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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 16/04/2015

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

DM no 16 : Groupe symétrique, déterminant

Correction du problème 1 – Simplicité de An

Préliminaire

1. Soit τ1 et τ2 deux transpositions.


• Si elles ont même support, alors τ1 = τ2 donc τ1 ◦ τ2 = id, qui peut être vu par exemple comme la composée
(1 2 3) ◦ (1 3 2).
• Si l’intersection de leur support est un singleton, il existe i, j et k deux à deux distincts tels que

τ1 = (i j) et τ2 = (i k).

Alors
τ1 ◦ τ2 = (i j) ◦ (i k) = (i k j).

• Si les supports de τ1 et τ2 sont disjoints, il existe i, j, k ℓ deux à deux distincts tels que

τ1 = (i j) et τ2 = (k ℓ).

On vérifie facilement que


(i j) ◦ (k ℓ) = (i j k) ◦ (k ℓ j).
Ainsi, toute composition de 2 transpositions est un 3-cycle ou une composée de deux 3-cycles.
2. Soit σ ∈ An . Il existe une décomposition de σ en un nombre pair de transpositions :

σ = τ1 ◦ τ2 ◦ · · · ◦ τ2k .

Chaque composée τ2i−1 ◦ τ2i , pour i ∈ [[1, k]], s’écrit comme produit de 3-cycles, donc σ s’écrit également comme
produit de 3-cycles.
Ainsi, les 3-cycles engendrent An .

Partie I – Conjugaison
On dit que deux permutations τ1 et τ2 de Sn sont conjuguées s’il existe σ ∈ Sn tel que τ2 = σ ◦ τ1 ◦ σ −1 .
1. • Soit σ ∈ Sn . On a alors id ◦ σ ◦ id−1 = σ, donc σ est conjuguée avec elle-même. La relation de conjugaison est
donc réflexive.
• Soit τ1 et τ2 tels que τ2 soit conjugué à τ1 , c’est-à-dire qu’il existe σ tel que τ2 = σ ◦ τ1 ◦ σ −1 . On a alors
τ1 = σ −1 ◦ τ2 ◦ σ, donc τ1 est conjugué de τ2 (par σ ′ = σ −1 ). Ainsi, la relation de conjugaison est symétrique.
• Soit τ1 , τ2 et τ3 tels que τ1 et τ2 sont conjugués ainsi que τ2 et τ3 . Il existe donc σ2 et σ2 tels que

τ2 = σ1 τ1 σ1−1 et τ3 = σ2 τ2 σ2−1 donc: τ3 = (σ2 σ1 )τ1 (σ2 σ1 )−1 ,

donc τ3 est conjugué de τ1 (par σ2 σ1 ). Ainsi la relation est transitive.


La relation de conjugaison est donc une relation d’équivalence.
2. Soit τ1 = (i1 i2 · · · ik ) un cycle, et τ2 = στ1 σ −1 .
• Soit ℓ ∈ [[1, k]]. On a alors (en notant par convention ik+1 = i1

τ2 (σ(iℓ )) = σ ◦ τ1 ◦ σ −1 ◦ σ(iℓ ) = σ ◦ τ1 (ßℓ )σ(iℓ+1 ).

Ainsi, (σ(i1 ) σ(i2 ) · · · σ(ik )) est un cycle de τ2 .

1
• Montrons qu’il s’agit du seul cycle non trivial. Soit pour cela i 6∈ {σ(i1 ), σ(i2 ), . . . , σ(ik )}. On en déduit que
σ −1 (i) 6∈ {i1 , i2 , . . . , ik }, et donc σ −1 (i) est un point fixe de τ1 . Ainsi,

τ2 (i) = στ1 (σ −1 (i)) = σ(σ −1 (i)) = i.

Ainsi, i est un point fixe de σ.


• On en déduit que (σ(i1 ) σ(i2 ) · · · σ(ik )) est le seul sycle non trivial de τ2 , donc

τ2 = στ1 σ −1 = (σ(i1 ) σ(i2 ) · · · σ(ik )) .

3. • Soit τ1 et τ2 deux permutations, conjuguées par σ. Soit τ1 = C1 ◦ · · · ◦ Cs la décomposition en cycles à supports


disjoints de τ1 . On a alors :

τ2 = στ1 σ −1 = (σC1 σ −1 ) ◦ (σC2 σ −1 ) ◦ · · · ◦ (σCs σ −1 ).

D’après la question précédente, les σCi σ −1 sont des cycles de même longueur que Ci , et, σ étant bijective,
l’expression trouvée dans la question précédente pour ces cycles montrent que leurs supports forment aussi
une partition de [[1, n]]. Ainsi, il s’agit de la décomposition en cycles à supports disjoints de τ2 . Les longueurs
de ces cycles étant les mêmes que ceux de τ1 , on en déduit que τ1 et τ2 ont même type cyclique.
• Réciproquement, soit τ1 et τ2 deux permutations de même type cyclique. Comme les produits de cycles à
supports disjoints sont commutatifs, on peut alors trouver deux décompositions en cycles à supports disjoints
(et formant une partition de [[1, n]] :

τ1 = C1 ◦ · · · ◦ Ck et τ2 = D1 ◦ · · · ◦ Dk

tels que pour tout i ∈ [[1, k]], les cycles Ci et Di soient de même longueur. On peut donc trouver une suite
0 = ℓ1 < ℓ1 < ℓ2 < · · · < ℓk = n et deux suites finies d’éléments de [[1, n]] : i1 , . . . , in et j1 , . . . , jn tels que pour
tout ß ∈ [[1, k]],
Ci = (iℓi−1 +1 · · · iℓi ) et Di = (jℓi−1 +1 · · · jℓi ).

Comme par ailleurs, les supports des Ci forment une partition de [[1, n]], la suite (is )s∈[[1,n]] représente en
fait une permutation des éléments de [[1, n]]. De même pour (js )s∈[[1,n]] . On définit alors de façon unique une
permutation σ de [[1, n]], en posant, pour tout s ∈ [[1, n]], σ(is ) = js . La description de la question précédente
permet alors d’affirmer que pour tout i ∈ [[1, k]],

Di = σCi σ −1 , puis: τ2 = (σC1 σ −1 ) · · · (σCk σ −1 ) = στ2 σ −1 .

Ainsi, τ1 et τ2 sont conjugués.


Ainsi, deux permutations sont conjuguées dans Sn si et seulement si elles ont même type cyclique.

Partie II – Simplicité de A5

1. On pose σ ′ dans Sn définie pour tout i ∈ [[1, n]] par σ ′ (ai ) = bi . Si σ ′ est pair, on pose σ = σ ′ et sinon,
σ = σ ′ ◦ (an−1 an ). Alors σ est paire et

∀i ∈ [[1, n − 2]], σ(ai ) = bi .

2. Soit (a1 a2 a3 ) et (b1 b2 b3 ) deux 3-cycle de A5 . En appliquant la question précédente, il existe σ paire telle que
σ(a1 ) = b1 , σ(a2 ) = b2 et σ(a3 ) = b3 . On a alors

σ(a1 a2 a2 )σ −1 = (σ(a1 ) σ(a2 ) σ(a3 )) = (b1 b2 b3 ).

Ainsi, les cycles (a1 a2 a3 ) et (b1 b2 b3 ) sont conjugués dans A5 (σ étant paire).
On en déduit que les 3-cycles sont 2 à 2 conjugués dans A5 .

2
3. Soit σ1 = (i1 j1 ) ◦ (k1 ℓ1 ) et σ2 = (i2 j2 ) ◦ (k2 ℓ2 ) deux compositions de deux transpositions à supports disjoints.
Les entiers i1 , j1 , k1 et ℓ1 sont donc deux à deux distincts dans [[1, 5]]. Soit m1 le dernier élément de [[1, 5]]. On
définit de même m2 . Soit alors σ définie par σ(is ) = js , pour tout s ∈ [[1, 5]]. Quitte à considérer σ ◦ (i1 j1 ) au
lieu de σ, on peut supposer σ est paire, et la description de la conjugaison sur les cycles amène :

σσ1 σ −1 = (σ(i1 ) σ(j1 )) ◦ (σ(k1 ) σ(ℓ1 )) = (i2 j2 ) ◦ (k2 ℓ2 ) = σ2 ,

la composition éventuelle par (i1 j1 ) n’ayant pas d’incidence (on trouve (j2 i2 ) au lieu de (i2 j2 ), mais c’est la
même transposition !). Ainsi, σ étant paire, σ1 et σ2 sont conjuguées dans A5 .
Ainsi les composées de deux transpositions à supports disjoints sont conjuguées dans A5 .
4. Soit c0 = (1 2 3 4 5), et c = (a1 a2 a3 a4 a5 ) un 5-cycle, et σ ∈ S5 définie par σ(k) = ak . On a donc c = σc0 σ −1 .
On en déduit que
c2 = σc0 σ −1 σc0 σ −1 = σc20 σ −1 = σ(1 3 5 2 4)σ −1 .
Or,
(1 3 5 2 4) = τ c0 τ −1 ,
!
1 2 3 4 5
où τ = = (2 3 5 4).
1 3 5 2 4
On en déduit que c2 = (σ ◦ τ ) ◦ c0 ◦ (σ ◦ τ )−1 .
5. La permutation τ ci-dessus est impaire (cycle de longueur 4). Ainsi, soit σ soit σ ◦ τ est paire. On en déduit que
soit c soit c2 est conjugué dans A5 à c0 .
6. Soit H un sous-groupe distingué de A5 . Puisque H est stable par conjugaison, et puisque les 3-cycles sont
deux-à-deux conjugués, si H contient un 3-cycle, il les contient tous.
Le même argument montre que si H contient un produit de 2 transpositions disjointes, il les contient tous.
En ce qui concerne les 5-cycles, si H contient un 5-cycle c, il contient aussi c2 . Ainsi, d’après la question précédente,
par stabilité par conjugaison, il contient c0 (notations de la question écédente). Or, étant donné un autre 5-cycle
2 2 2 6 23
c′ , soit c′ soit c′ est conjugué à c0 , donc c′ est dans H ou c′ est dans H. Or, si c′ ∈ H, c′ = c′ ∈ H, et
comme c′ est d’ordre 5, c′ ∈ H. Dans tous les cas, le 5-cycle c′ , choisi quelconque, est dans H.
Ainsi, si H contient un 5-cycle, il les contient tous.
7. • Un 3-cycle est obtenu par le choix d’un sous-ensemble {i1 , i2 , i3 } de [[1, 5]], puis le choix d’un des deux 3-cycles
de support {i1 , i2 , i3 }, à savoir (i1 i2 i3 ) ou (i1 i3 i2 ). Il y a donc 35 × 2 = 20 3-cycles .


• Une composition de deux transpositions disjointes est la donnée d’un sous-ensemble {i1 i2 i3 i4 } de [[1, 5]]
(ou de façon équivalente, le choix du point fixe i5 ), ce qui se fait de 5 façons possibles. Étant fixé ar-
bitrairement un point par exemple i1 de cet ensemble, on choisit son image (de 3 façons possibles), à
savoir i2 . Cela détermine toute la permutation, les deux derniers éléments s’échangeant l’un l’autre. Ainsi,
il y a 15 compositions de 2 transpositions disjointes .
• Le choix d’un 5-cycle est obtenu en choisissant les u images successives de 1, d’abord parmi 4 éléments, puis
pour la suivante parmi les 3 restants, etc. Il y a donc 4! = 24 5-cycles.
• Les seuls types cycliques possibles dans A5 sont 15 (c’est l’identité), 12 31 , 11 22 et 15 (car il faut un nombre
impair de cycles dans la décomposition en produit de cycles à supports disjoints). Ainsi, si H 6= {id}, il contient
au moins une permutation du type étudié précédemment, donc toutes les permutations de ce type (en plus
de l’identité). Il ne peut pas contenir que des permutations d’un seul type (en plus de l’identité), sinon son
cardinal serait 21, 16 ou 25, qui ne divise pas |A5 | = 60 (la moitié des permutations sont paires : la composition
par une transposition fixée donne une bijection entre l’ensemble des permutations paires et l’ensemble des
permutations impaires) ; cela contredit le théorème de Lagrange. H contient alors nécessairement, en plus
de id, des permutations de deux types cycliques différents. Mais alors, un décompte rapide amène de façon
immédiate |H| > 30. Comme |H| doit diviser 60, il vient donc |H| = 60, donc H = A5 .
• Ainsi, les seuls groupes distingués de A5 sont {0} et A5 . Autrement dit, A5 est simple .

Partie III – Simplicité de An , n > 5


Soit n > 5, et soit H un sous-groupe distingué de An , différent de {id}. Soit σ 6= id dans H

3
1. Soit a tel que σ(a) 6= a. On pose b = σ(a), et on considère c différent de a, b et σ(b). Soit τ le 3-cycle (a b c).
La conjugaison préservant le type cyclique, στ −1 σ −1 est un 3-cycle.
Plus précisément, στ −1 σ −1 = (σ(a) σ(c) σ(b)) = (b σ(c) σ(b))
Les entiers qui ne sont ni dans le support du cycle στ −1 σ −1 ni dans le support du cycle τ sont des points fixes
de la composée τ στ −1 σ −1 . Or, l’union de ces deux supports est {a, b, c, σ(b), σ(c)}.
Ainsi, τ στ −1 σ −1 admet au moins n − 5 points fixes .
2. Soit F un sous-ensemble de [[1, n]] de cardinal 5, contenant l’ensemble des points non fixes de στ −1 σ −1 . Soit A(F )
l’ensemble des permutations de An laissant tous les points extérieurs à F fixes. On a alors pour tout σ ∈ A(F ),
σ(F ) = F (car σ est bijective). Donc σ induit une bijection σ̃ de F dans F
Soit ϕ : [[1, 5]] −→ F une bijection (numérotation des éléments de F ). On définit alors :

Φ : A(F ) −→ A5 ,

par Φ(σ) = ϕ−1 ◦ σ̃ ◦ ϕ.


• A(F ) est un sous-groupe de An . En effet :
∗ il contient id
∗ si σ et τ sont dans A(F ), alors tous les points hors de F sont points fixes de σ et τ , donc aussi de σ ◦ τ , et
par conséquent, σ ◦ τ ∈ A(F ).
∗ Si σ ∈ A(F ), alors pour tout x 6∈ F , σ(x) = x, donc σ −1 (x) = x. Ainsi, l’ensemble des points non fixes de
σ −1 est dans F , donc σ −1 est dans A(F ).
• Φ est un morphisme de groupes : en effet, soit σ et τ dans A(F ). Alors

Φ(σ ◦ τ ) = ϕ−1 ◦ (σ ◦ τ ) ◦ ϕ = ϕ−1 ◦ σϕ ◦ ϕ−1 ◦ τ ◦ ϕ = Φ(σ) ◦ Φ(τ ).

• Φ est un isomophisme, sa réciproque étant l’application qui à σ ∈ A5 associé le prolongement (par l’identité)
à [[1, n]] de la bijection de F définie par ϕ ◦ σ ◦ ϕ−1 .
Ainsi, A(F ) est isomorphe, en tant que groupe, à A5 .
Soit K un sous-groupe distingué de A(F ). On a alors pour tout x ∈ Φ(K) et tout y ∈ A5 , en posant y ′ = Φ−1 (y),
et x′ = Φ−1 (x),
−1
yxy −1 = Φ(y ′ )Φ(x′ )Φ(y ′ )−1 = Φ(y ′ x′ y ′ ).
−1
Or, K étant distingué, et x′ ∈ H, on a y ′ x′ y ′ ∈ K, donc yxy −1 ∈ Φ(K). On en déduit que Φ(K) est ditingué
dans A5 , puis que Φ(K) = {0} ou A5 , donc que H = {0} ou A(F ).
Ainsi, A(F ) est simple.
3. Soit K = H ∩ A(F ). Soit x ∈ K et y ∈ A(F ). On a alors yxy −1 ∈ A(F ) (stabilité) et yxy −1 ∈ H (car H est
distingué dans An , et x ∈ An ). Ainsi, yxy −1 ∈ K, d’où on tire que K est distingué dans A(F ).
Or, σ ∈ H, donc, H étant distingué, τ στ −1 ∈ H, et par stabilité par produit et inverse, τ στ −1 σ −1 ∈ H. Or
τ στ −1 σ −1 ∈ A(F ), et cette permutation n’est pas l’identité. En effet, l’égalité

τ στ −1 σ −1 = (a b c) ◦ (b σ(c) σ(b))

permet de se rendre compte que l’image de σ(b) est c, qui est différent de σ(b) par construction.
Ainsi, K 6= {id}. Étant distingué dans A(F ) qui est simple, on a donc K = A(F ), donc contient les 3-cycles de
A(F ). Ainsi H contient au moins un 3-cycle de An .
4. Les 3-cycles de An étant 2 à 2 conjugués, le fait que H soit distingué implique donc que tous les 3-cycles de An
sont dans H. Puisque les 3-cycles engendrent An , il en résulte que An ⊂ H, l’autre inclusion provenant de la
définition de H.
Ainsi, H = An .
Nous avons donc montré que tout sous-groupe distingué autre que {id} de An est égal à An lui-même. Ceci
équivaut à affirmer que An est simple (pour n > 5) .

4
Correction du problème 2 – (Résultant de deux polynômes)

Partie I – Définition du résultant et propriété fondamentale

1. S(Q, P ) se déduit de S(P, Q) en appliquant m fois la permutation circulaire σ = (1 2 . . . m + n), de signature


(−1)m+n−1 . Or,
ε(σ m ) = ε(σ)m = (−1)(m+n−1)m = (−1)mn+m(m−1) .
Comme m(m − 1) est pair, il en résulte que ε(σ m ) = (−1)mn . Le déterminant étant une forme anti-symétrique,
il vient alors :
R(Q, P ) = (−1)mn R(P, Q) .
2. Un calcul immédiat amène :
 
t
Cα S(P, Q) = αm−1 P (α) αm−2 P (α) ··· α0 P (α) αn−1 Q(α) αn−2 Q(α) ··· α0 Q(α) = (0 0 · · · 0),

puisque α est racine de P et de Q. Ainsi, tS(P, Q)Cα = 0, donc Cα ∈ Ker(S(P, Q)) .


La matrice S(P, Q) est donc non inversible, donc son déterminant est nul : R(P, Q) = 0 .
3. Supposons P et Q premiers entre eux, et soit U ∈ Cn−1 [X] et V ∈ Cm−1 [X] tels que U P + V Q = 0, soit
U P = −V Q. D’après le lemme de Gauss, puisque P divise V Q et P premier avec Q, il vient que P divise V .
Or, deg(V ) < deg(P ), donc V = 0 . De même, U = 0 .
4. Soient C1 , . . . , Cn+m les colonnes de S(P, Q), et soient λ0 , . . . λn−1 , µ0 , . . . , µn−1 des scalaires tels que

λ0 C1 + · · · + λn−1 Cn + µ0 Cn+1 + · · · + µm−1 Cn+m = 0

En appliquant à cette égalité l’isomorphisme de Cm+n dans Cm+n−1 [X] envoyant la base canonique de Cm+n
sur la base (X n+m−1 , . . . , X, 1) de Cm+n−1 [X], on obtient la relation suivante :

λ0 X n−1 P (X) + λ1 X n−2 P (X) + · · · + λn−1 X 0 P (X) + µ0 X m−1 Q(X) + µ1 X m−2 Q(X) + · · · + µm−1 X 0 Q(X) = 0,

soit U (X)P (X) + V (X)Q(X) = 0, où on a posé :


n−1
X X
U (X) = λk X n−1−k ∈ Cn−1 [X] et V (X) = m − 1µk X m−1−k ∈ Cm−1 [X].
k=0 k=0

Il résulte alors de la question précédente que U et V sont nuls, donc que les λi et les µj sont tous nuls. Ainsi,
les colonnes de S(P, Q) forment une famille libre, d’où on tire que S(P, Q) est inversible, donc son déterminant
est non nul : R(P, Q) 6= 0 .
5. (a) D’après la caractérisation de la multiplicité par les dérivées, P admet une racine multiple si et seulement si
P et P ′ admettent une racine commune. D’après les questions 2 et 4, ceci équivaut à la nullité de R(P, P ′ ) :
P admet au moins une racine multiple si et seulement si son discriminant ∆(P ) = 0.
(b) Soit P = X 3 + pX + q, P ′ = 3X 2 + p. Nous avons donc à calculer le déterminant

1 0 3 0 0 1 0 3 0 0

0 1 0 3 0 0 1 0 3 0



R(P, P ) = p 0 p 0 3 = 0 0 −2p 0 3 ,
q p 0 p 0 0 0 −3q −2p 0


0 q 0 0 p 0 0 0 −3q p
par les opérations L3 ← C3 − pL1 , L4 ← L4 − qL1 − pL2 et L5 ← L5 − qL2 . On obtient donc une matrice
triangulaire par blocs, d’où

−2p 0 3
−2p 0 −3q −2p
R(P, P ′ ) = −3q −2p 0 = −2p +3


−3q p 0 −3q
0 −3q p
(développement suivant la première ligne), et enfin :

R(P, P ′ ) = 27q 2 + 4p3 .

5
Partie II – Expression du résultant à l’aide des racines

1. Un calcul du même accabit de celui de la question I-2 amène :


 
β1n−1 P (β1 ) β1n−2 P (β1 ) ··· β11 P (β1 ) β1m−1 Q(β1 ) ··· β10 Q(β1 )
 .. .. .. .. 
. . . .
 
 
βn0 P (βn ) βnm−1 Q(βn ) βn0 Q(βn ) 
 n−1
βnn−2 P (βn )

 βn P (βn ) ··· ···
M × S(P, Q) = 
 αn−1 P (α )

 1 1 α1n−2 P (α1 ) ··· α01 P (α1 ) αm−1
1 Q(α1 ) ··· α01 Q(α1 ) 
 .. .. .. .. 
. . . .
 
 
αmn−1
P (αm ) n−2
αm P (αm ) ··· α0m P (αm ) αm−1
m Q(α m) ··· α0m Q(αm )

Comme les αi sont racines de P ete les βi sont racines de Q, il vient alors :
 
β1n−1 P (β1 ) · · · β10 P (β1 ) 0 ··· 0
 .
.. .
.. .. .. 
. .
 
 
βn P (βn ) · · · βn0 P (βn )
 n−1 
0 ··· 0 
M × S(P, Q) =  m−1 0


 0 · · · 0 α 1 Q(α1 ) ··· α1 Q(α1 ) 

 .
.. .
.. .
.. .. 
.
 
 
0
0 ··· 0 αm−1
m Q(αm ) ··· αm Q(αm )

Ainsi :

β n−1 P (β ) ··· β10 P (β1 ) αm−1 Q(α ) ··· α01 Q(α1 )
1 1 1 1
.. .. .. ..
det(M ) det(S(P, Q)) =

. .
×
. .
.

βn0 P (βn ) α0m Q(αm )
n−1 m−1
βn P (βn ) ··· αm Q(αm ) ···

Les déterminants qui interviennent sont des déterminants de Vandermonde, à un retournement près (symétrie
nécessitant ⌊ N2 ⌋ échanges de colonne, N étant l’ordre de la matrice), ce qui induit un signe. On obtient donc :

n m
m+n m n
Y Y
(−1)⌊ 2 ⌋ V (β1 , . . . , βn , α1 , . . . , αm )R(P, Q) = (−1)⌊ 2 ⌋+⌊ 2 ⌋ P (βi ) Q(αj )V (α1 , . . . , αn )V (β1 , . . . , βm ).
i=1 j=1

Or, une vérification aisée montre que ⌊ m+n m n


2 ⌋ et ⌊ 2 ⌋+⌊ 2 ⌋ sont égaux, sauf lorsque m et n sont tous deux impairs,
cas dans lequel ils diffèrent de 1. Comme mn est impair si et seulement si m et n le sont, on obtient alors :

n
Y m
Y
V (β1 , . . . , βn , α1 , . . . , αm )R(P, Q) = (−1)mn P (βi ) Q(αj )V (α1 , . . . , αn )V (β1 , . . . , βm ).
i=1 j=1

En supposant dans un premier temps que les αi et les βj sont deux à deux distincts, on peut simplifier les αi − αj
et βj − βi provenant des déterminants Vandermonde de droite avec ceux de gauche. Il reste alors :
m Y
Y n n
Y m
Y
(αj − βi )R(P, Q) = (−1)mn P (βi ) Q(αj ).
j=1 i=1 i=1 j=1

n
Y
Or, q(X) = b0 (X − βi ), donc l’expression ci-dessus amène :
i=1

m n m
Y 1 Y Y
Q(αj )R(P, Q) = (−1)mn P (βi ) Q(αj ).
b
j=1 0 i=1 j=1

Puisqu’on a supposé les αi et βj distincts, en particulier, les βj ne sont pas racines de P , et on peut simplifier
les termes P (βj ) de cette égalité. Il vient donc

n
Y
R(P, Q) = (−1)mn bm
0 P (βj ) .
i=1

6
On peut échanger le rôle de P et Q grâce à la question I-1 d’où

m
Y
R(P, Q) = (−1)mn R(Q, P ) = an0 Q(αj ) .
j=1

On prolonge sans problème ces égalités dans le cas où les αi et βj ne sont pas deux à deux distincts, par continuité
du résultat par rapport à chacune des variables ai et bj , le déterminant étant polynômial par rapport à chacune
de ses coordonnées.
2. Matrices circulantes
(a) On a :
1 0 0 an−1 0 ··· 0

.. .. .. .. ..
0
. 0 . . . .


.
.. ..

.
. . 1 a1 . 0


R(P, Q) = 0 0 a0 an−1
.. .. .. ..
−1
. . 0 . .
.. .. .. ..
0
. 0 . . . a1


0 0 −1 0 ··· 0 a0
Les opérations Ln+i ← Ln+i + Li pour i ∈ [[1, n]] amènent alors

1 0 0 a 0 ··· 0
n−1
.. .. .. .. ..
0
. 0 . . . .


.
. .. ..

. . 1 a1 . 0


R(P, Q) = 0 · · · 0
a0 a1 ··· an−1
0 . . . 0 a
.. ..
n−1 . .
. .. .. .. ..
.

. . . . . a1


0 · · · 0 a1 ··· an−1 a0

Ainsi, d’après les règles de calcul des déterminants de matrices triangulaires par blocs,

R(P, Q) = det(C(a0 , . . . , an−1 )) .

(b) Les racines de P étant les racines n-ième de l’unité, donc les éléments de Un , la question II-1 amène :
Y
det(C(a0 , . . . , an−1 )) = Q(ζ) .
ζ∈Un

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