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Université Chouaïb Doukkali Année Universitaire : 2019/2020

Département de Mathématiques Filières SMA3


El Jadida

Épreuve d’Algèbre 4
Session Normale
Durée 1h 30’

Exercice 1. Déterminer une réduite de Jordan et une matrice de passage P pour la matrice
 
1 0 0 0
−1 4 1 −2
A=  2 1 2 −1

1 2 1 0

Exercice 2. Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie et soit f un endomorphisme


de E.
Notations :
∗ Si u est un vecteur non nul de E et p un entier naturel, on pose

Hp (u) = {f p (u), f p−1 (u), . . . , u}

∗ Si G est une partie quelconque de E on pose GF = G \ {0}.


∗ Si f p (u), f p−1 (u), . . . , u est une chaîne, on note dans ce cas l’ensemble Hp (u) par Cp (u).
∗ Rappelons que f p (u), f p−1 (u), . . . , u est dite une chaîne si p est le plus petit entier naturel
tel que f p+1 (u) = 0 et f p (u) 6= 0. L’entier p + 1 est appelé la longueur de la chaîne.
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(I) 1. Montrer que ∀s ∈ N, on a f s (Hp (u)) = Hp (f s (u)).
2. Soit s ∈ N. Montrer que :
(i) f s (Cp (u)) = {0} ⇐⇒ s ≥ p + 1.
(ii) Si s ≤ p alors f s (Cp (u))F = Cp−s (f s (u)).
3. Montrer que la famille Cp (u) est libre.
4. Soient Cp1 (u1 ), . . . , Cpn (un ) une famille de chaînes telles que la famille des queues de ces
chaînes est libre. On pose L = Cp1 (u1 ) ∪ . . . ∪ Cpn (un ).
On suppose que p1 = · · · = pn = q.
a) Montrer que f s (L) = {0} ⇐⇒ s ≥ q + 1.
b) Déterminer f s (L)F dans le cas où s ≤ q
c) Montrer que la famille L est libre. (Indication. Raisonner par récurrence sur q)
(II) Soit p et q deux entiers naturels tels que p < q. Soit L1 = Cp (u1 ) ∪ . . . ∪ Cp (un ) et
L2 = Cq (v1 ) ∪ . . . ∪ Cq (vm ) et on suppose que la famille des X queues de ces chaînes est libre.
1. Soit (α(w))w∈L1 ∪L2 une famille de scalaires telle que α(w)w = 0. Montrer que
w∈L1 ∪L2

1
α(w) = 0, ∀w ∈ Hq−p−1 (vi ), 1 ≤ i ≤ m et en déduire que
X
α(w)w = 0 où L02 = Cp (f q−p (v1 )) ∪ . . . ∪ Cp (f q−p (vm ))
w∈L1 ∪L02

2. En déduire que si q1 < q2 < · · · < qn est une suite d’entiers naturels et si Li est une
famille de chaines de même longueurs qi + 1, 1 ≤ i ≤ n, alors on a le résultat suivant :
Si les queues de toutes ces chaînes sont linéairement indépendantes alors la
famille L1 ∪ . . . ∪ Ln est libre.
(Indication. Raisonner par récurrence sur n)

Solution
4−X 1 −2 2−X 1 −2
Exercice 1. On a χA (X) = (1−X) 1 2 − X −1 = (1−X) 0 2 − X −1 =
2 1 −X 2−X 1 −X
1 1 −2 1 1 −2
(1−X)(2−X) 0 2 − X −1 = (1−X)(2−X) 0 2 − X −1 = (1−X)(2−X)3 . Cher-
1 1 −X 0 0 2−X 
 x=0
chons une base de E(2). Soit w = (x, y, z, t). On a (A−2I4 )w = 0 ⇐⇒ 2y + z − 2t = 0 ⇐⇒
y−t=0


x=z=0
⇐⇒ w = (0, y, 0, y) = y(0, 1, 0, 1). Posons u1 = (0, 1, 0, 1), alors {u1 } est
y=t
une base de E(2) et donc dim(E(2)) = 1. on a aussi dim(E(1)) = 1 et donc la réduite
de Jordan de la matrice A est  J = J1 (1) ⊕ J3 (2). On cherche une base de E(1) : On a
 −x + 3y + z − 2t = 0
(x, y, z, t) ∈ ker(A − I4 ) ⇐⇒ 2x + y + z − t = 0 On trouve que {w = (1, 1, −4, −1)}
x + 2y + z − t

est une base de E(1). 
 x=0
ère
1 méthode :On cherche w tel que (A − 2I4 )w = u1 ⇐⇒ 2y + z − 2t = 1 ⇐⇒ x =
y−t=0

0; z = 1; y = t. On prend  y = t = 0, on trouve u2 = (0, 0, 1, 0). on cherche w tel que
 x=0
(A − 2I4 )w = u2 ⇐⇒ 2y + z − 2t = 0 ⇐⇒ x = 0; z = −2; y = 1 + t. On prend
y−t=1

t = 0, on trouve u3 = (0, 1, −2, 0). Il est clair que (A − 2I4 )3 (u3 ) = (A − 2I4 )u1 = 0 et
(A − 2I4 )2 (u3 ) = u2 6= 0, donc (u1 , u2 , u3 ) est une chaîne associée à 2, donc la famille
(u1 , u2 , u3 ) 
est libre. 
1 0 0 0
1 1 0 1
Alors P =  −4 0 1 −2

−1 1 0 0

2
2ème méthode :  On cherche un vecteur
 v3 ∈ Ker(A  − 2I4 )3 tel quev3 6∈ Ker(A − 2I4 )2 . On
1 0 0 0 −1 0 0 0
 −1 1 0 −1 
−1 0 0 0.
 
a (A − 2I4 )2 =  −4 0 0 0  , et (A − 2I4 )3
=  4 0 0 0
−3 1 0 −1  1 0 0 0
x=0 
x=0

Donc (x, y, z, t) ∈ Ker(A − 2I4 )3 ⇐⇒ −x + y − t = 0 ⇐⇒
y=t
−3x + y − t = 0

(x, y, z, t) ∈ Ker(A − 2I4 )3 ⇐⇒ x = 0.
On peut par exemple prendre le vecteur v3 = (0, 1, 0, 0). On prend ensuite v2 = (A − 2I4 )v3 =
(0, 2, 1, 2) etv1 = (A − 2I
4 )v2 = (0, 1, 0, 1). Alors (v1 , v2 , v3 ) est une chaîne associée à 2.
1 0 0 0
 1 1 2 1
Alors P =  −4 0 1 0

−1 1 2 0
Exercice 2.
(I) 1. On a f s (Hp (u)) = {f s (u), f s+1 (u), . . . , f p+s (u)} = {f s (u), f (f s (u)), . . . , f p (f s (u))} =
Hp (f s (u)).
2. (i) On a f s (Cp (u)) = f s (Hp (u)) = Hp (f s (u)) = {0} ⇐⇒ f s (u) = 0 ⇐⇒ s ≥ p + 1.
(ii) On a f s (Cp (u))F = Hp (f s (u))F = Hp−s (f s (u)) = Cp−s (f s (u)). On remarque que
f p−s (f s (u)) = f p (u) et donc les deux chaînes Cp (u) et Cp−s (f s (u)) ont la même queue.
p p
X X
i
3. Soit α0 , . . . , αp ∈ K tel que αi f (u) = 0. On a f ( p
αi f i (u)) = α0 f p (u) = 0, donc
i=0 i=0
p
X
p−1
α0 = 0. On a alors f ( αi f i (u)) = α1 f p (u) = 0 et donc α1 = 0, ainsi de suite, on
i=1
trouve α0 = · · · = αp = 0.
4. (a) On a f s (L) = f s (Cq (u1 )) ∪ . . . ∪ f s (Cq (un )) = {0} ⇐⇒ f s (Cq (ui )) = {0}, 1 ≤ i ≤
n ⇐⇒ s ≥ q + 1.
(b) Soit s ≤ q. Alors f s (L)F = f s (Cq (u1 ))F ∪ . . . ∪ f s (Cq (un ))F = Cq−s (f s (u1 )) ∪ . . . ∪
Cq−s (f s (un )).
(c) Si q = 0, alors Cq (ui ) = {ui }, 1 ≤ i ≤ n. Dans ce cas les vecteurs ui sont respectivement
les queues des chaînes Cq (ui ), et donc sont par hypothèse linéairement indépendants.
Suppososns la propriété X
X vraie à l’ordre qX − 1 et soit α(u), u ∈ L des scalaires tels que
α(u)u = 0. On a f ( α(u)u) = α(u)f (u) = 0. Or f (L)F = Cq−1 (f (u1 )) ∪
u∈L u∈L f (u)∈f (L)F
. . . ∪ Cq−1 (f (un )). L’hypothèse de récurrence montre que α(u) = 0, ∀u ∈ L tel que f (u) ∈
Cq−1 (f (u1 )) ∪ . . . ∪ Cq−1 (f (un )), c’est-à-dire, ∀u 6∈ {f q (u1 ), . . . , f q (un )}. Comme
X n
α(f q (ui ))f q (ui ) = 0 entraine α(f q (ui )) = 0, 1 ≤ i ≤ n, alors α(u) = 0, ∀u ∈ L.
i=1 X X
(II)1. on a f p+1 ( α(w)w) = α(w)f p+1 (w) = 0. Or f p+1 (w) ∈
w∈L1 ∪L2 f p+1 (w)∈f p+1 (L1 ∪L2 )F

3
f p+1 (L1 ∪ L2 )F = f p+1 (L2 )F = Cq−p−1 (f p+1 (v1 )) ∪ . . . ∪ Cq−p−1 (f p+1 (vm )). Comme les
vecteurs w ∈ Cq (vi ) tel que f p+1 (w) ∈ Cq−p−1 (f p+1 (vi )) sont exactement les vecteurs de
Hq−p−1 (vi ), alors α(w) = 0, ∀w ∈ Hq−p−1 (vi ), 1 ≤ i ≤
Xm.
q−p
Puisque Cq (vi ) = Cp (f (vi ))∪Hq−p−1 (vi ), alors α(w)w = 0 où L02 = Cp (f q−p (v1 ))∪
w∈L1 ∪L02
q−p
. . . ∪ Cp (f (vm )).
2. D’après (I)4.(c) la propriété est vraie pour n = 1. Supposons que la X
propriété est vraie
pour n − 1. Soit (α(w))w∈L1 ∪···∪Ln une famille de scalaires telle que α(w)w = 0.
w∈L1 ∪···∪Ln
X X
qn−1 +1 qn−1 +1
On a f ( α(w)w) = α(w)f (w) = 0 et donc d’après
w∈L1 ∪···∪Ln f qn−1 +1
(w)∈f qn−1 +1 (Ln )F
(II)1., il existe H ⊆ Ln tel que α(w) = 0, ∀w ∈ H et il existe L0n ⊆ Ln une famille de
chaînes de même longueurs qn−1 et X qui ont les mêmes queues que les chaînes de Ln tel
0
que Ln = Ln ∪ H et on a donc α(w)w = 0. Posons L0n−1 = Ln−1 ∪ L0n , alors
w∈L1 ∪···∪Ln−1 ∪L0n
L1 , . . . , Ln−2 , L0n−1
sont des familles de chaînes qui ont les queues linéairement indépendantes.
Puisque Li ne contient que des chaînes de longueurs qi et L0n−1 ne contient que des chaînes
de longueurs qn−1 , où q1 < q2 < · · · < qn−1 , alors α(w) = 0, ∀w ∈ L1 ∪ · · · ∪ Ln−2 ∪ L0n−1 .
D’où le résulat.

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