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Université Toulouse III Année 2022-2023

TD Ensemble 2 - Printemps Feuille n◦ 3

Arithmétique dans Z

On rappelle que l’on Z = {. . . , −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, . . .} est l’ensemble des entiers (ou entiers relatifs) et N =
{0, 1, 2, 3, . . .} est l’ensemble des entiers naturels. Avec n, m entiers, la notation Jn, mK désigne l’ensemble des
entiers k vérifiant n ≤ k ≤ m.

1 Eléments fondamentaux d’arithmétiques.


1.1 Divisibilité et division euclidienne.
Définition 1. Soient a, b ∈ Z deux entiers. On dit que a divise b (ou que b est un multiple de a) s’il existe un entier
c ∈ Z tel que b = a c. On note alors a | b.
La relation de divisibilité est une relation d’ordre sur N? .
Proposition 1
Soient a, b et c des entiers.

1. Si a | b et b | c, alors a | c.
2. Soient m et n deux autres entiers. Si c | a et c | b, alors c | (ma + nb).
3. Si a | b et b | a, alors a = b ou a = −b.

Théorème 2 (Théorème de la division euclidienne)


Soient a ∈ Z et b ∈ N∗ . Il existe alors un unique couple (q, r ) dans Z × N vérifiant :

a = bq + r et 0 ≤ r < b.

Les entiers a, b, q et r sont respectivement appelés dividende, diviseur, quotient et reste de la division
euclidienne de a par b.

Exercice 1. Prouver le Théorème 2.


Exercice 2. Soit A une partie de Z vérifiant
• si a et b sont dans A alors a + b est dans A.

• si a est dans A et k est un entier quelconque alors ka est dans A.


On dit que A est un idéal de Z.
1. Montrer que si A n’est pas réduit à la partie {0} alors l’ensemble A ∩ N? est non vide.
2. En posant d = min A ∩ N? , montrer que

A = dZ = {dk |k ∈ Z } .

1.2 Systèmes de numération.


Théorème 3
Soit b un entier tel que b ≥ 2. Pour tout entier a ∈ N∗ , il existe un unique entier n ∈ N et un unique
(n + 1)-uplet ( a0 , a1 , . . . , an ) ∈ Nn+1 tels que

a = an bn + · · · + a2 b2 + a1 b + a0 , an 6= 0 et ∀ i ∈ J0, nK, 0 ≤ ai < b

Cette écriture est appelée écriture en base b de l’entier a. Les entiers ai sont les chiffres de l’entier a dans
la base b. Elle sera notée an an−1 . . . a2 a1 a0 b .

L’écriture décimale usuelle correspond à la base b = 10 et on écrit simplement an an−1 . . . a2 a1 a0 au lieu de


an an−1 . . . a2 a1 a0 10 . Pour b = 2, on obtient les décompositions binaires des entiers. Pour b = 8, (resp. b = 16)
on obtient les décompositions octales (resp. hexadécimales) des entiers. Dans le cas hexadécimal, la convention
est d’introduire les notations suivantes pour désigner les chiffres allant de 10 à 15 :

A = 10 B = 11 C = 12 D = 13 E = 14 F = 15

La preuve du Théorème 3 repose sur la division euclidienne. Pour une base b choisie et pour tout entier
positif a, si l’égalité a = an bn + · · · + a2 b2 + a1 b + a0 est vérifiée, alors, nécessairement, le reste de la division
euclidienne de a par b est a0 et son quotient est an bn−1 + · · · + a2 b + a1 . A nouveau, a1 est le reste de la division
euclidienne de ce quotient par b, etc. Les valeurs cherchées s’obtiendront ainsi comme restes de divisions
successives par b. La preuve du Théorème repose sur ce principe en utilisant une récurrence appliquée à
chaque entier a.
Proof : Soit donc b ≥ 2 un entier et a ∈ N∗ . On veut montrer la propriété

P( a) : ∃ ! ( a0 , a1 , . . . , an ) ∈ Nn+1 , a = an bn + · · · + a2 b2 + a1 b + a0 , an 6= 0 et ∀ i ∈ J0, nK, 0 ≤ ai < b

Si a < b, alors P( a) est vraie avec n = 0 et a0 = a.


On fait à présent l’hypothèse de récurrence suivante :
( HR) Pour a ≥ b, P( x ) est vrai pour tous les entiers x ∈ J1, a − 1K

Il faut montrer que P( a) est alors vraie. On pose a0 = a mod b ∈ J0, b − 1K et la division euclidienne donne l’existence
d’un entier q tel que a = bq + a0 . On note que q 6= 0 (sinon, on aurait a = a0 < b). Par ailleurs, q < a (car b > 1 et q > 0
impliquent q < bq ≤ bq + a0 = a) et cela permet d’appliquer l’hypothèse de récurrence ( HR) à q, selon laquelle il existe
un n-uplet d’entiers ( a1 , . . . , an ) tel que q = an bn−1 + · · · + a2 b2 + a1 avec an 6= 0 et ∀ i ∈ J1, nK, 0 ≤ ai < b. L’égalité
a = bq + a0 = b( an bn−1 + · · · + a2 b2 + a1 ) + a0 donne bien la propositionriété cherchée : a = an bn + · · · + a2 b2 + a1 b +
a0 , an 6= 0 et ∀ i ∈ J0, nK, 0 ≤ ai < b. Ceci termine la preuve de l’existence de la décomposition de tout entier strictement
positif en base b.
Pour montrer l’unicité, on suppose l’existence de deux décompositions :

a = an bn + · · · + a2 b2 + a1 b + a0 = a0n bn + · · · + a20 b2 + a10 b + a00

et on montre que l’on a nécessairement ai = ai0 pour tout i de J0, nK. Cela est évident si a < b car alors les deux
décompositions se réduisent à a0 = a00 . Et le même raisonnement par récurrence que celui utilisé précédemment permet
de conclure à l’unicité des coefficients pour tous les a > 0.

Exercice 3.

1. Exprimer le nombre décimal 1274 en binaire, puis en hexadécimal.


2
2. Exprimer le nombre binaire 100111010110 en décimal, puis en hexadécimal.
16
3. Exprimer le nombre hexadécimal 1CAFE en décimal, puis en binaire.

2
Exercice 4. Soit l’entier a d’écriture 111010110 en binaire.
1. Donner l’écriture binaire de 2a, 4a, 8a.
2 2
2. Soient b = 1001111 et c = 1010 . Donner les écritures binaires de a + b et de a × c .
2 Algorithme d’Euclide.
2.1 Plus grand diviseur commun - PGCD.
Pour deux entiers a et b non nuls, notons

D( a, b) = { n ∈ N∗ : n | a et n | b }
l’ensemble des diviseurs communs à a et b. Cet ensemble est non vide (car 1 est dedans) et borné (par
min(| a|, |b|)). On peut donc considérer son plus grand élément et définir le plus grand diviseur commun.
Définition 2. Si ( a, b) ∈ N∗ × N∗ , on appelle plus grand commun diviseur (PGCD) de a et b le plus grand entier
qui divise a et b.
On le notera PGCD( a, b) ou bien a ∧ b.
L’algorithme d’Euclide consiste en une suite de divisions euclidiennes qui permet de calculer le PGCD en
vertu de la remarque suivante
(?) Pour tous les entiers non nuls a, b et k, PGCD( a, b) = PGCD( a, b + ka)
La preuve en est immédiate car il est clair que D( a, b) = D( a, b + ka) mais l’algorithme d’Euclide va en faire
un usage remarquable.
Algorithme d’Euclide. Avec a > b, on effectue les divisions euclidiennes successives:

a = bq1 + r1 avec 0 < r1 < b


b = r1 q2 + r2 avec 0 < r2 < r1
r1 = r2 q3 + r3 avec 0 < r3 < r2
..
.
r k −1 = r k q k +1 + r k +1 avec 0 < rk+1 < rk
..
.
r n −2 = r n −1 q n + r n avec 0 < rn < rn−1
r n −1 = r n q n +1 c’est à dire rn+1 = 0.

Les restes des divisions forment une suite décroissante r = r1 > r2 > r3 > . . . > rn > rn+1 = 0 de nombres
positifs. Le dernier reste non nul est le PGCD de a et b car, d’après (?), on a

rn = PGCD(rn , rn−1 ) = PGCD(rn−1 , rn−2 ) = . . . = PGCD(r2 , r1 ) = PGCD(r1 , b) = PGCD( a, b) .

Exemple 1. Des divisions euclidiennes successives suivantes

4836 = 1 × 2886 + 1950


2886 = 1 × 1950 + 936
1950 = 2 × 936 + 78
936 = 12 × 78 + 0

on déduit que PGCD(4836, 2896) = 4836 ∧ 2886 = 78.


Exercice 5. Utiliser l’algorithme d’Euclide pour trouver 28359 ∧ 25185.
Exercice 6. Montrer que
a2 ∧ b2 = ( a ∧ b )2 .

Exercice 7. Soit a, n, m ∈ N∗ tel que m > n et a ≥ 2.


1. Montrer que PGCD( am − 1, an − 1) = PGCD( am − an , an − 1) = PGCD( am−n − 1, an − 1).
2. En déduire que si m = qn + r avec 0 ≤ r < n est la division euclidienne de m par n, alors on a PGCD( am −
1, an − 1) = PGCD( ar − 1, an − 1).
3. En déduire que si PGCD(m, n) = 1 alors PGCD( am − 1, an − 1) = a − 1.
4. Montrer an − 1| am − 1 si et seulement si n|m.
5. Soit Nn le nombre écrit en base 10 avec n chiffre 1, par exemple N2 = 11, N3 = 111 et N4 = 1111. Montrer
que Nm | Nn si et seulement si m|n.
2.2 Plus petit multiple commun - PPCM.
Pour deux entiers a et b non nuls, notons

M( a, b) = { n ∈ N∗ : a | n et b | n } = aN∗ ∩ bN∗

l’ensemble des multiples communs à a et b. Cet ensemble est non vide (car ab est dedans). On peut donc
considérer son plus petit élément et définir le plus petit multiple commun.
Définition 3. Si ( a, b) ∈ N∗ × N∗ , on appelle plus petit commun multiple (PPCM) de a et b le plus petit entier
qui est divisé par a et b. On le notera PPCM( a, b) ou bien a ∨ b.
Proposition 4
Soient a, b, d ∈ N on a
1. PGCD(da, db) = dPGCG( a, b) et PPCM(da, db) = dPPCM( a, b);

2. PPCM( a, b)PGCD( a, b) = ab.

Exercice 8. Le but de l’exercice est de montrer la proposition 4. Soit a, b ∈ N.

1. Montrer que si d ∈ N, on a PGCD(da, db) = dPGCG(da, db) et PPCM(da, db) = dPPCM( a, b).
2. Montrer que si PGCD( a, b) = 1 alors PPCM( a, b) = ab.
 
3. Montrer que si d = PGCD( a, b) alors PGCD da , db = 1.

4. En déduire que PPCM( a, b)PGCD( a, b) = ab.

2.3 Relation de Bezout


Définition 4. Soient a et b deux entiers. On appelle combinaison linéaire entière de a et b toute expression de la
forme ma + nb avec m et n entiers.
L’ensemble des combinaisons linéaires entières de a et b est donc l’ensemble

aZ + bZ = {ma + nb , m, n ∈ Z}.

Théorème 5

Soient a et b deux entiers non tous les deux nuls. Le PGCD de a et b est la plus petite combinaison linéaire
entière de a et b strictement positive. Autrement dit :

PGCD( a, b) = Min (N∗ ∩ aZ + bZ)




Proof : Soit d = Min (N∗ ∩ aZ + bZ) . Ce minimum existe toujours. On considère k et l tels que


d = ka + lb.

Vérifions d’abord que d est un diviseur commun à a et à b. Par la division euclidienne, il existe (q, r ) ∈ Z × N tel que
a = dq + r avec 0 ≤ r < d. On en déduit que r ∈ aZ + bZ puisque r = a − dq = a − q(ka + lb) = (1 − qk ) a − (ql )b. Les
inégalités 0 ≤ r < d et le fait que d soit le plus petit élément strictement positif de aZ + bZ entraı̂nent alors r = 0. On en
déduit que a = dq, i. e., que d divise a. Par le même raisonnement, on trouve que d divise b.
Vérifions ensuite que d est le plus grand diviseur commun à a et à b. Ceci est immédiat car si on se donne un nombre n qui
divise a et b, alors n divise ka et bl et donc également d = ak + bl.

Une conséquence immédiate du Théorème 5 est donc le théorème suivant.


Théorème 6 (Théorème de Bezout)
Soient a et b deux entiers non tous les deux nuls. Il existe deux entiers u et v tels que
a ∧ b = au + bv
Cette égalité est appelés identité de Bezout de a et b.

Exercice 9.

1. Soient ( a, b) ∈ N∗ × N∗ . Montrer qu’il existe une infinité de couples (u, v) tels que ua + vb = 0.
2. En déduire que pour tout couple d’entiers ( a, b) 6= (0, 0), il existe une infinité de relations de Bezout.

L’algorithme d’Euclide étendu permet de trouver le PGCD de deux nombres a et b ainsi qu’une décomposition
de Bezout. Son principe consiste à exprimer les restes des divisions successives dans l’algorithme d’Euclide
en fonction de a et b. On note alors que si rk−1 = uk−1 a + vk−1 b et rk = uk a + vk b de a et b, on obtient
rk+1 = uk+1 a + vk+1 b avec : 
u k +1 = u k −1 − q k +1 u k
v k +1 = v k −1 − q k +1 v k
Le tableau suivant résume cet algorithme (qui montre que a ∧ b = rn = un a + vn b) :

k r u v q

−1 a 1 0

0 b 0 1

1 r1 1 − q1 q1

.. .. .. .. ..
. . . . .

k−1 r k −1 u k −1 v k −1 q k −1

k rk uk vk qk

k+1 r k +1 u k −1 − q k +1 u k v k −1 − q k +1 v k q k +1

.. .. .. .. ..
. . . . .

n rn = d un vn qn

n+1 0

Exercice 10. Reprendre les calculs de l’Exercice 5 en appliquant l’algorithme d’Euclide étendu pour trouver
une décomposition de Bezout du PGCD de 28359 et 25185.

2.4 Equations linéaires diophantiennes


Il s’agit de trouver les solutions entières de l’équation

(1) ax + by = c

où a, b et c sont des entiers ; dit autrement, on cherche les couples d’entiers ( x, y) vérifiant (1). On notera S
l’ensemble des solutions de (1).
Théorème 7
Soient a et b deux entiers et d = PGCD( a, b). L’équation diophantienne

(1) ax + by = c

(i) n’a pas de solution si d ne divise pas c


(ii) a une infinité de solutions si d divise c.
De plus, si ( x0 , y0 ) est un couple solution de (1), l’ensemble des couples :
 
b a
x0 + k , y0 − k avec k ∈ Z
d d

est l’ensemble des solutions de (1).

Exercice 11. Résoudre les équations linéaires diophantiennes :


a). 17x + 13y = 100 b) 60x + 18y = 97 c) 1401x + 1969y = 1
Exercice 12. Prouver le Théorème 7.

3 Nombres premiers
Le résultat suivant est très élémentaire mais d’une grande utilité :
Lemma 8 (Lemme de Gauss)
Soient a, b et c trois entiers non nuls. On a l’implication :

PGCD ( a, b) = 1
=⇒ a|c
a | bc

Proof : D’après le théorème de Bezout (Théorème 6), il existe un couple (u, v) dans Z2 tel que au + bv = 1. Ainsi, c =
cau + cbv et a | c puisque a divise acu (car a | a) et bcv (car a | bc).


Exercice 13. 1. Montrer que si p est premier alors p n’est pas rationnel.
2. Montrer que si n ∈ N est un carré dans Q alors c’est un carré dans Z.
3. Démontrer que la racine positive de l’équation x5 + x = 10 est irrationnelle.

Proposition 9
Si a et a0 sont des entiers premiers
 avec l’entier b, alors aa0 aussi.
a∧b = 1
Dit autrement : 0 =⇒ ( aa0 ) ∧ b = 1
a ∧b = 1

Proof : Soit d un diviseur positif de aa0 et b. Comme a et b sont premiers entre eux, le théorème de Bezout nous dit qu’il
existe un couple d’entiers (u, v) tel que au + bv = 1 ; on en déduit que a0 = a0 au + a0 bv et que d divise a0 . Ainsi, d est un
diviseur commun à a0 et b et finalement d = 1 puisque PGCD( a0 , b)=1.

Exercice 14. Montrer que si a ∧ b = 1 alors a − b ∧ a + b est égal à 1 ou 2. De même, pour a2 + b2 ∧ a + b.


Définition 5. Un nombre premier est un entier supérieur ou égal à 2 admettant seulement 1 et lui-même comme diviseurs
positifs.
Deux nombres entiers sont dits premiers entre eux lorsque leur PGCD est égal à 1.
Théorème 10 (Théorème fondamental de l’arithmétique)
Tout entier supérieur ou égal à 2 admet une décomposition en produit de nombres premiers, unique à
l’ordre près des facteurs.

Dit autrement, pour tout entier n ≥ 2, il existe une unique suite p1 , p2 , . . ., p j de nombres premiers, deux
à deux distincts et rangés par ordre croissant (i. e. p1 < p2 < . . . < p j ) et un unique j-uplet (k1 , k2 , . . . , k j )
d’entiers strictement positifs tels que
k kj
n = p11 p2k2 . . . p j
Nous allons établir deux lemmes avant de passer à la preuve du Théorème 10.
Lemma 11
Tout entier supérieur ou égal à 2 admet au moins un diviseur premier (i. e. au moins un diviseur qui est
un nombre premier).

Proof : Raisonnons par l’absurde et supposons que l’ensemble

Z = {n ∈ N , n ≥ 2 , n n0 admet pas de diviseur premier }

soit non vide. Soit M = Min( Z ) (toute partie de N admet un plus petit élément). Alors M n’est pas premier (car sinon M
est un nombre premier qui divise M et ne peut donc être dans Z) et il existe a, b deux entiers positifs tels que M = ab avec
1 < a, b < M. Mais a < M = Min Z implique que a admet un diviseur premier p. Comme p | a et a | M, on aboutit à p | M,
ce qui contredit l’hypothèse de départ.

Lemma 12
Si un nombre premier p divise le produit a1 a2 . . . an de n entiers, alors p divise au moins l’un de ces n
entiers.
PREUVE DU TH ÉOR ÈME 10.

Existence de la décomposition Soit N ≥ 2 un entier ; on suppose que N n’est pas premier (car si N est
premier l’assertion à prouver est évidente) et soit p le plus petit diviseur de N trictement supérieur à
1. Forcément, p est premier (sinon, il serait décomposable et ne serait le pas plus petit diviseur de N
strictement supérieur à 1...) et N = pN1 . Si N1 est premier, N est le produit de deux entiers premiers. Si
N1 n’est pas premier, on recommence : N1 = p2 N2 avec p2 premier. Si N2 est premier, N est le produit
de trois entiers premiers. Si N2 n’est pas premier, on recommence... Le procédé s’arrête nécessairement
après un nombre fini d’itérations (sinon N serait plus grand que 2k pour tout entier k, ce qui est absurde)
et N se décompose en un produit p1 p2 . . . pn de nombres premiers pi .
Unicité, à l’ordre près des facteurs, de la décomposition Supposons que

N = q1 q2 . . . q m

soit une autre décomposition de N en produit d’entiers premiers. D’après le Lemme 12, p1 divise l’un des
qi , par exemple (quitte à réarranger l’ordre des qi ) q1 . Comme ces nombres sont premiers, on a p1 = q1
et p2 q3 . . . qn = q2 q3 . . . qm . On itère le raisonnement pour conclure que p2 = q2 et, finalement, la seule
possibilité est d’avoir n = m et { p1 , p2 , . . . , pn } = {q1 , q2 , . . . , qn }.
Exercice 15. 1. Montrer qu’il existe une infinité de nombres premiers. (indication ; on pourra raisonner
par l’absurde : supposer que p1 , p2 , · · · , pk est la liste de tous les nombres premiers et considérer alors
P = p1 p2 · · · pk + 1).
2. On veut montrer qu’il existe une infinité de nombres premiers de la forme 4k + 3. Soit X l’ensemble des
nombres premiers de la forme 4k + 3 avec k ∈ N.

(a) Montrer que X est non vide.


(b) Montrer que le produit de nombres de la forme 4k + 1 est encore de cette forme.
(c) On suppose que X est fini et on l’écrit alors X = { p1 , p2 , . . . pn }. Soit N = 4p1 p2 . . . pn−1 + 3.
Montrer par l’absurde que N admet un diviseur premier de la forme 4k + 3.
(d) Montrer que ceci est impossible et donc que X est infini.

Exercice 16. Montrer que 24 divise p2 − 1 si p est un nombre premier plus grand que 5.
Exercice 17. Soit p un nombre premier et k ∈ J1, p − 1K (i. e., k est un entier qui vérifie 1 ≤ k ≤ p − 1). Montrer
que p divise le coefficient binomial ( kp).

4 Congruences
Définition 6. Soient a et b deux entiers. On dit que a est congru à b modulo n si n divise b − a. On écrit alors a ≡ b
mod n ou a ≡ b [n].
On a donc :
a≡b mod n ⇐⇒ a−b ≡ 0 mod n

⇐⇒ n | ( a − b)

⇐⇒ ∃ k ∈ Z , a = b + kn
On rappelle que la congruence est une relation d’équivalence et que l’addition et la multiplication passe au
quotient. On a donc les propriétés suivantes :
Proposition 13
Soient a, b, c et d des entiers tels que a ≡ b mod n et c ≡ d mod n. On a alors :
• a + c ≡ b + d mod n
• ac ≡ bd mod n

Exercice 18. Soit a ∈ N et a = an an−1 · · · a1 a0 son écriture décimale.

1. Montrer que a est divisible par 3 si, et seulement si, la somme des chiffres de son écriture en base 10 est
un multiple de 3
2. Montrer que a est divisible par 9 si, et seulement si, la somme des chiffres de son écriture en base 10 est
un multiple de 9
3. Montrer que a est divisible par 11 si, et seulement si, 11 divise la somme alternée de ses chiffres.

La résolution de l’équation :
(1) ax ≡ b mod n
se ramène à la résolution de l’équation diophantienne :

(2) ax − ny = b

En effet, si x vérifie (1), il existe un entier y tel que ax = b + ny et ( x, y) est solution de (2). Réciproquement,
si ( x, y) est solution de (2), alors ax = b + ny, i. e. x est solution de (1). La résolution de (1) est donc donnée
par celle de (2) et la proposition qui suit est un corollaire du Théorème 7 :
Théorème 14
Soit n un entier strictement positif fixé, ( a, b) un couple d’entiers et d = a ∧ n. L’équation :

(1) ax ≡ b mod n

1) n’a pas de solutions si d ne divise pas b


2) a exactement d solutions distinctes modulo n si d|b.

Remarque 1. Il découle de la preuve du théorème des equations diophantiennes que si x0 est une solution de
(1), l’ensemble des d solutions modulo n est donné par :
n n n
x0 , x0 + , x0 + 2 , . . . , x0 + ( d − 1)
d d d
Exercice 19. Résoudre les congruences linéaires :

a) 24x ≡ 9 mod 75 b) 24x ≡ 9 mod 77 c) 24x ≡ 8 mod 78 d) 24x ≡ 8 mod 76

Exercice 20. Soit n ≥ 2 un entier. Pour tout entier a, on dit que a est inversible modulo n s’il existe un entier b
tel que ab ≡ 1 mod n ; b est alors appelé inverse de a modulo n.
1. Montrer qu’un entier a est inversible modulo n si, et seulement si, a ∧ n = 1.
2. Montrer que si a est inversible modulo n alors son inverse modulo n est unique.
3. (Théorème de Wilson) Soit p un nombre premier. Montrer que ( p − 1)! ≡ −1 mod p.
4. Montrer que la réciproque est vrai pour n ≥ 2 (i. e., si n ∈ N \ {0, 1} et (n − 1)! ≡ −1 mod n, alors n est
premier).

4.1 Théorème des restes chinois


Lemma 15
Soit n un entier ≥ 2 et soient x1 , x2 , . . . , xn , n entiers premiers entre eux pris deux à deux (i. e. ∀ (i, j) ∈
{1, 2, . . . , n}2 , i 6= j =⇒ PGCD( xi , x j ) = 1). On a alors pour tout entier a :

( x1 x2 . . . xn ) | a ⇐⇒ ∀ i ∈ {1, 2, . . . , n}, xi | a

Théorème 16 (Théorème des restes chinois)


Soient m1 , m2 , . . . , mk k entiers positifs premiers entre eux pris deux à deux. Alors, pour tout k-uplet
( a1 , a2 , . . . , ak ) de Zk , le système de congruences :


 x≡ a1 mod m1
 x≡

a2 mod m2
(S) ..


 .
x≡ ak mod mk

admet une unique solution modulo m = m1 m2 . . . mk .

Proof : On pose m = m1 M1 = m2 M2 = . . . = mk Mk . Alors, Mi est premier avec mi et admet donc un inverse Ni modulo
mi d’après l’exercice 20. L’entier
x = M1 N1 a1 + M2 N2 a2 + . . . + Mk Nk ak
est alors une solution de (S). Le Lemme 15 assure que deux solutions distinctes de (S) diffèrent d’un multiple de m =
m1 m2 . . . m k .

Exercice 21. Résoudre le système 


 x ≡ 1 mod 3
x ≡ 5 mod 7
x ≡ 9 mod 13

Exercice 22. Un jeu de cartes comporte 4 couleurs. Chaque couleur admet au moins cinq cartes.

1. On considère un jeu comportant un nombre de cartes compris entre 52 et 104 (au sens large). Lorsqu’on
distribue les cartes à trois joueurs, on peut laisser 6 cartes. Il en est de même lorsque quatre joueurs
interviennent. Enfin, à cinq joueurs, on doit laisser 3 cartes non distribuées. De combien de cartes au
minimum se compose ce jeu?
2. Si l’on voulait laisser dans ces mêmes conditions (3, 4 et enfin 5 joueurs), deux cartes (à trois joueurs),
trois cartes (à quatre) et quatre (à cinq), de combien de cartes devrait se composer le jeu correspondant?

Exercice 23. Avec a1 , a2 , m1 , m2 , des entiers positifs, on considère le système



x ≡ a1 mod m1
(S)
x ≡ a2 mod m2

1. Montrer que le système (S) admet des solutions si, et seulement si, m1 ∧ m2 divise a1 − a2 .
2. On suppose que m1 ∧ m2 divise a1 − a2 . Montrer que (S) admet une unique solution modulo m1 ∨ m2 .

x ≡ 16 mod 21
3. Résoudre le système
x ≡ 1 mod 24
4.2 Petit théorème de Fermat
Théorème 17 (petit théorème de Fermat)
Soit p un nombre premier et a un entier non multiple de p. Alors

a p −1 ≡ 1 mod p

Exercice 24. Soit p un nombre premier.


1. Déduire de l’exercice 17 que si a et b sont deux entiers, alors ( a + b) p ≡ a p + b p mod p.
2. En déduire que ( a + 1) p ≡ a p + 1 mod p.
3. Montrer par récurrence sur a ≥ 0 que pour tout entier a ≥ 0, on a

a p ≡ a mod p.

4. Prouver le petit théorème de Fermat.

Exercice 25. 1. Montrer que 13 divise 270 + 370


2. Calculer le reste de la division euclidienne de 20222022 par 31.

3. Montrer que, pour tout n ∈N , 3n13 + 4n11 + n7 + 3n5 + 3n est un multiple de 7.

Exercice 26. 1. Soient p1 , p2 , · · · , pk , une suite de k nombres deux-à-deux premiers entre eux et soient a, b,
deux entiers tels que a ≡ b mod pi pour tout i de J1, kK. Montrer que a ≡ b mod P où P = p1 p2 · · · pk
est le produit des k nombres entiers p1 , p2 , · · · , pk .
2. Montrer que pour tout entier n, n13 ≡ n mod 2730.

Exercice 27. (nombres de Carmichael)

1. Vérifier que 561 ≡ 1 mod 2, 561 ≡ 1 mod 10 et 561 ≡ 1 mod 16.


2. Montrer que, pour tout entier a, a561 ≡ a mod 3, a561 ≡ a mod 11 et a561 ≡ a mod 17.

3. Montrer que, pour tout entier a, a561 ≡ a mod 561.


4. Que peut-on dire de la réciproque du petit théorème de Fermat ?

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