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1 Déterminant : l’exemple 2 × 2

Déterminant 2 × 2
Plaçons nous dans R2 . Si u et v sont deux éléments de R2 est-il possible de caractériser par une expression ou autre
chose le fait que la famille {u, v} est libre ? Avec les coordonnées si
( ) ( )
a c
u= , v= ,
b d
la méthode du pivot de Gauss permet d’affirmer que les deux vecteurs u et v sont libres si seulement si ad − bc ̸= 0.
Posons ( )
a c
det(u, v) = det = ad − bc.
b d

Que vérifie notre déterminant 2 × 2 ?

Que vérifie notre déterminant 2 × 2 ?


( )
a c
det(u, v) = det = ad − bc.
b d
( )
1 0
1. det = 1.
0 1
( ) ( ) ( ′ )
′ λa + βa ′ b a c a c
2. det(λu + βu , v) = d et = λ det + β det ′ = λ det(u, v) + β det(u ′ , v) et det(u, λv +
λc + βc ′ d b d b d
βv ′ ) = λ det(u, v)+β det(u, v ′ ) (application dite 2-linéaire, linéaire par rapport à chacune de ses coordonnées).
( ) ( )
c a a c
3. det(v, u) = det = − det = − det(u, v) (application dite alternée)
d b b d

On démontre que ces trois propriétés définissent entièrement le déterminant 2 × 2.

Cerise sur le gâteau


( ) ( )
a b a c
1. det = det (invariant par transposée)
c d b d
2. det(u, v) est égal à l’aire « orientée » du parallélogramme formé par u et v

h v
h = |w · v |
w
Aire= h × kuk
u
w : rotation d’angle π/2 de u + unitaire
(( ) ( ′ )) ( ) ( ′ )
a b a b′ a b a b′
3. det × ′ = det × det ′ (le déterminant du produit de deux matrices est égal au
c d c d′ c d c d′
produit des déterminants)

2 Formes n -linéaires alternées


Formes n -linéaires alternées
Ici K désigne R, C ou un sous-corps de C et E un K–espace vectoriel de dimension n.
Nous avons défini les applications linéaires de E dans un autre K-espace vectoriel.
Dans le cas du déterminant 2 × 2, l’application est linéaire par rapport à chacune de ses coordonnées. Si f est une
application définie de E n on peut « demander » à l’application f d’être linéaire par rapport à chacune des coordon-
nées : c’est la « multilinéarité ».
Le déterminant 2 × 2 change de signe lorsqu’on permute u et v. On peut demander de même à une application
définie de E n dans K. C’est le côté « alternée ».

1
Définition 2.1 (Formes n-linéaires alternées). Soit E un K–espace vectoriel de dimension n. Une application f défi-
nie de E n dans K est une forme n-linéaire alternée sur E si
— f est n-linéaire : ∀i ∈ {1, . . . , n}, ∀v 1 , . . . , v i −1 , v i +1 , . . . , v n ∈ E , l’application de E dans K qui à v ∈ E associe

f (v 1 , . . . , v i −1 , v, v i +1 , . . . , v n )

est linéaire.
— f est alternée : ∀i ̸= j ∈ {1, . . . , n}, ∀v 1 , . . . , v n ∈ E

f (v 1 , . . . , v i , . . . , v j , . . . , v n ) = − f (v 1 , . . . , v j , . . . , v i , . . . , v n )

autrement dit, si on échange deux vecteurs quelconques parmi (v 1 , . . . , v n ) on change f (v 1 , . . . , v n ) en son op-
posé.

On note An (E , K) l’ensemble des formes n-linéaires alternées sur E .

Remarque 2.2. L’application f n-linéaire veut dire que ∀i ∈ {1, . . . , n}, ∀v 1 , . . . , v i −1 , v i +1 , . . . , v n ∈ E , ∀u, w ∈ E , ∀λ, β ∈
K

f (v 1 , . . . , v i −1 , λu + βw, v i +1 , . . . , v n ) = λ f (v 1 , . . . , v i −1 , u, v i +1 , . . . , v n )
+ β f (v 1 , . . . , v i −1 , w, v i +1 , . . . , v n )

Proposition 2.3. Soit f une forme n-linéaire alternée sur E . Soit v 1 , . . . , v n ∈ E .


1. S’il existe i ̸= j ∈ {1, . . . , n} tel que v i = v j alors

f (v 1 , . . . , v n ) = 0

2. On ne modifie pas f (v 1 , . . . , v n ) en ajoutant à l’un des v i une combinaison linéaire des autres v j ( j ̸= i ).
3. Si les vecteurs v 1 , . . . , v n sont liés alors f (v 1 , . . . , v n ) = 0.

Les permutations entrent en jeu!


Comme permuter 2 vecteurs dans f (v 1 , . . . , v n ) change le signe, effectuer p transpositions dans f (v 1 , . . . , v n ) change
le signe selon la parité de p. Comme toute permutation de {1, . . . , n} est un produit de transpositions, la signature (ou
la parité du nombre de transposition dans la décompositions de cette permutation) détermine le changement de
signe :

Proposition 2.4. Soit f une forme n-linéaire alternée sur E . Soit v 1 , . . . , v n ∈ E et σ une permutation de {1, . . . , n}. Alors

f (v σ(1) , . . . , v σ(n) ) = ε(σ) f (v 1 , . . . , v n ),

où ε(σ) est la signature de la permutation σ.

La formule magique
À l’aide des propositions 2.3 et 2.4 il est possible de « développer » entièrement le déterminant et de l’exprimer à
l’aide de sa valeur dans une base, des permutations de {1, . . . , n} et de la décomposition dans la base choisie.

Théorème 2.5. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n, B = (e 1 , . . . , e n ) une base de E et f une forme n-linéaire
alternée sur E . La forme linéaire f est entièrement déterminée par le scalaire f (e 1 , . . . , e n ). De plus si (v 1 , . . . , v n ) sont n
vecteurs de E dont la matrice associée dans la base B est A = (a i j ), c’est-à-dire


n
vj = ai j e i ,
i =1

alors ( )
∑ ∏
n
f (v 1 , . . . , v n ) = f (e 1 , . . . , e n ) ε(σ) a σ( j ) j .
σ∈S n j =1

2
3 Déterminant dans une base
Conséquence de la formule magique
La base B = (e 1 , . . . , e n ) étant fixée, la valeur de f (e 1 , . . . , e n ) étant fixée, la forme n-linéaire alternée sur E valant 1
pour (e 1 , . . . , e n ) est entièrement déterminée. Cette forme n-linéaire est appelée déterminant dans la base B.

Définition 3.1. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n et B = (e 1 , . . . , e n ) une base de E . On note detB l’unique
forme n-linéaire alternée sur E , valant 1 pour (e 1 , . . . , e n ). De plus si (v 1 , . . . , v n ) sont n vecteurs de E dont la matrice
associée dans la base B est A = (a i j ),

n
vj = ai j e i ,
i =1

alors
∑ ∏
n
detB (v 1 , . . . , v n ) = ε(σ) a σ( j ) j .
σ∈S n j =1

Conséquence de la formule magique


Une des conséquences les plus importantes du théorème 2.5 est que deux formes n-linéaires alternées sur E sont
proportionnelles, ce qui veut dire f = µg , µ ∈ K. Cela permet d’obtenir la formule « changement de base », ou le lien
entre le déterminant relatif à deux bases différentes.

Proposition 3.2. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n et B = (e 1 , . . . , e n ), B ′ = (e 1′ , . . . , e n′ ) deux bases de E . Pour


tous vecteurs v 1 , . . . , v n dans E

detB ′ (v 1 , . . . , v n ) = detB ′ (e 1 , . . . , e n ) detB (v 1 , . . . , v n ),

ce qui se note aussi


detB ′ (v 1 , . . . , v n ) = detB ′ (B) detB (v 1 , . . . , v n ).

Remarque 3.3. Ainsi la famille (u 1 , . . . , u n ) forme une base de E si et seulement si detB (u 1 , . . . , u n ) ̸= 0.

4 Déterminant d’un endormorphisme, d’une matrice


Déterminant d’un endomorphisme
Proposition 4.1 (Définition). Soit E un K-espace vectoriel de dimension n. Soit f un endomorphisme de E . Le scalaire
detB ( f (e 1 ), . . . , f (e n )) est indépendant de la base choisie B dans E .
On l’appelle déterminant de l’endomorphisme f et on le note det( f ).

Remarque 4.2. — On a, pour toute base B, detB ( f (v 1 ), . . . , f (v n )) = det( f ) detB (v 1 , . . . , v n ).


— det(IdE ) = 1.

Proposition 4.3. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n. Soit f et g deux endomorphismes de E . Alors det(g ◦ f ) =
det(g ) det( f ).

Déterminant d’un endomorphisme


Si f est un automorphisme, la proposition 4.3 permet de déduire l’égalité

det( f −1 ) det( f ) = det( f −1 ◦ f ) = det(IdE ) = 1

On obtient donc le lien entre det( f ) et det( f −1 ) :

Proposition 4.4. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n. Soit f un endomorphisme de E .


1
Alors f est un automorphisme si et et seulement si det( f ) ̸= 0. Dans ce cas on a det( f −1 ) = .
det( f )
Pour les « puissances » d’un endormorphisme
(
Proposition 4.5. Soit f un endormorphisme de E et p ≥ 1. Alors det( f p ) = det( f ))p . Cette formule se généralise à des
exposants négatifs quand f est un automorphisme.

3
Déterminant d’une matrice carrée
Soit A = (a i j ) une matrice carrée de taille n à coefficients dans K. Le déterminant d’une matrice peut être défini de
plusieurs façons (équivalentes)
— Si f est l’application linéaire définie de Kn dans Kn , de matrice A dans la base canonique : det(A) = det( f ).
— Si c 1 , . . . , c n désignent les n vecteurs-colonne de A, les c i étant éléments de Kn , det(A) = detBc (c 1 , . . . , c n ) où Bc
est la base canonique
— La formule magique
∑ ∏
n
det(A) = ε(σ) a σ( j ) j .
σ∈S n j =1

Remarque 4.6. Se convaincre que ces trois définitions sont équivalentes.


Notation : On note aussi |A| pour det(A).

Déterminant d’une matrice


Les propositions sur le déterminant d’un endormorphisme ont leur version « matricielle » :

Proposition 4.7. Soit A et B deux matrices carrées de taille n. Alors det(AB ) = det(A) det(B )

Proposition 4.8. Soit A une matrices carrée de taille n. Alors A est inversible si et seulement si det(A) ̸= 0. Dans ce cas
1
on a de plus det(A −1 ) = .
det(A)
Proposition 4.9. Soit A une matrices carrée de taille n et p ≥ 1. Alors det(A p ) = (det(A))p . Cette formule se généralise à
des exposants négatifs quand A est inversible.

Déterminant d’une matrice


Il y a tout de même un peu de « neuf » !

Proposition 4.10. Soit A une matrices carrée de taille n. Alors det(A ⊤ ) = det(A) (le déterminant est invariant par
transposition).

Proposition 4.11. Soit A une matrice triangulaire supérieure de taille n, ce qui veut dire si A = (a i j ), a i j = 0 pour i > j ,
ou encore que  
a 11 a 12 · · · a 1n
 
 0 a 22 

A= . .. 
. .. .. .
 . . . . 
0 ··· 0 a nn
∏n
Alors det(A) = a 11 · · · a nn = i =1 a i i (le produit des éléments de la diagonale).

5 Techniques de base pour le calcul du déterminant d’une matrice


Techniques de base
1. Déterminant 2 × 2 : ¯ ¯
¯a b ¯¯
¯ = ad − bc
¯c d¯

2. Déterminant 3 × 3 par la règle de Sarrus


¯ ¯
¯a 11 a 12 a 13 ¯¯
¯
∆ = ¯¯a 21 a 22 a 23 ¯¯ = a 11 a 22 a 33 + a 12 a 23 a 31 + a 13 a 21 a 32
¯a a 32 a 33 ¯ − (a 31 a 22 a 13 + a 32 a 23 a 11 + a 33 a 21 a 12 ).
31

Pour se rappeler de la formule, le plus simple est de mémoriser le schéma

4
+ + +
a 11 a 12 a 13 a 11 a 12

a 21 a 22 a 23 a 21 a 22

a 31 a 32 a 33 a 31 a 32
− − −

Pour obtenir la règle de Sarrus, on peut par exemple utiliser la « formule magique » en exhibant tous les éléments
de S 3 , calculer leur signature, etc. Il y a 6 éléments dans S 3 qui sont avec leur signature
( ) ( ) ( )
1 2 3 1 2 3 1 2 3
1 2 3 1 3 2 2 1 3
+1 −1 −1

( ) ( ) ( )
1 2 3 1 2 3 1 2 3
2 3 1 3 1 2 3 2 1
+1 +1 −1

La formule magique donne alors

∆ = a 11 a 22 a 33 − a 11 a 32 a 23 − a 21 a 12 a 33 + a 21 a 32 a 13 + a 31 a 12 a 23 − a 31 a 22 a 13 .

Techniques de base
— Déterminant 4 × 4 : très mauvaise nouvelle
Pas de formule aisément mémorisable !

Comment faire ?
Il faut utiliser les propriétés
— le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit des éléments de la diagonale
— on ne modifie pas le déterminant si on ajoute à une ligne (resp. une colonne) une combinaison linéaire des
autres lignes (resp. des autres colonnes)
— permuter deux lignes (resp. colonnes) change le signe du déterminant
— multiplier une ligne (resp. colonne) par λ multiplie le déterminant par λ
— le déterminant est multilinéaire

det(c 1 + c 1′ , c 2 , . . . , c n ) = det(c 1 , c 2 , . . . , c n ) + det(c 1′ , c 2 , . . . , c n )

— l’abus de Sarrus est dangereux pour la santé.

Exemples
Exemple 5.1. Sans utiliser la règle de Sarrus
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ 1 2 3¯ ¯2 1 3¯ ¯2 3 1 ¯
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ 2 0 4¯ = − ¯0 2 4¯ = ¯0 4 2 ¯ = 2 × 4 × (−2) = −16
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯−2 0 0¯ ¯0 −2 0¯ ¯0 0 −2¯

Exemple 5.2. Sans utiliser la règle de Sarrus, si a, b et c sont des réels quelconques
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯1 1 1 ¯¯ ¯¯ 1 0 0 ¯¯ ¯1 0 0 ¯¯
¯ ¯
¯a b c ¯¯ = ¯¯ a b−a c − a ¯¯ = (b − a)(c − a) ¯¯ a 1 1 ¯¯
¯
¯a 2 b 2 c 2 ¯ ¯a 2 b 2 − a 2 c 2 − a 2 ¯ ¯a 2 b + a c + a ¯
¯ ¯
¯1 0 0 ¯¯
¯
= (b − a)(c − a) ¯¯ a 1 0 ¯¯ = (b − a)(c − a)(c − b).
¯a 2 b + a c − b ¯

5
Exemples
Il faut faire très attention : chaque modification est opérée pas à pas et pas simultanément. Sinon on peut faire une
erreur grossière, comme écrire que pour calculer
¯ ¯
¯1 1 1 ¯¯
¯
¯a b c ¯¯
¯
¯a 2 b2 c 2¯

on soustrait la colonne 1 à la colonne 2, la colonne 1 à la colonne 3 et la colonne 3 à la colonne 1 pour obtenir


¯ ¯
¯ 0 0 0 ¯¯
¯
¯ a −c b−a c − a ¯¯ .
¯
¯a 2 − c 2 b2 − a2 c 2 − a2¯

C’est très très faux !


Quitte à écrire des pages et pages, faire les transformations une à une.

Exemples
Exemple 5.3. Calculons ¯ ¯
¯1 1 0 1 ¯¯
¯
¯2 0 ¯¯
¯ 1 1
∆=¯ ¯.
¯1 2 −1 1 ¯
¯ ¯
¯−1 0 −1 −3¯
¯ ¯
¯1 1 0 1 ¯¯
¯
¯0 −1 1 −2¯¯
¯
En agissant avec la ligne 1 sur les lignes 2, 3 et 4 : ∆ = ¯ ¯.
¯0 1 −1 0 ¯
¯ ¯
¯0 1 −1 −2¯
¯ ¯
¯1 1 0 1 ¯¯
¯
¯0 −1 1 −2¯¯
¯
En agissant avec la ligne 2 sur les lignes 3 et 4 : ∆ = ¯ ¯ = 0.
¯0 0 0 −2¯
¯ ¯
¯0 0 0 −4¯

6 Développement du déterminant et comatrice


Prélude au développement du déterminant
Considérons une matrice A = (a i j ) de taille n dont la première ligne n’est composée que de 0 sauf le terme a 11 ,
autrement dit, A est de cette forme  
a 11 0 ··· 0
 
 a 21 a 22 · · · a 2n 
A=  .. .. .. 
.
 . . . 
a n1 · · · a nn

Écrivons A sous la forme d’une matrice bloc


   
a 11 0···0 a 22 a 23 ··· a 2n
   .. 
 a 21  a ··· . 
 32 a 33 
A=
 .. ,


A = . .. 
 . A′   . .. 
 . . . 
a n1 a n2 ··· a nn

avec A ′ matrice carrée de taille n − 1

6
Prélude au développement du déterminant

Lemme 6.1. Sous les hypothèses précédentes, det(A) = a 11 det(A ′ ).

Démonstration. Si a 11 = 0, det(A) = 0 (une ligne de 0), la formule est vraie.


Si a 11 ̸= 0, par action de la ligne 1 sur les lignes 2, . . . , n on en déduit que
 
a 11 0 · · · 0
 
 0 
det(A) = det  .  .
. A ′ 
 . 
0

Pour conclure il suffit de constater que l’application : A ′ ∈ Mn−1 (K) 7−→ det(A) vérifie les hypothèses « forme n − 1–
linéaire alternée ». Donc det(A) = λ det(A ′ ). En prenant A ′ = I n−1 on en déduit que λ = a 11 .

Prélude au développement du déterminant

Remarque 6.2. Par transposition une formule similaire est obtenue pour une 1ère colonne remplie de 0, sauf a 11 .
 
a 11 a 12 · · · a 1n
 
 0 a 22 · · · a 2n 
A= . .. 
. .. .. .
 . . . . 
0 a n2 ··· a nn

Écrivons A sous la forme d’une matrice bloc


   
a 11 a 12 · · · a 1n a 22 a 23 ··· a 2n
   .. 
 0  a ··· . 
 32 a 33 
A=
 .. ′
,


A = . .. 
 . A   . .. 
 . . . 
0 a n2 ··· a nn

avec A ′ matrice carrée de taille n − 1. Alors det(A) = a 11 det(A ′ ).

Développement, exemple
Retrouvons la règle de Sarrus. En utilisant la linéarité du déterminant par rapport à la 2nd colonne, comme
       
a 12 a 12 0 0
a 22  =  0  + a 22  +  0 
a 32 0 0 a 32

on a ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯a 11 a 12 a 13 ¯¯ ¯¯a 11 a 12 a 13 ¯¯ ¯¯a 11 0 a 13 ¯¯ ¯¯a 11 0 a 13 ¯¯
¯
¯a 21 a 22 a 23 ¯¯ = ¯¯a 21 0 a 23 ¯¯ + ¯¯a 21 a 22 a 23 ¯¯ + ¯¯a 21 0 a 23 ¯¯ .
¯
¯a a 32 a 33 ¯ ¯a 31 0 a 33 ¯ ¯a 31 0 a 33 ¯ ¯a 31 a 32 a 33 ¯
31

Par simple permutation de lignes, de colonnes on trouve


¯ ¯ ¯ ¯
¯a 11 a 12 a 13 ¯¯ ¯a 12 a 11 a 13 ¯¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯a 21 a 23 ¯¯
¯a 21 0 ¯
a 23 ¯ = − ¯¯ 0 a 21 ¯
a 23 ¯ = −a 12 ¯¯ ,
¯ a 31 a 33 ¯
¯a 0 a 33 ¯ ¯ 0 a 31 a 33 ¯
31

7
Développement, exemple
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯a 11 0 a 13 ¯¯ ¯ 0 a 11 a 13 ¯ ¯a 22 a 21 a 23 ¯¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯ ¯ ¯a 11 a 13 ¯
¯a 21 a 22 a 23 ¯¯ = − ¯¯a 22 a 21 a 23 ¯¯ = ¯¯ 0 a 11 ¯ ¯
a 13 ¯ = a 22 ¯ ¯,
¯ a 31 a 33 ¯
¯a 0 a 33 ¯ ¯ 0 a ¯ ¯ 0 ¯
31 31 a 33 a 31 a 33
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯a 11 0 a 13 ¯¯ ¯ 0 a 11 a 13 ¯ ¯a 32 a 31 a 33 ¯¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯ ¯ ¯a 11 a 13 ¯
¯a 21 0 ¯ ¯
a 23 ¯ = − ¯ 0 a 21 a 23 ¯ = − ¯¯ 0
¯ a 11 ¯
a 13 ¯ = −a 32 ¯ ¯ ¯.
¯ a 21 a 23 ¯
¯a a 32 a 33 ¯ ¯a ¯ ¯ 0 ¯
31 32 a 31 a 33 a 21 a 23
Conclusion : ¯ ¯
¯a 11 a 12 a 13 ¯¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ ¯a 21 a 23 ¯¯ ¯a 11 a 13 ¯¯ ¯a 11 a 13 ¯¯
¯a 21 a 22 a 23 ¯¯ = −a 12 ¯¯ + a ¯ − a ¯ .
¯ a 31 a 33 ¯ 22 ¯
a 31 a 33 ¯ 32 ¯
a 21 a 23 ¯
¯a a 32 a 33 ¯
31

Ce calcul correspond à « développer le déterminant selon la 2-ème colonne » et permet de retrouver la règle de Sarrus.
Notons que −a 12 = (−1)1+2 a 12 , a 22 = (−1)2+2 a 22 et −a 32 = (−1)3+2 a 32 .

Développement, exemple
 

¯ ¯  a 11 a 12 a 13 
¯  
1+2 ¯a 21 a 23 ¯¯  
— (−1) ¯a est le cofacteur de a 12  a 21 a 22 a 23
: 
a 33 ¯  
31  
 a a a 
31 32 33

 

¯ ¯  a 11 a 12 a 13 
¯  
2+2 ¯a 11 a 13 ¯¯  
— (−1) ¯a ¯ est le cofacteur de a 22 :  a 21 a 22 a 23 
a 33  
31  
 a a a 
31 32 33

 

¯ ¯  a 11 a 12 a 13 
¯  
3+2 ¯a 11 a 13 ¯¯  
— (−1) ¯a ¯ est le cofacteur de a 32 :  a 21 a 22 a 23 
a 23  
21  
 a 31 a 32 a 33 

Cofacteur et comatrice
Sortons le grand jeu, n ≥ 2 quelconque !

Définition 6.3. Soit A une matrice de taille n à coefficients dans K, A = (a i j ).


Pour tout couple d’indice (i , j ), on appelle cofacteur du coefficient a i j la quantité A i j = (−1)i + j ∆i j où ∆i j est le
déterminant d’ordre n − 1 de la matrice obtenue en supprimant dans A la ligne et la colonne de a i j (c’est-à-dire la
ligne i et la colonne j ).

Définition 6.4. Soit A une matrice de taille n à coefficients dans K, A = (a i j ). On appelle comatrice de A la matrice
de Mn (K) de terme général A i j , cette matrice est notée com(A).

Remarque 6.5. Faire un dessin pour une matrice 4 × 4. Écrire la matrice des cofacteurs dans ce cas.

Cofacteurs cas 3 × 3
Pour  
a 11 a 12 a 13

A = a 21 a 22 a 23 
a 31 a 32 a 33

8
la matrice des cofacteurs est
 ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯a 22 a 23 ¯¯ ¯a 21 a 23 ¯¯ ¯a 21 a 22 ¯¯
 ¯¯a ¯ − ¯¯ ¯
¯
¯a a 32 ¯
 32 a 33 a 31 a 33 31 
 
 ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
 ¯a 12 a 13 ¯¯ ¯a 11 a 13 ¯¯ ¯a 11 a 12 ¯
¯
com(A) =  ¯
− ¯a ¯
¯
¯a ¯ − ¯¯ 
 32 a 33 31 a 33 a 31 a 32 ¯ 
 ¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
 ¯ 
 ¯a 12 a 13 ¯¯ ¯a 11 a 13 ¯¯ ¯a 11 a 12 ¯¯
¯a ¯ − ¯¯ ¯
¯
¯a
22 a 23 a 21 a 23 21 a 22 ¯

Développement du déterminant
Proposition 6.6 (développement selon une ligne i ). Soit A une matrice de taille n (n ≥ 2) à coefficients dans K, A =
(a i j ). Pour tout i ∈ {1, . . . , n} on a

n ∑
n
det(A) = (−1)i + j a i j ∆i j = ai j A i j .
j =1 j =1

Cette relation est le développement du déterminant de A suivant la ligne i .


Comme le déterminant est invariant par transposition, la version « colonne » :
Proposition 6.7 (développement selon une ligne i ). Soit A une matrice de taille n à coefficients dans K, A = (a i j ).
Pour tout j ∈ {1, . . . , n} on a

n ∑
n
det(A) = (−1)i + j a i j ∆i j = ai j A i j .
i =1 i =1
Cette relation est le développement du déterminant de A suivant la colonne j .

Une dernière formule magique


Il y a une relation qui lie A, com(A) et det(A). Celle relation (qui n’est d’aucune utilité numérique en général)
permet aussi d’exprimer A −1 en fonction de det(A) et com(A). On en déduit que A −1 est une fonction (polynomiale)
des coefficients de A divisée par det(A).
Proposition 6.8. Soit A une matrice de taille n (n ≥ 2) à coefficients dans K, A = (a i j ). Alors

A com(A)⊤ = com(A)⊤ A = (det(A))I n .

En particulier si A est inversible alors


1
A −1 = com(A)⊤ .
det(A)

Remarque sur la dernière formule magique


La formule est magique. Cependant du point de vue calculatoire elle n’a pas d’intérêt. Inverser une matrice de taille
n avec cette formule, requiert le calcul de n déterminant de taille n − 1 et d’un déterminant de taille n.
Dans le même esprit, calculer un déterminant de taille n revient, par développement par rapport à une ligne, à
calculer n déterminant de taille n − 1. Par récurrence, le calcul d’un déterminant de taille n aura une complexité
(nombre d’opérations) au moins d’ordre n!.
Donc inverser une matrice de taille n requiert avec la formule magique une complexité au moins de l’ordre n(n!).
C’est trop, beaucoup trop. Alors qu’un bon vieux pivot de Gauss donnera une complexité en O(n 3 ).

Exemples
¯ ¯
¯−1 1 −2 −1¯
¯ ¯
¯−2 0 0 ¯¯
¯ 0
Exemple 6.9. Pour calculer ∆ = ¯ ¯ on développe par rapport à la 2ème ligne et on obtient
¯ 1 −1 1 2¯
¯ ¯
¯−1 1 2 0¯
¯ ¯ ¯ ¯
¯ 1 −2 −1¯ ¯1 −2 −1¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯ ¯ ¯−1 1¯
2+1 ¯
∆ = (−1) (−2) ¯−1 1 ¯ ¯ ¯ ¯
2 ¯ = 2 ¯0 −1 1 ¯ = 2 ¯ ¯ = 2(−1 − 4)
¯1 ¯ ¯ ¯ 4 1¯
2 0 0 4 1 = − 10.

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(l’apparition de 0 dans le 2nd déterminant 3 × 3 se fait par la technique « action de la 1ère ligne sur les 2ème et 3ème
lignes », puis développement du déterminant 3 × 3 par rapport à la 1ère ligne). Avec la règle de Sarrus
¯ ¯
¯ 1 −2 −1¯
¯ ¯
¯−1 1 2 ¯¯ = −4 + 2 + 1 − 4 = −5, ce qui conduit au même résultat 2 × (−5).
¯
¯1 2 0¯

Exemples
¯ ¯
¯−2 −1 0 2 ¯¯
¯
¯2 0 −7 −1¯¯
¯
Exemple 6.10. Pour calculer ∆ = ¯ ¯ on développe par rapport à la 3ème colonne et on obtient
¯1 1 0 −1¯
¯ ¯
¯2 1 0 −1¯
¯ ¯ ¯ ¯
¯−2 −1 2 ¯ ¯0 1 2 ¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯ ¯ ¯−1 2¯
2+3 ¯
∆ = (−1) (−7) ¯ 1 ¯ ¯ ¯ ¯
1 −1¯ = 7 ¯0 0 −1¯ = 7 ¯ ¯ = −7,
¯2 ¯ ¯ ¯ 0 1¯
1 −1 1 0 −1

sachant que l’apparition de 0 dans le 2ème déterminant 3 × 3 se fait par la technique « action de la 3ème colonne sur
les 1ère et 2ème colonnes » et qu’ensuite on développe par rapport au terme d’indice (3, 1) (3ème ligne, 1ère colonne).

Exemples
¯ ¯
¯−2 −1 −2 1 ¯
¯ ¯
¯2 2 −1 2 ¯¯
¯
Exemple 6.11. Pour calculer ∆ = ¯ ¯ développer directement par rapport à une ligne ou une colonne
¯1 2 1 0¯
¯ ¯
¯0 1 −1 −1¯
n’est pas le plus judicieux. Cela demanderait de calculer 3 déterminants 3 × 3.
On commence par faire apparaître des 0, par exemple en agissant avec la 2ème colonne sur les 3ème et 4ème
colonnes, puis un classique développement par rapport à la 4ème ligne
¯ ¯
¯−2 −1 −3 0¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯−2 −3 0¯ ¯0 3 4¯
¯2 ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ 2 1 4¯
∆=¯ ¯ = (−1)4+2 ¯¯ 2 1 4¯¯ = ¯¯0 −5 0¯¯ = 20
¯1 2 3 2¯ ¯1
¯
¯0
¯ 3 2¯ ¯1 3 2¯
1 0 0¯

Exemple 6.12. Si a, b et c sont des réels quelconques, donner une expression factorisée du déterminant
¯ ¯
¯0 1 1 1 ¯¯
¯
¯1 0 −a b ¯
¯ ¯
∆=¯ ¯.
¯1 a 0 −c ¯
¯ ¯
¯1 −b c 0¯

En faisant agir la ligne 2 sur les lignes 3 et 4, puis en développant par rapport à la ligne 2, on a
¯ ¯
¯0 1 1 1 ¯¯ ¯ ¯
¯ ¯ 1 1 ¯¯
¯1 0 −a ¯ ¯ 1
¯ b ¯
∆=¯ ¯ = − ¯¯ a a −b − c ¯¯
¯0 a a −b − c ¯ ¯−b c + a
¯
¯0 −b c + a
¯ −b ¯
−b ¯

En retranchant la colonne 1 aux colonnes 2 et 3 on obtient


¯ ¯
¯ 1 0 0 ¯ ¯ ¯
¯ ¯ ¯ 0 −b − c − a ¯¯
¯
∆ = −¯ a ¯
−b − c − a ¯ = − ¯¯ 2
0
c +a +b 0 ¯ = −(a + b + c) .
¯−b c + a + b 0 ¯

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