Q, sa
limite dans R est e.

1 1 1
( D ) La suite sn = 1 + + + ... (Série harmonique) n’est
2 3 n
pas de Cauchy :
En effet

1 1 1 1 1
s2n − sn = + + ... ≥n× = .
n+1 n+2 2n 2n 2

Mais ∀k entier ≥ 1, on a : lim sn+k − sn = 0 [ en


n→∞
particulier : lim sn+1 − sn = 0].
n→∞
En effet

1 1 1 1
sn+k − sn = + + ... ≤k× → 0.
n+1 n+2 n+k n+1
II- E SPACE COMPLET

On établit comme dans le cas des nombres réels que toute suite
convergente est de Cauchy. La réciproque est, en génétral, fausse et
lorsqu’elle est vraie on dit que l’e.v.n (E, k.k) est complet ou que
(E, k.k) est un espace de Banach.

D ÉFINITION (E SPACE COMPLET, BANACH )


( I ) Un espace métrique (E, d) sera dit complet si toute
suite de Cauchy d’éléments de E est convergente dans
(E, d).
( II ) Un espace vectoriel normé (E, k · k), sur IK=IR ou bien
C, qui est complet pour la distance associée à sa
norme d(u, v ) = ku − v k est appelé un espace de
Banach.
Nota : Banach se prononce ""Banack"", ou ( le plus souvent)
"Banarh" (ch allemand), MAIS JAMAIS "Banach(e)" ! ! !
D ÉFINITION
Une partie F d’un espace métrique (E, d) est dite complète si le
sous-espace métrique (F , d est un espace métrique complet.

P ROPOSITION
R, muni de la distance usuelle d(s, t) = |s − t|, est un espace
métrique complet.

Preuve : Laisser à titre exercice ! ! ! !


R ÉSULTATS FONDAMENTAUX À CONNAÎTRE

T HÉORÈME
I Les corps R et C (muni de la valeur absolue ou module) sont
complets.
I Les espaces produits Rn et Cn (muni des normes classiques)
sont complets.
I Tout ENV de dimension finie est un espace complet.
I Toute partie complète d’un espace vectoriel normé est fermé.
I Toute partie fermée d’un espace vectoriel normé complet, est
complète.
E XEMPLES
Rn ou 
Soit E =  Cn muni de sa structure ordinaire d’espace vectoriel.
x1
 x2 
 
 .  ∈ E. On définit les trois applications de E dans
Soit x =  
 . 
xn
R+ :
i=n
X
kxk1 = |xn |;
i=1

kxk∞ = max (|x1 |, |x2 |, ..., |xn |) = max (|xi |) ;


1≤i≤n

i=n
! 21
X
kxk2 = |xn |2 .
i=1

Ces trois applications sont des normes sur E. De plus E muni de


l’une quelconque de ces normes est un espace de Banach.
Soient E = Rn ou Cn , p ≥ 1 et x = (x1 , x2 , ......, xn ) ∈ E. L’application
suivante :
i=n
! p1
X
p
x 7→ kxkp = |xi |
i=1

est une norme et (E, k · kp ) est espace de Banach.


E XEMPLE

Soit I un intervalle fermé non vide de R et soit Cb (I, R) l’ensemble de


toutes les fonctions numériques continues bornées sur I. Alors
Cb (I, R) est un espace vectoriel réel pour les lois usuelles : la somme
des applications, et la multiplication par des scalaires réels. On définit
sur Cb (I, R) l’application

f 7→ kf k∞ = sup{|f (x)|, x ∈ I}.

On vérifie aisément que k · k∞ est une norme sur Cb (I, R).


Cette norme est appelée la norme de la convergence uniforme.
(Cb (I, R)k · k∞ ) est espace de Banach (Complet).
C OMMENT MONTRER QU ’ UN ESPACE EST COMPLET

L’idée pour démontrer qu’un espace (E, k · k) est complet est :


I de considérer une suite de Cauchy dans (E, k · k)
I Essayer de se ramener à une suite de Cauchy de R (ou un autre
espace complet).
I Ensuite, on utilise le fait que R est un espace complet, ce qui
nous fournit une première notion de convergence.
I Il reste ensuite à déduire de cette information (lorsque cela est
possible) que cette suite de Cauchy converge au sens de la
norme de (E, k · k) que sa limite est bien dans (E, k · k).
Pour montrer le cas contraire qu’une partie n’est pas complète,
il suffit de donner un exemple de suite qui est de Cauchy mais
pas convergente dans cette partie.
E XEMPLE 1

On munit l’ensemble E = [0, 1[ de la distance suivante :

1 1
δ(s, t) = −
1−s 1−t

L’espace (E, δ) est il ou non un complet ?


E XEMPLE 2

Soit E = C([a, b], R) l’ensemble de toutes les fonctions numériques


continues sur [a, b]. Soit la norme k · k2 , pour f ∈ E, :
! 12
Z b
kf k2 = |f (x)|2 dx .
a

Alors (E, k · k2 ) est un espace vectoriel normé non complet.


En effet, soit (fn )n≥2 la suite d’éléments de E définie par :

si 0 ≤ x ≤ 12


 1,



 n
fn (x) = −nx + + 1, si 12 ≤ x ≤ 12 + n1

 2



0, si 12 + n1 ≤ x ≤ 1

Alors (fn )n≥2 une suite de Cauchy qui ne converge pas dans
(E, k · k2 ) .
T HÉORÈME DU P OINT F IXE ET SES APPLICATIONS

D ÉFINITION
Soit f : E → E une application d’un ensemble E dans lui même. On
b ∈ E tel que
appelle point fixe de f tout point u

f (u
b) = u
b.

b, on dit que f possède un point fixe.


S’il existe un tel u
E XEMPLES :
1. f : [0, 1] → [0, 1], t 7→ f (t) = t; tout point de [0, 1] est un point fixe
de f .
fn : [0, 1] → [0, 1]
1 .
t 7→ fn (t) = (1 − )t
n
La fonction fn n’a qu’un seul point fixe : t = 0. Remarquons que :
 
1 1
kf − fn k∞ = sup t − 1 − t = ;
t∈[0,1] n n

La suite de fonctions (fn )n converge uniformément vers la


fonction f sur [0, 1].
2. la fonction réelle g définie par :

g: R→R
.
t 7→ g(t) = t + 1

n’a aucun point fixe. La simplicité d’une application ne lui donne


pas de point fixe..
D ÉFINITION
Etant donnés deux espaces V.N (E, k · k) et (F , N) et une application
f : E → F , on dit que :
( A ) f est Lipschitzienne de constante k ≥ 0 sur E si :

∀u ∈ E, ∀v ∈ E : N((f (u) − f (v )) ≤ k .ku − v k,

( B ) Si 0 < k < 1 : on dit que f est strictement


contractante (ou une contraction stricte ) sur E,
( C ) Si l’application f vérifie la relation :

∀u ∈ E, ∀v ∈ E, u 6= v : N(f (u) − f (v )) < ku − v k,

On dit que f est contractive sur E.

R EMARQUE IMPORTANTE
Il est facile de voir que toute application k −Lipschitzienne est
continue sur (E, k · k).
E XEMPLES
Soit f : E → E, où E un espace métrique. Si f est contractante sur E,
elle peut avoir des points fixes ou ne pas en avoir, en avoir une
infinité.
Posons E = [1, +∞[ et considérons l’application f définie par :

1
f (t) = t + .
t
On a pour tout t, s ∈ E tels que s 6= t :
 
t −s 1
|f (s) − f (t)| = (s − t) + = |s − t| 1 − ≤ |s − t|
ts st

Alors f est une application contractive.

I Soient (E, k · k) un E.V.N et f : E → E une application.


Si f est contractive sur E, elle ne peut avoir qu’un seul point fixe.
I Une application strictement contractante a un point fixe
unique, s’il existe.
T HÉORÈME F ONDAMENTAL : Théorème du point fixe des
contractions trictes.
Soit (E, k · k) E.V.N complet, soit F une partie fermée de E, et soit
f : F → E une application k-Lipschitzienne avec k ∈]0, 1[ telle que
f (F ) ⊂ F . On a
R-1 Existence et Unicité :
b ∈ F unique point fixe de f , i.e tel que
il existe u

f (u
b) = u
b.

R-2 Algorithme de calcul ou convergence des


itérations :
La suite (un )n de points de F telle que

un+1 = f (un )
u0 ∈ F est arbitrairement choisi [stabilité]

est convergente de limite u


b.
D ÉFINITION
Soient (E, d) un espace métrique et (un )n∈IN) une suite des éléments
de E convergente
 versu.
d(un+1 , u)
Si la suite est convergente de limite k , on dit alors
d(un , u) n∈IN
que la convergence de la suite (un )n∈IN vers est :
I lente, pour k = 1 ;
I géométrique de rapport k , pour k ∈]0, 1[;
I rapide pour k = 0.

On dit que le réel k , quand il existe, est le coéfficient de


convergence de la suite (un )n∈IN) .
T HÉORÈME F ONDAMENTAL : Théorème du point fixe des
contractions trictes.
R-3 Estimation de l’erreur :
pour tout n ≥ 0, on a

kn
Estimation a priori kun − u
bk ≤ ku0 − u1 k
1−k
k
Estimation a posteriori kun+1 − u
bk ≤ kun − un+1 k.
1−k
R-4 Vitesse de convergence : [Convergence dite
linéaire]
kun+1 − u
bk ≤ k kun − u
bk
Dans le cas où k ∈]0, 1[ , pour ε > 0 tel que 0 < k + ε < 1, on peut
trouver un entier naturel N tel que :

d(un+1 , u)
∀n ≥ N, 0< <k +ε
d(un , u)

ce qui entraîne par une recurrence simple que, pour n ≥ N :


 
d(uN , u)
d(un , u) < (k + ε)n−N d(uN , u) = (k + ε)n
(k + ε)N

ce qui signifie que la suite d(un , u)n∈IN est dominée par la suite
géométrique ((k + ε)n )n∈IN .
E XEMPLES D ’ APPLICATIONS DU THÉORÈME DU POINT FIXE

Application : convergence de la suite de Fibonacci :


On définit la suite de Fibonacci par la relation de récurrence :

un+2 = un+1 + un
u0 = 0, u1 = 1
Des raisonnements par récurrence très simples permettent de
démontrer que :
I ∀n ≥ 1 un > 0.
I ∀n ≥ 4 un ≥ n.
I (un )n∈N est strictement croissante.
Cela prouve en particulier que lim un = +∞.
Intéressons-nous à présent à la suite (vn )n∈N définie par la relation
explicite :
un+1
∀n ≥ 1, vn =
un
En utilisant la relation de récurrence définissant la suite de Fibonacci
que (vn )n∈N est également définie par la relation de récurrence :

 vn+1 = un+2 = 1 + 1

un+1 vn

 v1 = 1,
 3

2 ≤ vn ≤ 2

L’idée est d’utiliser dans cet exemple le théorème du point fixe afin de
démontrer la convergence de la suite (vn )n∈N . La statégie à adopter
est la suivante :
I On peut écrire que ∀n ≥ 1, vn+1 = f (vn ), où f désigne la fonction
définie pour x 6= 0 par :

1
f (x) = 1 +
x
I f doit être restreinte à un intervalle I sur lequel elle est
contractante pour pouvoir appliquer le théorème du point fixe.
I Nous devrons donc démontrer qu’à partir d’un certain rang n0 ,
tous les éléments de la suite (vn )n appartiennent à I.
Tous les éléments de (vn )n étant positifs, on peut étudier f sur
l’intervalle ]0; +∞[. Pour tout élément x de cet intervalle : f 0 (x) = −1
x2
.
On en déduit que f est strictement décroissante sur R∗ . En
particulier sur l’intervalle I = [ 32 , 2] mentionné précédemment. Par
conséquent :
puisque f est décroissante,
3 3 5
f (I) ⊂ [f (2); f ( )] = [ , ]
2 2 3
Ainsi, si vn ∈ I, alors f (vn ) = vn+1 ∈ I et que ∀x, y ∈ I
4
|f (x) − f (y ) ≤ |x − y |
9

Conclusion : (vn )n est définie par la relation de récurrence


vn+1 = f (vn ) où f est contractante de constante de Lipschitz 49 .
D’après le théorème du pont fixe, la suite (vn )n est convergente et
l’on note λ sa limite donnée par :

1+ 5
λ=
2
E XEMPLES D ’ APPLICATIONS DU THÉORÈME DU POINT FIXE

M ÉTHODE DES APPROXIMATIONS SUCCESSIVES


Soit f : [a, b] → [a, b] une fonction strictement contractante de
constante k ∈ [a, b].
On aura cette condition si, par exemple, f est dérivable sur [a, b]
avec :
0 < |f 0 (t)| ≤ k < 1, pour tout t ∈ [a, b].
[théorème des accroissements finis]
D’aprés le théorème du point fixe, on a :
la suite : t0 ∈ [a, b] arbitraire,

tn+1 = f (tn )

cette suite est convergente vers la solution unique bt de l’équation


t = f (t) sur [a, b].
Deux situations distinctes se présentent suivant que :
0 < f 0 (t) < 1 ou bien − 1 < f 0 (t) < 0.

1er Cas. La suite des itérés est


monotone : croissante si t0 a
été pris à gauche du point fixe
bt, décroissante si t0 a été pris à
droite du point fixe bt.

2eme Cas. Deux termes consé-


cutifs de la suite encadrent la
solution cherchée.
Soit à présent l’équation suivante :

g(t) = 0, où t ∈ [a, b], g vérifiant : g(a) < 0 et g(b) > 0,

La fonction g est dérivable sur [a, b], et : ∃, ∃C réels tels que

0 ≤ c ≤ g 0 (t) ≤ C pour tout a ≤ t ≤ b.

Posons : f (t) = t − λ.g(t), où λ 6= 0 est à choisir au mieux


ultérieurement.
L’équation proposée g(t) = 0 équivant à la recherche d’un point fixe
pour f .
On a : f 0 (t) = 1 − λ.g 0 (t), d’où :

1 − λ.C ≤ f 0 (t) ≤ 1 − λ.c

On peut jouer sur λ, jusqu’ici arbitraire, de manière à assurer la


convergence de la méthode des approximations successives du
théorème du point fixe et on dispose ainsi d’une méthode pour
trouver une valeur approchée de la solution de l’équation g(t) = 0.
E SPACES MÉTRIQUES COMPACT

D ÉFINITION ( PROPRIÉTÉ DITE DE B OLZANO -W EIERSTRAFI )


Un espace métrique (E, d) est dit compact si de toute suite de E on
peut extraire une suite convergeant dans E .

Cela revient à dire que toute suite de E possède au


moins une valeur d’adhérence.

I Avec cette définition, les parties compactes de Kn = Rn ou Cn


sont les parties fermées et bornées.
I Dans un espace métrique, toute réunion finie de parties
compactes est compacte. Par ailleurs, tout produit fini d’espaces
compacts est compact.
I Contrairement à la complétude, la compacité est une propriété
topologique.
En effet, soit f : E → F un homéomorphisme et supposons E
compact.
Soit (yn ) une suite de F . La suite (f −1 (yn )) a une sous-suite
convergente (f −1 (ynk )), dont l’image (ynk ) par f converge
puisque f est continue. Cela prouve que F est compact lui aussi.

P ROPOSITION
I Tout espace métrique compact est borné.
I Tout espace métrique compact est complet (la réciproque est
fausse).
I Dans un espace compact E , une suite (un )n converge si, et
seulement si, elle possède une valeur d’adhérence unique.

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