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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 10/01/2015

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé 4 – Suites, structures algébriques, arithmétique

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raisonnements
entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent être éteints
et rangés.

Problème 1 – Nombres de Carmichael

Le but de ce problème est d’étudier certaines propriétés des nombres de Carmichael, nombres composées qui satisfont
tout de même la propriété du petit théorème de Fermat. Notre but est notamment de donner une caractérisation des

nombres de Carmichael en fonction de l’indicateur de Carmichael λ(G), défini comme l’exposant du groupe (Z/nZ)
des éléments inversibles de l’anneau Z/nZ, donc comme le ppcm des ordres des éléments de ce groupe. Pour étudier cet
indicateur de Carmichael, nous commençons par l’étude des groupes (Z/nZ)∗ , éléments inversibles de l’anneau Z/nZ.

Partie I – Structure du groupe (Z/pZ)∗

Soit p un nombre premier. On montre dans cette partie que le groupe ((Z/pZ)∗ , ×) des éléments inversibles du corps
Fp = Z/pZ est cyclique d’ordre p − 1, donc isomorphe à (Z/(p − 1)Z, +) ou encore à (Up−1 , ×). Un générateur de ce
groupe est appelé racine primitive modulo p. On admettra dans cette partie que si P est un polynôme à coefficients
dans un corps K et si r est une racine de P , alors P est divisible par (X − r) : autrement dit, il existe un polyôme Q
tel que P (X) = (X − r)Q(X).

1. Soit (G, ×) un groupe abélien fini, et x et y deux éléments de G d’ordre a et b. Montrer qu’il existe deux éléments
x′ et y ′ d’ordre a′ et b′ tels que a′ ∧ b′ = 1 et a′ b′ = a ∨ b.
2. En considérant x′ y ′ , en déduire l’existence d’un élément d’ordre a ∨ b.
3. Soit ω(G) le ppcm des ordres de tous les éléments de G. Montrer qu’il existe un élément g ∈ G d’ordre ω(G).
En déduire que
ω(G) = min{k ∈ N∗ | ∀g ∈ G, g k = 1, }
où 1 désigne le neutre de G.
4. Soit G = ((Z/pZ)∗ , ×). Justifier que l’ordre de G est p − 1.
5. Soit P ∈ Fp [X] le polynôme à coefficients dans Fp défini par :

P (X) = X ω(G) − 1.
Y
Montrer que pour tout ξ ∈ G, P (ξ) = 0, et en déduire que P (X) est divisible par (X − ξ)
ξ∈G
6. En déduire que p − 1 6 ω(G), puis que ω(G) = p − 1.
7. Montrer que G est cyclique d’ordre p − 1.
On peut remarquer que la preuve ci-dessus s’adapte sans difficulté pour montrer plus généralement que pour tout
corps fini K, K ∗ est un groupe cyclique, formé des racines du polynôme X n−1 − 1, n étant l’ordre de K.

Partie II – Stucture des groupes (Z/pn Z)∗

Soit p un entier premier impair et n ∈ N∗ , n > 2. On généralise le résultat de la partie I en montrant dans cette partie
que le groupe ((Z/pn Z)∗ , ×) des éléments inversibles de l’anneau Z/pn Z est cyclique.

1
1. Soit k ∈ Z, et k son représentant dans Z/pn Z. Montrer que k est inversible si et seulement si k n’est pas divisible
par p.
2. En déduire que (Z/pn Z)∗ est d’ordre pn−1 (p − 1).
3. Montrer que pour tout a ∈ Z, et tout m ∈ N∗ , (1 + pm a)p ≡ 1 + pm+1 a [pm+2 ].
m
4. En déduire que pour tout a ∈ Z, et tout m ∈ N, (1 + pa)p ≡ 1 + pm+1 a [pm+2 ].
5. Montrer que 1 + p est d’ordre pn−1 dans (Z/pn Z)∗
6. En considérant une racine primitive modulo p, montrer qu’il existe un élément d’ordre p − 1 dans (Z/pn Z)∗ .
7. En déduire que (Z/pn Z)∗ est cyclique d’ordre pn−1 (p − 1).

Partie III – Cas des (Z/2n Z)∗


On termine cette étude avec le cas p = 2.
1. On suppose n > 3. On note G = (Z/2n Z)∗ , H l’ensemble des classes modulo 2n des entiers k congrus à 1 modulo
4, et et K = ({−1, +1}, ×).
(a) Montrer que H est un sous-groupe de G. Quel est son ordre ?
(b) Exhiber un isomorphisme de H × K −→ G
n−3
(c) Montrer que 52 ≡ 1 + 2n−1 [2n ], et en déduire que l’ordre de 5 dans H est 2n−2 .
(d) En déduire que le groupe multiplicatif G est isomorphe au groupe additif (Z/2Z) × (Z/2n−2 Z). Est-il
cyclique ?

2. Décrire les groupes (Z/2n Z) pour n ∈ {1, 2}.

Partie IV – Nombres de Carmichael et indicateur de Carmichael


On appelle nombre de Carmichael un nombre composé n tel que pour tout entier a premier avec n, on ait an−1 ≡ 1 [n].
On rappelle que l’exposant d’un groupe abélien fini G est le ppcm de l’ordre de tous les éléments du groupe G, et que
la question III-2 permet de justifer l’existence d’un élément x ∈ G dont l’ordre est égal à l’exposant de G. On définit
l’indicateur λ(n) de Carmichael d’un entier n > 1 comme étant égal à l’exposant de ((Z/nZ)∗ , ×). On rappelle enfin
que pour tout n > 1, ϕ(n) est le nombre d’entiers premiers avec n dans [[1, n]].
1. Justifier que pour tout n > 2, λ(n) divise ϕ(n), avec égalité si et seulement si (Z/nZ)∗ est cyclique.
2. Justifier que n est un nombre de Carmichael si et seulement si λ(n) divise strictement n − 1.
k
Y
3. Montrer que pour tout n = pα
i avec αi > 1 et k > 1, on a
i

i=1

αk
λ(n) = λ(pα α2
1 ) ∨ λ(p2 ) ∨ · · · ∨ λ(pk ).
1

4. En déduire une expression explicite de λ(n) en fonction des facteurs premiers de n, en distinguant suivant que
8 divise n ou non (on ne cherchera pas à expliciter les ppcm intervenant dans cette formule)
5. À l’aide des questions précédentes, montrer que n est un nombre de Carmichael si et seulement si n est composé,
sans facteur multiple ( i.e. vp (n) = 0 ou 1 pour tout p premier), et pour tout facteur premier p de n, p − 1 divise
n − 1.
6. Montrer que 561 est un nombre de Carmichael.
7. Montrer que n est de Carmichael si et seulement si n est composé, et pour tout a ∈ Z, an ≡ a[n].

2
Problème 2 – Convergence en un point fixe attractif d’une suite définie par une récurrence

Soit α et β deux éléments de R tels que α < β, et soit I =]α, β[ l’intervalle ouvert d’extrémités α et β. Soit f : I → I
une fonction de classe C 1 sur I. On note Ω = {x ∈ I | f (x) = x} l’ensemble des points fixes de f .
On suppose dans tout le problème que Ω est non vide.
On appellera suite récurrente, ou, s’il faut éviter une ambiguïté, suite récurrente associée à f , une suite (xn )n∈N de
points de I vérifiant la relation de récurrence :

∀n ∈ N, xn+1 = f (xn ).

Partie I – Convergence vers un point fixe attractif

Soit r ∈ Ω. On suppose que r est un point fixe attractif, c’est-à-dire tel que |f ′ (r)| < 1. On considère (xn ) une suite
récurrente associée à f .
1. Montrer qu’il existe un réel δ > 0 et un réel k ∈ [0, 1[ tel que pour tout x ∈]r − δ, r + δ[, x ∈ I et |f ′ (x)| < k.
2. En déduire que s’il existe N tel que |xN − r| < δ, alors pour tout n > N ,

|xn − r| 6 |xN − r|k n−N .

3. En déduire qu’une suite récurrente (xn )n∈N converge vers r si et seulement s’il existe un indice N ∈ N tel que
xN ∈ B(r, δ).

Partie II – Estimation de la vitesse de convergence

On se propose dans cette partie d’étudier la vitesse de convergence d’une suite récurrente (xn )n∈N non stationnaire,
convergeant vers un point fixe attractif r. On suppose dans la suite de cette partie que f est de classe C 2 sur I et que
la suite récurrence (xn ) définie par f converge vers r sans être stationnaire.
1. Montrer que pour tout k > |f ′ (r)|, |xn − r| = O(k n ).
2. Montrer que pour tout suite (un )n∈N de limite r,
1
f (un ) = f (r) + (un − r)f ′ (r) + (un − r)2 f ′′ (r) + o((un − r)2 ).
2
3. On suppose dans cette question que f ′ (r) 6= 0.
(a) Soit k > |f ′ (r)|. Montrer qu’on a :

∀j ∈ N, xj+1 − r = f ′ (r)(xj − r)(1 + Rj ), où Rj = O(k j ).

n−1
Y
(b) En déduire que : ∀n > 1, xn − r = (f ′ (r))n (x0 − r) (1 + Rj ).
j=0

(c) Montrer que pour tout j ∈ N, ln(|1 + Rj |) est défini, et qu’il existe M tel que

| ln(|1 + Rj |)| 6 M k j .

(d) En déduire l’existence d’un réel λ 6= 0 tel que xn − r ∼ λ(f ′ (r))n


+∞
4. On suppose dans cette question que f (r) = 0 et que f (r) 6= 0.
′ ′′

(a) Montrer qu’il existe une suite (Sj )j∈N de limite nulle telle que :

f ′′ (r)
∀j ∈ N, xj+1 − r = (xj − r)2 (1 + Sj ).
2

3
(b) En déduire que pour tout n > 2,
 2n
n−2
2  f ′′ (r) Y
|1 + Sj |2
−j−1
xn − r = ′′ (x0 − r)  (1 + Sn−1 ).
f (r) 2 j=0
!
n−2
(c) Montrer que la suite |1 + Sj |2 converge et que sa limite est non nulle.
Q −j−1

j=0
n>2
m
Y
(d) On note, pour tout n > 2, πn = |1 + Sj |2 .
−j−1

lim
m→+∞
j=n−1
Montrer que la suite (2n ln πn )n>2 converge vers 0.
n
2λ2
(e) Montrer qu’il existe une constante λ ∈]0, 1[, telle que xn − r ∼ ′′ .
+∞ f (r)

Partie III – Un exemple : les suites de Héron


1 a 
Soit a > 0. Pour tout entier p > 2, on définit une fonction fp sur I =]0, +∞[ par fp (x) = (p − 1)x + p−1 .
p x
1. (a) Montrer que quelle que soit la valeur initiale x0 > 0, la suite récurrente associée à fp existe, qu’elle vérifie
1 1
xn > a p pour tout n > 1, et qu’elle converge vers r = a p
(b) Montrer que fp vérifie pour le point fixe r les hypothèses de la question II-4.
Étant donné une suite récurrente (xn )n∈N non stationnaire associée à fp , on note λ0 (x0 ) la constante donnée par
2 n
II-4(e) telle que xn − r ∼ ′′ (λp (x0 ))2 .
+∞ f (r)
2. Dans cette question, on suppose que p = 2.
un
(a) Montrer que pour tout n ∈ N, on peut écrire xn sous la forme , où (un )n∈N et (vn )n∈N sont définies par
vn
u0 = x0 , v0 = 1 et les relations :

∀n ∈ N, un+1 = u2n + avn2 et vn+1 = 2un vn .


√ √
(b) Exprimer pour tout n ∈ N, un+1 + a · vn+1 en fonction de un + a · vn .
√ √ √
(c) Exprimer un + a · vn , un − a · vn puis xn en fonction de x0 , a et n.

2|x0 − a|
(d) En déduire que λ2 (x0 ) = √ .
x0 + a
3. On ne suppose plus que p = 2. Un nombre réel r > 0 étant donné, on associe, à tout entier naturel q > 1, la
 q1
r2q
 
1 q
fonction gq définie sur ]0, +∞[ par gq (x) = x + q .
2 x
(a) Montrer que, quelle que soit la valeur y0 > 0, la suite récurrente (yn )n∈N associée à gq existe.
(b) Reconnaître la relation de récurrence satisfaite par (ynq ) , et en déduire l’expression de yn en fonction de y0 ,
r, q et n.
(c) En déduire que si (yn )n∈N n’est pas stationnaire, il existe deux constantes non nulles µq et C, que l’on
n
explicitera en fonction de r, q et y0 , telles que yn − r ∼ C(µq )2 .
+∞
 p−1
p−1 up+1
(d) Soit (up )p>2 la suite définie par up = , et soit, pour tout p > 2, vp = .
p up
Montrer, à l’aide d’une étude de fonction, que (vp )p>2 est croissante de limite 1.
(e) En déduire que pour tout p > 2, up 6 12 .
1
(f) On pose r = a p . On note µq (y0 ) la constante obtenue dans la question 3(c) pour la suite (yn ) initialisée
par y0 .
1
Montrer que pour tout x > a p , fp (x) 6 gp−1 (x).
1
(g) On suppose que x0 > a p . Soit (xn )n∈N et (yn )n∈N les suites récurrentes de même valeur initiale x0 , associées
respectivement à fp et gp−1 .
Montrer que λp (x0 ) 6 µp−1 .

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